ETAPE 19 : de Mandelieu La Napoule (900km) à St Laurent du Var (950km)

01/06
← (début étape) Mandelieu La Napoule - Cannes la Bocca - Cannes →

Nous débutons cette nouvelle étape toujours en région Provence Alpes Côte d'Azur (PACA), dans le département des Alpes Maritimes (06).

Rappel concernant le déclassement de la Route Nationale 7 : par la réforme 2005, dans tout le département des Alpes Maritimes, l'ancienne Route Nationale 7 après déclassement prend plusieurs appellations :
D 6007 lorsqu'elle suit le tracé de l'ancienne RN7/97. D 6207 autour de l'aéroport de Cannes. D 6085 dans la traversée de Cannes. D 6107 à l'approche d'Antibes. M 6007 sur toute la Métropole de Nice.
On rencontrera également de nombreuses autres appellations dans la traversée de certaines villes ou de certains secteurs au grès des nombreuses variations d'itinéraires.
Bref, il va falloir ressortir les anciennes cartes routières pour rouler au plus près du tracé historique. Tracé historique ? oui, mais lequel ?

Rappelons par ailleurs que jusqu'en 1828, à partir de Brignoles, la Route Nationale 7 pour rejoindre Antibes, passait par l'arrière pays Varois, Le Val, Lorgues, Draguignan, Grasse, Mougins, Antibes (tracé rouge ci-dessus).
Pour couper au plus court vers la mer, il fallait quitter la RN7 à Brignoles, emprunter la RN95 de Brignoles au Luc (tracé bleu), puis poursuivre du Luc à Antibes par la RN97 via Fréjus, le massif de l'Esterel et Cannes (tracé vert).

Il faudra attendre 1918 pour que la RN95 soit officiellement reclassée RN7 de Brignoles au Luc.
Mais une nouvelle route va venir brouiller les pistes. La Corniche d'Or qui relie par la côte Fréjus à Cannes est classée Route Nationale 7 dès sa construction en 1904 (tracé jaune).
En 1933, la Corniche d'Or / RN7, mal adaptée à l'évolution du trafic routier est déclassée et intègre la récente RN98 qui reliait déjà Toulon à Fréjus par le bord de mer, la prolongeant ainsi jusqu'à Cannes. (tracé violet)
En 1933 la RN97 devient finalement RN7 sur sa section allant du Luc à Antibes.

C'est ce dernier tracé que nous allons maintenant suivre.


Carte du Touring Club de France édition de 1938.
A partir de 1933, la Corniche d'Or, ancienne RN7, est remplacée par la RN98 qui relie Toulon à Cannes .
La RN97 quant à elle, est déclassée et devient officiellement la RN7 .

Le départ de cette 19e étape se fait donc à la jonction des tracés de la RN97/RN7 et de la RN98. (point rouge ci-dessus)


Départ

En route -

Nous sommes Avenue de Fréjus à Mandelieu la Napoule, plus précisément dans le quartier des Termes, souvent écrit Thermes par erreur.
Car n'y voyez ici aucun rapport avec les bains Romains.

Le hameau des Termes doit son nom au Dieu Terminus, divinité agricole, protecteur des champs, des frontières et des bornes.
Étonnant dieu Romain le plus souvent représenté en un bloc quadrangulaire, parfois pyramidale, surmonté d'un buste ou simplement d'une tête, sans bras, ni jambes, le tout formant une borne immuable.
Dans notre vocabulaire courant, "arriver au terminus" signifie arriver à la limite, à la dernière station, en bout de réseau.

Les historiens avancent ici la thèse qu'il s'agirait d'un terminus où les paysans du terroir déposaient les denrées destinées à l'armée Romaine.

Le quartier des Termes est à son origine un hameau agraire situé à la croisée de territoires et de routes antiques dont la Via Aurélia.

Au début du XXe siècle, le quartier est un des plus peuplé et des plus actif de Mandelieu.
De nombreux commerces et industries installés de part et d'autre de la route, participent grandement à l'essor des Termes.

Aujourd'hui l'engouement pour ce quartier très urbain n'est pas retombé.
On assiste d'ailleurs ces derniers temps à une irrépressible flambée immobilière qui en quelques années réussira à faire table rase des derniers vestiges du passé.

Voyons ce qu'il en reste...avant que tout ne disparaisse...

Dans sa première partie, c'est le côté gauche de l'avenue de Fréjus qui nous intéresse, tout le côté droit étant à l'époque occupé par le champ de course.


Une très vieille institution sur la RN7, l'Hôtel Restaurant du Pavillon des Sports vu ici vers les années 50.
Repérable aujourd'hui à son escalier de pierres. Image réactive.


Courses hippiques à l'hippodrome de Mandelieu. Le garage de l'hippodrome au milieu des années 30.
Un été à Cabourg ? pourquoi pas, reste à savoir si à Cabourg on propose un été à Mandelieu.
Aujourd'hui le garage est toujours en activité, au milieu d'un quartier entièrement transformé. Image réactive.

Au prochain rond-point, sur la droite, un vieux chêne noueux indique l'emplacement de l'ancien garage des Termes


Le garage des Termes, n'existe plus. La bâtisse est occupée aujourd'hui par les archives municipales. Image réactive.

L'avenue de Cannes passe sous l'autoroute A8 - " la Provençale" qui dispose ici d'un accès en plein cœur de ville.
Après le pont, c'est le centre urbain.
Certes, l'avenue a conservé quelques platanes, mais le charme de la petite cité balnéaire a entièrement disparu sous les blocs de béton.


L'avenue de Cannes, voie de tramway, platanes et palmiers, quelques commerces et des femmes en bordure de route occupées à remplir leur pichet d'eau à la fontaine.
C'est ici que débouchera en 1960 la voie d'accès à l'autoroute A8. Du coup, même si l'on retrouve aujourd'hui
quelques éléments d'époque, comme la fontaine par exemple, le quartier y a hélas perdu beaucoup de son charme. Image réactive.
On peut également constater que les couches successives de bitume ont surélevé la chaussée de plusieurs dizaines de centimètres,
réduisant d'autant la hauteur des marches et de la fontaine.


Étonnante bretelle d'accès à l'autoroute A8 en plein cœur de ville. Image réactive.
En 1961 ouvre à la circulation le premier tronçon de l'Autoroute A8 reliant Fréjus à Mandelieu La Napoule.
Le tronçon est payant, mais "provisoirement" nous assurent les pouvoirs publics. C'est à l'époque la seule voie à péage en France.

Poursuivons...

Au milieu de toute cette agitation citadine, émerge, immuable depuis le Moyen-Âge, la silhouette d'ocre rouge de la résidence Châteauvieux.


Châteauvieux


Chateauvieux vu depuis la sortie de l'autoroute A8. Image réactive.
Même lieu vu au début du siècle dernier.

Châteauvieux, c'est l'imposante bâtisse de trois étages, qui longtemps resta la plus imposante de tout le quartier, avant que la folie immobilière du XXe siècle ne vienne défigurer le paysage.
A la fois immeuble résidentiel et commercial, le bâtiment au Moyen-Âge, hébergeait le Relais de la Poste aux chevaux.
Ce Relais de Mandelieu semble jouer de gigantisme par rapport à son prédécesseur situé aux Adrets de l'Esterel ou à son successeur de Cannes.


Fresque https://www.a-fresco.com

Hormis une écurie qui ne comptait pas moins de 25 chevaux, démontrant ainsi l'importance du Relais, on y trouvait également une salle publique éclairée aux chandelles accueillant une table d'hôte de 35 mètres de long,
Ce qui laisse entrevoir tout le travail d'organisation et d'intendance qu'exigeait la charge de maître de poste.

On peut aujourd'hui encore distinguer l'ancienne porte cochère à deux battants s'ouvrant sur la placette côté rue Gandolphe.
Les attelages y entraient de ce côté, chevaux en tête, pour sortir à l'autre bout de l'immeuble côté impasse.
L'arrivée du train en 1864, sonna l'arrêt du relais de poste qui se transforma alors en entreprise de charronnage et en auberge.


En médaillon, l'entreprise de charronnage devant la porte cochère de l'ancien relais de poste.
https://youtu.be/sugh419EoWw


Une Route Nationale 7 encore peu fréquentée, un pastis en terrasse avec les amis, un mur peint pour Berliet, la quiétude d'une petite ville de la Riviéra.
Même lieu aujourd'hui. Image réactive


Au dernier carrefour avant la sortie de la ville, le garage Total, vu ici vers 1970.


Les derniers jours du garage Total


Concession automobile


Construction d'un giratoire.


Plus aucune trace de l'ancienne station service.

A la sortie de la ville, la D6007 nous conduit à travers les quartiers résidentiels, jusqu'aux ponts qui franchissent successivement le fleuve Siagne et l'autoroute A8.


Le pont sur la Siagne.


C'est le 24 août 1944 que les troupes alliées libèrent Cannes où de nombreux combats ont fait rage.
Ici le Pont sur la Siagne partiellement détruit, oblige les troupes alliées à franchir la fleuve sur un pont de fortune.

Après les ponts, nous approchons de l'aéroport de Cannes / Mandelieu.


Proximité aéroport

C'est en 1928 que l'idée de la création d'un aérodrome à Cannes voit le jour.
Le choix se porte sur un espace dégagé au sud-est de la butte de Saint-Cassien entre la Route Nationale 7 et le chemin de fer, comportant un plan d'eau pour les hydravions, alimenté par la Siagne.
En janvier 1931, en l'absence de réponse favorable du ministère pour aider au financement, deux pilotes as de la Guerre de 1914-1918 : Hippolyte Parent et Paul Tarascon, encouragés par les clubs d'aviation,
précipitent le mouvement en faisant aménager eux-mêmes un terrain d'atterrissage sur l’emplacement choisi par le conseil municipal au lieu-dit de Saint-Cassien, en louant des terrains avec promesse de vente.


Les pistes de l'aéroport de Cannes / Mandelieu délimitées par la mer au sud (bas de photo mais non visibles ici), la colline boisée de St Cassien (centre photo), et la RN7 (flèches blanches)
En 1990, le tracé historique de la RN7 est coupé en deux par l'extension des pistes vers le nord. La nouvelle route déviée suivra en partie le tracé de l'autoroute A8 en une large boucle de contournement.

Les deux initiateurs de l'aérodrome sont rapidement confrontés à des difficultés financières, la Ville de Cannes ne tenant pas ses promesses de rembourser la somme de 300 000 Francs pour les travaux engagés sur le terrain.
Parent voulant se retirer, traite à l'insu de son associé avec André Auniac, agent immobilier à Cannes et chargé d'affaires du banquier anglais Benjamin Guinness.
C'est lui qui va poursuivre les négociations avec la ville de Cannes.
Le 30 août 1931, André Auniac crée la société anonyme de l'aéroport de Cannes-Côte d'Azur


Au premier plan, la RN7, et à gauche du cliché on distingue le début de la butte St Cassien. (année inconnue)

En 1937, dans la foulée des nationalisations décidées par le Front Populaire, l'aéroport devient aéroport d'État et est géré par le Secrétariat de l'Air.
Par la suite, l'État agrandit sa superficie à 155 ha (dont 79 ha sur la Commune de Cannes et 36 sur celle de Mandelieu).
À cette époque, étant le seul aéroport de la Côte d'Azur, les vols d'Air France atterrissent à Cannes.


Jusqu'en 1990 le tracé de la RN7 restera inchangé, passant au nord des pistes et de la butte St Cassien. Image réactive.
A partir de 1990, les pistes sont rallongées, la RN7 coupée est dét un peu plus au nord


Vue de l'aéroport en 1990. Le tracé originel de la RN7 est détourné afin de laisser place à l'extension de la nouvelle piste.

Jusqu'en 1990, notre Route Nationale 7 filait tout droit en direction de Cannes et passait au nord des pistes de l'aéroport et de la butte St Cassien.
A présent elle décrit une large boucle autour de l'emprise de l'aéroport.


Aujourd'hui, plus question de filer tout droit vers la butte St Cassien. Il faut contourner les pistes.

En route -

Cette vaste zone de la plaine de la Siagne fut longtemps évitée par les hommes qui ne s'y installèrent de manière permanente qu'à la fin du XIXe siècle.
Cela tient au fait qu'en plus de la Siagne, dont le cours a fréquemment changé, de nombreux "ruisseaux-torrents" venaient se déverser dans le golfe de la Napoule.
De Mandelieu à l'ouest, à la Bocca à l'est, la plaine littorale était presque totalement inondée. Les cours se déplaçant, abandonnaient d'autre part des creux marécageux mal drainés.
Avant 1850, on recense cependant quelques habitations isolées vivant principalement des pâturages alentours.

Contournons donc les pistes de l'aéroport en suivant toujours la D6007 qui traverse maintenant une petite zone commerciale et ses nombreux ronds-points qui nous manquaient tellement.


Cannes

Cannes Km 0922

Cannes, "Ville-phare de la côte d'Azur" comme aiment à le rappeler les agences de tourisme, est devenue aujourd'hui une cité balnéaire d’exception.
Village de pêcheurs ligures pendant l’Antiquité, liée aux légendes de saint Honorat et de l’homme au masque de fer sur les îles de Lérins au large de la baie de Cannes,
station climatique et balnéaire de la Côte d'Azur au XIXe siècle, la ville prend son essor avec la construction de résidences de villégiatures par les aristocrates anglais et russes puis, dès le début du XXe siècle,
d'hôtels de luxe destinés aux touristes fortunés.

Dotée d'une industrie de pointe, d’un petit aéroport d'affaires, de plusieurs ports et d’un palais des congrès, ancrée dans la baie de Cannes, bordée par le massif de l'Esterel à l'ouest, le golfe Juan à l'est et la mer Méditerranée,
Cannes est une station balnéaire mondialement connue pour son festival du film ou encore celui de la plaisance et pour sa Croisette bordée de palaces.

En route -

Après le panneau d'entrée d'agglomération "Cannes", le premier rond-point rencontré fait la jonction avec l'ancien tracé de la route historique d'avant 1990.
Prenons à droite et replongeons nous 30 ans en arrière sur ce tronçon plus ou moins abandonné aujourd'hui.

Le Pont de St Cassien.


Cliché noir et blanc de 1905. C'est donc la RN97 qui passe sur le pont de St Cassien au pied de la butte du même nom et qui franchit Le Béal, un bras de La Siagne.
Groupés autour du pont on trouvait quelques fermes auberges et commerces. Ici la Laiterie Vieille, devenue bien plus tard un Bar Restaurant : Le Benelux jusqu'en 2008.
Le pont originel avait été construit en 1750, Il fut élargi et reconstruit au début des années 40.
Image réactive.

En 1990 avec l'extension des pistes de l'aéroport la route devient un cul de sac, mais les bâtiments autour du pont existent toujours.

L'embouchure de La Siagne fut longtemps une zone marécageuse mouvante au grès des crues du fleuve.
Le tracé du fleuve ainsi que ceux des nombreux cours d'eau qui alimentaient l'étang de la Napoule n'étaient pas réellement fixés dans le paysage.
Ainsi le Béal occupe aujourd'hui l'ancien lit de la Siagne.

D'où les difficultés à déterminer un itinéraire de route stabilisé et viable dans le temps.


Sur cette carte d’État Major de 1865, on constate que la Route Impériale traverse une zone marécageuse par une passerelle (en jaune)
La Siagne (aujourd'hui le Béal) est franchie par un pont en dur. (cercle blanc) En vert la butte de St Cassien.

A cent pas au Nord de la butte de Saint-Cassien passe la grande route, laquelle traverse sur un pont de pierre, daté de 1750, l'ancien grand bras de la Siagne. Ce n'est plus aujourd'hui qu'un bras de dérivation.
La construction de la grande arche de ce pont est fort remarquable comme beauté d'appareil ; le parapet n'est qu'une grossière et lourde maçonnerie.
Placés sur le milieu du pont, les touristes peuvent assez facilement reconnaître que le tracé actuel de la route a été successivement redressé et relevé pour consolider la chaussée contre les inondations annuelles de la plaine.
Cette chaussée autrefois tortueuse et inégale fut notablement améliorée vers les premières années de l'Empire.
Toutefois la hauteur des crues de la Siagne dépasse assez souvent le niveau de la chaussée et la circulation se trouve interrompue durant quelques heures.

Extraits Cannes Promenades des Étrangers 1868.


1972. La RN7 en provenance de Mandelieu (droite du cliché) en direction de Cannes (gauche du cliché). Nous sommes là au lieu dit du "Pont de St Cassien", au pied de la butte du même nom.
Un parking permet aux automobilistes de s'arrêter au restaurant du Pont de St Cassien (maison en bas de photo) qui changera d'enseigne en 1978 pour devenir Le Benelux. Image réactive
2020. Depuis 1990 la route est fermée, il ne subsiste qu'un tronçon fourre-tout. Le Benelux a baissé le rideau vers 2018.


Halte ! on ne passe plus ! Ici vue en direction de Mandelieu.


Ancienne RN7 / pont de St Cassien


Vue en direction de Cannes, Le restaurant Le Benelux est fermé depuis 2008.

La Butte St Cassien.

Sur ce tertre boisé de chênes et de cyprès se dresse l'ancien ermitage de Saint Cassien.
Tour à tour lieu de surveillance stratégique et refuge pour les civilisations celto-ligure, les Romains y édifièrent une nécropole et un temple dédié à Vénus.

Le culte de St Cassien - de son vrai nom Jean, ordonné prêtre à Marseille en 419 - remonte au XIVe siècle.
Il a séjourné à Lérins et sa vénération dans la région de Cannes peut être attribuée à son passage à l'île Saint Honnorat.
Mais ce n’est qu’en 1653 qu’apparaît la confrérie de Saint Cassien à Cannes.
Les fondateurs de la confrérie obtiennent la cession gratuite de l’emplacement du terre-plein, de la butte et du passage et l’engagement de pouvoir construire et édifier une chapelle.
Hélas mal construite en 1653, menaçant de s'effondrer, la chapelle doit être reconstruite en 1675.

Le 04 Août 1936, un arrêté classe la butte de St Cassien parmi les sites et monuments naturels de caractère artistique historique scientifique, légendaire et pittoresque.
Les troupes d’occupation allemandes entreposent dans la partie ouest de la butte un stock de munitions.
Le stock saute le 10 février 1944, ce qui endommage fortement la chapelle et son environnement. A la libération l'ermitage sommeille dans ses ruines.
Pendant 27 ans, l’état de ruine de la chapelle s’accélère et rien n’est fait pour sauver ce bien. Cependant, le minimum de tradition est maintenu avec l’office religieux et le pique nique malgré l’état des lieux.
En 1969 un comité de sauvegarde de la chapelle est créé au sein de la municipalité. Et, grâce à quelques donateurs, la chapelle est rénovée et sauvée de ses ruines dès 1971.
Au fil des ans le pèlerinage a mélangé le sacré et le profane et de grandes fêtes réunissant tous les habitants des villages avoisinants se sont déroulées sur cette butte.

http://stcassien.cannes.free.fr/Stcassien/buttestcassien.html

http://www.saintvincentdelerins.org/la-bocca-chapelle-saint-cassien/


Le long de la Route Nationale, au pied de la montée sur la butte. Image réactive.

En route -

Reprenons le parcours et engageons nous maintenant dans l'avenue Francis Tonner, suite abominable, dans sa première partie, d'entrepôts commerciaux, de concessions automobiles, de supermarchés.
Le Cannes, qui ici ne fait pas rêver.
L'avenue, depuis 1944, porte le nom d'un résistant Gaulliste, personnage incontournable de la Résistance Cannoise. https://maitron.fr/spip.php?article214856.


L'entrée de l'aéroport.

Peu après l'entrée de l'aéroport Cannois, sur notre gauche, deux bâtiments au design plutôt ultramoderne nous agressent, accueillent.
Le premier bâtiment est le récent campus universitaire, IUT Nice Côte d'Azur site de Cannes, le second à l'architecture encore plus avant-gardiste est le Cinéum, un multiplexe cinématographique d'une douzaine de salles à la pointe de la technologie.
Normal pour une ville où le cinéma est roi.


De part et d'autre de la Route Nationale, se font face deux époques radicalement opposées.


Usine à gaz

Étonnant contraste ! De l'autre côté de la voie, face de ces deux mastodontes futuristes, retour brutal dans le passé devant une petite maison carrée, aux volets clos et aux portes et fenêtres aujourd'hui murées.
Si la destination première de cette villa échappe au quidam en quête du moindre souvenir historique, l'époque de sa construction coïncide avec l'apparition de l'usine à gaz de La Bocca au début des années 1930.

Car à l'emplacement exact du Cinéum et de l' IUT, s'élevait, en des temps oubliés, un autre complexe - et le mot ici n'est pas galvaudé - puisqu'il s'agissait d'une usine à gaz produit à partir de la distillation de houille.
En 1973, le gaz naturel fera son entrée à La Bocca mettant un terme à la production du gaz de houille.
En 1976, l'usine à gaz sera démantelée, pour laisser place à un espace sportif composé de nombreux courts de tennis, transformés aujourd'hui en complexe, que dis-je ! multiplexe ! que dis-je.. en mégaplex cinématographique !!


Intéressante vue de la Nationale 7. On reconnaît à droite la butte boisée St Cassien qui surplombe les pistes de l'aéroport. Au pied de la butte le pont sur le Béal et ses auberges.
Au centre l'usine à gaz fait face aux hangars de l'aéroport. On aperçoit face à l'entrée de l'usine notre "maison carrée". Peut-être la maison du gardien ?
A gauche de la photo la route Nationale franchit le petit fleuve côtier de la Frayère.


Autre vue de l'usine à Gaz de La Bocca en 1965.
On repère, en bas du cliché, la Route Nationale 7 et la maison carrée seul édifice encore visible aujourd'hui (2023)


Au premier plan une Route Nationale 7 bien arborée de part et d'autre de la chaussée. Image réactive.
On devine le pont sur Le Béal à hauteur de la maison avec des publicités murales (1er cercle blanc), là où la route forme un creux avant de passer devant l'usine à Gaz.
Face à l'usine à gaz, la maison carrée aujourd'hui murée (2e cercle blanc)

Extirpons nous rapidement de cette première partie pour entamer la seconde partie de l'avenue Francis Tonner, beaucoup plus agréable.

Cannes La Bocca


Cannes La Bocca

Voila un quartier populaire, pas trop défiguré, qui en partie a conservé son charme d'antan.
Considéré comme la porte de Cannes, on est ici loin des villas rutilantes, des prestigieux palaces, des commerces luxueux et de la célèbre Croisette qui font pourtant la renommée de la ville.

La Bocca apparaît plutôt comme un faubourg isolé de Cannes.
Deux faits essentiels sont à l'origine de l'implantation dans cet endroit d'un hameau qui prendra rapidement un grand essor.

Le premier fait fut l'achat d'une "campagne" par un pasteur anglican : le révérend Henry Balmont Sims, en 1850.
Le second fait fut l'installation en 1857, de la verrerie Barthélémy Négrin à quelques centaines de mètres de cette campagne.

Le révérend anglais, qui appartenait à la suite de lord Brougham, dut se fixer à Cannes, et se fit construire un pavillon. Il revendit ce petit domaine au baron d’Adelward, ambassadeur de Suède.
Ce dernier le transforma en un petit château : le château de la Bocca, qui deviendra un centre d'attraction pour la haute société internationale en villégiature à Cannes.
Ce domaine appartiendra ensuite à Madame de-Rozière, puis au baronet George Tellemach Sinclair, membre du Parlement anglais, enfin au baron Hoffman et à sa famille.

La Verrerie Barthélémy-Négrin a aussi son histoire. Louis Barthélémy avait débuté dans la verrerie en 1821, dans le Var, à Saint-Zacharie, au pied du massif de la Sainte Baume.
Après s'être installé en de multiples endroits, il s'établit à la Bocca en 1857.
Ainsi, vers 1860, le hameau de la Verrerie dont le centre vital était cette fabrique, avait pris un rythme propre entretenu par une vie de relations importantes.
Les premiers et principaux clients de la verrerie étaient non seulement les parfumeurs de Grasse, mais aussi les fabricants de conserves de la région de Lambesc, près de Marseille.
La diversité des sables permettait, en effet, la diversité des productions.

C'est donc entre 1860 et 1900 que le hameau de la verrerie prit son aspect particulier de faubourg cannois.
Sa population augmenta, ses activités se multiplièrent et se diversifièrent, tandis que ses relations avec Cannes autorisèrent l'établissement d'un service régulier de tramway dans les dernières années du XIXe.
On commença par l'appeler indifféremment "La Verrerie" ou "La Bocca", puis on lui donna définitivement ce dernier nom.
La verrerie éteindra ses fours en 1899, ne pouvant soutenir la concurrence des puissantes fabriques situées à proximité des mines de charbon de la Loire et utilisant la voie ferrée pour transporter leurs produits.

Sources et Extraits : LA BOCCA (CANNES) Géographie Sociale. D.E.S. Présenté à Aix-En-Provence en 1965 (prof. M. ISNARD) - J.P. JARDEL


Les stations-service ne sont plus les bienvenues en centre-ville. Image réactive.
Les nouvelles normes Européennes imposent dès 2020 une distance minimum de 13 mètres entre une station-service et une habitation,
de quoi précipiter la fermeture de nombreux point de vente urbains.

La Bocca pour beaucoup c'est "La Bouche" ou plutôt "l'Embouchure", mais il y a sur ce sujet bataille d'experts et La Bocca, à force d'analyses linguistiques poussées, se voudrait plutôt être une "Hauteur" qu'une "Embouchure".
(http://expos-historiques.cannes.com/r/351/le-nom-de-la-bocca/)

Quelque soit son nom d'origine, à La Bocca, point de débauche architecturale, ni princes russes, ni riches industriels anglais.
Le quartier est besogneux, fait de petits commerces de proximité qui animent encore toute la rue.
Ici pas de chichi, à l'image de ces ouvriers embauchés dans les fabriques de verrerie et autres petites industries locales qui prospéraient au début du siècle dernier.

Tour d'horizon...


Ne cherchez plus cette ancienne enseigne, que les moins de 40 ans ne peuvent, de toutes manières, pas connaître.
Un centre médical tout neuf remplace le vieil édifice.


L'Hôtel Restaurant les Jumelles, à côté de la station Total. Image réactive.
Malgré l'absence évidente de fioriture, l'établissement a tout de même perduré jusqu'en 2020.
La station Total (voir ci-dessus) a fermé 10 ans plus tôt.

Avec ses murs peints, Cannes réunit le plus beau casting du monde pour exprimer en grand son amour pour le cinéma.
Engagé en 2002, ce vaste programme de réalisation de fresques murales s'inscrit dans le souci constant de la ville d'améliorer la qualité de vie des Cannois et d’œuvrer pour l'embellissement des quartiers.
Les icônes du cinéma mondial s'affichent sur les façades des maisons et des bâtiments publics, un circuit cinématographique à travers la ville d'une quinzaine d’œuvres monumentales à l'effigie des stars,
ou qui mettent en scène des trompe-l’œil évocateurs d'un art qui offre à Cannes une visibilité mondiale. https://www.cannes-destination.fr


Pleine jeunesse, pleine beauté : Alain Delon mène son bateau direction Plein Soleil devant la caméra de René Clément. Image réactive.
L’un des astres du cinéma français au firmament d’une carrière exceptionnelle, félin comme un futur Guépard, regard noir du Samouraï…
https://www.cannes.com

Même si les commerces pour certains se sont modernisés, le quartier est resté fortement ancré dans les années 70, et l'on retrouve avec joie nombre d'enseignes démodées connues ou oubliées.


Ambiance seventies à hauteur de la place du marché. Vue en direction de Cannes. Image réactive.
L e Café du Commerce en coin, est toujours là aujourd'hui.


Vue en direction de Mandelieu, toujours à hauteur de la place du marché. Le café du commerce à droite en coin. Image réactive.


Le bâtiment en biais qui héberge aujourd'hui la Police Nationale, est l'ancien bâtiment de l'octroi. Vue en direction de Mandelieu. Image réactive.
Si l'ensemble du secteur a assez bien résisté au temps qui passe, ce n'est hélas plus le cas de la station service.


Centre ville La Bocca


Toujours à hauteur de l'ancienne station service. Image réactive.
Des vacanciers à la terrasse du café, des touristes à la droguerie boutique de souvenirs et jeux de plages, tenue décontractée et automobiles décapotables.


Avenue Francis Tonner, vue en direction de Cannes, on aperçoit sur la droite le clocher de l'église Ste Marguerite. Image réactive.


Tout le long de la rue s'égrenaient à l'époque de nombreux petits hôtels provinciaux. Ici le Paris-Provence.
Aujourd'hui l'établissement ne fait plus hôtel, et sa cuisine provençale est devenue cuisine orientale. Image réactive.


A l'angle de l'avenue Francis Tonner et de la rue Marco Del Ponte. Vue vers Mandelieu. Image réactive.
Une station service qui, si elle était restée dans son jus, ferait le bonheur des collectionneurs d'aujourd'hui.

Une fois l'église Ste Marguerite dépassée, l'avenue Tonner change de physionomie et adopte un profil très résidentiel.
"Exit" les commerces, place aux résidences de moyens et grands standings, aux belles villas et aux hôtels particuliers planqués derrière leurs hauts murs.

Après l'avenue Francis Tonner, nous parcourons la résidentielle et calme avenue du Dr Raymond Picaud, toujours bordée de résidences aux noms rêveurs : le Long Beach, le Palais des Pins, Eden Park, Chateau Eleonore...
Au numéro 5 de la rue, un portail néo-classique anglais signale la présence de la Villa Victoria.
Et nous voila subitement plongé, l'espace d'un instant, au début du XIXe siècle à l'époque où Cannes n'était encore qu'un modeste village de pêcheurs.


Portail du parc et de la villa Victoria


Villa Victoria

L'histoire de la renommée de Cannes débute en décembre 1834, lorsque Lord Henry Brougham and Vaux, grand Chancelier d’Angleterre, descend vers l'Italie par la route, pour y soigner sa fille Eleonore Louise atteinte de tuberculose.
La frontière du comté de Nice fermée pour cause de choléra (Nice faisant encore partie du comté de Savoie), il se trouve dans l'obligation de rebrousser chemin pour rejoindre Grasse sa seconde destination.
En chemin, il s'arrête à Cannes dans un relais de poste, l'auberge de Maître Pinchemal, rue du Port.

Il est tellement séduit par le panorama de la baie encadrée par l'Esterel et les montagnes de l'arrière-pays, par l'agrément des chemins serpentant dans la Croix des gardes, qu'il achète un grand terrain de vignes,
orangers, oliviers, pins dès le mois suivant pour y faire bâtir la villa Eléonore.

La construction achevée, il invite ses relations de l'aristocratie anglaise et européenne.
Les Anglais affluent rapidement à Cannes, achètent des terrains et y font construire nombre de demeures.
Le général Herbert Taylor fait construire le château St Georges en 1837, Sir Temple Leader, le château Leader en 1843, Thomas Woolfield possédera plusieurs villas dès 1838, dont la villa Victoria.

Sources et Extraits : plaquette Cannes yacht club 2019 - La naissance du boulevard de la Croisette Patricia Navrine (mémoire de maîtrise) - Wikipédia.


Entrée néo-gothique de la villa Victoria 1852-53

Pour la petite histoire, c'est dans le parc de la villa, qu'est installé en 1874, le tout premier court de tennis de la côte d'Azur, où toute la gentry britannique viendra essayer ce nouveau sport inventé l'année précédente.

En route -

Un peu plus bas, rue Georges Clemenceau, visible sur notre gauche, une autre fresque murale consacrée au cinéma. Le Kid sorti en 1921.


La fresque fait écho à l’hommage rendu à Charles Chaplin en 1971 lors du 24e Festival du Film de Cannes, lorsque toute la famille de l’artiste avait assisté à l’ouverture du festival qui l’honorait.
L’émotion de l’artiste de 82 ans durant l’ovation du public du Théâtre Lumière reste l’un des grands moments de l’histoire du Festival. Extrait : https://www.lemagducine.fr
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Pour la petite histoire, l'enfant au côté de Chaplin est joué par le non moins génial Jackie Coogan que l'on retrouvera bien plus tard dans de nombreux films et téléfilms et dans la célèbre série des Addam's Family dans le rôle déjanté de l'oncle Fester.

Nous voici bientôt aux portes du centre ville. Mais la rue n'en reste pas moins relativement étroite pour une ancienne Route Nationale.
La rue se fait plus sinueuse, héritage d'un passé médiéval où Cannes, village perché sur son promontoire, était également une ville fortifiée de remparts.

On devine sur notre droite l'omniprésence de la Méditerranée qui joue à cache cache, telle un effet stroboscopique, au travers des impasses et des trouées d'immeubles.


Le slogan ici n'est pas : "sous les pavés... la plage", mais bien : "derrière les murs... la mer !"

Mais finalement, la voici la grande Bleue qui apparaît dans toute sa splendeur.
Nous sommes place de l'hôtel de ville.


La place de l'hôtel de ville années 40. Tout droit la rue d'Antibes (RN97/7) , à droite le port direction la Croisette.
Un panneau indicateur sur l'îlot au premier plan, semble diriger les automobilistes vers la Croisette.
Aujourd'hui le quartier a peu changé, la rue d'Antibes est par contre passée à sens unique. Image réactive.


Cannes Hôtel de Ville

L'Hôtel de ville c'est le grand immeuble situé entre la rue d'Antibes - aujourd'hui la rue Félix Faure et le bord de mer face au port.
L'hôtel de ville, construit en 1876 fait partie de la promenade des allées.

Autour de la place, le vieux port, le quai St Pierre, la rotonde de la gare routière et sa fresque murale..


Vue sur la gare routière, le quai St Pierre à gauche, à droite la RN7 surplombée par le quartier du Suquet (le vieux Cannes).
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La fresque murale de la gare routière hommage au cinéma. Image réactive

La place de l'hôtel de ville, c'est également la jonction des deux Routes Nationales 7.
La RN7 après 1933, ex RN97 dont nous venons de suivre le parcours depuis Mandelieu, et la N7 de 1904 à 1933, également appelée La Corniche d'Or qui partait de St Raphaël pour arriver ici.


La gare routière et le quai St Pierre.

Nous avions abordé la presque intégralité de la Corniche d'Or - ex RN7- allant de St Raphaël à La Napoule à l'étape précédente (voir étape 18).

Si l'on se réfère à la carte de la Corniche d'Or éditée en 1927, on constate que la RN7 se poursuivait jusqu'à Cannes par le bord de mer.
Lors du déclassement de 1933, cette portion de RN7 deviendra la RN98.

Partons maintenant à la découverte de la dernière section de cette Corniche d'Or qui relie La Napoule à Cannes, par le bord de mer.


Retour par le bord de mer

Ou poursuivons notre voyage.


La suite de l'étape

 


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