ETAPE 5 : de Pouilly sur Loire à Magny-Cours, de 0200 à 0250 km de Paris.

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(Pouilly sur Loire) - Mesves sur Loire - La Charité sur Loire - La Marche - Barbeloup - Tronsanges

Nous débutons cette 5ème étape à la sortie de Pouilly sur Loire, au relais des 200 bornes.


Point Google Street 5ème étape

Pour Rappel :
Nous sommes dans le département de La Nièvre (58) en région Bourgogne.
Déclassement de la route nationale 7 : par la réforme 2005 , dans le département de la Nièvre, la nationale 7 conserve par endroit son appellation de N7, mais il s'agit souvent d'un tracé récent suite à l'apparition de l'autoroute A77.
L'ancienne route prend l'appellation principale de D 907 avec les déclinaison de D28A, D907Bis, D955A.
Parfois le tracé est intégré à L'A77, parfois il est intégré à d'autre nationale comme la N151.

En route -

L'idée d'un axe routier reliant Dordives à Nevers remonte au début des années 1960.

A la fin des années 1990, le ministre Pierre Bérégovoy, ancien Maire de Nevers et ancien député de la Nièvre, initie la construction de l'autoroute A77, afin de désenclaver la ville de Nevers.
A partir de 1999, la section allant de Cosne-Cours-sur-Loire à Nevers-Sud sera mise en service progressivement jusqu'en 2004.
Il sera dès lors possible de rallier Nevers à Paris par autoroute.
Le tracé de l'autoroute dans la région reprend en partie celui de l'ancien tracé de la route nationale 7, mais aussi quelques portions de déviations.

La construction de l'A77 sonnera le glas pour bon nombre de petites villes qui se situaient alors sur la route nationale 7.
Ces villes étapes, que désormais la route et ses estivants évitent, verront au fil des décennies leurs commerces fermer les uns après les autres.

Vous l'aurez compris, suivre exactement le tracé originel de la route nationale 7 va s'avérer, tout au long de cette étape, assez difficile.
Nous l'avons vu précédemment, la déviation de Pouilly, sur 2x2 voies, est ouverte en 1973.
Cette section de route sera mise aux normes autoroutières (élargissement + bandes d'arrêt d'urgence) au début des années 90 afin d'être intégrée à l'A77 vers 1995.


Impossible aujourd'hui de quitter "Les 200 Bornes" par la route originelle, qui se poursuivait tout droit...


Sur cette photo le relais des 200 bornes et ses pompes à essence se situent en bordure immédiate de la route nationale 7.


Cette vue aérienne de 1973, représente la jonction des routes à la sortie Sud de Pouilly.
La Route Nationale 7 (jaune) passe toujours devant les "200 bornes" avant de poursuivre en direction de Nevers.
La déviation de Pouilly sur 2x2 voies (rouge) ne semble pas officiellement ouverte, l'échangeur n'étant pas encore aménagé.
L'actuelle route du quai de Loire, (bleu) n'est encore qu'un simple chemin de terre en bordure de Loire.


Sur ce cliché de 1994, la déviation est ouverte depuis 1973 mais n'est pas encore mise aux normes autoroutières.
Le chemin en bordure de Loire est aménagé pour recevoir le quai de Loire future D907.
Collection Frantz Herman.


Sur ce cliché de 1995, l'échangeur est finalisé, la déviation aux normes autoroutières est intégrée à l'A77.
L'établissement du 200 Km se retrouve désormais en cul de sac.
Collection Frantz Herman.

Suivre le tracé de l'ancienne route nationale 7 revient, par endroits, à emprunter l'autoroute A77 et éviter les villes et les villages anciennement traversés.
Restons au plus près de l'ambiance "Nationale 7" et poursuivons un temps par le quai de Loire, bien plus agréable, actuel D907..
S' il n'a rien a voir avec le tracé originel, il n'en est toutefois pas trop éloigné et nous donne une idée de ce que devait être la route avant la voie express/ A77.


Le "récent" quai de Loire, coincé entre La Loire à droite, et l'autoroute A77 à gauche.

On ne tarde pas à aborder, sur la gauche, le Clos Blanc Fumé du Vieux Framboisy, dont l'auberge située aujourd'hui à proximité de l'autoroute, proposait la dégustation de son Pouilly fumé local.
Je parle bien entendu au passé.. car aujourd'hui la guinguette est fermée depuis longtemps.


Entre A77 et Loire, L'auberge du Vieux Framboisy,..
son Blanc Fumé, sa Pêche du jour et la Loire à proximité nous promettaient de passer là un bon moment. (Photo JF Lobreau)

Après un court parcours le long de la berge, voici le Relais de Pouilly, un Logis d'étape 3 étoiles. http://www.relaisdepouilly.com/
Nous rejoignons ici le tracé de la route nationale originale.
Le Relais de Pouilly, une vieille institution, se situait déjà en bordure de route nationale 7 avant la construction de l'autoroute A77.


Le relais de Pouilly, en bordure de route nationale 7 et en bordure de l'autoroute A77.


Le relais de Pouilly en 1994.
Mise aux normes autoroutières de la route nationale 7 avec adjonction d'une seconde double voies.
Collection Frantz Herman.

L'autoroute A77 s'éloigne de notre route qui est maintenant bordée par deux belles rangées d'arbres.
A 5 km de Pouilly, nous voici à Mesves sur Loire, route d'Antibes.


Deux belles rangées d'arbres annoncent l' arrivée à Mesves sur Loire.

Mesves sur Loire Km 0205


Panneau d'entrée d'agglomération. D907 ou N7 ? Image réactive

Mesves-sur-Loire occupe le site du village établi par les Celtes et connu sous le nom de Massava, nom gaulois de la rivière le Mazou.
Servant de relais sur l'ancienne voie romaine reliant Nevers à Orléans, Mesves possède alors un gué permettant la traversée de la Loire, gué qu'emprunta Pépin le Bref.
La paroisse, avec son église dédiée à Saint Julien, fut longtemps objet de tractations entre les bénédictins de La Charité et les augustins de Saint-Satur.

Port actif à l’époque de la Loire navigable (au Chantier Blanc), Mesves fut durant le XXème siècle un important centre de minoterie avec ses deux moulins (moulin « d’en-haut » et moulin « de l’Echo »).

Extrait du site : http://www.mesves-sur-loire.fr


Le monument aux morts à l'entrée nord du bourg, derrière passe la route nationale 7.

Érigé à l’entrée nord du village, le monument aux morts de la guerre 14 -18 est une réalisation du sculpteur Alfredo PINA, né à Milan en 1887, ancien élève de Rodin , inhumé dans le cimetière de Mesves.
Certaines de ses œuvres sont visibles également à La Charité-sur-Loire, Pouilly-sur-Loire et Paris.

Un charmant bistrot aux volets bleus côtoie la mairie face au parc du château.
On franchit Le Mazou sans s'en apercevoir.


Le pont sur Le Mazou, vue en direction de Pouilly.

La petite bourgade aux maisons anciennes semble endormie depuis le XIXe siècle.
Un fiacre viendrait à sortir de sous un porche, qu'on en serait à peine surpris.


Le Pont sur Le Mazou, vue en en direction de Nevers. Le village n'a presque pas changé au fil du temps. Image réactive.

Au carrefour après l'église, une rareté .. pas moins de trois panneaux indicateurs sont encore visibles aujourd'hui.
Une plaque de cocher et deux plaques Michelin. Pause photo obligatoire.


La présence de ces plaques indicatrices démontre l' importance du carrefour à diverses époques.


Belle enseigne colorée pour ce faïencier de Mesves. (Photo JF Lobreau)


La rue d'Antibes vue en direction de Pouilly.


Une publicité murale pour les caves St Vincent

A la sortie du bourg, le restaurant Massava qui a fermé ses portes en 2016, rappelle le nom de l'ancienne Station Gauloise.
Il occupait une ancienne halte de diligence.
On l'a vu, l'entrée nord du bourg possède son monument aux morts de la guerre 14 -18, quittons la petite bourgade en passant devant le monument élevé à la mémoire du Baron Philippe de Bourgoing (1827-1882), écuyer de Napoléon III, colonel des mobiles de la Nièvre, dont la famille résidait au Château de Mouron.
Son action valeureuse pendant la guerre de 1870 lui a valu d’être promu commandeur de la Légion d’honneur. (extrait site internet de la ville de Mesves)


Le monument à la mémoire du Baron Philippe de Bourgoing à l'entrée sud de la ville.

En route -

On quitte Mesves en empruntant une courte section de D907 (ex N7), avant de rejoindre l'A77.
Il n'y aura hélas pas d'autre alternative, car ici l'ancien tracé de la route est entièrement intégré à celui de l'autoroute.


En route vers Nevers par L'A77.


Vue aviation actuelle de la jonction entre l'ancien tracé et l'A77.
Vue aviation de 1a route nationale 7 en 1957.
Image réactive.


Pourquoi ne pas tenter l'expérience du Motel ? (photo phil Andre)

En route -

L'autoroute A77 mérite bien son nom d'autoroute de l'Arbre.
Nous voila en pleine nature.
Justement, sur la gauche, voila le Motel des Broussailles, situé lui aussi en pleine nature.
Un charme désuet qui n'a rien pour déplaire, bien au contraire.
Un établissement de plain pied, avec possibilité de garer la voiture devant la porte de sa chambre.
Un concept bien sympa, dans un lieu boisé et vivifiant.



Un petit air d'Holiday camp, vous ne trouvez pas ?

https://www.facebook.com/Motel.A77/

L'autoroute amorce une courbe qui nous éloigne du tracé rectiligne de l'ancienne route.
Pour poursuivre par l'ancienne nationale 7, il nous faut emprunter la sortie n° 28 vers Bourges et la Charité sur Loire.

Sur ce secteur, l'ancienne RN7 déclassée a été renommée en N151.


Image réactive présentant le tracé de route 1957 avec le tracé actuel.

Une fois atteinte la petite zone commerciale, notre route bifurque sur la droite en direction du bord de Loire.
Pourtant la continuité rectiligne de la route pourrait nous induire à penser que l'ancien tracé de la route nationale se poursuivait tout droit.


La route nationale 7 bifurque sur la droite, délaissant pour une fois son tracé rectiligne.

Sur ce point nous n'avons pas tort. Du moins jusqu'en 1840.
Avant cette date la route royale qui relie Paris à Nevers, se poursuit effectivement tout droit, jusqu'à se perdre dans les méandres des rues du centre de La Charité sur Loire.
La route royale y suit un dédale de ruelles biscornues et se heurte aux ruines de l'église médiévale.
On projette donc de raser l'église médiévale afin de modifier le tracé de la future route.

L’église Notre-Dame de la Charité-sur-Loire est pourtant un véritable trésor.
Bâtie à la fin du XIe siècle, c’était l’une des plus grandes églises de France.
Ce chef-d’œuvre de l’architecture romane a vaillamment survécu au passage du temps.
Mais cela ne semble pas émouvoir les urbanistes du XIXe siècle, qui n'ont que faire des vieilles pierres et de leur passé médiéval.

Ce n’est pas le cas de l’écrivain Prosper Mérimée qui se passionne pour les édifices anciens, au point que, pour les protéger, il est devenu inspecteur des Monuments Historiques.
Scandalisé par ce nouveau projet de route, il s’interpose, proteste, et exige la modification du tracé pour épargner l’église.

A force de bataille, il obtiendra finalement gain de cause. La route sera effectivement détournée du centre ville et passera dès lors pas les bords de Loire.

Source et extraits. https://www.bourgogne-tourisme.com/mag/la-charite-merimee


Une de plus.. en moins. Photo JF Lobreau

En route -

A droite les entrepôts de l'ancienne Scierie de Vauvrilly, spécialisée pendant de longues années dans le parquet, mais également dans la découpe de cercueils.
"De la belle ouvrage", autre chose que les entrepôts d'aujourd'hui.


La Scierie Vauvrilly, à l'entrée de la Charité sur Loire.

Un virage à gauche, la Loire, nous voici Quai Maréchal Foch, à la Charité sur Loire.

La Charité sur Loire Km 0213

Un peu d'histoire :

La cité historique et monastique, traversée par le grand chemin Royal de Paris à Lyon, est une étape importante pour les pèlerins en route sur les chemins de Compostelle.

A l'origine, la bourgade se dénomme Seyr. Elle est composée de quelques modestes habitations autour d'un gué sur la Loire.
Un sous-diacre y fonde une église dédiée à la vierge et un monastère soumis à la règle de Sainte Basile.

En 1059, les bâtiments de l'ancienne église sont offerts à l'ordre de Cluny qui y fonde un prieuré autour duquel la ville va se développer plus amplement.
Le monastère s'enrichit rapidement. Au XIIè siècle son église Notre Dame devient la deuxième plus grande église de la chrétienté après celle de Cluny.

En 1520, le simple gué sur la Loire est remplacé par un pont de pierre. Il est aujourd'hui, l'un des plus anciens et des plus beaux pont le long de la Loire.

Au Moyen-âge, la ville est fortifiée.

La Guerre de Cent ans, puis les Guerres de religion vont peu à peu affaiblir la cité, place stratégique sur la Loire entre la Bourgogne et le Berry.
En 1559, un gigantesque incendie va précipiter la ruine du monastère, ravageant la totalité de la nef, une grande partie du prieuré et de la ville.

Après la Révolution, le prieuré, vendu comme Bien National est intégré dans le tissu urbain.
Certains bâtiments seront occupés par des particuliers et des commerçants.

Sources :
http://www.lacharitesurloire-tourisme.com/La-cite-monastique
http://cem.revues.org
https://journals.openedition.org/cem/11369#tocto1n1

La ville est depuis le Moyen-âge une étape obligée pour de nombreux pèlerins, allant de l'est vers l'ouest, vers Saint-Jacques-de-Compostelle, ou du nord vers le sud, vers Rome voire Jérusalem.
La tradition veut qu'ils aient pris l'habitude de profiter de « la charité des bons pères » donnant ainsi son nom à la ville.
La cité ligérienne se situe sur la voie de Vézelay ou « Via Lemovicencis » et cultive encore aujourd'hui un sens certain de l'hospitalité.

Et notre Route Nationale dans tout ça ?

Antérieurement à 1840, la route Paris-Lyon-Antibes qui traverse toute la ville présente de nombreux inconvénients.
Pour y remédier, le Conseil municipal de l'époque imagine le tracé d'une voie plus accessible, sorte de diagonale qui devait passer entre la nef et la tour Sainte-Croix,
pour rejoindre la rue des Hôtelleries, (rue où se concentraient l'ensemble des auberges pour les visiteurs et les pèlerins) sacrifiant ainsi l'ensemble prieural.

Prosper Mérimée, (1803-1870), écrivain et premier inspecteur des Monuments Historiques, s'opposa à ce projet et imposa le tracé d'une route longeant la Loire,
dont la construction fut entreprise à partir de 1840. C'est cette route que nous empruntons toujours aujourd'hui.

Source : Les Annales des Pays Nivernais n° 81

En route le long du quai -


Face au fleuve, un garage - station service désaffecté.


Borne hectométrique. Photo JF Lobreau

Jusqu'en 1984, date de cessation de son activité, il n'était pas bien ragoûtant de traîner en face de ces bâtiments qui abritaient l'abattoir de la Charité sur Loire.
Aujourd'hui le lieu transformé, conserve les éléments architecturaux du passé.
Il est converti en halles / épicerie où les producteurs locaux proposent un grand choix de fruits et légumes, de fromages, de bières, de l’épicerie fine, des biscuits artisanaux, du pain bio..
Priorité aux circuits courts et transformation réussie. Pourquoi ne pas vous y arrêter ?

https://www.facebook.com/leshallesdeloire/


Les anciens bâtiments avant leur transformation.

A cet endroit de la route il n'était pas rare d'observer une longue file d'attente sur le quai de Loire.
Le franchissement du croisement avec la route de Bourges au niveau du pont provoquait à l'époque d'incessants ralentissements. Ce qui laissait aux touristes, tout le loisir d'admirer le pont.

Une histoire de pont :
Retracer l'histoire du Grand Pont de la Charité sur Loire, peut s'avérer complexe au vu du manque de documents d'archive traitant le sujet.
De plus les historiens se sont parfois empressés de délivrer des informations erronées, que des confrères tout aussi zélés ont colportés au fil des siècles, sans plus de vérifications.
Faisons le tri et voyons ce que nous pouvons en déduire aujourd'hui.


Le Pont de pierre au croisement avec la route de Bourges.

Le Grand Pont sur la Loire, sur lequel passe aujourd'hui la RN 151, relie le centre ville à l'île du Faubourg de Loire, qui est un quartier de la Charité sur Loire.
Récemment restauré, on lui a adjoint une passerelle métallique "démontable" (site classé UNESCO oblige) pour "mode doux" comprenez par là pour piétons et vélos.
Du coup le charme n'opère plus. Nous resterons donc sur d'anciennes photos.


Nous voici au milieu du pont, vue vers la vieille ville.

Un second pont en ciment armé, dénommé Pont du Berry, franchi le second bras de Loire ou le "Petit Chenal" et relie l'île du Faubourg à la Chapelle Montlinard dans le département du Cher.

L'âge médiéval :

On considère généralement que les ponts du moyen-âge, tels qu’ils sont implantés aujourd’hui, succèdent à un passage à gué, sans qu'une date précise ne puisse être avancée.
La configuration du lit de la Loire ne permet pas d’identifier clairement la présence d’un gué.
Mais celui-ci a pu exister, car très souvent les ponts sont implantés sur des hauts-fonds solides qui ont pu être utilisés dans leur état naturel pour traverser à pied.
Cependant, on ne connaît pas la configuration du lit de la Loire antérieurement aux documents iconographiques du XVIIe siècle.

La Charité étant alors une étape sur le chemin de pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle, on peut supposer que le choix de l’implantation du site est en partie conditionné par la possibilité de construire un pont, seul moyen de garantir le franchissement de la Loire toute l’année.

La première mention d'un pont, remonte à la fin du XIIe siècle. On suppose le pont en bois car des prospections subaquatiques, menées de 2009 à 2012, ont permis de découvrir, dans le petit chenal, les restes d’un pont en bois daté du milieu du XIIIe siècle.


Au débouché du pont, face à la rue du pont et à la route nationale 7

XIIIe - XIVe siècles :
Au cours de la période médiévale tardive, plusieurs mentions de ponts apparaissent de façon sporadique dans les textes.
Mais des vestiges retrouvés en 2012, sous les maisons de la rue du Pont, constituent vraisemblablement les seuls témoins de ce qui pourrait être le premier pont en pierre de La Charité, bâti non pas en 1520, comme l'indiquent plusieurs descriptions historiques de La Charité mais plus probablement avant cette date, l'utilisation d'arcs brisés impliquant une construction entre la fin du XIIe et le XVe siècle.

A la Renaissance :
La ville de La Charité est durement affectée par les crises qui marquent la fin du Moyen Âge et la Renaissance, notamment la guerre de Cent Ans puis les guerres de Religion.
À partir du XVe siècle, sa puissance commence à décliner et le monastère connaît une suite d’assauts et de pillages qui altèrent sérieusement son fonctionnement économique et sa stabilité. [ Gilet jaune si tu me lis. :-(( ]
En plus des différents épisodes guerriers, un incendie se déclare en 1559 dans le dortoir des moines, atteint la nef de la prieurale et ruine une partie importante des bâtiments conventuels, ainsi que deux cent maisons de la ville.
A l’occasion de ces événements, on ne sait pas si les ponts sont affectés en partie ou totalement détruits.

De cette époque, on conserve également des vues du pont, notamment une vue datée de 1640, où le pont en pierre est aménagé, avec en son centre un ouvrage défensif et une partie amovible (pont levis) permettant de couper momentanément l’accès au milieu de l’ouvrage.

Au XVIIe siècle, le pont de pierre est reconstruit par les ingénieurs Berthe et Poictevin.
C'est vraisemblablement à cette époque que disparaît l'ouvrage défensif qui occupait le milieu du pont, et qu’il est remplacé par l'élément sculpté toujours présent.
A la fin du XVIIIe siècle, l'aménagement des quais de la rive droite (notamment le quai aval, vers 1778) remodèle totalement les abords du pont au niveau de la ville : le rempart disparaît, la berge est noyée sous d'importants remblais entraînant, sans doute la disparition de la onzième arche.


Trois arches du pont détruites en 1944.

Epoque contemporaine :
Le grand pont est partiellement détruit par deux fois : le 16 juin 1941, par l’armée française, dans le but de ralentir l’invasion, puis en 1944, par l’armée allemande, au moment de la débâcle ;
Trois arches ont été reconstruites « à l'ancienne » en 1944.

Sources et extraits :
http://www.caue-observatoire.fr/ouvrage/pont-loire-reparation-pont-construction-dune-passerelle/?return_mot_cle=monument-historique
https://journals.openedition.org/developpementdurable/10630


Plaque Route Bleue au niveau du pont partiellement détruit en 1944.

Un conseil, si vous avez le temps, garez la voiture et allez vous perdre dans les rues médiévales du quartier historique, situé à quelques mètres à gauche.
Grenier à sel, maisons de marchand, hôtelleries, traces d'échoppes des XVIème et XVIIème siècles.
Un joli patrimoine encore bien conservé qui propose un sympathique voyage dans le temps.


A l'époque le quartier n'est pas encore piétonnier.

En route –

Après le pont, voici le quai Clemenceau où les berges de Loire sont aménagées en petit coin de verdure.
La route retrouve ici son appellation D907 et longe ce que les locaux nomment la promenade des Anglais.

Sur notre gauche, le monument commémorant les 500 ans du passage de Jeanne d'Arc à La Charité.


Entrée sud de la Charité sur Loire. Ici la route à l'époque se dédoublait.
Sur la droite l'hôpital, au fond le monument Jeanne d'Arc. Image réactive.

Passage devant le centre hospitalier spécialisé, anciennement hôpital militaire temporaire devenu asile d'aliénés. On dit aujourd'hui Hôpital psychiatrique.
Encore quelques kilomètres et nous quittons la Charité sans même passer par la sempiternelle zone commerciale reléguée généralement à la périphérie des villes.
Nous voici sur l'agréable Route de "La Marche", rectiligne, entre bois et Loire.


Une stèle en bordure de route nationale le long de la Promenade des Anglais.

Le 17 juin 1940, un Morane-Saulnier 406 ayant décollé de St Symphorien d'Ozon, s'écrase en bordure de Loire, abattu par les canons antiaériens Allemands.
Le corps du pilote sera retrouvé le 11/08/1940.
https://www.aerosteles.net/stelefr-charite-patureau-ancienne

Quelques maisons en bordure de route, nous voici 4 km plus loin au hameau de La Marche.

 

La Marche Km 0218

En traversant la commune, le voyageur est loin de soupçonner que ce village fut au Moyen Âge une des villes les plus importantes du Nivernais, grâce notamment à ses vignes.

Ainsi, la ville voisine de La Charité-sur-Loire a été créée sur des terres données par les Seigneurs de La Marche.
On peut également penser que l'importance de cette ville tenait pour une grande part à sa position géographique, notamment sous les Capétiens,
puisqu'elle se trouvait à la frontière de la Bourgogne et de l'Aquitaine, alors ennemies... ce qui expliquerait son nom.

Au Moyen-âge, on désignait par le vocable "la marche" un ensemble de territoires organisés de manière à assurer la défense d'une frontière.
Il s'agissait le plus souvent d'un regroupement de comtés sous l'autorité d'un "comte de la marche" nommé aussi marchio, titre supérieur à celui de comte.
A partir du IXe siècle, on voit apparaître des marches qui sont des regroupements de comtés mais cette fois-ci sans lien avec la frontière.

Voila donc pourquoi ce drôle de nom.

La ville sur les bords de la Loire servait donc de point de rassemblement et de départ pour les armées de Bourgogne lors des attaques contre l'Aquitaine.
C'était également un secteur important de la défense de la Bourgogne, comme peut en témoigner la présence du donjon de la ville.
La Marche a perdu une grande partie de sa richesse et de ses habitants au XIXe siècle, lors d'une épidémie de phylloxéra qui endommagea les vignobles de la ville.

Sources :
Wikipédia
La France avant La France. Editions Belin.


Le Donjon de la marche, situé au cœur du village, hors route nationale 7.

En route -

Il est vrai que le hameau possède un joli patrimoine historique avec ses belles maisons de caractère et ses fermes fortifiées.
De nombreux détails viennent accréditer le vécu du site, pour qui sait rechercher les traces du passé.

http://cfpphr.free.fr/lamarche.htm

Le gros du village de vignerons se situe en contrebas, en bordure de la Loire et ne manque pas d'authenticité.
Si vous avez quelques minutes, prenez le temps d'y faire une balade jusqu'aux restes du donjon médiéval, ou le long du chemin de halage.

Les plus observateurs auront vite repérés les traces de quelques auberges, aujourd'hui toutes fermées, qui jalonnaient les deux côtés de la route des vacances.


A gauche, un ancien resto routier dont il ne reste que les jardinières qui délimitaient la terrasse, et en face une ancienne station-service,
dont il ne reste que le terre-plein délimitant la piste. Image réactive


Borne hectométrique. Photo JF Lobreau


Publicité pour Vichy Celestins... au pays des vignobles.


La Petite Auberge et la RN7, remarquez la ligne jaune. Hier et aujourd'hui. Image réactive.


La sortie de l' école ... et du bourg. Image réactive


Attention ! Passage d'enfants et d'animaux domestiques ! ...
Remarquez derrière le panneau, une petite stèle de pierre.

A la sortie du village, sur la gauche, une petite stèle se dresse modestement sur le bord de la route.


Sur la gauche une stèle à la sortie du bourg.


Photo Henry.D.G

La pierre est élevée à la mémoire d' Henri Clémencet, assassiné par les Allemands le 23 août 1944. Mais qui était Henri Clémencet ?
La mairie de La Marche (que je remercie), a bien voulu me transmettre quelques renseignements d'après l'acte de décès qu'elle détient :

Henri Clémencet né à fontainebleau le 17 /12/ 1893, exerçait la profession d'hôtelier à Cosne sur Loire.
Il est décédé route nationale 7 le 23 août 1944 vers 22h, Mort pour la France.
Déclaré inconnu dans un premier temps. La stèle serait un monument privé.

Quelques recherches supplémentaires m'ont apporté les précisions suivantes :

En 1930 Henri Clémencet devient propriétaire de l'hôtel du "Grand Cerf " rue St Jacques, à Cosne. (voir notre passage à Cosne sur Loire)
L'assassinat du patron en août 1944 par les Allemands fait passer l'affaire entre les mains de sa veuve, laquelle la laissera plus tard à son fils et sa bru. L'hôtel fermera ses portes en 1993.

Aujourd'hui, le nom de Clémencet trouve toujours écho dans la résidence d'habitation qui occupe les étages de l'immeuble. D'après les infos de la mairie de Cosne.

L'agglomération se termine juste avant le rond-point. Suivre ensuite la direction de Tronsanges, immédiatement à droite, sans emprunter l'A77.

En route -

Etroite, rectiligne, la D907 se déroule, ressemblant à la piste cyclable de l'autoroute A77 qu'elle longe sans jamais s'en éloigner.
La route est dégagée à perte de vue.

Un corps de ferme apparaît sur la droite, nous sommes maintenant sur les terres de Barbeloup, bien que rien ne soit indiqué.
Les murs de la ferme arborent de belles publicité peintes.


Les publicitaires s'en sont donnés à cœur joie sur ce mur de ferme.
Simca, Antar, Phénix (les maisons) et quelques autres difficilement identifiables aujourd'hui.

Au carrefour suivant, croisement de la D 907 avec la D 174, un petit monument anodin se dresse sur le bas côté, ceint d'un parterre de haies et de fleurs à la belle saison.
Il s'agit de la "Croix du Pape", une colonne de pierre élevée là afin de commémorer le souvenir de la venue du Pape Pie VII le 19 juin 1812.

Ce monument en pierre de Narcy de 7 mètres de haut érigé en 1867 par l'architecte Bouveault est propriété de la commune de Tronsanges et inscrit aux Monuments Historiques depuis le 10 mars 1971.

http://www.monumentum.fr/croix-pape-pa00113035.html

Un peu d'histoire :

En 1804, le Pape Pie VII, venu sacrer Napoléon : "Empereur des Français", traverse la France du sud vers Paris en empruntant la route impériale.
Son convoi est acclamé dans chaque villes où le souverain pontife fait halte. (voir Cosne sur Loire).

Huit ans plus tard, les relations entre l'empereur et la papauté se sont se dégradées.

Dans la nuit du 5 au 6 juillet 1810, le général Radet, sur ordre de l'empereur, arrête le pape ainsi que son secrétaire d'État, le cardinal Bartolomeo Pacca, le fait monter dans un carrosse escorté par des gendarmes et le conduit prisonnier à la chartreuse de Florence, puis à Alexandrie et enfin à Grenoble.

Amené ensuite à Savone, le Pape y sera gardé jusqu'en juin 1812.

En 1812, avant de partir pour la campagne de Russie, Napoléon fait transférer secrètement Pie VII à Fontainebleau. Le souverain pontife y restera enfermé pendant les dix-neuf mois que durera sa déportation.

Tout sur la captivité du Pape Pie VII

Le transfert du Pape est un secret d'état et n'aura donc pas le retentissement de son premier voyage à travers la France.
Mais alors, ce 19 juin 1812, à Tronsanges vers trois heures de l'après midi, le secret aurait-il été éventé ?

Arrêtez vous un instant, approchez de la colonne et admirez le paysage de la campagne environnante. Appréciez le calme et la sérénité du lieu et imaginez...

Imaginez.... Nous sommes en 1812 .... et lisez le déroulement de l'histoire avec ce document qui sent bon le terroir, véritable machine à explorer le temps :

Passage du pape Pie VII à Tronsanges

 

ou ce document en ligne : http://www.gennievre.net/wiki/index.php5/Pie_VII_à_Tronsanges

 

Pour les détails du monument voir ici : http://patrimoine-de-france.com/nievre/tronsanges/croix-du-pape-1.php


La croix du pape et la route nationale 7

Pour conclure l'histoire du lieu : Le cerisier, conservé avec vénération, a fini par mourir de vieillesse en 1863. On décida d'élever une croix de bois à sa place.
L' installation à peine achevée, les principaux propriétaires des environs jugèrent qu'une simple croix de bois n'était pas digne d'un pape.
Une souscription ouverte pour une nouvelle croix vit arriver les dons de toutes parts et permit enfin l'édification du monument actuel, classé à l'inventaire des monuments historiques.

http://www.papysauvage.fr/tronsanges/croixdupape2.html


De beaux restes pour cette enseigne Total, station située à l'entrée sud de la Charité sur Loire

En route –

Encore une centaines de mètres et voici Tronsanges.


Panneau entrée sud de Tronsanges. Photo JF Lobreau

Tronsanges Km 0221

Au premier abord un village comme les autres, le cœur du bourg se situant en contrebas sur la droite.
Mais à mieux y regarder, pour nous, voyageurs des temps nostalgiques toujours en quête d'indices, le secteur colle assez à l'esprit "Nationale 7" de la grande époque.
Voici sans doute à quoi pouvaient ressembler les villages du Pavé du Roi, de Glandelles, de La Commodité, de Maltaverne ou, plus proche de nous, de La Marche,
au temps où commerces et auberges n'avaient pas encore mis la clé sous la porte.

Voyons cela de plus près !


Une rare enseigne Elf et un garage dans son jus.

A gauche je repère l'enseigne d'une station Elf. Attention cette vue va devenir "collector". Le lieu est culte.
L'enseigne au trépan (voir rubrique des stations essences), est devenue aujourd'hui rareté du patrimoine de la route, et devrait normalement avoir disparu du paysage des routes de France.

Immortalisez vite l'enseigne en photo, si il n'est pas déjà trop tard.

Quelques restaurants et auberges ont pignon sur route, avec terrasse et parasols "presque sur le bitume".
Le resto Chez Mimi, attenant au garage, est une vieille institution.
Bientôt 30 ans que Mimi régale les voyageurs de la route, aujord'hui encore c'est comme au bon vieux temps.


Un restaurant pignon sur route, avec tables sur la chaussée.

En face l'ancien resto routier l'Auberge du Soleil Levant.

Sur un pignon de maison une belle publicité peinte pour un artisan potier.

Non loin de là, une des fameuses plaques émaillées indiquant la Route Bleue. C'est la première que je repère depuis Paris... Mais hélas ce n'est qu'une réplique.


Plaque refaite par le peintre en lettres Christian Souverain d'après un modèle d'origine.

Ces plaques posées le long de la route par le "Comité de la Route Bleue" à partir de 1933, sont en fait un coup marketing servant à promouvoir une région jusque là délaissée par les colonies de vacanciers se rendant dans le sud de la France.
La Route Bleue proposait aux touristes de la N7 une alternative à la traversée de Lyon, en essayant de les détourner vers la région de St Etienne.
Emprunter la Route Bleue, c'était également promettre aux automobilistes de la RN6 un trajet le plus court possible entre Paris et la Côte d'Azur.
La Route Bleue suit donc la RN7 jusqu'à Roanne, pour emprunter ensuite les Nationales 82 et 86 via St Etienne, puis récupère la Nationale 7 après Lyon dans la vallée du Rhône avant Valence.


Un dernier pour la route ? Non ! plus ici, l'établissement est définitivement fermé.. sauf pour certains noctambules.

A la sortie du village, ne vous avisez pas trop de tourner autour de cet ancien établissement "Chez l'auvergnat", dont le menu n'est plus à l'affiche depuis plus de dix ans au moins.
Dailleurs les fenêtres sont murées et les enseignes ont disparu.
Petits coquins... il vous faudra attendre la nuit et montrer patte blanche pour vous encanailler (qui a dit participer ?) aux soirées libertines de ce club non conformiste ....

Si l'esprit Nationale 7 souffle encore un peu sur cette étape (du moins est-ce mon avis), j'ai dans l'idée que ce ne sera plus pour bien longtemps.
L'équilibre entre l'ancienne période et l'actuelle est précaire.
Gageons que dans peu de temps, trouver dans le secteur une table en terrasse sur le bord de route, pour s'y rafraîchir d'une bière pression ou d'un soda siroté sous un parasol, tiendra hélas plus du fantasme du routard, que de la réalité.
Et ne cherchez pas non plus l'ami "modération" pour boire le coup avec vous, bientôt votre thermos de café risque fort d'être votre seul compagnon de route.
( L'abus d'alcool est dangereux, à boire avec modération etc..etc.).

Tronsanges est somme toute rapidement traversé.


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