|
Villeneuve sur Allier.
Km 0276
Villeneuve sur Allier
Attention, si "Ville neuve" il
y eut un jour, ce n'est plus le cas aujourd'hui.
La ville moribonde, se morfond.
J'ai lu quelque part une expression qui résume
assez bien ce point de vue : "Villeneuve, la ville
aux habitations sinistrées"...
Depuis des décennies, l'étroite
rue principale, sur l'exact tracé de la route nationale
7 historique, était le passage obligé de
près de 15000 véhicules journaliers dont
5000 poids lourds.
Véritable goulet d'étranglement à
cet endroit, source de nombreux bouchons dignes de ceux
organisés par Thierry Dubois (mais ceux là
sont faits pour s'amuser), la mythique nationale 7 ne
répondait plus depuis longtemps au trafic urbain
d'une agglomération aux conditions de vie fortement
dégradées et aux nuisances ayant atteint
le seuil de l'intolérable.
Aussi trouvons nous, le long de la rue de
Paris ou de la rue de Moulins, des habitations aux portes
et fenêtres murées, des commerces fermés,
des maisons abandonnées, des façades décrépies
et des murs emboutis.
Enfin, le projet de contournement de la
ville, débuté en 2013 s'est achevé
en octobre 2019.
Cette nouvelle déviation numérotée
RN7, a ramené un calme que la commune n'avait plus
connu depuis des lustres.
Hélas, nous savons également, pour l'avoir
rencontré à maintes reprises (voir St Pierre
le Moûtier), que les rocades de contournement ont
tendances à faire tomber dans l'oubli général
ces localités, qui une fois détournées,
se retrouvent à revitaliser tant bien que mal leur
centre ville, afin de retrouver un semblant d'attractivité
pour le commun des voyageurs en transit.
Le but de notre voyage étant de rester
au plus prés du tracé historique de la route
mythique, délaissons la rocade encore fraîche
de bitume, pour découvrir sans tarder la petite
agglomération, à la recherche du temps passé.
Une bonne chose déjà, la ville n'ayant pour
l'instant subie aucune réhabilitation, les rues
nous réservent leur lot d'anciennes publicités
murales et de commerces disparus.
Jouer la carte de la RN7 historique en préservant,
ou en réhabilitant les anciennes réclames
peintes, serait un bon début pour attirer les amateurs
d'anciennes voitures qui pourraient en toute tranquillité
faire poser leur véhicule devant des publicités
d'époque.
Mesdames et messieurs les administrés, ne tombez
pas dans le piège du renouveau à tout prix
! Il existe un petit patrimoine, mettez le en valeur !
Ci-contre : en bleu, le récent contournement
ouvert en novembre 2019. |
Revue de détails... et ils sont nombreux..
On débute par cette grange anodine, sur la droite.
Une réclame Suze en partie cachée par la végétation.
Image réactive.
Photo pub JF Lobreau.
Au verso de la grange, une plaque Suze sur panneau de bois
Rasurel. Charme désuet... Photo JF Lobreau
Mais, tout de même, quelle inquiétante
entrée de ville, jalonnée de nombreuses propriétés
à vendre, aux volets clos, aux portes et fenêtres
murées d'agglos, aux herbes folles envahissantes.
Un petit peu d'histoire :
Simple écart de la paroisse de Lucenay sur
Allier, Ville Neuve jusqu'au XIIIe siècle, n'est composée
que de quelques maisons groupée autour d'une ancienne maladrerie
moyenâgeuse le long du Grand Chemin Royal.
Vers la fin du XIIIe siècle, Pierre de Belleperche, évêque
d'Auxerre et conseiller du roi Philippe IV le Bel, construit sur
ses terres patrimoniales un château dit de Villeneuve.
Au XIVe siècle, le château et les maisons environnantes
forment déjà une petite agglomération.
A l'encontre de Belleperche, village repaire féodal peu
abordable et séparé de sa juridiction par la rivière,
Villeneuve profite d'une situation "admirable" sur la
rivière Allier et sur l'axe du Grand Chemin très
fréquenté..
Le nombre de maisons construites autour du château s'accroît
rapidement.
Après l'attaque perpétrée par le Duc de Lancastre
en 1373, les bourgs de Villeneuve et Belleperche sont totalement
détruits.
Si Belleperche conserve le chef nominal de la châtellenie,
Villeneuve en devient le chef véritable.
Tout y est réparé et reconstruit, sauf le château
qui "achèvera tranquillement de crouler".
En 1470, l'ouverture d'un relais de poste vient
augmenter l'importance de la localité.
Sources, extraits et adaptation : Les fiefs
du Bourbonnais. [Tome 2], Moulins, rive droite de l'Allier / par
Aubert de La Faige et Roger de La Boutresse édition 1936
En Route -
Au premier feu tricolore, à droite sur un
pignon de maison, les reliquats d'une publicité peinte
pour Radiola, célèbre marque de téléviseurs
et d'électroménager.
Le peu qu'il reste de cette affiche arbore encore de vives couleurs.
Sur le pignon nord de la maison suivante, un mur
peint pour la marque Texaco..
Pignon sud de la même bâtisse, l'incontournable
Dubonnet.
Les publicités s'adressaient aux deux sens de circulation.
Ici vue en direction de Paris, Dubonnet.
En face, un ancien garage à la façade
décrépie, et un logo Azur sur son pignon, difficilement
visible aujourd'hui.
Et puis, si vous n'aimez pas le Dubonnet, vous pourrez toujours
vous rabattre sur le Cointreau. Photo JF Lobreau
Question Hôtellerie, on avait l'embarras du choix à
l'époque.
Un peu moins aujourd'hui. Image réactive.
Hôtel de Paris, route de Paris. Le charme d'antan. Image
réactive.
Après la mairie qui siège face à
l'ancien Hôtel de Paris, nous arrivons place du monument.
Il s'agit bien entendu du monument aux morts.
Sur la gauche, c'est par là que se poursuivait le tracé
du Grand Chemin Royal, bien avant le tracé de notre Route
Nationale 7.
A l'époque ce Grand Chemin empruntait l'actuelle
rue du Presbytère, passait derrière l'ancienne église,
se poursuivait par l'actuelle rue de l'église, jusqu'à
retrouver la route de Moulins.
Cadastre Napoléonien de 1812.
Par la gauche le Grand Chemin Royal, par la droite la route nationale
7.
Mais poursuivons sur la RN7
Le vendeur-réparateur en motoculture occupait un beau
garage au fronton typique des trente glorieuses.
Aujourd'hui tout est fermé, mais l'enseigne peinte subsiste.
"Hôtel - Restaurant de la gare" et une publicité
pour Vichy St Yorre ville thermale. Photo Claude.K
Sur le même trottoir, l'antique enseigne de
l' hôtel de la gare, nous informe de la proximité
du chemin de fer.
Comme à St Imbert, la gare mise en service en1853 est aujourd'hui
fermée et désaffectée. Les TER marquent tout
de même une halte à Villeneuve.
L'Hôtel et le café de la gare, vue de la route de
Paris, et déjà la pub pour Vichy St Yorre.
Bien qu'enfant à l'époque, j'ai encore
le souvenir de ces nombreux petits hôtels que l'on rencontrait
sur le bord des routes et dans lesquels, lors de nos grandes migrations
estivales, mes parents s'arrêtaient sans pour autant avoir
réservé à l'avance.
Simplement parce que la fatigue se faisait ressentir, ou parce
que le coin nous semblait propice à une halte bienvenue.
Ces petits hôtels familiaux, dans le sens ou ils étaient
tenus par une famille, nous réservaient en général
un accueil plutôt sympathique.
On s'y sentait presque comme à la maison.
Les propriétaires occupaient en général
un étage, les chambres des clients un autre. La salle du
bas sentait bon le café frais, et l'on pouvait y lire le
journal.
Parfois on y trouvait même un juke-box, mais le must restait
le flipper.
Certes, les toilettes et la salle de bain commune se trouvaient
sur le palier, les chambres possédaient souvent un papier
peint défraîchit, une literie plus ou moins défoncée,
une tuyauterie bruyante...
et quelques punaises de lit n'hésitaient pas à vous
montrer toutes leur affection, mais la soupe était bonne,
les draps propres, l'eau chaude et la nuit calme.
Que demander de plus ? sinon de pouvoir espérer
prendre un petit déjeuner sur l'une des tables disposées
sur le trottoir en bordure d'une nationale à la circulation
clairsemée.
Le tout pour un prix qui ferait pâlir le moindre hôtel
low-cost d'une zone commerciale actuelle.
Mais poursuivons...
La rue de Paris, aux habitations altérées
par une circulation intensive, présente tout de même
quelques façades intéressantes.
Route de Paris on rencontre beaucoup de ces immeubles des
temps anciens.
Le propriétaire de celui-ci, a eu la bonne idée
de faire poser la première pierre à ses enfants...
il y a de cela plus de 170 ans.
Image réactive.
Un coup d’œil en arrière sur la Grande Rue.
Image réactive
Aujourd'hui, mise à part les commerces fermés beaucoup
d'éléments sont toujours en place.
Marches de palier, porte enseigne, balcon.
Voici la petite place de l'église et du marché
où l'on pourra garer sa voiture histoire de faire une petite
pause.
Cette placette, coupée en deux par la route nationale,
est le cœur ancien du village.
Et si l'on y regarde de plus près, les bâtiments
qui entourent la place sont pour la plupart d'époque XVIIIe
si ce n'est plus vieux pour certains
Bon ! certes, la devanture de la pharmacie et son
vert fluo fait un peu tâche avec le reste du décor,
surtout que c'est ici que s'installe le Relais de Poste en 1470.
On en voit encore le porche.
Cette Poste Royale, dont furent chevaucheurs au XVIIe siècle
les familles Galais, puis Chevalier, occupa longtemps la maison
formant le côté ouest de la place.
Cette maison était adossée au murs même du château
ruiné, dont elle fut peut-être une dépendance
*.
Un souvenir Britannique se rattache à la poste de Villeneuve.
Le 23 juin 1677, le galant Lafleur, cocher du carrosse de Paris,
s'avisa de trouver à son goût deux de ses voyageuses
et de le leur dire en termes forts expressifs.
Ces voyageuses étaient malheureusement de prudes Anglaises
: lady Suzanne Smith, femme de John Fox, écuyer chez le roi
d'Angleterre, et miss Elisabeth Smith, fille de Jack Smith, écuyer
demeurant à Londres.
A la Villeneuve, on se moqua de leur cris effarouchés; mais
en arrivant à St Pierre (le Moûtier), elles profitèrent
de l'arrêt du carrosse pour aller bravement déposer
une plainte en règle entre les mains du procureur du roi
au présidial,
qui n'y attacha, d'ailleurs nulle importance *.
A l'est de la place, face au Relais de poste, se trouvait le Logis
de la Tour D'argent, que les registres mentionnent déjà
au XVIème, où acquirent leur fortune bourgeoise la famille
Steuf, qui en 1706 fut remplacée par la famille Richin,
ancienne famille qui avait tenu durant près de 200 ans l'auberge
de la Croix Blanche *.
L'hostellerie de La Tour d'Argent a depuis changé de nom, et
abandonné sa fonction d'hôtel, mais l'endroit restaure
toujours le voyageur de passage.
* Sources, extraits et adaptation : Les fiefs du Bourbonnais.
[Tome 2], Moulins, rive droite de l'Allier / par Aubert de La Faige
et Roger de La Boutresse édition 1936
Même si l'établissement a changé de nom, l'enseigne
de la Tour d'Argent figure toujours sur les murs. Image réactive
Photo Claude.K
De l'autre côté de la route nationale,
l'église que l'on aperçoit en bout de place, a été
construite de 1903 à 1905.
Lorsqu'il arrive à Villeneuve en 1900, l'abbé Dumas,
curé de Bagneux, découvre alors une église délabrée
du XVIIe siècle.
L'édifice - une misérable grange carrée dont
l'unique porte n'est même pas au milieu de la façade;
les murs, à l'extérieur sales, dégoûtants
à l'intérieur, décrépits - est situé
au centre de la place.
Derrière le chevet de l'église, passe l'ancien tracé
du Grand Chemin. (voir cadastre ci-dessus)
01 - La place de l'église et l'église de 1905. Photo
Claude.K
02- L'ancienne église du XVIIe siècle au milieu de la
place. Image réactive.
L'abbé Dumas n'accepte sa nomination à
Villeneuve qu'en échange d'engagements formels de l'Évêché
de faire construire une nouvelle église.
Monseigneur Dubourg , évêque du diocèse, souscrivant
le premier à son appel, ainsi que la population de la commune,
l'abbé Dumas réunit 45.000 francs en quatre mois.
La nouvelle église est construite sur un terrain donné
par la propriétaire des jardins situés derrière
l'ancien édifice, de l'autre côté du Grand Chemin.
Les travaux débutent le 8 décembre 1903 et seront achevés
en 1905.
Source :
http://www.villeneuvesurallier.fr
Etonnant cliché des deux églises de Villeneuve.
La seconde est construite, la première pas encore détruite.
On voit donc que Villeneuve aux siècles derniers, n'était
pas dénuée d'hôtellerie, on pourrait toujours
citer le Logis des Trois Roys, celui des Trois-Maures, ou encore l'auberge
du Dauphin.
Des
monstres à Villeneuve sur Allier.
En 1934, on s'amusa d'une drôle d'affaire
à Villeneuve sur Allier.
A l'instar du monstre du Loch Ness, un monstre hantait les eaux
de l'Allier.
L'affaire fit grand bruit à Vichy et dans tout le département,
bien que personne ne l'ait vraiment aperçu, les esprits
s'enflammaient.
Les gens se précipitaient sur les rives
de l'Allier à la recherche du moindre indice. On établit
des surveillances.
Un temps on pensa à un crocodile, ou à un saurien
relâché dans la nature, mais finalement de monstre,
pas un soupçon.
Tout compte fait cette affaire s'avéra être un
fameux canular inventé de toute pièce par quelques
journalistes facétieux.
Pourtant à Villeneuve sur Allier, du
monstre il y en avait, et même plusieurs.
Certes, ceux-ci n'étaient pas de gros monstres comme
celui dont parlaient les journaux de Vichy, mais qu'était-ce
vraiment ?
Les plus grands qu'on ait vu, mesuraient un
mètre tout au plus.
C'est le père "La vapeur",
pêcheur impénitent, qui un jour remonta dans ses
filets d'étranges créatures.
Pensant jusque là connaître toute la faune de sa
région, il s'étonna devant l'aspect de ces spécimens.
Se mouvant comme un reptile, verdâtres,
tachetés et sans écailles, les animaux possédaient
un long corps d'anguille, des nageoires, une tête de goujon
et poussaient des cris semblables à ceux "d'un chat
qu'on étrangle".
Le père "la Vapeur" décida
de montrer ses prises au Curé de Villeneuve, l'abbé
Dumas, naturaliste distingué par un prix de l'académie
scientifique pour un ouvrage consacré aux protozoaires.
L'abbé resta perplexe devant la pêche
de "la Vapeur". Pour lui, ces créatures tenaient
plus du monstre que de l'anguille ou de la lamproie.
Peut-être assistait-on à une mutation naturelle
de la faune aquatique de l'Allier.
Quoi qu'il en soit, devant tant de scepticisme,
le père "La Vapeur" décida que sa pêche
ne serait pas perdue pour tout le monde.
Au bistrot du coin, on vida les poissons et on les fit cuire
au gratin, et tous les amis de "la Vapeur" se régalèrent
de la monstrueuse pêche.
Sources :
Barjavel : Les enfants de l'ombre
Coupures de journaux "Le Progrès
de l'Allier"
Les mystères de l'Allier : Jean Débordes
|
Les 3 Roys. Photo Claude.K. Image réactive.
En route -
Quittons la place de l'église et poursuivons en direction
de la sortie de ville.
Quelques mètres plus loin, le châtelet à la
façade couleur saumon, n'est autre que l'ancienne Hôtellerie
des 3 Roys, déjà mentionnée au XVIe siècle,
aujourd'hui maison d'hôtes.
En face, l'établissement de la Régence a troqué
son ancien restaurant contre une pizzeria plus dans l'air du temps.
La Régence, aujourd'hui à vendre. Image réactive.
Sur la gauche, le Chemin d'Intérêt Commun IC 33 rejoint
l'ancien tracé du Grand Chemin. Photo plaque Claude.K
Quelques centaines de mètres après le
panneau de sortie de Villeneuve, au hameau des Courtauds, dans un
champs sur la gauche, est élevé un petit monument avec
des photos incrustées.
Il s'agit d'un monument commémorant un accident de la route
dans lequel périrent trois chauffeurs routiers .
A la sortie de Villeneuve, une stèle sur le bas côté,
rappelle l'accident de trois chauffeurs routiers décédés
en 1936.
C'est également dans ces parages que la nationale
7 retrouve le tracé du Grand Chemin pour redevenir itinéraire
commun vers Moulins.
Après démontage d'un panneau publicitaire 4x3 m,
réapparition de ce mur peint pour Olida. Image réactive.
|
A l'origine une simple route arborée à 2
x 1 voies. Puis élargissement de la route à
2 x 2 voies avec terre plein central.
Facile de retrouver la voie originale
|
Nous retrouvons le raccordement de la récente
RN7 2 x 2 voies (en bleu ci-dessus) qui termine là son contournement
de Villeneuve.
Trois kilomètres après la sortie de Villeneuve,
sur la gauche, deux petits pavillons de briques rouges indiquent l'entrée
du Domaine du Château d'Avrilly.
Le Château d’Avrilly, édifié à partir
du XVe siècle, fait partie de la Route des châteaux d’Auvergne.
Ouvert à la visite l'été, ce domaine privé,
entouré d'un parc de 100 hectares, avec bassins et jardins
à la française, propose également des gîtes
de charme.
http://www.chateauavrilly.com
Quelques beaux clichés du château :
http://www.paysdauvergne.fr/allier/trevol-et-le-chateau-davrilly.html
L'entrée du Château d'Avrilly sur la RN7.
Sur l'un des pavillons d'entrée du château
d'Avrilly, une plaque rappelle la catastrophe de "La République"
survenue le 25 septembre 1909.
Photo Claude Danau
A quelques mètres de l'entrée du Domaine
d'Avrilly, sur la droite, entre la voie ferrée et la route,
une stèle monumentale, commémore l'accident du dirigeable
République.
Un monumental gisant incliné représentant l'équipage
du dirigeable "République".
Difficile ici de marquer l'arrêt, la voie est
double et dangereuse, de plus rien n'est prévu pour le stationnement.
Au vu de l'importance du monument, l'épisode qu'il commémore
a dû être tragique et faire grand bruit à l'époque.
"La République" (au féminin)
était un dirigeable militaire de type Lebaudy, construit
dans les ateliers des frères Paul et Pierre Lebaudy,
à Moisson (Yvelines) et mis en service en juillet 1908.
Après les campagnes d'été
1908 et 1909 qui consistaient en essais, ascensions, manœuvres
d'instruction, et autres mises à l' épreuve
du dirigeable, la campagne d'automne 1909 voyait la participation
de "La République" aux grandes manœuvres
du Bourbonnais.
Un hangar amovible, conçu pour recevoir
le Ballon fut installé à Lapalisse.
Le voyage de départ de Chalais-Meudon (Hauts-de-Seine)
vers Lapalisse fût assez compliqué.
Le ballon subit une avarie qui l'obligea à dériver
puis finalement à être dégonflé
en attendant les réparations sous le hangar amovible.
"La République" devant son hangar amovible
à Lapalisse.
Le 12 septembre, "La République",
s'élevait enfin dans les airs et participait avec succès
aux grandes manœuvres militaires du Bourbonnais.
La République au dessus de Lapalisse
Au terme de ces exercices, et devant le bon
comportement du dirigeable, il fut décidé de
le rapatrier sur Chalais par la voie des airs.
Le 25 septembre à 6 h.45, le dirigeable s'élevait
dans les airs, avec à son bord le capitaine Marchal,
le lieutenant Chauré, les adjudants Réau et
Vincenot.
Il prit la direction de Moulins en suivant la route nationale.
Trois automobiles l'escortaient ; l'une montée
par le lieutenant aérostier Tixier et deux sous-officiers
du génie ; l'autre encombrée de cordages et
de cordes qui eussent pu être utilisés en cas
de besoin ; la troisième emportait les envoyés
spéciaux du "Matin".
A 8h30 à Moulins, la population avertie
acclama l'équipage qui salua de la main et du képi.
A huit kilomètres de Moulins, alors que
le ballon passait au-dessus de la propriété
du comte de Chabannes-la-Palice, à Avrilly (actuel
domaine d'Avrilly) l'appareil donna de la bande de droite
à gauche, puis se redressa dans un mouvement brusque
du gouvernail.
"Quelques secondes après, une des
pales de l'hélice droite de la nacelle se détachait
et venait entailler l'enveloppe tel un rasoir, provoquant
une déchirure d'où s'échappa l'hydrogène.
Dans un mouvement vertigineux, comme une énorme flèche,
le ballon plongea droit vers la terre".
Montage photo illustrant la chute du dirigeable
(L'illustration) |
Les restes du dirigeable sur le bord de la route
nationale face aux grilles du château d'Avrilly. |
"Un silence pesant, succéda à
cette chute d'environ 300 mètres de haut. De l'auto
militaire les cordiers bondissent et commencent à couper
les cordes pour soulever l'enveloppe. Du château d'Avrilly,
le comte de Chabannes et M. Jean Maugué, spectateurs
de la catastrophe, accourent avec des équipes d'ouvriers
qui viennent prêter main-forte. La seconde auto militaire
amène le lieutenant Tixier sur le lieu de la catastrophe.
Par une ironie du sort le lieutenant venait d'adresser un
télégramme au parc de Chalais annonçant
que tout allait bien."
Les dépouilles des 4 militaires aéronautes
tous tués sur le coup, furent extraites et transportées
dans un pavillon du château d'Avrilly, transformé
pour l'occasion en chapelle ardente.
Sur ce cliché de l'agence "Rol", des
badauds s'affairent autour du point de chute du dirigeable.
Nous sommes en 1909 sur la N7 et chacun aura reconnu les grilles
du domaine d'Avrilly.
Des funérailles nationales furent célébrées
le 28 septembre 1909 en la cathédrale de Versailles.
Le premier monument qui marqua l'emplacement de la catastrophe
en attendant la stèle définitive..
Remarquez la voie ferrée en arrière plan.
L'actuel monument, œuvre du célèbre
sculpteur Henri Bouchard date de 1909.
Pour de plus amples renseignements, tapez "dirigeable
république" sur un moteur de recherche. Sinon
quelques sources :
Les grandes manoeuvres du Bourbonnais : http://palicia.blogspot.fr/2009_09_01_archive.html
Un témoin de la catastrophe : http://www.histoire-genealogie.com/spip.php?article1918
Tout sur la stèle : http://www.aerosteles.net/fiche.php?code=trevol-republique
|
Encore quelques hectomètres pour apercevoir sur la gauche le
bâtiment de l'ancien Relais d'Avrilly, construit dans le plus
pur style des Motels et autres Relais-routes des années 1970.
Après être passé sous l'enseigne des Hôtels
Mercure, l'établissement désaffecté depuis ces
dernières années est en liquidation judiciaire faute
de clients.
Il devrait prochainement être transformé en centre d'accueil
pour migrants.
|
L'âge d'or du Relais d'Avrilly. Image réactive.
|
Au rond-point de La Petite Perche, la double voie N
7 abandonne ici son tracé historique, pour entamer le contournement
de la ville de Moulins.
Un large contournement par l'Est, dont les études datent de
1965.
La mise en service effective de cette rocade s'échelonnera
de 1996 pour la section Moulins Nord - Moulins Sud, à juin
2000 pour la section Moulins Sud - Toulon sur Allier.
Pour plus de renseignements sur la rocade de Moulins :
https://routes.fandom.com/wiki/Rocade_de_Moulins
Mais l'ancien tracé existe toujours, rebaptisé
D707, il est facile à reconnaître : c'est la route bordée
d'arbres.
Un charmant tronçon qu'il serait dommage de rater au nom d'un
sacro-saint "pas de temps à perdre".
Surtout que les véhicules se font rares de ce côté-ci.
Partons sur les terres de Trévol.
Rond-point de La Petite Perche, au départ de la rocade
de contournement. Tout droit l'ancien tracé D707. Photo Claude.K
Carte Cassini XVIIIe siècle
Carte Etat Major XIXe siècle
|
|
Le lieu-dit de la Vieille Poste, sur la gauche, n'est
composé que de 3 bâtisses disposées en U.
Si la propriété paraît repeinte et assez récente,
il s'agit tout de même d'un ancien Relais de Poste signalé
comme en activité au XVIIIe siècle sur la carte de Cassini
, mais relégué de Vieille Poste sur la carte d'Etat
Major du XIXe siècle.
La Vieille Poste de la Perche
La municipalité de Trévol signale d'ailleurs
que : Sous l'ancien régime, Trévol connaissait une certaine
prospérité grâce à ses bois et ses moulins
mais également grâce à son relais de la Poste
de la Perche, dont l'auberge était réputée.
Le roi Louis XIII y serait descendu le 11 février 1692.
Nota : le site de la mairie fait
erreur soit sur la date, soit sur le roi, car en 1692, nous sommes
sous le règne de Louis XIV et non plus sous celui de Louis
XIII mort en 1643.
Par ailleurs, comme il n'est fait mention d'aucune source, il est
difficile de vérifier ces faits.
Comme on pourra le constater, la route a été
remblayée et rehaussée de presque un mètre depuis
le temps des malles-poste.
Sur le mur d'une maison en ruine, sur la droite, une
publicité pour le chocolat Poulain.
Quelques entrepôts signalent une petite zone d'activités
commerciales.
Déjà 55 ans de bons et loyaux services sur le bord
de la RN7. Photo Gilles Dallois. Image réactive
La concession Citroën de mr Gilles Dallois à
Moulins a eu 100 ans en 2019.
Le garage, future concession Citroën, ouvert en 1915 rue des
couteliers dans le centre ville de Moulins, déménage
en 1964 à Avermes en bordure de Route Nationale 7.
Suivra en 1968 l'ouverture des ateliers et de la station service.
(renseignements Thierry Lacombe)
Après les concessions automobiles, la route traçait
tout droit à l'époque.
Depuis 1996, la N7 évite la ville de Moulins, du coup l'ancien
tracé est ici légèrement modifié de façon
à passer par dessus la rocade et la voie ferrée.
L'échangeur de Pince Cul et la rocade Nord. Cliché noir
et blanc La RN7 en 1954 . Image réactive
Retour au sommaire
conception @2014 - maj 2020
|