ETAPE 6 : de Magny-Cours à Bessay sur Allier, de 0250 à 0300 km de Paris.

3 / 5
← Villeneuve sur Allier - Avrilly - Trévol →
Villeneuve sur Allier. Km 0276


Villeneuve sur Allier

Attention, si "Ville neuve" il y eut un jour, ce n'est plus le cas aujourd'hui.
La ville moribonde, se morfond.
J'ai lu quelque part une expression qui résume assez bien ce point de vue : "Villeneuve, la ville aux habitations sinistrées"...

Depuis des décennies, l'étroite rue principale, sur l'exact tracé de la route nationale 7 historique, était le passage obligé de près de 15000 véhicules journaliers dont 5000 poids lourds.
Véritable goulet d'étranglement à cet endroit, source de nombreux bouchons dignes de ceux organisés par Thierry Dubois (mais ceux là sont faits pour s'amuser), la mythique nationale 7 ne répondait plus depuis longtemps au trafic urbain d'une agglomération aux conditions de vie fortement dégradées et aux nuisances ayant atteint le seuil de l'intolérable.

Aussi trouvons nous, le long de la rue de Paris ou de la rue de Moulins, des habitations aux portes et fenêtres murées, des commerces fermés, des maisons abandonnées, des façades décrépies et des murs emboutis.

Enfin, le projet de contournement de la ville, débuté en 2013 s'est achevé en octobre 2019.
Cette nouvelle déviation numérotée RN7, a ramené un calme que la commune n'avait plus connu depuis des lustres.
Hélas, nous savons également, pour l'avoir rencontré à maintes reprises (voir St Pierre le Moûtier), que les rocades de contournement ont tendances à faire tomber dans l'oubli général ces localités, qui une fois détournées, se retrouvent à revitaliser tant bien que mal leur centre ville, afin de retrouver un semblant d'attractivité pour le commun des voyageurs en transit.

Le but de notre voyage étant de rester au plus prés du tracé historique de la route mythique, délaissons la rocade encore fraîche de bitume, pour découvrir sans tarder la petite agglomération, à la recherche du temps passé.
Une bonne chose déjà, la ville n'ayant pour l'instant subie aucune réhabilitation, les rues nous réservent leur lot d'anciennes publicités murales et de commerces disparus.

Jouer la carte de la RN7 historique en préservant, ou en réhabilitant les anciennes réclames peintes, serait un bon début pour attirer les amateurs d'anciennes voitures qui pourraient en toute tranquillité faire poser leur véhicule devant des publicités d'époque.
Mesdames et messieurs les administrés, ne tombez pas dans le piège du renouveau à tout prix ! Il existe un petit patrimoine, mettez le en valeur !

Ci-contre : en bleu, le récent contournement ouvert en novembre 2019.

Revue de détails... et ils sont nombreux..


On débute par cette grange anodine, sur la droite. Une réclame Suze en partie cachée par la végétation. Image réactive.
Photo pub JF Lobreau.


Au verso de la grange, une plaque Suze sur panneau de bois Rasurel. Charme désuet... Photo JF Lobreau

Mais, tout de même, quelle inquiétante entrée de ville, jalonnée de nombreuses propriétés à vendre, aux volets clos, aux portes et fenêtres murées d'agglos, aux herbes folles envahissantes.

Un petit peu d'histoire :

Simple écart de la paroisse de Lucenay sur Allier, Ville Neuve jusqu'au XIIIe siècle, n'est composée que de quelques maisons groupée autour d'une ancienne maladrerie moyenâgeuse le long du Grand Chemin Royal.
Vers la fin du XIIIe siècle, Pierre de Belleperche, évêque d'Auxerre et conseiller du roi Philippe IV le Bel, construit sur ses terres patrimoniales un château dit de Villeneuve.
Au XIVe siècle, le château et les maisons environnantes forment déjà une petite agglomération.
A l'encontre de Belleperche, village repaire féodal peu abordable et séparé de sa juridiction par la rivière, Villeneuve profite d'une situation "admirable" sur la rivière Allier et sur l'axe du Grand Chemin très fréquenté..
Le nombre de maisons construites autour du château s'accroît rapidement.
Après l'attaque perpétrée par le Duc de Lancastre en 1373, les bourgs de Villeneuve et Belleperche sont totalement détruits.

Si Belleperche conserve le chef nominal de la châtellenie, Villeneuve en devient le chef véritable.
Tout y est réparé et reconstruit, sauf le château qui "achèvera tranquillement de crouler".

En 1470, l'ouverture d'un relais de poste vient augmenter l'importance de la localité.

Sources, extraits et adaptation : Les fiefs du Bourbonnais. [Tome 2], Moulins, rive droite de l'Allier / par Aubert de La Faige et Roger de La Boutresse édition 1936

En Route -

Au premier feu tricolore, à droite sur un pignon de maison, les reliquats d'une publicité peinte pour Radiola, célèbre marque de téléviseurs et d'électroménager.
Le peu qu'il reste de cette affiche arbore encore de vives couleurs.

Sur le pignon nord de la maison suivante, un mur peint pour la marque Texaco..

Pignon sud de la même bâtisse, l'incontournable Dubonnet.


Les publicités s'adressaient aux deux sens de circulation. Ici vue en direction de Paris, Dubonnet.

En face, un ancien garage à la façade décrépie, et un logo Azur sur son pignon, difficilement visible aujourd'hui.


Et puis, si vous n'aimez pas le Dubonnet, vous pourrez toujours vous rabattre sur le Cointreau. Photo JF Lobreau


Question Hôtellerie, on avait l'embarras du choix à l'époque.
Un peu moins aujourd'hui. Image réactive.


Hôtel de Paris, route de Paris. Le charme d'antan. Image réactive.

Après la mairie qui siège face à l'ancien Hôtel de Paris, nous arrivons place du monument.
Il s'agit bien entendu du monument aux morts.
Sur la gauche, c'est par là que se poursuivait le tracé du Grand Chemin Royal, bien avant le tracé de notre Route Nationale 7.
A l'époque ce Grand Chemin empruntait l'actuelle rue du Presbytère, passait derrière l'ancienne église, se poursuivait par l'actuelle rue de l'église, jusqu'à retrouver la route de Moulins.


Cadastre Napoléonien de 1812.
Par la gauche le Grand Chemin Royal, par la droite la route nationale 7.

Mais poursuivons sur la RN7


Le vendeur-réparateur en motoculture occupait un beau garage au fronton typique des trente glorieuses.
Aujourd'hui tout est fermé, mais l'enseigne peinte subsiste.


"Hôtel - Restaurant de la gare" et une publicité pour Vichy St Yorre ville thermale. Photo Claude.K

Sur le même trottoir, l'antique enseigne de l' hôtel de la gare, nous informe de la proximité du chemin de fer.
Comme à St Imbert, la gare mise en service en1853 est aujourd'hui fermée et désaffectée. Les TER marquent tout de même une halte à Villeneuve.


L'Hôtel et le café de la gare, vue de la route de Paris, et déjà la pub pour Vichy St Yorre.

Bien qu'enfant à l'époque, j'ai encore le souvenir de ces nombreux petits hôtels que l'on rencontrait sur le bord des routes et dans lesquels, lors de nos grandes migrations estivales, mes parents s'arrêtaient sans pour autant avoir réservé à l'avance.
Simplement parce que la fatigue se faisait ressentir, ou parce que le coin nous semblait propice à une halte bienvenue.
Ces petits hôtels familiaux, dans le sens ou ils étaient tenus par une famille, nous réservaient en général un accueil plutôt sympathique.
On s'y sentait presque comme à la maison.

Les propriétaires occupaient en général un étage, les chambres des clients un autre. La salle du bas sentait bon le café frais, et l'on pouvait y lire le journal.
Parfois on y trouvait même un juke-box, mais le must restait le flipper.
Certes, les toilettes et la salle de bain commune se trouvaient sur le palier, les chambres possédaient souvent un papier peint défraîchit, une literie plus ou moins défoncée, une tuyauterie bruyante...
et quelques punaises de lit n'hésitaient pas à vous montrer toutes leur affection, mais la soupe était bonne, les draps propres, l'eau chaude et la nuit calme.

Que demander de plus ? sinon de pouvoir espérer prendre un petit déjeuner sur l'une des tables disposées sur le trottoir en bordure d'une nationale à la circulation clairsemée.
Le tout pour un prix qui ferait pâlir le moindre hôtel low-cost d'une zone commerciale actuelle.

Mais poursuivons...

La rue de Paris, aux habitations altérées par une circulation intensive, présente tout de même quelques façades intéressantes.


Route de Paris on rencontre beaucoup de ces immeubles des temps anciens.
Le propriétaire de celui-ci, a eu la bonne idée de faire poser la première pierre à ses enfants... il y a de cela plus de 170 ans.
Image réactive.


Un coup d’œil en arrière sur la Grande Rue. Image réactive
Aujourd'hui, mise à part les commerces fermés beaucoup d'éléments sont toujours en place.
Marches de palier, porte enseigne, balcon.

Voici la petite place de l'église et du marché où l'on pourra garer sa voiture histoire de faire une petite pause.
Cette placette, coupée en deux par la route nationale, est le cœur ancien du village.
Et si l'on y regarde de plus près, les bâtiments qui entourent la place sont pour la plupart d'époque XVIIIe si ce n'est plus vieux pour certains

Bon ! certes, la devanture de la pharmacie et son vert fluo fait un peu tâche avec le reste du décor, surtout que c'est ici que s'installe le Relais de Poste en 1470.
On en voit encore le porche.

Cette Poste Royale, dont furent chevaucheurs au XVIIe siècle les familles Galais, puis Chevalier, occupa longtemps la maison formant le côté ouest de la place.
Cette maison était adossée au murs même du château ruiné, dont elle fut peut-être une dépendance *.

Un souvenir Britannique se rattache à la poste de Villeneuve. Le 23 juin 1677, le galant Lafleur, cocher du carrosse de Paris, s'avisa de trouver à son goût deux de ses voyageuses et de le leur dire en termes forts expressifs.
Ces voyageuses étaient malheureusement de prudes Anglaises : lady Suzanne Smith, femme de John Fox, écuyer chez le roi d'Angleterre, et miss Elisabeth Smith, fille de Jack Smith, écuyer demeurant à Londres.
A la Villeneuve, on se moqua de leur cris effarouchés; mais en arrivant à St Pierre (le Moûtier), elles profitèrent de l'arrêt du carrosse pour aller bravement déposer une plainte en règle entre les mains du procureur du roi au présidial,
qui n'y attacha, d'ailleurs nulle importance *.

A l'est de la place, face au Relais de poste, se trouvait le Logis de la Tour D'argent, que les registres mentionnent déjà au XVIème, où acquirent leur fortune bourgeoise la famille Steuf, qui en 1706 fut remplacée par la famille Richin,
ancienne famille qui avait tenu durant près de 200 ans l'auberge de la Croix Blanche *.
L'hostellerie de La Tour d'Argent a depuis changé de nom, et abandonné sa fonction d'hôtel, mais l'endroit restaure toujours le voyageur de passage.

* Sources, extraits et adaptation : Les fiefs du Bourbonnais. [Tome 2], Moulins, rive droite de l'Allier / par Aubert de La Faige et Roger de La Boutresse édition 1936


Même si l'établissement a changé de nom, l'enseigne de la Tour d'Argent figure toujours sur les murs. Image réactive
Photo Claude.K

De l'autre côté de la route nationale, l'église que l'on aperçoit en bout de place, a été construite de 1903 à 1905.
Lorsqu'il arrive à Villeneuve en 1900, l'abbé Dumas, curé de Bagneux, découvre alors une église délabrée du XVIIe siècle.
L'édifice - une misérable grange carrée dont l'unique porte n'est même pas au milieu de la façade; les murs, à l'extérieur sales, dégoûtants à l'intérieur, décrépits - est situé au centre de la place.
Derrière le chevet de l'église, passe l'ancien tracé du Grand Chemin. (voir cadastre ci-dessus)


01 - La place de l'église et l'église de 1905. Photo Claude.K
02- L'ancienne église du XVIIe siècle au milieu de la place. Image réactive.

L'abbé Dumas n'accepte sa nomination à Villeneuve qu'en échange d'engagements formels de l'Évêché de faire construire une nouvelle église.
Monseigneur Dubourg , évêque du diocèse, souscrivant le premier à son appel, ainsi que la population de la commune, l'abbé Dumas réunit 45.000 francs en quatre mois.
La nouvelle église est construite sur un terrain donné par la propriétaire des jardins situés derrière l'ancien édifice, de l'autre côté du Grand Chemin.
Les travaux débutent le 8 décembre 1903 et seront achevés en 1905.

Source : http://www.villeneuvesurallier.fr


Etonnant cliché des deux églises de Villeneuve.
La seconde est construite, la première pas encore détruite.

On voit donc que Villeneuve aux siècles derniers, n'était pas dénuée d'hôtellerie, on pourrait toujours citer le Logis des Trois Roys, celui des Trois-Maures, ou encore l'auberge du Dauphin.

Des monstres à Villeneuve sur Allier.

En 1934, on s'amusa d'une drôle d'affaire à Villeneuve sur Allier.
A l'instar du monstre du Loch Ness, un monstre hantait les eaux de l'Allier.
L'affaire fit grand bruit à Vichy et dans tout le département, bien que personne ne l'ait vraiment aperçu, les esprits s'enflammaient.

Les gens se précipitaient sur les rives de l'Allier à la recherche du moindre indice. On établit des surveillances.
Un temps on pensa à un crocodile, ou à un saurien relâché dans la nature, mais finalement de monstre, pas un soupçon.
Tout compte fait cette affaire s'avéra être un fameux canular inventé de toute pièce par quelques journalistes facétieux.

Pourtant à Villeneuve sur Allier, du monstre il y en avait, et même plusieurs.
Certes, ceux-ci n'étaient pas de gros monstres comme celui dont parlaient les journaux de Vichy, mais qu'était-ce vraiment ?

Les plus grands qu'on ait vu, mesuraient un mètre tout au plus.

C'est le père "La vapeur", pêcheur impénitent, qui un jour remonta dans ses filets d'étranges créatures.
Pensant jusque là connaître toute la faune de sa région, il s'étonna devant l'aspect de ces spécimens.

Se mouvant comme un reptile, verdâtres, tachetés et sans écailles, les animaux possédaient un long corps d'anguille, des nageoires, une tête de goujon et poussaient des cris semblables à ceux "d'un chat qu'on étrangle".

Le père "la Vapeur" décida de montrer ses prises au Curé de Villeneuve, l'abbé Dumas, naturaliste distingué par un prix de l'académie scientifique pour un ouvrage consacré aux protozoaires.

L'abbé resta perplexe devant la pêche de "la Vapeur". Pour lui, ces créatures tenaient plus du monstre que de l'anguille ou de la lamproie.
Peut-être assistait-on à une mutation naturelle de la faune aquatique de l'Allier.

Quoi qu'il en soit, devant tant de scepticisme, le père "La Vapeur" décida que sa pêche ne serait pas perdue pour tout le monde.
Au bistrot du coin, on vida les poissons et on les fit cuire au gratin, et tous les amis de "la Vapeur" se régalèrent de la monstrueuse pêche.

Sources :

Barjavel : Les enfants de l'ombre

Coupures de journaux "Le Progrès de l'Allier"

Les mystères de l'Allier : Jean Débordes


Les 3 Roys. Photo Claude.K. Image réactive.

En route -

Quittons la place de l'église et poursuivons en direction de la sortie de ville.
Quelques mètres plus loin, le châtelet à la façade couleur saumon, n'est autre que l'ancienne Hôtellerie des 3 Roys, déjà mentionnée au XVIe siècle, aujourd'hui maison d'hôtes.
En face, l'établissement de la Régence a troqué son ancien restaurant contre une pizzeria plus dans l'air du temps.


La Régence, aujourd'hui à vendre. Image réactive.


Sur la gauche, le Chemin d'Intérêt Commun IC 33 rejoint l'ancien tracé du Grand Chemin. Photo plaque Claude.K

Quelques centaines de mètres après le panneau de sortie de Villeneuve, au hameau des Courtauds, dans un champs sur la gauche, est élevé un petit monument avec des photos incrustées.
Il s'agit d'un monument commémorant un accident de la route dans lequel périrent trois chauffeurs routiers .


A la sortie de Villeneuve, une stèle sur le bas côté, rappelle l'accident de trois chauffeurs routiers décédés en 1936.

C'est également dans ces parages que la nationale 7 retrouve le tracé du Grand Chemin pour redevenir itinéraire commun vers Moulins.



Après démontage d'un panneau publicitaire 4x3 m, réapparition de ce mur peint pour Olida. Image réactive.

 


A l'origine une simple route arborée à 2 x 1 voies. Puis élargissement de la route à 2 x 2 voies avec terre plein central.
Facile de retrouver la voie originale

Nous retrouvons le raccordement de la récente RN7 2 x 2 voies (en bleu ci-dessus) qui termine là son contournement de Villeneuve.

Trois kilomètres après la sortie de Villeneuve, sur la gauche, deux petits pavillons de briques rouges indiquent l'entrée du Domaine du Château d'Avrilly.
Le Château d’Avrilly, édifié à partir du XVe siècle, fait partie de la Route des châteaux d’Auvergne.
Ouvert à la visite l'été, ce domaine privé, entouré d'un parc de 100 hectares, avec bassins et jardins à la française, propose également des gîtes de charme.
http://www.chateauavrilly.com

Quelques beaux clichés du château : http://www.paysdauvergne.fr/allier/trevol-et-le-chateau-davrilly.html


L'entrée du Château d'Avrilly sur la RN7.

Sur l'un des pavillons d'entrée du château d'Avrilly, une plaque rappelle la catastrophe de "La République" survenue le 25 septembre 1909.


Photo Claude Danau

A quelques mètres de l'entrée du Domaine d'Avrilly, sur la droite, entre la voie ferrée et la route, une stèle monumentale, commémore l'accident du dirigeable République.


Un monumental gisant incliné représentant l'équipage du dirigeable "République".

Difficile ici de marquer l'arrêt, la voie est double et dangereuse, de plus rien n'est prévu pour le stationnement.
Au vu de l'importance du monument, l'épisode qu'il commémore a dû être tragique et faire grand bruit à l'époque.


"La République" (au féminin) était un dirigeable militaire de type Lebaudy, construit dans les ateliers des frères Paul et Pierre Lebaudy, à Moisson (Yvelines) et mis en service en juillet 1908.

Après les campagnes d'été 1908 et 1909 qui consistaient en essais, ascensions, manœuvres d'instruction, et autres mises à l' épreuve du dirigeable, la campagne d'automne 1909 voyait la participation de "La République" aux grandes manœuvres du Bourbonnais.

Un hangar amovible, conçu pour recevoir le Ballon fut installé à Lapalisse.
Le voyage de départ de Chalais-Meudon (Hauts-de-Seine) vers Lapalisse fût assez compliqué.
Le ballon subit une avarie qui l'obligea à dériver puis finalement à être dégonflé en attendant les réparations sous le hangar amovible.


"La République" devant son hangar amovible à Lapalisse.

Le 12 septembre, "La République", s'élevait enfin dans les airs et participait avec succès aux grandes manœuvres militaires du Bourbonnais.


La République au dessus de Lapalisse

Au terme de ces exercices, et devant le bon comportement du dirigeable, il fut décidé de le rapatrier sur Chalais par la voie des airs.
Le 25 septembre à 6 h.45, le dirigeable s'élevait dans les airs, avec à son bord le capitaine Marchal, le lieutenant Chauré, les adjudants Réau et Vincenot.
Il prit la direction de Moulins en suivant la route nationale.

Trois automobiles l'escortaient ; l'une montée par le lieutenant aérostier Tixier et deux sous-officiers du génie ; l'autre encombrée de cordages et de cordes qui eussent pu être utilisés en cas de besoin ; la troisième emportait les envoyés spéciaux du "Matin".

A 8h30 à Moulins, la population avertie acclama l'équipage qui salua de la main et du képi.

A huit kilomètres de Moulins, alors que le ballon passait au-dessus de la propriété du comte de Chabannes-la-Palice, à Avrilly (actuel domaine d'Avrilly) l'appareil donna de la bande de droite à gauche, puis se redressa dans un mouvement brusque du gouvernail.

"Quelques secondes après, une des pales de l'hélice droite de la nacelle se détachait et venait entailler l'enveloppe tel un rasoir, provoquant une déchirure d'où s'échappa l'hydrogène. Dans un mouvement vertigineux, comme une énorme flèche, le ballon plongea droit vers la terre".


Montage photo illustrant la chute du dirigeable (L'illustration)

Les restes du dirigeable sur le bord de la route nationale face aux grilles du château d'Avrilly.

"Un silence pesant, succéda à cette chute d'environ 300 mètres de haut. De l'auto militaire les cordiers bondissent et commencent à couper les cordes pour soulever l'enveloppe. Du château d'Avrilly, le comte de Chabannes et M. Jean Maugué, spectateurs de la catastrophe, accourent avec des équipes d'ouvriers qui viennent prêter main-forte. La seconde auto militaire amène le lieutenant Tixier sur le lieu de la catastrophe. Par une ironie du sort le lieutenant venait d'adresser un télégramme au parc de Chalais annonçant que tout allait bien."

Les dépouilles des 4 militaires aéronautes tous tués sur le coup, furent extraites et transportées dans un pavillon du château d'Avrilly, transformé pour l'occasion en chapelle ardente.


Sur ce cliché de l'agence "Rol", des badauds s'affairent autour du point de chute du dirigeable.
Nous sommes en 1909 sur la N7 et chacun aura reconnu les grilles du domaine d'Avrilly.

Des funérailles nationales furent célébrées le 28 septembre 1909 en la cathédrale de Versailles.


Le premier monument qui marqua l'emplacement de la catastrophe en attendant la stèle définitive..
Remarquez la voie ferrée en arrière plan.


L'actuel monument, œuvre du célèbre sculpteur Henri Bouchard date de 1909.

Pour de plus amples renseignements, tapez "dirigeable république" sur un moteur de recherche. Sinon quelques sources :

Les grandes manoeuvres du Bourbonnais : http://palicia.blogspot.fr/2009_09_01_archive.html

Un témoin de la catastrophe : http://www.histoire-genealogie.com/spip.php?article1918

Tout sur la stèle : http://www.aerosteles.net/fiche.php?code=trevol-republique


Encore quelques hectomètres pour apercevoir sur la gauche le bâtiment de l'ancien Relais d'Avrilly, construit dans le plus pur style des Motels et autres Relais-routes des années 1970.
Après être passé sous l'enseigne des Hôtels Mercure, l'établissement désaffecté depuis ces dernières années est en liquidation judiciaire faute de clients.
Il devrait prochainement être transformé en centre d'accueil pour migrants.

 


L'âge d'or du Relais d'Avrilly. Image réactive.

Au rond-point de La Petite Perche, la double voie N 7 abandonne ici son tracé historique, pour entamer le contournement de la ville de Moulins.
Un large contournement par l'Est, dont les études datent de 1965.
La mise en service effective de cette rocade s'échelonnera de 1996 pour la section Moulins Nord - Moulins Sud, à juin 2000 pour la section Moulins Sud - Toulon sur Allier.
Pour plus de renseignements sur la rocade de Moulins :
https://routes.fandom.com/wiki/Rocade_de_Moulins

Mais l'ancien tracé existe toujours, rebaptisé D707, il est facile à reconnaître : c'est la route bordée d'arbres.
Un charmant tronçon qu'il serait dommage de rater au nom d'un sacro-saint "pas de temps à perdre".
Surtout que les véhicules se font rares de ce côté-ci.
Partons sur les terres de Trévol.


Rond-point de La Petite Perche, au départ de la rocade de contournement. Tout droit l'ancien tracé D707. Photo Claude.K


Carte Cassini XVIIIe siècle

 

Carte Etat Major XIXe siècle

Le lieu-dit de la Vieille Poste, sur la gauche, n'est composé que de 3 bâtisses disposées en U.
Si la propriété paraît repeinte et assez récente, il s'agit tout de même d'un ancien Relais de Poste signalé comme en activité au XVIIIe siècle sur la carte de Cassini , mais relégué de Vieille Poste sur la carte d'Etat Major du XIXe siècle.


La Vieille Poste de la Perche

La municipalité de Trévol signale d'ailleurs que : Sous l'ancien régime, Trévol connaissait une certaine prospérité grâce à ses bois et ses moulins mais également grâce à son relais de la Poste de la Perche, dont l'auberge était réputée.
Le roi Louis XIII y serait descendu le 11 février 1692.

Nota : le site de la mairie fait erreur soit sur la date, soit sur le roi, car en 1692, nous sommes sous le règne de Louis XIV et non plus sous celui de Louis XIII mort en 1643.
Par ailleurs, comme il n'est fait mention d'aucune source, il est difficile de vérifier ces faits.

Comme on pourra le constater, la route a été remblayée et rehaussée de presque un mètre depuis le temps des malles-poste.

Sur le mur d'une maison en ruine, sur la droite, une publicité pour le chocolat Poulain.

Quelques entrepôts signalent une petite zone d'activités commerciales.


Déjà 55 ans de bons et loyaux services sur le bord de la RN7. Photo Gilles Dallois. Image réactive

La concession Citroën de mr Gilles Dallois à Moulins a eu 100 ans en 2019.
Le garage, future concession Citroën, ouvert en 1915 rue des couteliers dans le centre ville de Moulins, déménage en 1964 à Avermes en bordure de Route Nationale 7.
Suivra en 1968 l'ouverture des ateliers et de la station service. (renseignements Thierry Lacombe)

Après les concessions automobiles, la route traçait tout droit à l'époque.
Depuis 1996, la N7 évite la ville de Moulins, du coup l'ancien tracé est ici légèrement modifié de façon à passer par dessus la rocade et la voie ferrée.


L'échangeur de Pince Cul et la rocade Nord. Cliché noir et blanc La RN7 en 1954 . Image réactive


Retour au sommaire

conception @2014 - maj 2020