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1 /3 Départ : St Symphorien de Lay - [Fourneaux] - [La Fontaine] - [Pin Bouchain] - Col du Pin Bouchain → |
Notre nouvelle étape débute à 400 km de la capitale,
à la sortie de St Symphorien de Lay.
Nous sommes dans le département de la Loire (42) en Région
Rhône-Alpes.
Rappel :
Suite au déclassement de la Route Nationale 7 par la réforme 2005 : dans le département de la Loire, l'ancienne RN 7 conserve en partie son numéro de N7,
ou prend parfois l'appellation de N2007, D207 ou D307 dans les traversées de certaines agglomérations.

Notre nouvelle étape débute dès la sortie de St
Symphorien.

Dès le début de l'étape, deux tracés s'offrent
à nous. La RN7 actuelle et l'ancienne route de 1835.
Comme pour l'entrée Ouest de St Symphorien de Lay,
l'entrée Est de l'agglomération (pour nous la sortie), a également
été sujette à la rectification de son tracé
originel.
Plus large et moins sinueuse que l'ancienne route qui se calquait sur le
tracé de la Route Royale, ce nouveau tronçon devient officiellement
RN7 vers 1969.
Mais avant de nous lancer tête baissée sur ce tronçon assurément plus contemporain, laissons nous happer par le charme de l'ancienne route.
En route -
Reculons de quelques mètres, jusqu'au carrefour à
hauteur de la station service Total. ![]()
La route qui nous intéresse est celle située immédiatement
à notre gauche. La route de la Fontaine.
Elle rejoint le hameau "Le Picard" en quelques ondulations au
milieu d'un paysage bien agréable.
Il ne s'agit pas d'un délaissé abandonné, mais de l'ancienne
RN7 déclassée vers 1969.
Elle passait par le chemin de la "Fontaine Chevalier", puis celui
de la "Croix Blanche" et par l'actuelle D80.1, jusqu'au hameau
"Le Picard".

Face à la station-service, l'ancienne Route Nationale 7, aujourd'hui
encore facilement repérable à ses bordures de platanes.
La route de la Fontaine, comme une machine à remonter le temps.(Photo
CK)

En 1965 la route (la seule existante) bifurque sur la gauche. La
station service n'existe pas.
En 1969 le chemin de terre rectiligne ( ligne pointillée noire) sera
transformé en route nationale.

En jaune, la route actuelle construite en 1969.
En rouge, la route originelle de 1841 qui sera utilisée par tous
les usagers de la RN7 jusqu'en 1969.

Le tracé sinueux de l'ancienne route à travers la campagne.
Des envies de pique-nique ?
Comme toujours avec ce genre de paysage, on se demande comment faisaient nos aînés en saisons estivales pour se croiser sur cet axe unique que tout le monde empruntait, automobiles, camions, engins agricoles....


Au détour d'un virage, l'ancienne Auberge Des Terrasses, Café-
Hôtel - Restaurant,
dans la droite lignée des établissements familiaux qui jalonnaient
les bords de la route nationale.
Sa fermeture coïncidera avec l'ouverture à la circulation de
la nouvelle route vers le milieu des années 70. Image réactive.

L'ancienne Route Nationale 7 serpente jusqu'au hameau "Le Picard".
Sur ce cliché aérien de 1965, la nouvelle route n'est encore
qu'un simple chemin de terre (flèches noires).

2 km après la sortie de St Symphorien, l'ancienne route retrouve
l'actuelle RN7 au hameau Le Picard. ![]()
Notre échappée bucolique s'interrompt à la jonction avec la RN7, au hameau Le Picard.
Retrouvons maintenant la sortie de Saint Symphorien, pour le départ officiel de cette 9ème étape.
Point Google Earth
Début de la 9e étape

En route -
La route, sur trois voies, discrètement vallonnée
sur ce secteur, est pratiquement déserte.
Peut-être est-ce dû au fait que la plupart des automobilistes
ont préféré emprunter la Route Bleue (qui a dit l'autoroute
?), leur évitant ainsi la traversée de Lyon.

Déjà aperçue à St Germain Lespinasse, une
publicité pour les supermarchés Codec.
Aujourd'hui ce mur peint a disparu suite a un ravalement de façade.

La borne du Km 50, où plutôt ici la plaquette 50, nous
indique que nous avons parcouru 50 km depuis notre entrée dans le
département de la Loire.
C'était à St Martin d'Estreaux.
Nous ne tardons pas à retrouver, au hameau Le Picard,
l'ancienne Route Royale qui débouche sur notre gauche. ![]()
C'est ici, que l'ancienne Route N7, aujourd'hui D80.1, rejoint
l'actuelle N7 depuis 1970.
D'ailleurs, jusqu'en 2005, on trouvait encore sur quelques maisons du hameau
des réclames peintes, preuve que la circulation dans le secteur y
était conséquente.

Le tracé historique débouche sur notre gauche. A droite,
la réclame peinte Noilly Prat n'existe plus aujourd'hui.

Au Picard, mur peint pour la défunte marque d'électroménager
"National". Radio, machine à laver...
Je n'apprendrais pas aux amoureux de la RN7 que ce secteur est l'un des
plus authentique de notre périple.
De longs secteurs oubliés ayant conservé l'âme de la
vieille route subsistent dans les parages.
Pas toujours facile de s'y retrouver d'ailleurs, tellement cet ancien axe
peut parfois ressembler à une banale route communale.
Contrairement aux passionnés qui redécouvrent aujourd'hui
avec enthousiasme ces chemins nostalgiques, les estivaliers des trente glorieuses
redoutaient un peu ce secteur.
Une route pentue (nous approchons du point culminant de notre voyage) et
tortueuse, faite de longs lacets étroits, ondulant sur les flancs
des collines, malmenant les camions et autres véhicules à
attelages... Rien de bien rassurant.
Avant de partir à la découverte de cet ancien tracé, poursuivons tout d'abord sur la Route Nationale 7 actuelle, qui est en fait une déviation post 1970 des villages de Fourneaux et Machézal, (Cassini écrit le Mas Chézal).
Cette déviation contemporaine des seventies a été
construite en deux tronçons successifs.
Le premier tronçon de route qui va du hameau "Le Picard"
jusqu'aux abords du village de Fourneaux, date des années 1970 -
1972, et vient donc remplacer une partie de l'ancienne route devenue trop
étroite au fil des ans.

Ci-dessus, en jaune, le premier tronçon de l'actuel RN7 construit
de 1970 à 1972, du Picard à Fourneaux.
En rouge le tracé originel, étroit et sinueux.
Pour l'instant, poursuivons sur ce tronçon post -1970.
Pas grand chose à dire, nous sommes seuls, sur deux voies, parfois
trois, en pleine campagne.

Ça grimpe dur aux Monts Fourny.
Par endroit, en contrebas, l'ancienne route nationale vient frôler la nôtre.

Les deux routes nationales côte à côte. Si celle d'avant
1970 (à droite) vous semble étroite, elle était pourtant
à double sens.
Imaginez la avec les poids lourds et les caravanes !
Le second tronçon date de 1974 –1976. Il débute aux abords
de Fourneaux et rejoint le col du Pin Bouchain.
La route y est agréable, large et peu alambiquée, tout le
contraire de l'ancien tracé.

De Fourneaux au Pin Bouchain via La Mule, le second tronçon de
Nationale 7 ( en jaune) est construit de 1974 à 1976.
En rouge, l'ancienne route originelle, étroite et sinueuse.
Nous voici rapidement arrivé à "La Mule",
un hameau de la commune de Machézal. ![]()
De ce côté-ci, rien d'autre qu'une vaste aire de parking pour
poids lourds, et au fond, l'ex auberge de "La Mule", restaurant
routier.
L'auberge de la Mule était une vieille institution située
exactement entre le tracé historique et le contemporain.
L'ancienne route passe en contrebas de l'établissement.

Une Aire de parking désormais totalement déserte, depuis
la fermeture définitive de l'auberge de la Mule.

En orange, la RN7 actuelle, en rouge la route historique. Entre les deux,
l'ancienne Auberge de la Mule.
En route -
Ici, le paysage est vraiment sympa, la sérénité de
la pleine campagne avec ce petit goût de contrée reculée,
de paysage sauvage des vallons du Forez.
Le peu de fréquentation de la route ajoute à la sensation
d'isolement.
Nous voici bientôt rendu au carrefour du Pin Bouchain Ouest, là
où se rencontrent à nouveau les deux tracés de routes
N7. ![]()
C'est ici que prend fin la déviation post 1970-76 des bourgs de Fourneau et Machézal.

A ce carrefour, notre RN7 retrouve une dernière
fois la route historique (à gauche).
Arrêtons là notre progression vers Tarare pour
partir maintenant à la découverte de cet ancien tracé
dont je vous parle depuis un bon moment déjà.
Retour quelques 7.7 km en arrière, au hameau du Picard.
L'ancienne route est par endroit si secrète que même les voitures
Google-Street ne l'ont pas explorée entièrement.
Partons sans précipitation sur la route buissonnière à
la recherche des indices du passé.
Petit détour par l'ancien tracé de la Nationale 7.
Paré pour une claque nostalgique ? Alors suivez le guide... et tout d'abord la carte dévoilée.

Vue satellite de la route en 1969 du Picard à Fourneaux. (circuit
rouge)
En 1969, le premier tronçon de nouvelle route nationale est encore
en cours de construction.
En route -
A la sortie "du Picard", prenons la petite route
qui descend légèrement sur la droite.
Rien ne localise véritablement cette route, si ce n'est un discret
poteau RN7 sur la gauche, implanté par l'association des chemins
du passé.

Sachez retrouver les traces de l'ancienne route. Ici à droite
toute. (photo Claude.K) Image réactive.
La route ici se déguste à petite gorgée.
Levons le pied et enfonçons nous sous les frondaisons, savourons
la solitude.

Savourons la solitude.
La route amorce sa série de lacets et nous transporte
tantôt en forêt, tantôt en rase campagne.
Quelques fermes isolées complètent ce paysage bucolique.
Les balises de nos amis "les Chemins du Passé" jalonnent
la route historique.
Si vous êtes attentif, vous découvrirez de petites portion de route, où la ligne jaune d'époque est encore visible. Si, si, je dis bien d'époque, il y a 50 ans... !

Étonnante surprise ! La ligne jaune, encore visible par endroit,
marquait le milieu de la chaussée. Image réactive. (Cliché
route Claude.K)
Ici la ligne semble discontinue, on pouvait doubler... en espérant
ne pas croiser un camion, ou une caravane venant dans l'autre sens.

Alors que le bourg de Fourneaux est en vue, des panneaux viennent semer
le doute.
Faut-il suivre la Route Royale ou l' ancienne Route Nationale ?
Les deux routes se distinguent par leur tracé différent.

Image satellite au carrefour de l'ancienne RN7 et de la Route Royale. Image
réactive.
Carte d’État Major aux environs de 1850, seule la Route Royale
existe.

Sur notre gauche, le chemin de terre, ou ancienne Route Royale, dans son
jus des années 1800.
On imagine comme devaient-être éprouvants les voyages à
cheval ou en diligence sur de tels chemins dans les campagnes de France.
Rien ne vous empêche d'aller baguenauder sur la Route Royale, faites tout de même attention à ne pas croiser une diligence, ou une malle poste dévalant la pente.
En ce qui nous concerne, nous poursuivrons par l'ancienne Route Nationale tout droit.

A l'approche de Fourneaux, les deux routes, ancienne et nouvelle se
rapprochent.
Au carrefour suivant, nous voici à Fourneaux.
Fourneaux Km 0405
Toponyme médiéval précoce, issu de l'ancien français fornel « four », fourneau, diminutif de « four ». Du bas latin furnellus, « four », qui a évolué en fournel en ancien français.
La paroisse est une des plus anciennes du Roannais.
Le cartulaire de l'abbaye de Savigny signale l'église Saint-Michel
de Fornels en 1020.
Jusqu'à la Révolution, le territoire de la paroisse était
divisé en deux parties dépendant chacune d'une seigneurie
: les Forges et l'Aubepin.
La limite des deux seigneuries passant exactement au milieu de l’église
constituait alors la particularité de la paroisse.
Au XIXe siècle on tissait la mousseline et le plumetis à
Fourneaux.
On y réalisait aussi de la broderie au crochet pour les fabricants
de Tarare.
Une importante activité textile s'y est maintenue avec un tissage
de voile tergal et une usine de soierie dont les créations sont réputées.
Tout cela, c'est Wikipédia qui le dit et le site https://www.roannais-tourisme.com aussi.
Nous voici au carrefour de la Croix des Rameaux, où une curieuse
sculpture d'un cycliste, occupe le bas côté. ![]()
Il s'agit d'un petit monument commémorant le passage à Fourneaux
du tout premier tour de France Cycliste, le 2 juillet 1903 à l'occasion
de sa première étape.
Édifié pour le centenaire du tour en 2003, la sculpture fut
inaugurée par Bernard Thévenet, ancien champion cycliste,
vainqueur du tour de France 1975 et 1977.
http://www.letour.fr/HISTO/fr/TDF/index.html
Le premier Tour de France Cycliste est passé par Fourneaux le
2 juillet 1903. Photos Claude.K. Image réactive.

Sur le pignon de la maison, à peine visible aujourd'hui, une
ancienne publicité murale pour Schneider électroménager.
Image réactive.
Cette réclame, était à l'époque très
colorée. Le slogan se lit encore : " C'est toujours le meilleur".

De Fourneaux à Chez le Comté et La Mule, par l'ancienne route
nationale.
En route -
Le second tronçon de déviation fut construit
un peu plus tardivement de 1974 à 1976.
En attendant sa construction, les automobilistes n'avaient d'autre choix
que celui d'emprunter l'étroite route nationale.

Mur peint pour le Savon Le Chat, vue en direction de St Symphorien de
Lay.
Dans un sens comme dans l'autre, les vacanciers partant ou revenant de la côte formaient la cible potentielle des publicitaires de l'époque, en témoignent les nombreux murs peints alentours.
Sur le pignon de l'auberge de la Crenille, un ancien Relais de voyageurs,
une impressionnante superposition de publicités peintes.
Amusez vous à les reconnaître. Image réactive. Photos
Claude.K
Sur l'autre pignon, la pub. St Raphaël recouvre la publicité
pour cette auberge de pays. Image réactive. Photos Claude.K
A la sortie du bourg, une publicité nous suggère de passer
la nuit à l'hôtel de l'Europe à Tarare.
La publicité est bien sûr ancienne et l'hôtel est évidemment
fermé.
Il se situait sur la Nationale 7, nous passerons donc devant lorsque nous
traverserons Tarare, 20 km plus loin.
Sortie de Fourneaux. Image réactive. Photos Claude.K

Visible sur l'autre pignon, en direction de St Symphorien, une publicité
Simca.
Nous voici maintenant abandonné en pleine campagne avec l'appréhension,
à chaque virage, que la route ne va plus tarder à finir en
cul de sac.
La carte indique "Chez le Comté". Google Street View s'arrête
d'ailleurs ici, comme si la route ne menait plus nulle part.
Mais poursuivons notre chemin.
Un mur arbore une publicité difficilement déchiffrable aujourd'hui.
Longtemps cachée par la végétation.
Il s'agit d'une réclame qui ratissait large car elle invitait le
voyageur à venir séjourner à l'Hôtel Napoléon
Bonaparte et son golf 18 Holes (en anglais dans le texte).
Il s'agissait d'attirer sur la Corse la riche clientèle, qui habituellement
séjournait sur la Riviéra. Clientèle de Luxe only ...
On lit : Hôtel Napoléon Bonaparte, Golf 18 Holes.. Photo
Monsieur Vautier.
Pour info, l'Hôtel Napoléon Bonaparte situé à l'île Rousse en Corse a ouvert en 1930 et appartient toujours à une chaîne hôtelière aujourd'hui.
Après le Comté on emprunte la route de la Mule. ![]()
Photo Claude.K
Passage devant le café de la Mule, exactement situé
entre les deux tracés.
Aujourd'hui le café et le restaurant sont fermés.

L'ancien café de la Mule.
St Raphaël, sur le mur de la Mule. St Raphaël l'apéro,
pas la ville. Photo Claude.K

Photo actu/ photo 1965. Après La Mule, l'ancien tracé
fusionne aujourd'hui avec la déviation post 1976, hormis quelques
virages rectifiés.
L'ancien tracé est toujours balisé, comme ici sur ce virage
rectifié et donc délaissé. Photo Claude.K
Après La Mule, le tracé de l'ancienne route
traverse la RN7 et continue de l'autre côté par un délaissé
qui n'aboutit plus à rien, en fait, un virage rectifié.
Ici nouvelle et ancienne route ont fusionné sur près de 2
Km.
Suivons donc la RN 7 actuelle.

Sur environ deux kilomètres, entre La Mule et La Fontaine, l'ancienne
et la nouvelle route ne font qu'une.
On retrouve notre ancienne route 2 km plus loin, en empruntant la sortie D5 / Machézal / Amplepuis.

Nous suivons toujours les traces de l'ancienne RN7. Ici la configuration
autour de La Fontaine. Image réactive / vue 1965.
Nous revoici sur l'ancien tracé.
Notre escapade sera historique ! On nous l'annonce d'emblée.
Photo Claude.K
Sur notre droite, au sortir de l'échangeur, la petite route de campagne en direction de La Roche, n'est autre que l'ancienne Route Royale que nous avions rencontrée un peu avant Fourneaux.
Escapade historique disions nous ? Alors justement remontons le temps sur la Route Royale à l'approche du lieu-dit La Roche.

L'accident de la Reine :
En 1632, la reine Anne d’Autriche, femme de Louis XIII, et sa Dame de compagnie la Duchesse de Chevreuse, étant parties de Roanne pour Lyon, venaient coucher à Tarare, dans la nuit du 03 au 04 septembre.
Ce 03 septembre 1632, le carrosse gravit la pente sévère du côté de Fourneaux et déboucha sur le Plat-Coupy.
Le plat de la route encouragea le maître d’équipage à reprendre bon train, et l’on roulait à vive allure.
Le carrosse tangua dangereusement et, déséquilibré par des cailloux, lentement se coucha sur le côté.
Plus de peur que de mal, seul la Duchesse de Chevreuse fit une chute car elle se trouvait du côté de la portière.
Cependant elle n’eut qu’une simple écorchure à la lèvre et au nez.Histoire, culture et patrimoine Roannais Tourisme
Exemple d'accident de diligence

On voit que sur ce secteur, entre La Fontaine et le Pin Bouchain, plusieurs
tracés se suivent chronologiquement.
Le plus ancien celui de la Route Royale en bleu, puis de la Route Nationale
jusqu'en 1976 (en rouge) puis la RN7 actuelle après 1976 (en jaune).
Image réactive avec la carte d’État Major aux environ de 1850.
Photo Claude.K
Nous voici au hameau de la Fontaine, qualifié de "méchant hameau" par Jean-Jacques Bouchard dans son récit relatant son voyage de Paris à Rome, en 1630 :
Le mardy, à 3 lieues, repassé la Loire dans un bac, à Roanne, bourg fort joly;
la Reine mère et les Cardinaux Bagni et Richelieu y avoient passé, des cendans par eau à Orléans dans certains basteaux dont il ya très grande quantité en ce bourg,
qui sont faits fort proprement avec des ais comme de petites maisons.A une lieue et demie de Roanne, se treuve l' hospital, où commence la montagne de Tarare.
Puis disné à Saint Saphorin de l'Ay distant d une lieue et demie.
Après avoir monté une autre lieue et demie l'on treuve un meschant* hameau nommé la Fontaine et à une demi lieue au delà, la Chapelle, qui est tout au plus haut de la montagne;
où il faisoit une telle obscurité à cause des brouillars, qu' O ? (illisible) fut contraint de mettre un mouchoir blanc sur la croupe du cheval du messager pour le pouvoir voir et suivre, quoy qu il ne fust que deux heures après midy.Meschant est ici employé au sens "sans valeur" pauvre.
Le hameau, dépendant de la commune de Machézal, est situé
sur l'ancienne Route Royale qui reliait Paris à Lyon et traversait
la montagne de Tarare par le col du Pin Bouchain. ![]()
Vers la fin du XVIème siècle le hameau de la Fontaine devient
le Relais Royal officiel sur le Grand Chemin de Paris à Lyon
Les progrès rapides des moyens de transport font de cette voie «
la route la plus fréquentée du royaume ».
Les services réguliers de Chaises de Poste s'y arrêtent pour
la relève des chevaux.
Une grande activité artisanale et commerciale s'y déploie.
On compte jusqu'à trois auberges dont celle des « Trois Rois
» qui s'y sont arrêtés (Henri IV, Louis XIII, et Louis
XIV).
En 1802 le relais est transféré au Pin Bouchain.
La Route Royale devient Route Nationale vers 1835.
Sources : wikipédia et Chevaucheur Royal.
Ici le temps s'est arrêté.
Si vous avez quelques minutes, n'hésitez pas à y faire halte
afin de parcourir la ruelle du hameau.
Vous y découvrirez l'ancien Relais de Poste, auberge à l'enseigne
des Trois Rois qui y séjournèrent en 1595 pour Henry IV, en
1630 et 1632 pour Louis XIII, et en 1659 pour Louis XIV.
Pour peu, une malle-poste en sortirait que nous ne serions pas plus étonné.
Des Rois... mais pas seulement... Image réactive. Photos Claude.K
En route -
Tracé historique certes, mais également route très fréquentée jusqu'en 1976, les nombreuses publicités peintes du secteur en témoignent.
Un beau mur publicitaire pour les Huiles Berliet, (normal puisque
le constructeur de poids lourds était basé à Lyon)
et pour la marque radio-tv Schneider.
Son exposition face au Nord lui permet de ne pas trop blanchir. (Photos
Claude.K) Image réactive.
Côté sud de la bâtisse, par contre, les publicités
Frigéavia / Téléavia disparaissent inexorablement.
Photo Claude.K. Image réactive.
Ces marques d'électroménager étaient conçues
par la Société Nationale de Constructions Aéronautiques
Sud-Aviation, mieux connue sous le nom abrégé de Sud-Aviation.
Le slogan encore lisible sur le mur : La Technique de l'aviation à
votre service.
Hameau de La Fontaine, vu d'une hauteur de l'ancienne RN7. Photo Claude.K
/ Mise à part l'affiche Antar, rien n'a vraiment changé. Image
réactive.
En route -
On abandonne la direction de Machézal et la D5 pour
suivre celle de Tarare et du Pin Bouchain par l'actuelle D5.5.
Sur le bord de la route, un panorama agrémenté d'un panneau
explicatif, vous permettra d'avoir un point de vue sur l'alignement des
3 clochers des villages de Machézal, Chirassimont et Saint-Just-la-Pendue.
![]()

Alignement des 3 clochers St Just la Pendue, Chirassimont
et Machézal. Image réactive.
Nous récupérons la D5 au niveau d'un pont qui traverse la
RN7 actuelle, et se poursuit sur l'autre versant. ![]()
Prenons la direction du Pin Bouchain, toujours par l'ancienne Route Nationale
7
.
Panorama aérien des trois routes. Image réactive vue avia
1965.
La Route Royale devenue par la suite la Route Napoléon (bleue), la
Route Nationale 7 de 1835 (rouge) puis la nouvelle RN7 à partir de
1976 (jaune)

En direction du Pin Bouchain par l'ancienne Route
Nationale 7 (tout droit). Sur la droite le petit sentier qui grimpe n'est
autre que l'ancienne Route Royale,
également appelée Route Napoléon. Photo Claude.K
L'ancienne Route Royale vers le Pin Bouchain. Photo Claude.K.
Le hameau du Pin Bouchain est aujourd'hui propriété privée, il en est de même de la section de l'ancienne Route Royale qui traversait le centre du hameau, avant que la RN7 ne s'en dévie de quelques mètres.
Au fond, à droite, les maisons du hameau du Pin Bouchain. Photo
Claude.K
Hameau du Pin Bouchain et Col du Pin Bouchain... un drôle de nom pour deux lieux différents ...
A l'origine du nom du hameau, le domaine appartenant à
une famille du lieu : la Maison de Pierre Mignard -Bouchin, dont
on retrouve le patronyme sur une série d'actes et de registres
datant de 1690 pour les plus anciens.
Quant au Col de la Chapelle, situé au hameau de La
Chapelle, son appellation avait une connotation trop religieuse pour être
conservée après la Révolution.
On choisit donc un autre nom qui faisait également référence
au vaste domaine de la famille Bouchin.
Leurs terres s'étendaient jusqu'à la cime où le service
topographique de l'Armée retint comme point géodésique
un pin qui, à l'aplomb du col, en marquait le sommet à 885
mètres d'altitude.
Le Relais de Poste :
A partir de 1802, le hameau du Pin Bouchain devient Relais
de Poste et remplace celui de La Fontaine qui vient de fermer.
Deux auberges s'y installent : le Missire, et l'Hôtel de la Poste.

Entrée du hameau, vue en direction de Tarare. A gauche le Missire,
à droite l'Hôtel de la Poste, au fond "Le Château".

Vue en direction de Fourneaux.
Les deux auberges du Pin Bouchain, sans doute telles que les a connues Napoléon
lors de ses passages au Pin Bouchain.
Napoléon au Pin Bouchain :
Lors de ses fréquents voyages à travers la région, Napoléon Bonaparte aimait s'arrêter à l’Hôtel de la Poste du Pin Bouchain.
En route pour la campagne d’Égypte, il s'y arrête avec ses généraux.
Une autre fois, au cours d'un voyage au retour de Lyon, on le retrouve en compagnie de Joséphine autour d'un rafraîchissement.
L'omelette de l'Empereur :
Un autre jour qu'il déjeune d'une omelette au relais, il s'étonne
du montant exagéré de l'addition, et questionne Sophie Viallier
la fille du maître de poste :
« les œufs sont donc si rares ici » et de se voir répondre
avec aplomb « non pas les œufs sire, mais les Empereurs ! ».
"Sophie Viallier", était une maîtresse femme, qui faisait le service du postillon, enfourchait un cheval et conduisait la malleposte comme un homme, rapporte Le Petit Journal un siècle plus tard.
Cette anecdote n'est hélas pas inédite, et tient
plus de la légende urbaine que du fait historique.
De nombreuses auberges le long de la Route Napoléon aimaient à
raconter ce même "potin".
Quoi qu'il en soit, l'Empereur revint une fois encore au Pin Bouchain ...
Par une nuit glaciale, voici l'Empereur bloqué au col, par la neige et le brouillard, contraint d'interrompre là son voyage vers Tarare.
Et revoici la fameuse Sophie Viallier, qui décidément n'avait pas froid aux yeux, insistant pour conduire l'Empereur à travers le brouillard et la campagne enneigée afin de lui faire gagner Tarare au plus vite.Napoléon, qui plusieurs fois avait craint pour sa vie lors de ce voyage plus que périlleux, fit parvenir en remerciement un service de 6 tasses en argent gravées au nom de Sophie Viallier. (le service fut un temps conservé à la mairie de Chirassimont).
Dans le parc d'une grosse maison bourgeoise, en bout de hameau, le buste
de l'Empereur commémore ses passages successifs au Pin Bouchain.
Souvenir des passages et séjours de Napoléon au Pin
Bouchain. Photos Claude.K. Image réactive.

Cette grosse maison Bourgeoise, que les gens d'ici appellent "Le Château"
à l'entrée Sud du Hameau, n'est en aucune sorte le relais
où dormait l'Empereur.
Par contre c'est dans son parc (propriété privée) en
bordure de route que se situe le buste de Napoléon. Image réactive.
Une centaine de mètre après Le Pin Bouchain nous retrouvons
la jonction avec la N7.
Nous terminons là notre escapade sur l'ancienne route qui retrouve
ici son itinéraire normal.

En route -
La route passe sur 2x2 voies sans possibilité de doubler, la côte
se fait de plus en plus pentue, 6 % de ce côté-ci.
Nous attaquons pour de bon le col du Pin Bouchain, point culminant de la
Nationale 7 mais également l'un des 50 principaux « points
noirs » du réseau national routier recensés en 2007
par le gouvernement.
Le coin a toujours été dangereux, il l'est encore aujourd'hui.
Prudence donc.
Un court faux plat s'offre à nous le long de l'ancienne Auberge du Perroquet.

L'Auberge du Perroquet
Passage devant l'ancienne auberge du Perroquet. ![]()
Cette auberge existait déjà au temps de la Route Royale,
mais ce n'était pas un relais de poste.
Ici aussi l'on retrouve l'anecdote de l'omelette de Napoléon, mais
contrairement à ce que prétendait la publicité de l'établissement
l'Empereur ne s'y est jamais arrêté.
Et voila un mythe de brisé.
Question de madame Belpère, de Loches : pourquoi ce nom de Perroquet pour une auberge ?
Ici dans l'antiquité était implantée une Parocia.
Si, contrairement à ce que propose la nouvelle réforme du
collège, vous avez eu la chance de faire latin ou grec, vous en aurez
déduit que Parocia est un mot latin provenant du grec Paroïkia
(et non ce n'est pas du Russe !),
composé du préfixe "Paro" signifiant "à
côté de", et du suffixe "Kia" signifiant "maison"
( et non ! il ne s'agit pas d'une marque d'automobile Coréenne).
Bref... il y avait ici au temps Gallo-Romain quelques "maisons côte à côte" formant une paroisse .. aujourd'hui un hameau !
Au fil des siècles Parocia a été déformé
en Paroquet ( les Français, ces cancres des langues étrangères...).
Au XIXe siècle un aubergiste bien inspiré déforma une
fois de plus le patronyme du village et baptisa simplement son hôtel
en "Perroquet"...
Rien de bien exotique vous en conviendrez.
Sources : Chevaucheur Royal

Dans la montée du col, l' Hôtel du Perroquet, vu ici au
début du siècle dernier.

Aujourd'hui la route s'est élargie et ne passe plus devant le perron
de la bâtisse. Collection Studio Denhez. Image réactive.
Mur peint pour la marque Schneider. Photo Claude.K
En route -
Poursuivons.
Plus rien aujourd'hui, n'indique un changement de département. Pas
de totem d'un conseil régional, pas de panneau ...rien ... si ce
n'est la borne routière sur le côté gauche.
Nous venons de passer discrètement la frontière entre le département
de la Loire (42), et celui du Rhône (69).
Suite au déclassement de la Route Nationale 7 par la réforme 2005 : http://routes.wikia.com/wiki/Réforme_de_2005, dans tout le département du Rhône, l'ancienne RN 7 prend officiellement la numérotation de N 7 ou D 307.

Ici, nous avons parcouru 60 km depuis notre entrée dans le département
de la Loire, et zéro dans celui du Rhône.
Dans la montée, quelques virages rectifiés offrent des délaissés transformés en aire de repos.
Nous y voila ! Le point culminant de la RN7 à 759 mètres d'altitude (données IGN). La voirie indique 760 m.
Le col est situé au hameau de la Chapelle, à 10 kilomètres au Nord-Ouest de Tarare, accessible par une route avec de nombreux virages, et à 30 kilomètres au Sud-Est de Roanne.
Il se trouve sur la ligne de partage des eaux Atlantique-Méditerranée. Il est traversé par le sentier GR 7. Wikipédia.

Le col du Pin-Bouchain fut le premier col franchi par le Tour de France, lors de la première étape de la première édition se déroulant du 1er au 19 juillet 1903.


Extraits de 1903 - L'épopée du premier Tour de France
La Chapelle. Un mur peint pour l' Hôtel - Restaurant "La
Mère Paul" à Tarare.
Ligne de partage des eaux oblige, nous basculons maintenant vers la Méditerranée
et ça se ressent au niveau de la température ambiante. Non
?
Arrivé au sommet, voici le hameau de La Chapelle.
Le Col s'appelait autrefois le col de la Chapelle, car on y trouvait une
Chapelle dédiée à Ste Catherine de Sienne, ainsi qu'une
maison forte.
A la révolution, la chapelle fut détruite, et le col rebaptisé
sans connotation religieuse en "Col du Pin Bouchain"
(voir plus haut Pin Bouchin)
Stèle de la Chapelle de Sienne érigée en 1969.
Photo Claude.K
La Voie Romaine à gauche, est l'ancienne Route Royale, la Route Impériale
(n°8) à droite est la Route Nationale 7
Sur la gauche, cachée par la végétation, une petite
colonne édifiée par la Société d'Archéologie
et d'Histoire de Monts de Tarare, en 1969, commémore un fait historique
qui se déroula en ce lieu.
La stèle représente les figures de François Ier, de
Jacques V roi d'Ecosse, de Rabelais, et sur ses côtés l'Aigle
Impérial.
"Il y avait autrefois ici une auberge dans cette petite bourgade avec une maison forte, bien connue de François Ier, et une chapelle dédiée à Notre Dame de Sienne. (Chapelle ruinée sous la Terreur)".L'inscription est tirée des "Mémoires de guerre" de Martin du Bellay :"En 1536, en haut de la montagne de Tarare où il y avait une chapelle appelée Sienne, le roi François Ier étant à dîner reçut le roi Jacques V roi d’Écosse, qui après force civilité lui demanda la main de sa fille Madeleine"