ETAPE 9 : de St Symphorien de Lay à Montcourant de 0400 à 0454 km

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← Bully - L'Arbresle - [ Le poteau ] - Lentilly - La Tour de Salvagny - Montcourant. [fin de l'étape]

Depuis Tarare, vous l'aurez sans doute remarqué, de nombreux calvaires jalonnent la route.
Certains sont anciens, érigés au XVIIe siècles, d'autres plus récents commémorent les combats héroïques de 1940.

Ne nous égarons pas, et suivons la direction Lyon, Bully, l'Arbresle par la N7.
N7, façon de parler, car ici la route est renommée en D307.
Cette portion de la Route Nationale 7 a été cédée officiellement le 1er janvier 2024 au Département du Rhône.
La portion transférée, longue de 29,1 km, relie le rond-point de Tarare Ouest à celui du diffuseur de Lentilly, et est donc naturellement estampillée D307.

La route franchit L'A89, le paysage est vallonné, nous sommes dans les Monts du Beaujolais.


Byrrh, le vin d'apéritif. La maison depuis longtemps murée vit ces derniers instants.


La Poste des Arnas, Route de Paris, Carte d'Etat Major XIXe siècle.

Trois kilomètres environ après la Croisette, la carte d'État Major de 1850 indique un lieu-dit : La Poste des Arnas.
Sur la carte de Cassini du XVIIIe, La Poste était indiquée à La Croisette (voir La Croisette précédemment), cent ans plus tard elle semble avoir déménagé ici Aux Arnas.
Oui mais où ?

Pas grand chose ici, à part une imposante bâtisse sur notre droite, en bordure de route, qui pourrait parfaitement correspondre au Relais de Poste en question, au temps des Routes Royales ou Impériales.
Un œil sur le cadastre Napoléonien de 1819, vient confirmer qu'un Relais de Poste s'y tenait bien, et qu'il s'agit bien de la bâtisse en question.


Cadastre Napoléonien de 1819. Remarquez les accès au Relais de Poste. Un peu comme pour les stations-service, on entre d'un côté, on en ressort par l'autre.


Et de fait, La Poste des Arnas figure bien en tant que Relais de Poste aux Chevaux dans les registres d'époque.

Extrait : Description Routière et Géographique de l'Empire Français. Routes de Paris à Lyon.
Par R. V.***, INSPECTEUR DES POSTES-RELAIS, 1813.

En quittant Pontcharra : Des Arnas à la Tour-Salvagny.

On ne tarde pas à retrouver la vigne : la vallée s'ouvre insensiblement jusqu'aux Arnas : les montagnes s'abaissent et se transforment en charmantes collines.
Au-delà du ruisseau* se montrent successivement diverses maisons de campagne.
Dans le nombre, on distingue le château d'Albon **, dont le seigneur possédait, en Normandie, cette singulière terre d'Yvetot, qu'une ancienne opinion, condamnée par l'histoire, a érigée en royaume.

La Maison des Arnas, où est la Poste, offre aux voyageurs une jolie vue des paysages dont on vient de parler, et une bonne auberge.

La montagne pyramidale qu'on voit en face est le mont Poppée, devenu fameux dans le pays, par le combat qui s'y livra entre l'armée républicaine et la colonne fugitive des Lyonnais, commandée par Précy.
Le chef fut du petit nombre de ceux qui se sauvèrent.

Ndlr : * La Turdine, ** Aujourd'hui le Château d'Avauges


le Mont Poppée ou actuel Mont Popey, altitude 607 m.

Quittons les Arnas, et parcourons encore quelques kilomètres au milieu des vignes et des vallons.
La route, par endroits, accuse d'ailleurs de fortes pentes. Mais nous voici bientôt à Bully.


Passage devant l'institution Notre Dame de la Salette, aujourd'hui maison de retraite. Image réactive.

https://www.salette-bully.fr/histoire-maison

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Entrée du bourg par la rue d'Aquitaine. Photo Claude.K


la RN7 historique ne traverse plus le centre bourg de Bully.
Le projet de grande déviation ayant été abandonné, le bourg est simplement contourné par une courte déviation sur 2x1 voies, depuis 1955. (Wikisara)

La déviation ne présentant pas vraiment d'intérêt, bifurquons plutôt sur la gauche et empruntons le tracé de la Route Nationale 7 historique.


Vue aérienne de Bully en 1954. Au premier plan, la nouvelle déviation encore en construction.


La déviation post 1955, actuelle RN7 vue en direction de Lyon.

Bully Km 0435

http://www.bully.fr

Bully est un village pittoresque du Beaujolais des "Pierres Dorées".
Dominant la vallée de la Turdine, le clocher de l'église (1861) et le donjon du château du XVe siècle invitent le passant à pénétrer dans le bourg pour y découvrir de nombreuses constructions en pierre de Glay.

Extrait de la tablette Randoland.


Aux Pays des Pierres Dorées. Une sympathique bourgade.

La commune de Bully sur l'Arbresle est connue depuis l'époque Gallo-Romaine.
Des médailles et monnaies Romaines retrouvées dans le fond de bassin d'antiques stations thermales, attestent de la connaissance de sources d'eaux en cette période de domination Romaine.
Un recensement en 1880 dénombrera pas moins de 53 sources d'eaux minérales aux diverses propriétés.

On attribue au bouillonnement de ces sources l'origine du nom latin Bulliacus qui est donné à cette localité dans toutes les chartes du Moyen-Âge.
Bulliacus deviendra plus tard Bully. (Une autre version propose Bulliacus, un nom d'origine gallo-romaine qui signifierait "propriété de la famille de Bullieu")

Aux temps des invasions barbares, les stations thermales seront abandonnées, oubliées de tous, pour toujours.

Si les eaux de Bully cessèrent d'être fréquentées pendant la longue période qui s'étend du commencement du IVe siècle jusqu'à nos jours, une œuvre essentiellement Romaine continua de subsister sur le territoire de cette localité.
Il s'agit de la voie antique de Lyon à Roanne, à laquelle les plus anciens documents du Moyen-Âge donnent le nom de Via Francisca, la voie Française.
L'existence de cette route est attestée au Moyen-Âge à Bully et dans diverses localités alentours.

Sources et extraits de la Notice Historique et Archéologique par A Vachez imprimerie générale de Lyon 1884.

Dans l'antiquité la Via Francisca empruntait donc l'antique voie Romaine, actuels "chemin sous Bully" puis "chemin du pavé", qui arrivait "rue de la Poterne" au cœur du village fortifié de Bully.
La route subira plusieurs déviations au fil des siècles.

Les cartes indiquent qu'au XVIIIe siècle, elle ne passe déjà plus par le centre, mais par la montée de Laval, actuelle rue de France, un peu plus à l'Ouest, hors les murs et fossés de la cité.
Jusqu'au milieu des années 1950, ce sera le tracé officiel de la nationale 7.
En 1955, un nouveau contournement voit le jour, sur à peine 500 mètres, il évite définitivement le bourg.

En route -

On remonte la petite rue d'Aquitaine - bordée de quelques rares platanes - où l'on peut admirer de belles maisons en pierres dorées spécifiques à la région.

http://www.carrieres-de-glay.fr/


Si l'on reconnaît d'emblée la pub Picon, celle pour le Cognac ADET est plus difficile à déchiffrer. Photo JF lobreau.
Cela dit, permettez moi de douter du cocktail Picon Cognac ! Aujourd'hui la plaque Picon a disparu.


Pierres dorées et plaque de cocher. Photo Claude K. Photo gros plan J.F Lobreau.


La rue d'Aquitaine et la Place du Trève. Avant / après. Image réactive.
Devant l'Hôtel Durand, visible au fond, la RN7 tourne à droite.

Remontons la rue d'Aquitaine jusqu'au carrefour avec la rue de France, qui part sur la droite, à angle droit.
Au coin une agréable surprise, côté gauche quelques plaques Michelin nous rappellent le passage de l'ancienne RN7, sur la droite une vierge à l'enfant.


Des plaques Michelin nous invitent à emprunter la RN7 par la rue de France. Photo Claude K.

Collection de plaque Michelin à gauche et vierge à l'enfant sur la droite. Photos Claude.K


Peut-être sort-il encore de l'eau minérale de cette pompe située rue de France. Photo Claude.K


Camion Berliet avec remorque s'engouffrant dans la rue de France et s'apprêtant à descendre la "Montée de Laval" en direction de Lyon.
Cette photo illustre bien la nécessité de faire passer le trafic routier hors du centre ville.
Remarquez la borne d'angle et la plaque Michelin sur le mur du fond. Toutes deux ont disparu aujourd'hui. Photo ???
Même lieu aujourd'hui. Photo Claude.K

Tournons à droite et empruntons la Rue de France, autrefois appelée la "Montée de Laval"... sauf que là nous descendons "la Montée"...


Autrefois la Montée de Laval, aujourd'hui la Rue de France, vu d'en bas. Même point de vue aujourd'hui. Image réactive.

On retrouve rapidement l'actuelle RN7 (déviation de 1955) en direction de Lyon.
A la jonction des deux tracés une ancienne station-service, transformée en boulangerie.


A la jonction des deux tracés, une station Mobil. Même point de vue aujourd'hui. Image réactive.

En route -

La route de Lyon amorce une descente de 5 km à travers les Monts du Beaujolais pour rejoindre tranquillement la ville de l'Arbresle.


Hotchkiss et Dubonnet, dans la descente vers L'Arbresle. Photo Claude.K


Hotchkiss. Photo Claude.K


En bleu, le Chemin Pavé, ancienne voie Romaine / voie Francisca.


Votre attention à négocier les courbes de la route pourrait vous faire manquer le petit cul de sac sur la gauche.

Sur la gauche, voici le "Chemin Pavé", c'est par ici que passait la Via Francisca pour rejoindre Bully, l'ancêtre de notre Route Nationale 7. (voir carte ci-dessus).
S'il fut autrefois pavé, comme le suggère son nom, le chemin est aujourd'hui en partie goudronné ou simple chemin de terre.


La fabrique Gaillard, dernier des fours à chaux de l'Arbresle. Photo Claude.K

Depuis l’Antiquité, les sols riches en carbonate de calcium des environs de l'Arbresle, sont exploités pour la fabrication de la chaux utilisée dans la construction ou pour l'agriculture.

A la fin du XIXe siècle, l'arrivée du train, et la concurrence de la Chaux de Bourgogne, moins chère et de meilleure qualité, précipitera la fermeture des fours à chaux de la région.
En 1936 on ne recense plus que quatre fours à Chaux dans tout le département du Rhône.
L'un de ces quatre, le Four Gaillard est la dernière fabrique de chaux à l'Arbresle.

Source : Les Amis du Vieil Arbresle.


Four à Chaux Gaillard et son café en terrasse.


Le Four Gaillard. Photo Claude.K


Café Gaillard et Jeux de boules. Photo Claude.K


Flèches rouges, le tracé historique.


Depuis le 1er janvier 2024, cette portion de route a été transférée au département.
Le cartouche N7 est remplacé par D307. Photo Claude.K


Station service Total flambant neuve en 1966 à l'entrée de la ville. Image réactive.

L'Arbresle Km 0440

http://www.mairie-larbresle.fr

Dès l'époque néolithique, le site de L'Arbresle est occupé par l'homme.
Cette occupation humaine plusieurs fois millénaire, l'Arbresle la doit à son emplacement privilégié.
Située au confluent de la Brévenne et de la Turdine, à la jonction des monts du Lyonnais et du Beaujolais, au carrefour de deux routes importantes, la route du Bourbonnais (RN 7) et la route d'Aquitaine (RN89),
la petite ville de L'Arbresle propose dès le Haut Moyen-Âge, une halte bienvenue sur le Grand Chemin Français qui est l'itinéraire le plus court et le plus fréquenté reliant Paris à Lyon.

Pendant des siècles, marchands, soldats, pèlerins, voyageurs illustres ou anonymes s'arrêteront pour boire, manger et dormir dans les nombreuses auberges et hostelleries que propose la ville.

Essentiellement localité agricole, sa proximité avec la ville de Lyon, attire les bourgeois et les nobles Lyonnais qui y font bâtir au XVIème siècle, des maisons dans le style de l'époque Renaissance.
A partir du XIXe siècle l'essor industriel de la capitale des Gaules bénéficiera à L'Arbresle qui se spécialise dans l'industrie textile.

Sources et extraits : https://www.amis-arbresle.com

L'Arbresle viendrait du terme "arbre" et du suffixe féminin "elle" signifiant le petit arbre. Toponymie générale de la France


Entrée du Bourg, Rue de Paris - années 30.

En route :

La traversée de la ville est simple.
Il suffit de suivre la "Rue de Paris", qui, dans sa première partie, a conservé ses alignements de maisons aux façades colorées typiques de la région, faisant vaguement penser aux rues d'une ville italienne, le folklore en moins.


La rue de Paris avant / aujourd'hui. Image réactive.


Ce n'est certes pas un mur peint, mais ce panneau 4 x 3 possède le style désuet des réclames que l'on trouvaient dans les catalogues des années 1950.
La boutique de prêt à porter existe toujours aujourd'hui.


Enseigne Rue de Paris. Notez le n° de téléphone à 2 chiffres, les Écuries et la Remise pour les équipages attelés.


De nombreuses hostelleries s'établirent à L'Arbresle et notamment autour du quartier de la Porte du Beaujolais.
Image réactive.


Quartier de la Porte du Beaujolais vu en 2016. Photo Claude.K
L'agréable Café des Chasseurs a définitivement baissé le rideau en 2018.

Porte du beaujolais.

Vous avez deux minutes de libre ?

Alors, à quelques mètres du carrefour, sur la gauche, allez jeter un œil à l'hôtel des Trois Maures, édifié à la fin du XVe siècle.
Plus question d'y passer une nuit, la bâtisse est aujourd'hui transformée en habitation, mais en faire le tour vous plongera en plein Moyen-Âge.

Construit à l'extérieur de la ville fortifiée, dans un faubourg réputé pour ses auberges, le bâtiment échappa miraculeusement à la terrible crue de 1715.
Seuls subsistent quelques vestiges moyenâgeux, des fenêtres à meneaux, une tourelle d'escalier, une porte cochère et l'enseigne aux " Trois têtes de Maures" restaurée.


Rue des Trois Maures, l'hôtel des Trois Maures et son enseigne restaurée. (en cartouche l'enseigne originale)
Au Moyen-âge, les enseignes étaient très souvent imagées pour être mieux comprises des illettrés et des analphabètes.


Flèches rouges le tracé historique

Quartier de la Porte du Beaujolais, dont le qualificatif nous rappelle que l'Arbresle est une commune viticole du vignoble du Beaujolais, poursuivons la Rue de Paris tout droit.

En route -

Sur cette seconde partie, la Rue de Paris devient une sorte de passerelle longeant la Turdine, surplombant d'anciens quartiers et de laquelle on a une jolie vue sur l'église et sur l'ancien château médiéval .
Ce tronçon de Route N7 a été créé tardivement au début des années 1980, afin de se détourner du tracé originel qui traversait alors les étroites rues du centre ville.


Vue du château de L'Arbresle vers 1850.


De la passerelle Sapéon, on a un bon aperçu de la route nationale construite en encorbellement le long de la Turdine. Image réactive.
Photos Claude.K

On quitte L'Arbresle au rond-point où l'on croise la D89, la route d'Aquitaine reliant Lyon à Bordeaux.


A la sortie de l'Arbresle, la RN7 (D307) croise la RN89 (D389) en direction de Clermont-Ferrand.


Sur le cliché des années 60, la RN7 arrive de la Rue de Paris (à gauche) tourne sur la droite à la porte du Beaujolais, emprunte l'étroite rue Charles de Gaulle
qui serpente dans le centre ville (ex rue Centrale), puis quitte L'Arbresle en direction de Lyon (en haut à droite).
Image réactive.

Depuis 1980, la route évite le centre ville. Au Carrefour de la porte du Beaujolais, la Rue de Paris se poursuit désormais tout droit
et rejoint directement la direction de Lyon en évitant la rue Charles de Gaulle.

Ne quittons pas L'Arbresle sans avoir fait notre voyage nostalgique et historique par le tracé d'avant les années 1980.

Il y eu jadis, au temps du Grand Chemin de Paris à Lyon, un tracé encore plus ancien, mais les inondations de septembre 1715 détruisirent en totalité le pont et les quartiers que la voie traversait.
Au XVIIIe siècle, une nouvelle rue dite "Centrale" fut construite, traçant ainsi pour plusieurs siècles l'itinéraire de la N7 et ce jusqu'aux années 1980.

Revenons donc à la Porte du Beaujolais, et empruntons l'étroite rue Charles de Gaulle qui n'est autre que l'ancienne rue Centrale mise en service au XVIIIe siècle,


Bonne idée de faire cohabiter les deux plaques de rue. Ancienne et nouvelle appellation. (photo cartouche Claude.K)

On entre dans la Rue Charles de Gaulle par le pont sur la Turdine.
Ce pont relativement récent a été reconstruit lors de l'aménagement de la déviation de la nationale 7 en 1980.
Mais de quand datait l'ancien pont ?

Remontons quelques siècles en arrière.

Les premiers documents attestant d'un pont, datent du XVIe siècle.

En 1668, la description de l’état du Grand Chemin Royal de Paris à Lyon mentionne :

" ledit pont de la rivière Turdine est composé d’une arcade, son pavé en bon état, ses parapets par les deux faces dégradés sur dix toises de longueur."

Le 15 septembre 1715, une inondation restée célèbre sous le nom de "Déluge de Tarare", anéantit une partie de la ville de l'Arbresle.
Les eaux enflées de la Brévenne et de la Turdine, dévastent des quartiers entiers. La ville basse se retrouve entièrement submergée.
Des habitants surpris par la montée des eaux périssent noyés.
Les flots emportent tout sur leur passage, murs, maisons et animaux.
Le Pont sur la Turdine, sur lequel passe le Grand Chemin de Paris à Lyon, continuellement heurté par les débris que charrie la rivière finit par s'écrouler.
C'est à l'époque l'unique pont permettant de franchir La Turdine.

Sur ce pont, une borne Royale, installée sous le règne de Louis XIV, servait de panneau indicateur.
La borne conservée est encore visible aujourd'hui.
Elle témoigne de l’importance du trafic qui traversait alors la ville.

http://www.amis-arbresle.com/index.php

La borne était surmontée d'une croix dont il ne reste que le socle de pierre.


(Vue côté gauche) GRAND CH 


A PARIS
(vers Paris)


 EMAIN DE PARIS (Vue de face).


A LYON (vers Lyon)

Le plus ancien panneau indicateur de notre route nationale. Photos Claude.K
Ce n'est pas une borne indiquant une distance, mais bien un panneau indiquant les directions à suivre.

Aucun pont en dur ne semble avoir été reconstruit à l'emplacement du pont emporté par la crue de 1715.
Certains documents font juste état d'une passerelle en bois, remplacée par une passerelle métallique en 1870.


Le pont de 1740 sur la Turdine, détruit en 1980 lors de l'aménagement de la déviation du centre ville. Image réactive

Vers 1740, un nouveau pont en dur est finalement reconstruit une centaine de mètres plus en amont, à l'emplacement du pont actuel, modifiant radicalement l'itinéraire du Grand Chemin de Paris à Lyon.
Ce nouveau tracé passe désormais par une nouvelle rue construite à l'emplacement du mur d'enceinte, la rue Centrale, actuelle rue Charles de Gaulle.


Le coeur de l'Arbresle.
La Rue Centrale / rue Charles de Gaulle, RN7 jusqu'en 1980, épouse le tracé circulaire des anciens remparts.


La nationale 7, rue Centrale, au niveau de la place de la mairie vers les années 1950. Vue en direction de Tarare. Image réactive

La rue Charles de Gaulle, aujourd'hui en sens unique traverse un quartier commerçant, le cœur de ville qui a conservé un petit air de cité médiévale, avec ses places et ses rues tortueuses.
Notre rue Centrale, dans sa première partie est de forme circulaire.
En fait, elle suit le tracé des anciennes fortifications des faubourgs de la ville.

C'est au XIe siècle que l'Abbé Dalmace transforme la ville en place forte.
Le château construit au sommet du rocher était protégé d'une triple enceinte, alors que les faubourgs de la ville étaient clos d'un mur d'enceinte percées de portes.
Selon la légende, au XVIIIe siècle, les portes par lesquelles passait la Route Royale, furent détruites pour permettre le passage de la litière du Cardinal Richelieu alors mourant.

Source : plaquette ville de l'Arbresle.

Au carrefour suivant, notre Route Nationale 7 rencontre l'ancienne Route Nationale 89 reliant Lyon à Bordeaux.
A partir de ce carrefour, jusqu'à Lyon, les deux routes vont donc faire tronc commun.


La Rue Centrale vue en direction de Tarare. Image réactive.


La RN7 vient de la gauche du cliché, la RN89 vient de la Droite.
Devant nous la seconde partie de la rue Centrale, en direction de Lyon, tronc-commun des deux Routes Nationales. Image réactive.


Autre angle de vue, autre époque, la Rue Centrale en direction de Lyon.

Attaquons maintenant la seconde partie de la rue Centrale qui absorbe ici les deux itinéraires (Paris-Lyon /Bordeaux-Lyon) et amorce une légère descente.
Pour retrouver les traces du passé, le mieux est de relever la tête.


Le Canard local.

Au numéro 15 de la rue, une plaque nous rappelle la naissance de Barthélemy Thimonnier (1793-1857), l'inventeur de la machine à coudre.

Barthélemy Thimonnier nait en 1793 à L’Arbresle.
Ayant appris son métier de tailleur dans sa ville natale, il exerce à Amplepuis, puis à Panissières.
Déposant des brevets, il remporte de nombreux prix lors d’expositions universelles, grâce à l’invention de la machine à coudre.
Edouard Herriot dira de lui : il « libère la femme d’une de ses servitudes… » Plaquette tourisme Arbresle


Au Lit On Dort ! oui, mais plus ici depuis bien longtemps.


Des chaises et des tables alignées le long d'une Route Nationale 7 encore peu fréquentée.
Une automobile avec chauffeur semble attendre un propriétaire chapeauté sur le perron de l'Hôtel du Lion d'Or.
Une porte cochère donne accès au garage automobile, ancienne remise à chevaux.

Et voici la Brévenne, plutôt le pont sur la Brévenne, rivière dans laquelle se jette La Turdine.


Photo Claude.K

Nous sommes ici quartier de la Madeleine anciennement quartier de la "Porte de la Magdelaine" qui défendait à l'époque médiévale l'entrée Sud de la ville fortifiée.

A l'origine, nul doute que l'on trouvait ici un gué permettant le passage des populations entres deux berges soumises aux impétuosités de la rivière Brévenne.
Un premier pont fut construit à une date qui aujourd'hui nous est inconnue, mais que quelques témoignages nous décrivent comme un pont de pierre de forme gothique.


Le pont médiéval au niveau de la porte de la Magdelaine, protégée par une maison forte.

Fortement endommagé lors de l'inondation de 1715, le pont fut finalement reconstruit aux alentours de 1738 - 1740.


La Brévenne et le pont de 1740. Photo Claude.K


La Place de la Madeleine, vue en direction du pont sur la Brevenne. Image réactive.

Après le pont, une alternative s'offre à nous pour quitter la ville de l'Arbresle :

- Soit continuer tout droit par la rue de Lyon, dont le nom confirme que nous sommes dans la bonne direction, et suivre ainsi la RN 7 jusqu' à Lentilly.
- Soit faire une petite entorse à notre itinéraire préféré en empruntant une croquignolette route de campagne.

Croquignolette mais surtout historique, puisqu'il s'agit du tracé de la Route Royale de Lyon par le Bourbonnais.
Dénommée plus tard "Route Napoléon" ou aujourd'hui D160, ce chemin buissonnier, rejoint la ville de Lentilly par le hameau du Poteau à travers 6 km de paysage de campagne,
avec passage sous un viaduc de chemin de fer ou sur un petit pont de pierre aux "boute-roues" encore existants (hélas en 2020 le pont perdra ses boute-roues après des travaux de rénovation).

Pour l'instant restons sur la nationale 7 et poursuivons tout droit.

Nous quittons l'Arbresle après avoir longé la voie ferrée qui surplombe le quartier sur toute la longueur de la rue de Lyon, et nous rejoignons le rond-point du Martinon, point de jonction des deux tracés avant/après 1980.
Le rond-point, en partie construit sur La Brévenne, est de facture récente, puisqu'il date de 1979.
Ici, on constate donc que l'évitement du centre-ville a été plutôt tardif.


En rouge le tracé jusqu'en 1980, en bleu le tracé après 1980.

Pour en savoir beaucoup plus sur l'Arbresle : http://www.amis-arbresle.com/index.php


Ce garage se situait à la sortie de l'Arbresle, au pied de la voie ferrée. Image réactive.
Même s'il a changé de propriétaire, l'activité perdure toujours aujourd'hui.

Au rond-point, suivre la direction Lyon, Fleurieux, Lentilly.
Un dénivelé de 100 mètres environ nous attend tout au long des 5 km de RN7/D307 qui nous séparent de Fleurieux.

Ce tracé de route N7/D307 n'est pas le tracé historique.
Auparavant, la route reliant l'Arbresle à Lyon, gagnait le hameau du Poteau par la Route Royale dite de "Lyon par le Bourbonnais" (connue aujourd'hui comme route Napoléon/D160).
Tracé historique évoqué plus haut et que nous découvrirons un peu plus loin.


De L'Arbresle à Fleurieux


Rond-point du Martinon. Ancien panneau où la N7 est encore indiquée. Aujourd'hui déclassée en D307.

C'est en 1836 que le conseil municipal de l'Arbresle donne son accord pour l'abandon de la Route Royale, lui préférant un nouveau tracé plus aisé.
La construction de la nouvelle route débute en 1838 et s'achève en 1840.
C'est donc en 1840 que ce "nouveau tracé" se substitue définitivement à la vieille Route Royale.

Ce nouvel itinéraire aux nombreux lacets tortueux est en fait plus large et surtout moins pentu que l'ancienne Route Royale, évitant aux diligences de recourir aux deux chevaux complémentaires,
qui étaient nécessaires à l'attelage pour monter ou descendre la très rude côte pavée qui menait de l’Arbresle au hameau du Poteau.

Ce nouvel itinéraire sera l'actuelle Route Nationale 7 / D307.

En route -

Dés le début de la montée, sur notre gauche, un immeuble de pierres dorées et de briques, dresse sa silhouette plutôt insolite au milieu d'une banale zone commerciale.
Il s'agit de l'ancienne usine Fichet, ou du moins ce qu'il en reste aujourd'hui.

Construite en 1878, cette guimperie fabriquait des fils d'or, d'argent et d'alliage pour la décoration des uniformes.
Une centaine d'ouvrières travaillaient et habitaient ici, pour la plupart des orphelines encadrées par les soeur de St Joseph.
La production de fil était expédiée chaque soir à Lyon, avant de partir principalement pour les Indes ou l’Orient.

La concurrence asiatique, contraint la fabrique à fermer ses portes au milieu des années 30.


Campée en bordure d'une Route Nationale 7 sur 2 X 1 voies, la guimperie Fichet. Vue ici en direction de l'Arbrele. Image réactive.
Aujourd'hui, seule la partie droite du bâtiment a été conservée et le coin n'invite pas à la flânerie.

Vers 1975, la route sera fortement remaniée, la chaussée élargie à 2 x 2 voies, plusieurs sections sinueuses seront abandonnées au profit de virages lissés, mieux adaptés aux normes et à l'évolution du trafic routier actuel.
Il en résultera de nombreux délaissés, qu'il est toujours plaisant aujourd'hui de découvrir.


Un exemple de délaissé. Image réactive.
Vue de la montée actuelle de la route de Paris et de la montée en 1954.
Des années 50 à 1975, les virages en tête d'épingle, seront rectifiés pour adopter un profil plus doux, offrant ça et là de nombreux délaissés.


En bleu, quelques sections rectifiées, des délaissés pas toujours facile à retrouver aujourd'hui.


De l'actuelle route, dès l'automne arrivé, on aperçoit l'ancien pont de 1840 sur lequel des générations de vacanciers sont passés jusqu'en 1975.
Photo Claude.K


Délaissé RN7. Ici, depuis 1975, la route des vacances s'est endormie pour toujours... Photo Claude.K


Sur cette section de route, la chasse aux délaissés sera excellente.
Voici une autre portion de route nationale abandonnée. Photo Claude.K


Cachée et désaffectée une petite station service. On en distingue encore la marque sur le mur. Garage Fina.
Photo Claude.K


Et pour Monsieur.... ce sera comme d'habitude le plein ?
Délaissé Route Nationale 7. Photo Claude.K


Dans la montée de Fleurieux. Image réactive. Photo Claude.K


Aux abords de Fleurieux

La côte nous amène à Fleurieux, petit bourg dont nous n'apercevrons que quelques maisons alignées en bord de route, avant d'entamer notre descente jusqu'à l'entrée de Lentilly.


Entrée de Lentilly, version N7 (aujourd'hui D307) Photo Claude.K

Excursion par la Voie Romaine ou Route Royale ou Route Napoléon ou D160.

Avant de poursuivre notre route en direction de Lyon, je vous propose maintenant de revenir en arrière, afin de découvrir l'ancienne route historique, la Route Royale, qui menait de L'Arbresle à Lentilly.

Retour à L'Arbresle, sur le pont de la Brevenne.

Immédiatement après le pont, engageons nous sur la droite, dans la rue Pierre Semard par la D19.
Passons sous les voies ferrées, et empruntons la D 160 immédiatement à gauche en direction de Lentilly.
Nous sommes sur l'ancienne Route Royale, encore appelée Route Napoléon.

En route par la Route Napoléon :

Vous pouvez atteler les deux chevaux supplémentaires, car la côte débute d'emblée.
Elle surplombe la voie ferrée et son vieux poste d'aiguillage désaffecté, dont l'office du tourisme nous dit que cette "tour de brique à encorbellement " à été construite à la fin du XIXe siècle et fonctionna jusqu'en 1990.


La côte de la Route Napoléon et le poste d'aiguillage.


Ardue la côte, les passagers des diligences ne devaient pas en mener large lors de la descente.

Un peu plus loin, toujours dans la côte, un petit monument nous rappelle qu'ici se déroula la bataille de l'Arbresle.
Une plaque commémore le souvenir des tirailleurs Sénégalais, qui déployèrent une défense héroïque devant la division SS Totenkopf, et où plusieurs d'entre eux trouvèrent la mort.


Photo plaque Claude.K

Quelques mètres plus loin, une Madone à l'enfant surplombe la vallée.
Cette Statue a été érigée en 1940 par la population, afin de remercier la Vierge d'avoir épargné la ville après les combats de la bataille de L'Arbresle.


Note Dame de L'Arbresle, juin 1940. Photo médaillon Claude.K

Sur les hauteurs le paysage est on ne peut plus champêtre, et l'on à une belle vue sur toute la campagne environnante.


Paysage sur la Route Napoléon.

La côte se fait moins pentue, quelques maison se profilent... Nous voici au Poteau.


Photo Claude.K


Carte de Cassini env. 1883. Grande Route de Lyon par le Bourbonnois.
De l'Arbresle (à gauche) à Latour de Salvagny (à droite) via Le Poteau et le Pont Buvet.
La légende de la
carte indique ici une route empierrée et bordée d'arbres.

La route, dite de Lyon par le Bourbonnais et qui passe au Poteau est très fréquentée.
Au début du XVIème siècle, elle connaît les escadrons de l’armée royale en partance pour l’Italie, les marchands du Nord et de Paris venant aux foires de Lyon, les cortèges royaux (Henri IV, Louis XIII …)
mais aussi les convois de bagnards et…..évidemment Napoléon Bonaparte partant en exil, puisqu’elle porte son nom actuellement.

Source : https://histoireetpatrimoinefleurinois.jimdofree.com/accueil/histoire

Au cours des années qui suivent le couronnement de Napoléon, le Poteau avec son relais de poste et ses auberges voit régulièrement passer le carrosse impérial et connaîtra plus particulièrement
le lent défilé de la Grande Armée partant faire la deuxième Campagne d’Italie.

Le dernier passage de l'Empereur :

L'empereur abdique le 6 Avril 1814.
En route pour l'île d'Elbe, son voyage pour atteindre Lyon comporte plusieurs étapes :
Roanne, Tarare, l'Arbresle, La Tour de Salvagny, enfin Lyon.

Arrivé au "Poteau ", Napoléon descend de voiture, avec ses deux compagnons d'exil.
II fait le tour du plateau et regarde le paysage.
Puis, se tournant vers les jeunes gens qui l'ont suivi depuis l'Arbresle et auxquels il a demandé d'ôter leurs cocardes blanches, il leur dit :

" Et maintenant, mes amis, retournez à l'Arbresle et dites à vos compatriotes que l'empereur s'est arrêté ici et qu'il a regardé avec plaisir ce beau panorama ".
L'empereur remonte dans la voiture, et part en direction de Lyon.

Source : les amis de l'Arbresle

Aujourd'hui le hameau du Poteau aligne de part et d'autre de la route quelques grosses bâtisses rurales en pierres dorées.

Extrait : "Ensemble là bas" , Arnaud Delatre.


Photo Claude.K


La sortie du Poteau est l'occasion de nous rendre compte de la parfaite linéarité du tracé de route.
Nous sommes sur l'ancienne Voie Romaine, le Poteau étant le dernier col, avant Lyon.

De là, le voyageur découvre, placée exactement dans l’axe de la route, la basilique de Fourvière, posée sur un premier horizon. (exactement à 16 km)
Puis en second plan, si le temps est favorable, il peut apercevoir pour la première fois de son voyage, toutes les crêtes enneigées de la chaîne des Alpes jusqu’au Mont Blanc.

Extrait : https://histoireetpatrimoinefleurinois.jimdofree.com/notre-patrimoine/la-route-napoléon

Après le hameau, la Route Napoléon amorce une longue descente en direction de Lentilly.
Au fond de la vallée le viaduc du Buvet.


Viaduc du Buvet. Photo Claude.K

La route passe sous le viaduc ferroviaire du Buvet, construit en 1876, sur lequel les Michelines de la ligne SNCF Lyon-Montbrison ne passent plus depuis longtemps, remplacées par le tram-train de l'Ouest Lyonnais.

Plus loin, un petit pont de pierre franchit Le Buvet, ruisseau qui alimentait jadis les tanneries, alors nombreuses dans le secteur.


Le pont de pierre du XVIIIe siècle a conservé ses bouteroues jusqu'en 2020. Photo Claude.K. Image réactive.
Pont actuel.

Au XVIIIe siècle, il ne faisait pas bon traîner aux alentours du Pont du Buvet. L'endroit était alors particulièrement propice aux embuscades.
Voyageurs détroussés, courriers postaux attaqués, chargements pillés par des rouliers malveillants, crimes, viols....
Les bandits de l'Arbresle comme on les surnommait à l'époque - car la moitié d’entre eux résidaient dans cette ville ou dans la paroisse voisine de Bully - sévissaient sur ce secteur de route entre Roanne et Lyon.
Les autres étaient essentiellement du Pays de Tarare.
Certains volaient, d’autres revendaient les marchandises sur les marchés et les foires. L’Arbresle était devenu un village de receleurs.

Sources : Les amis de l'Arbresle

5 octobre 1726

Les voleurs attendaient encore une fois la malle, au pont de Buvet près de l'Arbresle.
Elle était conduite par le courrier Chevallier qui était ressorti indemne de la même agression huit mois auparavant.
Cette fois les assassins furent d'une extrême cruauté.
Chevallier fut lardé d'un nombre infini de coups de poignards, et le postillon dont on ignore le nom, eu le cou complètement tranché.

La malle contenait :

736 livres expédiées par Mr Boutillier à la caisse de Paris.
211 livres émanant de clients.
Des boîtes à l'adresse de trois membres de la famille Pajot

L'agression donna lieu à une plainte devant Hugues Despinasse, Prévôst des Maréchaux.

Extraits : Histoire des Postes du Rhône- Yvette Mience.

En 2020, le pont vieillissant est consolidé, les parapets refaits, les boute-roues otés permettent d'élargir quelque peu la chaussée qui se recouvre d'un nouveau revêtement d'asphalte.

Ne nous attardons pas trop longtemps, j'entends venir quelques malandrins au devant de nous, poursuivons notre voyage....


Le pont et le viaduc sur le Buvet.

Le pont de pierre, marque la limite communale entre Fleurieux et Lentilly.
Passé le pont nous voici donc à Lentilly.

La fin de notre escapade, après le pont de pierre, diffère un peu du tracé original.
En effet, jusqu'en 1975, la route Napoléon rejoignait la N7 au Grand Chemin, un peu avant d'arriver à Lentilly.
Après 1975, lors de l'aménagement de la Route Nationale 7, la Route Napoléon est prolongée de 600 mètres et débouche non plus sur la N7, mais sur la D70.


A gauche : avant 1975. Passé le viaduc ferroviaire et le pont sur le Buvet, la Route Napoléon débouche directement sur la N7, juste avant Lentilly.
A droite : à partir de 1975, la Route Napoléon est prolongée et débouche 600 mètres plus loin, sur la D70, créant un court délaissé
.


Point rouge, jonction du tracé historique de la Route Napoléon avec la RN7.

Fin de l'itinéraire par la route Napoléon.

Quelque soit l'itinéraire emprunté, Route Nationale 7 ou Route Napoléon, nous voici arrivés quelques 6 km après l'Arbresle, au village de Lentilly.


Nous sommes en réalité au Grand Chemin, hameau de la commune de Lentilly.
Photo Claude.K

Lentilly Km 0448

http://www.mairie-lentilly.fr

La première mention attestant de l’existence de Lentilly date de l’an 975, mais la présence de vestiges Gallo-Romains, aqueduc, temple, monnaies, attestent d'une occupation bien antérieure.
Le nom de Lentilly, proviendrait de Lentulus, qui était un chef militaire.
Au XVIème siècle, Lentilly subit les guerres de religions, au XVIIe, c'est une épidémie de peste qui dévaste la région.

Au XIXe siècle, de nombreuses maisons Bourgeoises, appelées Châteaux, sont édifiées par les riches industriels Lyonnais œuvrant pour la plupart dans le textile,
conférant ainsi au bourg de Lentilly son statut de grande banlieue de la capitale des gaules.

La mise en service de la ligne de chemin de fer en 1876 favorisa les échanges commerciaux avec Lyon.
Lentilly est restée une commune rurale avec une activité agricole importante jusque dans les années 1950.
Aujourd’hui la commune qui conserve son côté village de charme relève les défis économiques en évoluant vers une péri-urbanité plus marquée.

Notre route nationale se cantonnera cependant à la périphérie du centre ville et nous n'en verrons pas beaucoup plus de Lentilly.


Station service à l'entrée de Lentilly.
Peu se souviennent du Garage de Paris situé juste en face, de l'autre côté de la chaussée. (actuel bâtiment jaune)

En route -

On demarre par la station Avia à l'entrée du bourg.
Pas toute jeune la station.
Construite en 1957, elle jouait le rôle d'annexe au Garage de Paris, installé depuis les années 40 de l'autre côté de la chaussée.


La RN7 entrée N-O de Lentilly. 1957.
Sur la gauche de la chaussée, le Garage de Paris, en face, la flambant neuve annexe.


Le Garage de Paris au milieu des années 70.
L'esplanade avec parterre fleuri et jet d'eau appartient au Relais de la Diligence venu s'installer en voisin en 1964.


Derrière la station Avia, cachées par un arbre, deux publicités peintes. Photo Claude.K
Esso (sans doute en rapport avec la station service) et une rare réclame pour le vin du Chai royal : KAKNA


Peinture datée du 12 avril 1974. Photo Claude.K


Ouvert en 1964, le Relais de la Diligence accueillait le voyageur dans un écrin de verdure plutôt coquet.


En 2011, le Relais de la Diligence bien mal en point.
On reconnaît tout de même l'esplanade au jet d'eau, et la piste du Garage de Paris (voir ci-dessus)


La route nationale à l'entrée de Lentilly quartier du Grand Chemin, vue en direction de l'Arbresle.
Même point de vue aujourd'hui. Image réactive.


Elle passerait presque inaperçue. Mais pourquoi donc cette Plaque de Cocher ici ? Photo plaque J.F Lobreau

A la Ferme, un établissement a traversé les âges.
D'abord relais de diligences au XVIIe siècle, on pouvait encore voir sur la terrasse les emplacements dédiés aux chevaux.
La bâtisse devient une ferme importante puis un marché bovins, qui se déroulait devant l'établissement à l'emplacement de l'actuel parking.
Transformée en auberge, le lieu devient une halte incontournable pour les voyageurs en transit entre Roanne et Lyon (d'où la plaque).
Ces dernières années, le restaurant repris par Fabrice Beugnot, était devenu gastronomique et proposait une cuisine de saison avec des producteurs locaux.

La Ferme, semble définitivement fermée depuis 2023.


Hôtel, Restaurant, Café, Garage, Station service, arrêt de cars, A la Ferme, pas le temps de chômer en ces années30. (on aperçoit la plaque de Cocher sous l'enseigne).
Aujourd'hui, l'endroit est désert, fantomatique, même la plaque de Cocher a été décrochée. Image réactive.


Vue en direction de Lentilly.
Cette perspective sur la route nationale, au niveau du transformateur de Charpenay, permet d'avoir un aperçu de la modification du tracé de route.
A droite la section de la route laissée à l'abandon depuis 2012.

A la sortie de Lentilly, suivre la direction de La Tour de Salvagny.

Depuis 1986 la ville est déviée. Pour suivre le tracé original, il faut suivre la D30 qui traverse le centre du bourg.


Oups...collision entre deux véhicules en 1935.
Le panneau de direction Touring Club de France / Don de Dunlop, indique La Tour de Salvagny 1.5 km. Lyon 16.2 km.
(bibliothèque numérique de Lyon)


Ancienne borne de limite communale entre Lentilly et La Tour de Salvagny. Vue en direction de La Tour de Salvagny.


Ancienne borne de limite communale entre Lentilly et La Tour de Salvagny. Vue en direction de Lentilly.
Malgré l'apparition d'une piste cyclable sur me bas côté de la chausséée, la borne est toujours en place.

La Tour de Salvagny Km 0452

La Tour de Salvigny est intégrée à la communauté urbaine de la Métropole de Lyon et au pôle économique de l'Ouest Lyonnais.
A l'époque Gallo-romaine, le terme Salvagny, du latin Silvaniacus désigne une friche forestière.
En l'an 970, une tour de gué est érigée sur la place centrale, la ville devient alors " Turris Salvagniaci " .
En 1330 la tour devient église et est dédié à St Ennemond.
A la révolution le nom du village perd sa référence à La Tour et devient simplement Salvagny, pour redevenir La Tour de Salvagny sous le Consulat.

Mais, amis touristes, de Tour vous ne trouverez plus ici, elle a été détruite en 1870 pour cause de vétusté.

www.salvagny.org


La fameuse Tour : 14 m de long, 6 m de large, 20 m de haut.

En route -

Après une zone pavillonnaire, voici la Rue de Paris, anciennement Charrière Haute.
Au passage, quelques maisons anciennes et quelques portails en arc surmontés de la corniche à la Lyonnaise (Génoise).


Même endroit à plus d'un siècle d'intervalle. Image réactive.

Relais de la Poste au Chevaux 1765 – 1872

Placé sur la route du Bourbonnais, reliant Paris à Lyon, le relais de Salvagny était le dernier relais avant Lyon, ou le premier en venant de Lyon :-))
Il comprenait quatre corps de logis groupés en quadrilatère autour d'une cour, avec une façade sur rue haute de deux étages.
Ses écuries abritaient 35 chevaux et un personnel nombreux. Il cessa son activité en 1872 remplacé par le chemin de fer.

Source : plaquette 4 circuits de randonnées pédestres - www.salvagny.org

Le relais se situait au numéro 25 de la rue de Paris, si plus rien ne l'indique aujourd'hui, une partie du bâtiment existe toujours.

Les bâtiments d’importantes dimensions, abritant le relais de poste, sont disposés autour d’une cour. Celui qui donne sur la route sert au logement du maître de poste et du personnel.
Une fois franchi le portail, on accède à la cour, dans laquelle un puits alimente un abreuvoir.
Tout autour sont ordonnées l’écurie surmontée d’un fenil, la sellerie, les chambres pour loger les palefreniers et les gens d’écurie.
A la Tour de Salvagny, il ne reste aucun vestige d’un premier relais remontant au XVIe siècle.
Le second datant de 1780, au 25 de la rue de Paris, n’est plus identifiable que par la poutre correspondant au linteau de la porte d’entrée dans la cour.


Au 25 de la rue de Paris, anciennement Charrière Haute, Le relais de la poste aux chevaux.

L’implantation d’un relais de poste favorise l’apparition d’une petite communauté, qui vit de la route.
Outre les nombreux personnels du relais, se développent généralement des forges, avec des maréchaux-ferrants, ainsi que des ateliers de charrons, de bourreliers, etc.
On peut ajouter à cette liste commerçants, aubergistes et cabaretiers.
Sur les 12 débits de boissons recensés en 1852, 11 sont installés sur les routes de Lyon (4) et de Paris (7).

Ainsi s’est formé à faible distance du bourg traditionnel le nouveau quartier linéaire, dit de la Charrière, étiré sur près d’un kilomètre.
Il culmine sur une place, un temps occupée par une bascule.
Les deux rues en pente qui y convergent ont été logiquement dénommées route de Paris à l’Ouest, et route de Lyon vers l’Est.
Cette structure bipolaire du chef-lieu de La Tour-de-Salvagny est encore aujourd’hui une particularité de la commune qui a survécu avec certaines transformations à la fermeture
du relais liée à la création de la voie ferrée de Lyon-Saul-Paul à Montbrison en 1872

Extrait Wikipédia.
Source : Ferdinand Boulot, La Tour de Salvagny, les débits de boisson en 1852.

Rendez-Vous nationale 7, soirée du 23 avril 1814, Relais de Poste de Salvagny.

Le 20 avril 1814 après avoir fait ses adieux à la garde impériale dans la cour du château de Fontainebleau, Napoléon entame son voyage pour l'île d'Elbe.
Après une première étape à l'hôtel de la Poste de Briare la nuit du 20 avril (voir étape Briare), la seconde étape se déroule à Nevers et celle du surlendemain à Roanne.

Le 23 avril le convoi traverse Tarare dans l'après midi et passe par L'Arbresle.
Après un arrêt au Poteau, l'équipage met pied à terre pour souper à La Tour de Salvagny.

Alors que le convoi immobilisé encombre la totalité de la rue, Napoléon descend faire quelques pas dans la campagne environnante, préférant attendre la nuit pour entrer dans Lyon.

Vers onze heures du soir, le convoi franchissait enfin le Rhône à Lyon et parvenait à Vienne au petit matin du 24 avril 1814.

Remontons la Rue de Paris jusqu'à la place de la Halle, carrefour de routes vers Dommartin, l'autoroute A6 ou A 89, Dardilly, Tassin La Demi Lune, ou encore Marcy l'Etoile.


La Rue de Paris, vue de la place de La Halle. Image réactive.


On termine ici la Rue de Paris, pour aborder la Rue de Lyon.

En route -

Après la place et le rond-point, voici la Rue de Lyon, tout en descente, anciennement Rue de la Charrière Basse.


Rue de Lyon, vers Moncourant vers les années 1920 / même point de vue aujourd'hui. Image réactive


Rue de Lyon, un garage Citroën certes, mais avec des pompes à essence, ce qui est relativement rare aujourd'hui en milieu urbain.

Quittons les derniers faubourgs de La Tour de Salvagny, pour entrer au hameau de Montcourant, commune de Dardilly.


Photo Claude.K

A Montcourant, des panneaux indiquent le passage de l'ancienne route nationale.


Photo Claude.K


Le démontage du mobilier urbain a permis la réapparition de la plaque de cocher.

Groupées autour du carrefour, quelques auberges fournissaient jadis le gîte et le couverts aux voyageurs de la route.


En venant de Lyon, vue en direction de La Tour de Salvagny, au début du XXe siècle.
Installons nous au petit balcon à l'étage sur la droite et observons le temps qui passe ... jusqu'à aujourd'hui...
Image réactive.

Une curiosité & de l'urbex...

Ici Radio Lyon....

A quelques mètres du carrefour, un portail rouillé nous replonge dans le passé. On pouvait y lire - il a encore quelques années - "Radio Lyon".


Un portail façon art déco.

Radio Lyon était une station privée fondée en 1925.
En 1928, Pierre Laval, homme politique influent de la région Lyonnaise, mais également homme d'affaire, devient le principal actionnaire de la station.
En 1935 un tout nouvel émetteur est implanté sur le site de la Tour de Salvagny / Dardilly.
Un pylône de 100 mètres de haut est dressé, et deux bâtiments sont construits, l'un pour loger les techniciens, l'autre pour héberger l'émetteur.

Dû à l'architecte lyonnais Gabriel Deveraux, cet émetteur est installé dans un bâtiment en forme de temple, dessiné ainsi certainement pour éviter un aspect trop industriel.
Ce bâtiment a deux niveaux : le rez-de-chaussée est affecté aux groupes de convertisseurs pour courant continu et l'étage aux bureaux, à un studio et au pupitre de commande.
Un bassin décoratif devant le bâtiment faisait partie d'un circuit d'eau, celle-ci étant utilisée pour refroidir les lampes d'émission.

Sa puissance est de 25 Kw ce qui augmente largement sa zone d'émission et la station peut maintenant être captée depuis l'Angleterre.

A la libération de Lyon en 1944, les Allemands dans leur retraite détruiront l'émetteur de Dardilly.
Pierre Laval, le propriétaire, mais également l'homme politique de l'Etat de Vichy sera quant à lui condamné à mort et exécuté le 15 octobre 1945.
Si Radio-Lyon a cessée définitivement d'émettre, le site servira un temps à relayer les émissions du Programme National.
Tous les bâtiments seront désaffectés en 1952.

Aujourd'hui, le bâtiment émetteur subsiste encore au fond d'un parc transformé en friche industrielle. Il appartient toujours à la famille Laval.

.
Le bâtiment de l'émetteur de Radio Lyon, encore visible de la route, lorsque la végétation le permet.

Pour en savoir plus : Histoire et programmes de Radio Lyon.

http://pascalsimeon.free.fr/radioly.htm#Radio-Lyon

https://www.annuairedelaradio.fr/archives-radiophoniques/radios-disparues/#hautdepage

https://patrimoine.auvergnerhonealpes.fr/dossier/IA69001718

A la sortie de Montcourant, la déviation de 1986, actuelle D307, ne tarde pas à rejoindre l'ancien tracé de la Route Nationale 7 (D30).
Qui le croirait ? Nous sommes à 10 km de Lyon, et toujours en pleine campagne.

Nous avons parcouru environ 454 km depuis notre départ de Paris, et un bon 54 km pour cette 9eme étape qui se termine donc ici à la jonction de l'ancienne nationale et de sa déviation de 1986.


Fin de la 9 ème étape.


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