ETAPE 12 : Tain l'Hermitage km 550 au Logis Neuf km 600
Mais revenons quelque peu sur la déviation de Loriol. (flèches
bleues ci-dessus) Jusqu'en 2008, sur cette déviation, au carrefour de la RN7 et de la rue Francis Poulenc, on apercevait en bordure de N7, un entrepôt désaffecté, seule construction encore visible d'une ancienne usine Poulenc.
Mais revenons aux origines du bâtiment.
Le Camp d'internement de Loriol. Dès l’automne 1939, le régime de Vichy, commence
à pratiquer une politique d’exclusion à l’égard
des Juifs, des étrangers, des communistes et des Francs-maçons.
Le camp de Loriol était en réalité une ancienne
usine de produits chimiques sans fenêtre mais cernée
de fils de barbelés. De septembre 1939 à juin 1940, le camp reçoit 300
hommes au total pour des durées variables, les effectifs
fluctuant de 120 à 150 personnes. Devant l'avance allemande, en juin 1940, les détenus sont
évacués vers d'autres camps, Les Milles, le Cheylard
en Ardèche. Le camp est définitivement fermé, le 5 mars 1941. Sources : Jean Sauvageon historien du camp de Loriol, Revue municipale Loriol février 2017, Musée de la Résistance en ligne, le site "Plus qu’un nom dans une liste". Aujourd'hui le dernier bâtiment est détruit. A l'intérieur, on pouvait encore voir sur les murs, de nombreux graffitis tracés par les prisonniers, derniers témoignages de leur passage au camp de Loriol. Une stèle du souvenir, située en face, inaugurée en janvier 2017, rappelle ce sombre épisode de notre Histoire.
En route - A la sortie de Loriol, nous retrouvons la Nationale 7 historique, direction Montélimar et Saulce sur Rhône. Nous l'avons vu précédemment, au début de cette 12e étape, dans le Valentinois, le tracé de l'actuelle Nationale 7 suit celui de la via Agrippa, construite au premier siècle Av. J-C, hormis dans les zones marécageuses de confluence, où la voie romaine se détournait, préférant un passage quelques kilomètres en amont, plus pratique et plus sécurisé. (voir Pont de l'Isère) Entre Loriol et Saulce sur Rhône, on observe une nouvelle
séparation des deux tracés.
En route - Si le cœur vous en dit, vous pouvez toujours rejoindre Saulce par la via Agrippa, pour une courte escapade buissonnière. Quant à nous, poursuivons par la Route Nationale 7, direction Saulce, à travers les vastes étendues de la plaine de Loriol.
" Les temps changent mon pauv' Monsieur ! Aujourd'hui faut s'adapter à la demande des touristes !! " Estomac qui gargouille, ventre qui crie famine ? Il
vous sera facile de vous restaurer dans les parages. Les stations service quant à elles, ont toutes disparu.
Entre Valence et Montélimar, les restaurants routiers sont encore bien présents le long de la route nationale. Vaste aire de parking sécurisée, station service à
proximité, le Routier "Le disque Bleu" ouvert de
04h00 à minuit a tout pour plaire.
Ces dernières années, l'entrée de Saulce s'est pas mal urbanisée.
La brochure technique "Révision du PLU de Saulce. 2015" est un peu plus loquace :
Vous l'aurez constaté par vous même, aujourd'hui, rien ne nous retiendra vraiment à Saulce, ville de transit, ci ce n'est son ancien Relais de Poste, situé à la sortie Sud du bourg.
Source : brochure technique "Révision du PLU de Saulce. 2015"
Face au relais, une chapelle édifiée en
1668, fut très fréquentée par les voyageurs en
transit qui profitaient d'une nuit d'étape au relais. Source, photo et extrait : http://huguenotsinfo.free.fr
Les Reys de Saulce Km 0595
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A gauche : Vue Google actuelle / Vue satellite
IGN 1952. |
A partir d'août 1966, la construction de l'autoroute
du Soleil (A7), sur sa section Montélimar nord - Valence, bouleverse
le paysage environnant.
A la sortie sud des Reys de Saulce, le lieu-dit du Pavé est
impacté.
L'autoroute y coupe l'axe de la nationale 7, réduisant la route
à deux délaissés désormais en cul de sac.
Le tracé de la route nationale, définitivement barré
par l' A7, est dévié par un pont qui franchit l'autoroute.
A la sortie des Reys de Saulce, tout droit, l'ancienne Route Nationale
7. Photo Claude.K
Ce premier délaissé, d'une longueur d'environ
400 mètres, vous permettra de faire quelques photos de votre
voiture ancienne en situation d'époque.
Vous n'êtes d'ailleurs pas les seuls à apprécier
ce bout de route tranquille.
Sa situation privilégiée, en bordure d'autoroute, attire
parfois les gendarmes en mal de contrôle autoroutier.... ;-))

Un beau tronçon de route historique.
La route se termine ici, interrompue par l'Autoroute A7. Photo
Claude.K
En route -
Franchissons l'autoroute A7 et retrouvons,sur 800 mètres environ, la seconde partie du délaissé perdu le long des entrepôts commerciaux de la petite zone industrielle du Pavé.

Une idée de la Route Nationale 7 en 1966. Photo Claude.K
Sur la ferme du Pavé, publicité peinte pour le nougat
de Montélimar Chabert & Guillot. Image réactive.
Photo Claude.K
Après cette courte escapade nostalgique, et avant de reprendre la route, un coup d’œil sur l'ancien Motel Logiroute, racheté par la société des Hôtels Ibis.

Motel Logiroute, restaurant Snack et ...Nougat. Image réactive
En Route -
La fin du délaissé se situe à proximité de l'hôtel Ibis. Nous retrouvons la route originelle, maintenant sur 2x2 voies jusqu'aux Tourrettes.
![]() |
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Le nom des Tourettes (Turretas) vient d'un radical signifiant
montagne, colline et tour.
Autour et dans le village se dévoile un patrimoine médiéval
: château féodal, ancienne fontaine, chapelle Saint-Didier,
ou encore lavoir et église.
Des notes de 1860 nous apprennent que le village placé
sur une petite éminence, domine la Vallée du Rhône,
il est entouré de vieux remparts ouverts par des portes latérales
en 4 endroits différents.
Le chateau se trouve surélevé par rapport aux maisons.
Il est flanqué d'une tour carrée de 64 mètres
de haut avec double fenêtres ogivales et entourées de
15 à 20 meurtrières.
Il y a 3 hameaux : le Serre, St-Didier et le Logis-Neuf.
Le Hameau du Logis Neuf, voisin du Rhône, de la route nationale
et du chemin de fer, a supplanté le village des Tourettes dont
les maisons et l'Eglise tombaient en ruines.
Extrait du site : http://www.lestourrettes.fr

L'église des Tourrettes, et au premier plan le Logis Neuf.
Remarquez le camion arrêté en face du relais routier
du Logis Neuf.
En Route -
La partie des Tourrettes que traverse la RN7, se résume
à une station service à l'entrée, et à
quatre ou cinq maisons tout au plus.
Dans son immédiat prolongement, le hameau du Logis Neuf, ne
fait guère mieux.
Extrait magazine La Croix 2012 : "Un été
dans La Croix. Le Rhône à vélo, du Léman
à la mer (4/5).
Quatrième étape. De Valence (Drôme) à Avignon
(Vaucluse) :
"Le paysage qui environne cet ancien hameau du village des Tourettes est un concentré de vallée du Rhône, dans sa version la moins avenante d'axe de transport majeur.
Sur un kilomètre de large s'empilent deux voies de chemin de fer, une ex-nationale (la D86), une toujours nationale (la fameuse N7 chantée par Charles Trenet) et une autoroute, celle du Soleil.
Un vrai goulet qui se remplit chaque été des millions de voyageurs filant en vacances vers le sud.
Et encore, la nouvelle ligne TGV passe plus à l'est, et on ne compte pas l'oléoduc et le gazoduc.
C'est d'ailleurs tellement étroit qu'il faut se pencher sur une carte pour échapper à l'étranglement à l'approche de Montélimar. "

Le Relais du Logis Neuf, avant / après. Image réactive.
Hiver 1970, devant le Relais du logis Neuf, un enchevêtrement
de voitures et de poids lourds à l'abandon. Photo le Dauphiné
Libéré.
Hiver 1970 : un des plus gros épisodes neigeux
jamais connu s’est abattu sur la vallée du Rhône.
Le 29 décembre précisément de très fortes
chutes de neige (60 à 80 cm) suivies d’un fort vent et
d’un froid intense paralysèrent complètement la
vallée du Rhône.
L’autoroute A7 fut fermée pendant quatre jours mais trop
tard !
Près de 6000 automobilistes se retrouvèrent bloqués
abandonnant leur véhicule pour trouver refuge dans des salles
municipales notamment à Montélimar ou chez l’habitant.
Il faudra des semaines pour que la circulation puisse reprendre
son cours. Des véhicules ne pouvaient redémarrer à
cause du gel.
De nombreuses villes et villages ainsi que des fermes
isolés furent coupés du monde pendant plusieurs jours.
Dans la Drôme, le plan ORSEC fut déclenché du
27 décembre au 4 janvier1970.
L’armée apporta aussi son soutien avec l’appui
d’hélicoptères.
Extraits : Dauphiné Libéré

Entrée sud du Logis Neuf. Avant ravalement, on pouvait encore
voir la publicité pour le Motel Logiroute.
Cités Ouvrières et relais routiers.
Le programme de l'Aménagement hydroélectrique
du Rhône, lancé à partir de 1933, prévoit
la construction d'un barrage hydroélectrique au lieu-dit "Baix
- Le Logis Neuf ".
La réalisation des travaux est confiée à la Compagnie
Nationale du Rhône, qui devant l’ampleur de l’œuvre
à réaliser, décide de sous-traiter à plusieurs
groupements d’entreprises.
Le chantier gigantesque débute en 1953. Il va mobiliser des
milliers d'hommes (7000 pour le chantier de Donzere-Mondragon)
Pour loger employés, ouvriers et leurs familles, la Compagnie
Nationale du Rhône, (C.N.R) investit la région des Tourrettes
et la banlieue Nord de Montélimar, qui voit alors pousser de
nouveaux quartiers ouvriers, véritables villes champignons.
Simples baraquements dortoirs ou logements familiaux confortables,
les familles disposent d'écoles, de coopératives, de
terrains de sport, de dispensaires, de services sociaux.
Naturellement, auberges, restaurants et relais routiers abondent aux
abords des routes, comptant bien profiter de cette manne ouvrière,
ce qui explique leur nombre important sur ce secteur.
Sources : Aménagement Hydroelectrique de Donzere-Mondragon par Arnaud Berthonnet, historien d’entreprise et éditeur docteur en histoire économique et sociale de l’université de Paris-Sorbonne (Paris IV)
Justement question relais routier, 1 km après
la sortie des Tourettes, voici le Relais "Ma Campagne".
Il y a souvent pas mal de véhicules garés sur l'immense
parking à l'heure des repas. C'est bon signe.
Dans un joyeux brouhaha au moment du coup de feu, (on est dans un
routier, hein ! pas dans un salon de thé cosy) une ambiance
sympa et conviviale et une carte aux prix imbattables.
Ma Campagne - restaurant routier - Photo Claude.K
On discute on discute, mais, l'air de rien, nous arrivons
au terme de cette douzième étape. ![]()
Nous voici à 600 km du parvis de Notre Dame de Paris.
Profitons du parking du relais pour un repos bien mérité,
en attendant la prochaine aventure.
Rendez-Vous Nationale 7 @ 2017 maj : 2025