ETAPE 14 : de Mondragon à Bonpas

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Flèches rouges : ancienne RN7. Flèches noires : actuelle RN7 /D907. Flèches bleues : RN 107 alternative au tracé N7.

La limite entre Le Pontet et Avignon se situe sous le pont, sur lequel passe la rocade D907 que nous avions abandonnée avant Sorgues pour découvrir le tracé original de la route.

Avignon fut fondée par les Phocéens de Massalia vers 539 av. J.-C.
L'Auenion du Ier siècle av. J.-C. s'est latinisé en Avennio (ou Avenio), pour s'écrire ensuite Avinhon en graphie occitane classique ou Avignoun en graphie mistralienne.
Ce thème serait un hydronyme, c'est-à-dire une appellation liée au fleuve Rhône. (source wipédia)

Nous voici donc Route de Lyon à Avignon.


La capitale des Côtes du Rhône, comme elle se surnomme, est pour l'instant dans la continuité directe de l'avenue du Général de Gaulle au Pontet.
Derrières d'immeubles crasseux, stations service en ruine ou transformées en dépôts vente, supermarchés discount et autres réjouissances visuelles, parfois dignes d'un polar noir...
J'aime assez ces décors qui nous laissent entrevoir les souvenirs du passé. Tout juste ont-ils besoin d'un peu d'imagination pour reprendre vie...


Route de Lyon, ambiance très Polar Noir.
A chaque instant on s'attend à voir surgir l'ombre d'un commissaire Maigret blasé,
ou celle d'un Gil Jourdan en planque.


Ancienne entrée du site EDF/GDF. Aujourd'hui le site reconverti en résidence de standing a conservé son portail d'entrée.


Curiosité architecturale...

Depuis quelques années, on assiste à un renouveau des quartiers.
Les promoteurs sont en marche et font table rase des vielles bâtisses encore pleines de fantômes.
La municipalité se lance dans un vaste plan de renouvellement urbain et utilise désormais le jargon nébuleux que seuls les cabinets d'urbanistes-designers sont à même de déchiffrer.
Au programme : réflexion globale et enjeux urbains, restructuration des équipements, requalification des espaces, dynamique globale de territoire, espaces de centralités...blablabla aux résultats hélas pas toujours convaincants.
Bref, à Avignon, les quartiers d'entrée de ville font peau neuve !

Après le pont SNCF, les murs de la cité papale apparaissent enfin.

Voici donc Avignon intra-muros. Face à nous la porte de l'université.

Avignon Km 0689

Si vous n'êtes jamais passé par Avignon, vous en avez pourtant forcément entendu parler.
En partie classée au patrimoine mondial de l'UNESCO, la cité est dotée d'un très riche passé historique et culturel, jugez plutôt : entre le pont sur lequel on danse tous en rond depuis notre plus tendre enfance, le centre historique comprenant le palais des Papes, les remparts du XIVe siècles et le festival considéré comme la plus importante manifestation de théâtre et de spectacle vivant au monde, vous l'aurez compris, la ville mérite qu'on lui consacre une étape à elle seule.

Mais ce serait nous éloigner fortement de notre thème préféré, la nationale 7.
Je vous laisse donc le soin d'organiser par vous même cette étape hautement multi-culturelle, selon vos goûts et vos envies.
Contentons nous ici de survoler quelques points, histoire tout de même, de ne pas paraître trop inculte lors d'une causerie sur le sujet. N'est-ce pas !!!


Avignon, le pont, les remparts et le palais des papes.

Aouen ??? locution bretonne ou terrible dilemme ?

Faut-il dire "à ", ou "en" Avignon, comme certains le prétendent ?
À l’origine, la locution "en Avignon" désignait l’État pontifical d’Avignon qui fut rattaché à la France en 1791.
Jusqu’à la Révolution, on résidait donc "en Avignon" comme on pouvait résider en Provence.
l’Académie française ne condamne pas la tournure "en Avignon" , mais elle en reconnaît le caractère archaïque et régional.
Elle précise que l’emploi de la préposition "en" devant les noms de ville est en régression, et ne saurait s’appliquer à d’autres villes.
Par ailleurs, la ville d’Avignon indique sur son site Internet qu’il convient d’utiliser la préposition " à " devant son nom.

Alors vous voyez ? question causerie vous ne serez pas à court d'argument.


Le Pont Saint Bénezet. Peinture d'Isidore Dagnan, musée Calvet Avignon.

Sur le pont d'Avignon, on y danse...

Le Pont Saint Benezet, plus connu sous le nom de Pont d’Avignon, est une véritable prouesse technique !
Édifié à partir du 12e siècle, il reliait autrefois les deux rives du Rhône.
Porteur de légendes, monument emblématique du territoire, il ne conserve aujourd’hui que 4 arches sur les 22 d’origine.
Cette bizarrerie architecturale qui suscite beaucoup d’interrogations et d’interprétations plus fantasques les unes que les autres, a accentué l’aura de ce pont, célèbre dans le monde entier grâce à la chanson « sur le pont d’Avignon ».
Bien que classé au patrimoine Mondial par l’Unesco, il est réellement permis de danser dessus !

Justement sur le pont depuis quand y danse-t-on ?

Cette ronde mimée, remonterait au XVe siècle. Mais personne n'en connaît vraiment l'origine, ni l'auteur.
L’air de la comptine, sous sa forme actuelle, apparaît en 1853 dans l’opérette d’Adolphe Adam intitulée 'l’Auberge Pleine'.
Le succès international vient quelques années après avec une autre opérette, lancée en 1876, qui s’appelait finalement 'Sur le Pont d’Avignon'.

Les danses se faisaient à l'origine sur les berges, c'est pourquoi certains anciens parlent encore de la chanson en disant "sous le pont d'Avignon" et non pas "sur le pont".
Ce n'est pas une chanson finie, ce qui peut expliquer le grand nombre de variantes qui existent. Ainsi, tous les métiers de l'époque peuvent être représentés dans la ronde.

Le pont n'est hélas pas sur la route nationale 7, mais il est tout de même possible de s'y rendre en voiture, en empruntant les boulevards qui longent les remparts de la ville.


Le Palais des Papes, intra-muros. Aujourd'hui impossible de se garer sur l'esplanade rendue intégralement aux piétons.

Le palais des Papes

Avant l’installation de la papauté, un patrimoine existait : une centaine de maisons fortes, crénelées, dominées par la cathédrale Notre-Dame des Doms, caractéristique du roman provençal et enfermées dans de forts remparts, avec à l’extérieur, des couvents de grands ordres masculins (prêcheurs, cordeliers, carmes, augustins), et sur le Rhône impétueux et violent, un pont à 22 arches, le seul édifié entre Lyon et la mer, construit par le petit pâtre Bénézet à la fin du XIIe siècle.

Lorsqu’Avignon devient le centre de la Chrétienté, la ville offre un lieu de séjour très commode pour les pontifes successifs.
S’élève alors la masse imposante d’un des plus beaux édifices d’Europe, "la plus forte maison du monde "(Froissart), le Palais des papes : œuvre d’architectes français, mais décoré en grande partie par des peintres italiens, de l’illustre Ecole Siennoise du Trecento, avec à leur tête, Matteo Giovannetti, de Viterbe.

L’essor démographique est énorme : de 8000 âmes environ, la Cité devient une ville de près de 80 000 habitants.
Cour pontificale, clergé, noblesse, banquiers et marchands s’installent et construisent.
Livrées cardinalices, églises, couvents, s’édifient au gré des ruelles tortueuses, l’aspect urbain et architectural se modifie.
De nouveaux remparts sont construits, constituant l’une des plus belles lignes de fortifications médiévales d’Europe.

https://avignon-tourisme.com

http://www.avignon.fr/ma-ville/culture-et-tourisme/patrimoine/

Le Festival d'Avignon

Fondé en 1947 par Jean Vilar, le Festival d'Avignon est aujourd'hui l'une des plus importantes manifestations internationales du spectacle vivant contemporain.
Chaque année, en juillet, Avignon devient une ville-théâtre, transformant son patrimoine architectural en divers lieux de représentation, majestueux ou étonnants, accueillant des dizaines de milliers d'amoureux du théâtre de toutes les générations.

http://www.festival-avignon.com/fr/


Mal entretenus, plusieurs fois menacés de destruction par les municipalités de l'époque,
les remparts au cours du XIXe siècle furent sauvés par la campagne menée par Prosper Mérimée (1847) , alors inspecteur général des Monuments historiques.
En 1860, les travaux de restauration seront confié à Viollet-le-Duc.

Les Remparts

Même si l'absence des fossés, des tours à pont-levis, des portes de bois bardées de fer altère sa physionomie initiale, ils offrent un témoignage saisissant des entreprises de fortifications du XIVe siècle en France.
Depuis l'époque romaine, au cours des années et des aléas historiques, le périmètre de la ville s'est progressivement étendu et ses protections furent successivement modifiées.
Avignon eut donc plusieurs remparts différents au cours de son histoire.

Avec l'arrivée des papes, l'agglomération s'est rapidement agrandie et de nouveaux bourgs se formèrent à l'extérieur des murs.
Le pape Innocent VI commence en 1355 la construction d'une nouvelle muraille protectrice qui englobera les nouveaux édifices. C'est le rempart actuel.
La totalité de son périmètre est de 4.330 mètres, délimitant une surface de 151 hectares 71 ares, trois fois et demi supérieure à la superficie que limitait l'ancien rempart.

Un large fossé profond de quatre mètres, alimenté par les eaux de la Sorgue et de la Durançole en défendait l’accès.
Les sept portes de la ville, munies de ventaux de bois bardés de fer, que l'on fermait le soir, étaient commandées par des tours précédées de pont-levis, auxquels s'ajoutaient des herses par mesure de protection supplémentaire.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Remparts_d%27Avignon#Projets_de_démolition_au_XIXe_siècle
https://www.avignon-et-provence.com/monuments/remparts-davignon

https://journals.openedition.org/ceroart/2927

Je ne voudrais pas vous presser... mais nous avons une étape à terminer.

En route -

Notre route ne pénètre pas dans la cité des Papes.
Elle se contente de longer une partie des remparts ouest, de la porte de l'Université, anciennement porte de l’Hôpital Sainte Marthe, à la porte Limbert.

700 mètres d'un large boulevard aujourd'hui à double voies, coincé entre les remparts rénovés et l'ancienne caserne Chabran, inaugurée en 1906, pour accueillir à l'origine le 7em régiment de Génie.
Aujourd'hui la caserne est réhabilitée en cité administrative. Le quartier à fait peau neuve, classement UNESCO oblige.

https://lachezleswatts.com/fr/articles/11/84000-avignon/la-prefecture-du-vaucluse-une-ancienne-caserne


Vue en direction de Lyon. Le Boulevard Limbert. Image réactive.


Toujours vue en direction de Lyon, le Boulevard Limbert et la caserne Chabran. Image réactive.

Juste devant la Porte Limbert, il nous faut prendre la direction de Cavaillon et Aix en Provence sur la gauche, par l'avenue Pierre Semard, copie conforme de la route de Lyon... faubourgs populaires et cités ouvrières.

Une étonnante cathédrale se dresse soudain sur notre gauche.
Une gigantesque arène de béton, tout droit issue de la révolution industrielle du XIXe siècle.

Il s'agit de la rotonde ferroviaire d'Avignon.
Un dépôt, desservi par une plate-forme tournante, qui permettait de remiser les locomotives sur des voies de garage, pour la réparation ou simplement l'entretien des machines à vapeurs.

En 1885, deux rotondes sont construites sur le site de Fontcouverte à proximité de la gare de triage de la ville d'Avignon.
Dès lors, ces installations ne vont cesser de s'agrandir.

Avec ses parcs découverts, ses ponts tournants, ses places de garages et ses voies de remisage, le dépôt Avignonnais, devient le plus important dépôt ferroviaire du Sud Est de la France.
A son apogée, avant la guerre, le site emploie près de 1500 cheminots qui s'occupent de plus de 200 machines.

Durant la seconde guerre mondiale,

"En prévision des opérations militaires aériennes, le dépôt ainsi que les quartiers environnants doivent être protégés.
Le quartier des rotondes, placé à proximité du dépôt et du triage de Fontcouverte, vaste cité ouvrière, abrite à lui seul entre 6 et 7 000 habitants.
Le 27 mai 1944 les installations ferroviaires subissent de violents bombardements opérés par l'aviation alliée sur la région.
En quelques heures, le dépôt n'est plus que ruines. Il est détruit à prés de 80 %, Il ne sera pas réparé avant la libération.
Les zones des rotondes, de Saint-Ruf et les quartiers avoisinants, sont tout autant réduits à l'état de ruines"

Après la seconde Guerre mondiale, la SNCF reconstruit son patrimoine immobilier détruit.
La rotonde d'Avignon fait partie d'un ensemble de 19 remises à locomotives reconstruites entre 1946 et 1952 par le service des bâtiments de la SNCF dirigé par Paul Peirani.

La conception de ces rotondes a été confiée à Bernard Lafaille.


Construction de la nouvelle rotonde d'Avignon. 1946.

Construite en 1946, la rotonde mesure 107 mètres de diamètre.
Depuis 1984, elle est inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques.

Source et extraits :

https://rail-en-vaucluse.blog4ever.com/le-depot-d-avignon

https://monumentum.fr/rotonde-sncf-pa00081944.html
https://autrecarnetdejimidi.wordpress.com/2015/08/16/rotonde-ferroviaire-davignon-bernard-laffaille-1947/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Rotonde_ferroviaire_d%27Avignon


La rotonde accueille aujourd'hui 3 locomotives préservées par l'association pour la préservation de la CC6570. APCC

En route -

Plus loin, nous croisons une nouvelle fois la rocade D907 (également repérée N7R), qui termine ici son contournement d'agglomération et rejoint la N7 qui file tout droit sur 2x2 voies, au milieu des complexes géants en tous genres, qu'ils soient commerciaux, sportifs, cinématographiques hôteliers ou aquatiques ...


Par endroit, une maison ou un mur ont été préservés de la frénésie des promoteurs immobiliers. Image réactive.


La route nationale 7 typique, au sortir d'Avignon vers 1935.

Une chose est sûre, ici, le décor actuel n'a plus rien à voir avec la route des vacances d'autrefois.
A partir de 1968, dès l'apparition des premiers supermarchés sur les bas-côtés de la chaussée, la route va s'adapter au trafic automobile devenu de plus en plus important.
L'élargissement nécessaire de la chaussée entre Avignon et Bonpas va exiger l'arrachement de quelques 500 platanes sur la Nationale 7, événement dont vont s'emparer les journaux de l'époque.


1968 Provence Actualité. Cliquez sur l'image.


Château d'eau dans un style néo-gothique. Image réactive.

Au rond-point de Cantarel, la RN7 retrouve la RN107 (RN7F), raccourci en provenance du Pontet, permettant d'éviter le centre d'Avignon.

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Sur la gauche, un long bâtiment que l'on devine très ancien, avec son portail surmonté d'armoiries, abrite aujourd'hui un restaurant mais aussi une brocante, si l'on s'en réfère à l'enseigne moderne et à ce qui est inscrit sur le mur.
Il s'agit, comme il est encore gravé sur le fronton du portail, de l'usine de Cantarel, la célèbre fabrique de réglisse.


Même point de vue de l'usine de Cantarel. Si le bâtiment n'a pas changé, ce n'est pas le cas de la route nationale 7. Image réactive.

C'est en 1854 que Paul Florent achète une fabrique de jus de réglisse installée dans un local d'une petite auberge située à Cantarel, tout prés d'Avignon, sur la route de Marseille.
En 1870, il transforme complètement l'industrie de la réglisse en fabriquant non plus du jus mais des pastilles parfumées à la menthe, vanille, violette ou anis.
Pour fabriquer ces nouvelles pastilles, il fait construire une usine selon ses propres plans et y installe les machines construites d'après ses données personnelles.
La Réglisserie Florent a cessé son activité en novembre 1975 suite à sa fusion avec le groupe Ricqlès-Zan.
La construction d'une cité ouvrière à l'intérieur même de l'usine permettait à bon nombre de familles de loger sur le lieu même de leur travail.

https://avignon-tourisme.com/activites/ancienne-reglisserie-florent/


Le portail de l'usine de Cantarel. Sur les boites de pastilles on retrouvait les armoiries qui ornaient l'entrée de l'usine.


En venant du Sud, l'usine était annoncée quelques mètres avant.


Le Relais d'Avignon est toujours en activité aujourd'hui...mais rassurez vous... c'est plus la même déco.. ;-)

C'est en 2001 qu'est inaugurée la ligne du TGV Méditerranée, qui dessert Avignon.
Pour faire passer ce nouveau réseau ferré grande vitesse, le tracé de la route nationale 7 est réaménagé dès 1998.
La route amorce désormais un léger décrochage vers le sud, pour ensuite longer les rives de la Durance.
Du coup, subsiste encore dans la zone située à proximité de l'aérodrome, un délaissé de l'ancienne route.
Ce délaissé n'est hélas pas praticable sur la totalité de sa longueur, puisqu'il est d'une part coupé par la ligne TGV, et d'autre part il traverse une partie de l'aérodrome.
On peut cependant en parcourir certaines portions.


En 1955, la route nationale passe encore par le hameau de la Croix d'Or. On distingue même une station service. Image réactive.
A partir de 1998, le tracé de la route est dévié vers le sud. Le hameau de la croix d'or devient un délaissé.
La station service, se situe juste sur le passage des voies du TGV.


Mur peint, face à la station service du hameau de La Croix d'Or. Là où passent aujourd'hui les lignes du TGV.


L'ancienne route, oubliée depuis 1998. Jonction Nord


Hameau de la Croix d'Or, sur l'ancienne route nationale 7.


L'ancienne route, oubliée depuis 1998. Jonction Sud

Bonpas Km 0700

Voici le hameau de Bonpas, dépendant de la commune de Caumont sur Durance.
Hameau est d'ailleurs un bien grand mot pour à peine quelques maisons alignées en bordure de route, pour la plupart d'anciens hôtels-restaurants-routiers.

C'est que l'emplacement est stratégique.
Situé juste avant, ou selon la direction, juste après le pont sur la Durance, à la limite des départements du Vaucluse et des Bouches du Rhône, c'est ici que se croisent les routes d'Aix en Provence et de Cavaillon.
A la grande époque de la nationale 7, il n'était pas rare à l'heure de midi, de rencontrer de longues files de camions rangés sur les bas côtés de la route ou garés sur les vastes aires de parking de ces restaurants routiers.

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Comment résister à la charmante terrasse de Chez Lucien, en bordure de route nationale ?
Comme il devait être agréable le pastis frais sous les platanes !!


Etape croquignolette, et rafraîchissante Chez Lucien.
Les platanes abattus, une nouvelle terrasse couverte accueille les touristes . Image réactive
"Ici on mange bien pour 6 Nouveaux francs, vin compris" ... 90 centimes d'euros... une autre époque....

Rendez-vous nationale 7 : Lundi 4 août 1969 - 15h30. Bonpas - Episode 16.


"Chutttt ! Il y a comme un bruit".. nous dit mon père arborant son air soucieux. "Tous les oiseaux et tous les bateaux" chantés par Michel Polnareff à la radio en ont le sifflet coupé.
Silence complet dans l'habitacle de la petite Opel.
Difficile tout de même d' identifier un hypothétique cliquetis au milieu du chant strident des cigales. "Vous n'entendez pas" ???
Devant notre air dubitatif, mon père nous demande de fermer toutes les vitres de l'automobile.
Au bout de quelques minutes passées l'oreille aux aguets, nous nous désolons de ne rien entendre, et manifestons notre très vif désir d'aller boire un verre, après la grosse suée que nous venons de subir.
Finalement, devant notre insistance, l'Opel se range sur le bas côté de la route, face à un charmant petit café à la terrasse ombragée de laquelle, tout en sirotant notre diabolo menthe, nous pouvons observer mon père, allongé sous la voiture, toujours à la recherche de son supposé bruit.
Quelques minutes suffiront pour qu'il vienne enfin nous rejoindre en terrasse, sa chemisette souillée mais exhibant joyeusement une petite vis. "On a perdu un boulon, c'est le pot qui bouge".
Le patron du café, amusé par notre mésaventure, viendra lui même constater les faits de visu, et proposera à mon père quelques décimètres de fil de fer, "histoire que ça tienne le coup jusqu'à votre arrivée en vacances".
Ahh !! qu'il était doux le temps où les contrôles techniques n'existaient pas...


Tout aussi agréable que Chez Lucien, le restaurant des Glycines, au tournant du Pont de Bonpas. Image réactive


Sur cette autre vue des Glycines, bien antérieure à la précédente, on aperçoit le pont sur la Durance.

Il est temps pour nous de traverser la Durance.
Si l'opération s’avère aujourd'hui d'une simplicité extrême, voir imperceptible pour peu que l'on soit distrait, ce ne fut pas toujours le cas.

L'histoire du pont de Bonpas se perd dans la nuit des temps...
En fait avant 1166, date des premiers documents authentiques attestant de la présence officielle du pont, il n'existe que très peu d'archives.

Avant cette date, seuls quelques actes, bulles, manuscrits ou chartes y font de vagues références.
D'où une certaine confusion sur la nature du pont : pont de pierre, pont de bois, pont de barque, bac ? difficile d'y voir clair.
Les historiens s'accordent tout de même sur le lieu du pont, qui se situait un peu plus en amont, au pied de la Chartreuse de Bonpas.
Sans doute à l'emplacement de l'actuelle retenue d'eau.

Dès la préhistoire, existait ici, entre les communes de Caumont et Noves, un passage praticable à pied.
Un passage à gué, soumis aux eaux capricieuses et torrentielles de la Durance qui en rendaient la traversée si périlleuse, que le lieu prit le nom de "malipassus", le mauvais passage, ou "maupas".

On suppose la présence d'un premier pont de pierre ou de bois dès l'antiquité, peut-être était-ce même un pont romain.
Le pont détruit fut en tous cas reconstruit au XIe siècle par un ordre religieux Hospitalier, les "frères pontifes" (bâtisseurs de ponts), qui édifièrent également à proximité du pont, un relais pour les pèlerins, l'ancêtre de nos relais routiers en quelque sorte.

Une nouvelle fois emporté par les eaux, le pont ne sera reconstruit qu'après la révolution.

En attendant, dès 1166, le pont détruit est remplacé par un bac à trail qui permet le transport des hommes et des marchandises en toute sécurité.
Toujours placé sous la direction des moines qui y instaurent un péage, le passage devenu beaucoup moins dangereux devient alors "Bonipassus", le bon passage ou "bonpas".

Après la révolution, en 1804, la première pierre des culées d'un nouveau pont en charpente de mélèze est posée.
Un nouvel ouvrage de près de 550 mètres de long et de quarante-sept travées enjambe alors la Durance.
Mis en service en 1812, le pont de Bonpas est le premier d'une longue série de ponts qui, d'Avignon à Pertuis, vont permettre les liaisons interdépartementales.

Ci-contre, la traversée de la Durance, par le bac à trail, au pied de la chartreuse de Bonpas.


Le pont suspendu Arnodin, inauguré en 1894 et détruit en 1944.

En 1886, une nouvelle crue arrache neuf arches du pont de bois.
L'ingénieur entrepreneur Arnodin, qui restaure alors le pont suspendu d'Avignon, remplace la section emportée par une travée unique de 103,65 m de longueur, montée sur pylônes en bois.
Mais le pont en bois reste fragile face aux crues du gigantesque torrent.

La décision de faire édifier un pont suspendu est adoptée.
Ce pont de « type Arnodin » est inauguré en 1894.
Situé une centaine de mètres en aval de l'ancien pont de bois, il mesure 520 mètres de long et repose sur quatre travées.

Le pont suspendu sera détruit en août 1944 par les armées allemandes en retraite.
Reconstruit en 1954, la traversée de la rivière se fait sur un nouveau pont de 500 mètres de long soutenu par douze arches.
En 1969, le pont routier sera doublé d'un pont autoroutier situé plus en amont.

L'entrée du pont de Bonpas marque pour nous la fin de cette étape.
Nous voila à 700 km de Paris.


Fin de l'étape


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Rendez-Vous Nationale 7 @2019