ETAPE 15 : du Pont de Bonpas (700 km) à St Cannat (750 km)

04 /04
← Cazan - Lambesc - St Cannat - La Pile [ fin de l'étape]

Cazan Km 0735

Jusqu' à l'aube des années 2000, Cazan est un hameau paisible, principalement constitué de quelques mas provençaux groupés autour de l'axe de la route nationale 7.
Le site est surtout connu pour son temple, vestige romain de la fin du Ier siècle avant notre ère, classé au titre des monuments historiques depuis 1840.

Ce temple païen que l'on dit dédié à Diane fait partie de la première liste des monuments historiques français.
Au XIème siècle, une chapelle dédiée à Saint-Césaire, est adossée au temple.
La chapelle à l'architecture romane est consacrée par l'archevêque d'Arles en 1054.

https://monumentum.fr/temple-maison-basse-dit-chateau-bas-pa00081493.html
https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00081493


Le temple Romain, au lieu dit Château Bas, à proximité de Cazan.

Aujourd'hui le village de Cazan s'est étoffé de nombreux pavillons modernes.
Les lotissements fleurissent et la campagne recule.


En bordure de route, quelques mas en vieilles pierres subsistent encore.


L'auberge Cazanaize en bordure de RN 7, presque en pleine campagne à l'époque. Image réactive.
L'Auberge Cazanaise n'existe plus, mais l'activité perdure au même emplacement.


Vers les années 50/60, Cazan était un hameau constitué de quelques maisons seulement.
Ici le bourg principal vu en direction de Sénas.


Heureusement, à la sortie de Cazan une double voie pour doubler .

En route -

La côte qui s'amorce dès le rond-point à la sortie de Cazan, risque de donner quelques sueurs froides aux cyclotouristes amateurs.

- Si vous aviez programmé un après midi vélos-tandem avec Maman et les mômes... Oubliez !

Cette route a été construite en 1957, pour faciliter la traversée du massif .
Plus large, plus directe, moins sinueuse, elle est en effet plus praticable que l'ancienne route.
Pour cela il a fallu tailler dans la roche un véritable défilé à côté duquel le détroit du Lancier fait aujourd'hui pâle figure. (voir chapitre entre Sénas et Mallemort)


On raconte que devant cette faille, Eddy Mitchel se serait exclamé ... c'est un roc ! à moins que cela ne soit Edmond Rostand ;-)))

Cette portion de route intègre l'itinéraire ITER qui sert à acheminer vers le site de Cadarache, par convoi exceptionnel, les éléments du Réacteur Expérimental Thermonucleaire International, débarqués du port de Fos sur Mer.

https://routes.fandom.com/wiki/Itinéraire_ITER


Convoi ITER



Dans la région, on construit des demi ronds-points, ça coûte moins cher dit-on !
En fait ce sont des ronds-points escamotables pour faciliter le passage des convois ITER.

Mais revenons à notre itinéraire, n'était-il pas question d'une ancienne route ?
Avant 1957, il y avait donc une autre route, l'occasion de la redécouvrir aujourd'hui sous forme de délaissés.
Le tracé originel consiste en trois délaissés successifs, chaque fois interrompus par la D7N.
La route débute sur notre droite au niveau du rond-point, par la montée de Gancel.
Il n'est aujourd'hui plus possible de suivre la vieille route dans son intégralité.
Mais les portions restent accessibles séparément.


En jaune le tracé originel de la route jusqu'en 1957.
En rouge, le tracé actuel.


La vraie RN7, en tous les cas l'originale, à l'approche de Lambesc.

Mais poursuivons par l'actuelle D7N.
Après la côte, la route amorce sa descente au milieu des vignes


Qui dit vigne... dit vin.


Sur la droite une potence sur laquelle Le Relais des Cigales était annoncé, aujourd'hui bien caché par la végétation.


En direction de Lambesc (flèche rouge), le Relais des Cigales ouvert de 1957 jusqu'au début des années 2000.
Enseigne encore visible sur la façade de l'établissement.


Les alignements de platanes reprennent, annonçant notre arrivée prochaine à Lambesc.


Lambesc 0741 Km

La présence dans cette région d’un peuple Celto Ligure, les Salyens, est certaine.
Ils y fondèrent un marché qui prit le nom de Oppidum Amboliacense, où venaient s’approvisionner les Grecs de Massalia (Ier et IIe siècle avant J.C.).

En 124 avant J.C., les Romains occupent tout le territoire qui deviendra la Provincia, puis la PROVENCE.

Après la pacification, Rome distribue aux vétérans des légions, des terres, ou colonies, pour les exploiter avec les derniers Salyens rescapés de la guerre.
Ils fondèrent une cité sur l’emplacement de l’ancien marché ligure, autour d’un temple élevé à Mercure.
Au Moyen-Âge, un château est construit sur un promontoire et le village entouré de remparts.

Jusqu’au XVIIIe siècle, de nombreux seigneurs, issus de grandes familles nobles de Provence, règnent sur Lambesc.

Sous les règnes de Louis XIV, Louis XV et Louis XVI, Lambesc joue un rôle politique important dans l’histoire de la Provence.
Pendant cent ans, de 1646 à 1786, les Assemblées Générales des Communautés du Pays de Provence y siègent, ce qui vaut à la cité le nom de Versailles Aixois.

 


Le tremblement de terre du 11 juin 1909.

Le 11 juin 1909, à 21h14, le séisme le plus catastrophique qu’ait connu la France durant le XXe siècle détruit une partie du village.
L’épicentre est situé à une vingtaine de kilomètres au Nord de Marseille, entre Rognes, Lambesc et Saint-Cannat.
D’une magnitude proche de 6 sur l’échelle de Richter, il a causé la mort de 46 personnes, fait 250 blessés et de très nombreux sans abris.

Les villages de Rognes, Saint-Cannat, Lambesc, Vernègues et Pélissanne sont ravagés, et plusieurs quartiers de Salon-de-Provence se sont effondrés.

A Lambesc, le séisme a fait 14 victimes, 12 blessés graves, 50 constructions détruites et 600 autres endommagées.
La nuit qui suit la secousse fut cauchemardesque pour les habitants, isolés et privés de tout moyen de communication suite à l’effondrement des lignes électriques et télégraphiques. Les secours se sont rendus sur place en fin de matinée, soit plus de douze heures après la catastrophe.

La mobilisation de la municipalité, des habitants ainsi que de la presse locale a permis en quelques semaines de réunir plus de 200 000 francs-or afin de construire environ 400 logements provisoires.

 

Extraits : http://www.lambesc.fr

 

Après le tremblement de terre, certains villages sinistrés feront le choix de reconstruire leurs quartiers à l'identique.
Lambesc optera pour une réorganisation et un réaménagement de son territoire en créant de nouvelles voies de circulation ou de nouvelles places.
Mais en 1909, il n'est pas encore à l'ordre du jour de contourner le centre ville.
La route nationale 7 continuera à sillonner le centre ville de Lambesc jusqu'en 1967.


A droite le centre ville aujourd'hui contourné par une rocade à gauche.

En 1967, une nouvelle rocade contourne la ville par le Nord et par l'Est.

Cette rocade routière, construite à minima, emprunte le tracé d'une ancienne voie ferrée construite en 1903 pour relier Aix à Salon, afin de rejoindre la ligne PLM Lyon-Marseille.
Cette bretelle ferroviaire, construite et exploitée par la compagnie PLM, restera en service jusqu'en 1938 pour les voyageurs.
Pour ce qui est des marchandises, la fermeture de la ligne s'échelonnera par tronçons de 1941 à 1953.

https://www.lignes-oubliees.com/index.php?page=calade

http://marc-andre-dubout.org/cf/lvdc/lvdc0146/aix-salon.htm

En route -

La traversée actuelle du centre de Lambesc ne s'effectue plus que dans un seul sens de circulation, celui allant du Sud au Nord.
Du coup, pour nous, la traversée N-S est compromise.
Je vous propose donc, pour l'instant, de poursuivre par la rocade, afin d'effectuer ensuite notre traversée de la ville dans le sens de circulation idoine et en vigueur.

A la jonction des deux routes, nous poursuivrons donc par la rocade.
Aujourd'hui, l'échangeur se situe à l'emplacement exact du croisement de la route nationale 7 avec l'ancienne voie ferrée Aix-Salon de Provence.
Là où se trouvait la maison du garde barrière.


Nous sommes en 1954, la nationale 7 en direction de Lambesc (vers le bas du cliché) croise la voie ferrée.
On distingue le passage à niveau et la maison du garde barrière.



Nous sommes en 1967. La voie ferrée est déposée, la rocade déjà ouverte.
La maison du garde barrière est remplacée par un échangeur routier.
Les arbres jalonnent toujours l'ancien tracé.

En Route -

Lorsque l'on compare des photos IGN de la voie ferrée avec la route après 1967, on constate que la rocade a été construite sans modification majeure de quartier.
Elle passe toujours devant les mêmes immeubles, les même fermes, les mêmes terrains.
Le décor qui défile devant nous est celui que les voyageurs du train voyaient à l'époque. Même la gare est toujours là !

Après un passage devant le cimetière de la ville, quelques entrepôts nous signalent la proximité de la gare.

Lambesc, Lambesc, 3 minutes d'arrêt ! Son buffet réputé, pissotières au bout du quai ! 3 minutes d'arrêt !

La gare existe toujours, mais aujourd'hui c'est un café - restaurant.
Le bâtiment voyageurs d'origine, celui de 1903 a été détruit en 1944 au cours de l'explosion d'un train de munition.
Le matin du 16 août 1944, des chasseurs américains mènent une attaque aérienne sur un train de munition de l'armée allemande, stationné depuis quelques jours en gare de Lambesc.
L'explosion du train va ravager le quartier, faisant plusieurs morts.
Le souffle de l'explosion se fera ressentir jusqu'au centre ville, endommageant près de 20 % des bâtiments de Lambesc.
25 ans après le tremblement de terre, il allait falloir reconstruire de nouveau .


La gare de lambesc vers 1918. La vue est prise en direction d'Avignon. Image réactive.
Même point de vue aujourd'hui, la rocade remplace la voie ferrée, et la gare a été reconstruite après 1944, presque à l'identique.


Mur de soutènement, en moellons polygonaux, typique de l'architecture des voies de chemin de fer.

Après le quartier de la gare, la route quitte rapidement les faubourgs de la ville, pour se retrouver en pleine nature.
Sur la gauche, dans un large virage, un établissement pour le moins coloré propose depuis 1967 un échantillon des produits du soleil.
Un inventaire à la Prévert car ici on vend du vin et de l'huile d'olive, de l'ail et des calissons, du miel et de la lavande, des melons et de la gelée royale, on peut y boire et s'y restaurer...
A l'ombre des pins et des canisses.


Bien qu'indiquée sur le mur, la boutique n'était pas là en 1960.... puisque la route n'est apparue qu'en 1967.
Mais alors ? c'est quoi cette embrouille ???

Rendez-vous nationale 7 : Lundi 4 août 1969 - 17h15. Lambesc - Episode 17


Tiens voilà les attrapes pigeons ! nous lance mon père en passant devant des étales de produits régionaux.
Surtout ne t’arrêtes pas lui rétorque ma mère un peu sèchement.
La guérite colorée produit immuablement son effet sur les passagers de l'Opel Kadett, mais c'est véritablement la première fois que nous passons devant sans y marquer notre arrêt annuel.
Une subite lubie de mon père qui aurait décidé, sans l'accord de la famille, de remanier tout le cérémonial des grandes vacances ?
Devant nos reproches virulents et nos vives invectives sur le respect des décisions familiales qui doivent être prisent démocratiquement, mon père ne peut que se résoudre à faire un demi-tour pour se ranger sur l'aire de repos à l'ombre des pins.
Cabas au bras, ma mère descend du véhicule bien décidé à ramener quelques marchandises toujours de la plus haute utilité !
- "On va encore se coller les sachets de lavande toute l'année dans l'armoire à linge" doit penser mon père, resté près de la voiture.

Les enfant sont aux anges. Ma sœur lorgne sur les sucettes au miel, et moi sur un petit couteau suisse orné d'un décalcomanie représentant une abeille.
De retour à la voiture, les questions fusent.
- Alors les paniers percés on va encore avoir droit aux sachets de lavande ? (tiens j'avais deviné juste !)

- Non cette fois-ci ce sera encore plus utile répond ma mère avec un petit air mystérieux, de l'essence de citronnelle, pour les moustiques sous la tente !
- Mais pourquoi donc me suis-je embêté à remplir toute une boite à chaussures de plaquettes Vapona ? se désole mon père...

Les joies du camping sont impénétrables comme dirait l'autre.. (à suivre)

Au prochain carrefour, nous abandonnons le tracé de la voie ferrée et récupérons celui de l'ancienne route nationale au sortir de Lambesc, à savoir la D 917.
Il est temps de nous diriger vers le centre de Lambesc sur notre droite.

Rendez-vous nationale 7 : Voyage d'Avignon à Lambesc le 13 avril 1787.

Dans ses carnets de voyage, le naturaliste et physicien Suisse, Horace Bénédict de Saussure, relate avec une rigueur toute scientifique, son trajet sur les routes de Provence au XVIIIe siècle.
Le 13 avril 1787, il quitte la Cité des Papes à 07h55.
Le cabriolet arrive à Bonpas à 09h48. La traversée de la Durance en bac durera 52 minutes.
Il arrive à Orgon à 13h10 et y fait une halte de près de 3 heures passées à attendre la préparation d'un repas dans une auberge médiocre, il reprend la route à 16h04, en direction de Sénas où il arrive à 17h10.
Après son passage à Pont Royal à 18h43, il arrive enfin à Lambesc à 20h30.
Le physicien calcul une vitesse de pointe d'environ 6 km à l'heure.
Il note que les chaises de poste, en 1780, avancent un peu plus rapidement, et surtout qu'à cette allure, il va presque aussi vite à pied.
Comme de nombreux voyageurs du XVIIIe siècle, De Saussure déplore l'état des routes à l'approche de Marseille.
Poussiéreuses au point d'être presque impraticables par temps de mistral, inégales, coupées d'ornières profondes elles s'avèrent dangereuses.
Les moyens de locomotion sont parfois imprévisibles, les relais plus ou moins efficaces, plus ou moins hospitaliers, les incidents ou accidents constituent pour l'essentiel la trame de l'aventure qui attend chaque jour le voyageur.
Mais à cette époque sur les routes de Provence, le temps ne compte pas.

Source et extraits : Lambesc sous l'ancien régime (1692 - 1789), une principauté de Provence oubliée. Auteur Luc Comptone aux éditions Dumont Castells 2008.

Retour au XXIe siècle.

En route - dans le sens Sud-Nord.

Dans la côte, un muret le long d'une propriété sur la droite, nous rappelle le souvenir de la première boutique de l'apiculteur.. celle de 1960.
Située à l'époque sur la nationale 7 historique, au beau milieu de la pinède, elle régalait les touristes en mal de produit du terroir.
L'ouverture de la rocade en 1967, bouta naturellement les hordes de vacanciers hors de la ville et l'apiculteur dû se résoudre à installer un nouveau stand sur le bord de la nouvelle N7.
Nous l'avons vu, ce dernier perdure toujours aujourd'hui.


Le premier stand de l'apiculteur, sur le bord de la nationale 7 historique avant l'ouverture de la rocade. Image réactive.
Même emplacement aujourd'hui.


Arrêt miel et lavande à l'ombre des pins.

 


En rouge la déviation de Lambesc.
En bleu le tracé original de la nationale 7, (en sens unique)

La route d'Aix nous amène rapidement aux abords de Lambesc.
On traverse une mini zone commerciale, mais rien de bien agressif.
La descente vers la ville reste agréablement paysagère, parsemée de rocaille et de végétation méditerranéenne, jusqu'aux premières habitations.


Entrée sud de Lambesc. Image réactive.

L'entrée de la Rue Grande, aujourd'hui dans un seul sens de circulation, et son esplanade des Héros et Martyrs, évoquent une ville "à l'Italienne".
Les façades des immeubles homogènes oscillent entre une architecture de style provençal et un style parfois Renaissance.
Le charme opère.


Plaque de cocher sur le mur de l'ancien couvent des pères de la Sainte Trinité, fondé en 1512, à l'entrée sud du village.
La route actuelle fut percée en 1803, scindant une partie de l’enclos et du couvent en deux.
De fait, une partie du cimetière qui s'y trouvait et la chapelle du cimetière furent arasés, pour laisser place à la route nationale 7.
D'après le cadastre, en 1835 ce bâtiment accueillait la Gendarmerie.
Photos Claude.K

Source : http://museelambesc.free.fr/informations_generales__133.htm

Sur la place, s'élève une fontaine datant de 1646 surmontée d'un obélisque.
Les armoiries qui y sont gravées sont celles des ducs de Guise, princes de Lambesc.


Les armoiries des Ducs de Guise. Photo Claude.K


A l'angle de la Place et de la Rue Grande. Photo Claude.K


L'étroite Rue Grande, à l'époque dans les deux sens de circulation. Image réactive.

Toujours Rue Grande, nous voici devant Le Jacquemard, construit de 1526 à 1646, aujourd'hui classé monument historique.
Il s'agit d'un campanile à automates de 25 mètres, doublé d'une porte fortifiée.
Cette horloge rythme la vie des habitants grâce à 4 personnages en bois représentant la famille Jacquemard, les 2 enfants, Jaquet et Jaqueto sonnant les quarts d’heure, et les parents Jacquemard et Margarido sonnant les heures et demi-heures.
Lors du séisme de 1909, l'horloge ne subit que quelques dégâts.
C'est l'explosion du train de munition en 1944, qui endommagera gravement la cloche et surtout le cadran de 1645.
Il faudra attendre 1948, pour que le Jacquemard retrouve enfin un tout nouveau cadran.


Le quartier du Jacquemard hier et aujourd'hui. Image réactive.
Il vous faudra tout de même une bonne vue pour apercevoir la famille Jacquemard sonnant les cloches.

Sur la gauche maintenant, face à une jolie fontaine de 1647, ornée de vase Médicis, on trouve ce qui fut sans nulle doute la meilleure auberge de la ville.
En tous les cas en 1564, c'est ici à l'auberge de la Croix Blanche (aujourd'hui simple café), que les 18 et 19 octobre, le jeune Roi Charles IX accompagné de sa mère la reine Catherine de Médicis, du duc d’Anjou futur Henri III, du jeune prince de Navarre futur Henri IV et des cardinaux de Bourbon et Guise de Montmorency passèrent la nuit.

Le cortège venait de Salon de Provence où Catherine de Médicis venait de consulter Nostradamus qui leur avait prédit la fin des Valois, et la montée du jeune Henri de Navarre sur le trône de France.

Bon et si on allait y boire un café en souvenir de tout ce beau monde...

Source et extraits : plaquette touristique Lambesc cité de caractère / visite de la ville.


L'ancienne Auberge de la Croix Blanche.


Vue vers Aix, je ne résiste pas... c'était mieux avant non ? Image réactive.


La Rue Grande et une Suze. Photo Claude.K


L'hôtel et Café du Lion d'Or. Image réactive.

Entre le XVe et XVIIIe siècle, à Lambesc, la profession d'aubergiste, de logeur, ou de cabaretier est l'une des professions les plus représentées, car la ville tire avantage du Grand Chemin Royal,
que doivent obligatoirement emprunter voyageurs, militaires ou commerçants.
Véritable ville-étape, Lambesc possédait au XVIIIe siècle pas moins de 18 établissements, pour certains des logis ou des auberges, pour d'autres de simples cabarets ou débits de boisson.
Hormis la célèbre auberge de la Croix Blanche, on y trouvait Le Lion D'or, l'Ecu de France, Le Cheval Blanc, Le Chapeau Rouge, la Croix d'Or, Le Petit Paris, ou encore la Fleur de Lys.

Source et extraits : Lambesc sous l'ancien régime (1692 - 1789)

Nous voici dans les faubourgs de sortie de ville, l'avenue Badonviller tout d'abord, puis la route d'Avignon.
On pourra s'étonner d'une rue au nom d'une ville de la région Grand-Est au cœur même de la Provence.
Mais ce serait oublier que de 1453 à 1688, la baronnie de Lambesc appartenait à la maison de Guise, qui comme nous l'avons vu à Orgon, était une branche de la maison Lorraine.
Ceci explique cela.


Plaque de cocher avec les distances au mètre près. Photo Claude.K

A la sortie de la ville, la petite chapelle St Roch construite en 1643, s'élève à l'emplacement d'une ancienne léproserie.
Sous la Révolution, la chapelle est vendue comme Bien National.
La chapelle appartient aujourd’hui à la commune qui en laisse la jouissance à l’église Protestante pour la célébration du culte.


La chapelle St Roch, une vielle dame de 375 ans. Image réactive

Après l'allée de platanes, nous retrouvons la jonction nord avec la rocade de contournement de 1967.
La boucle est bouclée.

Retour à l'embranchement Sud.

Comme entre Orgon et Sénas, ou encore entre Sénas et Pont Royal, il y eu entre Lambesc et St Cannat un tracé de route bien antérieur à celui de notre route nationale.
Le bien nommé vieux chemin de Lambesc se parcourt toujours aujourd'hui.
Il débute à la jonction des routes D7N / D917 au niveau du camping et se poursuit en contrebas parallèlement à la route nationale, à travers champs et vignes jusqu'au centre de St Cannat.


Le vieux chemin de Lambesc à St Cannat.

Laissons là le vieux chemin, peu carrossable de nos jours, et continuons par la RN 7

En route -

Entre Lambesc et St Cannat, la ligne de chemin de fer ne recroisait plus la RN 7.
Les deux voies poursuivaient leur itinéraire presque côte à côte en direction de St Cannat.


Oui oui, ça existe encore en 2018. Cette nationale 7... quelle belle route !

Une belle ligne droite d'environ 3 km nous conduit vers St Cannat, le temps pour nous de reprendre les carnets de route du Physicien De Saussure :


Au XVIIIe siècle, le moyen de locomotion usuel reste le cheval.
En 1780, les chevaux qui tirent le cabriolet de De Saussure sont dételés à chaque relais de poste et quand les circonstances le permettent.
Ils sont remplacés par des chevaux frais, ou du moins reposés.
Mais les chevaux de rechange ne sont pas toujours au rendez-vous.
Obligeant à attendre parfois si longtemps, que l'on constate que les anciens ont eu tout loisir de reprendre leur forces et qu'on reparte avec eux.


Source et extraits : Lambesc sous l'ancien régime (1692 - 1789), une principauté de Provence oubliée. Auteur Luc Comptone aux éditions Dumont Castells 2008.



Arrivée du vieux chemin de Lambesc à St Cannat. Photo Claude.K

 

St Cannat Km 0744

Au Ve siècle, Canus Natus le fils du gouverneur Romain d'Aix, vivait retiré en ermite, dans un lieu nommé Sauzet.
Sollicité pour être évêque à Marseille, il déclara n’accepter cette charge que si le vieux roseau desséché qui lui servait de canne reverdissait.
Le miracle s'accomplit et le vieux roseau reverdit.
Cannus Natus devint évêque de Marseille.
Il demanda à être enterré sur son lieu d'ermitage au Sauzet.
On y édifia une chapelle autour de laquelle se regroupèrent quelques maisons.
C'est ainsi que naquit le hameau de Saint-Cannat

Le tremblement de terre du 11 juin 1909 a marqué cruellement les pierres de Saint-Cannat et de tout le canton.
A cette catastrophe, les villages voisins de Rognes et Lambesc restent associés, ainsi que Vernègues qui garde encore les ruines de son vieux village détruit.
A Saint-Cannat, on devine pourtant à peine ce que fut ce désastre, puisque la ville a été entièrement rebâtie.
Mais les murailles médiévales, les châteaux, les belles maisons de la Renaissance, les vestiges laissés par l'Ordre du Temple, les ruelles étroites, les remparts et arcs des anciennes portes et toutes les constructions du passé sont à jamais perdus...

https://www.saint-cannat.fr

En route -

La première partie de St Cannat, mise à part son cimetière est de construction plutôt contemporaine.
On notera toutefois la présence, sur notre gauche, de la maison du garde barrière de la fameuse ligne de chemin de fer Aix - Salon, construite en 1903, qui de Lambesc à St Cannat longeait la route nationale 7.
Ici, le passage à niveau ne concernait donc pas la RN 7, mais "le chemin de la maisonnette" qui passe derrière.


A l'entrée de St Cannat, la maison du garde barrière.


Après 24 ans de bons et loyaux services en bordure de nationale 7, Le Relais Fleuri change de propriétaire en 2008,
pour devenir Le Sauzet un restaurant de cuisine traditionnelle.
Nouveau changement en 2014 Les Braises Rouges propose aujourd'hui grillades et pizzas. Image réactive.


A ses débuts, le relais Fleuri fait également station-service. Image réactive.


Ce mur peint est aujourd'hui ré-enduit, la publicité a totalement disparu.

Sympas et agréables, les faubourgs et le centre ville ont conservé leurs platanes.
Si la ville a perdu beaucoup de son patrimoine bâti à la suite du tremblement de terre de 1909, elle conserve tout de même son petit patrimoine.
En témoignent les très nombreuses fontaines qui jalonnent les rues et les quartiers.


Une fontaine au fond d'une cours secrète, d'une allée cachée, ou d'un passage dérobé ? ... non ! juste en bordure de route nationale 7.


On arrive à l'intersection de la route nationale 7 avec la route de Salon de Provence, où se dresse la statue du Bailli de Suffren.

Pierre André de Suffren, Vice amiral, Bailli et Commandeur de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, est né le 17 juillet 1729 à Saint-Cannat.

La statue financée par le Fond National d'Art Contemporain est l'œuvre du sculpteur Elie-Jean Vézien. Elle est inaugurée en 1951.

à gauche : Le Balli de Suffren, l'enfant du pays.

http://salonpatrimoineetchemins.fr/upload/suffren.pdf


Vue en direction d'Avignon / Lambesc (RN 7, à droite) ou Salon et Arles ( RN572 à gauche).
Depuis1951, la statue du Bailli de Suffren se dresse à cette intersection. Image réactive.


Nous sommes au carrefour des deux axes routiers, quelques jours après le tremblement de terre en 1909. (vue en direction d'Avignon)
St Cannat enterre ses morts. La statue du Bailli de Suffren n'occupe pas encore le carrefour.
On remarque à la place, la présence d'une colonne de pierre faisant office de borne routière.
Elle est surmontée de deux plaques de cocher montées en vé. Une pour chaque direction.
Image réactive.


Entre la colonne et la statue du Bailli en 1951, il y eu la Borne Michelin


30 mètres Calme, Hostellerie Bailli de Suffren. Trop dangereux, l'arbre mangeur de plaque a été abattu.


Abordons maintenant la place de la république, ancienne place Suffren, face à la mairie.

Au XVIIème siècle, la famille Covet de Marignane construit ici le Château-Neuf .
Appuyé contre le rempart, il s'agit d'un des premiers édifices élevés extra-muros.
Acquise par les Bruny de la Tour d’Aigues, cette bâtisse imposante est par la suite transmise par mariage à la famille des Suffren.

C'est dans cette demeure que le 17 juillet 1729 naît Pierre André de Suffren, futur Amiral et Bailli de Suffren.
Confisquée à la Révolution, la demeure devient Bien National et sera transformée en auberge à l'enseigne de "La Mule Blanche", puis au "Berceau du Bailli de Suffren".

Fortement endommagée par le tremblement de terre du 11 juin 1909 , la bâtisse natale de Suffren est rachetée par la municipalité, pour finalement être détruite et remplacée par le bâtiment de la mairie actuelle.

Photo Claude.K


La mairie de St Cannat vue de profil. Maison natale du Bailli de Suffren. Image réactive


Vue en direction de Lambesc et Avignon. Place de la République. Image réactive

Après la place de la république, on s'engouffre dans l'avenue Camille Pelletan.
Peu commerçant, moins vivant, ce faubourg de sortie de ville conserve néanmoins un beau patrimoine immobilier que l'on devine, par endroit, très anciens.
Avec un peu d'imagination, on se croirait presque revenu au temps de la poste aux chevaux ...

A hauteur du numéro 20 justement, une vieille bâtisse à laquelle est accolée une charmante fontaine.
Nous sommes devant l'un des anciens relais de poste de St Cannat et la fontaine se nomme la Fontaine de l'amandier.


Le relais de poste et la fontaine de l'amandier. Photo Claude.K


La Fontaine du Relais de Poste. Photo Claude.K

On file maintenant vers la sortie de St Cannat en direction d'Aix.
Les vieux logis aux pierres apparentes et aux portes cochères font maintenant place aux programmes immobiliers récents.


Les anciens logis de l'avenue Camille Pelletan.


Station moribonde à l'époque de cette photo, aujourd'hui station fermée.


En face de la station service principale, l'antenne satellite pour l'autre sens de circulation.

Une voie Royale aujourd'hui Buissonnière.

A n'en pas douter, en consultant les cartes et plans de diverses époques, on s'aperçoit qu'il existait, au sortir de St Cannat, un ancien chemin Royal dont le tracé différait légèrement de celui de notre RN7.
Il débutait sur la gauche, au niveau du satellite de la station service dont on distingue encore les pistes de bitume et le socle support des pompes à essence.
Aujourd'hui impossible à suivre, sauf sur une courte portion, il longe parallèlement la route actuelle jusqu'à rejoindre le hameau de La Pile.


Sur ce cadastre de la région de St Cannat, la route nationale 7 existe déjà.
Parallèlement on découvre le vieux tracé, qui en 1838 porte déjà le nom "d'ancienne Grande Route".
Les deux tracés rejoignent le Hameau de La Pile.


On peut toujours suivre l'ancienne voie Royale sur quelques centaines de mètres .

En route -

La route quitte St Cannat et longe maintenant la zone industrielle du plateau de "La Pile".
Ce pôle d’activités, tous secteurs confondus (industries, services, commerces, BTP…), regroupe une centaine de sociétés pour 700 salariés.

Nous avons vu que le tracé de l'ancienne voie Royale, ainsi que celui de la RN7, traversaient à l'époque le hameau de La Pile, composé principalement de deux corps de logis.
Difficile de savoir réellement quand notre route actuelle se détourna définitivement du hameau. Pour ma part je pencherai pour le courant des années 1940.


Vue satellite du hameau de La Pile et de sa déviation. Image réactive.
En blanc, le tracé de l'ancien Grand Chemin, en rouge celui de la RN7 originale.

A partir du XVIIIe siècle, le hameau de La Pile est une étape importante sur la route, puisque c'est ici que se situe l'auberge et le Relais de Poste.
La Pile en provençal, désigne une pierre creusée pouvant alors servir de mortier, d'évier, de réserve à huile, ou encore d'abreuvoir.


Cadastre de 1836

Le hameau est alors composé principalement d'un corps de logis imposant et d'une vaste bâtisse faisant office d'écurie et de remise.
La route Royale, puis Nationale passe entre ces deux bâtiments.
L'arrière du bâtiment des écuries est toujours bien visible de la déviation.


Les écuries du Relais de La Pile.


C'est interdit, vous voilà prévenu. Photo Claude.K

Aujourd'hui la propriété est privée, mais ce jour là, les propriétaires ont bien voulu nous accorder une discrète visite du lieu.

Alors Scoop !! marquons l'arrêt sur la pointe des pieds pour ne pas déranger l'honorable domaine !


Le portail d'entrée de l'auberge, ainsi que l'abreuvoir de pierre, la fameuse Pile provençale. Photo Claude.K


Le Relais de la Pile dans toute sa splendeur. Photo Claude.K

La Pile - Septembre 1784 :

Au retour de sa campagne des Indes en 1784, le Bailli de Suffren voulu revoir les lieux où il avait passé son enfance en Provence.
Il prit la route de St Cannat accompagné des nègres et des Indiens qu'il avait amenés pour la culture du coton.

A cette nouvelle, la population du village, le curé en tête, se porta en entier à la rencontre du grand homme qui s'était arrêté à l'auberge, autrefois si connue, de La Pile pour y dîner.
Quelle joie d'entendre parler autour de lui cette langue provençale si harmonieuse pour ses oreilles, de revoir ces bonnes figures de paysans sur lesquelles il cherchait à reconnaître les compagnons de son enfance.

Sur son épaule se tenait perché un perroquet fort irrespectueux pour l'habit de l'amiral, et rongeant sans façon le fameux feutre gris à larges bords qui avait vu tant de combats.
Suffren d'un embonpoint excessif, était, en effet peu soigneux et même très négligé dans sa toilette.

Extrait : Le Bailli de Suffren dans l'Inde par JS Roux 1862


Entre l'auberge à droite et les écuries à gauche, passait la Route Royale. Photo Claude.K


Les écuries. Photos Claude.K


L'ancienne route nationale 7 vue en direction de St Cannat. Photo Claude.K

En Route -

Quittons à regret ce lieu historique et poursuivons notre route sur quelques hectomètres encore.
Sur la gauche, cachée sous les pins, une petite maisonnette aujourd'hui abandonnée.


Les souvenirs fantômes ont à jamais déserté ce lieu.

Approchez vous et tendez l'oreille. Chutt.. écoutez bien !

Entendez vous le bruit des boules de pétanques qui s'entrechoquent sous la pinède ?
Le cris des gamins qui jouent à cache cache entre les caravanes et les tentes ?
La musique d'un transistor posé sur une table pliante ou la conversation des femmes faisant la vaisselle au bloc sanitaires ?

Bienvenue à l'International Camping !

Un de ces petits campings franchouillards, ouvert vers les années 50 et qui connut son heure de gloire durant les années 1960/70.
Un camping familial, sans prétention aucune, mais avec le confort nécessaire pour une clientèle encore peu regardante à l'époque.


En attendant la Grande Bleue, goûtons les joies du camping sous la pinède Provençale.

L'affaire périclitera durant les dernières décennies du XXe siècle.
Elle ne se relèvera pas de cette ère de pression fiscale, de mise aux normes perpétuelles et des nouvelles exigences de clients qui maintenant ne conçoivent le camping que sous le toit d'un mobil home,
occupés par tout un tas d'activités bruyantes et remuantes.

C'en est fini du bon vieux camping à la papa.

Les campeurs d'antan ont depuis bien longtemps replié leur toile de tente et les joueurs de pétanques ont à jamais abandonné leur terrain de jeu favori.

A quelques mètres de là, un vieux de la vieille sur la RN7, "Chez Panisse" a failli connaître le même sort que son ami d'en face, le vieux camping.

Depuis 2017 la désuète Pizzeria retrouve un nouveau souffle, sous la houlette du chef Nicolas Bottero, elle devient même un restaurant gastronomique.

Le Mas Bottero.

En route -

C'est pas tout ça, mais on discute, on discute et on ne voit pas les kilomètres défiler.
Nous arrivons au terme de notre étape, à 50 km du pont de Bonpas et à 750 km du point zéro du parvis de Notre Dame de Paris.

Mais avant que je ne vous dépose, pourquoi ne pas aller faire un tour au Village des automates, dont on aperçoit quelques attractions sur la gauche, dans la pinède.


Le village des automates, à l'époque un parc encore un peu naïf

Bernard Brémond a créé le village des automates en avril 1986.
Son père tenait un commerce d'emballages au centre-ville d'Aix. Lors d'un salon, il rencontra un créateur d'automates, lui en achèta deux pour les exposer dans sa boutique.
Devant le succès rencontré auprès des commerçants et des passants du quartier qui lorgnaient sa vitrine, il en acquiert d'autres.
Puis se lance dans la rénovation et la fabrication d'automates.
La collection prend de l'ampleur et afin de pouvoir les stocker, il achète un terrain en bordure de RN7 à Saint-Cannat.

Dans les périodes creuses, son fils sort les automates dans le parc la journée avant de les rentrer le soir.

Les passant sont une nouvelle fois intrigués, amusés.
L'idée de créer un parc de loisirs en plein air va alors germer.

Sources et Extraits de l'article : La Provence : Pays d'Aix : les parcs de loisirs ne connaissent pas la crise. Par Aurélie Féris

Aujourd'hui ce parc d'attraction rivalise avec les plus grands.... ou presque, c'est pas Disney non plus !

http://www.villagedesautomates.com

Allez cette fois-ci, je vous dépose ici, en bordure de route.
N'oubliez pas votre paquetage !

Bonne continuation et à un de ces jours, sur la nationale 7.

 

Fin de l'étape 15 au Km 0750

 


Le retour au sommaire

Rendez-Vous Nationale 7 @2019