En route -
Après notre passage sous l'autoroute du Soleil, on s'extirpe
doucement de la zone industrielle et commerciale qui tend à s'étendre
irrémédiablement sur les terres autrefois agricoles.
Au menu de ce tronçon de route, parfois des friches
industrielles, encore des stations services et toujours des relais routiers,
pour notre plus grand plaisir.
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Encore une vieille institution, au nom évocateur
de longs voyages routiers.
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Le Bon Temps, anciennement L'interlude. (photo Le Bon Temps).
Toujours sur le bord de la nationale 7, Le Bon Temps,
un restaurant qui derrière une façade, somme toute assez
stricte, propose une bonne cuisine de terroir faite maison.
Le triporteur de Télé Matin s'y est arrêté,
et Le Bon Temps figure au guide Michelin 2019. Une bonne surprise
et une bonne adresse.
Un peu plus loin, au cœur d'une plaine de la Durance
qui se voulait jusque là normalement plane, on découvre
un étonnant paysage.
Une petite côte, au sommet de laquelle la route semble avoir été
taillée à même la colline.
La carte indique que nous sommes au "Pas des Lanciers".
Souvenez vous, nous avons vu qu'après Sénas, le tracé
de notre route nationale suivait l'itinéraire d'un ancien sentier
piétonnier qui passait par le détroit de Méjean.
Hé bien, ça a changé de nom, mais nous y sommes.
N'en doutons pas, à l'époque du sentier,
le détroit n'était pas aussi large.
Vers 1820, les ingénieurs des Ponts et chaussées auront
tôt faits d'élargir le défilé, pour laisser
place à la nouvelle Route Impériale.
Le Pas des Lanciers, ou l'ancien détroit de Méjean.
Ne vous perdez pas en conjecture !
Rechercher les traces des éventuels soldats "lanciers"
que la nouvelle toponymie du lieu nous suggére aujourd'hui, serait
vain.
En Provençal "Ancié" (avec un
A ) signifie difficulté, épreuve ou danger.
Il s'agirait donc d'un passage (le pas) techniquement difficile, voir
dangereux si quelques malandrins cachés par les pans rocheux
de la colline y attendaient les voyageurs pour les détrousser.
Toujours en Provençal, le terme "Encié"
(avec un E ) signifie faille ou entaille.
Dans ce cas il s'agirait d'une brèche formant passage dans la
colline.
Si ces deux termes correspondent effectivement bien à
la géographie du lieu, nul ne sait plus aujourd'hui à
quel Ancié /Encié Provençal il est fait réellement
référence pour l'actuel Pas des Lanciers.
La lande écossaise ? Non, le Pas des Lanciers !
D'ici on aperçoit mieux l'entaille dans la roche qui laisse passage
à la route nationale 7.
On poursuit encore quelque peu, jusqu'à apercevoir
sur la gauche, une série de murets dont le mur central, un peu
plus haut, rappelle vaguement celui de la pelote Basque.
Mais où ai-je donc fourré la Chistera ?
Ah ! c'est pas un mur pour jouer à la pelote ? Image réactive.
Les plus vieilles sources médiévales révèlent
que le plus ancien co-seigneur du lieu se nommait Pontius de Malamorte,
premier consul des Comtes de Provence en 1150.
En tous les cas, comme le dit si bien l'office du tourisme
de Mallemort :
" Mallemort conserve la mémoire d'une tragédie
ancienne, ancrée dans l'histoire et oubliée des vivants."
La seule ville de France dont le blason est une tête de mort.
https://armorialdefrance.fr/page_blason.php?ville=1539
Le village de Mallemort est ce qu'on appelle un village
impacté par la route nationale7 car celle-ci ne le traverse pas
vraiment.
Nous resterons donc en périphérie du centre bourg.
En route -
Nous arrivons à la Croisière, aujourd'hui
quartier Douneau.
La Croisière, le nom de la localité n'est pas anodin puisque
c'est ici que la vieille route de Mallemort (voir sortie de Sénas)
rejoint le sentier pédestre devenu depuis route Impériale
puis route Nationale 7.
A la croisée des chemins, on retrouve notre Vieille Route
de Mallemort et la Croix de Mission.
Photo Claude.K
Aujourd'hui, à la croisée des routes il
y a une station service : le Relais Douneau.
Jusqu'en 2010 environ, la station-service se faisait remarquer
en exhibant sur son toit, une dépanneuse.
Pas un jouet, mais une vraie dépanneuse !
Aujourd'hui, la dépanneuse a retrouvé le plancher
des vaches, du coup c'est moins fun.
Ouverte au milieu des années 1940, cette station
a conservé toute l'architecture de son époque.
Et c'est tant mieux pour nous !
Allez hop, le plein svp !
Avec un peu d'imagination on se croirait presque retourné
quelques décennies en arrière.
En route -
Je vous le disais un peu plus haut, ici les platanes sont dangereux.
Ils digèrent la ferraille.
Aujourd'hui un malencontreux, mais volontaire coup de peinture a effacé
la plaque. Dommage !
Sur ce mur on vous le dit : "Visitez Nîmes". Image
réactive. Photos Claude.K
La nationale 6 avait son exposition extérieure des Poteries
d'Accolay. La nationale 7, son show room des cheminées de Mallemort.
;-)
On ne tarde pas à franchir le canal de l'Edf, construit
en 1964.
Le canal de l'EDF, ou canal usinier de la Durance, est un canal d’irrigation,
d’adduction d’eau potable et de production électrique
construit par Électricité de France pour dériver
une partie des eaux de la Durance.
Il est long de plusieurs centaines de kilomètres, dont 120 km
environ dans les Bouches-du-Rhône, pour un dénivelé
de plus de 655 m. (wikipédia)
Ce canal porte tout simplement le charmant nom de Canal EDF :-((
Encore de belles lignes droites, encore de beaux alignements
de platanes jusqu'à Pont Royal, commune de Mallemort.
Photo Claude.K
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Pont Royal
Km 0730
Relater l'histoire de Pont Royal n'est pas chose
facile, tant les archives sont succinctes, rares et difficiles
à réunir.
Alors regroupons les éléments et essayons tout de
même.
Le hameau de Pont Royal est un quartier excentré
de Mallemort, qui semble s'être développé
à partir du XIIIème siècle autour du Moulin
de Vernègues, qui servait de moulin à grain à
la seigneurie de Vernègues.
Le moulin appartenait alors à l'Archevêque d'Arles.
Au début du XVème siècle, le
roi de France honore la Maison Damien originaire du Piémont,
en octroyant au cardinal Pierre Damien la seigneurie de Vernègues
ainsi que son Moulin.
Le Roy René, duc d'Anjou, en bon voisin,
aime à venir chasser et ripailler sur ce domaine seigneurial.
Sur le chemin royal menant au domaine, on construit un pont pour
faciliter le passage des équipages royaux se rendant à
la chasse.
Le pont donnera son nom au hameau : Pont Royal.
En 1560, le Moulin de Vernègues devient propriété
de la maison de Sade.
Les de Sade sont une famille subsistante de la noblesse Française
d'origine Provençale qui compte parmi ses membres des hommes
de lettres, des hommes politiques, des magistrats, des évêques
et des militaires. Le divin et néamoins sulfureux Marquis
de Sade étant le plus connu.
Sous Louis XIV, le Moulin prend le nom de Bastide Saint Louis
et passe aux mains des moines Chartreux de Bonpas.
A la Révolution française, le Domaine
est morcelé en 32 lots.
Transformé en Relais de Poste pendant près
d'un siècle, le Moulin de Vernègues passe ensuite
entre les mains de diverses familles. |
Sources et extraits :
http://www.domainedepontroyal.com
http://www.mallemortdeprovence.com/fr/
https://www.rhone-medieval.fr
Maintenant, essayons de faire coller l'histoire du hameau
à la réalité, et lançons nous à la
recherche des éléments préservés des siècles
passés.
En route -
Le canal de Craponne, conçu de 1554 à 1559 par l'ingénieur
de la Renaissance et gentilhomme provençal Adam de Craponne.
Le canal de Craponne vu du pont
On franchit, sans s'en rendre compte, le pont du canal
de Craponne dissimulé par la verdure, pour ensuite longer sur
notre droite un long corps de logis terminé par une bâtisse
aux volets rouges sang.
L'ancien relais de poste, côté derrière d'auberge.
Il s'agit de Château Pont Royal, Relais de la Poste
aux Chevaux, ouvert après la fermeture du premier Relais qui
était situé au Moulin de Vernègues (un peu
plus loin).
Aujourd'hui Château Pont Royal, est une résidence de prestige
pour séminaire, réception ou événement d'exception.
Le Château Pont Royal est une propriété
familiale du XVIIe Siècle appartenant à la famille Jauffret
depuis maintenant 300 ans.
Le relais de poste situé sur l'axe postal Paris
Antibes connut une grande activité de 1740 à 1890, date
qui vit l’arrivée du chemin de fer.
Le lieu est composé d’un corps de logis central,
d'une Maison de Maître édifiée sur trois niveaux,
d'un parc avec bassins et fontaine.
La façade a été remodelée au XVIIIe à
la manière des bastides Aixoises.
On compte également une auberge avec sa cuisine d’époque
et sa cheminée provençale, ses chambres, sa salle à
manger et sa petite cave voûtée qui abrite encore aujourd’hui
des bouteilles de vin produites par les différentes générations.
Les écuries et un pigeonnier du XVIe sont conservés en
l’état avec voûtes de pierre, auges et râteliers.
Un poulailler en pierre de taille, mais aussi l’atelier du bourrelier
et la vieille forge du maréchal ferrant complétaient l’activité
de ce relais.
Les vignes et la cave aux grandes voûtes assuraient le vin servi
aux nombreux voyageurs.
Cet ensemble donna naissance au lieu dit Pont Royal après
que Louis XV traversa le pont qui enjambe le canal de Craponne longeant
la propriété du Relais de Poste.
En 1958, les bâtiments sont restaurés, et
la famille Jauffret en digne héritière du maître
de poste, transforme l’ancien relais en salons de réception
de grand prestige.
Source et extraits : https://www.chateaupontroyal.com
La cour et l'auberge du Relais de Poste.
Il semblerait dès lors que deux versions se disputent
l'origine du nom du hameau. (si vous avez suivi l'histoire depuis
le début)
D'un côté le vieux relais de poste du Moulin
de Vernègues et le pont construit sur le chemin de chasse du
Bon Roi René, de l'autre le second relais de poste et le pont
sur le canal de Craponne emprunté par le roi Louis XV.
Deux relais, deux rois, deux ponts, mais un seul et unique toponyme.
Je vous laisse le choix des hypothèses.
En route -
Pont Royal s'est donc construit autour de ses relais,
de ses auberges et autres hostelleries.
Une étape provençale sur le chemin de Paris à Antibes.
A propos de chemin, Pont Royal conserve ce qui est sans doute l'ancêtre
de nos panneaux indicateurs.
Dans une circulaire du 5 novembre 1833 adressée
aux préfets, l'administration des ponts et Chaussées préconise
la pose de panneaux indicateurs signalant les directions à l'entrée
des villes, bourgs et villages,
ou à l'embranchement des routes si ceux-ci sont éloignés
de toutes habitations. (Annales des Ponts et Chaussées, lois
ordonnances et autres actes)
Face au relais, une plaque de 1833, ancêtre de nos panneaux
indicateurs et de nos plaques Michelin. Photos Claude.K
Vue en direction d'Avignon, à une époque où l'on
ne craignait pas la concurrence. Image réactive.
Restaurants, Hôtels, Bars et Stations-service se partagent la
route.
La désertification des villages ne connaît pas la crise
. Il y en aura pour tout le monde.
Aujourd'hui, il ne viendrait plus à l'idée du propriétaire
des lieux de disposer tables et chaises en bordure de route, presque
sur la chaussée.
Mais les tables et les parasols colorés ont la vie dure. Tant
mieux !
Image réactive.
L'annexe de l'hôtel restaurant Le Provençal, côté
station service.
La station Shell semble fermée. Image réactive
A la sortie du village, on aperçoit encore une station-service.
Image réactive.
Difficile de savoir si cette plaque directionnelle est positionnée
à son emplacement d'origine.
Elle affiche les mêmes indications précises, au mètre
près, que la plaque située à l'entrée du
bourg.
Mise en place après la circulaire de 1833 elle faisait peut-être
office de plaque de cocher.
Le Garage Bonnet (hangar du centre) et sa station-service au fond.
Aujourd'hui des hangars anodins. Image réactive.
Jusqu'en 2012, ce hangar abritait une collection de vieilles bagnoles
laissées plus ou moins à l'abandon. Etonnant !
Une dernière bâtisse dont les pignons servaient de support
publicitaire. Seule la réclame pour Schneider est identifiable.
Photo Claude.K
Ah ! La vieille pierre ! Des siècles passés en bord de
route et toujours debout !
La même bâtisse côté sud. Photo Claude.K
En route -
On quitte Pont Royal, qui décidément s'est
bien embourgeoisé depuis le XVe siècle.
Après Château Royal, résidence de grand prestige
occupant désormais les locaux de l'ancien Relais de Poste, nous
approchons du Golf International de Pont Royal.
Le parcours de Golf, un 18 trous, a été
conçu dans les années 1990 par le champion Espagnol, Severiano
Ballesteros.
Il se trouve au cœur d'un domaine de 183 hectares.
Ici on parle Caddie, Green, Practice, Overswing et Handicap...