ETAPE 16 : de St Cannat (750 km) à St Maximin la Ste Baume (800 km)
01/05 [ Début étape] Sortie St Cannat - Lignane - La Calade - Célony - Aix en Provence (première partie) → |
Chic, une nouvelle étape et elle débute exactement là où nous nous étions arrêtés précédemment, à hauteur du Village des Automates, à la sortie de St Cannat. (Voir fin de l'étape précédente).
Pour Rappel, déclassement de la route nationale 7 : par
la réforme 2005 , dans le département des Bouches du Rhône,
la nationale 7 prend l'appellation de D7N,
renumérotation spéciale propre à ce département
et à celui du Var, pour rester au plus proche de son appellation d'origine.
Sans doute la renumérotation la plus pertinente que nous ayons rencontrée
depuis Paris.
En route -
Nous voici en route, sur une D7N rectiligne, bordée de part et d'autre par la pinède et les vignes Provençales.
Avouons le, on a connu des paysages beaucoup moins idylliques.
Lignane, situé au carrefour des routes de Rognes et Eguilles, n'est qu'un hameau noyé au milieu d'une petite zone d'activité. A peine le remarque-t-on.
Au XIVe siècle, Lignane fut détruit par celui que l'on appelait le "Fléau de Provence", Raymond de Turrenne Capitaine des Armes du Comtat Venaissin.
Dans leur livre "Deux gourmandes en pays d'Aix (1984)"
Muriel Escalle et Élisabeth Marchessaux racontent l'histoire d'une
source miraculeuse à Lignane, une source, où les jeunes aixoises
allaient en pèlerinage en période de sécheresse.
On priait alors la vierge dans une cavité de la source tarie, et la
pluie soudain survenait...
Aujourd'hui, la source est définitivement asséchée après les travaux du canal de Provence.
Que nous reste-il ?
Sur la droite, le vieux café-resto-routier à la
terrasse ombragée est définitivement fermé.
Sur la gauche, l'Auberge Espagnole, une vieille bastide que l'on croirait
tout droit sortie de l'époque du Fléau de Provence, propose
un mélange hétéroclite de brocante, d'antiquité,
de décoration , de traiteur avec terrasse et tapas.
Déjà signalée sur les cartes d' Etat Major comme l'Auberge
neuve, la bastide n'a pas pris une ride.
L'Auberge Neuve au début du siècle dernier et l'Auberge
Espagnole aujourd'hui. Image réactive. Photo Claude.K
A la sortie de Lignane. Mur Peint Suze, comme quoi en Provence, il n'y a pas
que le pastis.
En route -
On quitte Lignane, toujours en ligne droite, direction La Calade.
Il existe, ici aussi (voir étape précédente),
un tracé de route bien antérieur à celui de notre route
nationale, déjà nommée "ancienne route de Paris"
sur le cadastre Napoléonien (milieu du XIXe siècle).
En mal de parcours bucolique ?
Alors, à la sortie de Lignane, à hauteur de l'arrêt de
bus, prenez à gauche, pour emprunter sur près de 2 kilomètres
cet ancien chemin carrossable, ancêtre de notre route nationale.
Sinon, poursuivons par la route principale.
La campagne Provençale disparaît peu à peu et se laisse
envahir par les entrepôts et les panneaux publicitaires de la zone d'activité
commerciale.
Déplaisante agression visuelle, nous approchons d'Aix et le paysage
s'en ressent.
Sur la gauche, le récent Musée du Calisson, confiserie
du Roy René, nous fait du gringue.
Allez un petit arrêt friandises, la visite est gratuite et il y a une
boutique.
La confiserie du Roy René, musée du Calisson.
Difficile au passage de faire l'inventaire des établissements fermés ou disparus le long de la route d'Avignon.
Certains pourtant ont la vie dure..
Le Tourangeau, un ancien relais routier sur la Route d'Avignon. Image
réactive.
Le carrefour suivant, va hélas nous détourner
du tracé originel de la route nationale 7.
Depuis octobre 2017, une déviation permet de contourner le bourg de
La Calade, mais surtout de franchir sans danger la voie ferrée Lyon/Marseille
via Grenoble.
En jaune, la route actuelle (D7N) et la déviation.
En rouge, le tracé originel de la RN7.
En bleu l'ancienne route de Paris et d'Avignon.
Pointillés noirs la ligne de chemin de fer.
L’ancienne route nationale 7 que l’Etat a transférée
au Département le 1er janvier 2006 dans le cadre de la loi du 13 août
2004, comprenait un passage à niveau au lieu dit La Calade, à
l’ouest d’Aix en Provence.
Auparavant l’Etat en avait l'entière responsabilité.
Suite à la collision d’un bus scolaire avec un train en 1993
qui a fait 4 morts (3 enfants et le chauffeur du car), l’Etat a entamé
des études pour la suppression de ce passage à niveau.
(Extrait Plaquette Bouche du Rhône Opération routière structurantes.)
Construction de la nouvelle déviation de la D7N. Photo Claude.
K . juin 2015
Le contournement de La Calade est aujourd'hui obligatoire, mais
rien ne nous empêche d'aller y faire un tour.
Direction ZA Calade Nord.
Le nom du lieu-dit La Calade vient d'une convention passée
en 1454 qui ordonne la réfection de la route royale (ancienne route
d'Avignon).
Pour parer aux dégâts causés par la nature marécageuse
de l'endroit et les débordements de la Touloubre, il est décidé
d'y construire un pont mais aussi de calader,
c'est-à-dire paver en galets la dite route à chaque accès
du pont, pour la rendre praticable après le retrait des eaux. (extrait
Wikipédia)
Encore une vieille institution sur le bord de la route, toujours en activité.
Image réactive.
Si vous souhaitez poursuivre le parcours par l'ancienne route
de Paris/Avignon, alors face à l'auberge actuelle de La Calade, empruntez
la petite route sur la gauche qui vous ramènera sur cet ancien itinéraire
interrompu par la déviation.
L'occasion de découvrir à quelques mètres de là
l'oratoire St Louis.
Comme de nombreux oratoires, le petit monument religieux est
édifié à l'intersection de routes, bien antérieures
aux cartes de Cassini du XVIIIe siècle.
La forme curieusement pyramidale de l'édifice pourrait rappeler le
souvenir d'une voie antique, la voie Héracléenne, remontant
au moins au deuxième millénaire avant JC.
L'ensemble était à l'origine surmonté d'un globe
de pierre et couronné d'une Croix Latine en fer forgé. Dans
le cadre : l'oratoire en 1930.
En route -
Pas grand chose à signaler sur ce secteur industriel
qui a tout de même conservé ses alignements de platanes.
Notre route s'arrête désormais soudainement au niveau du passage
à niveau PN106.
Demi-tour vers la déviation, et retrouvons nous de l'autre côté
de la voie ferrée.
L'ancienne route nationale 7 désormais stoppée nette dans
son élan depuis fin 2017. Image réactive.
La portion sud après la voie ferrée.
La déviation retrouve rapidement le tracé rectiligne
de la route nationale 7 en direction d'Aix.
Au loin, apparaît le totem d'une station service, nous voici à
Célony.
Vu sa proximité avec Aix, on pourrait dire de Célony
que c'est un village banlieue qui cherche tout de même à conserver
son caractère authentique.
La naissance de Célony coïncide avec le début de l'exploitation
des fours à chaux et des galeries plâtrières au début
du XIXe siècle.
Le plâtre de Célony était particulièrement utilisé
dans la fabrication des Santons de Provence.
En tous les cas, si les plâtrières sont aujourd'hui
fermées, ce qui se remarque à Célony, c'est le totem
de la station service.
Station service digne héritière des années 50, où
les pétroliers rivalisaient d'ingéniosité ostentatoires
pour se faire remarquer de loin par l'automobiliste.
Célony et son célèbre Totem.
Au début des années 1950 c'est une station service OZO (dont
le Totem était surmonté de l'inscription Mattei), qui occupait
le lieu.
et si l'on remonte le temps, c'était le distributeur local SEM. Image
réactive.
(remerciement à JF Magnac, pour les photos n&b)
La SEM (Société Marseillaise des Essences) :
En 1922, pour faire face à l'afflux de visiteurs de la seconde exposition
coloniale du Parc Chanot à Marseille, un garagiste, Raoul Mattei, a
l'idée de lancer à travers la ville une vague de 200 taxis derniers
cris, les fameux Taxis Verts Mattei.
Raoul Mattei, ne s'arrête pas là. Il fonde un réseau de
lignes d'autocars, les autocars Mattei, qui vont sillonner le département
des Bouches-du-Rhône. Puis il se lance dans la location de véhicules
sans chauffeur, tout en continuant de développer de nouvelles concessions
et de nouveaux garages à travers l’hexagone.
Le groupe Mattei, va devenir au fil des années un véritable
trust Marseillais de l'industrie automobile, surtout dans le département.
Le groupe détient également un petit réseau de distribution
d'essence, la SEM Société des Essences Marseillaise.
En Face de la station, l'ancien Motel Super Aix, aujourd'hui résidence
hôtelière Le Clos de Célony.
A côté de la station service, l'ancien restaurant
Les Routiers, s'est transformé en multi-commerces, brasserie, boulangerie,
cave à vin.
Le Totem étant situé au sommet de la côte, il ne nous
reste plus qu'à entamer la descente.
Après la station service, voici, toujours sur la gauche, le cœur
de ville, un alignement de commerce café, tabac, presse, primeur, pharmacie,
coiffeur, banque ...
Cet ensemble a été construit au début du siècle
dernier pour accueillir les tout premiers ouvriers des plâtrières.
Esthétiquement discutable aujourd'hui, voici le premier immeuble
construit à Célony pour accueillir les ouvriers.
Ça n'a presque pas changé. Image réactive.
En lieu et place de l'actuel parking, il y avait la fontaine-lavoir.
Combustibles, Tabac, Café, Mercerie, Vins.. à chaque époque
ses priorités.
En route -
On quitte Célony pour entamer la descente vers Aix.
La circulation se densifie, les radars sont de la partie.
Un kilomètre après Célony, l'échangeur du quartier "des Plâtrières", permet l'accès à la route nationale 296 en direction de Gap, ou dignes les Bains.
En 1953, la physionomie de ce secteur sera fortement modifié
et le profil de la route sera rectifié.
Auparavant notre N7 amorçait ici une courbe et traversait un îlot
de quelques maisons et commerces situés à proximités
des mines de plâtre.
Vue satellite du quartier de la plâtrière et de son échangeur
routier.
A droite part la N296 en direction de Gap. A gauche la RN7 en direction de
Celony (Nord) ou d'Aix en Provence au Sud. Image réactive.
En 1960 l'échangeur vers la N296 n'est pas encore construit,
seul le tracé de la RN7 a été modifié quelques
années auparavant afin d'éviter le virage de l'ancien tracé
(en rouge)
L'ancienne nationale 7 se termine ici en cul de sac (en direction de Celony).
La Station Service du Roi René.
Cliché 1966 : C'est en 1956/57 qu'une nouvelle station service
fait son apparition à l'angle des deux tracés de la RN7. (flèche
blanche l'ancien tracé, flèche jaune nouveau tracé)
A sa rotonde bien perceptible ici, on devine une station BP. Image réactive.
Cliché 1968 : C'est à partir de 1967 qu'est
construit l'échangeur routier entre les RN7 et RN296 (flèche
rouge),
du coup notre station BP se retrouve à la jonction d'une route supplémentaire.
Pas de photos de cette "récente" station service (pour l'époque), mais 30 secondes d'apparition dans un film.
La station du Roi René dans une courte séquence de 1957
(Ce sacré Amédée - réalisé par Louis Félix)
Cliquez sur l'image pour voir l'extrait.
Et aujourd'hui ? Vu en direction de Celony.
Le quartier est méconnaissable, mais les locaux et la rotonde de l'ancienne
station ont trouvé une autre vocation. Image réactive.
En Route -
Après l'échangeur routier, ne vous étonnez
pas du changement de numérotation de la route D7N en RN 296.
La RN 296 est une ancienne route, correspondant au contour Sud-Ouest d'Aix
en Provence et reliant la RN7/D7N à l'autoroute A51.
Sur une section de près d'un kilomètre, la RN296
intègre la D7N.
Dès que la RN296 amorce un virage, il faudra emprunter la sortie n°8
en direction d'Aix Centre, pour retrouver le tracé de la N7. Vous suivez
?
Il nous faut quitter la RN 296, pour retrouver le tracé de la RN7
Nous voici à Aix En Provence.
Graphie en Français et en Mistralien
Nous voici avenue De Lattre de Tassigny, bordée de platanes,
comme il se doit.
Nous sommes sur l'ancien tracé de la RN7 de Paris à Antibes.
Quelques éléments historiques pour nous situer un peu :
Origine et Période Gallo-Romaine :
Au IVe siècle av. J.-C, la Basse-Provence est occupée
par une confédération de tribus celto-ligures, dont la capitale
politique est l'oppidum d'Entremont, à proximité de Puyricard.
En 123 av. J.-C., à la suite de l'appel des Grecs de Massalia (Marseille)
alliée de Rome, en conflit permanent avec les tribus ligures et gauloises
du voisinage, le consul Gaius Sextius Calvinus prend et détruit l'oppidum
d'Entremont.
En 122 av. J.C., afin d'assurer la sécurité des transports commerciaux
entre Rome et la cité phocéenne de Massalia, les romains abandonnent
le plateau d'Entremont au profit d'un site d'où jaillissent des sources
: Aquae Sextiae (les Eaux de Sextius).
Aquae Sextiae prend de l'ampleur et rassemble une importante population composée
pour l'essentiel des descendants des populations salyennes soumises par Rome.
La ville possède des remparts ainsi qu'un théâtre qui
en font une ville importante dans la région, idéalement située
pour protéger les intérêts romains de la ville de Marseille.
Au fil des siècles, plusieurs quartiers de la ville seront délaissés
et le théâtre antique sera démantelé.
La ville se réorganise.
La période des comtes de Provence :
Alors que la ville d'Aix sort d'une longue période de ralentissement
économique et démographique, les comtes de Provence (maisons
d’Anjou et d’Aragon) décident d'en faire leur nouvelle
résidence en 1189,
au détriment des villes d'Arles et d'Avignon, d'où ils régnaient
naguère.
Cette position de force va non seulement donner à Aix le statut de
capitale de Provence, mais surtout permettre un développement sans
précédent de la ville.
À ce titre, l'installation du roi René, duc d'Anjou, comte de
Provence, roi titulaire de Sicile, au XVe siècle, marque l'âge
d'or de la cité, qui conservera à jamais le titre de «
cité du roi René ».
"Aquae Sextiae" deviendra "Aquis in Provincia" en 1250 puis "Aix en Provence" en 1932.
Sources :
Wikipédia
https://www.aixenprovencetourism.com/decouvrir/aix-en-provence/histoire/
https://www.aixendecouvertes.com
Ancienne Publicité pour le Grand Garage de la Promenade des Anglais
à Nice.
Bon, normalement au programme nous devrions découvrir des vieilles pierres gallo-romaines, des hôtels particuliers, des fontaines et des Cours. Mais pour le moment, l'ancien chemin dénommé autrefois " la montée d'Avignon", actuelle avenue de Lattre de Tassigny jusqu'au rond-point Nelson Mandela, n'est qu'un banal faubourg aux constructions urbaines sans grand sensationnalisme, ni valeur historique. Nous allons le voir, il y eu plusieurs itinéraires
différents dans la traversée d'Aix en Provence. Ainsi l’aspect de la ville a-t-il été totalement transformé au XVIIe siècle, baptisé le siècle Aixois, avec la création de nouveaux quartier, de cours, d'hôtels particuliers de monuments civils et religieux, faisant table rase du passé médiéval de la cité fortifiée. En route - Pour le moment suivons le tracé commun à tous les parcours. Après l'avenue de Lattre deTassigny, on oblique à gauche pour emprunter le boulevard de la République, anciennement le Cours des Minimes. |
Jusqu'au XVIe siècle, la ville est encore confinée
dans son enceinte. Mais à partir du XVIIIe siècle, la démolition
partielle des remparts va encourager le développement de nouveaux quartiers
hors les murs.
Au XIXe siècle, afin d'ouvrir la ville, ce qui restait des murs et
des portes d'enceinte sont totalement détruits.
De nouveaux quartiers sortent de terre. De nouvelles avenues sont créées.
Le boulevard de la République ombragé à
souhait, se fait de plus en plus commerçant à mesure de notre
avancée.
Des hôtels et des cafés terrasses apparaissent à l'approche
du cœur historique.
A l'angle du Boulevard de la République et du cours Sextius,
une plaque de cocher gravée du XIXe siècle, signalant la route
Impériale N° 7, nous sommes sous Napoléon III.
Sur notre droite, plus aucune trace du Casino-théâtre au style Art-Déco, construit en 1923 et symbole architectural du passé thermal de la ville d'Aix.
L'ancien Casino municipal, pourtant classé monument historique, sera
détruit en 2003, victime des nouveaux aménagements urbains.
Couleur et époque différente du même lieu. Image réactive.
Le Casino est tout de même sauvegardé, si l'on peut dire, sous forme d'un projet de conservation numérique, une visite virtuelle en quelque sorte :
http://www.gamsau.map.cnrs.fr/casino/index1.htm
Nous abordons maintenant la courte avenue Napoléon Bonaparte
qui débouche sur la grande place de la Rotonde.
Plus exactement sur la place du Général de Gaulle (anciennement
place de la Liberté) , La Rotonde étant la fontaine monumentale
qui orne le centre de ce carrefour où se croisent les routes vers Paris,
Marseille, l'Italie ou la haute Provence.
Voici donc le "monument" d'Aix en Provence.
Le Cours Mirabeau, colonne vertébrale d'Aix en Provence,
aboutissait au 19e siècle sur une place boueuse et en mauvais état.
Le conseil de la ville décida à cette époque d'embellir
la Place avec la création d'une fontaine symbolisant la ville au centre
de son plus important carrefour.
Inaugurée en 1860, haute de ses 12 mètres et large de 32, la
fontaine montre avant tout la richesse et le génie de la ville, Aix
étant, depuis sa période Romaine, la capitale de l'eau.
La fontaine est ornée à son sommet de 3 sculptures de femmes.
La statue de la justice se situe en face du Cours Mirabeau en direction du
Palais de Justice.
La statue du commerce et de l'agriculture se tourne vers Marseille et toute
la partie industrielle travaillant entre ces 2 villes.
La statue des beaux arts se tourne vers la route d'Avignon et montre l'implantation
des universités supérieures dans la ville.
Sources :
https://www.aixenprovencetourism.com
https://fr.wikipedia.org/wiki/Fontaine_de_la_Rotonde
Restructuration du vieux centre et plan de déplacement
urbain oblige, la rotonde n'en est plus tout à fait une.
En tout cas pour l'automobile, car un bon quart de sa circonférence
permet désormais l'accès piétonnier à la fontaine.
A propos d'automobile, la suite de notre ballade risque fort
d'être compromise car en fonction des jours, et n'ayons pas peur des
mots, de l'humeur municipale du moment, l'accès au Cours en automobile
est réglementé voir interdit.
Le plan de déplacement urbain ayant pour vocation principale de bouter
l'automobile hors de la ville, il faudra donc trouver un onéreux parking,
pour poursuivre à pied l'antique tracé de la route de Paris
à Antibes.
Car c'est ici que notre itinéraire se sépare, entre l'ancienne et la "récente" traversée de la ville.
Poursuivons par l'itinéraire originel, en empruntant le célèbre Cours Mirabeau, à gauche.
Petit historique succinct :
Construit à partir de 1649 à l'emplacement du
rempart sud de la ville, son aménagement fait suite aux projets d'agrandissement
de la ville, voulus par l'archevêque aixois Michel Mazarin,
et à la volonté de propriétaires bourgeois qui réclament
une promenade pour carrosses et piétons.
Les plus grandes familles de la noblesse ont tenu à faire construire
d'élégantes résidences montrant, parfois avec ostentation,
leur réussite.
Simplement baptisé à sa création « le Cours »,
il est renommé « cours Mirabeau » en 1876.
https://www.aixenprovencetourism.com
https://fr.wikipedia.org/wiki/Cours_Mirabeau
Le Cours entre la fontaine de la Rotonde (au fond) et la fontaine des
neuf canons.
En route -
C'est parti pour 440 mètres.
Dès sa création, le cours devient comme prévu
un lieu de promenade.
Réservé à la noblesse, on ne s'y montre que dans son
carrosse ou, lorsqu'on y paraît à pied, on prend soin de ne jamais
se mêler à la bourgeoisie et encore moins aux marchands.
Dès le XVIIe siècle, le côté sud du cours, attenant
au quartier Mazarin, est la propriété de la haute noblesse,
les couches inférieures de la société fréquentant
le côté nord.
À l'entrée du cours Mirabeau, deux statues se
dressent de part et d'autre de l'allée.
Datées de 1883, elles symbolisent au nord du cours (sur notre gauche)
les « Arts et Sciences » , tandis que celle du côté
sud se nomme « Industries et Arts Décoratifs ».
En 1696 le cours est jalonné de 4 fontaines, la première étant celle de La Rotonde.
La seconde fontaine rencontrée sur le cours est la fontaine
des neufs canons, les canons étant ici les tuyauteries projetant un
jet d'eau.
Ce point d'eau est attesté dès le XIIe siècle, alors
situé hors des murs de la ville, il permettait aux troupeau de mouton
de s'y désaltérer lors des transhumances.
On en oublie pas les anciennes publicités peintes, Ici pour le
Petit Marseillais, le journal à un sou.. Image réactive.
Vous l'avez remarqué, le cours est toujours aujourd'hui
divisé en deux bords.
Le côté nord est occupé par les cafés terrasses,
les boutiques diverses et les fast-foods, alors que le côté sud
arbore les façades des hôtels particuliers, et des banques.
La troisième fontaine, La fontaine Chaude, est la plus
ancienne du Cours.
Alimentée par des eaux thermales, sa température est de 18°.
Froid me direz-vous pour une fontaine chaude ! oui mais 18° est la température
constante de l'eau, même en plein hivers.
Du coup, trois variétés de mousses différentes s'y développent,
recouvrant en totalité la sculpture originelle de quatre enfants soutenant
une vasque.
Le cours Mirabeau et sa fontaine Moussue au début du siècle
dernier. Plus loin on aperçoit la fontaine des neuf canons.
Aix a pour seul défaut que l'usage des fosses d'aisance privées n'y existant pas, il faut aller faire ses affaires sur les toits des maisons,
ce qui empuantit fort les logis et même toute la ville, principalement lorsqu'il pleut, l'eau entraînant dans les rues toute cette ordure, de sorte qu'il n'est pas bon de se promener en ces temps là.
Aussi dit-on au pays, qu'à Aix il pleut de la merde comme il en pleut aussi à Marseille et à Arles.Extrait : Une histoire du bon goût / Didier Masseau
L'Hôtel Maurel de Pontevès.
La quatrième et dernière fontaine du Cours, est celle du Roi René, située sur l’emplacement d’une ancienne fontaine en forme de pyramide et détruite sous la Révolution.
pour en savoir plus : http://www.guyliegeois.fr/?p=83
Mais trêve de musardise, nous voici place Forbin, au bout du Cours.
Ne perdons pas de vue notre destination finale, la frontière Italienne.
C'est donc naturellement qu'il faudra poursuivre notre parcours en abordant
sur la droite la bien nommée Rue d'Italie, hommage aux campagnes victorieuses
de l'empereur en Italie.
A l'entrée de la rue d'Italie, ce panneau de bois nous replonge
à l'époque des véhicules hypomobiles et des balbutiement
de l'automobile
Etroite ruelle commerçante, aujourd'hui à sens
unique, la rue d'Italie est une des plus ancienne rue urbaine de France, et
donc la plus ancienne d'Aix.
Pensez donc ! créée dans le prolongement de la voie Aurélienne,
son origine remonte au camp Romain au IIe siècle avant J.C.
Désigné "Chemin de St Maximin et de Toulon" au Moyen-Âge, cet ancien faubourg hors des remparts de la ville, était un quartier populeux et un lieu de passage important, ainsi y trouvait-on de nombreuses auberges.
En route -
Aujourd'hui, vous ne serez pas trop dépaysé, la
rue invite à la flânerie et au shopping.
On y découvrira, le nez en l'air, quelques oratoires et quelques clochers
médiévaux et les ruelles alentours nous inviteront à
l'exploration, à la recherche d'une place secrète, ou d'une
fontaine oubliée.
La ruelle Fernand Dol, sur la droite, est l'ancienne rue du
Bœuf, un ancien chemin public servant de communication entre l'ancestral
chemin de Toulon / St Maximin et celui de Marseille.
C'est une hôtellerie à l'enseigne du Bœuf, établie
avant 1586 qui avait donné son nom à cette rue aujourd'hui rebaptisée.
Le premier relais de la poste de Paris à Marseille, établi à
Aix sous Louis XIII, en 1627, fut placé dans la rue du Bœuf, et
y a existé pendant près de deux cents ans, d'où vient
qu'on a donné quelquefois à cette rue, le nom de rue du Relais.
Extraits : Les Rues d'Aix, par Roux Alphéran - http://clap.jac.free.fr/livre/page%20texte.html
Un peu plus bas, à l'angle de la croquignolette Place
d'Arménie, on retrouve sans trop de difficulté le nom de notre
rue gravé dans la pierre de taille au XIXe siècle.
Une erreur typographique s'est néamoins glissée, due, dit-on,
à " un ouvrier affidé à la mairie, assez ignare,
mais bonhomme d'ailleurs.. "
La gaffe, c'est que l'erreur perdure ainsi depuis des siècles comme
le prouve la plaque de rue du XXe siècle située au dessus. (un
autre ouvrier ignare, descendant du précédent ? ;-).
Source et extrait : https://bibliotheque-numerique.citedulivre-aix.com/records/item/25904-le-memorial-d-aix
Une erreur typographique qui perdure à travers les âges.
La rue d'Italie arrive au carrefour avec le Boulevard du Roi
René et du Cours Gambetta et met fin ici à notre escapade Moyenâgeuse.
Retour à la civilisation présente, pour aborder maintenant une
traversée de la ville beaucoup plus contemporaine.