ETAPE 16 : de St Cannat (750 km) à St Maximin la Ste Baume (800 km)
02/05 |
La traversée contemporaine de la Ville à partir de La Rotonde.
(flèches rouges)
Les restructurations urbaines issues des grand travaux des XVIIIe
et XIXe siècle, ont permis de percer de nouvelles avenues, soulageant
ainsi le vieux centre ville d'une circulation qui devenait de plus en plus
malaisée.
De grandes artères sont ainsi créées. Elles relient les
anciens quartiers aux nouveaux, comme ceux construits autour de la gare en
1877.
Avec l'avènement de l'automobile, les grands garages, les hôtels,
les brasseries et les terrasses vont fleurir tout au long de ces nouveaux
boulevards.
Vue satellite de la place de la Rotonde en 1930. On abandonne le Cours
Mirabeau et l'on emprunte désormais l'Avenue Victor Hugo.
En route -
Direction l'avenue Victor Hugo.
Avenue ombragée aux larges trottoirs et bordée d'immeubles aux
allures XIXe.
Si le garage Central de la place de la Rotonde a depuis longtemps disparu,
ce n'est pas le cas de l'hôtel St Christophe et de sa brasserie Léopold.
Déjà signalé sur le plan de la ville en
1921, le garage Central était situé place de la Rotonde
Saint Christophe est bien entendu le Saint patron des voyageurs,
ce qui explique que l'établissement d'origine était un garage
aux alentours des années 30.
Racheté en 1936 par Léopold Bonnet, le garage est transformé
en restaurant Relais.
En 1956, après avoir fait l'acquisition des étages qui se trouvent
au dessus de leur établissement, la famille Bonnet transforme l'immeuble
en un hôtel restaurant.
La tradition hôtelière perdure toujours aujourd'hui avec, disons
le, une certaine classe.
A l'entrée de l'avenue Victor Hugo. Remarquez les pompes à essence
devant le Relais St Christophe.
Au bas de l'avenue, l'Hôtel Moderne ouvert en 1928, n'existe plus, transformé en immeuble d'habitation.
Le select Hôtel Moderne, judicieusement situé à proximité
de la gare voyageur. Image réactive.
Le Boulevard du Roi René, où l'architecture des
immeubles se fait de plus en plus contemporaine, nous ramène dans le
monde présent.
Un immeuble semble toutefois se démarquer, plus bas que les autres
et rappelant l'architecture XIXe.
Il s'agit du Grand Hôtel du Roi René...Attention pas l'original,
mais plutôt la copie.
Construit en 1927, à l'époque où la ville
pouvait s'enorgueillir de son caractère de ville thermale (agrément
accordé en 1913 par le président Raymond Poincaré),
l'Hôtel du Roy René, comme le Casino-Théâtre, s'inscrivait
dans la logique architecturale des établissements prestigieux dignes
des villes d'eaux.
Palace des Grands de ce monde, Churchill y séjournera avec sa famille en 1948, mais également Saddam Hussein, en 1975, ou encore l'amiral Yamamoto.
Avant la destruction du Casino survenue nous l'avons vu en 2003,
il y eu la démolition intégrale de l'Hôtel du Roy René
en mai 1987.
Ces deux disparations soldaient définitivement le passé thermal
d'Aix en Provence.
Aujourd'hui, sur le même lieu, il est toujours possible de passer une nuit mais se sera au Grand Hôtel du Roi (avec un i ) René, Hôtel de Luxe du groupe Sofitel.
Sources : https://laixois.fr/hotel-du-roy-rene-avant/
L'Hôtel du Roy René, à sa grande époque. Aujourd'hui,
le Grand Hôtel du Roi René. Image réactive.
En route -
On retrouve rapidement le débouché de la rue d'Italie
explorée précédemment.
Emplacement exacte de la porte sud de la ville fortifiée.
Pour mieux comprendre l'évolution de la ville d'Aix au
fil des siècles :
https://www.aixendecouvertes.com/agrandissements-aix/
Gravure de la porte St Jean ou porte d'Italie détruite en 1849
(Bibliothèque Méjanes)
Nous voici à la jonction sud des deux tracés de
notre route.
Avant d'emprunter le Cours Gambetta à droite, jetons un œil à
l'architecture du bureau de poste et du supermarché à l'angle.
Architecture Art-déco, pour l'ancien garage de la Côte d'Azur,
concession Ford vers les années 1960. Image réactive.
En route -
Empruntons le Cours Gambetta, dernière ligne droite à
travers les faubourgs sud de la ville.
Aux grandes heures de l'automobile, les entrées et les sorties de ville
étaient l'occasion de compléter le plein d'essence, de faire
vérifier la pression des pneus ou le niveau d'huile moteur de son véhicule.
On trouvait donc dans ces quartiers, une concentration importante de garages,
carrossiers, stations service et autres concessions automobiles.
Une concentration de garages à l'entrée du Cours.
Si les locaux existent toujours, aujourd'hui ils hébergent mini-market
et pizzeria.
Un peu plus loin sur la gauche, la porte monumentale de l'ancienne caserne Forbin, nous rappelle à son bon souvenir...
Le Cours Gambetta vu vers la rue d'Italie et la caserne Forbin. Image
réactive.
Au XVIIe siècle, Aix-en-Provence, n’a pas de caserne
digne de ce nom. La troupe est le plus souvent logée chez l'habitant
qui s’en plaint toujours.
La monarchie absolue, qui fera de la ville ancienne ce qu’elle est aujourd’hui,
se fonde, entre autres, sur l’existence d’une armée permanente
qu’il faut loger et nourrir.
C’est seulement au début du règne de Louis XV que le Conseil
de la ville d’Aix prend la décision de faire construire une caserne
pour le logement des troupes royales de passage ou en garnison.
Au cours de sa séance du 31 décembre 1726, la
ville décide d’acheter les terrains nécessaires au-delà
de la porte Saint-Jean qui ferme l’entrée en ville de la route
d’Italie.
Elle prend pour cela les mesures nécessaires à l’édification
d’une grande caserne.
Le bâtiment, prévu pour loger six cents hommes, est achevé
en 1734.
Quarante ans plus tard, en 1776, au moment même où débutent
les réformes militaires du comte de Saint-Germain, la ville décide
de rehausser le bâtiment d’un étage afin de loger davantage
de troupes.
De nombreux régiments se succéderont dans ces lieux, appelés
« Casernes d’Italie » parce qu’ouvertes sur la route
qui y mène.
Pour en savoir plus.. mais vraiment plus ! :
https://www.lycee-militaire-aix.fr/site/attachments/article/85/urbanisme_lma.pdf
https://www.aixendecouvertes.com/caserne-forbin-aix/
https://monumentum.fr/caserne-forbin-pa00080980.html
En 1960, le secteur des 3 Sautets est encore situé à la
campagne, loin de toute activité urbaine.. Aujourd'hui hum..
Aujourd'hui, ce n'est hélas plus le cas. Image réactive.
En route -
Longuement on s'extirpe du centre ville tout au long du Cours
Gambetta, qui ne nous laissera pas un souvenir impérissable.
Attention toutefois à ne pas prendre une mauvaise direction.
Restons vigilant aux ronds-points qui ont une fâcheuse tendance à
nous détourner de la direction à suivre : Fréjus et St
Raphaël par la D7N.
L'entrée du Camping de l'Arc en Ciel... même lieu en 1950.
Image réactive (photo n&b : Camping Arc en Ciel)
Après notre passage sous l'autoroute A8 - La Provençale,
voici sur la droite, l'entrée du Camping de l'Arc en Ciel.
Une vieille institution, un camping familial et traditionnel sur le bord de
la route nationale 7 depuis 1950.
Pour certains vacanciers, c'est ici que l'aventure de la route enchantée
prenait fin.
On allait pouvoir installer la caravane pliante, planter la canadienne des
mômes, déballer les maillots et aller piquer une tête dans
l'Arc, au pied du Pont des 3 Sautets.
Ambiance années 60, au camping de l'Arc en Ciel.
Jusqu'à la fin des années 60, le secteur des 3
Sautets, loin de toute urbanisation, invitait au calme et à la douceur
de vivre Provençale.
1970 verra l'ouverture de la déviation d'Aix, sous forme d'un tronçon
d'autoroute sans péage surplombant le territoire et intégré
à l'autoroute A8.
Du coup le quartier des Trois Sautets y perdra en tranquillité et surtout
en authenticité.
La construction du Pont des 3 Sautets (qui a donné son
nom au quartier), remonte à 1655, à l'emplacement d'un gué
qui jadis permettait de franchir la rivière Arc... en 3 petits sauts.
Le pont de son unique arche en dos d'âne, relie la commune de Meyreuille
à celle d'Aix en Provence.
Son architecture n'est pas sans rappeler celle des antiques ponts Romains
ou des ponts Gênois.
Et si nous allions y faire un petit saut, histoire de prendre
un peu le frais ?
C'est là ! immédiatement à droite après le camping
de l'Arc en ciel, à 50 mètres à peine après le
feu tricolore.
Depuis le XVIIe siècle, le Pont des Trois Sautets franchit la rivière
Arc.
Le pont des 3 Sautets au début du siècle XXe siècle.
Effectuons maintenant un autre saut... dans le temps cette fois !En août 1906, le peintre Paul Cézanne, sur la fin de sa vie, écrit à son fils :
" J'attends quatre heures, la voiture viendra me prendre et me conduira à la rivière, au pont des Trois-Sautets.
Là, il y a plus de fraîcheur ; hier j'y ai été très bien, j'ai commencé une aquarelle dans le genre de celles que je faisais à Fontainebleau, elle me paraît plus lumineuse, le tout est de mettre le plus de rapport possible. "
Le pont des Trois Sautets. 1906.
Né à Aix-en-Provence le 19 janvier 1839, Cézanne a toujours
été profondément attaché à sa Provence
natale.
En grand observateur de la nature, il connaissait parfaitement la géologie
de son pays.
Les chemins de la campagne aixoise qu’il arpente dès l’adolescence
avec Emile Zola, n’ont plus de secret pour lui.
Ses pas le conduisent sur les bords de l’Arc, sur la route du Tholonet...
Partout la montagne Sainte-Victoire domine le paysage.
Inlassablement il peint la nature provençale. Ses paysages sacralisés
sont aujourd’hui conservés dans les grands musées internationaux
ou des collections particulières.
Extrait : http://www.cezanne-en-provence.com
Baigneuses sous un Pont. Paul Cezanne 1895.
Regagnons maintenant le carrefour après cette petite
escapade artistique.
Jusqu'en 2011, trônait à l'angle de la route nationale 7 et de
la route de Meyreuil, un petit oratoire dédié à Notre
Dame du Pont des 3 Sautets.
L' oratoire fut édifié en 1720 suite à l'épidémie
de peste.
En 1865, Paul Cézanne, réalise une composition de l'oratoire
et du pont des 3 Sautets.
L 'Oratoire sera inscrit à l'inventaire des monuments historiques en
1935, protégeant le site alentour de toute spéculation urbaine
Le pont quant à lui n'est à ce jour pas classé.
Au carrefour du Pont des Trois Sautets, le petit oratoire classé.
( photo 2010)
et la Composition artistique de l'oratoire et du Pont, par Cézanne
en 1865.
Vous ne trouvez pas l'oratoire ?
En novembre 2011, une automobile percute violemment l'édifice, le détruisant
partiellement.
Seule rescapée, la statue est sauvegardée par l'association
Aixoise de défense du patrimoine de la ville d’Aix qui milite
pour la reconstruction de l'édifice religieux.
Après avoir traîné plusieurs années, la construction
d'un nouvel oratoire devrait débuter en 2020.
Sources et articles :
www.societe-cezanne.fr
www.aixendecouvertes.com
https://www.petit-patrimoine.com
Pour l'oratoire :
https://www.aixendecouvertes.com/pont-des-trois-sautets/
https://www.les-oratoires.asso.fr/apcv.html
Fait divers :
Nous avions abordés, quelques 600 kilomètres plus haut , le
terrible accident de voiture de Sacha Distel et Chantal Nobel le 28 avril
1985.
Un autre accident de la route, plus dramatique, mais tout aussi médiatique,
se déroula ici en 1965.
Le 12 août 1965, le Chanteur Serge Lama, accompagné de sa fiancée et pianiste Liliane Benelli, se rend à Gardanne où il doit participer à un gala de music-hall. Au volant de la 404 blanche, l'administrateur de la tournée, Jean-Claude Ghrenassiamais, frère du chanteur Enrico Macias, roule à vive allure à la sortie d'Aix en Provence. Dans le virage du Pont des 3 Sautets, la voiture dérape, quitte
la route et s'encastre dans un platane. Polytraumatisé, il ne remontera sur scène que 2 ans plus tard après 14 interventions chirurgicales et une très longue rééducation.
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En Route -
Après les 3 Sautets, on quitte Aix en Provence définitivement.
La route nationale 7 au Pont des Trois Sautets, années 30. Même
lieu actuellement. Image réactive.