ETAPE 16 : de St Cannat (750 km) à St Maximin la Ste Baume (800 km)

05/05
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Après le passage à niveau où vous ne rencontrerez plus que des randonneurs en vélo-rail, nous voici à Pourcieux.

POURCIEUX Km 0791

Depuis l'antiquité le territoire de Pourcieux est traversé par la voie Aurélienne.
Aux alentours de l'an mille, un castrum fortifié est édifié sur une butte, tandis que se développe à ses pieds un ensemble d'habitations rurales gallo-romaines, dénommé Villa Porcillis, du nom d'un consul romain qui aurait servi sous Caius Marius, le vainqueur des Celtes à Pourrières (voir bataille d'Aix, plus haut). Cette "Villa Porcillis" aurait peut-être donné son nom au village.

Une seconde version soutient que Pourcieux tirerait son nom des nombreuses porcheries installées ici et du commerce des porcs qui s'y faisait.
En provençal « Pourcieou » signifiant étable à porcs, il n'en fallait pas plus pour qu'en 1696, lorsque Louis XIV obligea tous les villages du royaume de France à posséder et à faire enregistrer ses propres armoiries, le village adopte un blason imagé, privilégiant sans détours une version plus rustique que romaine.


https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Blason_ville_fr_Pourcieux_(Var).svg
http://www.pourcieux.fr/images/stories/SpLoiCul/phpblason.pdf

Au début du XVème siècle, le Castrum sur sa motte est abandonné.
Un nouveau château flanqué de tours est construit plus bas, par les seigneurs de Pourcieux héritiers des Vicomtes de Marseille : les d’Agoult.
Cette bâtisse jouxte la fontaine publique, source que les seigneurs essayeront en vain de s’approprier.

Au XVIème siècle Pourcieux compte 60 maisons, dix bastides et « une population de 300 âmes de communion ». C’est un simple fief seigneurial sans titre de marquisat, comté ni baronnie.
Au XVIIIème siècle, Pierre Symphorien Pazery de Thorame un riche seigneur du parlement d'Aix, rachète la Seigneurie de Pourcieux.
Il fait bâtir le troisième château de Pourcieux, tout en prenant soin de destiner les caves de cette future bastide à l'usage viticole.

Sources et extraits :
http://www.pourcieux.fr
http://robert.rieu.pagesperso-orange.fr/index.htm
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pourcieux


Carte de Cassini 1740. Tracé rouge la voie romaine antique ou voie Aurélienne, en bleu le nouveau tracé, future RN7

Bien, et notre route dans tout ça ? (se dit celui qui ne perdait pas le nord sud !)

Au XVème siècle, l'abandon du Castrum perché et la construction du nouveau château en contrebas à proximité de la source/lavoir, modifieront le tracé de la route.
L'antique voie romaine, qui jusque là faisait office de voie principale, est abandonnée.
Désormais la voie nouvelle passe entre le lavoir public et le château d’Agoult, faisant de Pourcieux un village rue.
Un village rue, oui ! mais à la rue principale étroite et tortueuse.
Les voyageurs traversant Pourcieux n'allaient pas tarder à s'en rendre compte, comme on le verra un peu plus loin.

En route -

A 791 km de la capitale, Pourcieux est le premier village du Var traversé par les estivants se rendant sur le côte par la route nationale 7.


La coopérative viticole, construite en 1912. http://www.vigneronsdubaou.com/index.html


Le garage Pujol occupait une place de choix à l'entrée du village. Image réactive.
L'ouverture de la déviation, en 1966, précipitera sa fermeture la même année.(Photo garage Robert Rieu)


Lorsque l'on se retrouve devant l'entrée du village, même aujourd'hui, on se demande toujours si l'on ne s'est pas égaré. Image réactive.
La route nationale 7 est-ce bien cette étroite ruelle d'à peine 5 mètres de large ? Et si l'on croise un véhicule ?

On imagine dès lors les problèmes de circulation que cette étroite chaussée pouvait occasionner lors des grandes migrations estivales.

Petites histoires de Pourcieux

La mythique RN7.

«Les grandes vacances» synonymes d’évasion étaient aussi pour les vacanciers des années 60 un parcours semé d’embouteillages sous la canicule estivale.
Pourcieux, comme plusieurs autres villages, constituait une véritable souricière à touristes en engendrant d’interminables bouchons s’étendant sur des kilomètres.
Le point névralgique se situait dans le grand virage entre le Monument aux Morts et le lavoir.
En effet, La chaussée resserrée ne permettait pas aux camions de se croiser et l’on comptait jusqu’à 28 000 véhicules par jour en période de pointe.
Il fallait parfois plusieurs minutes aux habitants pour traverser la route entre la boulangerie et l’alimentation qui se trouvait en face.
La déviation en 1966 mit fin à une situation qui était devenue très difficile à supporter pour les autochtones.

Le commerce local qui comptait alors, entre autres, 2 restaurants et une station service fut très touché de même que le vignoble au Nord du village.

Extrait bulletin municipal n°46 juillet 2010.

 

Près de 30 000 véhicules par jour et qui plus est roulant au pas, une aubaine pour les publicitaires et les propriétaires des maisons qui vont alors proposer leurs murs et leurs pignons comme support aux réclames peintes.
Les peintres en lettres vont ici exploiter le moindre pan de mur offrant suffisamment de surface pour y inscrire un slogan ou le nom d'une marque connue à l'époque.

Cette publicité colorée disparaîtra vers 2018, victime d'un impitoyable ravalement de façade.






2016 - Jambon OLIDA - Photo Claude .K


Publicité pour Hôtel Vendôme Aix en Provence


Mais où sont donc les automobiles ? Cette photographie prise à hauteur de la poste (à gauche),
illustre la désertification du centre bourg, après l'ouverture de la déviation en 1966. Image réactive


Le temps s'est arrêté un jour de 1966 à Pourcieux


Le "fameux virage", cause de tous les embouteillages estivaux. Si les automobiles arrivaient encore à se croiser ici,
croiser un camion, un autocar ou un engin agricole était mission impossible. (Merci à Robert Rieu pour les deux clichés n&b)
Image réactives


Ambiance des années 50.


La place de la Paix, son monument aux morts et sa publicité routière géante aux environs de 1935, vue en direction d'Aix.


A droite, le lavoir, unique source d'eau qui est à l'origine de l'édification du village. Image réactive
Contre le lavoir, le logis du maître de poste. Dans l'impasse le Relais de la poste aux chevaux.
Cliché noir et blanc : même lieu en 1960, remarquez la publicité murale de la place de la Paix effacée grossièrement.


Peinture Valentine sur Cognac Hennessy sur la tour de l'ancien Château du XVe siècle,
Peinture Valentine sur Chocolat Nestlé pour la maison. Photo Claude.K

 


Image actuelle Google Street.
Où l'on se rend compte de la difficulté de se croiser encore aujourd'hui. Et là nous ne sommes pas au plus étroit de la chaussée.

La sortie de Pourcieux nous fait regagner la déviation actuelle D7N, avec en prime une belle perspective sur le mont Aurélien.
Direction St Maximin la Sainte Baume.

Le secteur de route entre Pourcieux et St Maximin a été modifié au début des années 1990, afin de lissé le tracé qui présentait plusieurs virages serrés.
Il en reste un délaissé d'environ 1 km de route, aujourd'hui en partie recouvert par la végétation.


10 ans après la refonte de la route, on apercevait encore bien l'ancienne route.
Aujourd'hui la route n'est plus visible, la nature reprend ses droits.


Une autre section de l'ancienne route, encore accessible.

Après la pinède et la rocaille du massif du mont Aurélien, une vaste plaine se dévoile à nous en partie occupée par des terres agricoles, mais aussi hélas par une zone commerciale on ne peut plus incongrue dans ce paysage jusque là enchanteur.
Les enseignes commerciales ne tardent plus à se montrer un rien ostentatoires.
Bref nous approchons de St Maximin.

SAINT MAXIMIN - LA SAINTE BAUME Km 0798

Voila donc un toponyme on ne peut plus religieux. Essayons d'y voir plus clair :

Maximin d'Aix était, selon la tradition chrétienne, l'intendant de la famille de Béthanie et l'un des soixante-douze disciples de Jésus.
D'après la légende médiévale, il accompagna Lazare, Marthe et Marie lors de leur traversée en barque vers les Saintes Maries de la mer.
Accompagné de Marie Madeleine, qui avait suivi le Christ jusqu'à ces derniers instants et qui fut la première personne à assister à sa résurrection, Maximin commença à évangéliser la Provence.
Marie Madeleine se retira finalement pour vivre les dernières années de sa vie en prière, recluse dans une grotte ( baume en provençal) devenue aujourd'hui le sanctuaire de la Sainte Baume.
Avant de mourir elle quitta la baume et rejoignit Maximin qui l'ensevelit dans la crypte d'un petit édifice du village gallo-romain nommé Villa-Latta.
A la mort de Maximin, Villa-Latta devint St Maximin, et son tombeau fut également déposé dans la crypte auprès de celui de Marie Madeleine.

En 1279, lors de fouilles archéologiques, on découvre un mausolée Romain contenant 4 sarcophages.
Deux des sarcophages sont attribués à St Maximin et à Marie Madeleine.
En 1295, Charles II d'Anjou, comte de Provence et neveu de St Louis Roi de France, entreprend de construire sur l'emplacement des tombeaux, une basilique aux dimensions impressionnantes.
Destiné à devenir le troisième tombeau de la chrétienté, les travaux s'arrêtent en 1532 par manque de finances.
La Basilique ne sera jamais terminée.

En route -

Indéniablement, après le XVIIIe siècle qui verra la démolition des remparts de l'ancienne cité fortifiée, la ville s'est étendue bien au delà de son enceinte médiévale.
La route qui jusque là traversait la cité d'une porte à l'autre, a adopté un nouveau tracé plus périphérique, évitant les ruelles moyenâgeuses.
Ce développement urbain est d'ailleurs aujourd'hui toujours d'actualité.

Nous voici Avenue Gabriel Péri, ancien chemin d'Aix bas. Au milieu des lotissements et des supermarchés.
Seule la rangée de platanes nous restitue un peu de l'ambiance d'autrefois, jusqu'au début des années soixante nous étions encore ici en pleine campagne.


Cliché IGN de 1964. Le chemin d'Aix Bas, future avenue Gabriel Péri, aujourd'hui secteur intégré à une zone urbaine.


Situé à l'entrée de la ville, le garage Grimaud ouvert depuis 1931, n'est plus aujourd'hui que l'ombre de lui même. Image réactive

L'actuelle avenue Albert 1er, est le prolongement de l'ancien chemin d'Aix Bas, qui menait à la Porte d'Aix, l'une des entrées fortifiées de la ville.
Cette artère était donc située à l'extérieur des murs et était bordée de nombreuses hostelleries.
Je serais bien tenté de dire que c'est encore le cas aujourd'hui, mais à bien moindre échelle.

A droite, l'Hôtel de France.
Il s'agit d'un ancien relais de poste, le Logis de la Mule, remontant à 1763, si l'on en croit l'enseigne peinte sur le fronton de l'établissement.
Agrandit en 1794, l'établissement construit hors des remparts se composait d'une grande bâtisse allant jusqu'à la place Malherbe et d'une vaste remise pour attelages hippomobiles.
Au fil des siècles, l'hostellerie devenue entre temps le Logis du Mouton, sera morcelées en plusieurs établissements.
Aujourd'hui, bien entendu votre monture ne dormira plus à l'écurie, mais c'est là l'occasion de marquer une étape "cosy-provençale", sur les traces de Jean Cocteau, Louison Bobet, Vincent Auriol, Joséphine Baker, ou Marcel Cerdan, qui honorèrent de leur présence cet établissement séculaire.


L'hôtel de France vers les années 1950. Image réactive.

Nous voici rapidement Place Malherbe.
En 1742 Maître Malherbe, notaire royal, premier consul, fait aménager extra muros, sur cet emplacement, l'esplanade du faubourg de la porte d'Aix.
Cette belle place ombragée qui porte aujourd'hui son nom était planté d'ormeaux qui ont été remplacés par des platanes en 1814. (extrait http://saintmaximin2008.fr)

La fontaine construite en 1815 commémore la fin des batailles Napoléoniennes.
A propos de Napoléon, une plaque sur le mur de l'actuel relais Bonaparte indique qu'en ces murs, Lucien Bonaparte, frère de Napoléon, nommé garde-magasin des vivres de la commune,
épousa Christine Boyer, la fille de l'aubergiste du Logis du Mouton.
L'établissement changera plusieurs fois de nom, de l'hôtel du Var au Relais Bonaparte.


La fontaine de la place Malherbe et le relais Bonaparte en arrière plan.


Plaque apposée sur le mur du relais Bonaparte. Photos Claude.K

Depuis 2017, la place est en pleine réfection.
Comme beaucoup de ville, St Maximin s'est lancée dans la réappropriation de son parvis en confiant l'opération à des cabinets d'architecture.
Ceux-ci réinvestissent les lieux à coup de slogans et de vocabulaire plus ou moins hermétiques, que seuls les élus locaux semblent comprendre, où font semblant de comprendre...
Et c'est repartit pour une urbanisation humaine, une intervention raisonnée, une réécriture de la ville, une identité architecturale, une hiérarchisation des modes et des usages de déplacements.
Bref du réchauffé, on a hélas déjà vu ça ailleurs, sans que le centre ville s'en trouve pour autant redynamisé. St Maximin détiendrait-il la recette miracle ?
Au final, voici une place aseptisée, au charme provençal dénaturé, aux terrasses de cafés copiées sur ce qui ce fait déjà ailleurs, avec mobilier urbain plus ou moins design, et aux places de parking inexistantes.
Une manière de sonner le glas d'un centre-ville déjà moribond.

Ne quittons pas tout de suite la place.
A côté du relais Bonaparte, à l'emplacement de l'actuel pôle culturel, saluons le souvenir ancien du garage Central.


Le garage Central, vers 1930. Même emplacement en 2008 avant destruction et construction d'un pôle culturel. Image réactive

On poursuit notre sortie de la ville par les sinueux boulevards Jean Jaurès et Victor Hugo qui épousent le tracé des anciens remparts détruits sur autorisation royale le 10 décembre 1828.
Car auparavant la route continuait dans l'axe du chemin d'Aix Bas (rue Albert 1er) passait par la porte d'Aix en direction de la basilique.

Voulez vous tout de même visiter la basilique ?
On ne traverse pas St Maximin sans visiter le plus grand édifice gothique de Provence.
Suivez le guide virtuel ...

https://my.matterport.com/show/?m=obpwNDddwX5


Carte d'état Major du milieu du XIXe siècle, la route traverse la ville encore cantonnée dans ses fortifications. Image réactive.
On le voit aujourd'hui, la N7 épouse le tracé des remparts sud-ouest.

En route -

Nous voici dans les faubourgs de sortie de ville, les commerces se font plus rares et les murs des habitations font encore la part belle aux publicités d'antan.
Enfin ce qu'il en reste... peut être aurait-il mieux valu se lancer dans la restauration de ces murs peints plutôt que de programmer la réhabilitation de l'esplanade centrale.
Au moins y aurions nous trouvé quelques nostalgiques intérêts...

Le nez en l'air revue de détails ...


Compagnie Singer, machines à coudre.


Cachée pendant des décennies par un panneau publicitaire moderne, cette publicité réapparaît encore bien conservée

.
A gauche l'apéritif St Raphael, à droite les Vins Baptistin Caracous. Image réactive.
Aujourd'hui, la réclame St Raphael a disparu sous une couche de ravalement.


Mur peint pour l'hôtel de la rotonde à Aix et au fond un mur Dubonnet.

Au bout de l'avenue d'Estienne d'Orves, un programme immobilier récent à eu raison de l'ancienne coopérative vinicole "l'amicale" créée en 1912.
La façade très "décorum" ne manquait pourtant pas d'interpeller les automobilistes de la RN7. On la disait même classée par les bâtiments de France.
Si, lors de la destruction de la coopérative en 2011, il fut un temps question de garder la façade pour conserver un peu du patrimoine agricole,
les promoteurs et les élus locaux arguant de la sécurité, des difficultés de mise aux normes et du manque de place, se mirent d'accord pour supprimer définitivement toute trace de l'imposante bâtisse centenaire.

https://dossiersinventaire.maregionsud.fr/gertrude-diffusion/dossier/cooperative-vinicole-l-amicale/f58080f8-c877-430b-b2bb-d29ceb90fff8#top
http://www.cellier-sainte-baume.fr


L'Amicale, avant/après. Image réactive.

Une nouvelle cave a depuis été construite.
Elle ne présente aucun intérêt architectural ni patrimonial, mais ce sera toujours l'occasion de se rincer le museau d'un petit rosé provençal ;-))

Le rond-point en bout de l'avenue d'Estienne d'Orves date de 1992.
A l'origine se tenait un carrefour - bifurcation entre la route de Nice (RN7) et la route de Marseille.


Entrée sud de St Maximin. Carrefour de la route nationale 7 (en courbe) avec la route de Marseille.
Dans le virage on repère une station Total et son totem.


Avant Total, ce fut Ozo à l'entrée Sud de St Maximin. Cette station sera détruite pour laisser place au rond-point en 1991.


Face à la station Ozo, le garage agricole Baudino.

Empruntons le giratoire en direction de Fréjus-St Raphaël, et roulons jusqu'au panneau de sortie d'agglomération.
A ce stade, nous avons terminé cette 16e étape, nous nous situons à 800 km de notre point de départ.

Fin de la Seizième étape.


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C@rl 2020