ETAPE 17 : de St Maximin la Ste Baume (800 km) à Vidauban (850 km)

01/ 05
- (Début étape) sortie sud St Maximin La Ste Baume - Tourves →

Nous débutons cette nouvelle étape en région Provence Alpes Côte d'Azur (PACA), dans le département du Var (83) à la sortie de la ville de St Maximin La Sainte Baume.
Rappel concernant le déclassement de la route nationale 7 : par la réforme 2005, dans tout le département du Var, la Route Nationale 7 prend l'appellation de DN7.
Sans doute la renumérotation la plus pertinente que nous ayons rencontrée depuis Paris.


Point de départ de l'étape

En route -

Une fois passé la voie de chemin de fer désaffectée de la ligne Gardane-Carnoule, le panneau de sortie d'agglomération ( St Maximin La Ste Baume) s'affiche.
Ici pas de zone commerciale démesurée ... et c'est " tant mieux ! "

Nous voici rapidement sur la bien nommée route de Nice, au milieu de la garrigue, des vignes et des friches agricoles.

Omniprésent, le chemin Aurélien n'est jamais bien loin de notre route nationale.
On peut même, par endroits, l'apercevoir sur notre droite.

En provenance d'Italie, passant entre autres par Brignoles et Tourves (nos prochaines destinations), la voie romaine se détournait de St Maximin pour se rendre directement vers Pourcieux et la Grande Pugère, comme nous l'avions vu lors de la précédente étape.

On notera également la présence de quelques domaines viticoles disséminés le long de notre route.

 

Paysage à la sortie de St Maximin, en contrebas la voie Aurélienne.

Encore quelques belles lignes droites.
Nous passons cette fois sous le pont de la ligne de chemin de fer Gardane-Carnoule, qui depuis Pourcieux joue à cache cache avec la route nationale 7.
Cette ancienne ligne créée en 1877/1880 pour desservir l'intérieur du Var, avait été concédée à la Compagnie des chemins de fer du Paris - Lyon - Méditerranée (PLM).
En plus du transport de voyageurs, la ligne assurait également le trafic du fret, principalement la production locale de vin et surtout de bauxite issue des nombreuses exploitations minières du centre-Var.
Le trafic voyageurs s'arrêta en avril 1939 juste avant la seconde guerre mondiale.
Durant la seconde guerre mondiale, la ligne servira à détourner le minerai vers l'Allemagne.
Avec la fermeture des dernières mines de bauxite en 1987 la ligne cesse définitivement de fonctionner.

Aujourd'hui seuls quelques tronçons ont repris du service.
Un train touristique circule entre Brignole et Carnoule, et nous l'avons vu à l'étape précédente, un vélorail exploite le secteur entre Pourcieux et St Maximin.

Pour en savoir plus :
http://guidesaintebaume.fr/histoire/une-ligne-historique-vers-carnoules/
http://marc-andre-dubout.org


Déjà rencontrée à Pourcieux puis à St Maximin, la ligne de chemin fer ne va pas nous lâcher de sitôt.

En route -

On ne devrait plus tarder à aborder le village de Tourves.
Même si le village n'est pas encore visible de notre point de vue, c'est dans ce secteur que les premiers ralentissements se faisaient ressentir lors des grandes migrations estivales.
Car Tourves était considéré comme un point noir sur la route des vacances et, à l'époque, pas moyen d'y échapper.
L'étroitesse de la rue principale rendait la traversée du bourg délicate, surtout en période de chassés-croisés où les véhicules se croisaient au centimètre près.
Plusieurs heures étaient parfois nécessaires pour parcourir les quelques kilomètres qui séparaient l'entrée et la sortie de Tourves.


Sur la gauche, l'ancien tracé de la route nationale rectifié en 1978.

La route présente ici un long délaissé en courbe, résultant d'une rectification de virage en 1978.
Aujourd'hui, le délaissé transformé en aire de repos reste accessible aux automobiles.


On aperçoit toujours la ligne jaune qui séparait les deux voies.
Aujourd'hui il manque une partie de la chaussée
Photo Claude.K


La nouvelle route, ici pas encore terminée, adoptera un tracé en courbe moins prononcé et une chaussée plus large et plane.

Finalement, une rocade de contournement de Tourves est inaugurée en grande pompe fin juillet 1968.
Cet été là, le bouchon de Tourves saute définitivement, déviant hors du centre-ville le trafic routier qui pouvait en périodes estivales atteindre plus de 20 000 véhicules par jours.
Après Pourcieux en 1966, c'est la seconde déviation de la RN 7 à voir le jour dans le Var.

Sur environ 4 km, la nouvelle route contourne Tourves par l'Ouest et le Sud coupant à travers l'ancien parc du château de Valbelle et longeant en partie la voie ferrée Gardane-Carnoule.


à la jonction du tracé historique et du contournement


La déviation de Tourves, sur 3 voies.


Même point de vue avant et après la déviation.
Seuls points de repère, la voie ferrée en contrebas et le pont.
On remarque sur la colline les ruines du château et du parc de Valbelle. Image réactive.

Mais abandonnons ici la DN7 et sa déviation post 1968, pour emprunter le tracé historique de la RN7 en direction de Tourves, à gauche par la D205.
Encore une belle ligne droite coincée entre la voie ferrée à notre droite et les champs de vignes à gauche.
Ne tardent pas à apparaître les premiers lotissements qui occupent aujourd'hui d'anciennes terres agricoles.
Constructions urbaines sans âmes qui au fil de leur expansion, repoussent d'autant les frontières du village.


Le long du tracé historique, à l'entrée de Tourves en 2010 et 10 ans après. Image réactive.

Tourves Km 0806

Sans la Route Nationale 7 et son fameux embouteillage, Tourves serait sans doute resté un simple village provençal, charmant certes, mais comme tant d'autres tombé en désuétude..
Aujourd'hui les embouteillages ont cessés et le centre ville a retrouvé toute sa quiétude.
Mais tous les deux ans, les amoureux de cette période nostalgique recréent le bouchon, cette fois-ci "rien que pour s'amuser".
Au cours d'une journée haute en couleur, des files de véhicules des années 1960/70 reproduisent l'ambiance des célèbres chassés croisés d'antan.
Ainsi tous les deux ans, le 15 août, les rues du village retrouvent durant quelques heures la belle pagaille qui animait la ville chaque été jusqu'en 1968.


L'embouteillage à l'entrée de Tourves est formé. A l'époque pas de déviation. La gendarmerie veille au grain.
On notera la présence de quelques caravanes pour qui la traversée se jouera au centimètre près.
Dans tous les cas il va falloir prendre son mal en patience. Même lieu aujourd'hui / Image réactive.


Allez ! suivons la file d'automobiles.

Sur la gauche, à hauteur de l'ancienne cave vinicole, Le Musée des Gueules Rouges retrace l'histoire de l'exploitation minière de la bauxite dans le Var.
Entre la fin du XIXe siècle et les années 1980, le Var constituait le principal gisement de bauxite français, minerai de base de l'aluminium.


Visitez le musée des gueules rouges.

Poursuivons jusqu'aux premiers platanes, dont l'ombre bienfaitrice a dû être appréciée par des générations d'estivants bloqués dans leurs véhicules surchauffés.
Si ici la rue vous semble encore assez large, plus loin il sera presque impossible de se croiser.


Sur la gauche une plaque de cocher restaurée nous confirme le tracé historique de la route. Image réactive.


Les journaux de l'époque aimaient à relater dans leur colonnes,
les difficultés rencontrées par les automobilistes dans le bouchon de Tourves,
Nous sommes en 1963 dans le sens Nord-Sud, les camions sont de la partie.

Les platanes ont disparu.
La rue se resserre peu à peu et serpente maintenant entre les façades des maisons de ville dont la verticalité renforce cette impression de goulet.

Profitons du ralentissement de l'embouteillage pour admirer au passage la fontaine de la Poste, l'une des 17 fontaines réparties dans le bourg.
Agréable point d'eau sous la chaleur ambiante de l'été.
Construite en 1772 par le comte de Valbelle, elle est intégrée au mur de l'ancien relais de poste, qui disposait également d'une autre arrivée d'eau à l'intérieur.
Et l'eau courante fut inventée.


En bordure de route nationale 7, la fontaine de la Poste - 1772.


Les portes cochères de l'ancien relais de poste et la fontaine attenante.

Un mot sur le comte de Valbelle, Marquis de Tourves.

La famille de Valbelle est une des plus importante de Provence.

A la mort de son frère aîné en 1766, Joseph-Alphonse-Omer de Valbelle hérite de la fortune familiale.

Ce personnage fortuné partage son temps entre ses hôtels particuliers d'Aix, de Paris, de Versailles ou de son château de Tourves dont il entreprend le remaniement complet.
Doté d'une esplanade, de deux parcs à fabriques comprenant obélisque, statuaires, colonnades, pyramide, fontaines et autres constructions ornementales, le château et ses jardins sont l'occasion de fêtes qui réunissent toute la noblesse Provençale.

Ce "superbe château fut un théâtre si fameux de faste, de corruption et de galanterie, que les bourgeois de la contrée n'en prononçaient le nom qu'en rougissant.[...]

A Paris, on publiait que ces fêtes et ces orgies si mortelles aux bonnes mœurs n'étaient que les simples jeux d'un troubadour opulent et spirituel, jaloux de restituer à la terre galante des provençaux, l'ancienne institution des cours d'amour. "

Extrait : Revue Encyclopédique ou analyse raisonnée des productions les plus remarquables dans la littérature, les sciences et les arts. (1823)

Le parc du Château de Valbelle

Pourquoi ne pas prolonger l'étape à Tourves par une visite des ruines du château et du fameux parc à fabriques ?

En route -

Mais suivons cette file de voitures qui avance enfin de quelques mètres... Nous voici bientôt au cœur du village, place de l'hôtel de ville.
Au cœur du village et à l'épicentre du fameux bouchon.
Ici la rue est au plus étroit et forme un angle qui ne permet aucune visibilité, obligeant l'automobiliste à une extrême prudence en cas de rencontre avec un camion ou une caravane.
La place de village avec sa fontaine respire bon la Provence, ombragée par des platanes séculaires.
Aujourd'hui les platanes ont disparu, remplacés par trois petits arbres, et la place a perdu je ne sais quoi de son charme d'antan.


La fontaine "urne monumentale"actuellement sur la place de la Mairie, provient de l'ornementation du parc à fabriques du château de Valbelle détruit à la révolution.
D'abord positionnée sur le tracé de la RN 7, elle devient gênante pour la circulation et gagne finalement son emplacement actuel à la suite d'un accident survenu lors de la libération.
Même si aujourd'hui les voitures ne peuvent plus se garer sur la place...c'était mieux avant...


La place aujourd'hui. La RN7 se poursuivait sur la gauche, au pas et sans aucune visibilité.


Une Citroën DS marque l'arrêt au carrefour avec la route nationale 7 qui passe ici transversalement.
On pourra s'étonner des nombreux hommes, assis ou debout aux abords de la place, observant impassibles le trafic routier.
Il s'agit de travailleurs, Italiens et Espagnols pour la plupart employés dans les mines de bauxite.


Le célèbre photographe Robert Doisneau a immortalisé ces scènes d'embouteillage en août 1959.
On retrouve en spectateurs curieux nos "gueules rouges" plutôt perplexes devant le défilé ininterrompu d'automobiles.


Tous les deux ans, le 15 août, Tourves reconstitue son fameux Bouchon, comme à la grande époque.


Après la place et son léger décrochement, on poursuit par la rue Rouguière toute aussi étroite, qui nous mènera jusqu'à la sortie de Tourves.


La rue Rouguière, encore un défilé étroit à franchir au pas. Photo Claude.K
Notez la plaque Michelin qui est une reproduction et non une plaque d'origine.


Entrée Sud de Tourves, la fin du bouchon pour ceux qui partaient à la mer, le début de la galère pour ceux qui rentraient de vacances.
Image réactive.


Ancienne publicité pour Le Vendôme à Aix. Image réactive.

En route -

A la sortie de Tourves, plus rien ne nous retient, la route est à nous.
Le bouchon est derrière nous.
Après passage sous le pont de la voie ferrée et un giratoire alambiqué, nous retrouvons la DN7 en direction de Brignoles.


A la sortie de Tourves. Image réactive.


Au premier plan, la route nationale 7, qui avant d'arriver à Tourves, passe sous la voie ferrée Carnoule-Gardane.
On le voit bien ici, il ne sera pas possible d'éviter le centre ville.


En route -

Direction Brignoles.
On retrouve la campagne provençale, doucement vallonnée au milieu des domaines viticoles.


De la vigne, des vallons et sur notre gauche la voie ferrée désaffectée.


Convoi de bauxite entre Tourves et Brignoles.

Sur notre gauche, la voie ferrée Carnoule-Gardanne sera notre fil rouge jusqu'à Brignoles.
Rouge comme la terre de bauxite, minerai précieux qui durant près d'un siècle fit la fierté et la richesse de toute la région.

Considéré comme le principal gisement français de bauxite, le bassin de Brignoles fut un temps l'un des plus important au monde.

Nombreux sont encore les vacanciers à se souvenir de ces carrières à ciel ouverts en bordure de route nationale, de ces camions et autres engins mécaniques qui se retrouvaient parfois à manœuvrer au milieu des files de voitures, gênant momentanément la circulation.
De cette poussière d'alumine qui rougissait ravins et bas côtés, de ces convois ferroviaires transportant avec vacarme le précieux minerai, de ces tapis roulants, silos et trémies qui apportaient à tout ce secteur un décor de far-west au parfum de ruée vers l'or de Provence.

A l'aube des années 1970, l'importation massive de bauxite en provenance des pays d'outre-mer engendrera une surproduction qui sonnera le glas de cette industrie minière dans le Var, devenue moins compétitive. Les derniers chantiers fermeront entre 1987 et 1990.


C'est ici que se situait la gare des Censiés, dont on aperçoit encore la toiture derrière le bosquet d'arbre.

Le passage à niveau vers le hameau des Censiés ne vous rappelle sans doute rien.
C'est ici que fut tourné un reportage en 1960 sur les départs en vacances. (aujourd'hui archive INA)
Les images de la route nationale et des installations minières attenantes nous replongent au cœur des migrations estivales.


Cliquez sur l'image pour voir la vidéo

Même lieu pour ce reportage sur l'activité minière autour de la gare des Censiés.


Cliquez sur l'image pour voir la vidéo

En route -

Sur la droite, une aire de parking pour poids lourds comme on n'en avait plus vu depuis au moins ... Montélimar !
Il y a de la bagnole et du camion, signe que la gamelle ne doit pas être mauvaise ici.
Bienvenue au "Paris Nice", resto routier .. sympa ;-) qui depuis les années 60 régale les papilles des chauffeurs de la route nationale 7.


Une envie d’œuf mayo, de paupiette de veau ou d'andouillette moutarde, Le Paris Nice, arrêt incontournable.

On retrouve le long de la route quelques stations service désaffectées ou reconverties facilement reconnaissables.
Le hameau de la Reinette ne s'identifie que par cette ancienne bâtisse en bordure de route qui abrite aujourd'hui quelques ateliers d'artisans
La maison est ancienne car elle figurait déjà sur le cadastre Napoléonien. Sans doute une auberge ou un relais de diligences à son origine.


Qui se souvient de l'auberge de la Reinette ? Image réactive.


Une publicité peinte Total sur le mur de l'hôtel des Mûriers, aujourd'hui désaffecté.

La campagne se raréfie peu à peu, pour laisser place à une zone d'activité commerciale de plus en plus dense à mesure que l'on se rapproche de Brignoles.

 


La suite de l'étape


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@ 2021