Brignoles est une petite bourgade provençale, ancienne résidence
d'été des Comtes de Provence, aujourd'hui capitale
du centre-Var et de la Provence Verte. Au XIIIe siècle, les Comtes de Provence deviennent seigneurs
de Brignoles. Au XIXe siècle la commune est au sommet de sa prospérité
économique, les nombreux moulins de la ville témoignent
de cette vitalité : moulins à farine, à tan,
à huile, mais également ses pressoirs, ses trois papeteries
et ses fabriques de tuiles. Les fermetures définitives des mines de bauxite en 1990,
plongeront la ville dans un marasme économique dont les municipalités
successives, toutes étiquettes politiques confondues, peineront
à se relever. |
Aujourd'hui encore, malgré les plans de réhabilitation, de requalification, de redynamisation du centre-ville historique et abords, la ville reste plutôt moribonde.
" Partout des rideaux de fer baissés, des vitrines poussiéreuses et, dans le meilleur des cas, des pancartes « à vendre ». Maroquineries, bijoutiers, prêt-à-porter s'en sont allés.
Demeurent quelques sandwicheries, coiffeurs, vendeurs de cigarettes électroniques et boulangerie à la devanture hors d'âge".Extrait article Le Point 2017 Le long de la N7 - 6 : comment Brignoles se paupérise
Une note d'humour dès l'entrée de la ville. Publicité
peinte sur le mur .... de la cave vinicole.
Comme quoi Sodas et Vins peuvent faire bon ménage.
Qui dit "ville médiévale", qui plus
est provençale, dit rue principale étroite, voir très
étroite.
Brignoles, avec sa Grand' Rue ne dérogeait pas à la règle
des embouteillages provençaux sans toutefois détrôner
Tourves qui jusqu'en 1968 garda la tête du palmarès des villes
du sud les plus embouteillées.
Brignoles n'attendit pas 1968 pour disposer d'une déviation.
Dès la fin de la seconde guerre mondiale, un nouveau boulevard extérieur
(aujourd'hui avenue des Berges) contournait le centre ville par le nord
et l'Est via le Boulevard St Louis, et rejoignait la rue Dréo sur
l'ancien tracé.
Une déviation située à l'époque aux limites
extérieures de la ville, mais aujourd'hui complètement intégrée
aux faubourgs.
En 2005 une seconde et vraie déviation sera inaugurée, un contournement sur 4 km par le nord de la ville, qui cette fois-ci évite totalement Brignoles.
Trois possibilités s'offrent à nous pour traverser Brignoles.
En rouge le tracé initial, celui qui passe par le centre ville médiéval.
En bleu, la déviation des années 50 par les faubourgs aujourd'hui
intégrés dans le centre ville.
La DN7 grande déviation par le Nord, construite en 2005.
En route -
Laissons tomber ce dernier contournement, bien trop récent,
pour emprunter le tout premier tracé, celui d'avant guerre, au plus
près de la route royale des malle-postes et des diligences.
Après le rond-point du supermarché Leclerc, poursuivons tout
droit. Plus rien n'est indiqué si ce n'est la direction de l'office
du tourisme ou de l'hôpital Intercommunal.
N'ayons pas peur des mots, passé la cave vinicole sur
la gauche, le faubourg d'entrée de ville est plutôt moche.
Non, carrément moche !
Une jungle d'enseignes, où se mêlent mini zones commerciales,
anciens immeubles résidentiels et programme immobilier récents.
On repérera bien, ça et là, l'architecture d'anciens
garages autos relégués pour la plupart en entrepôts
de meubles ou de magasin de bricolage. Piètre consolation.
Mais au moins, en semaine, le quartier est encore bien vivant.
Au rond-point suivant, l'architecture d'une ancienne station
des années 30 est conservée. Par quel miracle ?
Nous sommes à la jonction du tracé initial (tout droit) et
de la toute première déviation des années 50 (à
gauche).
Une station typiquement années 30. Le panneau Michelin indique
les directions de Nice et d'Aix.
Aujourd'hui, la Station est toujours là, occupée par d'autres
commerces. Image réactive.
Vue aérienne de la jonction du tracé initial et de sa déviation
après guerre. On remarque la station Azur
Poursuivons par le tracé initial, tout droit.
Après le pont sur le Caramy et le passage à niveau désaffecté,
nous abordons ce qui fut l'artère principale de la ville jusqu'au
milieu des années 50.
La rue de la République.
Nous croisons une nouvelle fois la voie ferrée désaffectée
Gardanne-Carnoule.
Au fond, la gare aux portes murées n'attend plus de passagers.
La rue de la République c'est une longue et étroite
ruelle héritée du Brignoles médiéval, à
l'époque où la ville était ceinte de remparts et de
portes fortifiées.
Assez austère dans sa première partie, il va falloir être
indulgent et large d'esprit pour apprécier cette rue, plutôt
faubourg résidentiel que quartier commerçant, qui nous mènera
jusqu'à la place Caramy.
Quelques rares moments d'enthousiasme tout de même rue de la République.
Ouvrez l’œil, on découvre encore des pépites.
(dans le sens des retours)
L'Hôtel de Provence et quelques restaurants sur la place du Palais
de Justice. Image réactive.
Route nationale 7 pavée, une place et ses platanes, le cliché
Provençal.
La rue de la République vers les années 1930. Même
point de vue aujourd'hui. Image réactive.
A Brignoles, on vous regarde de haut !
La place Caramy.
La place Carami (ou Caramy) est le centre névralgique
du bourg.
Oasis de fraîcheur, c'est la place typiquement provençale, où
se concentrent restaurants, bars, cafés, brasseries, terrasses ombragées,
sans oublier la fontaine.
Bref, ça bouge place Caramy.
Débouché de la rue de la République sur la place
Caramy.
L'ex bar Central n'existe plus, remplacé par une nouvelle enseigne
Ce bâtiment était l'Ancienne Hostellerie du Logis de la Fleur
de Lys.
En coin, le Logis de la Fleur de Lys, qui jouxte l'Hôtel
de Ville, date du XVIIe siècle.
Il a notamment accueilli d’illustres visiteurs :
Louis XIV avec sa mère en 1660 alors qu'ils se rendaient
à Cotignac. Ils y passèrent la nuit du 20 février, et
assistèrent à une messe à la chapelle des Augustins.
Charles IX qui visitait la Provence, les ermitages de la Sainte-Baume et de
Notre Dame des Grâces en 1564, en compagnie de Catherine de Médicis,
du duc d'Anjou et de Henri de Navarre.
François 1er, entre le 20 et le 26 mai 1538, lorsqu'il allait à
Nice pour un rendez-vous avec Charles Quint qui aboutit à une trêve
de 10 ans.
Attenant à l'ancien Logis, L'Hôtel de ville, est un ancien hôtel particulier datant du XVIIème siècle. Appelé alors « Maison de Colonia », il fût acheté par la Mairie le 14 août 1789.
Source : http://www.brignoles.fr
La fontaine à 3 vasques qui trône au milieu de
la place, date de 1771.
Située à proximité du relais de poste, elle fut construite
suffisamment imposante pour permettre à trois chevaux de s'abreuver
en même temps.
La fontaine à trois vasques de la place Caramy.
On poursuit par la non moins étroite rue Jules Ferry,
seconde partie du tracé initial.
C'est le long de cette artère centrale que se concentraient, jusqu'au
milieu du XXe siècle, les principaux commerces de la ville.
Des restaurants et des auberges tout d'abord, afin d'accueillir les nombreux
voyageurs qui faisaient halte à Brignoles, et tous les métiers
de la vie courante, cordonnier, apothicaire, serrurier, cardeur de laine,
tisseur à toile, charpentier, procureur, avocat, écuyer, maçon,
meunier, maître des postes, fournier, muletier, marchand, tailleur,
coutelier, médecin, chirurgien, potier, papetier, orfèvre, menuisier...
(Source : plaquette laisser-vous conter Brignoles)
Aujourd'hui la rue fait grise mine, et nombreux sont les commerçants à avoir déserté les lieux.
Le genre de commerces encore en sursis.
Au XIXe siècle on trouvait Grand'rue, l'Hôtel Fabre
de Piffard. Une halte renommée à Brignoles qui au temps où
l'automobile n'existait pas, pouvait accueillir dans sa remise, les attelages
hippomobiles.
Au début du siècle dernier, ce "grand hôtel"
recommandé par le célèbre Touring Club de France, s'enorgueillissait
de disposer de chambres confortables de wc et de quelques salles de bain.
La remise à chevaux transformée, accueillait désormais
les véhicules automobiles des clients de passage.
Service de voiturier et garage pour automobiles. |
Le 18 avril 1921, le célèbre écrivain,
Rudyard Kipling, prix Nobel de littérature en 1907, fait, semble-t-il,
halte à l'hôtel Fabre de Piffard.
De sa chambre d'hôtel, l'auteur du Livre de la Jungle (entre autres),
écrit à un ami, Le Colonel HW Feilden :
Hotel Fabre de Piffard / Brignoles / (Var) / Le 18 avril 1921.
Nous avons quitté Cannes cet après midi après le repas, pour nous rendre à Brignoles, à 60 miles (96 km) à travers l'Esterel.
Nous y sommes arrivés après 2h1/2 de route. [..]
Le temps semble avoir tourné au froid avec un vent ininterrompu. [..]
On annonce de la neige à Grenoble. [..]
Nous partons demain pour Avignon et Arles d'où nous gagnerons Grenoble, si la neige ne tombe plus..(The letters of Rudyard Kipling 1920 - 1930)
Et tout à coup, je me surprends à surveiller les fenêtres à l'étage de l'ancien hôtel, avec, tout de même, un peu de mal à imaginer le célèbre Kipling en ces murs. (à suivre...)
La rue Jules Ferry semble déjà à l'époque
en sens unique.
Une brave Peugeot 202 tente le dépassement d'un fourgon Citroën.
Image réactive.
Annonce pour une station Total, sur un mur de la rue Jules Ferry.
L'étroite rue Jules Ferry/ ex Grand'Rue, débouche
maintenant sur une artère un peu plus large, l'avenue Dréo.
Nous retrouvons là le second tracé d'après guerre. Tracé
alternatif que nous allons maintenant parcourir avant de poursuivre plus en
avant.
Nous retrouvons donc notre ancienne station service Azur à
l'entrée de Brignoles.
En route pour la déviation d'après guerre.
Cette fois-ci, à gauche !
Nous voici avenue des berges. Il s'agit des berges de la rivière
Carami, qui coule en contrebas sur notre droite, en partie cachée par
la végétation.
Le coin est agréable, quelques pistes cyclables, quelques bancs aux pieds
des platanes au bord de l'eau, mais un peu trop de circulation pour vraiment
apprécier l'endroit.
Au prochain carrefour, il nous faudra tourner à droite
en direction du centre ville.
Rien de bien passionnant à voir dans ce secteur, si ce n'est une fresque
réalisée à l'occasion du centenaire de l'attribution
du prix Nobel de littérature à Frédéric Mistral
en 1904 pour ses écrits en provençal.
La fresque hommage à Frédéric Mistral. Image réactive.
Si aujourd'hui c'est un peu ville morte, en juillet 1966 le quartier était
un peu plus animé. Image réactive.
Photo noir et blanc Mr Mutru / Brignoles N7
On rejoint rapidement l'avenue Dréo, et l'on retrouve la jonction avec le tracé original.
Nous sommes à la jonction des deux tracés. Celui d'après
guerre se poursuit tout droit en direction d'Aix en Provence.
Le tracé initial débouche de la rue Jules Ferry, située
derrière la publicité Butagaz. Image réactive.
En route -
L'imposante et austère bâtisse située à
l'entrée de la rue Dréo, n'est autre que l'ancien couvent des
Ursulines, créé à l'aube des années1630.
Bien des siècles plus tard, le bâtiment sera transformé
en caserne, accueillant notamment le 114e Régiment Territorial.
Aujourd'hui, après 4 ans de travaux, la bâtisse est réhabilitée
et devient une école de musique, d'Arts et de Dance.
https://www.caprovenceverte.fr/agglomeration/grands-projets/rehabilitation-couvent-des-ursulines/
L'ancien couvent des Ursulines, transformé en dépôt
militaires.
Une centaine de mètres plus loin, on ne pourra rester indifférent
devant l'architecture d'un garage à l'ancienne.
Surmonté d'un Totem marqué des initiales AB, c'est à
l'origine une concession Berliet construite en 1926 par Mr Eugène
Blanc en plein centre de Brignoles.
Après la première guerre mondiale, l'atelier intègre les
marques automobiles Citroën, Delage, Delahaye et Hotchkiss.
Après la seconde guerre mondiale, Eugène Blanc créé
au sein de son établissement une concession Simca, en vue de satisfaire
la demande en automobiles.
A cela, il ajoute à son activité une station essence, un service
de dépannage, une auto-école et même un service de taxis.
Le garage Blanc Frères devient petit à petit le « passage
obligé » de l’automobile dans le centre Var.
L’aventure Berliet va continuer jusqu’à la fin des années
60.
En 1969, le fils d’Eugène, Raoul Blanc, décide de stopper
toute activité avec Berliet et Simca, afin de se recentrer sur la
partie transport en commun.
De 18 autocars en 1972, la société va passer à plus
de 110 véhicules à ce jour.
Source et extraits : http://www.autocars-blanc.fr
Autocars Blanc (AB) Un magnifique garage et son authentique Totem.
La piste de la station service est aujourd'hui obturée.
Ancienne Station Ozo. Image réactive. Photo N&B autocars AB.
En face l'hôtel de Paris n'a conservé que son enseigne.
La rue Dréo, vue en direction d'Aix en Provence.
A gauche les pompes Auto Gazo du Modern Garage et dans le prolongement,
les ateliers du garage Blanc.
A la sortie de Brignoles, une autre vieille institution de
la route, l'ancien hôtel Château Tivoli.
Successivement hôtel Garrus vers les années 20/30, Château
Tivoli jusqu'aux années 60, puis Hôtel Château Provence aux
alentours de 1970,
l'établissement et son parc abritent désormais l'institution
privée Ste Jeanne d'Arc, Ecole, Collège et Lycée polyvalent.
L'entrée de l'Hôtel du Château Provence Brignoles vers
les années 1970 (vignette) et aujourd'hui institution privée.
A l'aube du siècle dernier, l'établissement
était très réputé.
Il permettait aux voyageurs de passer ici leur dernière nuit avant
de se rendre sur la côte toute proche maintenant.
Avec son étoile au guide Michelin, l'établissement était
également référencé par une multitude de guides
touristiques et de clubs automobiles qui en recommandaient l'étape.
Nous y retrouvons l'équipage motorisé de la famille
Kipling le 28 mars 1921, lors d'un voyage qui les mènera a effectuer
une nouvelle étape à Brignoles.
Partis le matin à 10 h00 de Hyères, ils arriveront à l'hôtel
Garrus à une heure de l'après midi, mais vu l'afflux de clients,
ils devront patienter pour déjeuner.
La famille repassera à Brignoles le 18 avril 1921.
Étonnamment le journal de bord automobile indique que la famille Kipling
a séjourné ce jour là à l'hôtel Garrus /Château
Tivoli.
Ce qui rend la lettre émise de l'hôtel Fabre de Piffard à
la même date plutôt équivoque. (voir plus haut)
Le journal de bord ajoute ce soir là : "bien dîner, hôtel
très propre, et très confortable pour la nuit" (sans
préciser s'il s'agit de l'hotel Fabre de Piffard ou de l'hôtel
Garrus)
Au vu de la qualité de l'établissement, j'imagine mieux l'écrivain, sa famille, la domestique et le chauffeur qui les accompagnaient, occupant les chambres du château Tivoli plutôt que celles de l'hôtel Fabre de Piffard.
A noter que quelques jours plus tôt, la famille Kippling tenta "l'expérience de l'hôtel Carlton à Cannes", expérience jugée "expensive" par le couple.
Sources : The Kipling Motoring Diaries March/May 1921.
Une multitude de recommandations internationales.
Automobiles Association, Royal Automobiles Club, Touring Club de France, Américan
Automobile Association ...
En direction de Brignoles sur la RN7 originale, une longue série
de bosses....
Sur notre droite, le vallon de Pourraque qui recèle
encore de nombreuses mines de bauxite aujourd'hui à l'abandon.
La route est agréable, mais ça grimpe dur en direction de
Flassans.
En route vers Flassans... ça grimpe dur. A gauche, en contrebas,
dans le sens inverse, le tracé originel de la RN7.
Sur ce secteur de route, je ne peux m'empêcher de penser
à ces hordes de vacanciers des années 50, qui après
deux, parfois trois jours de voyage, se retrouvaient ici au milieu de la
pinède,
sous un ciel bleu azur avec pour seule bande sonore, le chant des cigales.
Quel dépaysement !
Comme elle devait leur paraître bien lointaine, la banlieue
grisâtre qu'ils avaient quittée il y a quelques jours de cela.
Oubliés les tracas de la vie, les soucis du travail.
Seule comptait maintenant la promesse de "Vacances sans histoires"
(pour reprendre le titre d'une aventure de Spirou et Fantasio par Franquin.)
Rendez-vous nationale 7 : parenthèse, cogitations et reflexions diverses dans la petite Opel.
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Le cagnard pointant fait
naître quelques interrogations diverses et variées dans
la petite auto. |
En route pour environ 9 km entre garrigue et massifs forestiers, le plus souvent en ligne droite.
@ 2021