Itinéraire alternatif de Mandelieu
La Napoule à Cannes
Nous re-débutons cette nouvelle étape
toujours en région Provence Alpes Côte d'Azur (PACA),
dans le département des Alpes Maritimes (06)
Rappel concernant le déclassement de la Route
Nationale 7 : par la réforme 2005, dans tout le département
des Alpes Maritimes, l'ancienne Route Nationale 7 après déclassement,
prend plusieurs appellations :
D 6007 lorsqu'elle suit le tracé de l'ancienne RN7/97. D6207
autour de l'aéroport de Cannes. D6085 dans la traversée
de Cannes. D6107 à l'approche d'Antibes. M6007 sur toute
la Métropole de Nice.
On rencontrera également de nombreuses autres appellations
dans la traversée de certaines villes ou de certains secteurs
au grès des nombreuses variations d'itinéraires.
Bref, il va falloir ressortir les anciennes cartes routières
pour rouler au plus près du tracé historique. Tracé
historique ? oui, mais lequel ?
Rappelons par ailleurs que jusqu'en 1828, à
partir de Brignoles, la Route Nationale 7 pour rejoindre Antibes,
passait par l'arrière pays Varois, Le Val, Lorgues, Draguignan,
Grasse, Mougins, Antibes (tracé rouge ci-dessus).
Pour couper au plus court vers la mer, il fallait quitter la RN7
à Brignoles, emprunter la RN95 de Brignoles au Luc (tracé
bleu), puis poursuivre du Luc à Antibes par la RN97 via Fréjus,
le massif de l'Esterel et Cannes (tracé vert).
Il faudra attendre 1918 pour que la RN95 soit officiellement
reclassée RN7 de Brignoles au Luc.
Mais une nouvelle route va venir brouiller les pistes. La Corniche
d'Or qui relie par la côte Fréjus à Cannes est
classée Route Nationale 7 dès sa construction en 1904
(tracé jaune).
En 1933, la Corniche d'Or / RN7, mal adaptée à l'évolution
du trafic routier est déclassée et intègre
la récente RN98 qui reliait déjà Toulon à
Fréjus par le bord de mer, la prolongeant ainsi jusqu'à
Cannes. (tracé violet)
En 1933 la RN97 devient finalement RN7 sur sa section allant du
Luc à Antibes.
C'est le tracé de la Corniche d'Or / RN7 avant
1933 et de la RN98 post-1933 que nous allons suivre maintenant.
Sur cette carte de 1927, La Corniche d'Or est encore classée
RN7, de St Raphaël à Cannes (en rouge).
La RN97 arrive de Fréjus par l'Esterel. (jaune)
Une courte section RN98 terminale permet de relier les deux routes
nationales
Le départ alternatif de cette 19e étape
se fait donc au carrefour de la Corniche d'Or et de la section terminale
de la RN98 (cercle blanc) qui rejoignait la RN97 au carrefour du
champ de courses.
Aujourd'hui le carrefour est devenu un rond-point.
Débutons notre parcours au rond-point des Balcons d'Azur.
A droite, Cannes par le bord de mer RN98 ( Corniche d'Or /ex
RN7), tout droit vers la RN97/7, au milieu le mont San Peyre.
Départ tracé RN98 ex RN7.
Itinéraire de la RN98 - La Route du Bord de Mer - de La Napoule
à Cannes (tracé rouge)
En route -
A peine tourné sur la droite, nous voici à
:
L'entrée de La Napoule vue ici en 1972. Même
lieu aujourd'hui. Image réactive.
Disons le tout de suite, ne vous attendez pas à
trouver ici une jolie petite station balnéaire qui aurait
conservé tout son prestige d'antan.
Ne vous attendez pas non plus à retrouver le charme pittoresque
d'un village de pêcheur, que pourtant La Napoule fut à
une époque... réminiscence d'un passé oublié.
Aujourd'hui, si l'ensemble du bord de mer semble intégralement
coulé dans le béton, suite sans âmes de programmes
immobiliers plutôt récents, quelques zones tirent tout
de même leur épingle du jeu en affichant un petit air
années 70,
à l'instar, par exemple, du petit "centre village de
La Napoule" légèrement excentré sur la
gauche.
Nichés au pied de la colline, des boutiques, des restaurants
et des terrasses, de petits hôtels à taille humaine,
de croquignolettes ruelles pentues font de ce quartier animé
une agréable petite pause touristique.
Le centre village de La Napoule, à l'époque le
quartier n'est pas encore trop touristique.
Le carrefour et le centre Village. Image réactive
Aujourd'hui la circulation automobile dans le village est organisée
en parkings et en sens uniques.
Poursuivons notre itinéraire par la D6098,
désignation actuelle de l'ex Nationale 98 qui avait absorbée
la Nationale 7 lorsque cette dernière avait été
déclassée en 1933.
La route passe sur le pont SNCF duquel on aperçoit
le donjon et les tours crénelées du château
de La Napoule.
Avant de rejoindre le bord de mer, la RN98 passe sur le pont
SNCF d'où l'on a une vue sur le château de la Napoule.
Image réactive
Les premières mentions d'un castrum à
la Napoule apparaissent au IXe siècle. Il dépend alors
de l'autorité des évêques de Fréjus et
des princes-évêques d'Antibes.
En 1284, l'abbaye de Lérins inféode sa part du castrum
à un seigneur laïc des environs, Raymond de Fayence,
qui appartient à la famille des Villeneuve-Tourettes.
Cette famille possédera la seigneurie de La Napoule jusqu'au
XVIIe siècle, et c'est sous leur régence que sera
construit le nouveau château en bord de mer.
Au XVe siècle, le Roi René souhaite
démolir le village de La Napoule qui sert de retraite aux
pirates de terre et de mer.
Les défenses du château sont alors améliorées
pour lutter contre les attaques pouvant venir de la mer.
Les habitants des terres voisines sont engagés à faire
le guet aux portes de la ville, ce qui n'empêchera pas le
célèbre corsaire Kheir-ed-Din, dit Barberousse, d'attaquer
et de mettre à sac La Napoule en 1530.
En 1550, une épidémie de peste frappe
la population du village.
La plage au pied du château de la Napoule. Du haut de
ces remparts 800 ans d'histoire contemplent les baigneurs insouciants.
En 1590 et en 1707 le château subit les attaques
des troupes savoyardes qui laissent le village de la Napoule ruiné.
En 1680, le château est intégré à la
ligne de défense des côtes voulue par Richelieu, une
nouvelle tour défensive sera construite à Théoule
sur mer.
Dominique de Montgrand, seigneur de Mazade, achète
la seigneurie le 21 mars 1719.
En 1728 elle passe à son fils, Jean-Baptiste de Montgrand,
brigadier des armées du roi, commandant général
des milices garde-côtes de Provence.
En 1746, le château est en partie saccagé par les armées
austro-sardes pendant la guerre de Succession d'Autriche.
A la Révolution, le château est abandonné
et pillé.
En 1815, le marquis de Montgrand rachète les terres et se
fait restituer le château.
Le propriétaire du château autorise, en 1837, l'installation
d'une verrerie dans le château. Ce qui restait de la charpente
va disparaître comme combustible.
La famille de Montgrand va conserver les ruines du château
jusqu'en 1876. La nouvelle voie de chemin de fer passe à
côté à partir de 1863.
Le château est vendu en 1876 à M. Charrier,
parfumeur à Grasse.
À partir de 1878, il fait démolir les ruines et construire
à la place une maison de maître sur le front de mer
avec, en retour d'équerre, des ailes de servitudes sur les
fondations des anciens bâtiments.
Les travaux sont achevés en 1880.
Dans les années 1900, le château est
mis en location à de riches estivants. M. Béranger
qui en a hérité le met en vente pendant la Première
Guerre mondiale.
Le château de la Napoule au début du siècle
dernier, donc ici, il s'agit bien de la RN7.
En 1918, deux américains, Henry Clews et Elsie
Whelen, dite Marie Clews, s'installent dans les restes de la demeure
médiévale qu'ils ont acquise en novembre 1918 pour
entreprendre de la reconstruire.
Henry Clews, fils d'un banquier new-yorkais, avait hérité
d'une grande fortune.
Grâce à cette fortune, le couple put restaurer les
bâtiments et en construire d'autres de toutes pièces,
en apportant leur touche personnelle (Henry était sculpteur
et sa femme architecte).
Henry et Marie Clews ont résidé dans
leur château entre 1919 et 1930. Ils ont été
à la fois les maîtres d'ouvrage et les concepteurs
du château et du jardin.
Ils ont conçu un ouvrage néo-médiéval
sans aucune recherche archéologique.
Henry Clews y a développé un bestiaire fantastique
en faisant des rappels à des contes de fées comme
le montre des devises gravées sur le château, comme
Once upon a time ou Myth - Mystery - Mirth.
Ponton aménagé en bordure de route Nationale 98,
au pied du château de La Napoule.
En 1943, le château est incorporé dans
le réseau de batteries de marine du Südwall construit
par l'armée allemande.
Un blockhaus camouflé est construit au nord-est du jardin
qui détruisit une partie du mur du jardin.
Il a été rétabli en 1950 par Marie Clews.
Fondée en 1951 par Marie Clews, l’Association
d’art de La Napoule Mémorial Henry Clews a fait du
château un lieu d’échanges culturels international
comprenant l’organisation de colloques, d’expositions,
de concerts et de spectacles auxquels s’ajoute un programme
de résidence d’artistes.
Sources et extraits : wikipédia, www.chateau-lanapoule.com/
En route -
Direction le bord de mer, non sans être passé
devant l'entrée de la fondation Henry Clews.
Encore répertorié dans les guides touristiques
du milieu des années 1960, le Petit Savoy Auberge, était
réputé pour son cadre provençal face au château
médiéval,
Son menu gastronomique préparé par le patron, proposait
Bouillabaisse et langouste flambée au Ricard. Image réactive.
Les décennies ont passé, les noms ont changé,
mais il est toujours possible de se restaurer dans la cour ombragée
de
l'établissement dont un portillon (visible sur la droite)
donnait directement sur le quai de la gare.
Entre RN7 et PLM, mieux placé... il n'y avait pas ! Image
réactive
Et nous voici avenue Henry Clews, du nom du sculpteur
américain qui acheta, en 1918, le Château de la Napoule.
Intéressante vue du bord de mer, la RN98,aujourd'hui
avenue Henry Clews, vers les années 1930.
On constate que la route n'a pas encore été doublée,
et que les promoteurs immobiliers ne se sont pas encore intéressés
au secteur.
Ambiance vacances. Une époque où l'on pouvait partir
en voiture et avoir la certitude de trouver une place pour se garer,
sans trop tourner dans le quartier.
Une époque où l'on pouvait laisser l'automobile sur
le bas côté ou dans une rue adjacente avec la certitude
de ne pas se prendre un PV.
Une époque où la tenue de plage, en ville, n'était
pas prohibée. Ah! les terrasses de cafés en maillot
de bain !!
Ambiance vers les années 50
à propos de promoteurs immobiliers....
Vers le milieu des années 1960. l'avenue n'est pas encore
bétonnée à outrance. Les constructions ont
presque les pieds dans l'eau.
Aujourd'hui, seul l'immeuble (dont on aperçoit les cheminées)
nous sert de point de repère temporel. Image réactive.
Aujourd'hui le front de mer est bien loti, et l'on constate que
la chaussée a gagné plusieurs mètres supplémentaires
sur la mer.
Même point de vue, mêmes immeubles vers les années
1960, à l'époque de la RN98. Image réactive.
En route -
Elle a belle allure tout de même cette promenade
du bord de mer avec ses palmiers, ses pins parasols, son port de
plaisance et ses immeubles de beaux standings.
C'est en avril 1968 que débutent les travaux d'aménagement
du nouveau port de plaisance ainsi que l'élargissement de
la chaussée.
Malgré les événements de mai 68, qui apporteront
leurs lots de grèves générales et de conflits
sociaux, le port sera inauguré en grande pompe un an et trois
mois plus tard en août 1969.
Avant de franchir le Riou, jetons un œil gourmand,
sur le très select Ermitage du Riou aujourd'hui devenu l'Oasis.
Années 50 RN 98. Situé juste avant le pont sur
le Riou, l'Ermitage du Riou pouvait s'enorgueillir d'attirer toute
la haute société dans sa bastide provençale.
Sur la droite l'embouchure du Riou de l'Argentière et le
pont.
Pont sur le Riou / l'Oasis
Extrait : LE PETIT LU GOURMAND CHRONIQUEUR GASTRONOMIQUE
L’Oasis / Ermitage - La Napoule est une institution qui
a fait vibrer les papilles des plus exigeants gastronomes du monde
entier depuis sa création par Louis Outhier en 1954. Cet
élégant chef esthète, au parcours d’une
voie royale de la haute gastronomie française, a fait ses
classes chez l’unique et intransigeant Fernand Point (le
père de la cuisine Moderne) en même temps qu’un
certain Paul Bocuse et autre Jean Troisgros. Envoyé en
remplacement au Carlton à Cannes, Louis Outhier découvre
et tombe éperdu par la beauté et la magie de La
Côte d’Azur. Il achète aussitôt dans
le charmant village de pêcheurs de La Napoule, situé
dans la baie de Cannes, une petite villa au style atypique qu’il
transforme en restaurant. De par sa cuisine et son accueil légendaire,
l’Oasis devient très vite une adresse incontournable
et prisée de la région : une véritable «
Pension Gourmande ». En 1960 arrive la première étoile
au Guide Michelin, puis la seconde en 1965 et enfin, en 1970 la
consécration des trois étoiles place l’Oasis
au firmament des destinations et références de la
gastronomie de la Riviera, tels Le Moulin de Mougins de Roger
Verger ou encore La Bonne Auberge de Jo Rostang. On vient du monde
entier pour déjeuner dans le patio à la végétation
luxuriante et tropicale, les stars et starlettes du Festival de
Cannes s’empressent à venir goûter Le Loup
en Croûte, La Mousseline de Rascasse ou encore le Foie Gras
en Brioche…
https://lepetitlugourmand.com
Le pont sur le Riou de l'Argentière, vue en direction
de La Napoule. On aperçoit à droite le fameux Ermitage.
Le pont sur le Riou de l'Argentière, vue en direction
de Cannes.
La Route Nationale 7 / Corniche d'Or, au début du siècle
dernier. Une route encore peu fréquentée par les
automobiles.
Le pont sur le Riou vue vers le château de La Napoule.
En route -
Située entre l'embouchure du Riou que nous venons de franchir,
et l'embouchure de la Siagne que nous allons franchir, nous traversons
maintenant une zone artificiellement aménagée.
La gauche de la chaussée est consacrée
aux terrains de golf et pas n'importe lequel. Le "Golf Old Course",
l'ancêtre des golfs de la Côte d'Azur.
Entre les embouchures des fleuves, un parc aux arbres centenaires
accueille le doyen des club de Golf de la Côte d'Azur.
Entre 1891 et 1893, le Grand Duc Michael de Russie, forcé
à l'exil, s'installe avec son épouse à Cannes.
Passionné de golf après un séjour en Écosse,
il décide de créer le Cannes-Mandelieu Old Course,
premier golf méditerranéen dans la pinède de
La Napoule au sud de Cannes.
"Le Grand-Duc Michel de Russie mit toute son énergie
au service de ce projet.
Entre la mer et la Siagne, le site était idéal pour
cette réalisation : quelques hectares en bord de mer protégés
du soleil par d’immenses pins parasols centenaires, un lieu
d’exception où la nature est reine.
Le « 9 trous » ou parcours « Grand Duc »
fut la toute première création du Grand Duc Michel
de Russie.
Dès lors, Lords, Ducs, Comtes, Princes et Rois se pressent
pour le découvrir.
Le Prince Bertil de Suède et le Roi Léopold de Belgique
sont nommés présidents d’honneur.
Le Duc et la Duchesse de Windsor viennent prendre le thé
au Club-House. Jerry Lewis et Sean Connery assistent aux compétitions."
Extrait : https://www.golfoldcourse.com/index.php
Sur la droite de la chaussée, face au Golf, s'étend
une zone résidentielle et le Joa Royal Casino en bordure
de mer.
Pour construire ce secteur urbain, il a fallu mordre sur la mer
et construire une extension du littoral.
Jusqu'en 1965, entre les deux embouchures, (Le Riou à
gauche, La Siagne à droite) la route est bordée par
le terrain de golf d'un côté et la mer de l'autre
En 1968 on note l'apparition de la anse du port
de plaisance à l'embouchure du Riou, puis en 1970 une nouvelle
étendue artificielle fait son apparition entre les deux embouchures.
10 ans plus tard en 1980 le projet immobilier est achevé,
reste à construire l'hôtel & Casino.
Les résidences et le Casino Hôtel sur la presqu'île
artificielle.
On franchit le pont sur La Siagne pour aborder maintenant,
sur presque 6 km, une succession de plages, aux noms tous plus exotiques
les uns que les autres.
Nous sommes avenue du Général de Gaulle
et la première plage rencontrée est la plage du Robinson
et ses restaurants de plage La Palmeraie, ou le Sweet Beach.
Ambiance des années 1970, plage du Robinson. Même
lieu aujourd'hui. Image réactive.
Hormis la plage aujourd'hui aménagée en grandes anses
protégées, le secteur n'a pas trop évolué.
Le practice de Golf et les places de parking le long de la route
sont toujours là. Image réactive.
La seconde anse est celle des sables d'Or. La plage
fait la frontière avec la ville de Cannes
Nous voici Boulevard du Midi, rebaptisé en
2006 "Boulevard du Midi-Louise Moreau" du nom de la résistante,
femme politique et maire de Mandelieu La Napoule, Louise Moreau
(1921-2001)
Le pont et le port abri du Béal.
On franchit le pont sur le petit fleuve Béal
bordé de part et d'autre par un port abri, pour arriver devant
un long bâtiment industriel à la façade austère,
décor plutôt incongru pour cette promenade estivale
en bord de côte.
Une rescapée.
Il s'agit des bâtiments du Centre Spatial de
Cannes - Mandelieu, aujourd'hui Thalès Aliena Space.
Si le centre spatial de Kourou en Guyanne, ou encore celui de Toulouse
nous sont connus, celui de Cannes semble plus discret.
L'établissement n'est pourtant pas né d'hier.
Remontons le temps....
Le 16 août 1929, Étienne Romano crée
la SA des Chantiers aéronavals Étienne Romano (CAER),
une usine de construction d'aéronefs, avions et hydravions,
sur la commune de Cannes.
La construction de l'usine, un grand bâtiment rectangulaire,
débute en 1930 nécessitant des fondations spéciales.
Idéalement située entre la mer et une piste en herbe,
qui deviendra l'aérodrome de Cannes Mandelieu, l'usine est
mise en service au milieu de l'année 1931, avec le maintien
des activités navales (fabrication, entretien, gardiennage)
et l'entretien d'avions pour la Marine : CAMS, Levasseur, Farman
Goliath, Le O 20, MS 130, MS 230.
Romano va construire des dizaines d'avions et hydravions Romano
pour l'armée de l'air et la marine, jusqu'à la Guerre.
Les premiers chantiers Romano.
Le 11 août 1936, les Chantiers Romano sont nationalisés.
Rattachés à l'entreprise Lioré et Olivier,
à Argenteuil (Val-d'Oise), et la Société Provençale
de Construction aéronautique (SPCA),
ils deviennent la Société Nationale des Constructions
Aéronautiques du Sud-Est (SNCASE) le 1er février 1937.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la relative tranquillité
de l'établissement de Cannes y attire de grands noms de l'aviation.
Tous les industriels de l'aéronautique, y compris le Bureau
d'étude Bloch, qui deviendra Marcel Dassault, viennent s'installer
à Cannes, en mars 1941, dans l'hôtel Continental, d'où
ils passent commande, pour la réalisations d'avions.
Fin juin 1942, les Allemands ont envahi la zone sud,
et en novembre la 4ème Armée Italienne occupe les
Alpes-Maritimes.
Le "climat" devenant malsain, beaucoup d’ingénieurs
pensent à rejoindre la France Libre.
Le SO-90 prototype en cours de finition, avec un tableau de bord
incomplet et sans l’hydraulique du train d’atterrissage,
a été autorisé par l'occupant italien à
faire quelques essais de roulage sur le terrain de Cannes-Mandelieu.
Rien n’apparaît donc anormal lorsque le lundi 16 août
1943, jour férié, en début d'après-midi,
à l'heure de la digestion, un équipage se présente
en bras de chemise pour un nouvel essai.
Quelques instants plus tard, le plus rocambolesque premier vol d’essai
de l'histoire de l'aéronautique se produit.
Maurice Hurel, poussant à fond les manettes, décolle
au dessus de l'usine et met le cap au Sud, train sorti, à
basse altitude pour échapper à la chasse allemande
qui est prévenue.
Le SO-90 fait une longue ligne droite de 3 h. Ce n'est qu'à
l'arrivée à Philippeville en Algérie qu'un
premier virage est tenté afin de se poser.
Les Allemands ordonne la cessation de toutes activité aéronautique,
il en sera ainsi jusqu'en 1947 année où l'établissement
s'oriente vers le domaine de l'astronautique.
En 1959, la société est sollicitée pour l'étude
et la réalisation d'engins balistiques, maître d'œuvre
du programme de missiles pour la force de dissuasion nucléaire
française.
Tous les programmes d'engins en cours sont arrêtés
au profit d'un seul objectif : réaliser des missiles balistiques
à longue portée.
La RN98 et les anciens établissements Romano devenus
en 1957 Sud Aviation. (au fond à gauche on aperçoit
le gazomètre de l'usine de gaz en bordure de RN7)
À partir des années 1960 et de la création
du CNES, l'établissement commence à travailler dans
le secteur Spatial pour des programmes nationaux.
Le 1er janvier 1970, Sud-Aviation, Nord-Aviation et SEREB fusionnent
devenant la Société Nationale Industrielle Aérospatiale
(SNIAS), dite « aérospatiale ».
L'établissement de Cannes devient le pôle Satellites
d'Aérospatiale.
Sur les grilles du site spatial, une exposition retrace les
90 ans de l'établissement. En route vers les étoiles.
Vue en direction de Mandelieu.
Aujourd'hui, le site de Cannes est l'un des sites
industriels les plus importants du groupe Thales Alenia Space. Premier
constructeur de satellites européen.
Sources et extraits :
http://www.cannes-aero-patrimoine.net/mediawiki/index.php?title=Centre_spatial_de_Cannes_Mandelieu
https://fr-academic.com/dic.nsf/frwiki/307838
Sur l'évasion du SO 90 :
http://aviateurs.e-monsite.com/pages/de-1939-a-1945/evasions-du-so-90.html
En route -
Poursuivons toujours sur le boulevard du Midi - Louise
Moreau, qui longe la belle plage du Midi, sur environ 5 km.
A espace régulier, telles des arrêts de stations de
métro, de petits kiosques identiques proposent une restauration
rapide.
De là on a une belle vue sur l'ensemble du
golfe de la Napoule et des îles de Lerins : l'île Ste
Marguerite et l'ïle St Honorat.
Les îles de Lerins
A hauteur de la gare de Cannes La Bocca, la voie ferrée
vient border la route sur les 2 km restant jusqu'à l'entrée
de Cannes.
Vue vers Mandelieu La Napoule. Plage du Midi, Route Nationale
7 et voie ferrée.
Au loin, on aperçoit le panache de fumée d'une locomotive
à vapeur. Le PLM fait route vers Cannes.
Seul "grain de sable" qui vient rompre la
monotonie de la plage du Midi jusque là uniforme : les rochers
de La Bocca.
Le boulevard du midi et la plage des rochers. Remarquez le pilier
de pierre, ruine d'une ancienne fortification.
Au chapitre précédent, nous avons déjà
abordé la présence au XIXe siècle d'une forte
communauté d'Anglais qui, soit pour des raisons de santé,
soit pour découvrir la Riviera, venaient s'établirent
à Nice ou à Cannes.
Les voyages d'agrément étant à cette époque
l’apanage des gens fortunés, de grands propriétaires
terriens, des hommes d'affaires, banquiers ou hommes politiques,
séduits par la beauté du site, firent édifier
de belles demeures, entourées de
superbes parcs.
En 1847 le révérend anglican Henri Belmont
Sims, fait construire à La Bocca, un petit pavillon de campagne
qu'il revend au baron d’Adelward, ambassadeur de Suède.
Ce dernier le transforme en un petit château de style néo-gothique
avec tours crénelées, construit en grès rose
de l'Estérel.
Ce domaine appartiendra ensuite à Madame de-Rozière,
puis au baronet George Tellemach Sinclair, membre du Parlement anglais,
enfin en 1882 à la Barone Medora von Hoffman (1856-1921),
fille du baron Louis, riche banquier new-yorkais.
Campé sur un rocher gigantesque dont la mer vient baigner
la base, le Château gothique de La Bocca.
Du château, dont l'entrée se situe au
9 de l'actuelle avenue Francis Tonner, l'on pouvait directement
gagner la mer par une passerelle qui enjambait les rochers de la
plage.
La Route Nationale 7 au temps de la Corniche d'Or devant la
plage des rochers. Encore peu de véhicule à l'époque
hormis quelques charrettes hippomobiles.
Vue sur la passerelle et la muraille en front de mer du château
de La Bocca..
En 1937, le domaine est vendu et le château
détruit, laissant place à un lotissement d'immeubles
contemporains dont seul le nom fait encore référence
à l'ancienne demeure : Le Château de la Mer.
La passerelle et la muraille en bord de mer seront épargnées
de la destruction et le parc du château deviendra jardin public.
Avec l'arrivée des troupes allemandes sur le
littoral maralpin en 1942, des fortifications de campagne furent
aménagées dans un premier temps, puis on construisit
progressivement le Mur de la Méditerranée ou Südwall
(99 casemates achevées en juin 1944 et 22 en construction)
entre Théoule et Menton, bâties par le Génie
de la 148e ED, le 2e bataillon de forteresse du 14e Pionier Stab
et des entreprises locales du BTP.
Les villes de Cannes et de Nice possédaient une douzaine
de casemates le long de la Croisette et de la Promenade des Anglais.
La plupart d'entre elles furent détruites ou endommagées
par les tirs de l'escadre alliée entre le 15 et le 28 août
1944, avant de subir un démantèlement quasi complet
durant la première année de la Libération,
avec l'utilisation de marteaux-piqueurs, de pioches et d'explosifs.
Une quinzaine d'entre elles sont encore visibles, parfois récupérées
par des établissements balnéaires.
Extraits : museedelaresistanceenligne.org/
La muraille du château de La Bocca transformée
en blockhaus, élément défensif du mur de la
Méditerranée.
Cannes - La Bocca, sur la plage au lieu-dit des "Rochers
de La Bocca" : il y avait jusqu'en 1986 un gros blockhaus italien
à 2 étages, composé de 2 casemates pour canon
et un poste d'observation sur la mer, la route côtière
était aussi battue de chaque côté par deux blocs
de Mg. Une passerelle en béton permettait de passer par dessus
la voie ferré qui loge la route côtière. Le
tout était transformé en camouflage genre "château
médiéval".
Les Allemands ont repris à leur compte la position en y installant
deux canons de montagne français de 75 mm... En arrière
2 ringstands pour Mg, et dans le parc du château une fausse
batterie d'artillerie.
Extrait : https://sudwall.superforum.fr
Courant années 50. Un autorail roule en direction de
La Napoule.
En 1986, la municipalité en place fait raser les derniers
vestiges de château de La Bocca.
Passerelle et blockhaus disparaissent. Aujourd'hui ne subsiste qu'un
pilier en souvenir.
Une plaque rappelle l'inauguration du Boulevard du Midi
Louise Moreau en 2006. Image réactive
Aléas des déclassements, une borne routière
marquée N559 et N98
Allez comprendre !
A sa création en 1933, la RN 559 est définie
comme la route de "Marseille à Menton par le bord de
mer".
En cela, son tracé composé d'une succession de tronçons
se superpose parfois à celui de la RN 98 qui relie Toulon
à Cannes.
Dans les Alpes Maritimes, sur la section allant de La Napoule à
Cannes, la RN 559 fait tronc commun avec la RN 98.
A la suite de la réforme de 1972, la RN 559 disparaît
sur ce tronçon, ne laissant que la RN 98.
Au fur et à mesure de notre approche de Cannes,
l'urbanisation se rappelle à nous, se faisant de plus en
plus intrusive.
La voie ferrée nous abandonne, les beaux immeubles, les terrasses
de cafés, les glaciers, restaurants et autres salons de thés
refont leur apparition en bordure de boulevard, devenu le Boulevard
Jean Hibert.
La voie est maintenant bordée de palmiers ce qui lui confère
un petit air classieux.
Quels changements tout de même depuis notre départ
de Paris !
Le boulevard Jean Hibert. Remarquez la Station Esso située
en plein milieu résidentiel, impensable aujourd'hui.
Boulevard Hibert
Nous voici dépaysé, subjugué
par l’insouciance des baigneurs, le bleu azur du ciel et de
la mer, la flore méridionale et la chaleur ambiante.
Qu'elles nous semblent maintenant bien mornes les villes de Nemour,
Montargis ou la maussade Moulins que pourtant nous trouvions charmantes
il y a à peine deux jours de cela...
Le boulevard Jean Hibert vue en direction de La Napoule. Même
lieu fin des années 50. Image réactive.
Belle vue sur la fin du boulevard Hibert et la pointe du quai du
large, dont le phare signale l'entrée du vieux port.
Le Boulevard Jean Hibert prend fin devant le quai
St Pierre qui longe maintenant le vieux port.
Face à nous, la jetée du quai du large, embarcadère
pour les îles de Lérins, son phare et son héli-port.
Panorama au début du siècle dernier. Le vieux
port au pied du quartier du Suquet accroché sur sa colline.
Image réactive
Nous sommes à l'angle du futur boulevard Hibert/ RN7 et ses
plages du Midi ( à gauche) et du quai St Pierre et son vieux
port (à droite).
Même lieu aujourd'hui :
Seul point de repère de comparaison, quai St Pierre, la bâtisse
carrée de 3 étages dont la toiture est cernée
d'une balustrade (ancienne maison des Ponts et Chaussées
construite vers 1842)
Nous voici maintenant dans la dernière ligne
droite avant de retrouver la jonction avec le tracé de la
RN97/RN7.
Jusqu'à l'arrivée du chemin de fer en
1863, l'essentiel des marchandises utilisées dans la région
passe par Cannes.
La ville est longtemps dépourvue de port, les bateaux soit
accostent sur la grève, soit mouillent à distance
du rivage, et leurs cargaisons sont transbordées.
Le mauvais temps rend le mouillage dangereux et provoque des naufrages.
Depuis 1772, la communauté réclame l'édification
d'un môle, qui sera réalisé seulement sous Louis-Philippe
entre 1838 et 1843.
Le quai St Pierre, situé côté
ouest du vieux port, est construit à partir de 1838 sous
l'impulsion de Lord Brougham qui souhaite y développer les
échanges commerciaux avec les autres ports.
Imparfait, ce premier aménagement reste insuffisant : le
môle reste trop ouvert à l'est.
Il sera amélioré par l'éclairage au gaz en
1891, la construction d'une contre-jetée en 1898, le prolongement
du premier quai en 1897, puis enfin son exhaussement en 1911.
Mais c'est en 1955 qu'il adoptera sa morphologie actuelle.
Sources et extraits :
https://www.cannes.com/fr/index.html
https://artplastoc.blogspot.com/2021/04/1184-cannes-le-port-au-milieu-du-xix.html
https://fr.wikipedia.org/wiki/Quai_Saint-Pierre_(Cannes)
Forte activité sur le quai St Pierre en cette fin de
XIXe siècle. Les futurs touristes de la RN7 en 1933 auront
bien du mal à se frayer un chemin si rien n'est fait.
Image réactive. même lieu .
En route -
Sur l'esplanade en coin, devant l'imposant hôtel
Radisson, ex hôtel Sofitel, ex Méditerranée,
trône parmi les œuvres d'art éphémères,
un petit oratoire pour le moins anodin.
Il s'agit de l'oratoire de l'ancienne église St Pierre, qui
a donné son nom au quai, église qui se situait exactement
à cet emplacement.
Le petit oratoire St Pierre, dernier vestige de l'église
St Pierre, patron des pêcheurs, qui a donné son nom au
quai. Image réactive
Même lieu photographié en 1852 par Charles Nègre,
vu sur l'église St Pierre qui n'allait plus tarder a être
transformée en entrepôt portuaire.
Bien agréable cette balade le long du quai.
Côté ville, un bel alignement de façades d'immeubles
aux caractéristiques méridionales, une succession
de terrasses de cafés et de restaurants, de larges trottoirs
agrémentés de palmiers.
Côté quai, les bateaux de plaisance, et parfois des
pointus qui ont remplacé les vieux gréements.
Vue du quai St Pierre. Au niveau de la gare routière
dont on aperçoit les cars, le tracé des deux routes
se rejoignent. La Corniche d'or/ RN7 d'avant1933 prenait fin ici.
Le Quai Saint Pierre rejoint ici La RN7 à la
hauteur de la gare routière.
Les deux routes fusionnent, et les tracés des deux routes
sont donc identiques.