ETAPE 19 : de Mandelieu La Napoule (900km) à St Laurent du Var (950km)

01 bis/06
← (début étape) Mandelieu La Napoule - Cannes la Bocca - Cannes →

Itinéraire alternatif de Mandelieu La Napoule à Cannes

Nous re-débutons cette nouvelle étape toujours en région Provence Alpes Côte d'Azur (PACA), dans le département des Alpes Maritimes (06)

Rappel concernant le déclassement de la Route Nationale 7 : par la réforme 2005, dans tout le département des Alpes Maritimes, l'ancienne Route Nationale 7 après déclassement, prend plusieurs appellations :
D 6007 lorsqu'elle suit le tracé de l'ancienne RN7/97. D6207 autour de l'aéroport de Cannes. D6085 dans la traversée de Cannes. D6107 à l'approche d'Antibes. M6007 sur toute la Métropole de Nice.
On rencontrera également de nombreuses autres appellations dans la traversée de certaines villes ou de certains secteurs au grès des nombreuses variations d'itinéraires.
Bref, il va falloir ressortir les anciennes cartes routières pour rouler au plus près du tracé historique. Tracé historique ? oui, mais lequel ?

Rappelons par ailleurs que jusqu'en 1828, à partir de Brignoles, la Route Nationale 7 pour rejoindre Antibes, passait par l'arrière pays Varois, Le Val, Lorgues, Draguignan, Grasse, Mougins, Antibes (tracé rouge ci-dessus).
Pour couper au plus court vers la mer, il fallait quitter la RN7 à Brignoles, emprunter la RN95 de Brignoles au Luc (tracé bleu), puis poursuivre du Luc à Antibes par la RN97 via Fréjus, le massif de l'Esterel et Cannes (tracé vert).

Il faudra attendre 1918 pour que la RN95 soit officiellement reclassée RN7 de Brignoles au Luc.
Mais une nouvelle route va venir brouiller les pistes. La Corniche d'Or qui relie par la côte Fréjus à Cannes est classée Route Nationale 7 dès sa construction en 1904 (tracé jaune).
En 1933, la Corniche d'Or / RN7, mal adaptée à l'évolution du trafic routier est déclassée et intègre la récente RN98 qui reliait déjà Toulon à Fréjus par le bord de mer, la prolongeant ainsi jusqu'à Cannes. (tracé violet)
En 1933 la RN97 devient finalement RN7 sur sa section allant du Luc à Antibes.

C'est le tracé de la Corniche d'Or / RN7 avant 1933 et de la RN98 post-1933 que nous allons suivre maintenant.


Sur cette carte de 1927, La Corniche d'Or est encore classée RN7, de St Raphaël à Cannes (en rouge).
La RN97 arrive de Fréjus par l'Esterel. (jaune)
Une courte section RN98 terminale permet de relier les deux routes nationales

Le départ alternatif de cette 19e étape se fait donc au carrefour de la Corniche d'Or et de la section terminale de la RN98 (cercle blanc) qui rejoignait la RN97 au carrefour du champ de courses.

Aujourd'hui le carrefour est devenu un rond-point.
Débutons notre parcours au rond-point des Balcons d'Azur.


A droite, Cannes par le bord de mer RN98 ( Corniche d'Or /ex RN7), tout droit vers la RN97/7, au milieu le mont San Peyre.


Départ tracé RN98 ex RN7.


Itinéraire de la RN98 - La Route du Bord de Mer - de La Napoule à Cannes (tracé rouge)

En route -

A peine tourné sur la droite, nous voici à :


L'entrée de La Napoule vue ici en 1972. Même lieu aujourd'hui. Image réactive.

Disons le tout de suite, ne vous attendez pas à trouver ici une jolie petite station balnéaire qui aurait conservé tout son prestige d'antan.
Ne vous attendez pas non plus à retrouver le charme pittoresque d'un village de pêcheur, que pourtant La Napoule fut à une époque... réminiscence d'un passé oublié.

Aujourd'hui, si l'ensemble du bord de mer semble intégralement coulé dans le béton, suite sans âmes de programmes immobiliers plutôt récents, quelques zones tirent tout de même leur épingle du jeu en affichant un petit air années 70,
à l'instar, par exemple, du petit "centre village de La Napoule" légèrement excentré sur la gauche.
Nichés au pied de la colline, des boutiques, des restaurants et des terrasses, de petits hôtels à taille humaine, de croquignolettes ruelles pentues font de ce quartier animé une agréable petite pause touristique.


Le centre village de La Napoule, à l'époque le quartier n'est pas encore trop touristique.


Le carrefour et le centre Village. Image réactive
Aujourd'hui la circulation automobile dans le village est organisée en parkings et en sens uniques.

Poursuivons notre itinéraire par la D6098, désignation actuelle de l'ex Nationale 98 qui avait absorbée la Nationale 7 lorsque cette dernière avait été déclassée en 1933.

La route passe sur le pont SNCF duquel on aperçoit le donjon et les tours crénelées du château de La Napoule.


Avant de rejoindre le bord de mer, la RN98 passe sur le pont SNCF d'où l'on a une vue sur le château de la Napoule. Image réactive

Les premières mentions d'un castrum à la Napoule apparaissent au IXe siècle. Il dépend alors de l'autorité des évêques de Fréjus et des princes-évêques d'Antibes.
En 1284, l'abbaye de Lérins inféode sa part du castrum à un seigneur laïc des environs, Raymond de Fayence, qui appartient à la famille des Villeneuve-Tourettes.
Cette famille possédera la seigneurie de La Napoule jusqu'au XVIIe siècle, et c'est sous leur régence que sera construit le nouveau château en bord de mer.

Au XVe siècle, le Roi René souhaite démolir le village de La Napoule qui sert de retraite aux pirates de terre et de mer.
Les défenses du château sont alors améliorées pour lutter contre les attaques pouvant venir de la mer.
Les habitants des terres voisines sont engagés à faire le guet aux portes de la ville, ce qui n'empêchera pas le célèbre corsaire Kheir-ed-Din, dit Barberousse, d'attaquer et de mettre à sac La Napoule en 1530.

En 1550, une épidémie de peste frappe la population du village.


La plage au pied du château de la Napoule. Du haut de ces remparts 800 ans d'histoire contemplent les baigneurs insouciants.

En 1590 et en 1707 le château subit les attaques des troupes savoyardes qui laissent le village de la Napoule ruiné.
En 1680, le château est intégré à la ligne de défense des côtes voulue par Richelieu, une nouvelle tour défensive sera construite à Théoule sur mer.

Dominique de Montgrand, seigneur de Mazade, achète la seigneurie le 21 mars 1719.
En 1728 elle passe à son fils, Jean-Baptiste de Montgrand, brigadier des armées du roi, commandant général des milices garde-côtes de Provence.
En 1746, le château est en partie saccagé par les armées austro-sardes pendant la guerre de Succession d'Autriche.

A la Révolution, le château est abandonné et pillé.
En 1815, le marquis de Montgrand rachète les terres et se fait restituer le château.
Le propriétaire du château autorise, en 1837, l'installation d'une verrerie dans le château. Ce qui restait de la charpente va disparaître comme combustible.
La famille de Montgrand va conserver les ruines du château jusqu'en 1876. La nouvelle voie de chemin de fer passe à côté à partir de 1863.

Le château est vendu en 1876 à M. Charrier, parfumeur à Grasse.
À partir de 1878, il fait démolir les ruines et construire à la place une maison de maître sur le front de mer avec, en retour d'équerre, des ailes de servitudes sur les fondations des anciens bâtiments.
Les travaux sont achevés en 1880.

Dans les années 1900, le château est mis en location à de riches estivants. M. Béranger qui en a hérité le met en vente pendant la Première Guerre mondiale.


Le château de la Napoule au début du siècle dernier, donc ici, il s'agit bien de la RN7.

En 1918, deux américains, Henry Clews et Elsie Whelen, dite Marie Clews, s'installent dans les restes de la demeure médiévale qu'ils ont acquise en novembre 1918 pour entreprendre de la reconstruire.
Henry Clews, fils d'un banquier new-yorkais, avait hérité d'une grande fortune.
Grâce à cette fortune, le couple put restaurer les bâtiments et en construire d'autres de toutes pièces, en apportant leur touche personnelle (Henry était sculpteur et sa femme architecte).

Henry et Marie Clews ont résidé dans leur château entre 1919 et 1930. Ils ont été à la fois les maîtres d'ouvrage et les concepteurs du château et du jardin.
Ils ont conçu un ouvrage néo-médiéval sans aucune recherche archéologique.
Henry Clews y a développé un bestiaire fantastique en faisant des rappels à des contes de fées comme le montre des devises gravées sur le château, comme Once upon a time ou Myth - Mystery - Mirth.


Ponton aménagé en bordure de route Nationale 98, au pied du château de La Napoule.

En 1943, le château est incorporé dans le réseau de batteries de marine du Südwall construit par l'armée allemande.
Un blockhaus camouflé est construit au nord-est du jardin qui détruisit une partie du mur du jardin.
Il a été rétabli en 1950 par Marie Clews.

Fondée en 1951 par Marie Clews, l’Association d’art de La Napoule Mémorial Henry Clews a fait du château un lieu d’échanges culturels international comprenant l’organisation de colloques, d’expositions, de concerts et de spectacles auxquels s’ajoute un programme de résidence d’artistes.

Sources et extraits : wikipédia, www.chateau-lanapoule.com/

En route -

Direction le bord de mer, non sans être passé devant l'entrée de la fondation Henry Clews.


Encore répertorié dans les guides touristiques du milieu des années 1960, le Petit Savoy Auberge, était réputé pour son cadre provençal face au château médiéval,
Son menu gastronomique préparé par le patron, proposait Bouillabaisse et langouste flambée au Ricard. Image réactive.


Les décennies ont passé, les noms ont changé, mais il est toujours possible de se restaurer dans la cour ombragée de
l'établissement dont un portillon (visible sur la droite) donnait directement sur le quai de la gare.
Entre RN7 et PLM, mieux placé... il n'y avait pas ! Image réactive

Et nous voici avenue Henry Clews, du nom du sculpteur américain qui acheta, en 1918, le Château de la Napoule.


Intéressante vue du bord de mer, la RN98,aujourd'hui avenue Henry Clews, vers les années 1930.
On constate que la route n'a pas encore été doublée, et que les promoteurs immobiliers ne se sont pas encore intéressés au secteur.


Ambiance vacances. Une époque où l'on pouvait partir en voiture et avoir la certitude de trouver une place pour se garer, sans trop tourner dans le quartier.
Une époque où l'on pouvait laisser l'automobile sur le bas côté ou dans une rue adjacente avec la certitude de ne pas se prendre un PV.
Une époque où la tenue de plage, en ville, n'était pas prohibée. Ah! les terrasses de cafés en maillot de bain !!


Ambiance vers les années 50


à propos de promoteurs immobiliers....
Vers le milieu des années 1960. l'avenue n'est pas encore bétonnée à outrance. Les constructions ont presque les pieds dans l'eau.
Aujourd'hui, seul l'immeuble (dont on aperçoit les cheminées) nous sert de point de repère temporel. Image réactive.


Aujourd'hui le front de mer est bien loti, et l'on constate que la chaussée a gagné plusieurs mètres supplémentaires sur la mer.
Même point de vue, mêmes immeubles vers les années 1960, à l'époque de la RN98. Image réactive.

En route -

Elle a belle allure tout de même cette promenade du bord de mer avec ses palmiers, ses pins parasols, son port de plaisance et ses immeubles de beaux standings.
C'est en avril 1968 que débutent les travaux d'aménagement du nouveau port de plaisance ainsi que l'élargissement de la chaussée.
Malgré les événements de mai 68, qui apporteront leurs lots de grèves générales et de conflits sociaux, le port sera inauguré en grande pompe un an et trois mois plus tard en août 1969.

Avant de franchir le Riou, jetons un œil gourmand, sur le très select Ermitage du Riou aujourd'hui devenu l'Oasis.


Années 50 RN 98. Situé juste avant le pont sur le Riou, l'Ermitage du Riou pouvait s'enorgueillir d'attirer toute la haute société dans sa bastide provençale.
Sur la droite l'embouchure du Riou de l'Argentière et le pont.


Pont sur le Riou / l'Oasis

Extrait : LE PETIT LU GOURMAND CHRONIQUEUR GASTRONOMIQUE

L’Oasis / Ermitage - La Napoule est une institution qui a fait vibrer les papilles des plus exigeants gastronomes du monde entier depuis sa création par Louis Outhier en 1954. Cet élégant chef esthète, au parcours d’une voie royale de la haute gastronomie française, a fait ses classes chez l’unique et intransigeant Fernand Point (le père de la cuisine Moderne) en même temps qu’un certain Paul Bocuse et autre Jean Troisgros. Envoyé en remplacement au Carlton à Cannes, Louis Outhier découvre et tombe éperdu par la beauté et la magie de La Côte d’Azur. Il achète aussitôt dans le charmant village de pêcheurs de La Napoule, situé dans la baie de Cannes, une petite villa au style atypique qu’il transforme en restaurant. De par sa cuisine et son accueil légendaire, l’Oasis devient très vite une adresse incontournable et prisée de la région : une véritable « Pension Gourmande ». En 1960 arrive la première étoile au Guide Michelin, puis la seconde en 1965 et enfin, en 1970 la consécration des trois étoiles place l’Oasis au firmament des destinations et références de la gastronomie de la Riviera, tels Le Moulin de Mougins de Roger Verger ou encore La Bonne Auberge de Jo Rostang. On vient du monde entier pour déjeuner dans le patio à la végétation luxuriante et tropicale, les stars et starlettes du Festival de Cannes s’empressent à venir goûter Le Loup en Croûte, La Mousseline de Rascasse ou encore le Foie Gras en Brioche…

https://lepetitlugourmand.com


Le pont sur le Riou de l'Argentière, vue en direction de La Napoule. On aperçoit à droite le fameux Ermitage.


Le pont sur le Riou de l'Argentière, vue en direction de Cannes.


La Route Nationale 7 / Corniche d'Or, au début du siècle dernier. Une route encore peu fréquentée par les automobiles.
Le pont sur le Riou vue vers le château de La Napoule.

En route -

Située entre l'embouchure du Riou que nous venons de franchir, et l'embouchure de la Siagne que nous allons franchir, nous traversons maintenant une zone artificiellement aménagée.

La gauche de la chaussée est consacrée aux terrains de golf et pas n'importe lequel. Le "Golf Old Course", l'ancêtre des golfs de la Côte d'Azur.


Entre les embouchures des fleuves, un parc aux arbres centenaires accueille le doyen des club de Golf de la Côte d'Azur.

Entre 1891 et 1893, le Grand Duc Michael de Russie, forcé à l'exil, s'installe avec son épouse à Cannes.
Passionné de golf après un séjour en Écosse, il décide de créer le Cannes-Mandelieu Old Course, premier golf méditerranéen dans la pinède de La Napoule au sud de Cannes.

"Le Grand-Duc Michel de Russie mit toute son énergie au service de ce projet.
Entre la mer et la Siagne, le site était idéal pour cette réalisation : quelques hectares en bord de mer protégés du soleil par d’immenses pins parasols centenaires, un lieu d’exception où la nature est reine.
Le « 9 trous » ou parcours « Grand Duc » fut la toute première création du Grand Duc Michel de Russie.
Dès lors, Lords, Ducs, Comtes, Princes et Rois se pressent pour le découvrir.
Le Prince Bertil de Suède et le Roi Léopold de Belgique sont nommés présidents d’honneur.
Le Duc et la Duchesse de Windsor viennent prendre le thé au Club-House. Jerry Lewis et Sean Connery assistent aux compétitions."

Extrait : https://www.golfoldcourse.com/index.php

Sur la droite de la chaussée, face au Golf, s'étend une zone résidentielle et le Joa Royal Casino en bordure de mer.
Pour construire ce secteur urbain, il a fallu mordre sur la mer et construire une extension du littoral.


Jusqu'en 1965, entre les deux embouchures, (Le Riou à gauche, La Siagne à droite) la route est bordée par le terrain de golf d'un côté et la mer de l'autre

En 1968 on note l'apparition de la anse du port de plaisance à l'embouchure du Riou, puis en 1970 une nouvelle étendue artificielle fait son apparition entre les deux embouchures.


10 ans plus tard en 1980 le projet immobilier est achevé, reste à construire l'hôtel & Casino.


Les résidences et le Casino Hôtel sur la presqu'île artificielle.

On franchit le pont sur La Siagne pour aborder maintenant, sur presque 6 km, une succession de plages, aux noms tous plus exotiques les uns que les autres.

Nous sommes avenue du Général de Gaulle et la première plage rencontrée est la plage du Robinson et ses restaurants de plage La Palmeraie, ou le Sweet Beach.


Ambiance des années 1970, plage du Robinson. Même lieu aujourd'hui. Image réactive.


Hormis la plage aujourd'hui aménagée en grandes anses protégées, le secteur n'a pas trop évolué.
Le practice de Golf et les places de parking le long de la route sont toujours là. Image réactive.

La seconde anse est celle des sables d'Or. La plage fait la frontière avec la ville de Cannes

Nous voici Boulevard du Midi, rebaptisé en 2006 "Boulevard du Midi-Louise Moreau" du nom de la résistante, femme politique et maire de Mandelieu La Napoule, Louise Moreau (1921-2001)


Le pont et le port abri du Béal.

On franchit le pont sur le petit fleuve Béal bordé de part et d'autre par un port abri, pour arriver devant un long bâtiment industriel à la façade austère, décor plutôt incongru pour cette promenade estivale en bord de côte.


Une rescapée.

Il s'agit des bâtiments du Centre Spatial de Cannes - Mandelieu, aujourd'hui Thalès Aliena Space.
Si le centre spatial de Kourou en Guyanne, ou encore celui de Toulouse nous sont connus, celui de Cannes semble plus discret.
L'établissement n'est pourtant pas né d'hier.

Remontons le temps....

Le 16 août 1929, Étienne Romano crée la SA des Chantiers aéronavals Étienne Romano (CAER), une usine de construction d'aéronefs, avions et hydravions, sur la commune de Cannes.
La construction de l'usine, un grand bâtiment rectangulaire, débute en 1930 nécessitant des fondations spéciales.
Idéalement située entre la mer et une piste en herbe, qui deviendra l'aérodrome de Cannes Mandelieu, l'usine est mise en service au milieu de l'année 1931, avec le maintien des activités navales (fabrication, entretien, gardiennage) et l'entretien d'avions pour la Marine : CAMS, Levasseur, Farman Goliath, Le O 20, MS 130, MS 230.
Romano va construire des dizaines d'avions et hydravions Romano pour l'armée de l'air et la marine, jusqu'à la Guerre.


Les premiers chantiers Romano.

Le 11 août 1936, les Chantiers Romano sont nationalisés. Rattachés à l'entreprise Lioré et Olivier, à Argenteuil (Val-d'Oise), et la Société Provençale de Construction aéronautique (SPCA),
ils deviennent la Société Nationale des Constructions Aéronautiques du Sud-Est (SNCASE) le 1er février 1937.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, la relative tranquillité de l'établissement de Cannes y attire de grands noms de l'aviation.
Tous les industriels de l'aéronautique, y compris le Bureau d'étude Bloch, qui deviendra Marcel Dassault, viennent s'installer à Cannes, en mars 1941, dans l'hôtel Continental, d'où ils passent commande, pour la réalisations d'avions.

Fin juin 1942, les Allemands ont envahi la zone sud, et en novembre la 4ème Armée Italienne occupe les Alpes-Maritimes.
Le "climat" devenant malsain, beaucoup d’ingénieurs pensent à rejoindre la France Libre.
Le SO-90 prototype en cours de finition, avec un tableau de bord incomplet et sans l’hydraulique du train d’atterrissage, a été autorisé par l'occupant italien à faire quelques essais de roulage sur le terrain de Cannes-Mandelieu.
Rien n’apparaît donc anormal lorsque le lundi 16 août 1943, jour férié, en début d'après-midi, à l'heure de la digestion, un équipage se présente en bras de chemise pour un nouvel essai.
Quelques instants plus tard, le plus rocambolesque premier vol d’essai de l'histoire de l'aéronautique se produit.
Maurice Hurel, poussant à fond les manettes, décolle au dessus de l'usine et met le cap au Sud, train sorti, à basse altitude pour échapper à la chasse allemande qui est prévenue.
Le SO-90 fait une longue ligne droite de 3 h. Ce n'est qu'à l'arrivée à Philippeville en Algérie qu'un premier virage est tenté afin de se poser.

Les Allemands ordonne la cessation de toutes activité aéronautique, il en sera ainsi jusqu'en 1947 année où l'établissement s'oriente vers le domaine de l'astronautique.
En 1959, la société est sollicitée pour l'étude et la réalisation d'engins balistiques, maître d'œuvre du programme de missiles pour la force de dissuasion nucléaire française.
Tous les programmes d'engins en cours sont arrêtés au profit d'un seul objectif : réaliser des missiles balistiques à longue portée.


La RN98 et les anciens établissements Romano devenus en 1957 Sud Aviation. (au fond à gauche on aperçoit le gazomètre de l'usine de gaz en bordure de RN7)

À partir des années 1960 et de la création du CNES, l'établissement commence à travailler dans le secteur Spatial pour des programmes nationaux.
Le 1er janvier 1970, Sud-Aviation, Nord-Aviation et SEREB fusionnent devenant la Société Nationale Industrielle Aérospatiale (SNIAS), dite « aérospatiale ».
L'établissement de Cannes devient le pôle Satellites d'Aérospatiale.


Sur les grilles du site spatial, une exposition retrace les 90 ans de l'établissement. En route vers les étoiles. Vue en direction de Mandelieu.

Aujourd'hui, le site de Cannes est l'un des sites industriels les plus importants du groupe Thales Alenia Space. Premier constructeur de satellites européen.

Sources et extraits :

http://www.cannes-aero-patrimoine.net/mediawiki/index.php?title=Centre_spatial_de_Cannes_Mandelieu
https://fr-academic.com/dic.nsf/frwiki/307838

Sur l'évasion du SO 90 :

http://aviateurs.e-monsite.com/pages/de-1939-a-1945/evasions-du-so-90.html

En route -

Poursuivons toujours sur le boulevard du Midi - Louise Moreau, qui longe la belle plage du Midi, sur environ 5 km.
A espace régulier, telles des arrêts de stations de métro, de petits kiosques identiques proposent une restauration rapide.

De là on a une belle vue sur l'ensemble du golfe de la Napoule et des îles de Lerins : l'île Ste Marguerite et l'ïle St Honorat.


Les îles de Lerins

A hauteur de la gare de Cannes La Bocca, la voie ferrée vient border la route sur les 2 km restant jusqu'à l'entrée de Cannes.


Vue vers Mandelieu La Napoule. Plage du Midi, Route Nationale 7 et voie ferrée.
Au loin, on aperçoit le panache de fumée d'une locomotive à vapeur. Le PLM fait route vers Cannes.

Seul "grain de sable" qui vient rompre la monotonie de la plage du Midi jusque là uniforme : les rochers de La Bocca.


Le boulevard du midi et la plage des rochers. Remarquez le pilier de pierre, ruine d'une ancienne fortification.

Au chapitre précédent, nous avons déjà abordé la présence au XIXe siècle d'une forte communauté d'Anglais qui, soit pour des raisons de santé, soit pour découvrir la Riviera, venaient s'établirent à Nice ou à Cannes.
Les voyages d'agrément étant à cette époque l’apanage des gens fortunés, de grands propriétaires terriens, des hommes d'affaires, banquiers ou hommes politiques, séduits par la beauté du site, firent édifier de belles demeures, entourées de
superbes parcs.

En 1847 le révérend anglican Henri Belmont Sims, fait construire à La Bocca, un petit pavillon de campagne qu'il revend au baron d’Adelward, ambassadeur de Suède.
Ce dernier le transforme en un petit château de style néo-gothique avec tours crénelées, construit en grès rose de l'Estérel.
Ce domaine appartiendra ensuite à Madame de-Rozière, puis au baronet George Tellemach Sinclair, membre du Parlement anglais, enfin en 1882 à la Barone Medora von Hoffman (1856-1921), fille du baron Louis, riche banquier new-yorkais.


Campé sur un rocher gigantesque dont la mer vient baigner la base, le Château gothique de La Bocca.

Du château, dont l'entrée se situe au 9 de l'actuelle avenue Francis Tonner, l'on pouvait directement gagner la mer par une passerelle qui enjambait les rochers de la plage.


La Route Nationale 7 au temps de la Corniche d'Or devant la plage des rochers. Encore peu de véhicule à l'époque hormis quelques charrettes hippomobiles.
Vue sur la passerelle et la muraille en front de mer du château de La Bocca..

En 1937, le domaine est vendu et le château détruit, laissant place à un lotissement d'immeubles contemporains dont seul le nom fait encore référence à l'ancienne demeure : Le Château de la Mer.
La passerelle et la muraille en bord de mer seront épargnées de la destruction et le parc du château deviendra jardin public.

Avec l'arrivée des troupes allemandes sur le littoral maralpin en 1942, des fortifications de campagne furent aménagées dans un premier temps, puis on construisit progressivement le Mur de la Méditerranée ou Südwall (99 casemates achevées en juin 1944 et 22 en construction) entre Théoule et Menton, bâties par le Génie de la 148e ED, le 2e bataillon de forteresse du 14e Pionier Stab et des entreprises locales du BTP.
Les villes de Cannes et de Nice possédaient une douzaine de casemates le long de la Croisette et de la Promenade des Anglais.
La plupart d'entre elles furent détruites ou endommagées par les tirs de l'escadre alliée entre le 15 et le 28 août 1944, avant de subir un démantèlement quasi complet durant la première année de la Libération, avec l'utilisation de marteaux-piqueurs, de pioches et d'explosifs. Une quinzaine d'entre elles sont encore visibles, parfois récupérées par des établissements balnéaires.

Extraits : museedelaresistanceenligne.org/


La muraille du château de La Bocca transformée en blockhaus, élément défensif du mur de la Méditerranée.

Cannes - La Bocca, sur la plage au lieu-dit des "Rochers de La Bocca" : il y avait jusqu'en 1986 un gros blockhaus italien à 2 étages, composé de 2 casemates pour canon et un poste d'observation sur la mer, la route côtière était aussi battue de chaque côté par deux blocs de Mg. Une passerelle en béton permettait de passer par dessus la voie ferré qui loge la route côtière. Le tout était transformé en camouflage genre "château médiéval".
Les Allemands ont repris à leur compte la position en y installant deux canons de montagne français de 75 mm... En arrière 2 ringstands pour Mg, et dans le parc du château une fausse batterie d'artillerie.

Extrait : https://sudwall.superforum.fr


Courant années 50. Un autorail roule en direction de La Napoule.

En 1986, la municipalité en place fait raser les derniers vestiges de château de La Bocca.
Passerelle et blockhaus disparaissent. Aujourd'hui ne subsiste qu'un pilier en souvenir.


Une plaque rappelle l'inauguration du Boulevard du Midi Louise Moreau en 2006. Image réactive


Aléas des déclassements, une borne routière marquée N559 et N98
Allez comprendre !

A sa création en 1933, la RN 559 est définie comme la route de "Marseille à Menton par le bord de mer".
En cela, son tracé composé d'une succession de tronçons se superpose parfois à celui de la RN 98 qui relie Toulon à Cannes.
Dans les Alpes Maritimes, sur la section allant de La Napoule à Cannes, la RN 559 fait tronc commun avec la RN 98.
A la suite de la réforme de 1972, la RN 559 disparaît sur ce tronçon, ne laissant que la RN 98.

Au fur et à mesure de notre approche de Cannes, l'urbanisation se rappelle à nous, se faisant de plus en plus intrusive.
La voie ferrée nous abandonne, les beaux immeubles, les terrasses de cafés, les glaciers, restaurants et autres salons de thés refont leur apparition en bordure de boulevard, devenu le Boulevard Jean Hibert.
La voie est maintenant bordée de palmiers ce qui lui confère un petit air classieux.
Quels changements tout de même depuis notre départ de Paris !


Le boulevard Jean Hibert. Remarquez la Station Esso située en plein milieu résidentiel, impensable aujourd'hui.


Boulevard Hibert

Nous voici dépaysé, subjugué par l’insouciance des baigneurs, le bleu azur du ciel et de la mer, la flore méridionale et la chaleur ambiante.
Qu'elles nous semblent maintenant bien mornes les villes de Nemour, Montargis ou la maussade Moulins que pourtant nous trouvions charmantes il y a à peine deux jours de cela...


Le boulevard Jean Hibert vue en direction de La Napoule. Même lieu fin des années 50. Image réactive.


Belle vue sur la fin du boulevard Hibert et la pointe du quai du large, dont le phare signale l'entrée du vieux port.

Le Boulevard Jean Hibert prend fin devant le quai St Pierre qui longe maintenant le vieux port.
Face à nous, la jetée du quai du large, embarcadère pour les îles de Lérins, son phare et son héli-port.


Panorama au début du siècle dernier. Le vieux port au pied du quartier du Suquet accroché sur sa colline. Image réactive
Nous sommes à l'angle du futur boulevard Hibert/ RN7 et ses plages du Midi ( à gauche) et du quai St Pierre et son vieux port (à droite).
Même lieu aujourd'hui :
Seul point de repère de comparaison, quai St Pierre, la bâtisse carrée de 3 étages dont la toiture est cernée d'une balustrade (ancienne maison des Ponts et Chaussées construite vers 1842)

Nous voici maintenant dans la dernière ligne droite avant de retrouver la jonction avec le tracé de la RN97/RN7.

Jusqu'à l'arrivée du chemin de fer en 1863, l'essentiel des marchandises utilisées dans la région passe par Cannes.
La ville est longtemps dépourvue de port, les bateaux soit accostent sur la grève, soit mouillent à distance du rivage, et leurs cargaisons sont transbordées.
Le mauvais temps rend le mouillage dangereux et provoque des naufrages.
Depuis 1772, la communauté réclame l'édification d'un môle, qui sera réalisé seulement sous Louis-Philippe entre 1838 et 1843.

Le quai St Pierre, situé côté ouest du vieux port, est construit à partir de 1838 sous l'impulsion de Lord Brougham qui souhaite y développer les échanges commerciaux avec les autres ports.
Imparfait, ce premier aménagement reste insuffisant : le môle reste trop ouvert à l'est.
Il sera amélioré par l'éclairage au gaz en 1891, la construction d'une contre-jetée en 1898, le prolongement du premier quai en 1897, puis enfin son exhaussement en 1911.
Mais c'est en 1955 qu'il adoptera sa morphologie actuelle.

Sources et extraits :

https://www.cannes.com/fr/index.html

https://artplastoc.blogspot.com/2021/04/1184-cannes-le-port-au-milieu-du-xix.html

https://fr.wikipedia.org/wiki/Quai_Saint-Pierre_(Cannes)


Forte activité sur le quai St Pierre en cette fin de XIXe siècle. Les futurs touristes de la RN7 en 1933 auront bien du mal à se frayer un chemin si rien n'est fait.
Image réactive. même lieu .

En route -

Sur l'esplanade en coin, devant l'imposant hôtel Radisson, ex hôtel Sofitel, ex Méditerranée, trône parmi les œuvres d'art éphémères, un petit oratoire pour le moins anodin.
Il s'agit de l'oratoire de l'ancienne église St Pierre, qui a donné son nom au quai, église qui se situait exactement à cet emplacement.

 


Le petit oratoire St Pierre, dernier vestige de l'église St Pierre, patron des pêcheurs, qui a donné son nom au quai. Image réactive
Même lieu photographié en 1852 par Charles Nègre, vu sur l'église St Pierre qui n'allait plus tarder a être transformée en entrepôt portuaire.

Bien agréable cette balade le long du quai.
Côté ville, un bel alignement de façades d'immeubles aux caractéristiques méridionales, une succession de terrasses de cafés et de restaurants, de larges trottoirs agrémentés de palmiers.
Côté quai, les bateaux de plaisance, et parfois des pointus qui ont remplacé les vieux gréements.


Vue du quai St Pierre. Au niveau de la gare routière dont on aperçoit les cars, le tracé des deux routes se rejoignent. La Corniche d'or/ RN7 d'avant1933 prenait fin ici.

Le Quai Saint Pierre rejoint ici La RN7 à la hauteur de la gare routière.
Les deux routes fusionnent, et les tracés des deux routes sont donc identiques.

 


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