ETAPE 19 : de Mandelieu La Napoule (900km) à St Laurent du Var (950km)


Antibes - Villeneuve Loubet - Cagnes sur Mer - Cros de Cagnes - St Laurent du Var - Pont du Var [ fin d'étape]

Alternative à la RN7 entre Antibes et le Pont du Var.


Au carrefour de l'étoile, nous allons cette fois emprunter la direction de Nice par le Bord de Mer via la RN 559


Carrefour de l'Etoile

La "Route du Bord de Mer" est une route touristique de la Côte d'Azur qui longe la mer Méditerranée, depuis Le Trayas à l'Est de Saint-Raphaël (dans le département du Var) jusqu'à Menton et la frontière italienne,
sur une longueur d'une centaine de kilomètres.

Petit historique :

Pendant des siècles, le littoral demeure quadrillé de nombreux chemins vicinaux, souvent en mauvais état et pas toujours reliés entre eux.
Ils sont plus ou moins entretenus par les autorités locales. Au XIXe siècle, l’avènement du "récent" chemin de fer va même participer à ralentir le développement de ce réseau routier côtier.
Pourquoi entretenir ces chemins que jamais personne n'emprunte, alors que l'on privilégie les déplacements en train ?

La route par le Bord de Mer (sans autre appellation ou numérotation) n'est créée qu'en 1933, et elle est alors définie comme la route de Marseille à Menton.
Cette route touristique n'est en fait composée que de tronçons divers mis bout à bout et se confond par endroits avec la mythique RN7, avec la RN 559 sur le pourtour du Cap d'Antibes,
avec la RD 41 entre Antibes et Nice, puis avec la ¨promenade des Anglais à Nice.

À la suite de la réforme de 1972, la Route du Bord de Mer, au tracé plus cohérent, est intégrée à la RN98 dans les Alpes-Maritimes, les anciens tronçons perdent leur numérotation à l'exception du pourtour du Cap d'Antibes
qui conserve sa RN559.
Lors de son déclassement définitif en 2006, La Route du Bord de Mer adopte la nouvelle numérotation D6098 et D2559.

En route -

Le départ se fait au carrefour de l'Etoile, devant cette vielle institution qu'est la Civette de l'Etoile.
Empruntons l'avenue Robert Soleau.

L'avenue Robert Soleau traverse un quartier populaire, mais néanmoins à l'architecture résolument contemporaine.

Au bout de la rue, sur le plateau, le bâtiment rouge brique n'est autre que la gare d'Antibes, inaugurée en 1885 par le maire de l'époque Robert Soleau.


La gare d'Antibes

C'est l’armée qui, suite au décret du 10 juillet 1851, imposa à la compagnie Paris-Lyon-Marseille (P.L.M.), une construction en briques.
Car le bâtiment, en cas de réquisition par l'armée, devait pouvoir être démoli rapidement et à moindre frais pour laisser place nette.


Le parvis de la gare. Image réactive

En effet, avant le rattachement de 1860, par sa position stratégique, Antibes possédait, depuis longtemps, une garnison afin de la protéger contre les ennemis extérieurs.
Après la création du département des Alpes-Maritimes les troupes restent intégrées.
Cependant, bien que bénéfique au point de vue économique, car les garnisons sont consommatrices et que les troupes dépensent pour leur entretien, la présence continuelle de militaires s’accompagne aussi d’inconvénients

Après l’annexion du comté de Nice en 1860, la ville perd son statut de place forte.

Les Antibois se sentent emprisonnés derrière leur rempart infranchissable. Cette situation leur devient intolérable.
Ils désirent suivre l’impulsion générale des villes du littoral, mais leurs obligations militaires les en empêchent.
Véritable handicap au point de vue économique et plus particulièrement touristique, les fortifications ne dégagent, en outre, aucun charme.

Il convient de préciser qu’Antibes et le Fort-Carré sont soumis au décret du 10 juillet 1851 qui les classent dans la première série des servitudes militaires des places de guerre et des forts militaires.
Ce classement fait peser sur le territoire de la commune de lourdes obligations.
Les chemins, les levées et les chaussées sont soumis à l’autorisation préalable du Génie.
De fait, tous les organes passifs ou actifs de la fortification sont déclarés propriété de l’Etat.
Les dérogations sont exceptionnelles et sont accordées par l’autorité militaire qui peut toutefois - c'est le cas de la gare - imposer certaines contraintes à l'édification de nouveaux bâtiments.

Sources et divers extraits :

ANTIBES SOUS LA MANDATURE DE ROBERT SOLEAU.
Marie-Antoinette SETTINERI
Résumé d’un mémoire de maîtrise soutenu à l’université de Nice
sous la direction de M. Schor


Sur cette carte postale du début du siècle dernier, on aperçoit bien les murs de briques de l'édifice imposés par les règles militaires.
Les omnibus à moteur n'ont pas encore totalement remplacé la traction hippomobile.
Le bureau de l'octroi nous indique l'emplacement des frontières de la ville.

L'avenue Robert Soleau entame sa descente et nous amène en bordure de la anse St Roch, aujourd'hui port Vauban.


En face Port Vauban, sur la droite la chapelle St Roch. Image réactive.

La chapelle St Roch.

La petite chapelle visible sur notre droite est dédiée à l'un des Saints patrons de la ville d'Antibes, Saint-Roch.
Construite au début du XVIe siècle à la suite de la terrible peste qui marqua la campagne de Charles-Quint, la chapelle Saint-Roch fut par la suite affectée, au milieu du XXe siècle, au culte orthodoxe.
A l'époque romaine, selon divers témoignages, le site abritait probablement un sanctuaire dédié à Neptune, dieu de la mer, qui recevait hommage des partants et des arrivants.
D'où, selon certains historiens, le grand nombre de pièces de monnaies d'époque retrouvées à l'entrée de la chapelle lors de la construction, en 1986, des bâtiments de la résidence du Port Vauban.


La anse St Roch vue ici en 1920. On retrouve le bâtiment de la gare et la chapelle St Roch presque les pieds dans l'eau. Image réactive.
On constate que la route passait à l'époque devant la chapelle.


Vue actuelle du secteur. Immuables : La gare et la chapelle.
La chapelle n'a plus les pieds dans l'eau, les terres ont grignoté le rivage lors de l'aménagement du port et la route passe maintenant derrière la chapelle.

Port Vauban

L'anse Saint-Roch de la baie des Anges est un abri maritime fréquenté par les navigateurs depuis l'Antiquité.
Ce port de pêche et comptoir-emporion antique de commerce de la côte méditerranéenne, est fondé par les Phocéens au IVe siècle av. J.-C, sous le nom d'Antipolis (Antibes).

Antibes est un des ports de départ de la première croisade au XIe siècle.
Une première digue est construite au XVIe siècle, puis une jetée en 1648.
Le bastion Saint-Jaume (entre le port et la vieille ville fortifiée) est édifié à l'est de l'anse à la fin du XVIIe siècle.
Vauban et son chef-ingénieur Antoine Niquet engagent d'importants réaménagements des remparts de la ville fortifiée et de son port en 1680 (dans le cadre des fortifications et constructions de Vauban pour la Ceinture de fer du roi Louis XIV).


Au premier plan la vieille ville, puis la anse St Roch et le Port Vauban, en face le Fort Carré,
et la route du bord de mer qui file vers Villeneuve Loubet.

Les quais actuels sont créés au XVIIIe siècle et prolongés en 1830.
Dès 1958 les quais du port sont reconstruits, et l'anse commence à être aménagée avec une première extension du port en 1965, une jetée brise-lame à Saint-Jaume, et un épi sous le Fort Carré.
Une deuxième phase d'aménagement a lieu dans les années 1980 : la digue du large est prolongée de 300 m pour protéger l'entrée de port et aménagée en « quai des Milliardaires » inauguré en 1986 pour accueillir des navires de gros tonnages.

Jusqu'en 1970 le site accueille le seul terminal pétrolier de la Côte d'Azur du début du XXe siècle.
Le port s'étend sur une surface de plan d'eau de 25 ha, il inclut une longueur totale d'accostage de 4200 mètres linéaires et est doté de 1500 places.
Il accueille toutes sortes de bateaux, du pointu de 4 m aux unités de plus de 165 m et draine une économie autour de la plaisance et tous les services qui y affèrent : la pêche professionnelle, les chantiers navals (carénage et réparations),
les clubs nautiques et les "crew agencies"...

Sources : wikipédia et Port Vauban

En route -


De la route on a une belle vue sur le Fort Carré, le Stade municipal, et le monument aux morts. Image réactive.

Le fort carré, le stade et le monument aux morts.

Le Fort :

Le Fort Carré d’Antibes est d’abord connu comme une pièce du patrimoine militaire français.
Sa construction intervient à partir du milieu du XVIe siècle après les mises à sac d’Antibes lors des guerres d’Italie en 1524 puis en 1536 par les armées du Duc de Savoie et son allié espagnol.
Situé sur la presqu’île Saint-Roch, à l’est de la ville, sur un rocher culminant à 26 mètres, il doit donc assurer une fonction de surveillance et de défense à proximité de la frontière avec le Comté de Nice incorporé aux États de Savoie.
Son efficacité est toutefois mise à mal : en 1591 le duc de Savoie, profitant de la guerre des religions qui mine le royaume de France, parvient à s’en emparer à l’occasion de la percée de ses armées en Provence.
L’année suivante, un siège permet néanmoins à l’armée d’Henri IV d’en reprendre le contrôle.
Au XVIIe siècle, il subit de légères modifications préconisées par Vauban chargé par Louis XIV de fortifier les frontières du royaume.

Grâce sans doute aussi aux autres travaux militaires que connaît à ce moment Antibes, le Fort Carré tient le siège en 1746-1747 face à l’artillerie austro-sarde et à la flotte anglaise lors de la guerre de Succession d’Autriche.
Par la suite, le Fort-Carré ne subit plus d’assauts, mais il demeure jusqu’à la fin du XIXe siècle, un site militaire avec un casernement au pied de ses murailles.
Le rattachement de Nice à la France en 1860 le rend cependant moins utile. Une fois défait de ses fonctions militaires, il est classé « monument historique » par décret du 7 novembre 1906,
devenant ainsi l’un de ces « lieux de mémoire » qui jalonnent une histoire de France faite de batailles glorieuses et souvent conçue comme un « roman national »

Le stade :

Après la Première Guerre mondiale, cette mémoire militaire s’associe à la vocation sportive qui est donnée au site du Fort Carré.
En effet, même si « l’influence militaire est en perte de vitesse », le ministère de la Guerre continue d’occuper « une place prépondérante » en matière d’éducation physique et sportive.
Les militaires considèrent, comme par le passé, l’éducation physique et sportive de leur ressort car essentielle à la préparation des futurs conscrits et des soldats. [...]

Au niveau national, l’École normale de gymnastique de Joinville-le-Pont fondée en 1852, en charge de la formation des enseignants, est au cœur du dispositif.
Devenu en 1916, Centre d’Instruction Physique, l’établissement s’emploie sur le plan théorique à promouvoir « une méthode française » et sur le plan pratique à en assurer la diffusion au travers de 21 centres régionaux d’instruction physique.
L’un d’entre eux s’installe au Fort Carré qui, dans un second souffle et en un sens, trouve à nouveau sa place en première ligne dans la défense nationale.
Mais surtout, la construction d’un stade de football au pied des murailles transforme le site en un haut lieu d’une culture sportive fondée sur le sport-spectacle.

Le stade est inauguré le 7 avril 1920 par le président de la République Paul Deschanel.
Ce jour là dans un stade encore loin d'être terminé se, dérouleront des démonstrations de culture physique, un ballet gymnique, des épreuves d’athlétisme et un match de basket-ball.

Extraits : Du canon au ballon, le stade du Fort Carré d’Antibes- Stéphane Mourlane- UMR Telemme-CNRS-Aix Marseille Université

Aujourd'hui le fort abrite le CREPS d'Antibes ( centres de ressources, d'expertise et de performance sportives )

Le monument aux morts :

Le voile patriotique et mémoriel qui recouvre l’inauguration du stade trouve à se prolonger avec l’inauguration le 3 juillet 1927 de la statue d’un poilu qui surplombe le terrain au pied des murailles,
juste devant le tombeau du général Championnet, commandant l’armée des Alpes pendant la campagne d’Italie en 1799-1800.
Le monument rendant hommage aux victimes antiboises de la Grande guerre, dont les noms figurent sur une plaque, culmine sur un piédestal à 22 mètres de hauteur et présente la particularité de représenter le soldat
l’arme au pied à sa gauche contrairement à l’usage, ce qui n’a pas manqué de susciter des interprétations allant même jusqu’à rendre cette anomalie responsable du suicide du sculpteur, Henri Bouchard, grand prix de Rome en 1901.

Quoi qu’il en soit, cette statue de poilu, au pied d’un fort militaire, confère au stade du Fort Carré un aspect incomparable et une identité originale ancrée dans une mémoire patriotique.

Extraits : Du canon au ballon, le stade du Fort Carré d’Antibes- Stéphane Mourlane- UMR Telemme-CNRS-Aix Marseille Université

En route -

Nous voici maintenant à la sortie d'Antibes, coincé entre le réseau ferré sur notre gauche et la baie des Anges à notre droite.


Moins charmante que la balade le long de la Corniche d'Or, la Route du Bord de Mer n'en reste pas moins agréable à parcourir.

Et voici le pont sur la Brague, côté bord de mer cette fois-ci, juste à l'embouchure du fleuve côtier. La RN7 se situe sur notre gauche derrière le pont de la voie ferrée.

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Le pont sur la Brague. A droite La Siesta.

Sur notre droite, "La Siesta" est une vieille institution de la route du Bord de Mer.
Installée sur la "Siesta Plage" au début des années 60, la plus grande discothèque à ciel ouvert de la Riviéra, était l’un des endroits les plus réputés de la Côte d'Azur.
C’est dans ce lieu de rêve, les pieds dans l’eau et la tête dans les étoiles, que de nombreuses stars se pressaient pour s’amuser et faire la fête.

L'histoire débute en 1953. Quand Suzanne Laporte, patronne du Ball-Trap Laporte, entreprise installée à Antibes-Biot qui brille dans le domaine du ball-trap depuis 1927, achète à la SNCF un terrain situé en bord de mer.
Cinq ans plus tard, elle décide de faire don de cet espace à son fils Pierre. Ce dernier, grand amateur de timbres rares, n’hésite pas à vendre sa collection pour s’offrir deux hectares supplémentaires contigus du terrain.
Souhaitant s’émanciper de l’entreprise familiale, Pierre Laporte est tenté par une nouvelle aventure professionnelle dans le domaine du tourisme.
Dans un premier temps il pense aménager un camping à cet endroit. Mais les atouts naturels du lieu – les pieds dans l’eau et surtout, en cette même année 1958, le début de la construction de l’actuelle Route du Bord de
Mer – lui font préférer un espace festif avec restaurant, snack, plage et boîte de nuit.

Le concept originel de La Siesta est lancé.
Les travaux de construction de la piste de kart ainsi que ceux d’un bar annexe, débutent le 9 juin 1960.
un mois plus tard, le 13 juillet, La Siesta ouvrait avec, autour de sa piste de karting, un night-club, des restaurants, une plage, etc.
Must de cette époque : pour la clientèle nocturne, le bar et le karting fonctionnaient de 21 heures à 4 heures du matin.
À l’époque, tout était novateur dans le concept de La Siesta.


La Siesta, un concept novateur à l'époque. En arrière plan "La Fille de Feu"

Les salles de restauration accueillaient des tables en forme de roues de charrettes éclairées par de grosses bougies.
Dans la pizzeria, c’est le fer forgé recouvert de céramique où étaient écrites des contrepèteries, qui constituait le mobilier.
À l’extérieur, une jonque chinoise transformée en dancing flottait à l’embouchure de la Brague.
Pas loin, la "Fille de feu", magnifique deux mâts que l’on disait avoir été la propriété de la star de cinéma américain, Errol Flynn, servait, lui, de solarium.

Le concept de l’établissement est tellement original qu’il devient très vite l’un des lieux les plus (et les mieux) fréquentés de la Côte d’Azur.
La Siesta devient naturellement le rendez-vous de la jet-set et des plus grandes stars des années soixante / soixante-dix.

Ainsi on y voit débarquer les Beatles, en 1964, quatre garçons dans le vent tout juste sortis de leur concert à Nice.
Mais aussi Jane Birkin, Serge Gainsbourg, Johnny Hallyday, Jean-Paul Belmondo, Charles Bronson, Alain Delon, Lino Ventura et même le roi Hussein qui arrive en parachute ascensionnel.
Sur la piste aux vingt-quatre karts tout le monde se bouscule :
Mireille Darc, Francis Blanche, et même un certain Alain Prost qui, en vacances avec ses parents dans la région, a pris, là, ses premiers cours de volant et, sans doute, lancé la carrière automobile qu’on lui a connue.


Au tout premier plan l'embouchure de la Brague, puis La Siesta et son célèbre circuit de karting.

En 1971 la famille Laporte décide de passer la main et de vendre son affaire. Un changement de propriétaire qui n’affecte pas la renommée et le succès de La Siesta.
Mieux même : en 1995, la famille Ferrante qui a repris l’affaire, installe un casino et met en place les structures pour que La Siesta soit ouverte à l’année.
Même si aujourd’hui la piste de karting a été rangée au rayon des souvenirs, La Siesta, désormais propriété du groupe Joa, entend continuer à mener la belle vie.

Extraits : La Siesta, soixante ans de grande et belle fiesta, Serge JAUSAS, 2020

Soixante ans après, la Siesta, aujourd'hui "Siesta Beach Club Lounge" couplée au Casino Joa, reste la destination incontournable de ceux qui ont envie de prendre un verre dans un cadre idyllique,
de danser sur des rythmes effrénés ou de se relaxer dans un des deux jacuzzis de la discothèque.
Si vous avez subitement des envies de cocktails, ou que vous avez amené dans vos bagages les baskets à paillettes, alors la nuit est à vous ;-))

En route -

Dans un registre beaucoup moins fun, rappelons tout de même que de l'autre côté de la chaussée, sur notre gauche, en 1872, le pont de la voie ferrée, fragilisé par 15 jours d'intempéries, cédait au passage du Train Menton-Marseille,
plongeant la locomotive et l'ensemble des wagons dans les eaux tumultueuses de la Brague en furie.


La catastrophe de La Brague le 24 janvier 1872

L’événement fut relaté dans les journaux de l'époque sous le titre le Désastre ou la catastrophe de La Brague :

http://www.archeo-alpi-maritimi.com/desastrede1872.php

Une centaine de mètres plus loin le rond-point de la gare de Biot vous permettra de rejoindre la RN7 de l'autre côté de la voie de chemin de fer.


Si vous souhaitez rejoindre la RN7, c'est maintenant !

Poursuivons par le Bord de Mer.
Au loin se profilent les immeubles de la Marina Baie des Anges.

Un pavillon jaune signale notre approche de Villeneuve Loubet.


Nous voici sur les terres de Villeneuve Loubet


Hélas aujourd'hui, plus aucune référence à l'ancienne route, même pas les bornes.


Villeneuve Loubet


Villeneuve Loubet et face à nous les immeubles de Marina Baie des Anges

Dès l'entrée de Villeneuve Loubet, la route s'éloigne du bord de mer pour contourner au plus près le complexe immobilier Marina Baie des Anges, construit essentiellement sur d'anciens terrains de camping.

C’est lors des Trente Glorieuses que l’économie locale Villeneuvoise, jusqu’alors résolument orientée vers l’agriculture et plutôt repliée sur le village, prend un véritable virage.
Cette économie devient industrielle au nord de la Route Nationale 7 avec l’implantation d’une zone d’activité, et balnéaire au sud de cette route et de la voie ferrée,
avec des espaces peu à peu dédiés au tourisme qui se structurent autour d’un nouvel axe routier souhaité par le ministre du Tourisme en 1940,
et auquel le conseil général a donné vie à la fin des années 1950 : la Route du Bord De Mer (future RN98).


Vue ici en direction d' Antibes. En 1971, seul un immeuble est construit sur les quatre à venir.
la RN 98 contourne le futur complexe immobilier Marina Baie des Anges . Image réactive.

Longtemps, la commune de Villeneuve-Loubet s’est targuée d’être la commune de France qui comptait le plus de campings, environ une trentaine dans les années 1950.
Ainsi, en 1957, la commune comptait 29 des 128 campings du département, soit près du quart des établissements des AlpesMaritimes.
Une statistique qui démontre que Villeneuve-Loubet, avait largement misé sur l' hôtellerie de plein air, pratique qui à l'époque ne concernait pas uniquement les classes populaires.


Flèches rouges, La Route du Bord de Mer

En route -

Après la Marina, l'ancienne D41 (route du littoral entre Antibes et Nice jusqu'en 1972) aujourd'hui D241, courte bretelle faisant la jonction entre l'autoroute A8, la RN7 et la RN98, fusionne avec la RN98.


La D41 en provenance de l'autoroute A8 et de la RN7 rejoint la RN98 avec laquelle elle fusionne. Même lieu aujourd'hui. Image réactive.

Nous voici rapidement au cœur d'une vaste zone d'activité commerciale et de résidences hôtelières.
Ce qui, ici, n'a pas toujours été le cas. Remontons le temps....


Le camping "Altitude Zéro" avait vu le jour dès la fin des années 40, mais il ne résista pas à la première vague immobilière entreprise au milieu des années 60.
Exactement la même vue aujourd'hui. Image réactive.

Après la guerre, le littoral villeneuvois reste un vaste no man’s land sur lequel sont implantés, un peu anarchiquement, entre mer et route du littoral, quelques campings "les pieds dans l'eau".
Avec la réalisation d’une nouvelle infrastructure routière, l’autoroute Estérel Côte d’Azur programmée en 1955-1957,
le développement des premiers établissements hôteliers et de restauration emporte peu à peu la décision, dans un contexte d’affluence croissante des touristes.
Les campings jusque là très présents, disparaissent peu à peu. au profit de nouveaux projets immobiliers.


Le camping Altitude Zero, en toute simplicité les pieds dans l'eau.

Dans les recoins de ma mémoire, se cache une époque aujourd'hui révolue. Une période empreinte de douceur et de souvenirs précieux.
Tel un écho lointain, la nostalgie m'envahit, me rappelant les jours passés où le temps semblait s'écouler à un rythme différent, où la simplicité était la norme.


Scène de vacances insouciantes. Les Parisiens sont arrivés sur la côte, on se balade en maillot, il fait chaud...mais on trouvera bien un coin à l'ombre.

A la vue de ces photographies jaunies par le temps, les souvenirs se bousculent aux portes de ma mémoire :

Entendez vous cette Peugeot 403 qui roule en direction de la plage, avec en fond sonore le chant strident et régulier des cigales dans les champs ?
Fermez les yeux et humez l'air chaud et embaumé des senteurs végétales méditerranéennes !
Imaginez l'heure du repas. Bientôt midi. Les effluves anisées émanant de la porte entrouverte du bar, se mélangent aux senteurs d'une cuisine provençale sans prétention servie au menu du jour.
Une dame en maillot, sortie du camping, s'est déplacée sans complexes jusqu'à l'arrêt des cars, pour en relèver les horaires de passage...

Vision banale d'une époque oubliée qui nous laisse aujourd'hui comme une vague et chagrine impression d'être devenu centenaire. (Merci Jean Paul )


L'un des nombreux campings de Villeneuve Loubet.

En 1971, il ne reste qu'une vingtaine de campings dont 18 sont implantés en bord de mer.
Les nouvelles perspectives d’évolution apparaissent dans le document préparatoire au futur plan d’occupation des sols qui évoque « l’extension urbaine »
parallèlement au souhait de voir le quartier de la mer « réservé aux aménagements balnéaires et touristiques »

Source et extraits : Quand le tourisme transforme le paysage : l'exemple de Villeneuve Loubet pendant les Trente Glorieuses. Marc BORIOSI

Les premières grandes infrastructures immobilières, balnéaires et touristiques vont dès lors transformer le paysage du littoral Villeneuvois dont l'apogée sera la construction du complexe "Marina Baie Des Anges".


Avec son architecture avant-gardiste et son confort tout a fait dans l'air du temps, le Bahia Hôtel fut l'une des premières résidences hôtelières à remplacer les
archaïques campings du bord de mer. Image réactive


De nombreuses petite structures à taille humaine vinrent également proposer aux vacanciers un confort autre que celui d'une toile de tente plantée dans le sable.
Image réactive.


Un bord de mer encore relativement préservé.


Pour finir de convaincre les campeurs adeptes d'un confort relativement sommaire, les établissements nouvellement construits
n'hésitaient à afficher les mérites de leur résidence de vacances.
Bains ou douches dans chaque chambre, toilette privée, réfrigérateur, chauffage central, bel ameublement....
Image réactive.

On franchit le pont sur l'embouchure du Loup, on quitte Villeneuve Loubet, on entre sur la commune de Cagnes sur mer.


L'embouchure du Loup, frontière entre Villeneuve Loubet et Cagnes sur Mer


Des Bouches du Loup, à l'embouchure du fleuve Var, par la Route du Bord de Mer RN559/ D41/RN98/M6098.

Nous voici à Cagnes sur Mer, version station balnéaire par rapport à la RN7 qui se la jouait plutôt urbaine en centre ville.
L'hippodrome, dont nous avons abordé l'histoire côté RN7, se situe maintenant sur notre gauche.


L'hippodrome situé juste entre les deux Routes Nationales.

L'entrée de l'hippodrome est ornée d'une sculpture monumentale d'un équidé oblitéré en bronze de l'artiste contemporain Sacha Sosno.

https://sosno.com


"Il n’y a plus d’obstacle" Sacha Sosno 2007. Image réactive.

On file - cela reste une expression hein ! car ici on roule plutôt à 30 km/h, le secteur étant ponctué de nombreux ralentisseurs - on file donc entre mer et hippodrome, bordé par ailleurs par une piste cyclable,
où les trottinettes électriques prennent un malin plaisir à doubler les automobiles. C'est bien fait ! fallait privilégier le mode doux... Mon prochain site Internet sera d’ailleurs consacré à la Nationale 7 en trottinette électrique :-))

A Cagnes on aime l'art, et vous ne pourrez pas rester insensible à l’œuvre du sculpteur contemporain Sylvain Subervie : Le Banc de Poissons.

https://www.sylvain-subervie.com


"Une œuvre qui défend la richesse sous-marine, la beauté innocente et la force fluide du poisson.
Un poisson silencieux, naïf et meurtri par l’homme". Un rappel à la biodiversité.

Ne pas confondre ces véritables œuvres d'art, avec d'autres tout aussi contemporaines, disséminées tout au long de notre Route du Bord de Mer.


"Double Boîtes à Rançon, dans sa Verdure" ... œuvres non éphémères commandées par le ministère du racket public....
Fallait privilégier le mode doux... on ne le dira jamais assez !

Après l'hippodrome, nous voici au carrefour avec l'avenue Kennedy, avenue qui rejoint la RN7 400 mètres plus loin sur la gauche.
Poursuivons tout droit par la bien nommée Promenade de la Mer, qui n'est autre que la M6098, mais en plus poétique...


Carrefour avec l'avenue Kennedy. Pour gagner la RN7 c'est à gauche. Même lieu aujourd'hui. Image réactive.

Pour pallier les difficultés de circulation côté RN7, dès les années 40 on envisagea d'élargir la Route du Bord de Mer sur sa section allant des bouches du Loup jusqu'au pont du Var.
Les travaux s'échelonnèrent de 1952 à 1954. La chaussée fut doublée et passa à 2 x 2 voies et de ce fait fut souvent dénommée l'Autoroute du Bord de Mer.

La Promenade de la Mer est aujourd'hui bordée, dans sa première partie, d'immeubles de standing contemporains, d'hôtels et de restaurants de plage, la seconde partie quant à elle est beaucoup plus pittoresque,
puisqu'elle traverse l'ancien village de pêcheurs.


Avant la seconde guerre mondiale, c'est la D41 qui borde le littoral Cagnois la chaussée n'est pas encore élargie.
Les hôtels et les résidences sur le front de mer sont encore assez rares.
Evolutions des mœurs oblige, les bains de soleil sont maintenant appréciés des premiers vacanciers.
Image réactive.


La chaussée est élargie à 2x2 voies entre 1952 et 1954. Désormais les Hôtels Riviéra et Le Serre n'ont plus les pieds dans l'eau.
Les hôtels sont rares. L'époque privilégie toujours l'hôtellerie de plein air, la flambée immobilière devra patienter encore deux bonnes décennies.
Image réactive.


Belle vue d'ensemble de la anse des Cros de Cagnes et de l'Autoroute du Bord de Mer au début des années 50 .


Même vue que ci-dessus 20 ans après.

Mais voici que nous nous rapprochons du Cros de Cagnes.
Ce quartier de Cagnes-sur-Mer a été créé à l'origine il y a plus de 2 siècles par des pêcheurs Génois venus jeter leurs filets dans la baie.
Le village s'est ensuite développé mais a su conserver tout son "esprit ", aux travers de ses traditions et de son urbanisme maîtrisé.
Un village qui se caractérise par ses petites rues et ses maisons de pêcheurs, et où l'on constate avec joie, l'absence de barres d'immeubles ou de complexes immobiliers démesurés.


Un village de pêcheur qui a su conserver son âme d'antan.


La Route Départementale 41, tronçon de la Route du Bord de Mer situé entre Antibes et Nice, ne fut jamais intégrée à la RN559.
La D41 fut absorbée par la RN98 lors de la réforme de 1972.

La chapelle Saint-Pierre, monument emblématique du Cros-de-Cagnes a été édifié en 1866, elle est consacrée à St Pierre, patron des pêcheurs.


Le village de pêcheur, ses "pointus" échoués sur la plage de galets, sa chapelle St Pierre au clocher caractéristique.


Le Cros de Cagnes, un village relativement préservé de la flambée immobilière.
Même lieu aujourd'hui. Image réactive.

Après l"église ...
Le répit aura été de courte durée, les immeubles de standing réapparaissent peu à peu.
Si le village a su conserver son identité d'antan, l'avènement du tourisme balnéaire des années 60, se rappelle à nous sans ménagement.

Chassez le naturel....

En 1971, le grand garage Renault s'implante à la sortie du Cros, sur un champs d'oliviers et des terres agricoles, signe d'une évolution économique, non plus uniquement vouée au tourisme balnéaire,
mais également tournée vers le résidentiel à l'année, le commerce et l'industrie.


Nous sommes vers 1971. Au premier plan, en bas de photo : la RN 7, avenue de Nice. Au second plan, la Route du Bord de Mer : D41 qui dans un an deviendra la RN98.
Entre les deux, la concession Renault qui a pignon sur chacune des routes. L'avenue Jean Jaures fait la liaison entre les deux Routes Nationales.


Aujourd'hui la concession est toujours là, mais la station BP a disparu et le restaurant du Puits Fleuri a laissé place à un fast food asiatique.
Image réactive.


A vu des modèles exposés (Renault 17), on est ici vers 1972-73.


Un dernier coup d’œil dans le rétro nostalgique d'une époque insouciante.
En ce temps là, pas de parking payant, une place à l'ombre et hop on s'y gare.
Sinon on trouvera bien une autre place dans une rue adjacente, et on déboulera sur la plage directement en maillot, unique vêtement de la journée,
même pour aller déguster une glace sur une terrasse de la promenade du front de mer.

En route -

A la sortie du Cros de Cagnes, la route conserve ses 2 x 2 voies.
Pensée dès son origine comme une route touristique, la Route du Bord de Mer le fut également dans le but de soulager une RN7 impossible à élargir et souffrant d'un afflux considérable d'automobiles en saison estivale.

Cette "Autoroute du Bord de mer", n'est pourtant pas sans poser problèmes à la population locale.
La plage se retrouve isolée de la ville (ou inversement) par une route qui génère une gêne considérable provoquée par le flot ininterrompu de véhicules formant une barrière que l'on ne peut franchir sans risque, sauf aux feux et aux passages piétons.
Flot bruyant et malodorant, voir même très polluant au vu de la faible vitesse de circulation imposée par les pouvoirs publics, il en résulte souvent, en fin de journée, une légère brume opaque qui n'a rien de commun avec l'atmosphère marine,
saine et iodée, que les vacanciers sont pourtant venus chercher ici.
Situation ubuesque, où les citadins-vacanciers reproduisent, loin de chez eux, la pollution et les embouteillages dont ils se plaignent en ville.
Ô, mais combien il est agréable de circuler à la queuleuleu, fenêtres ouvertes à respirer le bon air marin de la Baie des Anges. ;-))

Source : Tourisme et Environnement - collection mobilité spatiale - Pierre Escourrou

Dernière escale : Saint Laurent du Var.
La route ici est toujours bordée de part et d'autre par des immeubles de standing, la chaussée est séparée d'un terre plein central végétalisé, aloé véra, palmiers et pins maritimes sont de la partie.


L'hôtel de la plage. Aujourd'hui simple immeuble résidentiel, siège de quelques petites entreprises et de l'Institut Européen de Psychologie Appliquée IEPA.
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Ici aussi, dans ce secteur naturel, à l'époque encore sauvage et préservé des promoteurs immobiliers, on comptait nombre de campings, disséminés le long de la côte.
Parmi les plus connus, la Cité des tentes, le Camping Côte d'Azur, ou le camping des Flots Bleus qui pendant près de 80 ans proposa ses emplacements les pieds dans l'eau.


Le camping des Flots Bleus, un confort rudimentaire, proche d'une nature encore sauvage et relativement préservée du bétonnage.
En 1984 le camping cesse son activité. Le secteur est réaménagé, la Route du Bord de Mer est détournée pour laisser place à..... la civilisation ?
Même lieu aujourd'hui. Image réactive.


Le camping des Flots Bleus. Petite collection de véhicules d'époque, Panhard, Iseta, 4CV, garées dans l'allée du camping.
A l'époque l'unique véhicule du foyer sert à partir au boulot toute l'année, et l'été venu, trimballe toute la famille 1000 km plus loin...


Les Stations


A l'époque, les véhicules sont gourmands en carburant et disposent de peu d'autonomie, d'où l'abondance de stations service, alignées les unes à la suite des autres,
de part et d'autre de la chaussée, à l'entrée ou à la sortie des villes.
Ici sur la gauche une station Mobil, suivie d'une Total (anciennement AZUR), puis une autre Mobil sur la droite. (Photo 1974)
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Sur la gauche, la station AZUR (future Total ci-dessus) située dans le sens des retours.
Même lieu aujourd'hui. Image réactive.


Photo 1974. Les deux Routes Nationales ne sont séparées que par un îlot d'immeubles.
Nous sommes ici à hauteur de la gare (pour la RN7) et de la station OZO (non visible).
Côté RN98 une station Mobil à droite et une Total à gauche.


Sur notre droite, l'ancienne station Mobil, dont il ne reste plus rien.

Nous voici à hauteur de la gare à quelques 50 mètres de la RN7 à notre gauche, dernier îlot d'immeubles avant le pont du Var.


Nous sommes derrière l'hôtel du Terminus, qui fut un temps également appelé Le Forez.
Les dernières stations service avant le pont du Var. Côté RN98 deux stations ELF de part et d'autre de la chaussée.
Puis une station Total, située pile à l'intersection des deux Routes Nationales.


Avant les stations Elf, durant les années 50 c'étaient les stations Caltex.


Derrière l'hôtel Le Forez, plus aucune station service ne subsiste.


Première station rencontrée après la traversée du Var, le Relais Total du Pont du Var.
Suivent les stations Caltex, Total, puis Esso... il y avait du choix en 1965.
plus de 50 ans ont passé.... Image réactive.


Derniers mètres pour les deux Routes Nationales avant le franchissement du Pont du Var.


Le Pont du Var en 1974. De gauche à droite : les voies de chemin de fer, la RN7 (sur 2 x 1 voie), le terre plein central et la RN98 (sur 2 x 3 voies)

Nous voici arrivés à la sortie de St Laurent du Var, au terme de cette 19e et avant dernière étape.
Nous sommes à environ 950 km de notre point de départ.


Fin de l'étape

 


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@2023