ETAPE 20 : de St Laurent du Var (950 km) à Menton (1000 km)

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Départ étape - Pont du Var - Nice par le tracé historique / RN7 →


Nous débutons cette dernière étape en région Provence Alpes Côte d'Azur (PACA), dans le département des Alpes Maritimes (06).

Rappel concernant le déclassement de la Route Nationale 7 :

Par la réforme 2005, dans tout le département des Alpes Maritimes, l'ancienne Route Nationale 7 prend généralement l'appellation de D6007 lorsqu'elle suit le tracé de l'ancienne RN7.
Sur l'ensemble de la Métropole de Nice, elle devient M6007.

La route du bord de mer RN98 devient sur la métropole de Nice M6098.
La grande corniche (ex RN7) est actuellement numérotée M2564.
La moyenne corniche (ex RN7) est actuellement numérotée M6007.

En route -

Nous voici donc sur le pont du Var autrement appelé "pont Napoléon III".
Remontons le temps...

Le temps des guéyeurs :

Jusqu'en 1860, le fleuve Var, nous l'avons abordé à l'étape précédente, forme une frontière naturelle entre la France d'un côté et les États de Savoie-Piémont-Sardaigne dont le comté de Nice, de l'autre.
A cette époque, la traversée du Var s'effectue principalement à gué l'été, ou par bac en hiver lorsque le fleuve est plus tumultueux.

 

"Au XIIe siècle un ermite se rendait chaque année sur les bords du Var avec deux chevaux pour faire passer les pèlerins se rendant à l’abbaye de Lérins.

Au Moyen-âge, les autorités religieuses soucieuses de faciliter le flux des pèlerins circulant vers Rome et Saint Jacques de Compostelle vont garantir le passage du fleuve.

L’installation d’un hospice sur la rive droite va satisfaire à cette exigence.
Jusqu’au XVe siècle. « La barque de l’hospice » assurait alors le passage d’une rive à l’autre du Var.

En 1468, lorsque Saint Laurent est repeuplé après les épidémies, obligation est faite aux nouveaux habitants de tenir une barque sur le Var pour assurer la traversée et perpétuer la tradition.

Ces premiers guéyeurs laïques, dénommés « Riveraschi », vont s’organiser en corporation et maintenir leur activité jusqu’au XIXe siècle.

Néanmoins, au XVIIIe siècle, les services des guéyeurs se dégradent : indélicatesses en tous genres, voyageurs volés et rançonnés, viols, escroqueries et incidents divers conduiront même certains guéyeurs jusqu’à la prison.
Les guéyeurs disparaîtrons lorsqu’un pont traversera enfin le fleuve de manière définitive en 1864".

(Source et extraits : http://saintlaurentduvarhistoire.hautetfort.com)

 

 

Ci-contre : dans le centre de St Laurent du Var, la statue du guéyeur rappelle l'importance de cette corporation avant 1860. De costauds et virils portefaix, souvent à moitié dénudés, transportant sur leur dos des voyageurs et des voyageuses aux vêtements retroussés, laissant apparaître des dessous affriolants et mouillés... et parfois même de beaux "décolletés de maçon" ... Image réactive.

Un premier pont, puis un second :

Le 28 septembre 1792, le général de la Révolution Anselme, à la tête d'une armée de 15 000 hommes, traverse le Var à gué pour s'emparer du Comté de Nice.
Trois hommes et quelques chevaux sont emportés par le courant. Les troupes ont de l'eau jusqu'aux épaules, le lendemain, des pluies torrentielles font déborder le fleuve.
Anselme ordonne alors la création d'un pont de bois.
Si la distance primitive d'une rive à l'autre était de 800 m, le pont de bois se développe sur 700 m.
Le 8 décembre 1792, le pont est livré à la circulation des piétons. En janvier 1793, les charrettes peuvent emprunter le passage.


Carte d' État Major, faisant apparaître la Route Impériale n°7.
On constate qu'à cette époque, le pont de bois construit plus en amont, obligeait la route à faire un décrochement vers le nord.
Aujourd'hui la borne du Pont des Français situe l'emplacement de ce pont endommagé puis détruit par les nomb
reuses crues du Var.


Emplacement du pont des français

Le pont fut en partie emporté par le Var en décembre 1807. Un passage provisoire fut rétabli, mais les nouvelles crues de 1808 causèrent de graves avaries à l'ouvrage.
En 1813, l'ingénieur Jean Faraud entreprit la construction d'un nouveau pont, l'ancien souffrant à chaque crue du fleuve.
Les crues du Var continuèrent cependant à endommager le nouveau pont.
Le 3 décembre 1841, alors que l'ingénieur en chef sarde, M. Ripert, inspectait les dégâts, le pont s'écroula, noyant l'ingénieur et un ouvrier l'accompagnant.


Gravure représentant le Pont du Var, vu de la rive côté St Laurent du Var.

En 1860, Napoléon III souhaite aider l'Italie à faire son unité dans le but de contenir l’Autriche.
Pour éviter de créer un État unifié potentiellement dangereux juste à côté de la France, l’empereur, en échange de son aide, réclame le duché de Savoie et le comté de Nice qui constituent deux régions stratégiques sur le plan militaire.
Le Comté de Nice est donc cédé à la France lors du traité de Turin le 24 mars 1860.

Un troisième pont :

Entre 1862 et 1864, le vieux pont de bois en partie écroulé est remplacé par un pont à structure métallique façon Eiffel, construit plus bas vers l'embouchure, à l'emplacement de l'actuel pont du Var.
Il s'agit en fait de deux ponts disposés en parallèle. Un pont ferroviaire doublé d'un pont routier.


Les ponts à structure métallique vers 1930. Côte à côte, la route (RN7) et le rail.


Au premier plan le pont de chemin de fer. En parallèle, le pont routier sur lequel circule également le tramway.
Au fond les tribunes de l'hippodrome de Nice sur l'autre rive.

Lors de la seconde guerre mondiale, afin de parvenir à mettre hors d'usage le pont du Var, l'aviation américaine dut s'y prendre à vingt-et-une reprises entre le 24 novembre 1943 et le 3 août 1944, faisant 65 tués, 75 blessés et 1 090 sinistrés.
Ce pont rail-route était considéré comme très important à neutraliser avant le débarquement de Provence afin d'empêcher les renforts de troupes allemandes de gagner les côtes varoises à partir de la région niçoise, voire de la Ligurie.

https://museedelaresistanceenligne.org


Lors de la seconde guerre mondiale, le pont routier sera détruit. Vu ici en 1945 du pont ferroviaire, seul rescapé.
Dans le Var, en partie immergée, une pile du pont détruit.
Une passerelle provisoire que l'on aperçoit au fond (en amont du fleuve à l'emplacement des premiers ponts) permettra tout de même aux véhicules de traverser.

Le dernier pont :

En 1949, un tout nouveau pont rail-route sera reconstruit au même emplacement, tout en pierre et maçonnerie.
En 1950, la chaussée sera élargie, afin de mieux s'adapter au trafic routier grandissant.
C'est ce pont Napoléon III que nous nous apprêtons maintenant à franchir.


Le pont Napoléon III construit en 1949.

En route -

Le pont que l'on aperçoit sur notre gauche, un peu plus en amont, est celui de l'autoroute A8.
Sur notre droite la tour de contrôle de l'aéroport de Nice Côte d'Azur.


A gauche la route nationale 7, à droite la route du bord de mer / route nationale 98 et la tour de contrôle de l'aéroport de Nice Côte d'Azur.

L'aéroport est construit sur des terres gagnées sur la mer, dans le prolongement de la Promenade des Anglais et à l'emplacement de l'hippodrome bombardé durant la seconde guerre mondiale.
Hippodrome qui sera transféré sur la commune de Cagnes sur Mer.
Simple aérodrome réservés aux militaires à ses débuts vers 1910, il n'aura de cesse de se transformer, de se modifier, de s'agrandir au fil des décennies.
Allongement des pistes, doublement de superficie, nouveaux terminaux, nouveaux parkings, terminal aviation d'affaires, hangars aviation légère, hangar princier propriété de la Principauté de Monaco...


L'aéroport de Nice, vu ici vers les années 1960. Au fond on remarque le pont Napoléon III sur le Var.
Les deux routes nationales, RN7 (à droite) et RN 98 sont séparées par un terre-plein végétalisé.

L'aéroport de Nice Côte d'Azur occupe aujourd'hui la troisième place parmi les aéroports français, en matière de trafics passagers après les aéroports de Paris-Charles-de-Gaulle et de Paris-Orly.
De plus son environnement, la Baie des Anges, la Promenade des Anglais, l'embouchure du Var, assure aux passagers un atterrissage spectaculaire longeant le littoral de la Côte d'Azur avec une vue imprenable sur les îles,
les plages, les montagnes enneigées de l'arrière pays l'hiver et l'agglomération qui offre une image féerique la nuit.
L'atterrissage se termine par un vol à très faible altitude au-dessus de la mer avant de finalement toucher terre.
L'aéroport décroche la première place du palmarès Private Fly 2014, en étant distingué de la plus belle approche d'aéroports au monde parmi plus de 200 destinations en compétition.

Sources :
wikipédia et
https://societe.nice.aeroport.fr/le-groupe/historique/2010-a-nos-jour

En route -

Dans le prolongement du pont, les deux routes nationales restent côte à côte mais toujours séparées par un terre plein, sans qu'il nous soit possible de passer d'une route à l'autre.
Poursuivons sur la RN7, tracé historique, nous voici Boulevard René Cassin.

Un petit monument récent sur notre gauche, matérialise l'ancienne frontière avec de Comté de Nice avant 1860.

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Les deux plaques recto/verso du monument commémoratif du 150e anniversaire du rattachement du comté de Nice à la France.


Une vue de 1971. A gauche la RN7, à droite la route du bord de mer/RN98, vers la Promenade des Anglais. Image réactive.


Sans tambours ni trompettes, un simple petit panneau sur notre droite nous informe de notre entrée à Nice.

Nice Km 0954

Résumer ici l'histoire de Nice, qui débute 400 000 ans avant JC, serait un rien prétentieux et un poil soporifique. Si, si !
Histoire tourmentée s'il en est, que le fameux "Guide du Routard" n'hésite pas à qualifier de "véritable ratatouille historique", dans laquelle se succèdent des comtes catalans et des comtes d'Anjou, des rois de Sicile de Naples et de France,
un rattachement à la Savoie, des guerres de religions, des épidémies de peste noire, une razzia Sarrazine, des combats de corsaires, une restauration Sarde, puis le rattachement définitif à la France.
Devant autant d’événements qui tissent une toile historique pour le moins complexe, nous nous contenterons de parcourir les rues et les boulevards de la ville, pour aborder l'Histoire comme elle se présentera au fil de notre cheminement et de nos pérégrinations.


Le tracé historique de la RN7 passe par le boulevard Cassin

En route -

Nice Ouest - quartier de l'Arénas.

La ville de Nice s'étend d'Est en Ouest (ou inversement), coincée entre mer et montagne (ou inversement), la vallée du Var formant la limite occidentale de la métropole.
Du fait de sa proximité avec la frontière française, cette zone Ouest, faubourg de l'Arénas, est restée longtemps une zone tampon entre la Provence Française et le Piémont Ligure.
Ces terres sableuses et caillouteuses sont à l’origine de la dénomination du quartier de « L’Arénas », mot niçois directement issu du latin « arena » qui signifie site sablonneux - et dont provient le mot français « arène » *.

Ce secteur situé à l'opposé de la ville du vieux Nice, vaste étendue de terre, a été formée par les alluvions du fleuve Var qu’il submergeait régulièrement avant d’être endigué au XIXe siècle.
Des exploitations agricoles étaient installées dans la partie nord, fertile.
En revanche, les landes littorales battues par les flots n’offraient guère que des terres de pacage, des gravières et des terrains d’entraînement pour l’armée*.

Le long de l’ancienne route de France, devenue chemin impérial n° 7 sous l’Empire, puis Route Nationale 7 sous la République, des ateliers, remises, petits commerces et auberges s’ouvraient depuis Carras jusqu’au pont du
Var. Avec l’avènement de l’automobile et de l’aviation, des garages et hangars firent leur apparition, drainant dans le quartier une population plus importante aux côtés des habitants traditionnels de l’Arénas, exploitants agricoles,
lavandières, carriers et ouvriers*.

* Source et nombreux extraits de la plaquette : Vie des quartiers Nice 2016

C'est aujourd'hui le nouvel axe économique de l'agglomération, site d'implantation de grands équipements administratifs, industriels et commerciaux.

La métropole de Nice comme toutes les métropoles actuelles, sous prétexte de cohérence politique avec l'agenda 2030, se met à l'heure du développement durable, de la réduction des gaz à effet de serre, de l'éco-responsabilité du territoire.
Pour nous automobilistes et vacanciers de passage, concrètement, cela se traduit par des travaux à n'en plus finir, des embouteillages... à n'en plus finir, une circulation difficile pour les automobiles méprisées et de nouveaux quartiers,
où plus précisément de nouveaux éco-quartiers.

Si pour les vacances sur la Côte d'Azur vous avez quittez les tours des quartiers d'affaires de la Défense, vous ne serez hélas pas dépaysé dans ce secteur de l'Arénas.

Et c'est reparti pour cette longue litanie d'argumentaires issus du vocabulaire de cabinets d'expertises à un fric fou : quartiers d'habitations, immeubles de bureaux, sièges d'entreprises, plates-formes logistiques, centres d'affaires,
gare multimodale, technopole, quartiers d’avenir, ville intelligente et éco-responsable.

Bâtiments exemplaires, organisation des déplacements humains, développement de l’autonomie énergétique, incarnation de la ville intelligente du futur, axes stratégiques.
Plus technologique, plus dynamique, plus écologique, de meilleures pratiques en matière de développement durable, d’innovation et d’économie de la connaissance. (sic) blah blah blah ...

(nombreux extraits Nice Matin)

Quelqu'un peut il m'expliquer ce qu'est "l'économie de la connaissance" entre autres ?


Boulevard René Cassin, les immeubles de verre et de béton.
C'est paraît-il, plus écologique et responsable... et puisqu'il s'agit "d'économiser de la connaisance", (toujours rien compris à cette expression) ...
ne boudons pas notre plaisir...

Bref, cette première partie du boulevard René Cassin, qui n'est autre, rappelons le, que le tracé historique de la RN7, n'est plus aujourd'hui qu'un horrible quartier froid et sans âme.
Enfilades d'immeubles de verre qui ne laissent rien transparaître de la soit disant "éco responsabilité" tant encensée dans le discours de nos élus.
Larges allées de bétons résolument désertes, d'où émergent quelques palmiers décoratifs qui ont bien du mal à rivaliser avec l'abondance de verdure, véritable forêt vierge, pourtant promise sur les dépliants publicitaires des promoteurs immobiliers.


En 1970, cette première partie du boulevard René Cassin ressemble encore au quartier d'une petite ville,
Avec ses nombreux commerces de proximité, ses hôtels, ses restaurants...
ici le Bar Restaurant le Musco repris en 1955 par la famille Bermond.
Vers la fin des années 1970, les commerces seront expropriés un à un pour laisser place au futur quartier de l'Arénas.
Même lieu aujourd'hui, Image réactive.

Avec l'aimable autorisation de Laure Bermond


Route de Marseille / RN7 vers 1970. Les propriétaires Chez Bermond (anciennement chez Musco).
Seul repère aujourd'hui, l'immeuble en arrière plan et le pont SNCF sur la gauche. Image réactive.
Avec l'aimable autorisation de Laure Bermond


La route de Marseille / RN7 en 1974 vue en direction du Pont du Var. Image réactive.
La route Nationale 7 bordée de platanes, arrive du Pont du Var (en face) , puis bifurque sur la droite. (à gauche sur la photo)


Une RN7 idéalisée, une image d'Epinal, La route de Marseille, vers la fin des années 40.
Une route arborée, pas encore trop encombrée, une Renault celtaquatre garée en double file..... La vie de quartier.
Des cyclistes ont posé leurs bicyclettes et s'installent à la terrasse d'un café. A droite on aperçoit l'angle du pont de chemin de fer.
Même lieu aujourd'hui, image réactive

En route -

La rue oblique sur la droite (premier point rouge sur la carte ci-dessus) et longe maintenant les larges voies du "tramway en site propre".
"Propre" n'est pas ici une question de saleté comme à Paris ou Marseille, mais bien d'espace dédié au tramway ....
Espace dédié tellement large, que notre Route Nationale, transformée en unique voie de circulation, va se retrouver canalisée entre rails et trottoirs.

Au bout de la rue, le parc Phoenix sur notre droite, mais surtout la mer, et une première possibilité de rejoindre la Promenade des Anglais.
Nous y reviendrons, car pour l'instant la Route Nationale 7 historique bifurque une nouvelle fois à gauche cette fois-ci (second point rouge sur la carte ci-dessus) devant un drôle de clocher moderne.


Notre Dame de Lourdes, ancienne chapelle construite en 1911. Image réactive même lieu.
Aujourd'hui intégrée dans un immeuble arrondi aux façades en verre, inauguré en 2004 sur le site de l'ancienne église.
On remarquera que le tramway n'est pas né d'hier.

Après avoir réprimé notre envie de baignade, nous voici une nouvelle fois canalisé toujours rue René Cassin.
Plus question de marquer l'arrêt en double file, comme on le faisait jadis pour s'acheter un paquet de clopes vite fait au tabac du coin... le bon temps ! :-)) on file entre deux coulées de béton aux fenêtres borgnes.
Et pas moyen de s'y soustraire. Nous voici circulant parallèlement à la promenade des Anglais, mais à l'ombre des immeubles vitrés.


La Route Nationale 7 historique, anciennement Route de Marseille, aujourd'hui Bd René Cassin, quartier sans âme.


Une vue du boulevard Gassin vers 1977 / et aujourd'hui. Même lieu. Image réactive.
On constate que toute la partie gauche du boulevard a été frappée d'alignement vers la fin des années 80.

Par endroit, il subsiste encore, comme par miracle, de petits îlots d'immeubles anciens, ayant pour l'instant échappé à la fureur immobilière, derniers témoins de la physionomie du quartier d'antan.


Hôtel restaurant et cinéma l' Eden, sur la route de Marseille en 1962. Image réactive du même lieu.
Étonnamment, ce sont encore dans ces anciens quartiers que l'on retrouve aujourd’hui le plus d'animation.

Quartiers Californie, Ferber, Carras.

Une fois franchi le fleuve Var et la frontière française, la première ville rencontrée côté Duché de Savoie, n'était pas la ville de Nice, encore cantonnée au pied de sa colline, mais un hameau de pêcheurs nommé Carras.

Carras, déformation provençale de "carrière", car le site riche en pierres et galets servit principalement de carrière.
Implanté le long de la Route de France, principale voie de communication entre Nice et le fleuve Var, Carras fut longtemps un hameau isolé, faiblement peuplé.

En 1728 fut prise la décision d'y construire une chapelle dédiée à Sainte Hélène afin de créer une paroisse.
Les hommes de Carras étaient des pêcheurs.
D’autres métiers firent bientôt leur apparition, charretiers pour le transport du sable et du gravier des carrières, cochers de calèches au service des riches touristes.

En 1876, la diligence de Carras, qui reliait Nice au pont du Var, disparut, remplacée par l’omnibus à son tour détrôné en 1901 par la ligne 1 du tramway électrique.

Au début du XXe siècle, Carras abritait encore l’octroi Ouest.
On trouvait dans ce quartier peu urbanisé, des commerces de proximité et surtout des auberges tout au long de la Route de France, future Route Nationale 7.

Sources et extraits : Nice Journal des quartiers / vie des quartiers zoom sur Carras. fev 2016.

En bord de mer, Carras l’ancien village de pêcheurs est devenu aujourd’hui un quartier très urbain.
L'ancien hameau a toutefois conservé son petit port.

En route -

Le paysage devient un peu moins oppressant, le quartier plus aéré retrouve en partie sa physionomie de "petite ville", les grands projets immobiliers n'ayant pas encore investi totalement le secteur.
Sur notre droite, le petit square Marcel Kirchner vient apporter un peu de fraîcheur.
Notre voie se rapproche de la Promenade des Anglais qui longe les installations aéroportuaires, ce qui rend de fait le bord mer invisible d'où nous sommes.
Après le square, le boulevard Cassin se transborde de l'autre côté des voies de tramway.


A droite la Promenade des Anglais / M6098. Notre route franchie les voies du tramway et se poursuit sur notre gauche


Inauguré en juillet 1963, le supermarché Casino est aujourd'hui toujours présent. Image réactive.
En janvier 1994, une partie de la toiture s'effondre alors que le supermarché est bondé.
On dénombrera trois victimes et plus d'une centaines de blessés.

Quittons le boulevard Cassin, pour l'avenue de la Californie.
Nous voici au cœur du village de Carras, secteur qui conserva sa physionomie de quartier jusqu'au début des années 2000.


L'avenue de Californie dans son jus des années 75. Le quartier se métamorphosera à l'aube des années 2000. Même lieu aujourd'hui. Image réactive.

A partir des années 2000 hélas, l'ensemble de l'avenue sera confiée aux promoteurs immobiliers.
Mais qu'elle est longue l'avenue de la Californie - voie unique ballotée d'un côté ou de l'autre de la voie de tramway - longue et ennuyeuse au possible ...

Sur la gauche un clocher de style campanile nous indique l'église Sainte Hélène, construite en 1728 à l'emplacement d'une ancienne chapelle dont les traces remontent à 1646.
L'église remaniée au XIXe siècle est inscrite au titre des monuments historiques.


L'église Ste Hélène vue du square Félix Ziem. Image réactive.
Le célèbre peintre Orientaliste Félix Ziem (dont on aperçoit le buste dans le square) était issu de l'école de Barbizon.
Il achète la villa "Baie des Anges"en 1870 et y installe son atelier. (bâtisse de style orientale visible à droite)
Conservée plusieurs années par sa veuve, la villa "Baie des Anges" fut agrandie et transformée en 1925 pour accueillir une pension restaurant Le Minaret.
La bâtisse sera entièrement rasée à la fin des années 1960
Aujourd'hui un immeuble contemporain remplace l'Hôtel du Minaret et le square Ziem se retrouve amputé d'une bonne moitié pour laisser place aux voies du nouveau tramway.


La Route de France et l'église Ste Hélène dont on aperçoit le campanile, gravure du XVIIIe siècle.
On remarque sur la plage le fortin "Pauline" construit par les armées de Napoléon.
Image réactive. Même lieu aujourd'hui.

Qu'elle est longue et ennuyeuse l'avenue de la Californie ! ... Je sais, je l'ai déjà dit, mais ça renforce le côté barbant de ce quartier sans âme.

Parfois, se démarquant de cette interminable lignée d'immeubles dénués d'intérêts dans le ton des années 70/80/90, on remarquera l'entrée d'un Palais, ou d'un bel immeuble de caractère,
dont les corniches moulées, les portes de fer forgé ou les mascarons nous ramènent à l'époque Art Déco des années 1920.

Quartier Vallon Magnan - Pont Magnan - Rue de France.

Le quartier de Vallon Magnan s'est construit autour du Magnan, un petit fleuve côtier Niçois, long de 12.5 km qui prend sa source à Aspremont et dont l'embouchure se déverse sur la plage sous la Promenade des Anglais.
La riche végétation du vallon, l’ombre qu’elle prodiguait, la beauté de ses points de vue attiraient les étrangers en villégiature à Nice.
Ils appréciaient le romantisme des « vallons obscurs » dont faisait partie le Magnan, type de promenade particulièrement recherché à l'époque.


L'avenue de la Californie vue du carrefour Pont Magnan en direction du Pont du Var. Image réactive.

À la fin du XIXe siècle, le secteur très peu urbanisé, est une campagne de Nice où l’on produit cultures maraîchères et arbres fruitiers.
Le Magnan fait tourner une dizaine de moulins. Sur les pentes aménagées en terrasses poussent la vigne et l’olivier.
Ils sont remplacés dans l’entre-deux guerres par la floriculture, notamment l’œillet, qui occupe une trentaine d’exploitants.
La présence du cours d’eau favorise l’installation de vanneries qui confectionnent les paniers en osier destinés au transport des fleurs coupées.
On trouve également d’autres fabriques traditionnelles, comme des cartonneries, des pâtes alimentaires et surtout des blanchisseries qui longtemps resteront une spécialité du Vallon Magnan.
Populaire, le quartier compte plusieurs auberges et guinguettes courues pour leurs bals et festins.

Des travaux de couverture du Magnan sont entrepris à partir de 1926.
Longs et coûteux, ils sont achevés en 1960, mais le vallon reste à ciel ouvert dans sa partie supérieure.
En 1976, le plan local d’urbanisme de la ville classe le quartier comme quartier résidentiel, ce qui entraîne le départ des activités bruyantes et polluantes.

En route -

Après le carrefour du Pont Magnan, qui permet de rejoindre la promenade des Anglais, la rue de France débute.
La rue de France, c'est l'ancienne Route qui conduisait jusqu'en 1860 au poste frontière avec la France sur les rives du Var.
Une rue plutôt commerçante, avec quelques beaux immeubles classés.
Des palais, ou des ensembles immobiliers plus récents à l'architecture moderne comme le Palais des Arts et son esplanade qui mène au musée des Beaux Arts au n° 144.
Au n° 125, le Gloria Mansions, label patrimoine du XXe siècle, un immeuble de rapport construit en 1934, dans un style Art Déco rappelant le modèle américain des « appartements-hôtel » fréquents à New York à la Belle Époque.
Au 122, la Villa Furtado-Heine, propriété des Armées pour résidences.


Station Shell vue côté Rue de France. La station comportait également une façade donnant sur la Promenade des Anglais. Image réactive.
Aujourd'hui c'est une station Avia au pied d'un immeuble de standing.

Après la Villa Furtado et l'Hôtel Marriott, la rue se resserre et devient à sens unique, pour notre sens de circulation.


Le Café de France et l'église St-Pierre d'Arène. Même vue aujourd'hui. Image réactive.

Nous voici à présent au cœur d'un faubourg, quartier rue, commerçant et animé, qui semble se départir quelque peu du côté guindé des boulevards précédents.
Cela ne veut pas dire pour autant qu'il en devient populaire. Les beaux immeubles de la Belle Époque qui jalonnent la rue, trahissent bien des origines bourgeoises.


Immeuble Impérator, ancien Grand Hôtel. Image réactive.


Balustrades, corniches, fresques, marquises, coupoles, autant d'exubérances architecturales de la Belle Époque pour magnifier les beaux immeubles.

Au n° 65, derrière les grilles, le Musée Masséna, Art et Histoire, occupe l'imposante Villa ayant appartenu au Maréchal Masséna. (voir plus loin)


Le Musée Masséna vu ici de dos. La façade de cette ancienne Villa donne sur la Promenade des Anglais.

Un peu plus loin au n° 22, une plaque sur un mur nous rappelle les activités clandestines de Jean Moulin à Nice.


Ici, 22 rue de France, Jean Moulin louait un local, transformé en galerie d'art moderne (la seule existant alors dans le chef-lieu).
Cette profession de galeriste servait de couverture idéale aux déplacements multiples en zone Sud du représentant du général de Gaulle et président du directoire des Mouvements Unis de la Résistance.

https://museedelaresistanceenligne.org/media3617-La-nouvelle-plaque-Jean-Moulin-Nice

A quelques mètres de là, un étrange petit mausolée protégeant une croix de marbre se dresse sur notre droite, face à elle, une non moins étrange colonne de marbre.


La rue de France et la Place de la Croix de marbre vue ici en 1890.
A droite la Croix de marbre sous son édicule, en face la colonne du Pape. Image réactive.

La colonne du pape, sur notre gauche, est une colonne érigée en 1823 pour commémorer les deux brefs passages du pape Pie VII dans la ville, en 1809 et 1814.

Napoléon, qui souhaitait inclure les États pontificaux dans son système continental, fut menacé d’excommunication par le souverain pontife.
L'empereur ordonna alors l’enlèvement du pape Pie VII en juillet 1809. Lors de son tranfert en France, le pape passa les journées du 7 au 9 août 1809 à Nice.
Il y repassera 5 ans plus tard du 9 au 11 février 1814 au retour de sa captivité à Fontainebleau.

https://monumentum.fr/monument-historique/pa00080786/nice-colonne-en-marbre-blanc


La rue de France et la Colonne du Pape au début du siècle dernier. Image réactive.

L'autre monument sur notre droite est plus ancien, la croix de Marbre a été érigée en 1568 pour commémorer le congrès de Nice, qui a rassemblé Charles Quint, François Ier et le pape Paul III, à Nice, en 1538.
Au cours des siècles, la croix connaît de nombreuses mésaventures. En 1668, à la suite d'une violente tempête, elle est renversée de son piédestal et se brise en touchant terre.
En 1733, le conseil communal constate le mauvais état du monument et restaure la vieille croix.
Dans les années 1782-1783, une opération de sauvegarde est décidée ; le socle en pierre est reconstruit, la coupole est recouverte de cinq cents tuiles vernissées, la croix est consolidée par des soudures au plomb.
Seules les quatre colonnes ne sont pas remplacées et semblent dater de la construction d’origine en 1568.
En 1796, lors des mesures anti-religieuses décrétées par le Directoire, la croix est renversée puis replacée sur son socle en 1874.
En novembre 1880, un acte de malveillance la renverse de nouveau. Brisée, elle est remplacée par l'exemplaire actuel, œuvre du sculpteur Schaeffer.

Sources :
https://monumentum.fr/monument-historique/pa00080787/nice-croix-en-marbre-blanc
wikipédia.


La Rue de France, vue en direction de Marseille. Image réactive.

Après le carrefour avec la rue du Congrès, la Rue de France devient piétonne.
C'est donc à pied que nous allons parcourir les derniers 150 mètres de la rue de France, rue principalement commerçante,
avant de bifurquer sur notre droite par l'avenue de Suède qui nous conduira jusqu'au jardin de l'Arménie, puis vers l'avenue de Verdun sur les rives du Paillon.


Ce tracé historique de la RN7 via l'avenue de Californie, la rue de France et l'avenue de Suède restera en vigueur de 1860 jusqu'à son déclassement en 1982.

Aujourd'hui le fleuve côtier du Paillon est intégralement recouvert, mais son parcours se devine aisément, matérialisé par la coulée verte de la Promenade du Paillon.

Mais avant de poursuivre notre voyage vers notre destination finale, il est temps d'aborder la plus célèbre des traversées de Nice... La Promenade des Anglais.


Vers la Promenade des Anglais.

ou


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