ETAPE 20 : de St Laurent du Var (950 km) à Menton (1000 km)

02/ 12

Départ étape - Pont du Var - Nice par La Promenade des Anglais / RN 98 →





Carte de 1951. En rouge le tracé historique de la RN7. En bleu le tracé de la RN98 / Promenade des Anglais.

La Promenade des Anglais.

Ne nous méprenons pas et remettons les pendules à l'heure, c'est bien la Promenade des Anglais à Nice qui inspira la Croisette à Cannes et non l'inverse.
Sept kilomètres de ballade côtière avec vue imprenable sur la baie des anges, entre plages de galets et immeubles prestigieux.
La Prom’, comme elle est surnommée est l’une des plus célèbres avenues du monde.
Elle suit le tracé de la RN 98, la route du Bord de Mer, qui double la Route Nationale 7 depuis Fréjus. (voir les étapes précédentes)

Construite au XVIIIe siècle à partir du vieux Nice, la Promenade n'aura de cesse de se prolonger vers l'Ouest au fil des siècles, jusqu'à atteindre les rives du fleuve Var.

C'est donc à rebours que nous allons débuter notre ballade, qui débute sur le Pont du Var.


Le Pont du Var années 60. Vu ici en direction de Nice.
De gauche à droite : la voie ferrée. Un train à vapeur circule en direction de Nice, laissant derrière lui de belles volutes de fumée noire.
La route nationale 7, sur 3 voies, le terre plein séparant les deux routes, la RN98 sur 2 x 3 voies séparées par un terre plein aux lampadaires.

En route -

Nous l'avons évoqué précédemment, le Pont du Var, dans sa version actuelle, date de 1950.
On constate que la partie réservée à la RN7 est bien moindre que les 6 voies réservées à la RN98.
Dès la fin de la seconde guerre mondiale, on misait déjà sur l'attractivité de la touristique Route du Bord de Mer et de sa fameuse Promenade, pour soulager l'étroite Route Nationale 7.


A la jonction des deux routes, on bifurque sur la droite.

Rien de bien passionnant le long des premiers kilomètres de la Prom'.
La route longe sur la droite les infrastructures aéroportuaires, et sur la gauche les tours de verre des nouveaux quartiers d'affaires.

Sur cette section, la Promenade est aujourd'hui en grande partie vouée à la circulation automobile. Une autoroute urbaine en quelque sorte, bien loin de sa vocation première.
Après avoir roulé 3 km environ, nous longeons sur notre gauche l'avenue de la Californie, et sur notre droite, la mer apparaît enfin à hauteur du petit port de Carras.


Au XIXe siècle, Carras n'est qu'un hameau de pêcheurs dont les maisons sont alignées de part et d'autre de la Route de France.
La route du Bord de Mer, quant à elle, n'est encore qu'un sentier le long du littoral.
Même lieu aujourd'hui. La route du Bord de Mer / Promenade des Anglais, vient doubler la route de France. Image réactive.


Au premier plan La Promenade / RN98. Image réactive, même lieu.
Au second plan un tramway circule sur la Route de France / RN7.

La stèle du Capitaine Ferber.

Hôte prestigieux de Nice à la Belle Époque, le capitaine Ferdinand Ferber fait partie de ce que l'on nommait alors les " fous volants ".

En 1901, un jeune officier d’artillerie, polytechnicien, débarque à Nice pour commander la 17e batterie alpine.
Le capitaine Ferdinand Ferber, natif de Lyon, se passionne pour l’aviation naissante et multiplie les expérimentations.
Il invente un planeur, avec lequel il effectue un bond de 50 mètres, et installe à l’extrémité de la Promenade des Anglais, sur le terrain de la Californie, un pylône de 18 mètres muni d’un long bras horizontal.
Celui-ci soutient le planeur de l’officier et le lance grâce à une machine tournante, selon le principe de la fronde.
Le peu de succès de l’engin convainc Ferber que les aéroplanes doivent posséder un moteur.

En 1905, muté à Meudon, il réussira à voler à bord d’un appareil « plus lourd que l’air », avant de mourir l’année suivante lors d’une tentative d’atterrissage.
La Ville de Nice élèvera un monument à sa mémoire en 1911, son pylône n’étant démonté qu’en 1920.

https://www.nice24.fr/culture/histoire/les-merveilleux-fous-volants-de-la-baie-des-anges/


C’est sur l’ancien champ de tir de la Californie que le capitaine Ferber avait fait construire le pylône pour ses essais planants.
Le terrain était situé à hauteur du 329, Promenade des Anglais, dans l’actuel quartier Ferber.


Le monument du capitaine Ferber, entre RN7 (en arrière plan) et la Route du Bord de Mer, érigé à l'emplacement du pylône. Image réactive.


Élargissement de la Promenade des Anglais, vers les années 50. Même vue 3D aujourd'hui. Image réactive.


Après Carras, la Promenade et ses quartiers s'urbanisent de plus en plus.
Les beaux immeubles aux façades décoratives des années 1920, laissent peu à peu place à des constructions plus contemporaines.
Longue lignée où se côtoient des immeubles sans caractère et plutôt impersonnels, dans le plus pur style des barres d'appartements standing des années 70.
Illustration incontestable de cette époque, comme un immense paquebot amarré à la Promenade des Anglais, l'Hôtel Radisson Blu.

Construit à partir de 1976, l'hôtel est inauguré en 1978, sous le nom de Hyatt Regency.
Vers 1982/1983, l'hôtel devient le Beach Regency, puis passe plus tard sous l'enseigne Radisson.
En 2018 l'hôtel subit un relooking de sa façade et une rénovation complète de ses intérieurs.


Le Hyatt Regency, aujourd'hui le Radisson Blu, dans le style très contemporain des seventies. Image réactive.
331 chambres et le bar lounge terrasse piscine & restaurant sur le toit.

Et avant le Radisson, c'était comment ?


Avant le Radisson, c'était l'école Ste Hélène jusqu'en 1974. Image réactive.

Nous voici maintenant à hauteur du Square Ziem et de l'église Ste Hélène qui se situe le long de la Rue de Californie. (voir page précédente)


De l'autre côté du square, on aperçoit le clocher de l'église Ste Hélène et la maison du peintre Félix Ziem, la villa "Baie des Anges",
que sa veuve transformera en Hôtel Pension Restaurant "le Minaret". Image réactive.

Au n° 219 de l'avenue, le Palazzo del Sol, ou Palais du Soleil, construit en 1923.
A l'origine son propriétaire Emile Samett, déjà propriétaire de l'Hôtel de France à Nice, souhaitait en faire un hôtel.
Le projet fut abandonné et le Palais fut transformé en appartements.

Après la station service Total, on ne passe plus la nuit à l'hôtel AXA.


L'emplacement du petit hôtel AXA. Image réactive.


Chambres confortables avec vue imprenable sur la Baie des Anges, le luxe des années 30.

Au milieu des immeubles contemporains, se détachent parfois de belles architectures d'un autres siècles.

Au n° 197, dans le plus pur style Art-Déco, le petit, mais très graphique Palais Mascotte.
L'immeuble édifié en 1930 est l’œuvre de l'architecte Ernest Sorg.


Le Palais Mascotte 1930.


Au n° 167, implanté en retrait de la Promenade des Anglais, le Palais Couronne.

Monsieur Watson Rutherford propriétaire d'une grande parcelle entre la Promenade des Anglais et l'actuelle avenue de la Californie, fait construire par l'architecte Georges Dikansky l'immeuble La Couronne en 1926.
Les mosaïques sont l’œuvre de l'entreprise Gentil et Bourdet.

En route -

Continuons à remonter la Promenade à contre courant chronologique, puisque rappelons le, celle ci fut construite d'Est en Ouest.

Sur notre droite, la mer et ses plages de galets, privées ou publiques.
Sur la gauche, un building à la façade résolument moderne, nous rappelle les tours de verre des quartiers d'affaires.
Mais ici point de "traders" en chemises blanches. Seulement des blouses blanches, car nous sommes devant l'hôpital pédiatrique Lenval.
Un hôpital le long de la Promenade... drôle d'idée ! Mais l'établissement n'est pas né d'hier.


L'hôpital Lenval, au début des années 60, reconnaissable (à cette époque) à sa tour - rotonde. Image réactive


En 1884, à la suite du décès de son fils Mieczyslaw alors âgé de onze ans, le baron Leon Wladyslaw Loewenstein de Lenval, industriel polonais qui réside principalement à Nice, décide de consacrer 150 000 francs-or à la création d'un hôpital pour enfants.

L'hôpital, qui n'est alors qu'un petit dispensaire pour enfants, est inauguré le 22 mars 1888 sur la Promenade des Anglais et compte deux lits.
Le service est assuré par les Sœurs de Saint Vincent de Paul, et des médecins bénévoles.

Le 8 mai 1893, l'hospice, devenu fondation, est reconnu d'utilité publique par le président français, Sadi Carnot.
Indispensable à la population niçoise, la fondation Lenval ne va cesser de s’agrandir au fil du temps.

En 1920, la construction du pavillon Dauprat est réalisée. L’hôpital a soigné près de 3000 soldats pendant la première guerre mondiale.
En 1930, un troisième bâtiment est construit : le pavillon Corniglion-Molinier, consacré aux nouveaux-nés et nourrissons.

C’est ensuite en 1955, qu’un nouvel édifice qui regroupe les diverses spécialités chirurgicales voit le jour : le pavillon Maurice Gilles. Les religieuses de la communauté de Saint-Vincent-de Paul quittent la fondation au milieu des années 70 , après presqu’un siècle de bons et loyaux services.

Jusqu’à la fin de leur vie en 1900, les Lenval ont sponsorisé cet hôpital.

Les dons des Niçois et des Polonais qui habitent la ville permettent à l'établissement de poursuivre ses activités.

https://lenval.org

 

Ci-contre l'hôpital Lenval vers 1975 / et aujourd'hui. Image réactive.


Janvier 1950. Un nouveau pavillon avec sa tour- rotonde vient agrandir l'hôpital.
La Promenade des Anglais sur 2 x 1 voie, est en cours d'élargissement.

Remontons la Promenade et passons devant un alignement d'immeubles contemporains, jusqu'à une étonnante construction au n° 139, la Villa Collin de Huovila.
Coincée - certain diront nichée - entre deux verrues contemporaines, La villa Collin de Huovila constitue l’un des rares témoins d’une typologie dont il ne reste que peu d’exemples à Nice.
La bâtisse est celle d’une maison unifamiliale de deux niveaux sur sous-sol, surmontée d’un belvédère.


La Villa Collin de Huovila

Sur des plans déposés et datés de 1907, la villa Huovila, est construite en 1911 par Charles Allingues dans le style Art Nouveau de la Belle Epoque, pour l'industriel finlandais Collin d'Huovila.
Il s'agit d'une des dernières villas individuelles construites sur la Promenade des Anglais.
A partir de 1919, l’aviateur niçois, Auguste Maïcon (1891-1974) y réside. Une surélévation a été ajoutée en 1974 en arrière du belvédère.
Auguste Maïcon, pionner de l’aviation, aviateur dans la bataille de la Marne, devient célèbre le 24 août 1919, en réussissant l'exploit de passer en vol avec son Gaudron G3 baptisé : "Le Frisson", sous le Pont du Var.
Le Pont du Var présentait l’avantage d’être érigé à quelques minutes de vol du champ d’aviation de Nice où il exerçait son métier de pilote.

https://youtu.be/HST6tAdgffI?si=_kkEN7oWj8NQNFPe


La Villa Collin de Huovila originelle. Image réactive.

Au n° 123, dans un style beaucoup plus sobre que La Villa Collin Huovilla, la Villa Marie Christine, construite également en 1912.
Une surélévation de 4 étages ajoutée en 1951, transformera la Villa en Palais Marie Christine.


Ancienne Villa Marie Christine


La Promenade des Anglais au milieu des années 50
Sur la droite on reconnaît le Palais Marie Christine, un peu plus loin la tourelle de la villa Collin de Huovila.

Encore quelques mètres et nous voici arrivés à l'embouchure du Magnan.
Embouchure visible uniquement de la plage, car la Promenade recouvre intégralement le petit fleuve côtier.
Pièce centrale de ce quartier, Le Palais de l'Agriculture.


La Promenade des Anglais / Pont Magnan. L'embouchure du Magnan et le Palais de l'Agriculture.

Le Palais de l'Agriculture est le siège de la Société centrale d'agriculture, d'horticulture et d'acclimatation de Nice et des Alpes-Maritimes (SCAH), société savante fondée en 1860.
Construit en 1900, il est inauguré le 8 avril 1901 par le Président de la République Émile Loubet.
Ce lieu prestigieux, face à la mer sur la Promenade des Anglais est un témoin de l'architecture Belle Époque, inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 28 mars 1991.


Le Palais de l'Agriculture aujourd'hui et vers 1900. Image réactive.

Le quartier de Pont de Magnan marque le début de la réelle et historique Promenade des Anglais.
Jusqu'à présent nous n'avions parcouru que son prolongement qui débute ici à l'embouchure du Magnan pour atteindre le Pont du Var.


Travaux d'élargissement et de prolongement de la Promenade des Anglais du Pont Magnan jusqu'au Pont du Var en 1950.

 


La suite ...


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