Ici, nous rencontrons une particularité de la route nationale 7.
En effet, celle-ci sert de frontière administrative pour la délimitation
des communes.
Cette "frontière cadastrale" est matérialisée
par la ligne blanche entre les deux voies de la route. Aujourd'hui ce serait
plutôt la voie de tramway.
Ainsi la voie descendante vers le sud est située sur la commune de
l'Haÿ les Roses, alors que la voie remontante vers Paris fait encore
partie de Villejuif.
L'Haÿ les Roses, à peine 150 mètres de route dont nous n'entreverrons qu'un vaste chantier de construction.
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Un peu d'histoire tout de même :
Le village, au départ s'appelait seulement L'Haÿ avec le tréma
sur le Y.
En 1914 L'Haÿ devient L'Haÿ-les-Roses, honorant ainsi la notoriété
et l'exceptionnelle beauté de sa nouvelle roseraie.
La roseraie existe toujours aujourd'hui sous le nom de Roseraie du Val de
Marne et réunit une collection exceptionnelle de 3000 roses ce qui
en fait la plus grande roseraie du monde.
Au feu, passé le carrefour, un panneau annonce Chevilly-Larue.
A ce niveau la voie montante sur Paris se situe sur la commune de Vitry
sur Seine, à l'est.
Chevilly Larue / Vitry Sur Seine. Km 0009.3
http://www.ville-chevilly-larue.fr
http://www.vitry94.fr
Si votre dernier passage dans le secteur remonte à 2015 tout au
plus, alors vous ne serez pas trop dépaysé.
Par contre si vous étiez passés avant 2015, vous ne reconnaîtrez
plus rien aujourd'hui..
Difficile alors d'imaginer Chevilly Larue et Vitry sur Seine comme
deux villages ruraux entourés de jardins, de pépinières,
de terrains de cultures maraîchères et florales.
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Comment décrire les lieux aujourd'hui ?
Une vaste zone, pas vraiment commerciale, au sens où l'on ne croisera
pas ici de grands centres commerciaux, mais plutôt de discrètes
boutiques, disséminées au rez de chaussée des nouveaux
immeubles et des centres d'affaires qui jalonnent l'ancienne RN7.
Une zone pas vraiment résidentielle non plus, terminé les
grands ensembles urbains, façon cité dortoir, gigantisme des
années 60.
Les immeubles aujourd'hui se font plus discrets, ouverts sur de petits quartiers
à part entière, ce qui nous laisse une vague et trompeuse
impression d'espace, comparée aux linéaires d'immeubles rencontrés
à l'entrée de Villejuif.
Ce côté épuré, n'a bien sûr plus rien à
voir avec le charme rural de l'ancienne route.
A Chevilly Larue, vous vous faisiez sans doute une autre idée
de la nationale 7 ?
En route -
Sur notre droite, derrière une longue grille bordée d'arbres, émergent un bâtiment dont le fronton est orné du sigle "L'Oréal" en lettres d'Or.
Le "Petit Versailles de la parfumerie"
Inaugurés en juin1962, ces bâtiments implantés
en bordure de la route nationale 7, sont à l'époque la nouvelle
usine de la célèbre marque de luxe "Lancôme"
créée par Armand Petitjean son fondateur.
Ruiné, il revend sa marque à L’Oréal en 1964.
L’usine laisse alors place aux premiers laboratoires de Recherche
& Développement du leader français de la cosmétique.
En 2010, des travaux de requalification de la RD7 et l’implantation du tramway permettent à L’Oréal d’acquérir de nouveaux terrains.
La RN7 et la cité Lancôme encore en construction vers la
fin des années 50. (seul le bâtiment principal est construit)
La proximité de la roseraie de L'Haÿ les Roses, a dû contribuer
au choix de son implantation.
La cité Lancôme au momment de son inauguration en 1962. Image
réactive.
Je ne m'explique pas l'intérêt des 3 voies de pistes cyclables
sur la droite, vu le nombre de bicyclettes qui y circulent...
On passe sous les lignes haute tension du réseau RTE.
La centrale électrique existe toujours aujourd'hui.
De récents projets prévoient même de faire passer les
lignes haute tension en souterrain à l'aube des jeux Olympiques de
2024, mais pour l'instant rien n'est encore sorti des tiroirs.
Mais remontons le temps...
La destruction de la centrale de Chevilly-Larue
Octobre 1943, voilà 3 semaines que le groupe Lorraine est installé au camp de Hartfordbridge en Angleterre, et voilà trois semaines que les pilotes se morfondent, réduits à l’entraînement au “vol rasant”.
Au matin du 3 octobre 1943, un briefing du lieutenant-colonel de Rancourt annonce une grande nouvelle : l’attaque de la centrale électrique et de la station de transformation de Chevilly-Larue, au sud de Paris.
“C’est un objectif très petit, difficile à trouver et à atteindre sans éparpiller les bombes, explique Rancourt. Nous ferons donc le bombardement à très basse altitude.”
Il recommande expressément de tout faire pour éviter d’atteindre des Français et de ne pas oublier que, dans la proximité immédiate de l’objectif, se trouvent des habitations à bon marché et les cités ouvrières du “Chemin vert”La mission est délicate : les hommes du Lorraine doivent détruire la partie vitale de la centrale, les transformateurs qui alimentent le chemin de fer Paris-Orléans, que doit emprunter un important convoi allemand.La préparation du raid est longue. Les avions décollent enfin peu avant 13 heures. Mendès France est dans le premier appareil de la deuxième formation.Soudain, on aperçoit les grandes cités de la banlieue parisienne ; à gauche, la prison de Fresnes ; à droite, au loin, l’aérodrome d’Orly.
L’objectif est petit, en effet : 200 mètres de long sur 80 de large. Les bombes sont armées, les trappes ouvertes. Chacun des avions lâche quatre bombes.Huit bombes ont été lâchées aux abords sud de la centrale dans une zone d’une centaine de mètres ; elles ont coupé les conducteurs de deux lignes à 220 000 volts.
Onze bombes sont tombées en plein sur la centrale : elles ont mis hors service les deux disjoncteurs des lignes d’arrivée et plusieurs transformateurs.
Enfin six bombes ont explosé au nord, détruisant des lignes de 60 KV, qui viennent de la station. Au total, sept unités de transformation sur dix sont complètement détruites ; les unités restantes sont gravement endommagées.Extraits : La destruction de la centrale de Chevilly-Larue.
La route nationale 7 et la centrale électrique de Chevilly-Larue, vers les années 1950.
Nous passons devant un relais-grill Courtepaille qui n'a plus
grand chose à voir avec le concept original de la ronde paillote
au cadre chaleureux bordant la route des vacances.
Ont-ils au moins conservé une vraie cheminée à l'intérieur
? Ou l'ont-ils remplacée par un âtre au glycol ?
Le premier relais de la chaîne a vu le jour dans les années
1961 sur la RN6, sœur jumelle de notre route nationale.
Ici aussi, jusqu'à la fin des années 2010, le
secteur était envahi par les casses automobiles, les magasins de
pièces détachées, les ateliers de réparations.
Il était difficile d'échapper aux enseignes racoleuses qui
jalonnaient les bas-côtés de la route.
Encore et toujours des commerces pour la bagnole... jusqu'en 2020.
Image réactive même lieu aujourd'hui.
Ne cherchez plus ici les boutiques dévolues à l'automobile. Hormis les concessionnaires officiels et quelques rares résistants dissimulés en arrière plan, les municipalités ont fait place nette. Pourtant, c'est bien dans ce secteur que se concentraient, en une joyeuse anarchie, garages, ateliers, dépôts, casses et autres bric-à-brac de pièces mécaniques qui jusque là jalonnaient la route depuis Paris. |
Au niveau de la place "De Lattre de Tassigny", la
voie montante quitte Vitry sur Seine pour entrer à Thiais (voie Est).
Notre voie descendante reste pour le moment sur la commune de Chevilly-Larue.
La ligne blanche ou plutôt les rails de tramway, servent de frontière
virtuelle entre les deux villes.
La place du Maréchal de Lattre de Tassigny à Chevilly
Larue.
La route nationale 7 à Chevilly-Larue, vue en direction de la
capitale vers les années 40. Belle avenue pavée, bordée
de petits commerces.
Au premier plan, un bar terrasse avec des pompes à essence, une pharmacie.
On notera sur la droite en direction de Paris, un panneau de priorité
à droite.
Image réactive.
Même lieu en 2008 (image Google) difficile à reconnaître
mais la pharmacie est toujours là, puis la maison en coin reconnaissable
à sa lucarne sur le côté,
puis au fond la grande bâtisse de brique rouge en partie cachée
par les arbres. Hors champ, mais situé à l'emplacement des
pompes à essence, une station ESSO.
Aujourd'hui, place nette.
Seule la pharmacie qui occupe toujours son emplacement d'origine, mais cette
fois-ci au rez de chaussée de l'immeuble, pourrait témoigner
du passé.
Ambiance années 50 au pied de la cité. Et l'on retrouve
les ateliers de réparations mécaniques autos qui, depuis Villejuif,
jalonnaient la RN7. Image réactive.
Jusqu'en 2010 environ on pouvait encore retrouver quelques fantômes
du passé à l'instar de cet atelier mécanique devenu
bien moribond.
Aujourd'hui, place nette, l'ensemble du quartier a été rasé,
immeubles compris.
Un nouvel eco-quartier devrait occuper prochainement les lieux.
Un peu plus loin sur la gauche, se profilent l'esplanade et les portes monumentales du cimetière Parisien de Thiais.
Ici aussi le quartier a profondément muté.
Toute l'enfilade de commerces hétéroclites qui animait le
carrefour a totalement disparu.
La chaussée est passée de trois à deux voies, le trottoir
s'est transformé en piste cyclable.
Produits et épicerie orientale, restaurant les délices
du Maroc, restaurant Istambul, restaurant le Marrakech, restaurant la Palmeraie
de Ouarzazate,
à Thiais, nul besoin de traverser la Mediterrannée pour se
sentir dépaysé. Aujourd'hui, ici aussi.... la place est nette.
Thiais Km 0010.4
Un peu d'histoire :
Le cimetière Parisien de Thiais est un des cimetières Parisiens
extra-muros.
Ouvert en octobre 1929, il occupe sur près de 103 hectares, 17 %
de la commune de Thiais.
C'est le plus récent des cimetières de la capitale, et deuxième
cimetière en terme de superficie après celui de Pantin.
Qualifié de "cimetière des pauvres et des indigents"
le lieu accueille en outre les sépultures des personnes non identifiées
ou sans ressources, décédées à Paris.
Sont également ensevelis là, les fusillés des fossés
de Vincennes, condamnés à mort par les tribunaux militaires
jusqu'à l'abolition des exécutions publiques en 1939.
Un monument commémore aussi la mémoire de ceux qui ont légué
leurs corps à la science.
Parmi quelques personnalités concernés par le don de corps
sans sépultures et dont la mémoire est honorée ici
citons : Bernard Blier, Pauline Carton, ou encore Madeleine Sologne.
D'accord, je le conçois, tout ça est un peu vieux jeu et les
plus jeunes ne connaissent pas...pourtant Pauline Carton c'est plus de 200
films.... m'enfin...
Après l'épisode de la canicule de 2003, plus de 800 victimes,
le plus souvent des personnes isolées, furent ensevelies ici dans
l'anonymat le plus complet.
Vous pourrez également vous recueillir sur la tombe du roi dictateur
d'Albanie en 1928, Zog 1er , et plus dans l'air du temps, Albert Raisner,
le père et animateur de l'émission TV culte "Âge
Tendre et Tête de Bois" des années 1960, mais ce dernier
est inhumé anonymement dans un caveau familial. Toute une époque
!
Plus récemment, le présentateur et producteur Jean-Luc Delarue y fut également inhumé anonymement, sa sépulture est située dans une division du cimetière où sont regroupés les caveaux de familles musulmanes.
Pour en savoir plus : http://www.landrucimetieres.fr
Envie d'aller "cracher sur une tombe" ? histoire de mettre en
pratique le précepte profane évoqué dans le titre du
célèbre roman polémique de Boris Vian ...
Ou simplement une envie pressante....et pas de sanisettes dans les parages
pour se soulager ?? Oups ben zut alors !!
Mais pas de panique...
Sachez que la tombe de l'auteur de la prise d'otages de l'hyper Cacher,
porte de Vincennes en janvier 2015, se cache également dans ce cimetière.
Tombe anonyme.. évidemment, lâche jusque dans l'éternité
... un indice ? : au carré musulman.
L'homme, n'est depuis plus seul, puisqu'il a été rejoint par
deux des terroristes (enfin ce qu'il en reste) qui avaient tiré sur
la foule du Bataclan le 13 novembre 2015, avant de se faire lâchement
sauter le caisson.
Désolant que ces morceaux de barbaque n'aient
pas été destinés à la science pour y subir quelques
graveleuses expériences étudiantes et laborantines...
Bon, vous avez trouvé l'endroit et personne en vue ? alors il est
temps de profiter de l'isolement du lieu pour nous recueillir soulager
!
Les portes du cimetière parisien de Thiais. Image réactive.
A l'angle de la RN7 et de l'avenue de la République. vers les années
1930. On est là juste en face des portes du cimetière. Image
réactive.
Difficile de retrouver le lieu aujourd'hui, mais après une enquête
rondement menée, je retrouve une image Google 2008 pour en témoigner.
Aujourd'hui toutes les constructions ont complètement disparu.
Rendez-vous nationale 7 : Dimanche 3 Août 1969. Thiais 6h30. Episode 02.
Calé sur la banquette arrière à côté de ma sœur, les pieds posés sur les cartons d'ustensiles de cuisines et de jeux de plages qui n'ont pu trouver place dans le coffre de la petite Opel Kadett, nous continuons notre sortie de la banlieue Parisienne en direction de la grande bleue. Alors que ma mère essaie d'évaluer la quantité de café froid resté au fond de la bouteille thermos, résidus du voyage de la veille, mon père se félicite d'être parti un dimanche de bonne heure, car nous annonce-t-il , " à cette heure-ci, les ferrailleurs sont encore au lit ". Ce qui s’avérera totalement faux, les ferrailleurs clandestins, comme les puciers d'ailleurs, n'hésitant pas à se lever tôt le dimanche matin. ( à suivre ) |
Il est temps de parler de ces commerces « Tout pour la voiture »
que l'on rencontre sans discontinuer depuis Villejuif au moins.
Aujourd'hui la plupart des casses le long de la nationale sont vouées
à la disparition, si ce n'est déjà fait, chantier du
grand Paris et du Tramway obligent.
Mais entre les années 1960-80 c'était tout autre chose. Une
curiosité pour les vacanciers provinciaux.
Axe Chevilly-Larue / Thiais, le capharnaüm de la pièce détachée
sur la RN7 en 2013.
Un exemple, parmi tant d'autres, de ce que les municipalités ne veulent
plus voir en bordure de route.
Les ferrailleurs de la RN7 :
Dans sa portion Chevilly Larue -Thiais, c'était le royaume historique
des casses automobiles qui avait investi les lieux depuis l'après
guerre.
Pour reprendre l'expression d'un journaliste du Parisien : "le
long de la route c'était le paradis des rétros cassés,
des portières défoncées, La Mecque des capots accidentés".
La N 7, c'était comme les puces de Saint-Ouen. On y venait en famille
le week-end. C'était le règne de la mécanique sauvage.
Sans cesse, c'était des conflits de stationnement et de circulation
sur la N 7, des gens qui se tapaient dessus, des voitures défoncées
garées n'importe où.
Par la suite on verra même des travailleurs clandestins traîner
à la sortie des casses pour proposer leurs services.
Les trottoirs étaient encombrés de voitures en plus ou moins
bon état.
Des mécaniciens, aguerris ou non, s'activaient autour pour des réparations,
du changement de pneus aux interventions lourdes sur la direction ou le
moteur, dans la plus parfaite illégalité.
Ils débordaient sur la chaussée, créant aux heures
de pointe des embouteillages monstres, et laissant derrière eux des
taches d'huile sur les trottoirs, des enjoliveurs, des boulons et diverses
pièces de moteurs.
La fin d'une époque.
Source plusieurs articles du journal : "Le Parisien"
Sur la gauche l'ancien Hôtel Alboro, aujourd'hui, le Relais de
Thiais. Image réactive.
En mai 1969, le jeune Joël Robuchon (pas encore étoilé)
devient le chef du restaurant de l'Hôtel Alboro.
Sa toute première expérience dans le monde de l'hôtellerie.
L'hôtel Alboro en 1970, et la brigade du chef au balcon.
Sur la gauche nous longeons le centre commercial "Belle Epine" situé sur la commune de Thiais.
Un peu d'histoire : Le Centre Commercial Belle Epine a ouvert ses portes en septembre
1971, sur une surface de 100 000 m². Une vingtaine d'années plus tard, en 1992/93, des travaux
ont eu lieu afin d'agrandir le centre de quelques 40 000 m² supplémentaires.
Le centre est idéalement situé, dans le second pôle
d'emploi de la région parisienne (70 000 emplois). Belle Epine tire son nom du nom du croisement des routes de Versailles et Fontainebleau. Source : https://belle-epine.klepierre.fr/#
Dans les galeries du supermarché carrefour en 1971 |
Au niveau du centre commercial, notre voie quitte la commune
de Chevilly-Larue et entre sur celle de Rungis.
La voie opposée se situe toujours sur la commune de Thiais.