ETAPE 1 : de PARIS à CHAILLY EN BIERE de 0000 à 0050 km

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← Rungis - Orly - Paray Vieille Poste →

En bleu : la route historique
En rouge la route post 1960.

 

Rungis Km 0012.3

http://www.rungis.fr

La commune de Rungis est surtout connue pour son Marché International (M.I), qui constitue le marché central de Paris, destiné à alimenter les professionnels de toute la région Île-de-France. C'est aussi le plus grand marché de produits agricoles au monde.


Au premier plan, le Marché de Rungis, au second plan la RN7,
le croisement de la Belle Épine, le cimetière de Thiais.

Le marché remplace les anciennes halles centrales du "ventre de Paris".
Le choix du site s'est porté dès 1960 sur les communes de Chevilly-Larue et Rungis, où se trouvaient à l'époque de vastes terres agricoles susceptibles d'être converties en parcelles constructibles.
Situées à 7 kilomètres de Paris, au carrefour de nombreuses voies de communication et à proximité immédiate de l'aéroport d'Orly, le site correspondait parfaitement aux exigences pour l'établissement d'un marché moderne et fonctionnel.

En route -

Notre route passe maintenant sur un pont qui surplombe l'A86, le périphérique de l'Ile de France.
Nous sommes à l'emplacement du fameux "Croisement de La Belle Épine".
Ici, à une époque qu'il est pour nous difficile d'imaginer aujourd'hui, se croisaient les deux routes royales :
- l'une en direction de Fontainebleau, route de Paris à Lyon, future nationale 7.
- l'autre en direction de Versailles, future nationale 186 aujourd'hui intégrée à l'A86 sur cette portion.


Carte d’État Major de 1832 représentant le Carrefour des routes de Versailles et de Fontainebleau (Paris à Lyon) au hameau de Belle Épine.
Seuls deux établissements sont représentés aux abords du carrefour.
L'un situé dans le quart Sud-Ouest du croisement, l'autre un peu en retrait dans le quart Sud-Est. Image réactive.


Le carrefour Belle Épine en 1921 / 1832. Image réactive
Presque cent ans après la carte d'État Major ci-dessus, la configuration du lieu n'a pas changé.
On note seulement la présence d'un troisième établissement installé dans le quart Nord-Est du croisement.
On remarquera également que les deux routes nationales sont, à l'époque, bordées d'arbres.

Situé alors en pleine campagne, le carrefour n'en était pas pour autant complètement isolé.
Pas de relais de poste ici, mais une grosse ferme et une auberge, essentiellement dédiés aux voyageurs de la route.

Avec la démocratisation des moyens de transports et l'émergence de l'automobile au début du siècle dernier, vinrent s'installer autour du carrefour, une baraque de cantonnier, une gendarmerie,
plus tardivement des stations service et des guinguettes, proposant ainsi le ravitaillement aux itinérants de la route, mais également, offrant aux gens du pays la perspective de passer "à la Belle Épine" un bon moment à la campagne.

En 1938, le croisement connaît son premier aménagement.
Un pont dédié à la RN186 franchit désormais la RN7, permettant une meilleure fluidité du trafic routier.


Photo de 1941. Le pont de la RN186 franchit désormais la RN7.


Vue aérienne de 1947, avec le pont franchissant la RN7. Image réactive.


Survol aujourd'hui du carrefour de la Belle Épine.


Le terme de "Belle Épine", du latin spina, provient du vieux français et évoque ici un arbre épineux, sans doute l'aubépine.
Sur la carte d'État Major de 1832, figure d'ailleurs la référence à l'arbre : Arbre de l'Épine, que l'on trouvait à quelques mètres au sud du carrefour.
Une autre version, implique quant à elle, la difficulté de circulation au niveau du croisement.
Épine étant synonyme d'obstacle ou d'embarras, comme le sous entend l'expression "ôter une épine du pied", le croisement confirme qu' il y avait bien ici une difficulté, un nœud de circulation, référence toute trouvée à l'épineux bois noueux de l'aubépine.

 

Magnifique cliché photographique du carrefour de la Belle Épine en 1934. La route nationale 7 c'est le large ruban de goudron en diagonal.
Vers Paris en haut, vers Fontainebleau en bas. La N186 ne possède pas encore son pont, elle s'interrompt pour traverser la RN7.


Localisation de quelques établissements autour du carrefour de la Belle Épine.
Passez le curseur de la souris sur l'image multi réactive.

On le voit, à l'époque le carrefour était bien achalandé.
Difficile, aujourd'hui, voir impossible de s'y retrouver. Tout a disparu...

Vraiment ? Tout ?
Non, un établissement fait de la résistance, et a traversé les âges.


Le carrefour en 1934 vue en direction de Fontainebleau (en haut) ou vers Versailles (à droite).
Même vue aujourd'hui, image réactive.

Voici l'unique survivant du fameux carrefour de La Belle Épine, le restaurant L'Atlas.
Anciennement Hôtel du Terminus ou du Bon Coin, l'établissement est plus que centenaire et mérite le respect.
Sera-t-il encore là dans cent ans ?

Le Terminus - Station Shell. Eau courante / Chauffage Central précise l'enseigne.
Même lieu aujourd'hui, plus de 100 ans après. Image réactive.


Carrefour de la Belle Épine, en route vers Fontainebleau. Même lieu aujourd'hui. Image réactive.


1- La route vers Fontainebleau, et la nouvelle gendarmerie. A droite le mur du Terminus.
2 - C'est la Douane qui occupe désormais l'emplacement de la gendarmerie. Image réactive.

En route -

On quitte à regret notre carrefour Belle Épine.
Déçu de ne pas avoir pu goûter au plaisir d'une pause à la campagne.

300 mètres environ après l'échangeur, afin d'éviter les pistes de l'aéroport d'Orly, la route amorce une courbe, déviant ainsi de son ancien tracé rectiligne d'avant 1960 .
Ancien tracé qui se poursuit partiellement aujourd'hui par la D136, le pont de Rungis, les avenues de l'Europe et de l'Union, au milieu des gigantesques parkings d'Orly, et des loueurs de voitures.


En jaune le tracé historique de la route nationale 7. En rouge la déviation de 1960. Image réactive.

L'ancien tracé étant interrompu par l'aérogare et les pistes d'aviation, poursuivons pour le moment sur la route actuelle.
Nous reviendrons sur cet itinéraire historique un peu plus loin. D'ailleurs aujourd'hui, il est impossible de rejoindre l'autre côté de la chaussée.


Graffiti thématique et sympa pour nous mettre dans l'ambiance.

A droite près du mur de clôture EDF, une borne N7 limite de département, nous indique que nous quittons le département du Val de Marne pour entrer dans celui de l'Essonne 91.

Déclassement de la route nationale 7, par la réforme 2005 : dans le département de l' Essonne, l'ancienne RN 7 a conservé son numéro de N 7.

 


Borne limite de département

L' ESSONNE

Nous quittons maintenant Rungis à l'Ouest et Thiais à l'Est, pour entrer sur la commune de Paray Vieille Poste.

Mais, la RN 7 ne traverse pas tout de suite la ville de Paray.
Elle ne fait que passer pour le moment sur ces terres cadastrales dont notre voie descendante vers le Sud marque la délimitation Ouest.
D'ailleurs aucun panneau n'indique ici l'entrée de l'agglomération.
Nous passons maintenant sous l' A106, bretelle rapide d'autoroute qui relie Paris à l'aéroport d'Orly.

Aéroport d'Orly Km 0014

https://www.mairie-orly.fr
http://www.parisaeroport.fr/passagers/acces/paris-orly

Les terrains de l'aéroport couvrent 4 communes réparties entre les départements du Val de Marne et de l'Essonne, Thiais, Paray Vielle Poste, Villeneuve Le Roi et Orly.

Au loin la masse de l'aérogare d'Orly-Sud semble vouloir nous barrer la route. Notre voyage ne se termine pas ici pour autant.
La nationale entame une pente douce et nous conduit vers la méditerranée en passant sous l'aérogare et ses pistes d'aviations.

La descente sous l'aérogare

Rendez-vous nationale 7 : Dimanche 3 Août 1969. Orly 6h45. Episode 03.

Droit devant nous, l'aéroport d'Orly immense bâtiment de verre et de béton semble surgir de la plaine environnante.
Mon père attire notre attention sur un avion relativement bas dans le ciel amorçant sans doute son atterrissage.
Il pleut et malgré les essuie-glaces à unique vitesse, la visibilité dans la petite auto est assez réduite.
Chacun essaie, comme il peut, d'apercevoir la Caravelle volante au dessus de la route.
Ma mère déballe la caméra super 8 et abaisse sa fenêtre passager pour tenter de filmer l'avion, mais la visibilité est médiocre, l'objectif est mouillé, il est déjà trop tard.
La route amorce sa descente et notre auto s'engouffre sous l'aérogare, sans même avoir eu le temps de filmer quoi que ce soit. (à suivre)

Un peu d'histoire :

Tout commence par l'inauguration de "Port Aviation" en mai 1909, un petit aérodrome situé sur la commune de Viry-Châtillon au sud d'Orly en bordure de Seine... mais un peu à l'écart de la RN7.
Il a été conçu pour remplacer les terrains de manœuvre de l'armée ( plus proches du champ de patates que de la piste aviation) qu'empruntaient jusqu'alors les précurseurs de l'aviation civile.
C'est là que se dérouleront désormais la plupart des meetings aériens et que se développeront les progrès de l'aviation.

Port Aviation est loin d'être une simple piste d'aviation sur un terrain en friche.
Il comporte toutes les infrastructures d'un aérodrome moderne, une piste circulaire de 3 km, une tour de contrôle, des hangars, des ateliers, des tribunes, un restaurant, un parc automobile, un hôtel, une antenne médicale.
Ce qui en fait le premier aéroport moderne au monde.
Dès son ouverture, le succès est au rendez-vous, c'est le temps des grands pionniers de l'aviation.


Meeting aérien à Port Aviation.

Lorsque la piste de l'aérodrome est rendu impraticable, notamment lors de fortes intempéries, on utilise alors les terrains du plateau de Longboyau, situés un peu plus au nord, en bordure de la route nationale 7.

Au début de la Première Guerre mondiale, le site de Longboyau, facilement repérable en altitude, va servir de terrain de secours aux avions alliés.

En 1917, l'Armée de l'Air américaine engagée dans la Première Guerre Mondiale, installe sur le plateau de Longboyau une piste d'atterrissage qui deviendra en 1919 l'aérodrome "d'Orly-Villeneuve".

A partir de cette date Port Aviation sera peu à peu délaissé, au profit de ce nouvel aérodrome.

Après la Première Guerre mondiale, le terrain d'Orly-Villeneuve gardera une vocation essentiellement militaire et c'est la marine qui occupera les lieux.
Deux immenses hangars sont construits pour accueillir des dirigeables, versés à titre d'indemnités de guerre par l'Allemagne à la France, ce sont les débuts de l'aéronavale.

Un aéroport civil est installé au nord du site, accueillant des avions de passagers civils.

Une aérogare provisoire est construite en 1953, elle va moderniser quelque peu l'aéroport mais s'avérera rapidement insuffisante au vu du trafic aérien devenu de plus en plus important.

L'ère de la marine prend définitivement fin le 1er mars 1954. Orly devient alors un aéroport entièrement civil.

Ci-contre l'aérodrome d'Orly - Villeneuve le long de l'ancienne RN7 et les hangars à dirigeables.

Orly Sud :

La construction du nouvel aéroport Orly-Sud débute 3 ans après le départ de la marine, en février 1957 et s' achève en février 1961.
La nouvelle aérogare va marquer l'évolution de l'aéroport et lui apporter la renommée internationale que nous lui connaissons aujourd'hui.

L'implantation des pistes, des hangars, des parkings et de l'aérogare, va toutefois bouleverser le paysage alentours.
De nombreux riverains sont expropriés, un hameau - Paray Vieille Poste - est entièrement rasé, et la route nationale 7 est déviée.
C'est la première fois que cet axe est retracé depuis sa période romaine. La route passe désormais sous l'aérogare Sud et sous les taxiways.


1957 , vue en direction du Sud, la construction des voies souterraines de la future N7, sur lesquelles viendra se poser l'aérogare d'Orly.
En arrière plan, le long, de la palissade, on distingue encore la route nationale 7 historique sur les terres de Paray Vieille Poste.
Au premier plan, la double galerie qui devait à l'origine conduire les passagers vers un second terminal.
Le projet sera abandonné et la double galerie oubliée dans les fondations de l'aérogare.


La nouvelle route nationale 7 passe désormais sous l'aérogare encore en construction. Nous sommes en 1959.

Le nouveau tracé de la RN7 entre en service le 01 septembre 1959 à 11h00.

L'automobiliste chanceux pourra parfois apercevoir un avion manœuvrer juste au-dessus de lui.

Si Orly a perduré, qu'est-il advenu de Port Aviation, premier aérodrome de France ?
Nous le verrons un peu plus loin, lorsque nous traverserons la commune de Viry-Chatillon.

Sources : Wikipédia.
Le site de la ville de www.viry-chatillon.fr


Le nouveau tracé de la RN7 pas encore en service, vu ici en direction de Paris. Image réactive.

En route -

Sous l'aéroport :
A mi-distance sous le tarmac, à l'endroit où le ciel fait une brève apparition, peut-être apercevrez vous l'aile d'un avion en cours de manœuvre.
Je vous engage à regarder la vue satellite qu'offre "Google Earth" afin de mieux vous rendre compte de ce qui se passe au dessus de nos têtes à cet endroit particulier.

Vue satellite au dessus du tarmac.

Nous retrouvons à ce niveau le découpage du cadastre, à savoir : notre voie descendante (à l'Ouest) reste sur la commune de Paray Vieille Poste, celle remontante (à l'Est) se situe sur la commune de Villeneuve le Roi,
ancien village agricole qui comme la ville d'Orly, verra ses terres empiétées par la construction puis l'extension du camp d'aviation.

Au débouché du tunnel sous les pistes, notre slalom virtuel continue avec le cadastre.
Notre voie descendante en direction du Sud parcourt toujours la commune de Paray Vieille Poste, tandis que la voie opposée en direction de Paris, circule sur la commune d'Athis Mons.

Sur la gauche, un rapide coup d’œil vous fera entrevoir le fuselage d'un avion que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître.
Après bien de péripéties, le musée Delta, semble avoir retrouvé ses marques.


En bordure de N7, le musée Delta et le Concorde exposé et visitable. Tentez donc l'expérience du supersonique.

https://museedelta.wixsite.com/musee-delta
https://www.aerobuzz.fr/breves-culture-aero/la-vie-du-concorde-n02-sierra-alpha/

Nous traversons la commune d'Athis Mons un bref instant, avant de retrouver Paray Vieille-Poste 300 mètres plus loin, toujours à la merci du découpage administratif du plan cadastral.

Paray Vieille Poste Km 0015

https://www.paray-vieille-poste.fr

Revenons tout d'abord sur l'origine du nom de "Vieille-Poste".

Tout au long des mille kilomètres de la nationale 7 nous allons souvent croiser des hôtels de "la Poste", des relais de "la Poste", des auberges ou des restaurants de "la Poste".
Certains hameaux portent également ce nom de Poste et même parfois de Vieille Poste.
Sans parler, bien entendu, des vrais bureaux de Poste actuels .. amis postiers bonjour ;-)

Un peu d'histoire :

C'est bien du service Postal dont il s'agit ici.
Dès le Ier siècle avant notre ère, l'empereur romain Auguste, crée le "cursus publicus", un service de poste de relais et d'hôtelleries qui permet d'acheminer promptement les messages par courrier au sein de l'Empire Romain.
Louis XI en 1477 est le premier qui instaure la mise en place de relais de poste régulièrement espacés de 7 lieues (oui comme les bottes de l'Ogre du petit Poucet) soit environ 28 km.
Hors du système métrique actuelle, la lieue correspond à la distance parcourue par un homme en 1 heure de temps (on est pas au mètre près à l'époque).
On comprend toute l'imprécision d'une telle mesure.
Ainsi, la distance parcourue en une heure, sur terrain difficile et accidenté, sera plus courte que la distance parcourue en une heure sur terrain plat ou en descente par exemple.
Cette distance sera toutefois ramenée à 4 lieues au XVIIIe siècle. (distance aléatoire parcourue en 4 heure soit 16 km environ)
Louis XII (1506) ouvre le service postal aux voyageurs, et Colbert, ministre de Louis XIV, améliore le réseau routier et contribue ainsi à développer les échanges commerciaux par transports routiers.
Louis XV continue l'amélioration et la modernisation du réseau.


Blason reproduit en 1925 et apposé sur le mur de l'ancien relais

Mais pourquoi donc "Vieille Poste" ?

Sur la section qui nous intéresse, entre Paris et Fontainebleau, il y avait un relais de poste à Villejuif et un autre à Juvisy-Fromenteau, actuel Observatoire de Flammarion. (voir plus loin Juvisy)
En 1648, le relais de Juvisy est fermé et déplacé plus loin, à Ris.
Un relais intermédiaire entre Villejuif et Ris est donc nécessaire.
Il sera installé aux confins d'Orly, sur le plateau de Longboyau et deviendra La Poste de Longboyau.
En 1710, le relais de Juvisy est rétabli, celui de Longboyau désormais obsolète est fermé, le secteur est alors rebaptisé « La Vieille Poste ».
Paray étant un village dans le secteur de la Vieille Poste, c'est donc naturellement que le bourg se nomma Paray Vieille Poste.

Sources et extraits : www.paray-vieille-poste.fr et Wikipédia.

En route -

En route ??? oui, mais hola ! ho !!! dirait le cocher, pour stopper son attelage. Pas trop vite tout de même, ne brûlons pas les étapes...
Avant de poursuivre notre voyage plus en avant, remontons quelque peu en arrière, à l'époque des souvenirs en noirs et blancs.

Nous l'avons abordé précédemment, après Thiais et son carrefour de la Belle Épine, la route nationale 7 poursuivait un tracé autrefois rectiligne à travers la commune de Paray-Vielle Poste.
A partir de 1959, la route sera déviée de son tracé séculaire pour laisser place à l'Aéroport d'Orly et de la nouvelle aérogare.

Que reste-t-il aujourd'hui de cette route originelle ?
Partons à sa découverte, histoire de nous faire une petite idée de cet ancien axe routier.

Retour à la jonction de tracé historique et celui de l'actuelle N7 post 1960.
Suivons maintenant l'itinéraire jaune.

En route -

Nous voici une nouvelle fois sur la commune de Rungis cette fois-ci sur la D136 ancien tracé historique.
Rien de spécial sur cette section, si ce n'est le plaisir de se dire que l'on se trouve sur une section de la route nationale 7 originelle.


Photo extraite de l'article du Figaro du 03/07/2015 intitulé :
"Nationale 7, la mythique route des vacances d'été" par Marie-Aude Bonniel.
Au vu des immatriculations, la photo date de la fin des années 1950.
Nous sommes ici juste avant le pont de Rungis.
On distingue sur la droite, les transformateurs électriques ainsi que les bâtiments et la tour de l'usine Técalémit aujourd'hui Air France.
A gauche les hangars aviation de l'aéroport d'Orly.

Dramatique atterrissage à Orly :

Le samedi 20 novembre 1948, un DC3 de la compagnie Mercury Aviation, de la ligne Johannesburg-Londres, décolle de l'aéroport de Nice, où il a fait escale, à destination de Paris le Bourget.
Il est bientôt 20h00 lorsque l'avion arrive au dessus de l'aéroport du Bourget. La visibilité est quasiment nulle, la capitale est recouverte d'un épais manteau de brouillard.
L'appareil est alors dérouté vers l'aéroport d'Orly où l'on espère une meilleure visibilité.

Hélas, les pistes d'Orly sont également plongées dans le brouillard. Le DC3 est une nouvelle fois dérouté sur l'aéroport de Cormeilles-en-Parisis.
Mais l'avion bientôt à court de carburant ne peut rejoindre Cormeilles-en-Parisis situé au Nord-Ouest de Paris.
Il va tenter l'atterrissage à Orly. Après 4 tentatives infructueuses le DC3 perd de plus en plus d'altitude.

A 20h50 l'appareil heurte un pylône haute tension du transformateur électrique des usines Técalémit de la Belle Épine et s'écrase en flamme dans la maison du gardien à quelques mètres de la RN7.
L'incendie est vite maîtrisé par les pompiers d'Orly arrivés rapidement sur le lieu. Les 18 occupants de l'avion sont sauvés et s'en tirent avec quelques brûlures et contusions.
Le pilote et le radio sont blessés plus grièvement on les retrouvera suspendu la tête en bas à un pylône du transformateur, ils seront évacués sur les hôpitaux de Bicêtre et de Villejuif.
Les 4 personnes qui prenaient leur repas dans la maisonnette, s'en sortent indemnes.


Accident du DC 3 encastré dans la maison du gardien de la sous-station électrique du Pont de Rungis en bordure de RN 7

Court extrait vidéo des décombres et des badauds après l'accident : https://youtu.be/vPbtncOR3AQ


La RN7 au Pont de Rungis vers 1960. A droite vers Orly. En bas de cliché, la sous station électrique. Image réactive.

En Route -

Après les transformateurs EDF (qui existent toujours), le pont de Rungis franchit les voies ferrées.

Au carrefour, dans l'angle, la brasserie "Le Cockpit" a traversé les âges.
Nous voici déjà à Paray Vieille Poste.

Immédiatement à droite, en lieu et place du siège de la compagnie Air France, vous ne trouverez plus trace de l'usine de chaussures Pillot et de son impressionnant château d'eau Art-Déco.
La marque Pillot, est à l'époque la concurrente des marques de chaussures Bata et André.

Entrée monumentale de l'usine Pillot. Même lieu aujourd'hui. Image réactive.

Fondée en 1932 par la famille Aubaut, la société dispose de 3 usines dont une implantée à Paray Vieille Poste.
L'usine de Paray, construite en 1935 est le fleuron de l'entreprise. Elle dispose de 5 chaînes de montage sur 30 000 m2.

On y fabrique toutes sortes de chaussures à semelle de caoutchouc.
Chaussures à bon marché, chaussures de travail, sandalettes, tennis, chaussures militaires, chaussures de tissu pour femmes.

En 1937 la société part en province et vend ses locaux de Paray à la société Suisse Técalémit spécialiste de la durite en caoutchouc, de filtres et des célèbres graisseurs.
Técalémit employait 1500 personnes aux alentours de 1945.

Tecalémit quitte les lieux en 1972.
Après une rénovation totale du bâtiment principal perpendiculaire à la RN7 et la disparition du château d'eau, c'est la compagnie Air Inter qui investit les lieux.
Aujourd'hui ce sont les locaux d'Air France.


Nous sommes à la jonction de l'ancien tracé de la RN7 (flèche noire) et de sa déviation post 1961.
On aperçoit le pont de Rungis sur la voie ferrée, et le château d'eau de l'usine Técalémit.

En Route -

Après Técalémit, toujours sur la droite, on passait devant les locaux de l'escadrille de l'aéronavale 31S.
N'oublions pas que depuis la fin de la première guerre mondiale et la construction des hangars à dirigeables, Orly est un aéroport principalement militaire occupé par l'Aéronavale.

Une section de liaison aérienne de l’État-major général (SLA/EMG) créée en septembre 1944 à Orly donne naissance le 1er mars 1945 à l’escadrille de transport de la métropole (ETM).
Cette ETM devient escadrille de transport 31S le 1er janvier 1946. La 31S quittera Orly pour rejoindre Dugny-le-Bourget en janvier 1955.

Sources:
http://insignaero.waibe.fr/index.php


L'entrée de l'escadrille 31S.

Ci-contre paysage autour de la RN7 en 1955.
Le bâtiment de l'escadrille toujours visible en 1955 sera détruit peu après le départ de la 31S.

En Route -

Toujours sur la droite, en poursuivant vers le sud, s'ensuivaient une vague zone banlieusarde, mi bidonville, mi champêtre, composée de quelques lopins de terre sur lesquels étaient disposés de minuscules baraques ou de modestes pavillons,
pour la plupart construits après la première guerre mondiale.

Côté gauche s'étendaient les terrains d'aviation civile et militaire de l'aérodrome d'Orly.

Aujourd'hui c'est l'avenue de l'Europe et l'on retrouve un peu la même configuration, à savoir les pistes de l'aéroport d'un côté, mais des entrepôts en lieu et place des frêles bicoques depuis longtemps disparues sous les pelleteuses.


La zone des pavillons modestes face au terrain d'aviation.



Sur la gauche, les pistes d'aviation et les hangars

La route se poursuivait en direction du sud, bordée à sa droite par les terres agricoles et à sa gauche par les hangars de l'aéronavale et l'entrée de l'aérodrome Orly/Villeneuve.


Du nord au Sud (de droite à gauche du cliché)
Entrée de l'aérodrome Orly/Villeneuve. On aperçoit les deux hangars à dirigeables encore en place sur ce cliché aérien de 1933. Image réactive


A partir de 1920, les pistes d'aviations construites par l'armée US lors de la première guerre mondiale,
serviront à l'aérodrome de Villeneuve/Orly sonnant la fin de Port Aviation. Ici la première entrée de l'aérodrome Villeneuve/ Orly.

C'est en 1920 que le camp d'aviation civil d'Orly est inauguré. Il occupe la partie nord du site, la partie sud étant réservée à la base aéronavale.
En juin 1940, suite à l'arrivée des Allemands, la marine évacue sa base pour transiter vers Rochefort.
En août 1944, la dernière escadrille allemande quitte Orly, les Allemands détruisent les pistes, les Américains prennent possession des lieux.
En mai 1945 la Marine française et l'escadrille 31S s'installent à Orly.
En février 1946, ouverture de la première aérogare provisoire composée de 3 baraques préfabriquées en bois.
En mai 1948, inauguration de l'aérogare Nord. Orly devient un véritable aéroport.
En août 1954, inauguration d'une aérogare Sud provisoire. La Marine quitte définitivement les lieux.
En 1957, début de construction de la nouvelle aérogare Sud, nécessitant la déviation de la RN7.
Le 24 février 1961, inauguration de l'aérogare Sud, telle qu'on la connaît aujourd'hui.

Le rond point situé au bout de l'avenue de l'Europe, situe l'emplacement exact de l'ancienne entrée de l'aéroport de Paris.


Au centre du cliché, le rond-point de l'avenue de l'union situe l'emplacement de l'entrée
de l'ancien aéroport de Paris - Orly.
En noir et blanc, le tracé originel en 1954.
Image réactive.


L'entrée de l'aéroport , fin des années 1940. Même lieu aujourd'hui. Image réactive.


Idéalement situé, face à l'entrée de l'aéroport, le restaurant La Pergola.

Ci-contre, La Pergola (image réactive)


L'entrée de l'aéroport d'Orly au milieu des années 50. En face, La Pergola.

En Route -

Après Le restaurant La Pergola, face au bâtiment principal de l'aéroport, on trouvait une belle station service de type Art-Déco : Le Relais de France.
Détruite lors de la seconde guerre mondiale, la station ne sera pas reconstruite.


Ci-contre, au premier plan Le Relais de France, vu ici en 1934.
Détruit en 1944, il ne sera pas reconstruit.


Le Relais de France vu ici en 1934, dix ans avant sa destruction..

C'est au rond Point de l'avenue de l'Union que l'on abandonne le tracé originel de la route nationale 7.
On peut toujours poursuivre sur quelques centaines de mètres par l'avenue de l'Union, mais celle-ci est aujourd'hui décalée par rapport à l'ancien tracé noyé sous les parkings et les travaux du secteur d'Aéroport de Paris.
La suite de l'itinéraire est donc forcément virtuel.... faisons comme si de rien n'était ;-)


La RN7 en 1949, rectiligne, l'entrée de l'aéroport d'Orly se situe au centre (cercle blanc). Image réactive.
Aujourd'hui la route s'interrompt à ce point transformé en rond-point.

En Route -

En poursuivant notre voyage vers le sud, après l'entrée de l'aéroport, on arrivait à un hameau composé de quelques maisons regroupées autour d'un carrefour : La Vielle Poste.

A l'origine le Village de Paray est un écart loin de tout axe routier important.
C'est au carrefour situé non loin du bourg, sur la route de Fontainebleau, là où convergent les routes de Thiais, d'Orly ou de Villeneuve le Roi que sera installé un relais de poste vers 1648.
A la fermeture du relais en 1710, le carrefour prendra le nom de Vieille Poste.

Dès le XIXe siècle, la Vieille Poste prend de plus en plus d'importance en raison de sa situation sur la route de Fontainebleau.
Le hameau devient le centre actif et vital de Paray, si bien que le conseil municipal décide d'y édifier la première mairie-école en 1890.

Le nom de "Paray" accolé à celui de "Vieille-Poste" apparaîtra en 1923.


Un aspect de la route nationale 7 traversant le hameau de la Vieille Poste en 1932


Route nationale 7 pavée, porche, diligence et bouteroues, vers 1925.
Il s'agit du relais qui a donné son nom au hameau. repère (1) sur la vue satellite.

Au XIXe siècle, le carrefour concentre de nombreux commerces, cafés-tabac, auberges (repère 2 ), maréchal ferrant et gîte d'étape (repère 3).
Malgré la fermeture du relais, la Vieille Poste reste une halte essentielle pour les voyageurs et les rouliers.
Au XXe siècle, garages et stations-service remplaceront les remises et les écuries.


La Vieille Poste, vue en direction de Fontainebleau. Remarquez la borne directionnelle Michelin au carrefour sur la gauche du cliché.


La Vieille Poste, vue en direction de Paris. Le café "Au Centre de l'aviation" et sa station service.


Animation à l'angle Sud-Est du carrefour, devant la maison Plançon (repère 3) . Commerce, Vins, Billards et Maréchalerie au début du XXe siècle.
Quelques décennies plus tard, la maréchalerie sera transformée en atelier de réparation pour automobiles.
On le sait peu, mais c'est de ce carrefour que partaient souvent les grandes courses de vélos ou d'automobiles, comme le Paris-Nice ou le Paris Antibes.
Ici avant le départ d'une course cycliste Paris-Souppes. Image réactive.


Dernier commerce (repère 4) avant de reprendre la route pavée et ombragée, direction plein sud.

Au milieu des années 1940, les prévisions d'accroissement du trafic aérien et la nécessité d'adapter l'infrastructure aux nouveaux appareils va entraîner une extension importante de la superficie de l'aéroport.
L'extension, comprenant une aérogare provisoire et l'augmentation des longueurs de piste, se fera vers l'ouest, sur les communes de Paray-Vieille-Poste, Wissous, Morangis, et Chilly-Mazarin.
Les expropriations débutent au carrefour de la Vieille Poste, pour laisser place à l'aérogare provisoire Sud, qui viendra soulager la petite aérogare Nord déjà bien saturée..


le carrefour de la Vieille Poste en 1951.
Toute la partie Est de la route est expropriée, pour laisser
place à laérogare provisoire.


1953, au carrefour de la Vieille Poste vue en direction de Paris, construction de l'aérogare provisoire.
On reconnaît à gauche l'ancien relais de poste. 9 mois plus tard en août 1954 l'aérogare sera inaugurée.
Seul repère encore visible, la borne d'angle Michelin. Image réactive

Et maintenant... ça ressemble à quoi ?


Voici le croisement de la RN7 au hameau de la Vieille-Poste, à 50 mètres sur la droite à l'emplacement des parkings souterrains

En Route -

Mais poursuivons quelques centaines de mètres plus au sud.
Nous retrouvions sur notre droite quelques îlots de modestes pavillons des années 20, pavillons qui à la fin des années 50 étaient en cours d'expropriation.
En face se trouvait l'entrée monumentale de l'aérodrome, partie militaire cette fois.


Entrée principale de la base aéronavale. On aperçoit derrière les fameux hangars à dirigeables.


La route nationale 7 vue ici vers 1943, à l'angle du chemin de Grande Communication GC32 qui reliait la commune de Wissous à Yerres par Villeneuve St Georges.
Une partie du GC32 disparaîtra après guerre suite à l'extension de l'aérodrome militaire.


Aux Aviateurs, hôtel restaurant situé juste avant l'entrée de l'aéroport militaire. Remarquez la rangée de parasols visibles sur la photo satellite.


Derrière le bâtiment, l'arrière salle, n'était autre qu'une carlingue d'avion dont on entrevoit les hublots. On retrouve la série de parasols.

 


Vue de l'entrée principale de la base aéronavale à la fin des années 50. La marine à quitté les lieux. La base militaire est rasée.
En face, quelques pavillons en sursis, attendent les pelleteuses.

En route -

Nous voici à la sortie de cet ancien tracé, devenu aujourd'hui en partie virtuel.
Le point de jonction avec la déviation de 1961 se situe à la sortie de la route souterraine, à l'endroit où nous retrouvons le jour.


La nationale 7 actuelle, retrouve virtuellement l'ancien tracé (pointillé) à la sortie Sud de l'aérogare.

Nous retrouvons le Concorde du musée Delta.
La boucle est bouclée, nous somme sur le tracé originel de la route nationale 7.


Le premier bâtiment rencontré depuis notre sortie du tunnel de l'aéroport. Image réactive.
Le Royal version vintage 70, ou bien le Howard Hôtel version actuelle 2020 ?


Jolie fresque représentant la Malle-Poste, le long de la N 7 à Paray Vieille Poste. (face à l'hypermarché)


Route de Fontainebleau, vue en direction de la Capitale. début des années 1950.
Aujourd'hui même lieu, avenue François Mitterrand. Image réactive.

En route -

Boulevard Fontainebleau (côté Paray) /Bd François Mitterrand (côté Athis) nous retrouvons les tunnels qui permettent d'éviter l'attente aux carrefours.
Mais nous avons tout notre temps…restons sur les extérieurs.
Nous sommes ici en pleine zone commerciale, la part belle est faite aux grands centres commerciaux, aux concessions automobiles et aux fast-foods.
Justement au niveau de cette restauration-rapide, à droite au carrefour, le café tabac du coin : "Le Contin", aujourd'hui Le Concorde.

Ambiance Nationale 7.

 

 

Une Renault Dauphine s'apprête à prendre la N7 en direction du sud, une Peugeot 403 est garée sur le trottoir, comme il a l'air agréable ici de faire du vélo et de s'arrêter prendre un petit café en prenant le temps de lire le journal sur une des tables en bordure de route.

A 15 km de Paris il flotte déjà comme un air de campagne…

 

 

Aujourd'hui, le coin a perdu de son charme.

 

Le Café Tabac dans sa version Le Conti vers les années 60.

Rendez-vous nationale 7 : Dimanche 3 Août 1969. 07h00 - Paray Vieille Poste. Episode 04.

Mon père a repéré au loin l'enseigne d'un Bar-Tabac en bordure de la route nationale. Nous la quittons donc soudainement pour nous engager dans une petite rue perpendiculaire afin de pouvoir garer la petite Opel dans un coin tranquille. Il est temps pour la famille de petit-déjeuner.
La pluie a cessé, le ciel est couvert mais la température reste agréable. Nous nous installons sur une petite table disposée à l'extérieur, juste à l'entrée de l'établissement.
D'ici nous pouvons à la fois apprécier le trafic de la route nationale tout en gardant un œil sur l'automobile garée à quelques mètres de là.

En arrivant, le patron jovial nous demande de patienter un instant le temps pour lui de passer un rapide coup de chiffon afin de sécher chaises et table encore humides de l'averse précédente.
Nous commandons café et chocolat chaud, la corbeille de croissants est à disposition.
"Pas encore beaucoup de monde ce matin" remarque mon père en désignant la nationale.
"Ils sont tous passés hier, aujourd'hui se sera plus calme, vous avez de la chance" lance le patron resté sur le pas de la porte.
Puis entrant, il allume le juke-box. Nous déjeunons ainsi en bord de nationale 7 sur l'air de "Mais non, mais non !" d'Henri Salvador, un des tubes de l'été 1969. (à suivre)


Le Café Tabac PMU dans sa version Le Concorde courant des années 70.Toujours peu de circulation.
Même lieu aujourd'hui. Image réactive

En route -

Encore beaucoup de commerces dédiés à l'automobile. A hauteur du concessionnaire Citroën sur la droite, un panneau nous informe que nous quittons Paray Vieille Poste.
La commune d'Athis-Mons, lui emboîte le pas.

 


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