Après le hameau de "La grosse Pierre",
au rond point, nous arrivons à Lapalisse, "Village
Etape" et porte du "Pays de Lapalisse".
Chef lieu d'arrondissement jusqu'en 1941, année de son transfert à la ville de Vichy (régime du Maréchal oblige).
Lapalisse Km 0335
A l'instar des Négus de Nevers, des Praslines
de Montargis ou des Nougats de Montélimar, Lapalisse possède
ses spécialités.
Connues de tous, ce ne sont pourtant pas des gourmandises.
Lapalisse est la ville des......? . des....... ? tic-tac-tic-tac-tic-tac
: il vous reste 3 secondes ... des..."Vérités"
!
Si je vous dis : les "Vérités de La Palisse"
, vous connaissez certainement l'expression connue également
sous le nom de Lapalissade.
Bienvenue au pays de la Tautologie :
La petite histoire :
La ville doit son nom au seigneur de La Palice (en 2 mots) "Jacques II de Chabannes".
Il naquit en 1470 et se fit remarquer comme fameux capitaine lors
des guerres d'Italie.
Maréchal de France en 1515, il se distingue dans toutes les grandes batailles : Fornoue, Ravenne, Marignan (1515) et Pavie.
C'est lors de la bataille de Pavie en 1525 que le Maréchal est tué d'un coup d'arquebusade tiré à bout portant.
Ses soldats, pour lui rendre hommage, chantèrent
aussitôt sa bravoure : « Un quart d'heure avant sa
mort, il faisait encore envie. »
Ce vers fut mal compris puis déformé en : «
Un quart d'heure avant sa mort, il était encore en vie
».
Le poète et Philologue "La Monnoye"
composa en 51 couplets "La Chanson de Mr. de La Palice",
dans laquelle il joua avec ce fameux vers :
- « Il mourut le vendredi, le dernier jour de son âge
; S'il fût mort le samedi, Il eût vécu davantage.
»
Dès lors, une vérité de La Palice fut une
vérité d'une niaise évidence, prêtant
à rire.
Extrait du site :
https://www.historia.fr/la-palice
La chanson de La Palice : http://fr.wikipedia.org/wiki/Lapalissade
En route :
Parce-que cela risque d'être un poil compliqué,
question nomenclature de route, un petit rappel est nécessaire
:
Dans le département de l'Allier, l'ancienne RN 7 conserve
en partie son numéro de N7, sauf dans les traversées
de certaines villes où elle prend l'appellation de D 707.
A Lapalisse pas d'exception, le tracé de
la véritable N7 porte aujourd'hui l'appellation D707 dans
sa traversée de ville.
De plus, depuis 2006, la ville est contournée.
Cette récente 4 voies périphérique ( bientôt
intégrée à la future A77) porte quant à
elle le numéro de N7, mais n'a bien entendu rien à
voir avec la route mythique. Vous suivez ?
Au niveau du rond point, une ancienne portion de
la N7 est visible sur la gauche, elle file tout droit et est encore
bordée par quelques publicités murales. Longeons
là.
Une portion de l''ancienne nationale 7 et ses réclames
murales. Image réactive
Jambon Olida sur la façade et Saines vacances à
Vichy sur le pignon. Photo route Claude.K
Un panneau annonce Lapalisse ville fleurie.
Deux versions, deux époques. Image réactive.
Nous voici Avenue du 8 mai. Non loin derrière,
un panneau illustré par Thierry Dubois (Monsieur N7)
nous souhaite la bienvenue.
L'avenue rectiligne offre une belle perspective dominée
par le château construit au XIe et qui sera de nombreuses
fois remanié au fil des siècles.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Château_de_La_Palice
Perspective sur le château, vue du délaissé
de la RN7. Photo Claude.K
Sur la gauche, la façade blanche d'un grand
garage transformé en brocante.
Sa rotonde me fait dire qu'il s'agissait là d'une défunte
station BP.
Si l'on en croit la légende urbaine ou plus sérieusement nos anciens, Lapalisse fut, lors des grandes migrations estivales, un haut lieu de l'embouteillage automobile.
De plus, tout un tas d'événement festifs : fêtes
champêtres, courses cyclistes, cirques, foires et autres
kermesses, participaient à l'animation du centre, renforçant
de plus bel la sclérose de la rue principale.
Tous les deux ans depuis 2006, est recréé,
pour rire cette fois, le fameux bouchon de Lapalisse, avec voiture
d'époque et bonne humeur assurée.
Dans les années 1950, avec l'explosion des
congés payés, des hordes de voitures se rendant
sur la côte d'azur traversaient la ville. Il fallait parfois
plusieurs heures pour parcourir le bourg.
Dès lors, de nombreux établissements allaient accueillir
et si possible retenir, l'espace d'une étape, le touriste
en goguette.
Auberges, restaurants, stations service, cafés, poussèrent
comme des champignons sur les bas côtés de la route
bleue, faisant de la bourgade le 6e parc hôtelier de la
région et de cet axe routier la principale ressource économique
de la ville.
Partons à la découverte de cet âge
d'or de la route enchantée.
Premier constat, nous sommes aujourd'hui seuls sur la route, les rues sont désertes, même en roulant lentement la ville sera vite traversée. Pas de bouchon à l'horizon..
Un garage réputé en 1930, aujourd'hui une maison
anodine . Image réactive.
Face aux murs tagués de l'ex musée
de l'Art en Marche, l'ancien "Garage Moderne" des années
1930 de "L. Jalicot" a conservé une vague physionomie
de son aspect avant sa fermeture définitive en 1973.
Son arrière cour par contre, n'a pas changé.
Au carrefour suivant, il est encore question d'automobile avec une belle station service toujours en activité et qui arbore une étrange enseigne "Lapalisse Essence".
Il s'agit de la toute première station service indépendante Lapalissoise créée en 1947.
Un petit air rétro bien sympathique pour cette station
service de 1947 toujours en activité aujourd'hui. Image
réactive
Rendez
Vous Nationale 7 : Dimanche 3 août 1969 , Lapalisse 15h45.
Episode 11.
Partie I
"Là,
c'est le pompon !". L'exclamation est lancée sur le
coup de la colère par le paternel usé par 12 bonnes
heures de route.
Nous voici
immobilisés depuis ¾ d'heure déjà.
Bloqués par une file interminable d'automobiles statiques.
Au mieux, nous avançons par bons successifs d'à
peine quelques mètres. Un rapide calcul fait chuter notre
moyenne de 60 à 30 km/h sur l'ensemble des 300 km qui nous
séparent de la capitale.
Certes on a traîné, roulant à notre rythme,
savourant nos premiers jours de vacances sans nous soucier d'une
circulation jusque là relativement fluide.
L'allure modérée mais régulière de
la petite Opel nous convenait bien jusqu'à maintenant,
mais là, "c'est le pompon !".
Les voitures
immobilisées sur la chaussée, vitres ouvertes, laissent
filtrer les inquiétudes de leurs occupants.
Que se passe-t-'il ? Existe-t-il un moyen de contourner la ville
? Combien de temps cela peut-il durer ? jamais on arrivera à
l'heure !.
Chacun sort ses cartes routières, chacun bidouille la fréquence
de son autoradio à la recherche d'une station radio qui
pourrait peut-être nous en apprendre plus.
Des véhicules à contre sens nous font signe de faire
demi-tour, ou encore d'abandonner la partie, sans nous renseigner
davantage.
Gestes pour le moins incompréhensibles, faire demi tour
? mais les vacances... c'est vers le sud !
Véhicules
à l'arrêt, des passagers se dégourdissent
les jambes sur la chaussée. Moteurs stoppés, capots
entrouverts, le "téléphone arabe" va bon
train.
Quelques uns s'aventurent derrière les fossés, histoire
de soulager une envie pressante.
Les infos fusent,
les pronostics tombent et se contredisent, on parle d'accident,
de voitures encastrées, de carambolage. Impossible de manœuvrer,
on sera encore là cette nuit.
L'heure est à l'expectative pour certains, à la
supputation pour d'autres, à la résignation pour
tous.
Le cortège progresse de nouveau, apportant à chaque
fois une lueur d'espoir au sein des vacanciers en rade. Mais une
nouvelle fois c'est un faux départ.
On pousse
la voiture en famille. Inutile maintenant de redémarrer
le moteur pour quelques mètres à peine. On se croirait
au milieu d'une scène caricaturale croquée par l'illustrateur
Dubout.
à suivre...
Avenue Roosevelt, bel exemple de restauration
d'un ancien mur peint. Image réactive. (Photo Vichy Claude.K)
Entièrement restaurée à l'identique par
l'atelier Jean Do en 2016. Image réactive.
https://www.aero-jean-do.com
Attention ! On s'extasie, on s'extasie, mais Lapalisse
n'est pas non plus de toute gaieté. Depuis qu'elle n'est
plus traversée par la route nationale 7, la ville a perdue
en intérêt ce qu'elle a gagnée en tranquillité.
Hormis la journée "revival" qui se produit
tous les deux ans, le centre ville semble tout aussi moribond
que celui de sa consœur Varennes sur Allier.
Emplacement de l' Hôtel de la Renaissance
et de l'Hôtel du Midi. Image réactive |
En route -
Après le carrefour, nous voici avenue Roosevelt,
ancienne Rue Nationale jusqu'en 1945.
Et de nouveau une station service Agip, garage Cantat.
Le nombre de garages / stations essence au m2 dans ce
secteur témoigne de l'intense trafic routier qui
s'y déroulait à l'époque.
"Village Etape" oblige, le lieu est maintenant
devenu une paisible halte sur la route bleue.
Larges trottoirs, piste cyclable, vitesse limitée
à 30km/h, massifs fleuris, nous sommes bien loin
du tumulte qui agitait annuellement la petite municipalité.
Si les anciennes demeures qui jalonnent la rue laissent
à penser que l'artère est restée
dans son jus, détrompez vous !
L'avenue Roosevelt a subi pas mal de transformations et
ce jusqu'au pied du château.
Que cela ne nous empêche pas de retrouver les
traces du passé glorieux de la fameuse route.
Si comme nous l'avons vu, le début de la rue était
pratiquement dédiée à l'automobile
avec ses nombreux garages, la suite était une longue
enfilade ininterrompue d'auberges, hôtels, restaurants
et cafés en tous genres.
Sur la gauche, à l'emplacement d'un petit parking
pour supermarché hard-discount, on trouvait l'hôtel
restaurant de la Renaissance.
A sa suite, l'hôtel restaurant du Midi, (plus tard
Hôtel du Berry) dont le bâtiment semble être
aujourd'hui transformé en immeuble d'habitation.
|
Ne passez pas à côté de ce
témoignage poignant, nostalgiques souvenirs d'enfance
mais aussi combien humoristiques, sur l'hôtel du midi,
véritable carte postale de l'ère du temps qui
régnait alors en bordure de N7 en ces années1955
à Lapalisse.
http://blog2foisgras.wordpress.com/tag/hotel-du-midi/
Encore quelques mètres et c'est un beau garage Peugeot
que nous retrouvons impasse des jardins, face à l'hôtel
restaurant "Le Lion des Flandres" (ex Lion d'or),
dont il ne reste que l'enseigne pour l'identifier.
Garage Peugeot
L'ex Hôtel du Lion des Flandres.
Rendez
Vous Nationale 7 : Dimanche 3 août 1969 , Lapalisse 19h00
Partie II
Des familles abandonnent maintenant leur véhicule et
s'aventurent à pied, remontant la file en direction du
centre ville à la recherche de provisions, laissant les
conducteurs seuls dans l'habitacle surchauffé de leur
automobile.
Y-a-t-il au moins des commerces ouverts en ce dimanche ? Il
est urgent d'envisager un plan B. Renoncer à passer la
nuit à Roanne comme convenu en début de périple,
en est un.
De toutes manières, à cette allure nous n'y serons
pas avant demain matin. Peut-être est-il d'ailleurs préférable
de trouver une chambre par ici.
Décidons nous rapidement avant que l'idée ne
fasse tâche d'huile parmi les otages de la route. Ma mère
part en éclaireuse à pied vers le centre ville.
Ma sœur sur la banquette arrière commence à pleurnicher.
Faim ? soif ? chaud ? fatigue ? pipi ? sans doute un peu de
tout cela.
On repart pour quelques mètres. Les minutes passent et
les inquiétudes vont bon train.
Ça fait un moment maintenant que ma mère a quitté
la voiture. Peut-être nous cherche-t-elle, va-t-on la
retrouver ? Oui la voila qui accourt en sueur, mais la mine
réjouie.
Elle a trouvé une chambre, "la dernière",
insiste t'elle. Plus d'inquiétude c'est réservé
d'avance. Vingt minutes plus tard nous voici dans un quartier
parallèle à la nationale 7. L'Opel définitivement
garée dans une ruelle adjacente.
Ce soir nous dormirons à l'hôtel du "Lion
des Flandres", un petit hôtel de la rue principale.
La chambre est minable avec son mobilier désuet, sa moquette
sale et ses abat jours branlants.
De toutes manières, sans réservation, pas question
de douche, juste un lavabo et les toilettes sur le palier.
Située au premier étage, la chambre donne directement
sur la nationale.
On comprend pourquoi il ne restait que celle-ci. Mon père
remonte quelques bagages, je m'installe derrière la fenêtre,
aux premières loges surplombant la fameuse N7.
A 20h00 le bouchon bat toujours son plein. La file de voitures
progresse à la vitesse d'un escargot.
Sans réservation pas de restaurant possible dans l'établissement,
nous sortirons donc dans les rues de Lapalisse à la recherche
d'un casse croûte bien mérité.
L'affaire ne sera pas si simple. Le restaurant de l'hôtel
de France est bondé au grand dam du maître d'hôtel
qui se voit, la mort dans l'âme, refuser de nombreux clients
qui s'agglutinent devant l'entrée de son établissement.
La clientèle bourgeoise de l'hôtel de l'Ecu ne
convient pas à mon père.
Notre budget est réservé pour la grande bleue
et non pas pour un "resto guindé" qui n'apportera
aucun des mille plaisirs que peuvent procurer ceux d'une gargote
de plage.
C'est donc un petit snack bondé, encore ouvert ce dimanche
soir, qui nous accueillera bien sympathiquement dans une petite
rue adjacente.
La soirée se terminera par une ballade digestive autour
de l'imposant château, au pied duquel circulaient encore
tard dans la nuit la file ininterrompue des naufragés
de la route.
En attendant de repartir pour de nouvelles aventures dès
l'aube.
L'embouteillage de Lapalisse, quel beau souvenir ça nous
fera à raconter !
En route -
Plus loin voila l'hôtel de France, enfin, ce qu'il en
reste aujourd'hui.
Cet établissement familial accueillait chaque jours les
passagers du car assurant la liaison entre Paris et Nice.
Aux glorieuses heures de la route nationale 7, Lapalisse accueillait
pas moins de sept établissements hôteliers, justifiant
par là même sa réputation de ville étape.
Vue en direction de Varennes, l'hôtel de France. Image
réactive
En direction de Roanne .
Plaque émaillée Route Bleue et plaque directionnelle
en tôle Citroën on y lit 23 km sans doute la direction
vers La Pacaudière
Au passage, quelques panneaux émaillés indiquaient
la direction de la Route Bleue.
Voici ensuite l'hôtel de l'Ecu. Le "Grand Hôtel"
de Lapalisse.
Créé en 1646, avec son garage (au 17 de la rue)
pouvant accueillir diligences puis automobiles, sa pompe à
essence, sa terrasse intérieure, sa marquise et ses tables
en bordure de nationale, sa cuisine et sa cave réputée,
l'hôtel est vivement recommandé entre autres par
le Touring Club de France, gage d'un séjour confortable.
Notre siècle n'a pas su conserver un tel établissement,
il n'en subsiste désormais que l'enseigne décrépie.
L'hôtel de l' Ecu aux grandes heures de la N7. Image
réactive.
Au carrefour sur la gauche, il faut lever les yeux pour apercevoir
la dernière survivante des plaques originales de la Route
Bleue.
Petit rappel :
La Route Bleue voit le jour en 1933, c'est à l'origine
un concept plutôt commercial dont le but est de créer
un nouvel itinéraire routier en parallèle à
la route nationale 7, afin de faire transiter les touristes
par St Etienne.
Ainsi, si la RN7 et la Route Bleue empruntent le même
itinéraire de Paris à Roanne, la Route Bleue bifurque
ensuite par St Etienne, alors que la RN7 rejoint Lyon.
Les deux routes ne retrouveront un itinéraire commun
en direction de Menton qu'après Lyon, à St Vallier
exactement.
La dernière survivante des plaques de la Route Bleue.
Photo médaillon Claude.K
Panorama du pont sur la Bresbre, du quartier médiéval
et du château de La Palice.
Le pont sur la Bresbe et le château. Photo Claude.K
Puis vient le pont sur la Bresbre d'où
l'on a un beau point de vue sur l'imposant château surplombant
une placette médiévale nouvellement restaurée,
mais hélas sans trop de caractère.
Il manque sans doute à tout cela la patine du temps
Le château quant à lui date du XIIe siècle
pour sa partie féodale courtines et remparts compris.
La chapelle de style gothique est construite en 1461, et le
logis renaissance à parement de briques date du XVe et
XVIe siècle.
https://www.lapalisse-tourisme.com
Au pied du château. En médaillon : sous le
panneau Roanne N7, on aperçoit un panneau Route bleue.
Au pied du château, la route se poursuit
sur la droite.
Il n'en fut pas toujours ainsi.
Deux siècles auparavant, le tracé original, beaucoup
plus abrupt passait sur la gauche du château.
Nous emprunterons cet ancien tracé historique au terme
de notre étape.
Pour l'instant poursuivons à droite direction St Prix.
La sortie de la ville s'effectue par la Rue de
la Vigne, rectiligne et toute en côte. Passage devant
l'Auberge du Parc, qui ne semble plus en activité.
Les stations service se situaient souvent à l'entrée
et à la sortie des villes.
Vous n'aviez pas fait le plein en entrant à Lapalisse,
vous aviez encore la possibilité de le faire à
la sortie.
Ancien kiosque de la station service Total.
La station mère en direction de St Prix, et son satellite
en direction de Lapalisse