Depuis 1994 le bourg de St Germain Lespinasse est dévié.
Pour rester au plus près du tracé originel de la route qui traversait le village, il nous faudra donc quitter la RN7 actuelle, pour emprunter dès que possible la D18 (ex RN7).

Trois kilomètres de route de campagne après St Forgeux Lespinasse, les premières maisons de St Germain Lespinasse se profilent.

Photo Claude.K

St Germain Lespinasse 0370 km

Saint Germain Lespinasse est un village situé dans la plaine du Roannais au pied des monts de la Madeleine, à la croisée des deux axes de circulation importants depuis toujours :
la grande route de Paris à Lyon, devenue Nationale 7, et la route transversale qui allait de Belleville (69) à Vichy (03), devenue la D4.

Extraits du site : http://www.saint-germain-lespinasse.com

Le nom de Lespinasse que l'on a ajouté à celui de Saint-Germain, vient du château de Lespinasse, qui était habité par un seigneur du même nom, et qui, pendant longtemps, fit partie de la commune de St Germain.
Aujourd'hui le château dépend de la commune de Saint-Forgeux.
Saint-Germain faisait partie du Lyonnais.

Extrait : La France par cantons et par communes. Département de la Loire. Rédigée par Théodore Ogier Editions Bajat Fils 1856.

En route -
Quelques fermes et quelques prairies plus loin, après avoir traversé un faubourg plutôt désert, nous nous retrouvons rapidement au cœur du bourg.

Place de la mairie. Image réactive.

Si le monument aux morts, que l'on aperçoit sur cette photo, est aujourd'hui déplacé à proximité de l'église,
la super borne Michelin au croisement de la N7/D4, a quant à elle officiellement pris sa retraite.
Elle coule aujourd'hui des jours heureux, non loin de là.
Même point de vue aujourd'hui. Photo Claude.K

La super borne Michelin profite de sa retraite. Photo Claude.K

Le bourg actuel a vu son essor favorisé par l'établissement d'un Relais de Poste aux chevaux sur la Route Royale dès le XVe siècle.
La croisée des routes en fit un carrefour privilégié.

Photo Claude.K

Au croisement des routes D4 et D18 (exN7), sur la droite, on peut admirer un pigeonnier et son porche, unique vestige de l'antique bourg de Lespinasse, entièrement détruit par un incendie en 1590.

Au carrefour, la maréchaussée veille. Vue vers Changy.

Les commerces du centre bourg. Le Familistère : aujourd'hui épicerie Proxy.

Café-Tabac, hôtel du Lion d'Or, pharmacie et au fond à droite garage et essence.
Tout ce qu'il fallait pour marquer une pause. Image réactive.

Passage devant l'hôtel, où plutôt ce qui fut l'hôtel du "Lion d'Or"... dont il ne reste qu'une partie de l'enseigne.
(original comme nom... voir St Martin d'Estreaux)

CODEC, Consortium Des Epiciers du Centre.
Malgré son rachat en 1990, l'enseigne de supermarché disparaîtra définitivement à l'aube des années 2000.

Les commerces de sortie de ville, en l'occurrence garages et distributeurs d'essence, se concentraient à la sortie du bourg, route de Roanne.
Dès l'apparition des premières automobiles, on vit naître sur le bord des routes, les dignes remplaçants des relais de diligences.
De nouveaux métiers virent ainsi le jour : distributeurs d'huile et de carburant, garagistes, pompistes.
Les charrons se lancèrent dans la vulcanisation, et les maréchaux-ferrants abandonnèrent les fers à chevaux pour la tôlerie.
Mais en ce début de XXe siècle, nous étions encore loin du concept de la station service.

Pause photo devant le garage familial, vers les années 20.

Le garage familial, situé entre l'hôtel du Lion d'Or et le coiffeur pour dames, dont on aperçoit l'enseigne au dessus de la porte.
Ambiance.. étalage de plaques émaillées publicitaires sur les murs et automobile Ballot garée devant.
(avec l'aimable autorisation de Guylaine Camozzo Dolliat). Image réactive.

Revue de détail de gauche à droite et de haut en bas :
Char amovible distributeur d'huile Essolube.
Plaque publicitaire Spido : l'huile de sécurité Spidoléine de la société anonyme Alexandre André et Fils.
Plaque publicitaire bougies Champion.
Distributeur d'essence bijaugeur de marque Aster, type Gex monté sur chariot citerne.
Plaques publicitaires bougies AC et Gergovia.
Plaque huile Yacco, marque concurrente de la Spido.
Plaque huile moteur Gargoyle Mobil.
Plaques publicitaires Bougie KLG, et huile Castrol.

Enseigne Huiles Renault.
Plaque Kervoline : l'huile qui s'impose par ses qualités, des établissements Quervel Frères.

Caisse de bidon d'huile Antar, d'un beau rouge vif, et caisse de bidon d'huile Essolube.

(avec l'aimable autorisation de Guylaine Camozzo Dolliat)

Vue vers Changy, à gauche le garage.

Les années d'après guerre vont sonner le début de ce que l'on nommera les trente glorieuses. Le garage familial s'agrandit et s'installe de l'autre côté de la rue sous licence Esso.

Le garage flambant neuf vers 1930. Bien que concessionnaire Citroën, c'est une Renault 4 CV qui pose ici pour la photo.
(avec l'aimable autorisation de Guylaine Camozzo Dolliat)

Vue ici dans le sens des retours, l'ancienne station service n'a pas résisté à la pression commerciale et .. à l'envolée des normes si chères à nos politiciens.

Publicité pour le complexe immobilier "La Cité Romaine" situé après Fréjus... à plus de 500 km..
On a encore le temps de réfléchir avant de se décider ... Image réactive

Quelques mètres plus loin, un garage Total.
Il s'agit de la station-service régulièrement annoncée par les peintures murales depuis La Pacaudière.
Inversement à son homologue Esso, une première station s'installa tout d'abord côté gauche de la route de Roanne, pour ensuite déménager en face.
Concession Citroën, elle a parfaitement survécu.

Entrée Sud de St Germain Lespinasse, vue vers le centre ville.

 

L'ancienne route de Roanne, maintenant D18, rejoint l'actuelle N7 qui termine le contournement de St Germain Lespinasse et retrouve son tracé historique.

Attention ! Croisée de chemins, mais l'un est plus dangereux à traverser que l'autre.

500 mètres environ après la borne du kilomètre 23, dans le bas de la côte à l'endroit où la route passe de 3 à 2 voies, le "chemin du Moulin" débouche sur la droite, traverse la Nationale 7 et rejoint de l'autre côté le "chemin du Pèlerin".
Il s'agit en fait d'un chemin de St Jacques de Compostelle sur lequel les pèlerins trouverons une recommandation de prudence avant de traverser la N7.

Voilà ce que j'écrivais en 2014 lors de la première mouture de cette page :

Le célèbre Dubo, Dubon, Dubonnet. Grange aujourd'hui rasée.

Mur peint pour l' hypermarché RECORD, implanté en mars 1972 sur la commune de Mably. Image réactive.
Cette publicité aujourd'hui totalement disparu, devenait au fil des ans de plus en plus difficile à déchiffrer.
Seul le mot hypermarché restait à peine visible.
Miracle de l'informatique, une ancienne vue Street-View et quelques filtres de couleurs savamment ajoutés nous replongent subitement 50 ans en arrière.
Grand merci à Dominique pour avoir fait appel à ses souvenirs, et m'orienter vers cette marque de supermarché désormais oubliée.
Ici aussi la bicoque a été rasée.

On trouvera aux abords de la borne kilométrique 25 de nombreuses habitations laissées à l'abandon, tombées en ruine, parfois totalement rasées et dans ce cas on ne trouvera plus rien ! :-))
Du coup le hameau des "Baraques" n'a jamais aussi bien porté son nom.

Une baraque, des affiches et une plaque de tôle pour la compagnie Singer.

Support en béton pour ce panneau des années trente, aujourd'hui hélas modifié. Photo panneau JF. Lobreau

Les Baraques, avant 2012.
Remarquez le petit calvaire à gauche et le monde sur le parking du resto routier Le Bon Accueil en face, un des moins cher de la région..
Aujourd'hui, calvaire et resto ont disparu. Image réactive.

1915 - 2012 ... 97 ans passés sur le bord de la Route Nationale.

Dans la nuit de vendredi à samedi, un incendie a complètement détruit un restaurant routier situé en bordure de Nationale 7,
au lieu-dit Les Baraques à Saint-Romain-la-Motte, à l'entrée nord de Roanne. Extrait Article du Progrès du 1er septembre 2012

La Route Nationale dans la traversée des Baraques, vue vers St Germain Lespinasse. Image réactive.

Souvenir d'une pub Antar, sur un mur aujourd'hui ravalé d'un blanc immaculé.

Un peu avant le rond-point à la sortie des Baraques, sur la droite, vous ne pourrez manquer l'ancien "Relais de Roanne" aujourd'hui le 'Tout le Monde en Parle"
C'est un rescapé, un hôtel tout droit sortit des années 1970, façon motel usé et endormi qui aujourd'hui semble avoir réussi sa renaissance.

Aire de repos, station service, boutique, grill, et hôtellerie à découvrir. Bien noté sur truckfly.com

https://www.tlmenparle.fr (le site Internet ne répond pas toujours présent)

L'ancien Relais de Roanne, construction typique des années 70 / aujourd'hui. Image réactive.

Cette publicité a survécu à sa propre marque disparue à l'aube des années 1980.
On l'a connue plus pimpante, mais elle est toujours là aujourd'hui.

Deux kilomètres avant Roanne, la circulation devient de plus en plus dense.
Il faut maintenant composer avec la présence des nombreux poids lourds qui nous masquent en partie le paysage.

Mably Km 0376

Mably est une ancienne station Gallo Romaine établie semble-t-il dès le second siècle au croisement de la Loire et du chemin menant de Roanne à Autun, à l'emplacement d'un gué. Le croisement du fleuve et de la route facilitait ainsi les échanges commerciaux et permit l'établissement des premières maisons dans ce secteur. Les grandes invasions mirent un terme aux échanges commerciaux, la place fut abandonnée pour un lieu plus élevé, au milieu des terres, à l'abri des inondations, à l'emplacement du bourg actuel. A la fin du XIXe siècle, la cité deviendra une importante cité industrielle avec l'installation sur son site de nombreuses fabriques de tuiles, et l'implantation d'un arsenal militaire en 1917.

Dans notre rubrique "le saviez vous ?" aujourd'hui : André Citroën à Mably :

Cette propriété étant libre et les bâtiments fermés, le conseil municipal examine les possibilités de leur utilisation pour les besoins de la commune. Le projet semble si avantageux, que l'achat en est décidé.
Le château abritera les services municipaux et postaux et les deux bâtiments annexes l'école. Il sera possible aussi d'installer le bouilleur de cru dans une dépendance répondant aux exigences de l'administration.

Ce château a été occupé en 1918 par André Citroën venu à l'Arsenal pour diriger une ligne de production d'obus.
Dès l'armistice du 11 novembre 1918, Citroën rentre à Paris. Il produira en mars 1919 ses premières automobiles.
Le 17 mai 1920, le maire, Monsieur Buchet, informe le conseil qu'il a obtenu une promesse de vente du château par Monsieur Citroën et fait voter le principe de l'achat du château et de ses dépendances, au prix de 132000 F.

André Citroën a fait de nombreuses opérations immobilières sur Roanne entre 1918 et 1925. Tout le monde pense qu'il est propriétaire du château de Mably.
Il est probable que Citroën devait en devenir le futur propriétaire et il espérait certainement réaliser une opération financière.
Il a entretenu des liens avec Mably et fait envoyer en 1927, six automobiles jouets pour l'arbre de Noël des enfants et offre un don de 500 F pour les pauvres.
Le maire lui adresse ses remerciements pour l'acte de générosité et ses félicitations pour sa nomination au grade de commandeur de la Légion d'honneur.

Source : http://www.ville-mably.fr/

En route -

Route de Paris, nous voici "quartier des Tuileries", qui doit son nom aux nombreuses fabriques de tuiles et de briques installées à Mably à l'ère de la révolution industrielle.
Voici d'ailleurs l'ancienne tuilerie Cancalon ou plutôt ce qu'il en reste aujourd'hui.

Un "après/avant de la tuilerie Cancalon. Image réactive

La tuilerie de Mably vue en direction de St Germain Lespinasse / Vue 2013 un peu avant sa destruction. Image réactive.

La tuilerie de Mably est construite en 1898 par la Société anonyme des Tuileries de Roanne, qui possède déjà une usine à Roanne.

Dotée de matériel des plus modernes (à l'époque) ainsi que d'un four qui fonctionne en continu, les deux usines produisent plus de 50 000 tuiles par jours.
Elles exploitent une carrière d'un argile remarquable qui permet, grâce à des techniques de cuisson spécifiques, de résister aux climats les plus rigoureux.

Des firmes comme Michelin, PLM, Marrel frères, ou encore les aciéries de Firminy comptaient parmi leurs clients.

On aura remarqué la publicité pour le Relais de Roanne, toujours en place en 2013.

L'usine de Mably employait près de 800 personnes
Elle cessa son activité en 1986.
Aujourd'hui entièrement détruite, un éco quartier de 240 logements devrait voir le jour en lieu et place des anciens bâtiments industriels.

En route -

Aujourd'hui Mably est devenue la zone d'activité commerciale et industrielle de Roanne.
La route de Paris semble toutefois assez préservée dans sa première partie, hormis les arbres qui ont disparu et l'apparition de quelques entrepôts qui viennent gâcher le paysage.
Dans sa seconde partie, c'est la zone, ou plutôt les zones, comme hélas on a l'habitude de les rencontrer à la périphérie des grandes villes.

Urbanisation à outrance, dévastation urbaine, jungle d'enseignes identiques à toutes les zones commerciales de France, des entrepôts d'ameublement, des concessions automobiles, de la restauration rapide, des jardineries,
des lavomatics, des supermarchés, des hôtels low cost.. bref, rien ici pour nous donner envie de musarder.

La route vue en direction de Paris. Même point de vue aujourd'hui. Image réactive.

La route vue en direction de Roanne. Même point de vue aujourd'hui. Image réactive.

Relique d'une annonce , on lit : ICI magasin COOP. Image réactive.

Un peu plus loin...

C'est l'histoire d'une réclame peinte, bien cachée durant des années, derrière des panneaux publicitaires 4X3.

Des panneaux 4x3 et une réclame bien cachée derrière.

La loi d'Engagement national pour l'environnement, entrée en vigueur en 2012, prônait la disparition des panneaux 4X3 dans les agglomérations de moins de 10 000 habitants.
En 2014, les panneaux démontés laissaient de nouveau apparaître l'ancien mur peint, que beaucoup n'avait encore jamais vu.

Une belle et pimpante réclame pour Noilly Prat, dommage pour la partie droite plus terne..
Image réactive. Photos JF Lobreau

Dès lors, peut-être pouvions nous espérer une restauration, ou une préservation de cette publicité colorée encore bien conservée.
Peut-être pouvions nous compter sur la fibre nostalgique du proprio du mur ?
Peut-être pouvions nous envisager un programme de réhabilitation du petit patrimoine routier de la ville ?
Ça c'était déjà vu, ça c'était déjà fait ailleurs.

Le proprio opta pour une solution radicale "le coup de rouleau" : Allez ! zou !! et on n'en parle plus !
On remarquera qu'il aura tout de même pris soin de repositionner le petit panneau publicitaire, sans doute source de revenus.

Mais trêve de plaisanterie, pas question de nous laisser distraire, car c'est à partir d'ici qu'il va falloir décider de la suite de notre itinéraire.

Textes et conception C@rl décembre 2014 - mise à jour 2021