ETAPE 8 : de St Martin D'Estreaux (350 km) à St Symphorien de Lay (400 km).

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Mably - Riorges - Roanne

 


Traverser Roanne ou pas ?

 

Le tracé initial de la Nationale 7 passait bien entendu par le centre ville de Roanne, franchissait ensuite le pont en pierre sur la Loire pour rejoindre, sur l'autre rive, la ville Le Coteau.

Le plus difficile va être de retrouver le tracé original de la Route Bleue à travers les rues du Roanne d'aujourd'hui.

Comme pour beaucoup de villes, le trafic intense dans les rues étroites obligea la municipalité à dévier la circulation des automobiles tout d'abord par une mini-rocade construite au milieu des années 1960.
Ce premier contournement, s'il évitait bien les ruelles du centre ancien, n'empêchait toutefois pas les véhicules de bouchonner devant le pont de Roanne, unique franchissement urbain de la Loire.

En 1997, une nouvelle rocade est finalement inaugurée.
Elle relie Roanne Nord à Roanne Sud sur 2x2 voies, en un large contournement par le Nord et l' Est, franchit la Loire sur le pont de La Loire ( à ne pas confondre avec le pont de Roanne) et prend officiellement le nom de RN7.

Nous nous retrouvons donc avec trois tracés successifs de RN7 : l'initial, le post-1968, et le post-1997.

Au niveau du double rond point de la Demi-lieue, abandonnons le dernier tracé, trop récent, et laissons filer la Nationale 7 vers St Etienne, Clermont Ferrand et Lyon pour suivre maintenant la D207 en direction de Roanne, itinéraire pour l'instant commun aux deux premiers tracés.

 

En bleu le tracé d'origine qui passait dans le centre ancien de Roanne.
En orange le tracé de 1968 évitant le centre ancien de Roanne aujourd'hui partiellement D207.
En rouge le tracé de 1997 actuelle RN7

Restons au plus près des tracés initiaux.
Au rond point suivre la direction Roanne - Riorges.



Au double rond-point de la demi -lune, on abandonne l'actuelle RN7.

Après une série de rond-point, la rue Alfred de Musset / D207, plus pavillonnaire, moins dense, retrouve ici une tranquillité toute relative.


"La plus moderne, la plus commode, la plus saine, la plus économique, La cuisine électrique."
Le terme de Cuisine Electrique, fait son apparition à l'aube des années 1930, avec l'électrification des premiers apparareils électroménagers,
réfrigérateurs, cuisinières, bouilloires, laveuses et moulins à café.
Un très ancien mur peint donc, retrouvé par JF Mercier. (Photo JF Mercier)


On en avait déjà rencontré une à St Germain Lespinasse, la borne d'angle Michelin transformée en jardinière, un grand classique !


Industrial Vehicules Corporation à la sortie de Mably. Photo JF Lobreau.


Totem publicitaire aujourd'hui disparu, à la frontière entre Mably et Riorges. Photo RDV N7

Il nous reste à franchir l'Oudan, pour nous retrouver à Riorges.

Riorges km 0378

Dès l'antiquité, la région est occupée par les légions romaines cantonnées à Roanne et employées à contrôler le gué sur la Loire.
Ces légions romaines s'adonnèrent sans doute ici à nombre d'agapes orgiaques et autres libations libertines dont le souvenir se retrouve aujourd'hui gravé dans la toponymie latine du lieu "Riorgiarum" ou "Heureuses Orgies".
Heureuses Orgies qui en bon français devint Riorges.

Plus question d'orgie aujourd'hui dans cette commune plutôt urbaine, deuxième ville de l'agglomération Roannaise.
Riorges est connue pour être, entre autres, un pôle ferroviaire important qui fut durant plus d'un demi siècle le véritable poumon économique de la ville.
La petite ligne de Tacot, puis l'implantation du PLM (Paris, Lyon, Marseille), le centre de triage, le dépôt des locomotives, les ateliers de réparations et le centre d'apprentissage, feront de Riorges une cité ouvrière prospère jusque vers 1950.

Sources diverses dont : https://www.riorges.fr


Le pont sur l'Oudan. Photo JF Lobreau


L'Oudan marque la frontière entre Riorges et Mably. Photo JF Lobreau.

Le secteur de Riorges traversé par l'ancienne Route Nationale 7 n'est pas des plus bucoliques.
C'est fou le nombre de nouvelles constructions en à peine cinq ans.

Là où il y a quelques années encore on trouvait quelques parkings, quelques terrains vagues et autres aires plus ou moins en friches, il n'y a plus aujourd'hui qu'entrepôts en tous genres, sans arbres ni verdure.
Béton, béton et béton.

Sur la droite, l'architecture d'une boutique de vente de fleur interpelle.
Tout d'abord sa localisation à l'entrée de Roanne, ensuite sa physionomie avec son avancée sur le bord de la route, type auvent, fait immanquablement penser à une ancienne station service.
Et qu'il était beau le "Relais de Paris" situé à l'entrée de Roanne, l'alter ego du "Relais Bleu" qui lui était situé à la sortie de la ville au niveau du pont de Roanne.


Première mouture de la station Relais de Paris - TEXACO - garage Louis Sautet (LS) courant années 30.
Image réactive.


Le Relais de Paris - Garage Louis Sautet - années 40/50 vue en direction de Moulins.
Image réactive.


Ancien mur peint, publicité pour un concessionnaire Fiat. Image réactive. Photo mur peint JF Lobreau.

Quelques mètres plus loin, plus aucune trace de l'Auberge du Pontet, ci ce n'est la bâtisse abritant aujourd'hui une compagnie d'assurance, le charme du lieu en moins.
Un établissement comme il y en avait tant aux grandes heures de la Route Nationale.


En bordure de Nationale 7, l'Auberge du Pontet,
étape de gourmet à la sortie de Riorges. Image réactive.

Dans le prolongement de l'ancienne auberge, à quelques mètres à peine, un nouvel immeuble a poussé à l'emplacement d'une ancienne station Esso.



La Station Esso aux environs des années 60. Puis en 2011, avant la construction d'un immeuble. Image réactive.
Avec l'aimable autorisation de Jérôme Vial


Le bistrot du carrefour, aujourd'hui entièrement rasé. La fin d'une époque.

La D207 / avenue Charles de Gaulle, traverse maintenant le boulevard "O" !
N'ayez pas les idées mal placées, O n'à rien à voir avec l'histoire du même nom, ici il faut juste comprendre O comme Ouest.
Nous sommes maintenant Avenue de Paris à Roanne.


Roanne km 0380

Roanne, n'est pas tout à fait une ville comme on l'entend, avec un centre ville bien déterminé regroupant administrations et commerces autour duquel se serait développé le reste de l'agglomération.
Il faut plutôt considérer la ville comme un ensemble d'arrondissements, une union de plusieurs quartiers autonomes qui se sont construits au fil des siècles par rapport à une situation géographique, un intérêt économique ou un attachement historique.
Nous voici dans l'un de ces quartiers situé au nord de la ville : le Faubourg de Paris.

A l'époque où Cassini élabore ses cartes (1740) ce quartier n'est encore que marais, étangs et forêts. A la rigueur y rencontre-t-on quelques casernements,
cantonnements peu rassurants à l'orée de la ville.
Vers 1750, Trudaine, un des créateurs du réseau routier en France décide de l'aménagement du vieux chemin entre Paris et Lyon.
Sur ces anciens marécages, tout un quartier va se développer de part et d'autre de ce nouvel axe routier élargit qui deviendra plus tard la Route Nationale 7.


Carte de Cassini 1740
On note la présence de marais, d'étangs et de casernes.

Ci-dessus, pléthore de logos et de recommandations dès l'entrée de ville.


Cette publicité avait pourtant bien conservé ses couleurs vives.

Tout en longueur, l'Avenue de Paris, porte d'entrée de la ville, a tout de l'ancien quartier populaire provincial, avec ses immeubles bas, ses maisons de quartier vieillissantes, ses commerces de proximités.


Quelques façades "rétro" qui au premier coup d’œil nous replongent au cœur des années 70.

L'esprit vintage d'un garage de quartier, le Garage Jean Paul Devaux à la fin des années 2010.
Aujourd'hui les locaux sont occupés par une célèbre franchise de Pizzeria à domicile.


Le plein d'essence Stelline pour cette Renault NN des années 30. Même emplacement aujourd'hui. Image réactive.

Ici, Faubourg de Paris, les anciennes bâtisses côtoient des édifices plus récents, comme autant de strates visibles du passé.


TELEAVIA, une marque à l'origine Italienne, rachetée par Thompson qui confie au début des années 60 la construction de ses appareils électroménager
à la Société Nationale des Constructions Aéronautiques du Sud, plus connue sous le nom de Sud Aviation, qui construit déjà les fameuses Caravelles.


Le faubourg de Paris vue en direction de la capitale. Même point de vue aujourd'hui. Image réactive.

Roanne Ville de garnison

De tous temps le secteur du Faubourg de Paris abrita des campements militaires, héritage historique des cantonnements locaux des légions Romaines qui dans l'antiquité contrôlaient le gué sur la Loire.

Mais c'est véritablement au XVIIe siècle que Roanne devint une ville de garnison, lorsque Vauban conçut le projet d’édifier des constructions destinées uniquement au logement des soldats.
L’intérêt était de libérer les villes des lourdes charges que leur imposait le logement des troupes et de délivrer les habitants des vexations des soldats.

Il fallut attendre la moitié du XVIIIe siècle pour que les villes soient pourvues de maisons à la Vauban ou de casernes.
Jusqu’à cette époque, les soldats utilisaient le billet de logement qui était un acte administratif, délivré par le maire de la commune, enjoignant aux habitants de loger des militaires de passage, et parfois de nourrir leurs chevaux.

En attendant des constructions neuves, les dépendances du palais Ducal, l’auditoire de justice et la prison furent désignés pour accueillir les troupes permettant ainsi à des militaires d'être logés temporairement dans une ville qui ne disposait pas de caserne pour les accueillir. Cette pratique valait aussi en temps de paix ou lors des manœuvres.


La caserne Werlé. En médaillon l'actuelle université a réhabilité les bâtiments de l'ancienne caserne.

Finalement vers 1740, l’administration militaire acheta un vaste terrain, situé en bordure de la grande route de Paris à Lyon et proche de l’ancienne porte de Paris.
Un mur d’enceinte fut construit tout autour et on creusa les fondations des futures casernes, mais les travaux s’arrêtèrent faute de ressources.
Les futures casernes devaient rester longtemps en cet état.
Le conseil municipal du 18 septembre 1824 souhaita « que l’emplacement des casernes commencées route de Paris ne soit pas vendu, que ces casernes soient construites
et qu’en attendant le bail lui en soit continué au prix de 100 francs ».
Les choses en restèrent là jusqu’en 1841. La ville continua à jouir du terrain de la route de Paris jusqu’en 1873, date de la construction des casernes actuelles.
Leur inauguration eut lieu le 27 mai 1874. L’administration militaire donna à ces nouveaux quartiers le nom de caserne Werlé.

Roanne fut ville de garnison  de 1873 à 1946.
En 1951, le départ  définitif du 8e régiment de Chasseurs d’Afrique marqua la fin des casernes.
Depuis les bâtiments ont été soit détruits, soit attribués à d’autres fonctions.

Sources et extrait : article anonyme médiathèque de Roanne 2020.


La place Louis Flandre, vue en direction de l'avenue de Paris.
- rue pavée, traction animale, vespasienne (à gauche), colonne Morris (au milieu), rail de tramway...
Même vue 100 ans plus tard. Le bâtiment de l' épicerie St Louis que l'on retrouve sur la vue moderne est aujourd'hui rasé (2021) .

Image réactive

En route -

Nous voici place Louis Flandre.

Au Moyen-âge, Roanne semble être le carrefour obligé des routes du Royaume de France. En conséquence, auberges, relais et autres logis abondent dans les rues de la ville.
Il y en a pour toutes les bourses et de toutes conditions.
Les hôtels portent la plupart du temps le nom évocateur d'un fait divers géographique ou historique, ou encore de personnages ayant marqué le souvenir, jugez plutôt :
Aux trois Mares, Aux trois Moines, Au Chapeau-Cardinal, A la grâce de Dieu, Au Dauphin, Le Coq Hardi, le Saint Germain ...

Au coin de la place Louis Flandre et de la rue Mably (actuelle rue Roche) la célèbre auberge "Au Loup enchaîné" y fut construite en 1590.
Nombre de grands seigneurs aimaient à s'y arrêter. "Au Loup enchaîné" on y mangeait comme un prince, on y dormait comme un empereur ! disait-on.
Lorsqu'un hôte de marque y séjournait, l'aubergiste n'hésitait pas à ôter l'enseigne de son établissement de manière à ne plus être importuné par d'autres voyageurs en quête d'un gîte.


Le faubourg de Paris se termine ici, à l'entrée de Roanne (actuelle place Louis Flandre), à une époque où la place n'existe pas encore.
Même lieu aujourd'hui. Image réactive.


Sur cette photographie du tout début du XXe siècle, nous sommes dans le prolongement de la rue de Paris, la rue Mably part sur la droite en direction du château et du centre ville.
Tout ici rappelle l'ancienne ville fortifiée : la proximité de la "rue des fossés" construite sur l'emplacement des anciens remparts, la présence du bureau de l'octroi, visible au premier plan, situe l'entrée de la ville et sa porte fortifiée disparue.
A côté du bureau de l'octroi : l'auberge St Isidore sur le fronton de laquelle on peut lire : ici on LOGE à PIED ou à CHEVAL - ARD (jeu de mot avec le nom du propriétaire Chevalard)

Avant de poursuivre plus en avant, attardons nous sur cette auberge de St Isidore :

"A l'arrivée de la route de Paris dans Roanne, se trouve une vieille auberge qui nous reporte aux temps des diligences. C'est l'hôtel Saint Isidore, maison basse, à un seul étage, avec une enseigne peinte sur sa façade.
Les fenêtres du rez-de-chaussée en arc surbaissé, doivent dater de la fin du XVIIème siècle, mais d'autres éléments (escalier, cheminée) prouvent que le bâtiment originel doit remonter à la fin du XVIème siècle.
Il est vétuste, sa façade n'observe pas la verticalité mais il est encore solide.
Le café sur la façade est enterré de trois marches par suite de rehaussement de la chaussée.
Dans cette salle basse on voit une cheminée avec un linteau élevé soutenu par deux corbeaux; au milieu du linteau, un blason qui représente un cerf.
Dans la cour, de petits bâtiments s'enchevêtrent. Une petite tourelle contient un escalier à vis en bois qui conduit à un grenier; il doit dater de la fin du XVIe; en dessous, l'entrée d'une grande cave voûtée en plein cintre; au rez-de-chaussée, une grande pièce avec une cheminée Louis XIV encadrée de boiseries Directoire.
Une grande cour s'ouvre avec des hangars, écuries, et remises."

Cette vieille et pittoresque hostellerie de St-Isidore, qui a vu passer sur la Route Royale, depuis Henri IV, tant de voyageurs, obscurs ou illustres, est menacée parce qu'elle se trouve à l'origine d'une voie rectiligne prévue par notre plan d'urbanisme, prolongeant l'avenue de Paris jusqu'au pont sur la Loire. La ligne droite est l'impératif catégorique des urbanistes.

Extraits : François DECHELETTE (Journal « Le Pays Roannais» du 2 janvier 1953)

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