ETAPE 10 : de Montcourant à Chonas l'Amballan de 0454 à 0500 km de Paris.

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Entrée de ville au bas de la montée du Bon Accueil

Vienne Km 0490

Nous voici arrivé dans la cité antique, capitale Gallo-Romaine, estampillée "Ville d'Art et D'histoire".
Ce label est loin d'être surfait. C'est que d'ici ... pas moins de "2000 ans d'histoire nous contemplent !"

Alors tout d'abord, et brièvement (parce que aborder 2000 ans d'histoire pourrait sembler un brin ennuyeux), un peu de géographie :

Cinq collines dont l'altitude est supérieure à 200m se trouvent disposées en amphithéâtre naturel face au Rhône.
Au pied de cette demi-lune s'étend une avancée rocheuse vers le Rhône, en partie formée par les alluvions de la Gère, facilitant ici la traversée du fleuve. Dans cette courbe du Rhône où la vallée s'élargit, le passage des voies de circulation terrestre devient possible.

Le tracé qui relie le sud au nord se tient parallèlement au fleuve et deux itinéraires en provenance des Alpes débouchent à cet endroit, et se rejoignent là où la traversée du Rhône est possible. Le site de Vienne se trouve donc au carrefour du Rhône, franchissable à cet endroit, et des grandes voies de circulation du Nord au Sud et d' Est en Ouest.


Une autre entrée de la ville, par la petite porte, si l'on peut dire.


Dans la descente, sur la gauche, à peine visible une borne indique 25 K. (Photo borne Dominique Bailly)
Nous sommes ici exactement à 25 Km du point zéro situé Place Bellecour à Lyon.

Maintenant une bonne dose d'histoire :

Un début d'occupation : Au cours de l'Age du Fer au Ier siècle avant J.C, les Allobroges, peuple gaulois, occupent un vaste territoire qui s'étend du Rhône aux Alpes.
Vienne, leur capitale (400 avant J.C), est installée entre la Gère et le ruisseau de Saint-Marcel, sur la partie haute de la terrasse, à l'abri des divagations du Rhône.

Les Romains : Le territoire des Allobroges est conquis par les romains en 121 avant J.C et se trouve intégré dans la province romaine de Transalpine (future Narbonnaise).
Au fil des siècles, la ville acquiert la faveur des empereurs. A la fin du II°siècle après J.C, Vienne est une des villes les plus grandes de la Gaule.
Capitale d'un territoire de 14 000 km2, elle s'étend sur 300 hectares sur les deux rives du Rhône et compte entre 20 000 et 30 000 habitants.
Florissante et prospère, elle tient sa richesse d'une activité économique diversifiée.
Un pont relie les deux rives de la Gère. La ville est alors traversée par deux voies parallèles dans son axe Nord-Sud.


Vienne La Romaine, tableau Etienne Rey, musee des beaux arts.

Période médiévale : du IVe au XVe siècle : Au III° siècle, Vienne connaît une profonde crise, plusieurs quartiers sont abandonnés à l'extérieur mais aussi à l'intérieur de l'enceinte gallo-romaine.
La ville est repliée sur le quartier central de la cité antique. A l'extérieur, des nécropoles s'implantent dans les ruines. Un évêché est créé à la fin du III° siècle.
L'église s'organise tout au long du IVe siècle, l'évêque de Vienne prend peu à peu un rôle politique.
Au XV° siècle le pouvoir de l'archevêque est fragilisé par le Dauphin qui peu à peu s'octroie le titre de comte. En 1450 le Dauphin Louis II (futur roi Louis XI) destitue l'archevêque de son pouvoir temporel. A la fin du Moyen Age (fin XVe siècle) Vienne est une ville au carrefour de plusieurs itinéraires majeurs : la route de Lyon à Marseille, les routes des Alpes, la route du Vivarais.

Les églises et monastères occupent une place importante dans la ville intra-muros. Le réseau des rues est constitué. Le nom des rues nous renseigne sur les nombreuses activités qui y ont pris place.
A la fin du Moyen Age toute la topographie viennoise est en place, et restera inchangée jusqu'à la fin du XVIIIe siècle.
Cette époque nous lègue la structure des rues, la trame parcellaire, les caves. Le patrimoine de cette époque est important, vu la richesse de la ville.

Du XVIe au XVIIIe siècle : cette période nous lègue intramuros un riche patrimoine architectural de bâtiments religieux et laïcs, témoins de la richesse de cette époque.
Elle laisse clairement son empreinte sur le secteur de la Gère par la création des premières fabriques et usines et par la naissance de véritables faubourgs bien agglomérés.
Enfin l'espace public devient une préoccupation des édiles : alignements des rues, pose de lanternes, création de promenade, construction d'une partie des quais sur le Rhône..

Les XIX°et XX°siècles : Le XIX°siècle s'illustre par le passage à l'ère industrielle, le développement des communications, l'accent mis sur les espaces et les bâtiments publics, mais aussi la reconnaissance du patrimoine.

Extraits et source : Rapport présentation de Vienne - Direction Régionale des Affaires Culturelles Rhône-Alpes / Service architecture. Février 2008

Pour en savoir plus :
http://www.vienne.fr/decouvrir-vienne/histoire-et-patrimoine#sthash.jIQ7QpE3.dpuf
http://www.vienne-tourisme.com/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Vienne_(Isère)

En route -

Cette description historique, tout de même un rien écourtée et synthétisée, s'avère toutefois nécessaire pour mieux appréhender la suite de notre parcours à travers la ville.
Mais évitons les digressions, et intéressons nous maintenant à la traversée de la ville proprement dite.

La "Montée du Bon Accueil" se termine enfin.
Nous voici maintenant sur le plat, quartier Estressin, un "faubourg rue" populaire, où l'on trouvera, entre autres, de quoi garer son Camping Car, place Muray-Tardy, si ce n'est pas jour de marché.

Au XIXe siècle ce quartier était principalement constitué de zone industrielle regroupant de nombreux ateliers, fabriques et autres manufactures textiles le long de la nationale 7.


Sortie d'usine directe sur la nationale 7

Les établissements réunis "Pascal-Valluit" formaient l'entreprise la plus importante de Vienne. (emplacement de l'entrée des usines)
La fabrique s'étendait sur plus de 22 hectares. L'usine spécialisée dans la laine cardée, et plus particulièrement les draps de "troupe" destinés à l'uniforme militaire, employait 2000 personnes.
En 1967, face à une concurrence de plus en plus importante, Pascal-Valluit, première entreprise de laines cardées de France, ferme définitivement ses portes.
Aujourd'hui, l'usine de vitrage Gobba occupe une partie du lieu, le reste est devenu parking et zone commerciale.

Si les usines ont fermé, les alignements d'immeubles modestes confèrent toujours au lieu l'ambiance d'un quartier ouvrier.

http://www.patrimoine.rhonealpes.fr

En route –

On franchit La Sevenne, rivière aujourd'hui en partie couverte, qui ne tarde pas, après sa rencontre avec la nationale 7 à confluer avec le Rhône qui se trouve sur notre droite.


Quartier Estressin, le pont sur la Sevenne. Image réactive.


La Sevenne.

Située entre fleuve et colline, Vienne n'offre que très peu de possibilités dans sa traversée de la ville.
Pourtant, comme on va le voir, le tracé de la route Lyon- Provence a pas mal évolué au fil des siècles.

On peut, grosso-modo, déterminer trois itinéraires différents en fonction des époques :

•  La première route couvre pas moins de 20 siècles, de l'antiquité au XVIIIe siècle.
•  La seconde route créée au XVIIIe siècle servira jusqu'au XXe siècle.
•  La dernière route est contemporaine du XXe siècle.

Quelque soit l'époque, la traversée s'est toujours effectuée en trois temps

  • De la montée du Bon Accueil (Nord) jusqu'à l'embouchure de la Gère. (jaune)
  • Franchissement de la Gère (bleu)
  • puis transit vers la sortie Sud de la ville (rouge) ... ou inversement.


La traversée de Vienne en trois temps du Nord (gauche de la photo) au Sud.

Nous sommes à présent rond-point Berthelot, point de départ de toutes les routes.

Commençons par le plus ancien itinéraire, le tracé antique et médiéval :

Après la fondation de la ville d'Aix, une route avait été tracée de Rome à Arles, elle portait le nom de voie Aurélienne.
Domitius Ahénobarbus, après sa victoire sur les Allobroges, fit entreprendre un chemin depuis Arles jusqu'à la Durance.
Cette nouvelle route fut nommée voie Domicienne, elle fut prolongé plus tard par la voie Agrippa (Arles-Lyon).

S'il n'est bien entendu plus question aujourd'hui d'emprunter la voie romaine dont il subsiste toujours des traces en ville, nous allons tout de même chercher à coller au plus près de cet ancien itinéraire.

Je vous conseille dès à présent de laisser la voiture dans les parages du rond point Berthelot, car non seulement ce tracé est aujourd'hui en cul de sac, mais c'est aussi la voie la plus étroite de tout notre voyage sur la N7.

On poursuit donc tout droit, par la rue Francisque Bonnier sur une cinquantaine de mètres environ.


Il est temps de laisser la voiture dans les parages.

Au niveau de la placette, prendre à gauche, au plus près de la colline, par la rue Druge.
Cette ruelle suit l'itinéraire de la voie antique, toute première voie à traverser la ville.

Quelques bouteroues protègent encore le seuil des maisons, vous remarquerez l'absence de trottoirs, nous sommes là dans une configuration plutôt médiévale.

Il faut dire que cette rue a été utilisée comme principale voie de passage de l'antiquité jusqu'au XVIIIe siècle.
La route Lyon-Marseille passait par ici, difficile à croire..

Arrivé sur une petite place qui sert aussi de parking, nous voici quartier des "Portes de Lyon".

Ici une voie dallée antique a été fouillée en 2004 et la fondation d'une porte de ville à la décoration semblable à celle de l'Arc d'Orange a été trouvée.

On y trouve d'ailleurs un petit panonceau explicatif disposé par la municipalité.

Si vous êtes attentif, un vestige de cette porte subsiste sur la place, transformé aujourd'hui en support de jardinière.

 

La Rue Druge


Les reste antiques de la Porte de Lyon... sous le pot de fleurs.

Le quartier n'a pas d'attrait particulier sinon celui de se dire que nous ne sommes pas les premiers à passer ici... pensez donc en 20 siècles aux nombres de romains, de légions, de marchands, de chars à bœufs, de charrettes à bras, de chevaliers, de saltimbanques, de voyageurs étrangers, de fiacres, de prélats, de paysans, de messires, de pèlerins, de carrosses, de soldats, d'artistes, de manants, de chaises à porteurs, de malles-poste, de brigands, de colporteurs, de templiers, de diligences et d'hommes de troupes a être passés par cette ruelle....


Fin de la rue Druge. On aperçoit la voûte de la Commanderie des Antonins.

Depuis 1854, la rue est interrompue par la voie ferrée du PLM, qui coupe littéralement le quartier en deux. La rue reprend de l'autre côté, rue de la Tuilerie.
Cette deuxième partie de rue s'avère plus intéressante, notamment à cause du Passage voûté de la Commanderie des Antonins, datant du XVIIe siècle.

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Passage_voûté_de_la_Commanderie_des_Antonins_(Vienne).jpg


Rue de la Tuilerie, Le passage voûté de la Commanderie des Antonins.

La rue de la Tuilerie débouche rive gauche du Rhône, aujourd'hui sur le "quai Pajot" à l'un des points les plus étroits entre colline et fleuve.
De là, on rejoint l'embouchure de la Gère, qu'il nous faudra remonter sur 500 mètres environ, pour pouvoir traverser la rivière.


La rue de la Tuilerie rejoint la rive gauche du Rhône et le quai Pajot

Il faut imaginer ici, non pas des quais avec des berges carrossables, mais plutôt une embouchure au rives boueuses et sauvages.

Le Pont Saint-Martin qui enjambe la Gère, se trouvait à l'époque à l'intérieur des murs de la ville gallo-romaine et permettait la traversée piétonne de la Gère.

Le pont St Martin


La voie romaine, qui offrait un passage vers le Dauphiné et l'Italie, l'empruntait.

Détruit en 1381 par une violente crue il fut reconstruit en bois.
La reconstruction en pierre de ce pont date de 1402.

Monument Historique en 1924, il est aujourd'hui toujours utilisé comme passerelle.

Extraits :

http://www.patrimoine.rhonealpes.fr/dossier/pont-saint-martin-dit-traversee-pietonne-de-la-gere/42078357-4e18-46ef-a097-aaeee052fe57

 


Le pont St Martin sur la Gère. Avant / après. Image réactive.

Passé le pont sur la Gère, le tracé se poursuit par la rue de l' Eperon, la rue Marchande et la rue des Orfèvres, dont les noms nous informent des activités que l'on y menaient autrefois.
Ces rues sont aujourd'hui piétonnes. Principalement commerçantes comme elles l'ont toujours été à travers les âges.


La rue Marchande. Image réactive.

Le nez en l'air, on rencontrera quelques façades classées du XVe et XVIe siècle, mais plus rien quant à l'origine antique de cette artère historique de Vienne.


Vieille maison, rue Marchande.

Au bout de la rue des Orfèvres, sur la place du Pilori, nous nous situons à peu près à l'emplacement du mur d'enceinte Romain qui marquait ici les limites de la ville.
A quelques mètres de là, vous pourrez admirer le Jardin archéologique de Cybèle, qui présente quelques beaux vestiges de la ville gallo-romaine.

http://www.vienne-tourisme.com/jardin-archeologique-de-cybele.html

Hors des murs d'enceinte, nous retrouvions quelques faubourgs commerçants, le cirque Romain et les entrepôts en bordure du Rhône.
C'est ici que prend fin le tracé couvrant la période allant de l'antiquité jusqu'au XVIIIe siècle.



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