ETAPE 10 : de Montcourant Km 0454 à Chonas l'Amballan Km 0500.

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← Vienne - Seconde traversée →

Après le parcours Antique et médiéval, découvrons sans plus tarder le second itinéraire qui couvre la période allant du XVIIIe au XXe siècle.


Le XVIIIe siècle est synonyme de renouveau urbain.
La vallée du Rhône s'affirme comme grande voie commerciale.

En 20 ans, de 1739 à 1759, le nombre de véhicules qui traversent Vienne est passé de 1 628 à 7 378.

Cet essor économique va très vite imposer une rénovation urbaine d'une ampleur sans précédent, liée essentiellement à l'amélioration des conditions de circulation à travers la cité.

Trois grandes séries de travaux furent ainsi entreprises durant la seconde moitié du XVIIIe siècle :

  • l'endiguement de la Gère,
  • la construction du premier tronçon du quai du Rhône (futur Quai Pajot),
  • la rénovation du centre ville.

Source : Wikipédia

Avec la construction du premier quai le long du Rhône, il s'agissait, sur toute la longueur de la ville, de réaliser un dock permettant aux bateaux d'accoster en toute sécurité et servant également de support à la route conduisant de Lyon à la Méditerranée.

La première tranche de travaux, la seule qui fut d'ailleurs réalisée, vit la construction d'un quai large de 30 pieds (10 mètres) allant des "Portes de Lyon" jusqu'à l'embouchure de la Gère, franchie en 1780 par un nouveau pont, le Pont de la Demi-Lune.

Parallèlement à l'aménagement du quai, devant l'incapacité de l'antique ruelle Druge à absorber l'important trafic routier du couloir Rhodanien,
une nouvelle voie de passage est créée.

Il s'agit de la route de Lyon, rebaptisée plus tard Rue Francisque Bonnier.

C'est par cette nouvelle rue que circuleront dorénavant les voyageurs se rendant à Lyon ou en Provence.

 

Retrouvons à présent le rond-point Berthelot, point de départ de toutes les traversées de la ville.

Carte état major (1860) image réactive second tracé.


Le rond-point Berthelot, point de départ de la traversée de Vienne période XVIIIe / XXe siècles.

En route –

Du rond-point Berthelot, comme pour la précédente traversée, empruntons à nouveau la rue Francisque Bonnier, mais cette fois-ci poursuivons là tout droit.



Vous y êtes ? La rue Druge est à gauche. Tout droit la route de Lyon, percée vers 1850
actuelle rue Francisque Bonnier.

La rue, parallèle à la rue Druge, est aujourd'hui dans la lignée du quartier d' Estressin, modeste, populaire, sans charme.
En bout de rue on passe sous le viaduc de la voie ferrée, nous sommes ici à l'aplomb de la porte Antique de Lyon, située plus haut rue Druge.
Nous retrouvons le bord du Rhône, qui depuis 1780 est aménagé en un large quai menant jusqu'à l'embouchure de la Gère que l'on franchit par le tout nouveau pont de la Demi-Lune.


Après le viaduc ferroviaire, la rue débouche sur le quai Pajot.

C'est en septembre 1766 que débutent les expropriations, pour cause d’utilité publique, des maisons et des immeubles à démolir pour la construction du futur quai du Rhône.
A l'époque c'est l'ingénieur en chef des Ponts et Chaussées Joseph Désiré GOY, ingénieur du Roy, qui en établit les plans, pour la partie adjugée entre la Porte de Lyon et la Gère.
Les travaux de voirie, commencés dès 1766, sont exécutés par Etienne BRUYAS, un des plus habiles entrepreneurs viennois de l’époque.
Les travaux, destinés à améliorer le trafic en bordure du fleuve, durent plus de 15 ans et perturbent la traversée de la ville de Vienne.

Ce n’est que le 1er mars 1790 que le certificat d’achèvement des travaux est délivré à l’entrepreneur par l’ingénieur en chef des Ponts et Chaussées du Dauphiné.
« Au nord de la rivière (de Gère) le problème de la circulation urbaine était résolu. Mais la deuxième partie du projet ne fut pas réalisée ».

Ce quai s’appelle alors « Quai Pajot » : il porte le nom de l’intendant du Dauphiné sous l’administration duquel il fut construit : Christophe PAJOT de MARCHEVAL (1761-1784).
En 1794, la municipalité lui donne le nom de « Quai du Rhône ».

En 1858, la partie Sud du quai, enfin construite de 1838 à 1840 (actuel quai Jean-Jaurès) devient le "Quai du Rhône".
La partie nord retrouve alors son nom d'origine de "Quai Pajot ". Vous suivez ?

Sources :

- Description et histoire des places et voies publiques des quartiers nord-ouest de Vienne » par Roger DUFROID dans le Bulletin des Amis de Vienne n° 82 – fascicules 3 et 4-1987 .
- https://www.histoire-genealogie.com/Clarice-Boissat-l-allemand-et-la-Cabale#nb9


Vienne 1840, Musée de Vienne. Nous sommes au niveau des Portes de Lyon. Image réactive.
On reconnaît à gauche, la rue Druge et la voûte de la Commanderie des Antonins.
La voie ferrée n'est pas encore apparue elle sera construite en 1854.

En contrebas, le quai du Rhône est aménagé, détournant ainsi la circulation de la rue Druge, vers les berges du fleuve.
On constate qu'après l'embouchure de la Gère, le quai n'est pas construit. Il ne le sera qu'au XXe siècle.


Le quai Pajot, vu du viaduc ferroviaire. Remarquez à l'époque l'étroitesse du quai. Image réactive même lieu actuel.


On reconnaît à droite le débouché de la rue de la Tuilerie (voir tracé intial). Image réactive

Au bout du quai Pajot, le Pont Neuf.


Le Pont Neuf, prenait appui sur les fortifications du quai Pajot (demi rotonde ou demi-lune visible à droite)
En arrière plan la Tour des Valois et l'église Ste Colombe. (à droite)


Sur cette gravure, nous sommes rive droite du Rhône, au pied de la Tour des Valois d'où l'on aperçoit le quai Pajot et le Pont Neuf à l'embouchure de la Gère.
Après le pont, la partie Sud du quai n'est pas encore construite.

Ce beau pont en pierre, dont la seule arche était d'une grande hardiesse, reliait le Quai Pajot à la place du jeu de Paume, au confluent de la Gère et du Rhône.
Il avait été construit, comme le Quai Pajot par Etienne Bruyas père, sur les dessins de son fils Jean-Jacques qui achevait alors à Paris ses études en architecture.

Pourtant baptisé « Pont Neuf », il ne fut connu des Viennois que sous le nom de « Pont de la Demi-Lune », du nom du bastion qui terminait le Quai Pajot et sur lequel ce pont prenait appui.
Elargi en même temps que les quais du Rhône, en 1934, le Pont Neuf disparut avec ceux-ci lors de la création de la voie express.


Le Pont de la Demi-Lune ou Pont Neuf, à l'embouchure de la Gère. Image réactive.
Aujourd'hui, l'embouchure de la Gère est totalement recouverte,
Seuls repères subsistants aujourd'hui : la Tour des Valois et le clocher de l'église Ste Colombe.

Au XVIIIe siècle, le quai s'arrête à l'embouchure de la Gère. Sur l'autre rive, le quai n'est pas construit.
Les édiles préfèrent faciliter la circulation à travers le vieux centre urbain, évitant ainsi de le priver de son rôle économique au profit d'une nouvelle artère le long du Rhône.
Le plan prévoit ainsi de porter à 18 pieds (environ 6 mètres) la largeur des principales rues, ce qui fut fait pour la rue Marchande, que nous avons déjà parcourue lors de la précédente traversée.
Dans le même temps, les rues reçurent leur premier éclairage.
Passé la rivière Gère, le trajet se poursuivait par la place du Jeu de Paume puis la rue de Bourgogne, sœur jumelle et artère parallèle à la rue Marchande que nous avons parcourue précédemment.


La place du Jeu de Paume vers 1910. Image réactive.
Le quai du Rhône, ici à droite, ne sera construit qu'en 1840.
La Route de Provence est donc celle qui passe à gauche de la fontaine, et s'engouffre dans la rue de Bourgogne.

La Place du Jeu de Paume doit son nom à une salle toute proche réservée au jeu de paume, l’ancêtre du tennis.
C’est dans cette salle, aujourd’hui disparue, qu’a sans doute joué Molière lors de son passage à Vienne à l’invitation de son ami l’académicien Pierre de Boissat.

L'étroite rue de Bourgogne n'est aujourd'hui pas bien réjouissante.
Commerces fermés, rue déserte.. on remarque tout de même quelques anciens immeubles qui ne demandent qu'à être restaurés.


La Rue de Bourgogne. Image réactive.

La rue de Bourgogne débouche sur la Place St Maurice au pied de la cathédrale.


La Place de la cathédrale St Maurice. La N7 / rue de Bourgogne passe au pied des escaliers. Image réactive.

On passe devant la cathédrale St Maurice, établie sur ce site dès le IVe siècle, mais reconstruite en 1130 dans un style Roman.
C'est en cette Cathédrale que se déroule, d'octobre 1311 à avril 1312, le Concile de Vienne convoqué par le pape Clément V.
C'est lors de ce concile que fut ordonné la suppression de l'ordre des Templiers.

Pour en savoir plus :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Cathédrale_Saint-Maurice_de_Vienne

Après la cathédrale, voici la rue Boson, du nom du roi de Bourgogne et de Provence en l'an 879.
Pas grand chose à voir ici , la rue auourd'hui est semblable à la rue de Bourgogne en un peu plus commerçante tout de même.


L'entrée de la rue Boson devant la cathédrale. Image réactive.

La rue Boson débouche Cours Brillier, qui reprend le tracé des anciennes fortifications de la ville.
C'est ici que se trouvait la porte d'Avignon. Après nous étions hors la ville, extra-muros.
On quitte la partie du centre ancien, pour retrouver une époque beaucoup plus contemporaine.

 


Le large Cours Brillier reprend le tracé des anciens remparts de la ville fortifiée.
La route de Provence se poursuivait en face entre les immeubles.

Traversons le Cours Brillier, et poursuivons Cours de Verdun, numéroté à présent D1007.
La rue s'élargit, nous sommes maintenant dans la zone qui était située "extra-muros" de l'époque gallo-romaine.


La RN7, Cours de Verdun. Image réactive.

Si vous êtes un tantinet observateur, sur la fin du cours de Verdun , vous n'aurez pas manqué de remarquer que de nombreux commerces utilisent le nom de Pyramide sur leur devanture :
Café de la Pyramide, épicerie La Pyramide, Pyramide coiffure, Pyramide auto, Agence de la Pyramide....
Le Bar de la Pyramide utilise même une réplique en miniature de cette fameuse pyramide en guise d'enseigne.

 

La dite Pyramide ne tarde d'ailleurs pas à surgir sur notre droite, à l'angle de la rue Fernand Point.
Une fine aiguille de pierre, monument romain daté du IIe siècle.


A l'angle de la D1007 / RN7 et de la rue Fernand Point, la pyramide de Vienne.

Le cirque romain de Vienne est un ancien monument romain, construit à la fin du IIe siècle.
Seul reste visible aujourd'hui un vestige unique en son genre, couramment appelé pyramide de Vienne, et localement simplement « la Pyramide » ou « la Tombe de Pilate ».
C'est le seul monument antique de style égyptien resté debout en France.

La pyramide de Vienne fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 22 mars 1852.

Les cirques Romains servaient pour les courses de chars : ceux-ci évoluaient autour d'une longue arête centrale (la spina).


Le cirque Romain de Vienne et son arrête centrale la Spina sur laquelle en son milieu se dressait la Pyramide.

Sources : http://www.maquetland.com/article-phototheque/9161-isere-vienne-cirque-romain-maquette

Pour en savoir plus :

http://www.culture.gouv.fr/culture/arcnat/vienne/fr/cirque2.htm

https://fr.wikipedia.org/wiki/Cirque_romain_de_Vienne


Dans la rue de la Pyramide, de belles automobiles stationnent devant le restaurant étoilé tenu par l'emblématique Fernand Point.

Juste un dernier mot concernant la Pyramide...
Vous trouverez dans la rue Fernand Point, le célèbre restaurant de la Pyramide, une institution gastronomique à quelques mètres de la N7, et ce depuis la fin du XIXème siècle.
C'est Fernand Point, grand chef de la gastronomie française et père de la cuisine nouvelle, qui dirige de 1925 à 1955 ce célèbre restaurant gastronomique.
Fernand Point est également le premier chef à obtenir 3 étoiles au guide michelin en 1933, étoiles qu'il conservera jusqu'en 1955.

Aujourd'hui la maison Henriroux à repris l'affaire en main et fait perdurer la tradition.

http://www.lapyramide.com/

On poursuit par la longue, très longue avenue du Général Leclerc / D 1007, ex route d'Avignon, faubourg de sortie de ville.


Réclame peinte pour Forvil, aujourd'hui disparue


Tiens ! Et s'y on s'achetait une ou deux boîtes de pâté et de Jambon Olida pour le pique-nique du midi ? Image réactive.
Photo gros plan Claude.K 2016

Après les concessions automobiles et le stade Jean-Etcheberry qui accueille notamment les rencontres à domicile du CS Vienne rugby, la route passe sous la voie ferrée.
Nous voici à la sortie de Vienne, même si aucun panneau ne nous l'indique.


Le Reventel à la sortie de Vienne.


Le Relais, un établissement familial typique de ce que l'on trouvait en bordure de route durant les années 60 / 70. Image réactive.
On s'y arrêtait pour y passer la nuit entre deux étapes, ou simplement pour s'y rafraîchir le temps d'une pause, à la terrasse ombragée.

Après l'ancien "Hôtel du Relais", aujourd'hui "Le Reventel", notre route rejoint la dernière mouture de la Nationale 7.


Notre second tracé (flèches vertes) D1007 fusionne avec l'actuelle RN7 (flèches rouges)

Ici prend fin la seconde traversée de la ville de Vienne, couvrant la période du XVIIIe au XXe siècle.



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