ETAPE 13 : du Logis Neuf (600 km) à Mondragon (650 km)

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Nous voici devant la porte St Martin.


Le bout de l'avenue St Martin, et la porte du même nom. Hier et aujourd'hui. Image réactive

La Porte Saint Martin fut réédifiée entre 1762 et 1763, d'après les plans de M. Paulmier de la Tour, pour la placer dans l'axe de la nouvelle Grand' Route et lui donner de plus amples proportions.
Elle est l'ultime témoignage des anciennes portes à l'époque où Montélimar était encore ceinturée de remparts.
Bâtie en pierres de taille de Cruas et de Puygiron, on peut voir dans sa partie supérieure une décoration composée de feuilles de chênes et feuilles de palmiers avec au centre un cartouche autrefois chargé des armes du dauphin.
Les deux guichets (portes de part et d'autre) furent ajoutés à la construction d'origine dans les années 1849-50.

Sources : Plaquette de présentation ville de Montélimar et Le Tricastin. Histoire, arts, littératures, tourisme. 1929


La RN 7 n'entre pas dans la vieille ville, nous resterons donc devant la Porte St Martin.

Les vielles Auberges de Montélimar Intra-Muros.

Nous l'avons vu précédemment (voir chapitre La Coucourde), de 1754 à 1757, on s'employa dans la région Montilienne, à l'élargissement et à l'aménagement de la chaussée de la Grand' Route.
Les Routes Royales, désormais plus aisément praticables, ouvrant des débouchés plus faciles, allaient contribuer largement au mouvement ascensionnel des transactions. Les transports par terre iront s’amplifiant, marquant le début d'une époque prospère pour le roulage.

Mais lors des siècles précédents, tant que demeura fort précaire la sécurité dans les campagnes sans cesse parcourues par des troupes de gens d'armes, pillards de métier, et par surcroît infestées de brigands, les charretiers durent s'astreindre à ne circuler que de jour et prudemment s'arranger pour venir héberger dans les villes ou bourgs, à l’abri des hauts remparts.

La lenteur des voyages, accrue encore du fait du pitoyable état des chemins semés de profondes ornières et transformés dans maints endroits en vraies fondrières, nous explique le nombre impressionnant des hôtels et logis que l'on trouve mentionnés dans les vieux documents municipaux.

A Montélimar, à la fin du XVIIe siècle, pour une population d'environ 5.000 âmes, on compte 22 hôteliers « logeant à pied et à cheval » dont les établissements agrémentés de pittoresques enseignes parlantes, grinçant au vent à l'extrémité des potences en fer forgé, arboraient les uns des noms aristocratiques : l'Empereur, les Trois fleurs de lys, le Dauphin couronné ; d'autres des noms simplement harmonieux et poétiques : le Collier d'Or, le Lion d'Or, le Chariot d'Or, la Croix d'Or, le Soleil, le Cheval blanc, la Licorne ; d'autres enfin des vocables plus suggestifs, plus populaires : le Cerf, le Lièvre ; le Mouton, le Bœuf, le Poulet, les Trois Pigeons, la Pomme, le Chapeau Rouge, le Faucon, le Petit Paris.

En outre, nombreux étaient les cabarets et tavernes où l'on ne logeait qu'à pied, tel le joyeux cabaret qui a laissé son nom à la rue des Quatre Alliances, dont l'enseigne alléchante promettait aux clients les quatre « liances » (liesses) recherchées par la foule des humains : le bon via, le bon souper, le bon gîte.... et le reste !

Source et extraits Le Tricastin. Histoire, arts, littératures, tourisme. 1929

Il est temps pour nous de survoler l'histoire de Montélimar, mais plutôt que l'histoire pure et dure, suivons plutôt l'évolution de la physionomie de la ville à travers les siècles :


D
ès l'antiquité, on note une occupation Ligure sur les coteaux de Géry puis au IVe siècle avant J.-C, la fondation par les Celtes de la bourgade d'Acunum, du gaulois Acauno. Ce toponyme signifie le Rocher.
Effectivement la ville est tout d'abord installée en partie sur l'oppidum de Géry près d'un gué au confluent du Roubion et du Jabron et de l'autre côté sur l'extrémité de la crête de Narbonne.

En 27 avant J.-C., le général Agrippa lance son programme routier d'envergure. L'artère de la vallée du Rhône (rive gauche) est prioritaire.
Cette route (La via Agrippa) impose le schéma directeur de la ville qui se substitue à l'oppidum de Géry (la rue Pierre-Julien prolongement de la porte St Martin, n'est pas la voie Agrippa; celle ci passait plus à l'est).

Acunum ne paraît pas avoir eu de droit de rempart à cette époque bien qu'elle ne fut pas qu'un simple village.
L'agglomération alimentée par 3 aqueducs, se développa autour d'un forum, d'une basilique, d'établissements thermaux et d'un un relais situé un peu en retrait de la ville, assurant la traversée du Roubion.
Au-delà de l'agglomération, s'étendait une "campagne urbanisée".
Quant à l'oppidum de Géry, déserté vers 25 avant J.-C., il accueillit une vaste nécropole à incinération.

Après les invasions du IIIe siècle, les villes édifièrent de puissantes murailles.
A Montélimar, la ville close se limitait, vraisemblablement, au forum et aux quartiers s'appuyant à l'escarpement de Narbonne au sommet duquel une tour à signaux fut érigée qui est à l'origine soit du château des Adhémar, soit de la tour de Narbonne.

A la fin du IVe siècle apparaît le christianisme triomphant; c'est à cette époque que les églises remplacent les temples Romains.

Au Ve siècle, Acunum est passée sous contrôle Burgonde. Les habitants de l'époque se réfugient sur l'éperon de Narbonne, les autres s'enfuient; la ville redevient village.
Puis Acunum est incluse dans la Provence Franque (536-751).
Sous l'empire carolingien, Acunum se développe à nouveau.
Au moment où Charlemagne restaure l'empire, le bourg représente le dixième du Montélimar intra-muros d'aujourd'hui et il commande un vaste territoire totalisant plus de 3 000 hectares.

Entre Bourgogne et Provence, le XIe siècle fut marqué par l'éclosion de petites principautés, de baronnies et de châtellenies.

Dès le début du XIIe siècle, Les Adhémar, comptent parmi les familles qui eurent un rôle politique important dans la région.
Ils installent leur principal château sur la hauteur du Monteil, afin de fonder un nouveau bourg autour de cette résidence dite du "Du Monteil".
Dès le milieu du XIIe siècle, la cité des Adhémar est désignée sous le nom de "Monteil des Aimar". (Montélimar)

A la fin du XIIe siècle , la ville est close ; Des taxes sont levées afin d'entretenir les fortifications et des hommes d'armes sont affectés à la défense.
Le bourg est organisé selon deux axes principaux : la "Grande Rue" et l'artère est-ouest qui joint les deux châteaux des Adhémar. La population atteint 2 000 habitants aux alentours des années 1300.

Le XIVe siècle voit le déclin des Adhémar et la peste de 1348. Le recul démographique (1050 habitants en 1360) explique que la trame urbaine n'a guère évolué.
Le nouveau réseau de remparts se met progressivement en place. Il englobe les maisons, cours, jardins mais aussi vignes et vergers.
La partie fortifiée représente alors une superficie de 31 ha. L'essentiel des remparts est achevé en 1400.
La favorite du roi Henri II, Diane de Poitiers s’installe à Montélimar en 1549.
La richissime duchesse se fit bâtir une belle demeure familiale aujourd’hui appelée Maison Diane de Poitiers et qui reste l’un des anciens vestiges phares de l'histoire montilienne.

L'aspect de la ville au milieu du XVe siècle est celui d'une cité murée, protégée par des fossés depuis la porte St-Martin à la porte d'Aygu.
Les constructions ne sont pas toujours contiguës, il n'y a aucun souci d'alignement des façades, les habitations sont simples et de petites dimensions.

Au XVIe s. les guerres de religion entraînent une modification de la topologie de la ville haute. Le château de Narbonne fait place à une citadelle.

La distribution médiévale servira de base aux constructeurs de la renaissance et de la période moderne (XVII et XVIIIe siècle).
Les réseaux de voies principales et secondaires d'aujourd'hui sont, pour l'essentiel ceux définis au XIIIe s.

Il faut attendre la fin du XVIIe siècle pour que l'image de la ville change, "à la ville murée, succède l'idée d'une ville ouverte sur l'extérieur".

En 1730, le casernement des soldats à l'extérieur de la ville (caserne St Martin), ruine progressivement les remparts; Ils sont totalement démantelés vers 1840, transformés en boulevard (il ne reste que les portes de St-Martin et d'Aygu).

Au XVIIIe siècle, c'est également le triomphe de la ligne droite que mettent en relief les ordonnances municipales d'alignement des maisons rénovés ou reconstruites, certaines rues sont progressivement élargies.

Sous la gestion d'Emile Loubet, la ville s'enrichit de nouvelles réalisations (Hôtel de Ville, halle aux grains, théâtre, hôtel des postes, amélioration des rues et boulevards).
Le chemin de fer arrive en1854, avec la création de la gare de Montélimar, alors desservie par les trains de la ligne PLM

Le dernier fait d'arme remonte à la bataille de Montélimar lors de la Seconde Guerre mondiale, qui eut lieu du 21 au 28 août 1944.

Sources et extraits :

https://www.ass-patrimoine-montilien.fr
Wikipédia
http://www.montelimar.fr
PLU de Montélimar, rapport de présentation 2005


Place St Martin

En route -

Le tracé de la N7 ne traversant plus la vieille ville depuis la destruction des enceintes, passons simplement devant la Porte St Martin et poursuivons par la montée Saint-Martin, qui pour nous est plutôt une descente, nous menant jusqu'aux Allées Provençales.
Les Allées Provençales sont en fait une enfilade de boulevards qui suivent le chemin de ronde des anciens remparts détruits en 1840.
Les Allées, forment aujourd'hui un axe de promenade renouant avec la tradition Provençale des cours ombragés de platanes, redonnant de l'espace aux piétons et conférant à la ville son rôle d'étape dans le but de faire venir les estivants qui empruntent désormais l’autoroute du sud, ou la déviation de la N7.


Une certaine douceur de vivre le long des allées Provençales réhabilitées au début des années 1990.


Si jusqu'en 1967 le transit saisonnier participe grandement à l'encombrement des rues, il apporte cependant à la ville un essor commercial important.

Après la mise en service de l'Autoroute A7, la route nationale déclassée en route départementale est laissée à l'état d'axe routier .
Ses aménagements jusqu'alors plus adaptés à l'écoulement d'un trafic de transit empêchent le développement d'une vie piétonne et maintiennent dans son isolement un centre par ailleurs étroit .
Le passage moins fréquent des touristes à Montélimar entraîne aussi le déclin des activités riveraines.

A partir des années 1990, des travaux d'aménagement débutent.
L'ancienne route nationale qui longeait auparavant les façades du centre est déplacée d'environ une dizaine de mètres, la largeur des voies est réduite et l'emprise des anciennes voies récupérée pour aménager des zones piétonnes agrémentées de terrasses.


Avant la transformation des allées Provençales,
la nationale 7 passait aux pieds des immeubles de boulevard.


Après les travaux, les voies de transit se sont décalées, laissant place à une esplanade.

L'éloignement des voies de circulation par rapport aux façades et la création des terrasses ont transformé les fonctions et l'image de l'ancienne nationale.
De ce fait, les Allées Provençales sont devenues le support d'une vie particulièrement intense.

Sources, extraits et photo noir et blanc :
Josianne Laville, Virginie Piquet-Michot CETE de Lyon Département Etudes Urbaines
38081 L'Isle d'Abeau cedex
Jacques Banderier CERTU Département Urbanisme
69456 Lyon Cedex 06

Un aperçu video des Allées Provençales : https://youtu.be/kFjNfJuQCss

En route -

Après cet exposé théorique passons à la réalité.

Le boulevard Aristide Briand.

Bon, l'extension des trottoirs et la réduction de la chaussée ne gêne pas trop la circulation, puisqu'en matière de trafic routier, nous sommes loin des embouteillages d'antan.
Le quartier bien qu'agréable semble tout de même un peu mort.
Enfilade de terrasses de cafés, de cuisines du monde, de pubs à la mode Anglaise et de sandwicheries. Où sont passées les boutiques de nougats ?


Même lieu, Boulevard Aristide Briand. Image réactive.
Aujourd'hui l'ancienne boutique se situe à l'emplacement de la pizzeria le N7

Boulevard Desmarais.

On arrive Boulevard Desmarais, où défilent Kebabs, pizzerias, crêperies ( que ces enseignes ne vous induisent pas en erreur, nous sommes toujours allées Provençales ) salons de thés, et quelques artisans nougatiers perdus au milieu des agences bancaires.


Boulevard Desmarais, une ambiance assez classe, même si à l'époque la nationale 7 passe aux pieds des immeubles. Image réactive.
Même lieu aujourd'hui. Les trottoirs se sont élargis, la route s'est décalée, mais impossible de retrouver l'ambiance d'antan.

L'avenue du général de Gaulle annonce la fin des allées touristiques.
Sur la place, un bassin et le théâtre de la ville, construit sous l'administration d' Emile Loubet, fermé depuis plus de 10 ans pour réfection extérieure et intérieure. Ouverture prochaine prévue fin 2019.


Le théâtre de la ville

Une fois passé les boulevards provençaux voici la renommée Place Marx Dormoy, anciennement place d'Aygu.
Diamétralement opposée à la porte St Martin, la place situe l'accès sud de la vieille ville.
Ici plus de porte monumentale, mais une étroite ruelle, anciennement la Grand'rue (Aygu signifie étroit), qui s'engouffre dans l'ancienne cité, autrefois ceinte de remparts.


Formidable ambiance de quartier vue sur la place D'Aygu, depuis l'avenue d'Aygu*. Image réactive.
La ruelle en face est l'ancienne Grand'rue aujourd'hui la rue Pierre Julien.
Au fond à gauche L'avenue Charles de Gaulles*, à droite la place d'Aygu*. (* tracé de la n7)

La place Marx Dormoy est une place plutôt populaire où se mêlaient jadis, boutiques de nougats, bistrots de quartier, terrasses de cafés, Hôtels-restaurants, garages automobiles et stations-service et, presque au centre, attirant tous les regards, le fameux relais de l'Empereur.

Bien entendu, ça c'était à l'époque des grandes heures de la nationale 7.
Voyons ce qu'il en reste aujourd'hui :
Les terrasses des établissements de restauration sont toujours présentes, même si les cafés sont devenus des pubs, et les restaurants de simples brasseries.
Les Nougatiers ont par contre complètement désertés la place, remplacés par des agences immobilières ou des boutiques de rachat d'or.
Le garage station-service a également disparu, son bâtiment à la façade art-déco abrite désormais une solderie moins glamour.
Même sort pour le bâtiment de la concession Citroën devenue Simca dans lequel s'est installée une agence d'assurance.


Un avant / après de la place Marx Dormoy. Image réactive.

Reste le relais de l'Empereur, qui lui aussi a définitivement fermé ses portes le 10 septembre 2009.
Et comme si cela ne suffisait pas, ce relais pour le moins historique est aujourd'hui menacé de complète destruction suite à l'incendie survenu le 27 juillet 2017, ravageant l'intégralité de sa toiture et de ses planchers.


Photo le Dauphiné


L’incendie s’est déclaré lundi 24 juillet 2017 avant minuit.
La fumée émanant des toits est l’élément qui aurait permis de donner l’alerte.
C’est à 00h05 que les sapeurs-pompiers de Montélimar interviennent sur les lieux, pour de la fumée, laquelle a occasionné une gêne des habitants se trouvant à proximité du Relais.
Sur place, les pompiers découvrent que la toiture s'est déjà effondrée. http://www.e-tribune.fr

Pour comprendre toute l'importance du relais Montilien, une remontée dans le temps s'impose :


Dès 1758, Jean-Pierre Chabaud, muni d'un brevet de maître de poste, fait édifier au sud de la ville des écuries et des remises puis une auberge à l'enseigne du «Palais Royal».
Celle-ci est construite au départ du «Grand chemin» menant vers Orange, qui se calque sur l'ancienne voie romaine, à proximité du gué que traversaient les malles-poste et les diligences sur la rivière Roubion. Une dizaine d'années plus tard, le maître de poste Chabaud rachète à un certain Rigaud de l'Isle, bourgeois de la ville de Crest, un ensemble de parcelles qui lui permet d'édifier un nouveau bâtiment, celui que l'on connaît aujourd'hui, dont la façade curviligne domine la place Marx Dormoy (ancienne Place d'Aygu).
Vers 1774, l'auberge-relais prend le nom de «Auberge de Monsieur» en souvenir du passage, au printemps de l'année 1777, de Louis-Stanislas-Xavier de France, comte de Provence, frère cadet du roi Louis XVI.
A la Révolution, L'Auberge de Monsieur devient l' «Hôtel de la Poste», nom qu'il conservera jusqu'en 1930.

C’est sous le Premier Empire que le relais connaît son hôte le plus célèbre. En effet, si tous les séjours supposés de Napoléon Bonaparte ne sont pas également avérés, plusieurs témoignages concordants indiquent qu’il passa par l’auberge au moins le 10 mai 1795, en route pour Paris ; il repassa par Montélimar en 1814, sur la route de l’île d’Elbe, mais il n’est pas certain qu’il se soit arrêté à l’auberge.

En 1928, la veuve du dernier des Chabaud revend l’hôtel – alors « Grand hôtel de la Poste » – à Jean de Mouzelin, qui exploite la légende napoléonienne et les débuts du tourisme bonapartiste. Rebaptisé en 1930 « Relais de l’Empereur », l’édifice est agrémenté d’un portail monumental orné d’aigles impériales.

En juillet 1941, le Relais de l’Empereur est le cadre du meurtre de Max Dormoy, ancien ministre de Léon Blum, assassiné par une bombe placée sous son lit dans l’hôtel où il avait été assigné à résidence.

En 1950, l’hôtel est repris par Francis Latry, ancien chef du Savoy de Londres, qui en fait une étape obligée pour la bonne société qui emprunte la Nationale 7.
L’hôtel est remeublé à l’aide de souvenirs napoléoniens, comme en témoignent des photographies du temps.
De nombreuses personnalités politiques, mais également des artistes, des acteurs ou des sportifs aiment y faire étape.

Le livre d’or de l’hôtel porte les signatures de Winston Churchill, du général De Gaulle, de l’Aga Khan, de Maurice Chevalier, de Charlie Chaplin ou de Sacha Guitry, entre autres célébrités.
Depuis le décès de Roger Latry, fils de Francis, en 2008, l’hôtel est laissé à l’abandon.

La demande de protection au titre des monuments historiques déposée en 2012 n'a pas abouti, la commission prétextant sans doute à raison, que l’édifice actuellement visible, très remanié au cours du temps, sans vestiges majeurs, amputé de ses espaces d’écuries et d’entrepôts, n’est que le vestige d’une partie du relais de poste originel.

Quant au souvenir de Napoléon, il est établi maintenant qu’il s’agit d’une reconstruction mémorielle du début du XXe siècle, échafaudée sur des bases peu sûres.

Adaptation texte Carl - Source et extraits : Patrimoines protégés en Rhône-Alpes n°1 - édition 2015.
Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) de Rhône-Alpes Conservation régionale des monuments historiques
http://www.montelimar-news.fr/article/qu-en-est-il-du relais-de-l-empereur-a-montelimar --publie-le-4-Juillet-2017/1/8149.html

Voila pour ce pan de l'histoire Napoléonienne.
Mais nous n'en avons pas encore terminé avec le Relais de l'Empereur.
Si la place actuelle se nomme place Marx Dormoy, et non plus Place d'Aygu, c'est dû à un événement historico-politique survenu au Relais en juillet 1941.

 

Dans la nuit du 25 au 26 juillet 1941, l’hôtel Relais de l’Empereur, à Montélimar, est soudain réveillé par une explosion provenant d’une chambre du premier étage.
Celle de l’ancien ministre de l’Intérieur du Front populaire, Marx Dormoy.

Arrêté en septembre 1940, placé en résidence surveillée à Pellevoisin, puis à Vals les Bains avant d’être transféré à Montélimar, Marx Dormoy, l’ancien Ministre de l’Intérieur du gouvernement de Léon Blum avait quelques ennemis coriaces : La Cagoule d’abord, un groupe d’extrême-droite qu’il avait fait interdire en novembre 1937, et Jacques Doriot, fondateur du Parti Populaire Français, qu’il avait fait révoquer de sa fonction de maire de Saint Denis le 25 mai de la même année, et qui, le 10 juillet 1940 lui lançait un menaçant "Nous aurons ta peau, tu entends, Dormoy ?"
Ca ne tardera pas.

Le relais de l’Empereur, prison dorée, prison mortelle.

C’est au deuxième étage du Relais de l’Empereur que Marx Dormoy logeait. Il prenait ses repas au restaurant, toujours à la même table, celle du fond, dos contre le mur pour ne pas subir le sort de Jean Jaurès, assassiné au café du Croissant d’une balle dans le dos par Raoul Villain en 1914.
Le Relais était un lieu où il avait été placé sous un régime surveillé un peu moins strict que lors de ses précédents internements à Pellevoisin et Vals les Bains.
Il pouvait en effet prendre ses repas hors de sa chambre, sortir dans la ville sans être surveillé de près, et avait même pu aller visiter le château de Grignan avec sa sœur le lundi de Pentecôte.

Une demi-mondaine militante.

Les circonstances de l’assassinat restent sujettes à caution dans cette période trouble de l’histoire au cours de laquelle les coupables présumés ont été arrêtés, puis relâchés.
Mais les spécialistes s’accordent pour souligner le rôle joué par une ancienne actrice connue sous le nom de scène d’Anie Morène.
Pour les uns, Anne Mouraille (son vrai nom) était une poule de luxe, alors que d’autres soulignent qu’elle militait dans des groupuscules nationalistes.
Elle aurait, sous le pseudonyme de Florence Gérodias, au mieux servi de complice pour détourner l’attention de la future victime, au pire déposé la bombe qui allait déchiqueter Marx Dormoy dans son lit.
Sa complicité avec l’instigateur du crime, Yves Moynier (qu’elle épousera en août 1943) est rapidement prouvée. Ludovic Guichard serait le troisième personnage impliqué.

On a perdu la trace d Anne/Anie/Florence après son passage par Bruxelles en 1944, puis l’Espagne à partir de 1945, où il se dit qu’elle aurait continué à « faire du renseignement » avant de partir terminer sa vie avec son mari au Vénézuela, à Juangriego, où le couple tenait un restaurant, le Sotavento . Elle y serait décédée en 1984, mère de deux garçons dont l’un aurait fait le choix de revenir en France.

Depuis cet attentat, la place d'Aygu a été rebaptisée place Marx Dormoy

Extraits :

http://www.montelimar-news.fr/article/76-ans-aujourd’hui:-l’assassinat-de-marx-dormoy-au-relais-de-l’empereur-publie-le-26-Juillet-2017/1/8250.html

https://vudubourbonnais.wordpress.com/2017/06/15/annie-mouraille-du-theatre-et-de-lecriture-a-lassassinat-de-marx-dormoy/

Rendez-vous nationale 7 : Montélimar le 5 septembre 1826

A cinq heures du soir nous sommes arrivés à Montélimar.
L'hôtel du Palais Royal nous a reçu avec tout notre équipage.
Quoi qu'il en soit , cette ville est ancienne comme toutes celles du midi, et des rues sales et étroites en rendent l'aspect désagréable.


Si la grande route ne la traversait sur toute sa largeur, deux voitures ne pourraient passer de front nulle part.
Nous avons trouvé un bon souper au Palais Royal, des chambres qui ont une sorte d'élégance, et des lits d'une extrême propreté.

Ils sont un peu fermes, mais il est des circonstances où on aime assez cela.

Extrait du : Voyage dans le midi de la France Mr Pigault Lebrun 1827.

 


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Rendez-Vous Nationale 7 @2018 - 2019