ETAPE 14 : de Mondragon à Bonpas

02 /05
← Orange - Courthézon →


On franchit le pont sur L'Aigue, un affluent du Rhône, parfois orthographié Eygues, et dont l’étymologie provient du latin aqua qui veut dire eau.

Orange Km 0661

Le panneau à l'entrée de la ville nous signale que la commune est opposée aux OGM.
Effet d'annonce comme certains le dénoncent, ou réalité ?

Ne nous attardons pas plus sur ce sujet polémique...

La ville d' Orange n'est pas déviée.
En cela, la route nationale 7 traverse toujours le centre ville.


Garage abandonné à l'entrée d'Orange.

La question de la traversée du centre-ville d'Orange a longtemps posé problème car l'itinéraire actuel emprunte le tracé d'une antique voie romaine certes rectiligne, mais étroite et inadaptée à un trafic intense.
Initialement, il y eu bien un projet de déviation de la route nationale, mais une fois construit au début des années 1960, celui-ci s'est vite retrouvé intégré à l'autoroute A7 afin d'accélérer la réalisation de cette autoroute magistrale.
La section d'autoroute contournant la ville a été mise en service le 17 décembre 1964 section dès lors devenue à péage, puisque autoroutière.

Longtemps, l'accès à la ville depuis l'autoroute n'a été possible que depuis l'échangeur d'Orange-centre (sortie n°21), le seul entre Avignon et Bollène.
Cette situation n'est pas sans poser de problèmes aux transporteurs locaux dans la mesure où la traversée d'Orange leur est interdite.

Afin d'améliorer la situation, une nouvelle déviation de la RN7 est projetée depuis plusieurs décennies.
Son tracé passera par l'Est de l'agglomération, de façon symétrique à l'autoroute.

Elle offrira une chaussée à 2x2 voies et de nombreux carrefours giratoires assureront le rétablissement des échanges.
On estime la réalisation de la première phase vers 2022, et l'on espère la réalisation de la seconde phase avant 2030.

Source : Wiki Sara rocades Françaises.


Ça c'était avant le ravalement de façade. Aujourd'hui il n'y a plus rien.


Quoi qu'il en soit, en attendant 2030, profitons encore un peu de l'antique tracé Romain.
D'ailleurs, question Romain, nous devrions en avoir pour notre compte tellement Orange regorge de merveilles antiques, dont certaines classées à l'UNESCO.
Beaucoup de ces trésors sont encore visibles aujourd’hui, mais tous ne se trouvent pas le long de notre itinéraire, jugez plutôt :
Un Théâtre Antique, un Arc-de-Triomphe, des vestiges des temples de la colline et l’hémicycle, des vestiges du mur d’enceinte (tours) de l’aqueduc ainsi que le mur ouest du forum....

En route -

On entre dans la ville par les quartiers nord, zone urbaine aux supérettes discounts et aux logements sociaux des années 1970, une zone classée sensible.. mais pas par l'Unesco.
Quartiers nord que l'on quitte assez vite pour aborder des faubourgs plus populaires, plus désuets aussi.

A hauteur du stade, en levant les yeux, une publicité pour les batteries Clemco.


Une publicité, typiquement locale. Image réactive.

La société des Accumulateurs Clément était une entreprise française qui a exploité de1948 à 2005 une fonderie de plomb et un atelier de montage de batteries, au lieu-dit «La Fabrique» à Piolenc dans le Vaucluse.
Les batteries étaient produites entièrement dans l’entreprise : de la fonte du plomb pour faire les éléments, à l’assemblage de la batterie dans les bacs, jusqu’aux vérifications et la charge des accumulateurs.
Cette entreprise vendait ses produits sous le label "Clemco".
L'entreprise cessa ses activités fin 2005.

Pour lire l'article complet : https://fr.wikipedia.org/wiki/Accumulateurs_Clément


Aujourd'hui, je ne peux pas... j'ai piscine ! L'Oasis fermée depuis très longtemps...


Les grandes heures du camping et de la piscine de l'Oasis, sans doute vers les années 1950.

Nous sommes maintenant sur l'exact tracé de la voie Romaine, perspective reconnaissable à sa longue ligne droite au bout de laquelle on devine, plus que l'on ne le distingue, l'arc de Triomphe.


A proximité de l'Arc de Triomphe, une ancienne station services, transformée en boulangerie. Image réactive.

Retracer l'histoire de la ville d'Orange par le menu détail occuperait le volume complet d'une bonne encyclopédie.
Je vous laisse donc le soin d'aller mener vos recherches par vous même, afin d'assouvir votre insatiable soif de savoir.

Sachez toutefois que le site d'Orange, aux origines, était occupé par une tribu Gauloise, les Tricastini, membres de la confédération des Cavares.
En 105 avant notre ère, à une date correspondant au 6 octobre, eut lieu la bataille d'Orange.
Les Teutons, alliés aux Cimbres, aux Ambrons et aux Helvètes écrasèrent les légions romaines du consul Gnaeus Mallius Maximus et de Quintus Servilius Caepio devant Arausio.

La cité d'Arausio, nom latin d'Orange qui signifie hauteur, fut fondée en 35 avant notre ère par les vétérans de la deuxième légion gallique Romaine sous le nom de Colonia Julia Secundanorum Arausio.
La cité fut influencée par la culture gallo-romaine et l'on vit s'élever de grands monuments tels que le théâtre antique et l'arc de triomphe, l'un des mieux conservés au monde.

La ville était entourée d'une enceinte longue de 3,5 km qui englobait environ 70 hectares.
L'an 20 avant notre ère, verra la construction de l’arc de triomphe d’Orange situé alors à 80 mètres en avant des fortifications de la cité.

Au Moyen Âge, la ville devient la capitale de la principauté d'Orange et le restera jusqu'à son annexion par la France, officialisée dans les traités d'Utrecht en 1713.

Le plus fameux des princes d'Orange fut Guillaume Ier de Nassau, dit le Taciturne.
Au XVIe siècle, lors des guerres de religion, il s'allia avec les protestants français lorsqu'il prit la tête du soulèvement des Grands Pays-Bas (qui englobaient la Hollande, la Belgique et une partie du Nord de la France, dont l'Artois et la Flandre romane) contre Philippe II d'Espagne, qui voulait restreindre les droits acquis par les vieilles chartes pour mieux combattre le protestantisme.

Le titre de princesse d'Orange est actuellement porté par la princesse héritière Catharina-Amalia des Pays-Bas, de la maison d'Orange-Nassau.
Ce qui explique pourquoi la couleur orange est toujours aujourd'hui la couleur officielle des Pays Bas, portée, entre autres, par les équipes sportives et les supporters.

En route -

Et voici donc le monument considéré comme le plus emblématique de la route nationale 7 : L'Arc de Triomphe d'Orange.

Parisiens, vous allez être déçus, car les proportions du monument sont loin d'approcher celles de l'Arc de Triomphe de la place de l' Étoile.
Il s'agit pourtant du 3e plus grand arc Romain conservés, après celui de Constantin et de Septime-Sévère tous deux situés à Rome.
Jugez plutôt : 19,57 m de long, 8,4 m de large et 19,21 m de haut.

Situé sur la Via Agrippa, il sert de porte symbolique à l'entrée nord de la ville.


Une bonne nouvelle ! Le monument a échappé aux hordes de gilets jaunes, contrairement à l'arc de la Capitale.

Construit entre l'an 10 et 27 après JC, l’Arc commémore la Guerre des Gaules et célèbre les victoires du général romain Germanicus sur les peuples barbares battus dans la plaine d’Orange.
Il symbolise la suprématie de Rome sur terre comme sur mer, en témoigne la présence de panneaux décoratifs sculptés représentant des éléments de la marine Romaine.

Jusqu'au XIIIe siècle, l'arc est délaissé, soumis aux intempéries et aux invasions barbares, presque réduit à l'état de ruine.

Raimond des Baux, prince d’Orange, décide d'en faire une forteresse.
Un donjon est construit au dessus de l'arc, les arches sont murées, le tout est entouré d'une muraille crénelée.
Le château d'Arc servira de poste avancé pour la défense de la ville.

Avec les guerres de religion, le château d'Arc se retrouve intégré aux murailles défensives de la ville.
Remparts que fera détruire Louis XIV en 1660, heureusement sans toucher à la forteresse d'Arc, une nouvelle fois abandonnée.


Le château d'Arc.

Vers 1720, sur demande (ordre ?) du Prince de Conty, une restauration de l'arc est entreprise par les habitants.
Démolition du donjon, ouverture des arches, destruction du mur d'enceinte, remblais des fossés.

En 1824, Auguste Caristie, architecte spécialisé dans la restauration de monuments historique, entreprend la réhabilitation de l'Arc en dégageant les contreforts et les ajouts faits au Moyen-Âge.
Le côté ouest est presque entièrement reconstruit.

En 2009. Il est réalisé une grande opération de nettoyage de l’arc d’Orange.

En 2010 sont engagés des travaux de réaménagement du secteur de l'arc.

10 ans de travaux, abattage des arbres, création de pluvial, éclairage nouveaux, création de parking, éloignement de la circulation, zone piétonne, espaces verts...
Et quelques 15 millions d'euros plus tard, la nouvelle place de l'Arc est enfin inaugurée en décembre 2017... et c'est une réussite.
Le monument est bien mis en valeur et le projet a conservé le fait de toujours pouvoir contourner l'Arc par la route, ce qui n'était plus envisagé au début des travaux.


L'arc de Triomphe après les aménagements

Pour en savoir plus...

http://apoo.fr

https://lachezleswatts.com/fr/articles/26/84100-orange/orange-le-destin-etonnant-de-larc-de-triomphe

https://unesco.delegfrance.org/Orange-le-theatre-antique-et-l-arc


Allez ! Circulez ! Orange 1963.

En route -

Voyez sur la droite le grand bâtiment austère....
Normal il s'agit de l'ancienne gendarmerie nationale, aujourd'hui transformée en centre des finances.. on reste donc dans l'austérité....


Gendarmerie Nationale... vos papiers s'il vous plaît ! Image réactive.


La traversée d'Orange. flèches rouges.

Nous voici avenue de l'Arc, quartier plus ou moins rénové, avec plus ou moins de succès.
Sobre, sans fioriture, l'avenue est un rien glaçante, pour ne pas dire spartiate - jeu de mots romains ;-) - et les récentes constructions ne contribuent en rien à égayer les lieux.
Bref, passons...

En bout d'avenue, vous ne pourrez manquer l'hôtel Kyriad, ancien Hôtel des Princes d'Orange, lui même ancien hôtel de la Poste.


L'Hôtel des Princes, aujourd'hui Kyriad. Image réactive

Rendez-vous nationale 7 : vendredi 31 mars 1893, avenue de l'Arc - Orange.

Ce vendredi 31 mars 1893, vers 19h00 au niveau de l'hôtel de la Poste, les Orangeois assistent à un drôle de spectacle, encore inédit pour la petite ville.

Un engin fumant et pétaradant, poursuivi par quelques badauds à pied, débouche de la rue de l'arc pour finalement venir s'arrêter devant l'hôtel de la Poste.

Le véhicule semblable à une calèche sans chevaux, se meut seul, cahotant et transportant à une allure modérée deux passagers.


L'hôtel de la Poste à une époque qui ne connaît pas encore l'automobile.

Remontons le temps....

En 1893, afin de promouvoir les véhicules automobiles construits par Panhard & Levassor, le jeune Hippolyte Panhard (fils du célèbre constructeur) tout juste âgé de 23 ans,
décide de se lancer dans un voyage reliant Paris à Nice, au volant de sa Panhard Levassor type A.

L'exploit, plus que le voyage, est salué par la presse, qui en fait les gros titres en mars 1893.
Panhard accompagné par son oncle Meric vont donc sillonner la route en direction de Nice, empruntant en partie la nationale 7, mais également la nationale 6, ou encore la nationale 82.
Il s'agit d'un périple touristique et non d'une course automobile.

Partis le 27 mars 1893 de Paris, les deux hommes roulent en moyenne à une vitesse de 20 km/h, font étape le soir dans de bons hôtels et ne dédaignent pas non plus les bons restaurants, n'oubliant pas de laisser quelques prospectus publicitaires sur leur passage.
Ils mettrons 15 jours pour atteindre leur destination finale.

Ce Vendredi 31 mars vers 19h00, l'équipage fait halte à l'hôtel de la Poste et des Princes à Orange, sans toutefois être passé sous l'arc de Triomphe.
C'est en fait la toute première voiture à pétrole que l'on ait vue circuler à Orange.

Deux jours plus tard Panhard et Méric atteindront Marseille, puis feront une longue halte à Hyères avant de rejoindre Nice.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Hippolyte_Panhard

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9612992h/f179.image

En route -

En bout de l'avenue de l'Arc, la nationale 7 bifurque à gauche, empruntant le boulevard Edouard Daladier.
Daladier est l'enfant du pays, fils de boulanger à Carpentras, il en devient le maire en 1911.
Député du Vaucluse en 1919, il exercera différents ministères (les colonies, la guerre) et deviendra président du Conseil en 1933.
Réélu député du Vaucluse, il deviendra maire d'Avignon en 1953.
En 1958, il démissionne de son mandat de maire d'Avignon.

Le quartier que nous traversons maintenant est un quartier vieillot, dans son jus, avec ses immeubles aux façades noircies et délabrées, aux boutiques moribondes, au cinéma de quartier en ruine.
Un brin tristounet tout ça, je dirais même plus, assez déprimant .. mais les arbres sont là pour égayer un peu ...
Et puis profitons en un peu, avant qu'une réhabilitation complète du quartier ne vienne "boboïser" le boulevard et lui faire perdre le peu d'âme qu'il lui reste encore.

Si le secteur est dans son jus, c'est qu'il a conservé les traces du passé, et pour nous c'est du tout bon, alors en chasse...


Le boulevard Daladier... dans son jus.


Photo Elmar.


Qui dit dans son jus... dit publicité d'époque, on aime !


Une belle surprise !


Curieuse enseigne 3D, Fabrique Moderne de Boissons Gazeuses, Bières du Dragon.


L'ancien Cinéma Capitole, voué à la destruction depuis déjà pas mal d'années...


La Bonne Etape, au croisement des rues Daladier et République. Image réactive.

Pour une fois que la route n'est pas déviée, il semble que rien ne soit fait pour attirer le chaland, ou du moins conserver l'esprit N7.
Au croisement avec la rue de la République, un coup d’œil sur la droite pour entrevoir le défunt restaurant le Provençal, restaurant gastronomique aux grandes heures de la route.


Sur la droite, rue de la république, une ancienne bonne table renommée. Image réactive.


Mur peint Bd Daladier.

On poursuit par l'avenue du maréchal Foch, un peu plus heureuse, un peu plus vivante, un peu plus populaire que l'avenue précédente.
Anciennement dénommée l'avenue des casernes car ici se concentraient bon nombre de régiments.
Orange ne l'oublions pas est également une ville de garnison.


L'avenue du Maréchal Foch, anciennement avenue des Casernes.
Remarquez la fontaine sur la gauche. Image réactive.


Aujourd'hui on retrouve la fontaine qui n'a pas changé d'emplacement.


Une surprise tout de même, une plaque de cocher.. en tôle.

Depuis les légions Romaines, Orange a accueilli plusieurs régiments, entre autres le 15e Escadron du Train, le 55e Régiment d'Artillerie, le 10e Dragon, le 7e Régiment de Spahis, ou encore le 1er Régiment de Cavalerie de la Légion Etrangère, pour la plupart dissous ou mutés suite aux multiples lois de programmation militaire engagées déjà depuis plusieurs dizaines d'années.


Les goûts et les couleurs, ça ne se discutent pas..


Cette ancienne Station Services, sert aujourd'hui d'entrepôt archéologique. Photo Claude.K

Nous sommes dans les faubourgs de sortie de ville, là où les centres de contrôles techniques remplacent les garages de quartier, où les boulangeries investissent les anciennes stations services, où de petits locaux en fibrociment accueillent de nouvelles enseignes, qui à peine installées semblent déjà en faillite, où les entrepôts de matériaux se transforment en magasin d'ameublement déstockés ou bien en libre service alimentaire discount...


Visible dans le sens des retours.


Caserne du 10e Dragon, aujourd'hui Base Aérienne 115. Image réactive.

Sur les hauteurs de l'avenue de Verdun, se dresse au loin, comme un phare guidant l'automobiliste désorienté - quoique là nous soyons sur une rectiligne - un totem de station service, sans doute à l'origine de la marque Azur, au pied duquel on retrouve l'ancien Motel Lou Coudoulet transformé aujourd'hui en bistrot.


Le Bistrot d'Orange, anciennement Motel Lou Coudoulet. Image réactive.

On quitte Orange par la sempiternelle zone d'activité industrio-commerciale, bien loin du charme Provençal.

En route - oui mais dans quelle direction ??

Si aujourd'hui la réponse à cette question nous paraît quelque peu évidente et nous n'allons d'ailleurs pas tarder à le vérifier, il n'en fut pas toujours ainsi.
Remontons le temps...


Entre Orange et Avignon de multiples possibilités de ralliement.
Carte de Cassini XVIIIe siècle.

La route nationale 7 dans sa traversée du Comtat Venaissin :

Je synthétise un peu... parce que sinon on en a pour des siècles... non je plaisante...si quand même un peu...bref comme disait Pépin....

Premier chapitre :

En 1758, Louis XV, ses ministres et notamment l'intendant des finances du service des ponts et chaussées Daniel Trudaine, chargeaient le Comtat Venaissin de construire une route reliant la principauté d’Orange jusqu'en Avignon.
Route qui à l'époque n'existait pas.
Entre la Principauté d'Orange, le comtat Venaissin appartenant à l'église et Avignon la Cité-Etat souverainement indépendante, l'affaire se présentait mal, chacun voulant tirer profit de cette nouvelle opportunité.

Cette voie, devait être créée pour faciliter le charroi et le déplacement des troupes allant de Lyon à Marseille. Cette construction était devenue un besoin impérieux.
Le chemin, emprunté jusque là pour se rendre de Pierrelatte à Aix, passait alors par Pont-Saint-Esprit, Uzès, Tarascon, Saint-Rémy, Orgon, Lambesc et Aix, et représentait environ sept jours de marche.
Le plus difficile pour les élus du Comtat, qui ne s'opposèrent pas à l'idée de la construction d'une route, fut de s'accorder sur le tracé à adopter.

Chapitre deux :

Un premier projet prévoyait de passer par Châteauneuf.
Jugé comme le plus court trajet entre Orange et Avignon, la construction de cette route s'avérait pourtant coûteuse, le chemin traversant en partie la montagne sur des terrains arides, caillouteux et durs à travailler...le projet fut abandonné.

Un second projet prévoyait de suivre, à partir d'Avignon, un chemin existant qui traversait un quartier de Sorgues et se dirigeait en ligne droite vers Châteauneuf, en prenant soin toutefois d'éviter la montagne.
Bâtit en hauteur afin de mettre le chemin à l’abri des inondations, il continuait en direction d'Orange. Le projet fut abandonné car l'itinéraire présentait hélas l’inconvénient de construire un pont coûteux sur la Sorgue.

Un troisième projet prévoyait en partant d'Avignon de passer sur le pont déjà existant de Sorgues, de partir en direction de Châteauneuf en prenant soin de ne pas emprunter la montagne et d'arriver à Orange.
Cet itinéraire n’offrant ni montée ni descente, présentait des avantages pour le déplacement des militaires, des chaises de poste et pour le roulage en général.
Le projet hélas ne fut pas soumis à Mr Trudaine et n'aboutit donc pas.

Enfin, un quatrième tracé prévoyait de passer par Courthézon.
Trudaine en colère le refusa, prétextant une trop grande longueur, et un tracé en boucle. Alors que chacun sait que le plus court chemin est la ligne droite.

Dernier Chapitre, que l'on pourrait nommer le dénouement....

La mort de Trudaine en janvier 1769 laissa en suspend cette dernière proposition pourtant renouvelée par les édiles de Courthézon qui espéraient bien tirer quelques bénéfices de cette nouvelle route, profits qui jusque là leurs étaient refusés du fait de l'éloignement de leur bourg.

Par contre les consuls d'Avignon voyaient d'un mauvais œil le passage par Courthézon qui risquait de leur faire perdre la manne financière qu'ils tiraient des droits de péage, craignant que l’afflux de voyageurs, voituriers et rouliers lui échappe et profite à d’autres communautés.
L’indécision sur la préférence du futur tracé persistait déjà depuis 14 années, quand enfin, le 6 avril 1772, les concepteurs, après un ultime examen, adoptèrent définitivement la direction de Courthézon de la partie qui aboutissait à Sorgues.
L’une des raisons qui avaient engagé le gouvernement à accepter ce circuit était qu’elle permettait aux troupes du royaume d’éviter de se loger dans le Comtat qui appartenait à un prince étranger.
La route se déployait tout au long de son tracé en plaine, donc à moindres frais pour sa construction. Par Châteauneuf, il aurait fallu monter et descendre ce qui retardait la marche des chevaux.

De plus, dans la petite ville de Bédarrides, les rouliers et les voyageurs pouvaient avoir à leur disposition tous les secours nécessaires en cas d’accident, ce qu’ils ne trouveraient pas à Châteauneuf.
Ainsi, bien que le trajet s’allongeât de plus de 800 toises, il se montrait plus approprié à l’usage.
Les frais de construction étaient supportés par la principauté d’Orange jusqu’à la limite du Comtat et, de là, jusqu’au Pont de Sorgues par Avignon.
Le gîte d’étape pris à Courthézon ne portait aucun préjudice aux aubergistes de Châteauneuf ni à ceux de Bédarrides qui, dans le Comtat, étaient sous la dépendance de l’Archevêque d’Avignon et ne contribuaient en rien aux dépenses communes au reste de la province.
Un tableau fut établi des endroits où les relais de poste pouvaient être établis, avec indications en toises des distances d’un endroit à l’autre.

Sources et extraits :
http://etudessorguaises.fr/index.php
https://journals.openedition.org/mefrm/595
https://fr.wikipedia.org/wiki/Cité-État


Détail de la carte de Cassini n° 122.

La carte de Cassini (n°122) représentant la région Orange/ Avignon, a été éditée en 1778 – 1779. ( Note : le site géoportail indique une date de 1740 qui correspond plutôt aux mesures de la méridienne, voir lien plus bas )
Les relevés topographiques ont été effectués quelques années auparavant entre 1775 et 1778, et sont donc postérieurs à la construction du nouveau tracé Orange-Courthézon-Sorgues-Avignon, souhaité par les Ponts et Chaussées en 1772.
De fait, cette nouvelle route figure bien sur la carte de 1779.

La route royale (future RN 7) y est représentée parfaitement rectiligne, tirée au cordeau entre Orange et Courthézon.
La carte représente même les alignements d'arbres bordant la chaussée de part et d'autre, ainsi que la déviation du village fortifié de Courthézon. (tracé vert sur la carte).

Il serait pourtant illusoire de penser que les voyageurs, les pèlerins, les habitants d'Orange ou les villageois de Courthézon, attendissent le bon vouloir de Mr Trudaine et la construction de sa voie Royale, pour circuler à travers le pays.

Si l'on examine la carte, et si l'on se réfère au nom que porte aujourd'hui une rue bien particulière d'Orange à savoir : "ancienne route Royale",
on ne peut que constater que le village de Courthézon était déjà relié à la ville d'Orange (en rouge sur la carte).

Il s'agissait d'un antique tracé médiéval, un sentier certes loin des normes instaurées par la récente administration des Ponts et Chaussées, mais faisant plus ou moins office de chemin royal par défaut, reliant déjà Orange à Courthézon.
Reléguée en "ancienne route Royale" dès l'ouverture de la nouvelle voie royale, future route nationale 7, on peut encore aujourd'hui en suivre partiellement son tracé.

http://cassini.ehess.fr/cassini/fr/html/index.htm

Petite divagation par l'ancienne route royale :

L'ancien chemin Royal débute sur la gauche, Avenue du Maréchal Foch, devant l'entrée de la base aérienne, et des ambulances Orangeoises.


Le chemin Royal, c'est la ruelle sur la gauche, devant le mur peint des ambulances Orangeoises.

Le parcours emprunte successivement la Route du Parc, la rue de Meyne Claire, la rue Albert de Belleroche, et la rue Antoine Yrondelle, qui se termine en cul de sac, mais se poursuit de l'autre côté de la Route de Jonquières par la bien nommée Ancienne Route Royale.

Cette ruelle étroite, circule dans un quartier plutôt pavillonnaire, dont aucun petit patrimoine ne vient rappeler une quelconque appartenance à l'ancienne voie royale : ni plaque de cocher, ni borne royale, ni relais ancien, ni pavés...
Au détour d'un virage, la voie se termine subitement en cul de sac, se transformant en sentier pédestre.


Fin de la voie royale bitumée, mais le sentier se prolonge.

Rien de bucolique dans la suite du parcours puisque notre sentier se retrouve sous peu, au beau milieu d'une gigantesque zone commerciale, longeant parkings et entrepôts.


Voila notre ancienne route Royale (en rouge) déboulant au coeur de la zone commerciale,
notre cocher en perdrait son sens de l'orientation !

Le tracé perdu au beau milieu des magasins et des entrepôts, se poursuit rectiligne par la rue d'Allemagne et la rue Cinseault.
Après avoir traversé l'ancienne route d'Orange, le tracé se poursuit à travers champs jusqu'au Cellier des Princes, à l'entrée de Courthézon.


Au sortir de la zone commerciale, le parcours reprend à travers champs jusqu'à rejoindre la RN7.

Fin de notre petite escapade Royale, reprenons la N7 à la sortie d'Orange.

En route -


Orange est une ville de garnison et les ronds-point aux entrées de la ville sont ornés de matériel militaire.

Non vous n'avez pas la berlue ! Vous ne voyez pas un mirage ! ... enfin si ...


Giratoire de la base aérienne 115. Image réactive

Il s'agit d'un mirage III de 1972, placé là en 2010, pour commémorer les 70 ans de la base aérienne 115.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Base_aérienne_115_Orange-Caritat

Après le mirage...la route perd son appellation de N7, pour devenir D907, mais nous restons sur la tracé de la route des vacances qui ici, prend parfois des allures d'autoroute avec ses 2 x 2 voies et son terre plein central.
Pâle copie de la véritable autoroute du Soleil, l'A7 que nous longeons juste derrière la haie sur notre droite.

Passage devant le relais du soleil, anciennement le relais-motel des vignes.


Le relais du Soleil.


Et à une autre époque ... le Restaurant-Motel des Vignes.

Tout autour de nous, on aperçoit les vignes du Terroir de Beaucastel, AOC Châteauneuf du Pape et Côte du Rhône. Hmmm ça sent la dégustation ...

http://www.beaucastel.com

Passage devant le Cellier des Princes, producteur de Châteauneuf du Pape depuis 1925.

https://www.cellierdesprinces.fr/fr/


Ça sent la dégustation... je vous dis !!

Le plus vieux village de France

C'est ici, au cœur du vignoble, à moins d'un kilomètre de notre position, que fut découvert en 1969 le "village néolithique de plein air" le plus ancien de France, puisque daté du... Néolithique Cardial (- 6000 ans avant notre ère).

Les diverses campagnes de fouilles s’échelonnant des années 1970 jusqu'aux années 1990, permirent de mettre au jour des installations domestiques :
- activités de cuisson, fosses comblées de pierres chauffantes, foyers, fosses de rejet,
- trous de piquets,
- couches de cendre,
- infrastructures d'habitations
- outillage lithique (haches polies, outillage de pierre taillée en silex)
- des poteries décorées avec un petit coquillage permirent de rattacher ces habitants à la "civilisation cardiale", une population aux pratiques pastorales et agricoles.

En fait, le chaînon manquant entre les populations nomades vivant exclusivement de la chasse, et une population sédentaire maîtrisant l'agriculture et l'élevage.


Chantier de fouille archéologique sur le site de Courthézon.

Pour en savoir plus :

https://www.futura-sciences.com/sciences/dossiers/prehistoire-nos-ancetres-midi-voyage-temps-534/page/7/

http://www.archeologie-et-patrimoine.com/habitats-2/

Une idée du Néolithique :

https://www.hominides.com/html/chronologie/neolithique.php

Prochain arrêt Courthézon.

Courthézon "la médiévale" comme on la surnomme, est un bourg fortifié au XIIe siècle, à l'instar de Mornas ou de Piolenc, à la différence que le village conserve aujourd'hui une bonne partie de ses remparts.
D’une longueur de 1225 mètres épaulés de tours carrées, une partie des remparts fut démolie lorsque Louis XIV s’empara de la principauté d’Orange.
Aujourd’hui, trois portes subsistent et 600 m de murs sont admirablement protégés et classés aux monuments historiques. (plaquette circuit découverte, Office du tourisme d'Orange)

Jusqu'au XVIIIe siècle, alors que les routes du royaume ne sont pas encore passées sous l'égide des Ponts et Chaussées et que le brigandage est affaire courante en nos campagnes,
le tracé de la route royale menait directement au pied de la porte Nord de la cité fortifiée, traversait la ville et ressortait par la porte Sud.


Carte de Cassini XVIIIe siècle. La route traverse la cité de porte à porte.

Grâce aux consuls de Courthézon qui s'opposèrent à la destruction des remparts ordonnée par Louis XIV, la cité conserva son enceinte qui perdit toutefois de son utilité.
Au fil des siècles, le village se développa hors des murs et la route, naturellement, se choisit un tracé plus pratique, en coupant par les faubourgs extérieurs, sans jamais vraiment s'éloigner du cœur de village.


Carte d' Etat Major XIXe siècle. La route contourne la cité, au plus proche des remparts (en rouge).
En jaune, l'antique tracé intra-muros.

Il faudra attendre 1953, pour voir apparaître la véritable déviation de Courthézon, notre actuelle D 907

.
En rouge la nouvelle déviation de 1953, en jaune l'ancienne route.

Si vous souhaitez éviter Courthézon, vous savez donc ce qu'il vous reste à faire.
Presque 2 km de déviation, sans grand intérêt, si ce n'est celui de vous faire gagner du temps.

Préférons lui les tracés précédents, et bifurquons à gauche pour emprunter le boulevard des anciens combattants.

Courthézon Km 0670

Le nom de Courthézon provient du celte : curtis (construction) et dunum, (hauteur).
Littéralement "La construction sur la hauteur" ou plus clairement "le village sur la butte".
Son nom occitan est Corteson.

Jusqu'à son annexion par Louis XIV en 1673, où la ville rejoint définitivement le royaume de France, Courthézon appartenait à la principauté d'Orange,
tour à tour sous la domination des comtes de Toulouse, de la famille des Baux, de la famille des Nassau, ou du prince de Conti.

Le château et ses dépendances furent finalement démolis en 1768, ses pierres servirent à la construction de la digue sur l' Ouvèze.

En route -

Le boulevard des anciens combattants nous mènera jusqu'au petit rond-point d'où part sur la droite l'ancien tracé de la route nationale 7, celui d'avant 1953.
Pour la route médiévale continuons tout droit par le boulevard Pasteur, anciennement avenue de la porte d'Orange, qui nous conduira jusqu'au pied des remparts.


Même point de vue sur l'avenue de la Porte d'Orange, aujourd'hui boulevard Pasteur.
Au bout, on aperçoit la porte des remparts. Image réactive.

Nous voici devant la porte nord de la ville, la porte Aurouze, fermée à l'époque médiévale par un lourd portail en bois.
Située face au mistral, elle en a hérité le nom Auro, "vent" en Provençal.

La porte a conservé ses mâchicoulis.
Durant les guerres de religion, c’est la porte par laquelle en 1563, les troupes catholiques du comte de Suze entrèrent dans Courthézon sans livrer combat. (plaquette circuit découverte, Office du tourisme d'Orange).

De là, on a un bel aperçu sur les remparts du XIIe siècle, qui cernent le bourg.


La porte Aurouze, entrée nord de la ville fortifiée.

Nous ne nous engagerons pas plus en avant.
Mais si vous avez le temps, sachez qu'il est tout à fait possible de s'aventurer dans les murs afin de parcourir le labyrinthe d'étroites ruelles et gagner ainsi l'une des deux autres portes fortifiées de la ville.
4x4, camionnettes ou camping cars... n'y pensez même pas !

En ce qui nous concerne, retournons au rond-point précédent, et bifurquons Faubourg de Luynes, en direction d'Avignon.
Nous sommes maintenant sur le tracé d'avant 1953.

Quartier arboré, quartier ombragé, quartier résidentiel dans sa première partie où les arrières cours des anciennes maisons provençales côtoient les jardinets de maisons plus contemporaines.
S'ensuit une seconde partie orientée plus "ville" où l'on devine encore les anciennes devantures de commerces qui ne sont hélas plus aujourd'hui d'actualité ni même de proximité.

Au carrefour suivant plus de trace du pimpant garage Caprini.


Exemple de commerce de proximité définitivement fermé.


En 1953, dans sa seconde partie, le faubourg de Luynes devenait plus commerçant... Photo Claude K


Rayer la mention inutile : le super c'est fait ! le Gazole et le fuel c'est pour bientôt...


Le faubourg de Luynes, vue en direction d' Orange. Image réactive.

Voici la place de la "fontaine des 4 saisons" et de la "porte du Prince", porte Sud des remparts.
Elle fut appelée ainsi par Guillaume de Nassau.
Chassé d'Orange, il fut sauvé par le Capitaine du Château et accueilli à cette porte par les habitants de Courthézon en 1604.
C'est de là que repartait le chemin royal en direction du sud.


La Porte du Prince et la fontaine des 4 saisons.


La Porte du Prince aujourd'hui.
A l'entrée, un écriteau de bois prévient : "Défense de faire Trotter et Galoper dans l'intérieur de la ville".

Pas moins de 15 fontaines sont alimentées par une source située à 2 km, résurgence d’une nappe souterraine de la rivière Ouvèze.
C’est à la "fontaine des 4 saisons" que venaient s’abreuver les moutons qui se dirigeaient vers les alpages. (plaquette circuit découverte, Office du tourisme d'Orange)

A droite, le faubourg St Georges nous mènera jusqu'à la jonction sud de la bifurcation post 1953, où nous retrouvons notre route nationale 7, ici D907.


Tout droit, le faubourg St Georges.


La jonction sud des tracés avant et après 1953. Sortie de Courthézon et retour sur la D 907

Et le Pont dans tout ça ???, vous savez ? le fameux " Pont de Courthézon", chanté par l'enfant du Pays , la chanteuse Michèle Torr.


Une place au soleil pas très loin de Marseille,
Un p'tit village perdu dans la Provence,
Une région de France où même à la Noël,
C'est comme les grandes vacances, tu te rappelles....

 

Dans ma maison de Courthézon
Les enfants chantent, chantent des chansons
Et sur le pont de Courthézon
Les enfants dansent, dansent tous en rond



Parole Michele Torr

En fait, si la chanteuse a bien vécu une partie de son enfance à Courthézon, le pont lui est tout à fait imaginaire.


Difficile a repérer, cachée par la végétation, une publicité pour les Huilse Renault, vue en direction de Courthézon.

 


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Rendez-Vous Nationale 7 @2019