ETAPE 18 : de Vidauban à Mandelieu La Napoule
02/10 ← Puget sur Argens - Fréjus → |
On quitte sans regret le secteur de Roquebrune.
Ce n'est qu'une fois franchi le Blavet que l'on retrouve petit à petit
un paysage de pinède et de vignes, mais hélas pour une courte
durée, car se profile déjà Puget sur Argens.
Il va falloir choisir entre le tracé originel, à droite,
et la déviation du village, aujourd'hui DN7, à gauche.
Situé au croisement de la Route Nationale 7 et de l’autoroute A8, Puget-sur-Argens est une commune plutôt urbaine qui a vu sa population multipliée par quatre ces soixante dernières années. Sa proximité avec la ville de Fréjus, a fait que de nombreuses entreprises et grandes enseignes de distribution sont venues s’installer sur ce territoire, transformant le paisible village varois en une vaste et très laide zone commerciale. Le territoire de Puget-sur-Argens est traversé dans sa partie Sud par un couloir d’un kilomètre de large groupant trois axes majeurs de communication en parallèle à l’Argens : la voie ferrée de la ligne de Marseille-Saint-Charles à Vintimille (frontière), l’ancienne Route Nationale 7 (devenue RDN 7 dans le Var) et plus au Nord, l’autoroute A8 (La Provençale). Le nom de la commune est issu du mot latin podium, petite butte, sur laquelle était bâtie la villa romaine Pogito dépendante de la colonie de Forum Julii. (Fréjus) La référence au fleuve Argens, qui court sur le territoire de la commune, a été décidée en 1886 pour la distinguer de la commune de Puget-Ville située également dans le Var. Depuis 1954, on ne traverse plus la ville. Une rocade contourne le bourg par le nord, et permet, depuis 1960, d'accéder à l'autoroute A8. |
En route -
Empruntons la rocade, tout droit.
Depuis 1954, la rocade a connu pas mal de modifications.
Cette forte côte, qui nous fait grimper de près de 30 mètres
en un peu moins d'un kilomètre, est aujourd'hui aménagée
sur 2 x 1 voies séparées par un terre plein central.
Construction de la déviation qui sera officiellement ouverte à
la fin du mois de décembre 1954. Image réactive.
Même lieu aujourd'hui
La déviation, sur trois voies dangereuses.
Échangeur alambiqué et relativement dangereux entre la Route
Nationale 7, qui vire en courbe sur la droite, et l'entrée de
l'autoroute A8, tout droit. Avec les priorités à droite et sans
aucun feu, ce devait-être mariole de traverser cet échangeur
lors des
grandes migrations estivales. Aujourd'hui un réaménagement complet
et un rond-point règlent le problème.
C'est pour éviter la traversée du massif de l'Esterel
par la Route Nationale, que l'autoroute de l'Esterel est construite.
Ouverte à l'été 1961, c'est la première autoroute
de France à être payante, payante oui mais provisoirement nous
avait-on promis !
Eté 1961, et si nous prenions l'autoroute? (vidéo)
Pas d'autoroute au programme ? alors poursuivons par la route.
La zone industrielle se densifie subitement et la déviation
prend fin au niveau du carrefour avec le feu. Sur la droite débouche
le tracé historique que nous allons emprunter maintenant.
Pour cela retour à la bifurcation Ouest et prenons à droite.
La
route historique, en contrebas de la déviation, longe maintenant la
voie ferrée, dans un cadre plutôt bucolique, comparé à
l'activité qui règne aux abords de la rocade.
Seul sur la route, bien plus agréable que par la rocade.
Entrée du village. Image réactive.
Malheureusement, la rue principale est relativement étroite
pour accepter aujourd'hui une circulation à double sens.
Il va donc falloir jouer avec les sens uniques.
L'ancien tracé traverse une succession de rues qui ne sonnent pas vraiment
provençales. De fait, le village est beaucoup moins pittoresque que
celui de Roquebrune/Argence.
Peu de commerces, quelques terrasses de café là où la
place le permet, des ruelles sans grand intérêt, le charme n'opère
pas.
Et puis avec tous ces sens uniques, la circulation devient très vite
pénible.
Le cœur du bourg. Même lieu aujourd'hui. Image réactive.
Errer dans les ruelles plus longtemps ne nous apportera rien de plus, dirigeons nous vers la sortie à travers un faubourg plus contemporain et toujours sans attrait.
Ho-hé... il y a quelqu'un ?
Voici rapidement la jonction Est avec la déviation post 1954, où nous retrouvons un itinéraire commun : le tracé historique en direction de Fréjus.
Qui dit historique ne veut pas dire immuable ! hélas
!
Les alentours ne ressemblent aujourd'hui en rien à ce que pouvaient
trouver les vacanciers des années 60/70.
L'entrée Est de Puget sur Argens. A cette époque pas de
déviation. Un car se prépare à traverser les ruelles
du bourg,
seul moyen de poursuivre la route vers Roquebrune ou le Muy.
Aujourd'hui, le secteur s'est intensivement densifié. Image réactive
Les sorties de ville étaient souvent l'occasion de trouver
là quelques stations-service ou relais routiers qui permettaient le
ravitaillement de l'auto et de ses passagers jusqu'à la ville suivante.
Les véhicules étaient gourmands à l'époque.
Puget sur Argens ne dérogeait pas à la règle et l'on
trouvait à l'emplacement actuel de la séparation des tracés
quelques établissements appréciés.
Le charme d'un restaurant routier, un petit coin de paradis à la
campagne....
...disparu aujourd'hui pour laisser place à une concession automobile
moins bucolique. Même emplacement. Image réactive.
Celui ci désaffecté depuis longtemps, servait de local pour
un vendeur de matériaux.
Finalement rasé en 2019 pour laisser place un petit centre commercial.
Amis des villes, vous aimez la "bétonisation"
à outrance ?
Alors bienvenus dans la plus horripilante et la plus laide des zones d'activités
commerciales et industrielles que nous ayons rencontrées depuis le
point zéro du parvis de Notre Dame de Paris.
Symbole de ce l'on appelle "la France Moche" des années
80, ces zones défigurent les entrées des villes, tout en participant
à la désertification des centres-villes et à la raréfaction
des commerces dits de proximité.
Gigantesques espaces implantés la plupart du temps en banlieue, ces
zones défigurent depuis les années 1980, dans la plus grande
anarchie architecturale, les campagnes environnantes.
Conçus avec le plus inconcevable manque d'esthétisme qui soit,
ces temples du shopping ne gangrènent plus seulement nos paysages urbains,
mais maintenant, faute de place, envahissent nos paysages jadis champêtres.
Bref vous l'aurez compris, entre Puget sur Argens et Fréjus,
nous traversons un échantillon de cette "France moche".
Et nos voyageurs désabusés de penser : toute cette route pour
finalement voir ça ???
En route -
La route N7/DN7, est ici à 2x2 voies de circulation, ponctuée régulièrement de ronds-points, ce qui ajoutera au plaisir de conduire dans ce merveilleux endroit, surtout si vous tractez un attelage.
Sur la droite, en bordure de route, invisible au milieu de toute cette jungle urbaine, une petite croix de pierre, clôturée par une rambarde de fer, va nous faire remonter le temps.
Accaparé par la circulation relativement dense du secteur, pas
sûr que vous l'aperceviez.
Pourtant la stèle est implantée là depuis 1919.
22 décembre 1919 - Grave Accident d'Automobile à Puget sur Argens. Un grave accident d'automobile s'est produit hier aux environs de Nice,
entre Puget sur Argens et Fréjus. Extrait du Journal des débats, 25 décembre 1919 |
Voila pour l'article de journal, qui ne faisait que reprendre
les faits de l'époque : le décès d'un homme d'affaire
et homme politique Britannique sur la Route Nationale 7.
Ce que l'on sait moins, c'est qu'Arthur "Boy" Capel était
également l'amant et le mécène de la future et célèbre
styliste Coco Chanel.
En 1909, la jeune Coco n'est pas encore connue du milieu
de la mode. Le coup de foudre est mutuel. Capel décèle
rapidement le potentiel professionnel de Coco, là où Balsan
n'y voyait qu'un simple passe temps. Puis il l'entraîne à Biarritz où il
lui offre sa première maison de couture. C'est la consécration
pour la couturière qui devient dés lors indépendante. Le 22 décembre 1919, la couturière est réveillée
dans la nuit par ses domestiques. Boy Capel est décédé
dans un accident de la circulation à Puget sur Argens.
La styliste se rend immédiatement à Puget
afin d'apercevoir une dernière fois son amant.
|
Comme quoi, même lorsqu'elle n'est pas à son avantage, la Route Nationale 7, nous en apprend toujours.
En route -
Extirpons nous doucement de cette jungle urbaine, jusqu'à atteindre la sortie de Puget sur Argens puis l'entrée de Fréjus séparée seulement d'une centaine de mètres.
Au revoir Puget...
... Bonjour Fréjus. A droite un petit sentier... pas si
anodin.
Avant d'atteindre le rond-point, à hauteur du panneau
d'entrée d'agglomération de Fréjus, un étroit
chemin sur la droite se faufile en contrebas de la Route Nationale longeant
la voie ferrée.
Il s'agit de la Route Nationale 7 d'origine, un court tronçon rectifié
à la fin des années 60 et oubliés de tous aujourd'hui.
Sur cette vue de 1966, la Route Nationale 7 (flèches jaunes) amorce
un virage avant de tangenter la voie ferrée. Image réactive.
Le virage sera rectifié et la route élargie à la fin
des années 1960 délaissant ce court tronçon.
Aujourd'hui c'est un rond-point en zone urbaine très dense.
Oubliés de tous ? Pas si sûr !
Depuis plus de 50 ans, ce court tronçon de route, continu pourtant de faire régulièrement les gros titres des journaux.
Étrange accident de la route, 50 ans de mystère
! |
L'affaire St Aubin : Le matin du 5 juillet 1964, vers 7 heures du matin, dans la campagne
varoise, une Volvo noir et blanc immatriculée en Suisse s'écrase
contre un platane qui borde la nationale 7. Une voiture à vive allure, une route mouillée, un dos d'âne qui surprend le conducteur à la sortie d'un virage, aucune trace de freinage et le véhicule qui s'encastre contre un arbre. Deux morts, deux familles éplorées, quelques lignes dans la presse locale - un fait-divers terriblement commun dans la France de l'époque, où près de 15 000 personnes meurent chaque année sur les routes. Pour tenter de comprendre, les parents de Jean-Claude, des bijoutiers de Dijon, reviennent sur les lieux et interrogent les voisins. Ce qu'ils découvrent ne correspond pas aux procès-verbaux des gendarmes : " l'affaire Saint-Aubin " débute, le combat interminable, sur trois décennies, de parents convaincus d'être victimes d'un mensonge d’État. Car, dans le récit des gendarmes, puis dans le travail de la justice, les époux font face à une incroyable accumulation d'incohérences, d'erreurs, de faux, qui les amènent à penser que leur fils a été la cible, par erreur, des services secrets français. Extrait : le mystère du camion fantôme de Luc Bronner pour Le Monde 2018. Il serait trop long de relater ici toute cette histoire rocambolesque, de nombreux sites Internet, émissions Tv ou radios racontent avec force détails le déroulement de l'enquête et des contre-enquêtes menées par la famille Saint Aubin. Deux sites toutefois pour mieux comprendre cette sordide affaire: https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-cadavres-dans-le-placard-de-169493 |
En contrebas l'ancienne Route Nationale 7où se déroula l'accident.
Encore quelques vilaines enseignes commerciales, surtout côté
gauche, encore quelques désagréables ronds-points et une circulation
qui s'intensifie à mesure que l'on se rapproche de Fréjus.
Il va falloir rester vigilant sur la signalisation, pour l'instant direction
Fréjus centre, par la DN7.
C@rl 2022