ETAPE 18 : de Vidauban à Mandelieu La Napoule
04/10 ← Fréjus - La Tour de Mare → |
Direction Cannes et Nice par la Rue Nationale / RN97 à gauche.
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Vous avez choisi le tracé historique, alors prenons à
gauche par l'actuelle Rue Jaurès, ancienne Rue Nationale.
Toute en courbe et en montée, la rue commerçante a un air d'Italie
avec ses authentiques maisons colorées et ses hôtels particuliers
que l'on croirait pour certains d'inspiration Renaissance.
Levez les yeux sur les façades, les balcons de fer forgé, quel
contraste depuis notre départ de la banlieue Parisienne.
Vue en direction de la place du marché. Le perron de l'ancien Hôtel
de Ville. Image réactive.
Dès la sortie de Fréjus, la RN7/DN7 se confond avec l'antique
voie Romaine.
En Route -
Poursuivons notre sortie de ville par la "cossue" rue du XVe corps, anciennement Route de Cannes.
La route de Cannes, les écoles (à droite) la gendarmerie
à gauche. Même lieu aujourd'hui.
Nous sommes sur le tracé de la Voie Aurélienne,
et l'on ne va plus tarder à s'en rendre compte.
Sur la gauche l'antique voie romaine est bordée des vestiges de l'aqueduc
Romain.
Vestiges de l'aqueduc Romain le long de la Route Nationale.
Comme de nombreuses villes de l’Empire romain, Forum Julii,
était alimentée en eau par un aqueduc.
Conçu probablement en deux temps, l’aqueduc conduisait par gravitation
les eaux depuis les sources de l’arrière-pays varois, de la Siagnole
(à Mons à 520 m d’altitude) et de la Foux (à Montauroux)
jusqu’au point le plus haut de la ville antique de Fréjus (35
m au-dessus de la mer).
Le parcours de 40 km environ était ponctué d’une trentaine
de ponts-aqueducs.
La largeur du canal, tantôt voûté, tantôt couvert
de dalles, construit en maçonnerie de petits blocs, variait entre 0.65
m et 0.70 m et la hauteur entre 1.10 m et 1.60 m.
Classé Monument Historique en 1886, l’aqueduc de
Fréjus fait l’objet de divers travaux de recherches depuis le
milieu du XIXe siècle permettant aujourd’hui de connaître
précisément son parcours hors de la ville
et de mieux comprendre le fonctionnement de la distribution de l’eau
dans Forum Julii .
Quant à sa date de construction, elle reste encore relative : l’aqueduc
étant venu s’établir sur l’enceinte de la ville
datée de 70 apr. J.-C., il ne peut être que postérieur
à cette date.
Les archéologues estiment qu’il pourrait avoir été
réalisé entre la fin du Ier et le début du IIe siècle
apr. J.-C.
Extraits : https://antiquitebnf.hypotheses.org/13879
Pour en savoir plus: https://frejus.fr/decouverte/laqueduc-romain/
L'entrée de Fréjus (pour nous la sortie) par la Via Aurélia
en 1967. Même lieu aujourd'hui. Image réactive.
On poursuit, toujours sur la voie Aurélienne, d'où
l'on apercevra bien d'autres vestiges de l'aqueduc notamment à proximité
du Parc Aurélien, qui abrite la villa Aurélienne.
Contrairement à ce que pourrait laisser entendre son nom, la villa,
qui n'a rien de romaine, est une belle résidence de villégiature
construite à la fin des années 1880 pour un Britannique, J.
H. Crawford.
Située au sommet d’une colline, elle présente une architecture
et un décor néo-classiques, très aboutis, marqués
par l’influence de Palladio (1508-1580).
En 1913, elle est acquise par la famille Schweisguth, qui en
reste propriétaire jusqu’en 1988, date à laquelle elle
est achetée par la Ville.
Appelée aussi Château Aurélien, elle tient son nom du
passage à proximité de la via Aurelia, voie antique qui suivait
le cours de l’Argens et reliait Rome à Arles.
La villa Aurélienne entre les pins.
Elle est entourée d’un parc de 23 hectares à
la végétation de type méditerranéen où
subsistent des vestiges de l’ancien aqueduc qui alimentait la ville
antique.
Depuis 1989, elle figure à l’Inventaire supplémentaire
des monuments historiques.
https://www.ville-frejus.fr/decouvrir/culture/villa-aurelienne
En Route -
Derniers faubourgs résidentiels aux immeubles champignons, DN7 qui se rétrécit soudainement, pas de doute nous quittons Fréjus au niveau du rond-point de la Pagode.
Une Pagode ? Comme celle aperçue à l'entrée
d'Evry quelques 800 km plus tôt ?
Sans doute pas aussi géante que la Pagode vietnamienne Khánh-Anh
à Evry, mais assuréement bien plus ancienne.
Le parc agrémenté de nombreuses statues dont un Bouddha de 2 mètres se visite aujourd'hui, mais pour 3 € vous n' aurez pas accès au temple.
Pagode Hong Hien Tû sur la route de Cannes
Lieu de culte édifié en 1917 et inauguré
par les autorités municipales le 6 avril 1919, la Pagode de Hong Hien
Tû ou Pagode de la fière race Hong Lac est la plus ancienne Pagode
de France.
Les Vietnamiens sont arrivés d’Asie pour combattre aux côtés
des Français. Le soutien des bouddhistes aux côtés des
Français a assuré le repli des troupes.
Cantonnés au camp militaire Gallieni à Fréjus avant la
bataille, ils décident de construire un lieu de culte pour pratiquer
leur religion et enterrer leurs morts dans le strict respect de leurs traditions.
C’est ainsi que la Pagode est édifiée au camp militaire
Gallieni à Fréjus.
Abandonnée à la fin de la première guerre
mondiale, elle tombe en ruine par un manque d’entretien durant les années
qui suivent la fin de la première guerre mondiale.
Elle est ensuite réhabilitée par des réfugiés
vietnamiens en 1954.
De nouveaux bâtiments sont alors construits et les travaux de rénovations
ainsi amorcés reçoivent le soutien des bouddhistes des autres
régions de France.
Les travaux sont achevés en 1972. En 1984, le site est placé
parmi les fondateurs de l’ordre bouddhiste mondial.
Extraits : https://www.lefrejus.com/sejourner/pagode-hong-hien-frejus/
Pour en savoir plus :
https://frejus.fr/decouverte/pagode-honh-hien-tu/
En Route -
Quelques mètres à peine pour apercevoir, toujours sur notre droite, le Mémorial des Guerres en Indochine.
L'esplanade du Mémorial en bordure de route. Image réactive.
Érigé sur les hauteurs de Fréjus, le Mémorial
des guerres en Indochine dessine un large cercle de 110 mètres de diamètre
inauguré par le président de la République François
Mitterrand en 1993.
La nécropole du Mémorial recueille les dépouilles de
17 255 soldats identifiés, et de 3 152 soldats inconnus morts entre
1940 et 1954.
Le long du « Mur du souvenir » sont gravés les noms des
35 000 soldats morts pour la France dont les corps n’ont pas été
retrouvés ou ont été restitués à leur famille.
Sources et Extraits : https://www.onac-vg.fr/hauts-lieux-memoire-necropoles/memorial-des-guerres-en-indochine
En Route -
L'antique voie Romaine, toujours rectiligne dans sa traversée
de la "Tour de Mare", se prépare à partir à
l'assaut du massif de l'Esterel par un véritable sentier de mule, tracé
périlleux, mais seul chemin possible avant le XVIIIe siècle.
Jusqu'en 1828, pour rejoindre Antibes, le tracé de la Route Royale/Impériale/Nationale
7 passe par l'intérieur de l'arrière pays Varois à partir
de Brignoles, via Draguignan.
A Fréjus, il n'est donc pas question de route officielle avant 1824,
année où sera construite un peu à l'écart de la
voie Romaine, la RN97, actuelle DN7.
Notre route RN97/RN7/DN7 quant à elle, bifurque légèrement sur la gauche, contournant par l'ouest "La Tour de Mare", célèbre quartier résidentiel de Fréjus.
La fameuse publicité murale qui envahissait tous les murs de France.
C'est un peu la "Cité Radieuse" Provençale.
Une utopie architecturale et résidentielle en plein cœur de la garrigue, voulue en partie par Edmond Arrieu, architecte à Nice et Louis Martinon, homme d'affaire, promoteur immobilier et banquier Niçois.
"La Cité Romaine de La Tour-de-Mare" ! Qui en France n'est pas un jour tombé sur la publicité qui ventait les mérites de ce nouveau lotissement " de 1000 hectares ", situé à quelques kilomètres de Fréjus ?
D'immenses forêts de pins, l'air du Valescure, le calme, la beauté, la proximité des plages méditerranéennes...
A ces arguments habituels chez tous les promoteurs on en ajoutait d'autres : des restaurants, un train miniature, un centre hippique, une piscine, un grand hôtel, des centres commerciaux, une chapelle décorée,
et même un lac artificiel.
(Source et extraits : article du Monde du 29 avril 1965 Michel Legris)
Après quelques déboires entre les pouvoirs publics, la mairie, la préfecture, les services de l'urbanisme et la société immobilière, les travaux débutent finalement en 1956.
La cité Romaine de la Tour de Mare, à laquelle
la municipalité de Fréjus reproche de n'avoir de Romain que
sa proximité avec la Via Aurélia, ce qui est un fait,
va devenir, durant plusieurs années successives, le symbole de l’insouciance
des années 60 sur la côte d'Azur.
Le site a échappé à la catastrophe du barrage
de Malpasset.
Aussi, pendant que Fréjus-ville panse ses plaies ne pouvant accueillir
les vacanciers, c'est à la Cité Romaine de pacotille que revient
la lourde tâche de promouvoir le tourisme dans le secteur.
Hôtels restaurants, petit train, club hippique, boutiques,
piscines, belvédère, night club, station de radio, grand prix
de cyclisme, fête de la bière, courses de kartings, concours
de Miss et soirées de gala,
vont attirer les touristes mais également de nombreux artistes venus
goûter à la ferveur de cette enclave Fréjusienne ou tout
semble permis.
Sur les bords de la piscine de l'hôtel, il n'est pas rare
d'y croiser Dalida, Sylvie Vartan, Fernand Raynaud, Eddie Barclay, Picasso,
Jean Cocteau, Jean Marais, Jacques Brel...
Sheila y tourne l'un de ses premiers scopitones, Dick Rivers et ses Chats
Sauvages enflamment de leur Rock endiablé les nuits chaudes de la Tour
de Mare.
Heureuses et insouciantes sixties.
Mais le 19 avril 1964, un premier fait divers vient marquer
les esprits.
Le petit train, attraction indissociable de la Cité Romaine, déraille
entraînant la mort d'une passagère et blessant 24 autres passagers.
L'attraction sera par la suite remplacée par un petit train sur route....
Un autre drame survient le 12 mars 1965, avec le krach de la
banque de Nice qui va précipiter la chute de la Cité Romaine
déjà bien endettée... le début d'un long scandale
financier.
Ce même jour, on retrouve une voiture au fond du lac artificiel du domaine.
Il s'agit de la voiture du promoteur et banquier Jean Martinon, que l'on retrouvera
noyé à l'intérieur.
Suicide ou crime ?
"Coïncidence étrange qui, ajoutée à des circonstances obscures, contribuera à entretenir le doute dans l'esprit de ceux qui pensent que le banquier ne s'est pas suicidé.
Mais ni les constatations pratiquées au moment de la découverte de la mort, ni les résultats de l'autopsie n'autorisent à croire que Louis Martinon a pu être victime d'un meurtre.Le cadavre ne portait aucune trace de violence. L'examen des viscères n'a révélé l'absorption d'aucun barbiturique. Les poumons étaient emplis d'eau et le décès dû à l'immersion.
Quant à la position du corps, à l'arrière du véhicule, elle s'expliquerait par le déplacement qu'a provoqué la brusque entrée de l'eau par une vitre, restée abaissée..."
(Source et extraits : article du Monde du 29 avril 1965 Michel Legris)
Aujourd'hui, la Tour de Mare reste une vaste copropriété, plus sobre et sans le faste d'antan.
Pour en savoir beaucoup plus : http://www.latourdemare.com/index.html
En Route -
Nous allons encore longer le territoire de la Tour de Mare sur environ 2 km, avant d'arriver au rond-point "Jean Cocteau", dernier arrêt culturel avant d'aborder la route du massif.
La Chapelle Notre Dame de Jerusalem, dite chapelle Cocteau
A la toute fin des années 50, Fréjus connaît
un grand projet d’aménagement immobilier au nord du centre-ville.
Né de la volonté d’un banquier niçois, Louis Martinon,
ce lotissement prend le nom de « Cité romaine de la Tour de Mare».
Sont aménagés un centre commercial, une piscine, deux restaurants
et un manège hippique que les artistes fréquentent rapidement.
En 1960, Louis Martinon, le banquier promoteur, souhaite élever
une chapelle au milieu de ce tout nouveau quartier.
Il persuade Jean Cocteau de dresser les plans d’une chapelle et d’en
assurer la décoration.
En 1961, le Vatican lui-même prend contact avec l’artiste qui
ne répond qu’en août 1962.
Le projet de la chapelle dans le quartier de la Tour de Mare est conçu
avec l’architecte décorateur Jean Triquenot, qui s’inspire
du tombeau du Christ, de l’église Santa-Fosca sur l’île
de Torcello à Venise, ainsi que du Panthéon de Rome.
Il commence les travaux en décembre et réalise avec le peintre
Raymond Moretti les maquettes des vitraux des trois portes.
La pose de la première pierre a lieu le 24 février 1963 en présence
de Monseigneur Gilles Barthe, du maire de Fréjus André Léotard
et de la princesse de Bourbon-Parme, marraine de la chapelle.
La Chapelle et son intérieur. Image réactive.
À la mort du « Prince des Poètes
» au mois d’octobre 1963, la chapelle est inachevée
; La Municipalité propose à Edouard Dermit,
fils adoptif de l’Académicien, de réaliser le
décor intérieur. Après la mort de Louis Martinon en 1965, le terrain
est laissé à l’abandon et reste inconnu du grand
public. La chapelle est enfin consacrée en septembre
1989. En 1992, dans la galerie extérieure, les mosaïques souhaitées par Cocteau sont exécutées fidèlement aux esquisses par Laetitia Léotard et Henry Virmouneix.
Extraits plaquette : Laissez-vous conter Fréjus la chapelle Notre-Dame de Jérusalem dite chapelle Cocteau |
Après cette agréable escale culturelle à l'atmosphère plutôt intimiste, reprenons le cours de notre itinéraire.
Si vous le souhaitez, du rond-point Jean Cocteau, vous pourrez
vous rendre sur le site du barrage de Malpasset.
C'est fléché jusqu'au parking du site, ensuite un petit kilomètre
de piste vous mèneront jusqu'aux ruines du barrage de Malpasset.
Pour la petite histoire, le terme "malpasset" signifie
un mauvais passage, un défilé étroit, sinueux, irrégulier.
Ce lieu était dénommé ainsi bien avant la catastrophe
du barrage.