ETAPE 18 : de Vidauban à Mandelieu La Napoule

06/10
← Fréjus - Fréjus Plage - Saint Raphaël →


Nous sommes avant la première guerre mondiale, sur la place du Marché. Image réactive.
Sur le poteau indicateur au centre, seules deux directions sont signalées.
Il s'agit de la RN97, arrivant de Toulon et se dirigeant vers Cannes via le massif de l'Esterel.
L'alternative Fréjus - Cannes par la Corniche d'Or ne semble pas encore être proposée.


La rue du Général de Gaulle, anciennement rue de La Liberté. Direction Marseille et Toulon par la RN97 via Le Luc en Provence.
Un agent règle une circulation pour le moins dense, en l'absence de feux tricolores et à une époque où la priorité à droite est de mise.
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Mais revenons à votre choix...
Vous avez choisi la Corniche d'Or ? Alors prenons à droite, par la rue Montgolfier ou par la rue Grisolle.


De la Place du Marché partent les deux tracés pour rejoindre Cannes. RN 97 par l'Esterel (orange) ou RN98 par le littoral (bleu)


La rue Montgolfier sur la droite est aujourd'hui à sens unique. Il faudra emprunter la rue Grisolle tout droit.


Un passage à niveau au débouché de la rue Montgolfier et passage sous voies par la rue Grisolle.

La rue Mongolfier ou la rue Grisolle vous mèneront toutes deux jusqu'à la voie ferrée. Aujourd'hui seule la rue Grisolle traverse la voie ferrée sous un pont.
Le passage à niveau de la rue Montgolfier a été condamné en 1989 et remplacé par un passage piéton souterrain.


Le passage à niveau au débouché de la rue Montgolfier. Image réactive.
En 1989, on ne traverse plus les voies, seul un passage souterrain piétonnier vous mènera de l'autre côté.

En Route -

Du centre ville du vieux Fréjus, pour rejoindre la Corniche d'Or/RN98, il faut passer par le boulevard Severin Decuers et le bien nommé Boulevard de la Mer, tous deux estampillés D98B annexe à la RN98.

Sur le Boulevard de la Mer, on longe sur notre gauche, le long mur de soutènement de la butte Saint-Antoine, une plateforme qui dominait l'antique port Romain, vestige important du Fréjus antique.
La Butte Saint-Antoine est un site classé au titre des Monuments Historiques depuis 1886. C'est le Forum Julii de César, le plus ancien vestige de la commune, le berceau de Fréjus.

Le site n'a pas encore livré tous ses secrets et des fouilles archéologiques y sont menées régulièrement..

https://frejus-saintraphael.maville.com/actu/actudet_--Un-autre-batiment-antique-decouvert-butte-Saint-Antoine-_-1459105_actu.Htm


Le Boulevard de la Mer, vue vers le Vieux Fréjus. Même point de vue aujourd'hui. Image réactive.

Au milieu du XIXe, l'engouement subit pour les bains de mer va grandement participer au développement des stations balnéaires.
Dieppe, Deauville ou Biarritz accueillent une classe sociale aisée, venue principalement pour raison thérapeutique, en cure, goûter au bienfait de l'air iodé et s'immerger brièvement dans la mer.

A l'époque, on craint l'eau, et la mode n'est pas encore à la baignade oisive et récréative et encore moins au bronzage jugé très vulgaire.

En cette fin de XIXe siècle la petite ville de St Raphaël se tourne vers le tourisme et vante les bienfaits de son littoral.
Pour Fréjus c'est un peu plus compliqué. Le village essentiellement tourné vers l'agriculture, est éloigné de la côte.

L'accès à la mer se fait uniquement par des chemins à peine carrossables, mal entretenus et la plupart du temps en zones inondables. Il faut franchir trous d'eau et marécages pour atteindre péniblement le rivage. Et une fois arrivé à la mer, quoi faire ?

En 1880, le maire de l'époque, Séverin Decuers, souhaite relier Fréjus au rivage, par un chemin digne de ce nom.
Il y voit l'opportunité de créer quelques établissements en bord de mer qui pourraient, à l'instar de St Raphaël, attirer les touristes.
Rectiligne comme une voie romaine, se sera une rue. Non ! Il faut voir grand, ce sera un Boulevard d'un kilomètre six cents !

Mais il faut pour cela convaincre le conseil municipal, car la municipalité ne peut financer à elle seule de tels travaux.
La ville va alors céder gratuitement de nombreux terrains à un riche propriétaire de St Raphaël, le docteur Delclat, qui s'engage en contrepartie à financer les travaux.

L'inauguration du Boulevard de la Mer se déroule le 22 juillet 1883 en présence du préfet du Var.
En 1889 le Boulevard est éclairé au gaz.
En 1898, un square, côté mer, agrémenté d'une colonne en souvenir de Napoléon 1er finalise les aménagements de la promenade.

Sources et extraits : article Var Matin N Pascal juillet 2020 - Philippe Cantarel guide conférencier à Fréjus- Voies de communication par Marcel Foucou.

Ci-contre : Affiche PLM, prônant l'effet essentiellement thérapeutique de la destination, ce que ne peut encore prétendre Fréjus à l'époque.

Aujourd'hui, le Boulevard de la Mer semble bien modeste au regard des promenades stylée et autres cours élégants de la Riviera.
Un quartier résidentiel paisible et sans tape à l’œil.
Mais si le Boulevard de la Mer conduit bien au rivage de la méditerranée, il s'arrête subitement en cul de sac et ne mène nullement vers Cannes ni vers la Corniche d'Or.

Pour suivre le tracé de la Corniche d'Or, qui fut autrefois intégré à la Route Nationale 7, il nous faut récupérer la RN98 déclassée aujourd'hui en RD559.

A sa création en 1824, la route Nationale 98 ou RN 98 est définie comme étant la route reliant Toulon à Saint-Tropez.
Un décret impérial du 2 avril 1870 prolonge théoriquement cet axe le long de la côte et la RN98 devient la route de Toulon à Fréjus.
Mais en réalité, il faudra attendre presque 60 ans pour construire la section de route manquante entre St Troppez et Fréjus.
La RN98 ne rejoindra Fréjus qu'en...1928.

En 1933, la RN98 est prolongée jusqu'à Mandelieu puisqu'elle intègre la Corniche d'Or qui fut auparavant classée RN 7.

Depuis la réforme de 2005, la RN98 a été déclassée et renumérotée RD559 et RD98 dans le Var, RD 6098 dans les Alpes-Maritimes.
Vous suivez toujours :-)) ?


RN98, mais depuis 2005 : RD559

En Route -

Au rond-point de la Miougrano ( la grenade..le fruit), empruntons sur la gauche l'avenue de Provence/RD559/exRN98, direction St Raphaël.
Rien de bien folichon le long de cette rocade urbaine qui traverse une succession de quartiers résidentiels plutôt disparates, sans harmonie aucune, sans aucun intérêt.
Par ailleurs, ne nous laissons pas distraire par les multiples ronds-points qui pourraient nous induire en erreur. Notre direction : St Raphaël par la RD559.

L'avenue Victor Hugo, où les pavillons des années 20 côtoient des immeubles au standing plus contemporains, renoue un peu avec le caractère d'une petite station balnéaire, mais ce n'est qu'une fugitive impression.


Malgré l'urbanisation intensive du quartier, certains pavillons et même, comme ici, certains commerces des années 20 ont bien résisté au temps qui passe.
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Nous y sommes presque !

Au bout de l'avenue Victor Hugo, le rond-point du même nom vous conduira jusqu'à la plage, si vous n'oubliez pas de tourner à droite.


Le soleil, les palmiers et la mer ! Nous y sommes enfin.

Depuis le départ de la capitale, c'est la première fois que nous atteignons la mer. Nous y sommes enfin !
On peut garer la voiture et aller faire un plongeon !
Enfin, garer la voiture ... façon de parler, va d'abord falloir trouver une place.
C'est que nos amis Parisiens ;-)) ont une fâcheuse tendance à reproduire les habitudes qu'ils avaient avant de partir en vacances. Chassez le naturel !
Surpopulation, manque de places de parking, embouteillages...
Les avenues du bord de mer ressemblent parfois à un périphérique de banlieue Parisienne à la sortie du boulot.


Sur notre droite, Fréjus plage et le club des Sablettes. Image réactive.


Fréjus plage, au premier plan le Club des Sablettes, et les premiers établissements de bains - années 30.

Le secteur de Fréjus Plage émerge dès la fin du XIXe siècle.
Mais c'est au début des années 20 que le quartier subit ses premières grosses transformations avec la construction d'un Casino, d'hôtels et d'établissements de bains.
La Route Nationale 98 viendra parfaire, à fin des années 20, la desserte de ces nouveaux quartiers.


Le pont sur la Garonne marque la limite entre Fréjus et St Raphaël. Vue ici en direction de Fréjus.


Vue vers St Raphaël et la basilique Notre Dame de la Victoire. Même lieu aujourd'hui.

St Raphaël Km 0880

Depuis le temps que l'on en entendait parler !
Je fais bien entendu référence aux superbes murs peints - publicités murales pour l'apéritif St Raphaël - qui jalonnaient à outrance notre route depuis le départ de Paris.
Après la baignade sans chichi à Fréjus, la populaire, pourquoi pas une terrasse guindée à St Raphaël, la bourgeoise ?
Garçon ! Et un St Raphaël avec des glaçons !
Mais le célèbre apéro n'a en fait rien à voir avec la ville, mise à part la référence commune à l'archange St Raphaël.

Saint Raphaël à la Belle Epoque

L’estampille "Belle Epoque"marque Saint-Raphaël à bien des égards. Sous l’impulsion de Félix Martin, maire de la commune de 1878 à 1895, le bourg de pêche et de commerce maritime se métamorphose en une station de villégiature.
Alors que le Veillat et Boulouris sont choisis par la clientèle médicale estivale liée aux bains de mer, Valescure est élue station climatique d’hiver par une société mondaine française et britannique.
Si l’arrivée du train en 1863 a ouvert la voie au tourisme, c’est à partir de la fin des années 1870 que la station se dote d’une hôtellerie de premier ordre et d’infrastructures nouvelles sous l’impulsion du maire Félix-Martin :
aménagement du plateau du Veillat avec villas et immeubles bourgeois, une promenade en front de mer, un casino, un hôtel des Postes et Télégraphes, un réseau d’eau et d’assainissement, un hôpital, des routes…
Demeures immaculées, hôtels de belle tenue et immeubles bourgeois fleurissent le long du rivage, dans les quartiers et en ville.

En 1900 est lancé l’ouvrage de la Corniche d’Or par le Touring-Club de France, avec le concours de la compagnie Paris-Lyon-Méditerranée (PLM).
Inaugurée en 1903, la route sort définitivement de leur isolement les quartiers du bord de mer, facilitant le déplacement des nouveaux résidents.

Sources et extraits : https://www.ville-saintraphael.fr
Pour en savoir plus : https://www.avbe.fr

En Route -

Se succèdent maintenant le port de plaisance, le Casino en bout de corniche, la plage et la magnifique promenade René Coty.


Le port de St Raphaël et la basilique néo-byzantine Notre-Dame-de-la-Victoire.


La plage du Veillat.

Après la promenade René Coty puis le boulevard Raymond Poincaré, à hauteur de la nouvelle marina et du palais des congrès, on aborde la montée de la Corniche d'Or.

 


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