Notre ascension de la Grande Corniche débute Avenue des Diables
Bleus, sous le pont SNCF.
Avenue des Diables Bleus.
Cette avenue longe les anciens quartiers des Chasseurs
Alpins, appelés "Les Diables Bleus" par les Allemands
qui redoutaient leur courage et leur fougue.
Leur uniforme était en effet aux couleurs des fleurs montagnardes,
bleu-gentiane, à parements jaune-jonquille.
De 1889 à 1914, le 6e bataillon de Chasseurs Alpins tient garnison
à Nice.
Le 20 juin 1920, arrive le 22ème Bataillon des Chasseurs Alpins
pour le remplacer.
Décimé pendant la deuxième Guerre Mondiale, le
régiment est recréé en 44, à partir du
maquis du Sud-Est sous le nom de Corniche 22 et retrouve ses quartiers
Avenue des Diables Bleus.
Le 6e BCA fera partie de la vie niçoise jusqu’à
sa dissolution en 1976.
En route -
Malgré un quartier en pleine rénovation,
il est encore facile de déterminer l'emplacement de la caserne
des Diables Bleus, dont on a conservé les pavillons qui encadraient
l'entrée.
Aujourd'hui, la caserne abandonnée depuis 1976 est finalement
réhabilitée en zone résidentielle. Image réactive.
La déserte avenue des Diables Bleus traverse
un faubourg endormi, aux commerces disparus, où d'anciens immeubles
aux façades délabrées - qui ont sans doute connu
la belle époque des Diables Bleus -
côtoient des programmes immobiliers contemporains et plutôt
quelconques.
Après avoir traversé le carrefour et le
Boulevard de l'Armée des Alpes, nous voici Boulevard Bischoffheim
au pied de la Grande Corniche.
Boulevard Bischoffheim.
Dès le début du boulevard, une petite
stèle à peine visible sur notre gauche, rappelle qu'ici,
le 31 juillet 1897, eut lieu la toute première course de côte
au monde.
La course de côte Nice - La Turbie, était
une compétition automobile disputée fin-mars début-avril
avant-guerre, inaugurant la saison européenne de courses de
côte, organisée par l'Automobile Club de Nice.
L'épreuve du départ arrêté, fut la plus
ancienne course de montagne organisée au monde.
En 1897 elle démarrait du centre de Nice, passait par la Route
de Gênes (la Grande Corniche), puis devant l'observatoire du
Mont-Gros pour se terminer à l'entrée de La Turbie,
village situé à 450 mètres d'altitude.
Progressivement son tracé fut raccourci jusqu'au début
des années 1920, par mesures de sécurité.
Le monument commémoratif de la première course de
côte de l'histoire de l'automobile.
La première édition de la course de côte
Nice – La Turbie eut lieu le 31 juillet 1897.
Elle fut remportée par André Michelin dans la catégorie
voiture sur un break à vapeur, chaussé de pneumatiques
Michelin.
Le 30 mars 1900, le pilote de course Wilhem Bauer, au
volant d'une Daimler Phœnix version course 23HP, est victime
d'un accident lors de la course de côte Nice - La Turbie.
Au niveau du premier virage, en tentant d'éviter
des spectateurs qui courent sur la piste, son véhicule percute
la falaise, et s'écrase sur les rochers.
Bauer succombe à ses graves blessures le lendemain.
Sa mort est une perte tragique pour l'engagement de Daimler-Motoren-Gesellschaft
(DMG) dans le sport automobile.
Témoin de l'accident, Emil Jellinek va concevoir de toutes
pièces un modèle plus puissant, de 35 chevaux, plus
léger, doté d'un empattement long et d'un centre de
gravité abaissé, pour une meilleure tenue de route,
véhicule qu'il va appeler du nom d'une de ses filles, Mercédès.
(Voir précédemment le Palais Mercédès
sur la Prom')
Deux plaques commémorent les accidents survenus à
trois ans d'intervalle au même endroit.
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1er avril 1903
Le sport automobile vient de faire deux nouvelles victimes,
le Comte Zborowski et son mécanicien, Wilhem van Pallant
ont trouvé la mort au cours d'une épreuve sportive
qui se disputait mercredi sur la côte de la Turbie,
entre Nice et Monaco.
Cette épreuve se court depuis plusieurs années
déjà. Elle est considérée comme
difficile.
Le parcours est rude comme rampe et d'un tracé accidenté.
Il y a deux ans, un chauffeur, M Bauer, avait trouvé
la mort dans un tournant situé à 300 mètres
du départ et très dangereux à prendre
à grande vitesse, à cause de la raideur du virage
et de la mauvaise inclinaison de la chaussée.
C'est cette même courbe qui a été fatale
au Comte Zborowski et à son compagnon.
Parti cinquième des concurrents, à toute la
vitesse dont était capable son moteur Mercédès
de 70 chevaux, d'un démarrage exceptionnellement rapide,
il ne put tourner sa voiture au point critique, et alla se
fracasser contre le rocher qui borde la route du côté
droit.
Il ne s'était pas écoulé vingt secondes
entre le départ et la catastrophe.
Le Comte Zborowski eut le crâne ouvert, et mourut sur
le coup.
Wilhem van Pallant put être transporté à
l'hôpital où il succomba peu après.
Article l'Illustration 1903
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Le tour du Mont Gros, du boulevard Bischoffheim au Col des Quatre
Chemins.
En route -
Après ce fameux virage de la mort, entamons la
grimpette.
Ne vous attendez pas à retrouver ici, du moins lors des premiers
kilomètres, les magnifiques paysages de la Corniche d'Or de
l'Esterel.
Le boulevard s'extirpe lentement d'une zone urbaine un peu tristounette,
coincé entre la falaise ou son mur de soutènement sur
notre droite, et une file d'habitations sur la gauche.
La grande Corniche encore urbaine sur ses premiers kilomètres.
Notre direction, plein nord, est étonnante, mais
le boulevard contourne le Mont Vinaigrier et le Mont Gros par l'arrière.
Et justement, le nom de notre boulevard, Bischoffsheim, n'est pas
sans rapport avec le Mont Gros.
Né en 1823 à Amsterdam, Raphaël Bischoffsheim
est le fils aîné du banquier Louis Bischoffsheim.
Il entre en 1839 à l’École centrale des arts
et manufactures de Paris et après ses trois années
d’étude travaille quelque temps dans les chemins de
fer, puis, plutôt à contrecœur, dans les affaires
de son père.
Sous le Second Empire, ce dernier – banquier parisien réputé
pour son habileté financière – mène une
vie sans faste et multiplie les actions philanthropiques de bienfaisance.
À l’âge de 50 ans, après la mort soudaine
de son père, Raphaël Bischoffsheim décide de
mettre à profit la fortune colossale dont il hérite
pour se muer en philanthrope des sciences.
Dès lors, et ce jusqu’à sa mort à Paris
en 1906, il finance à la demande des savants de coûteux
instruments pour des observatoires et des laboratoires et participe
financièrement à nombre de projets scientifiques.
Parmi toutes ces actions philanthropiques, la plus prestigieuse
de toutes reste sans conteste la fondation – à son
initiative – d’un observatoire astronomique idéal
destiné aux astronomes du Bureau des longitudes.
Conçu et réalisé par son ami Charles Garnier,
le célèbre architecte de l’Opéra de Paris,
cet établissement de rêve non seulement s’inspire
pour son organisation de l’observatoire impérial russe
de Pulkovo, mais, grâce au choix de la colline du Mont-Gros
pour son implantation, il devient le premier observatoire d’altitude
permanent en Europe.
Lors de son inauguration en 1887 devant un parterre de célébrités,
cet observatoire modèle dispose non seulement des meilleurs
instruments existants, mais aussi de la plus grande lunette du monde
– abritée sous une coupole mobile géante due
à l’ingénieur Gustave Eiffel.
Élu en 1881 député des Alpes-Maritimes
et en 1891 membre libre de l’Académie des sciences, c’est
avant tout en tant que mécène fondateur d’un observatoire
à Nice que deux cents ans après sa naissance Raphaël
Bischoffsheim reste dans les mémoires.
Extraits : Service Culture & Patrimoine de l’Observatoire
de la Côte d’Azur
Poursuivons notre ascension.
Parfois la vue se dégage par endroit et laisse entrevoir un
panorama sur toute la partie nord de Nice.
Vision d'ensemble sur le quartier de la gare St Roch.
Quelques panneaux informatifs émaillent le parcours.
Après le boulevard Bischoffsheim, débute
le boulevard de l'Observatoire.
A l'intersection de ces deux voies, la petite chapelle St Charles
surplombe le quartier St Roch.
Construite vers 1864 sur un rocher escarpé, l'édifice
domine un vallon resté vierge de toutes constructions du fait
de la forte déclivité du terrain.
Aujourd'hui désaffectée, la chapelle fut pourtant récemment
profanée à plusieurs reprises, ce qui explique la grille
autour.
La chapelle fait face à un petit oratoire situé en bordure
de route.
La Chapelle St Charles. Image réactive.
Vue de Nice près de la route de Gêne 1861 par Adolphe
Viollet le Duc. Musée du Louvre.
Nous sommes sur la Grande Corniche dans la descente en direction de
Nice. A droite, dans le virage La Chapelle St Charles.
Même lieu aujourd'hui. Image réactive.
Vue sur l'abside de la Chapelle St Charles au début du siècle
dernier.
On poursuit notre ascension, le col d'EZE se rapproche,
le dénivelé restant se réduit de quelques pourcentages.
Les constructions se font plus éparses.
Une fois dépassé le discret panneau de fin d'agglomération,
la nature reprend - un peu - ses droits, les habitations se font plus
rares.
Après le panneau de fin d'agglomération, les habitations
se font plus rares.
Nous voici maintenant direction plein Est. N'oublions
pas que nous contournons toujours le Mont Gros.
Le paysage ressemble à celui que nous avions déjà
parcouru lors de la traversé de l'Esterel, une végétation
typiquement méditerranéenne.
Direction plein Sud.
Soudain une drôle de bicoque fait son apparition au détour
d'un virage.
Certains y verront un chalet d'altitude, d'autres un pavillon de chasse.
Il s'agit en fait du pavillon du concierge de l'observatoire
de Nice, datant de 1881.
Car nous voici à l'entrée du fameux Observatoire de
Nice, dont l'entrée nous est signalée par une sphère
céleste sur notre droite.
Vue en direction de Nice. La Sphère Céleste et le
pavillon du gardien, à l'entrée de l'observatoire de
Nice.
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Dominant l'agglomération niçoise depuis 1881,
l'observatoire fait de Nice l'une des premières villes
de France en matières d'observations et d'études
astronomiques.
Les premières études pour la construction de
l'observatoire commencèrent en 1878.
Le banquier Raphaël Bischoffsheim, passionné de
sciences et d'astronomie, avait acheté le sommet du
Mont-Gros pour y installer un observatoire. Il fit appel à
son ami Charles Garnier pour mener à bien le projet
architectural, et celui-ci, se souvenant de sa formation de
botaniste, aménagea un magnifique environnement paysager.
Le site comprend 18 pavillons dont 13 portent la signature
de Charles Garnier ; parmi ces bâtiments, on compte
le grand équatorial, le petit équatorial abritant
un instrument équatorial de 50 cm de diamètre
qui a permis à l'astronome Auguste Charlois de découvrir
cent-quarante petites planètes, l'équatorial
coudé, la grande méridienne avec ses deux toits
à pente mobile et à ouverture zénithale,
et le pavillon central abritant une bibliothèque et
les bureaux des chercheurs ; l'ensemble de ces bâtiments
est implanté au milieu des sentiers botaniques du jardin
et d'une oliveraie de deux cent cinquante arbres achetés
par Charles Garnier.
En 1986, l'observatoire de Nice a fusionné avec le
Centre de recherches en géodynamique et astrométrie
(CERGA) pour former l'observatoire des Alpes-Maritimes, devenu
en 1988 l'observatoire de la Côte d'Azur.
Le 6 juillet 1992, il est partiellement classé au
titre de Monument historique (France), et le 24 octobre 1994,
les bâtiments le sont en totalité, y compris
les différentes lunettes.
Roland Ciccoli - Comté de Nice et son histoire.
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Pour en savoir plus :
https://www.oca.eu/fr/ocavv
Vue ici en direction de Nice, la route de l'observatoire et son
accès à gauche. Image réactive.
Poursuivons notre ascension, plein Sud.
Parfois au détour d'un virage, au travers d'une trouée
végétale, on aperçoit le Mont Leuze sur lequel
est implanté le relais émetteur de Villefranche sur
Mer.
Le Mont Leuze 567 mètres, autrefois entièrement
couvert de chênes, Leùze en patois.
Quelques maisons apparaissent groupées autour
d'un carrefour.
Nous voici arrivés au Col des Quatre Chemins, carrefour de
la Grande Corniche avec la route militaire du Mont Leuze, la route
vers La Trinité, le chemin du Vinaigrier et la route vers Villefranche
sur Mer.
Le col est un point stratégique sur l’ancienne route
de Gênes et l’antique voie Aurélienne, d’où
l’on peut descendre vers La Trinité ou vers Villefranche,
entre le mont Vinaigrier et le mont Paccanaglia.
On y trouvait autrefois deux auberges.
Il n'en reste aujourd'hui qu'une seule, la Chaumière, un ancien
relais de diligence.
Le carrefour est marqué par un petit monument élevé
à la gloire de l'enfant Chéri de la Victoire, le Général
Massena.
Vue en direction de Nice. La stèle Massena et derrière
"La Chaumière" l'unique restaurant du Col.
Très prisé à l'époque par les touristes
de passage, le restaurant des Quatre Chemins.
Aujourd'hui fermé depuis très, très, très
longtemps. Image réactive.
Arrêt diligence devant le restaurant des Quatre Chemins en 1903.
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