ETAPE 20 : de St Laurent du Var (950 km) à Menton (1000 km)

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Rond-point du Pont de l'Union

Menton Km 0987

Un peu d'histoire :

La première mention de la seigneurie de Menton date de 1262.
A la fin du XIème siècle, la petite cité de Podium Pini ou Puypin est bâtie au sommet de la colline qui sépare les vallées du Careï et du Borrigo.
Les premiers mentonnais s’installent. Le château appartient à un génois, Guillaume de Vento, par le Traité de paix passé entre le roi de Naples et de Sicile, Charles d’Anjou (1227/1285) et la ville de Gènes.

À partir de 1316, Puypin laisse place à une nouvelle ville, plus proche du rivage. De ce site originel ne subsiste qu’une chapelle dédiée à Notre-Dame de l'Annonciade dont s’occupe les moines Capucins.
Acquise en 1346 par Charles Grimaldi de Monaco, Menton resta sous la suzeraineté des princes monégasques pendant cinq siècles, jusqu’en 1848, époque où elle se proclama Ville Libre avec sa voisine Roquebrune,
en se plaçant sous la protection du roi de Sardaigne. Menton n’a jamais fait partie du comté de Nice historique.
Menton fut annexée à la France durant la Révolution et le Premier Empire et fit alors partie du département des Alpes-Maritimes (qui incluait alors Monaco et Sanremo). Elle faisait partie de l’arrondissement de Sanremo.
La principauté de Monaco fut reconstituée en 1814, mais passa en 1815 sous le protectorat des rois de Sardaigne et les princes durent rendre l’hommage féodal pour Menton à ces rois — de façon anachronique — mais non pour Monaco proprement dit.

1848 fut l’année des révolutions en Europe. Menton, tout comme sa voisine Roquebrune, fit sécession de la principauté de Monaco.
Il est vrai que le prince Florestan de Monaco s’obstinait à percevoir une taxe sur l'exportation des citrons, principale ressource de la ville.
Les deux cités se constituèrent alors en Villes libres, demandèrent la protection du royaume de Sardaigne et furent administrées de fait par la maison de Savoie.
En 1860, elles choisissent le rattachement à la France et Charles III de Monaco (1818/1889) abandonne ses droits sur la ville à Charles Louis Napoléon Bonaparte, l’empereur Napoléon III (1808/1873) qui paye un dédommagement d’un montant de 4 millions de francs au prince.
Menton est alors rattachée au département des Alpes-Maritimes.

En route -

Direction l'Italie par les avenues du Général de Gaulle (sens aller) et de La Madone (sens retour), séparées par un terre-plein central arboré.


La double Avenue du Général de Gaulle et de la Madone.


La séparation par une bordure entre l'Avenue du Général de Gaulle et l'Avenue de la Madone date de 1956.

Notre route ( av du général De Gaulle) va longer ainsi la Route du Bord de Mer, tout en restant en retrait, cachée derrière les immeubles dont les façades donnent sur le front de mer.
La face cachée de la Promenade pour ainsi dire.

Sur notre droite donc, voici le verso de l'hôtel Prince de Galles, ancienne caserne des carabiniers des Princes de Monaco, aujourd'hui hôtel de luxe.


Côté Avenue du Général de Gaulle, le verso des hôtels et des villas.

Sur notre gauche, côté Avenue de la Madone, le Palais Carnolès et ses jardins.
Le Palais Carnolès, aujourd'hui musée des Beaux Arts, est un ancien pavillon de chasse transformé en une résidence d’été par Antoine Ier de Monaco.
Séjournant régulièrement à Versailles, il s’inspire de l’esprit du Grand Trianon et commande aux architectes de la cour de France, Robert de Cotte et Jacques Gabriel, les plans de son palais.
La construction est terminée vers 1725.


Côté Avenue de la Madone, le Palais Carnolès.

Inscrit à l’Inventaire des Monuments historiques en 1969, le palais, situé dans un vaste jardin d’agrumes qui constitue la plus importante collection d’agrumes en Europe, est choisi pour devenir le musée des beaux-arts de la ville de Menton.
Il est inauguré en 1977, en présence de la princesse Grace de Monaco.


L'ancien Palace Impérial. Image réactive.

L'avenue est bordée de beaux immeubles résidentiels et d'hôtels particuliers.
Au numéro 9 de l'avenue, toujours sur la gauche, derrière les grilles en fer forgé, vous apercevrez la résidence "Impérial" ’un des derniers palaces à avoir été construit à Menton.

Construit en 1913, trois ans après l'arrivée du chemin de fer sur la Riviera française, l'Impérial est l’un des témoins du renouveau économique de la ville côtière.
Menton devient rapidement l’une des destinations phares de l'aristocratie mondiale, notamment de la Reine Victoria qui y séjourna de mars à avril 1882.

L'hôtel se distingue de ses voisins par ses équipements résolument modernes pour l’époque, comme des ascenseurs et des téléphones, ainsi que des baignoires à tous les étages.
L’hôtel affilié au Ritz Carlton de Londres, offre ainsi des prestations très haut de gamme dans ses 300 chambres, ainsi qu’un espace extérieur d’exception : terrain de tennis, golf, parc exotique et salle de musique.
Il s’y tenaient des concerts de musique classique, en faisant ainsi un lieu résolument mondain.

Durant la première guerre mondiale, la prestigieuse résidence se transforme en hôpital de guerre et accueille peu de temps après, la première lauréate du Prix Nobel de physique, Marie Curie,
qui y installe son premier cabinet de radiologie osseuse.

Aujourd’hui, L’Impérial est le seul ancien hôtel en France classé aux Monuments Historiques sur la totalité de sa surface, à savoir: le parc, les façades, la toiture, les annexes et les parties communes.

L’hôtel est converti en copropriété résidence de luxe depuis 1948.

Vos finances ne vous permettent pas de vous loger à l'Impérial ? même pas en Airbnb ? Vous avez fouillé dans votre porte-monnaie ? Pas de panique !
L 'hôtel du "Pavillon Impérial", qui jouxte l'entrée de l'ancien palace Impérial, est un bon plan.

Bon plan, bon plan, tout est relatif hein ! Nous sommes tout de même à Menton... pas à Montargis ! un petit coucou amical à mes amis de Montargis :-))


L'Hôtel du Pavillon Impérial, toujours d'actualité. Image réactive.

En 1928, un pavillon annexe à l'Hôtel Impérial est construit en bordure de route.
Le rez de chaussée sert alors de garage, et l'étage reçoit le logement du jardinier en chef.
En 1947, Le Palace ferme définitivement ses portes. Il est transformé en résidence d'habitation composée d'appartements.
En 1950 le pavillon du jardinier est transformé en un petit hôtel de 17 chambres et devient le Pavillon Impérial, Hôtel - Pension deux étoiles.

https://www.hotel-pavillon-imperial.com


Située à l'angle de l'avenue de la Madone et du chemin du Pigautier, cette chapelle construite en 1874, jadis consacrée à St Cristophe,
est aujourd'hui déconsacrée et transformée en habitation privée.

En route -

Entre deux pâtés d'immeubles, l'espace parfois occupé par un parking, un square, ou une placette, nous laisse entrevoir le bord de mer. Poursuivons par l'avenue du Général de Gaulle.
A droite, le verso des hôtels se suivent, Le Dauphin, Le Riva Art, Le Princess & Richmond, l'impressionnant Immeuble de l'Admiral Plaza, dont l'architecture s'apprécie côté bord de mer.

Un Général en chassant un autre, nous voici maintenant avenue Carnot. Cossue et "So British" sont peut-être les termes qui qualifient le mieux cette avenue ombragée.
Oh, bien sûr, on n'y ressent plus la douceur insouciante des années d'après guerre, mais il émane encore ici et là le parfum nostalgique d'un passé élégant, qui n'est pas pour me déplaire.


Depuis le temps que je le dis, le must du must, un verre en terrasse, à l'ombre des platanes, en bordure de Route Nationale 7.
Ici le Grillon Henry's Bar. A droite, l'entrée de l'Hôtel de Londres.
Même lieu aujourd'hui. Image réactive.

A deux pas d'ici, dans un écrin de verdure au fond d'un court cours verdoyant ;-) voici l'honorable, que dis-je, le vénérable Hôtel de Londres, 200 ans d'existence et pas une ride.
Le philosophe Nietzsche y résida, ainsi que l'auteur Robert Louis Stevenson, une décennie durant.


L'hôtel de Londres, un petit cocon à la façade classée.

Deux pâtés d'immeubles plus loin, sur la gauche, l'imposante architecture de l'Astoria nous replonge dans le patrimoine hôtelier des palaces de la Belle-Epoque.


L'Astoria, hôtel de luxe ouvert toute l'année, 200 chambres, 100 salles de bains, 30 appartements avec cuisine.
Après la seconde Guerre Mondiale, comme la plupart de ses confrères, le palace sera transformé en résidence d'appartements. Image réactive.

Après la chute de l’Empire français et la restauration des Grimaldi en 1814, les Britanniques reprennent leurs habitudes sur le continent européen.
Le courant britannique se développe et provoque la construction de trois églises à Menton : deux anglicanes, Christ church et Saint-John church, et une église presbytérienne écossaise.

L’église Saint-Jean l’Evangéliste (Saint-John church) a été construite en 1867, à l’angle des avenues de Verdun et Carnot (RN7), sous l’égide du fils de son premier pasteur, le révérend William Barber,
originaire de Leicester, en poste à Menton de 1864 à 1878.
Bâtie dans un style néo-gothique à la mode, elle est terminée à l’automne 1868.


L'entrée de l'église anglican St John sans son clocher. Dans le cartouche l'entrée avec clocher. Image réactive.

Lors du tremblement de terre de 1887, le clocher s’effondre. Pour des questions de sécurité, il ne sera pas reconstruit.
L’église a été entièrement rénovée au cours de ces dernières années et son entrée modifiée pour laisser un accès à l'immeuble voisin.

Sur notre droite, le Casino Barrière, anciennement Casino municipal.

Le casino Barrière (ancien casino municipal) est le dernier casino construit à Menton après une série d'édifices de jeux aménagés à partir de 1848 et dont les plus importants sont le Cercle des Étrangers (1859), actuel hôtel de ville
et le Kursaal (1909), actuel Palais de l'Europe. Ce dernier avait été transformé en hôpital pendant la guerre de 1914-1918 et n'avait pas repris une véritable activité après-guerre.

Le conseil municipal décide, par délibération, la construction d'un nouveau bâtiment le 13 mars 1933, plus adapté aux mutations du tourisme à cette période et aux nouvelles exigences de la clientèle.
Le chantier commence en novembre 1933. Les travaux sont achevés en février 1934.
Le maître d’œuvre est l'architecte niçois Roger Seassal, auteur du casino d'été Palm Beach de Cannes (1928) et de l'hôtel de luxe Monte-Carlo Beach à Roquebrune-Cap-Martin (1929).

Le casino est construit sur l'emplacement d'un kiosque à musique, dans la perspective des jardins Biovès aménagés sur le lit couvert du torrent Careï.
Il n'est séparé de la mer que par la Promenade du Soleil qui formait une terrasse à cet endroit.

Édifice de représentation et de prestige, son implantation est choisie avec soin au centre de la station ou à proximité de la plage comme ici où il s'offre également à la vue à partir de la perspective des jardins Biovès au nord.
Succédant aux précédents casinos du milieu du 19e siècle ou du début du 20e siècle construits à Menton, il est en adéquation avec les nouveaux modes de vie des années 1920-1930.
Alors que les précédents édifices étaient uniquement axés sur des espaces de mondanités intérieurs, salles de jeux, théâtre, salle de bal, le nouveau casino intègre de nouveaux lieux de convivialité extérieurs
dédiés au nouvel art de vivre, la piscine d'eau de mer et le solarium.

Le casino souffre de la seconde guerre mondiale. Il connaît des projets de transformation dans les années 1940 (architecte : Marcel Guilgot).
Le cinéma est transformé en théâtre. Après des années de fermeture et de désaffection, le casino est racheté par le groupe Barrière.
Il a été entièrement restauré en 2015. La piscine a été transformée en terrasse, le cinéma en boîte de nuit et la destination des différents espaces a été modifiée.
La décoration d'origine a été conservée.

Extraits Pauvarel Frédéric https://dossiersinventaire.maregionsud.fr/dossier/IA06002520

En route -


L'avenue Carnot / RN7 arborée. Attention, le tracé pour l'Italie tourne immédiatement à droite après le casino. Image réactive.


Après le Casino, la RN7 emprunte la Promenade du Bord de Mer.

La construction de la Promenade du Bord de Mer est initiée en 1867 et s'achèvera en 1881.

Dans la droite lignée de ses consœurs, la Promenade des Anglais à Nice ou la Croisette à Cannes, la Promenade du Soleil n'a à son origine d'autre but que de divertir les (riches) touristes hivernants.
Flâner vers le Casino, respirer un bon bol d'air marin tout en admirant au passage les demeures de luxe qui jalonnent la promenade face à la mer, reste à l'époque, un loisir très apprécié des vacanciers outre Manche.

Aujourd'hui, la Promenade est entrée dans une ère plus contemporaine, mais elle aligne toujours ses Hôtels de luxes et ses Palaces aux façades d'un autre temps, ses immeubles bourgeois, ses terrasses de cafés et de restaurants,
et quelques boutiques relativement bien intégrées au paysage.

De plus, vous le constaterez par vous même, Menton est un jardin, et depuis plusieurs années déjà, la ville n'est plus uniquement associée aux citrons, palmiers et autres oliviers.
La municipalité s'est lancée dans un vaste programme de re-végétalisation de la ville. Ne voyez pas là une simple déco avec bacs à plantes, massifs fleuris et parterres gazonnés.
La ville a vu grand, et dissémine ça et là aux coins des rues, ou sur de croquignolettes placettes, des arbres remarquables, pour certains plusieurs fois centenaires.

Au numéro 1492 de la Promenade du Soleil on peut ainsi observer un immense Ficus Macrophylla. L’âge de cet arbre de plusieurs mètres de haut est estimé à près d’une centaine d’années.
Ces arbres, qu’on appelle aussi "figuiers de la baie de Moreton", doivent leur aspect imposant au développement de leurs racines aériennes ramifiées qui rejoignent le sol et forment des troncs supplémentaires.

Le Royal Westminster :

L'hôtel est daté de 1870.
En 1882, il figure sur une publicité du guide Joanne sous le nom d'Hôtel Westminster. Il appartient alors à l'hôtelier italien Matteo Colletti.
Il apparaît sous le nom de Royal Westminster en 1902 sur l'Annuaire des Alpes Maritimes après avoir intégré la villa Farina contiguë qui était devenue l'Hôtel Royal.
Le propriétaire est alors un hôtelier savoyard Émile Leder.

En 1912, l'hôtel devient propriété d'un hôtelier suisse, Jean-Balthazar Hagen, qui entreprend en 1913 la transformation de la villa. Elle est surélevée de trois niveaux et surmontée d'une balustrade de couronnement.
L'hôtel conserve son activité pendant la guerre.
En 1925, Jean-Balthazar Hagen le fait surélever de deux étages ce qui le met au niveau de la partie droite.
L'architecte, Frédéric Orrigo harmonise les deux façades par le jeu des fenêtres plein-cintre, des colonnes au sixième niveau et par les corniches.

L'hôtel appartient à la famille Hagen jusqu'au début des années 1970. C'est l'un des rares grands hôtels à avoir conservé sa fonction d'origine. Il a été rénové en 1992.

Source et extraits : https://dossiersinventaire.maregionsud.fr/dossier/IA06002747#doc


La Promenade semble avoir été à sens unique au milieu des années 70. Même lieu aujourd'hui, Image réactive.

Facilement repérable à ses stores en forme de demi-coque en bordure de promenade, l'Hôtel Balmoral, ancien Palace, aligne sa façade de quatre étages, en retrait d'un petit jardin d'agrément.
Construit en 1859, l'ancien Grand Hôtel Victoria devient l'hôtel du Littoral en 1889 puis le Balmoral en 1897.
La comédienne Sarah Bernhardt y séjournait régulièrement.


L'Hôtel Balmoral, Image réactive.

Arrivés au petit rond-point, devant le musée Jean Cocteau, au carrefour de la rue Tranca et du quai Moléon aujourd'hui en sens interdit, la D2007 bifurque légèrement sur la droite et longe le bord de mer.
Cela n'a pas toujours été le cas. Son itinéraire original se poursuivait tout droit, par le quai Moléon, car, comme son nom l'indique, nous étions ici immédiatement en bordure de mer.


Cliché de la fin du XIXe siècle, à l'entrée du quai Moléon. (avant les premières transformations de 1898) Image réactive
On distingue au fond les immeubles de la vieille ville, ainsi que le Bastion battu par les flots sur la droite de la photo. Des barques de pêcheurs reposent le long de la grève.
/ Même lieu aujourd'hui. A partir du milieu des années 1960, de grands travaux d'aménagement vont modifier profondément la disposition du lieu.

Vont apparaître, entre autres, une vaste esplanade et une voie de contournement.


Aujourd'hui, le tracé historique par le quai Monléon (en rouge), ne longe plus la mer et est à sens unique.


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