| Quai Monléon :  Le quai Monléon - en sens interdit dans notre sens 
          de circulation - est intéressant à plus d'un titre.Tout d'abord, il s'agit du tracé historique de notre RN7. Bien 
          avant l’extension de la ville sur la mer, des travaux de construction 
          de l'esplanade Francis Palmero et de la réhabilitation du Bastion.
 Ensuite, à défaut de ne plus longer la mer 
          comme auparavant, le quai longe toujours le vieux Menton, l'occasion 
          de découvrir des ruelles étroites, des placettes ombragées, 
          des constructions aux couleurs typiquement méridionales.Ce quai dont la construction se termine en 1891, permetait de relier 
          le vieux port de pêche à la Promenade du Soleil.
  Vue du quai Monléon en 1950. Le secteur n'a pas encore subi 
          les grands travaux des années 70.
 En route - A l'entrée du quai, sur la gauche, un bâtiment 
          au ton rosé surplombe la route de toute sa longueur. Il s'agit 
          de l' Hôtel particulier dit "Palais Trenca de Monléon", 
          construit en 1780.Les Monléon sont une famille d'origine italienne, établie 
          à Menton au début du 15e siècle où ils font 
          une carrière militaire auprès des princes de Monaco.
 Charles Trenca est le chef du gouvernement des Villes libres de Menton 
          et Roquebrune lorsque celles-ci font sécession en 1848.
 La Mairie de Menton occupa le Palais Trenca de 1882 à 
          1902. 
 Le 23 février 1887, tout le quartier situé 
          le long du bord de mer, fut terriblement éprouvé par un 
          tremblement de terre alors sans précédent qui toucha toute 
          la Côte d'Azur.La ville de Menton fut la plus endommagée. Le Palais Trenca fut 
          lourdement affecté par les secousses sismiques.
 Aujourd'hui le palais, dont l'entrée et la façade 
          se situent côté place Clémenceau, est devenu un 
          immeuble d'habitations. Pour tout savoir sur le tremblement de terre de 1887 
          : https://www.azurseisme.com/Effets-sur-Menton.html 
           
 Après le Palais Tranca-Monléon, un autre 
          bâtiment bien plus remarquable, la Halle au marché.   
          En 1882, le maire de Menton, Emile Biovès, décide de 
            créer un marché couvert. Le projet est réalisé 
            par l’architecte mentonnais Adrien Rey (1865-1959). Il est achevé 
            en 1898.
 Le bâtiment devait répondre à deux conditions 
            principales requises pour un bon fonctionnement du marché : 
            le besoin d’une très large ventilation combinée 
            à la nécessité de créer le plus d’ombre 
            possible.
 Une bonne protection solaire est établie sur toute la façade 
            et forme un porche protégé jusqu’à l’entrée 
            principale.
 L’architecte n’a pas oublié l’esthétique. 
            Le bâtiment est animé par une grande diversité 
            de matériaux et de couleurs : sol en pierre, plâtre, 
            brique, bois, décors en céramique de la fabrique Mentonnaise 
            Saïssi.
 Source et extraits : https://cityxee.com/fr/marche-couvert-a-menton/  Le quai Monléon fin du XIXe siècle.
 Au premier plan, la halle au marché nouvellement construite, 
          puis le palais Tranca Monléon.
  La Halle, jour de marché, en pleine activité. Image 
          réactive même lieu aujourd'hui.
 Arrivée en bout de quai, la route va contourner 
          le faubourg du Cap, un ancien quartier de pêcheurs, groupé 
          autour de la chapelle Saint-Sébastien.La vieille ville a un petit air de dolce vita. Pourquoi ne pas aller 
          s'y perdre, au gré des ruelles étroites, des escaliers 
          et des placettes ombragées, bordées de façades 
          aux ocres lumineux ?
   Le quai Monléon / RN7 passe au pied de la vieille ville, 
          dans les deux sens de circulation.
 A gauche, les remparts du bord de mer. Même lieu aujourd'hui, 
          image réactive.
 L'esplanade. Jusqu'aux années 50, le quai longe le bord de mer.Au début des années 60, la ville gagne un peu de terrain 
          sur la mer, terrain vite transformé en un vaste parking urbain, 
          très pratique à l'époque pour se garer à 
          proximité du marché ou pour partir explorer la vieille 
          ville.
 Mais les grands travaux débuterons réellement au milieu 
          des années 70.
  Dès le début des années 60 on gagne du terrain 
          sur la mer.
 L'esplanade prend forme. Le quai Monléon (à gauche) se 
          retrouve séparé de la berge par un vaste terre-plein.
  A partir des années 60, la ville s'étend sur la mer. 
          La halle au marché, n'est désormais plus en bordure de 
          mer, et l'automobile y gagne un vaste parking urbain.
  En 1974, le parking devient une esplanade, une route de contournement 
          est créée afin d'éviter le quai Monléon.
 Au centre de l'esplanade, apparaît une station BP.
  La station BP de l'esplanade en 1975. Au fond on aperçoit le 
          Bastion.
  Un sens giratoire est instauré autour de l'esplanade.
  En 1977, les travaux sont terminés
  Face au quai Monléon en sens interdit, sens giratoire oblige, 
          contournons par la droite.
 En route - Aujourd'hui, le centre de l'esplanade est occupé 
          depuis 2011 par un bâtiment aux lignes modernes, en lieu et place 
          de l'ancienne station BP.Il s'agit du Musée d'Art moderne Jean Cocteau - Collection Séverin 
          Wunderman, abritant des œuvres de Jean Cocteau sur différents 
          supports.
 En octobre 2018, des vagues de 7 mètres, provoquées 
          par la tempête Adrian, inondent et endommagent plusieurs œuvres 
          du musée.Comme quoi l'écrin moderne n'était pas si protecteur. 
          Depuis, le musée semble définitivement fermé.
  Le bâtiment n'a pas résisté aux assauts de la 
          tempête Adrian en 2018. Il prend l'eau de toute part et semble 
          définitivement fermé.
 2011-2018, un bâtiment digne de l'émission TV " Combien 
          ça coûte, ou l'argent du contribuable jeté par la 
          fenêtre"
 Le Bastion. 200 mètres plus loin, voila une construction qui 
          a traversé les âges, bien plus solide que l'ex musée 
          d'Art Moderne : le Bastion.  
 Le petit fort, dit le bastion, se trouve à la pointe 
          de la vieille ville entre les deux baies de Menton. Il est construit 
          sur la volonté du prince de Monaco, Honoré II.L’ordonnance de 1618 stipule :
  « Moi, prince Honoré II désire 
          que, sur le roc isolé, marquant la pointe de l’éperon 
          portant la ville fortifiée de Menton, soit édifié un bastion qui avance dans la mer et devienne 
          la tête de la dite cité pour la défendre des flottes 
          ennemies ».
 
            Le bastion défense
 Le fort est alors isolé sur un îlot. On y 
          accède par un passerelle mobile en bois. L’emplacement des poulies de ce pont-levis est encore visible 
          au-dessus de l’ouverture du premier niveau.
 Il possède deux niveaux : un rez-de-chaussée et un premier 
          étage servant de magasin de poudre.
 La plateforme, à onze mètres au-dessus de la mer, est 
          constituée d’échauguettes percées de meurtrières.
 Quatre canons sont placés aux angles du fort. En plus de leurs 
          rôles défensifs, ils participent aux saluts des fêtes 
          religieuses.
 Une petite garnison en assure la garde et le service.
  Le bastion phare.
 Sous le Premier Empire, au début du XIXe siècle, 
          un pont-levis est installé en remplacement de la passerelle. 
          Le bastion fait office de prison durant la révolution de 1848.
 Il est désarmé le 2 septembre 1860 et est aménagé 
          pour servir d’entrepôt de matériel, de grenier à 
          sel, ou de prison.
 Avec les travaux d’aménagement du port (de 1869 à 
          1890), le bastion sert momentanément de support pour l’édification 
          d’un phare à feu fixe qui sera déplacé en 
          fin de travaux au bout de la jetée.
 Le fortin n’est plus une forteresse isolée sur les rochers.
 
 Après avoir fait l’objet de nombreuses locations, il est 
          abandonné en 1914.
 Mais il devient à nouveau un bâtiment militaire lors de 
          la Seconde Guerre mondiale, les Allemands le transformant en blockhaus.
 A la fin de la guerre, il est en ruines et délaissé pendant 
          de nombreuses années.
  Le bastion musée.
 (à gauche, en partie caché par la voiture, on distingue 
          le panneau Frontière... la fin de notre périple est proche)
 Le maire de Menton, Francis Palmero, rencontre Jean Cocteau 
          au Festival de musique en 1955. Dès le mois de septembre, il lui demande de décorer la 
          salle des mariages de l’Hôtel de Ville.
 En 1957, il propose à l’artiste d’installer son musée 
          dans le bastion.
  
          « A Menton, le maire, Monsieur Palmero, m’offre, 
            en échange de la salle des mariages que j’ai décorée, 
            un bastion au bout de la digue, où je pourrais mettre mes œuvres 
            comme Picasso dans le musée d’Antibes » écrit 
            Cocteau. Ce projet s’inscrit dans le cadre de la valorisation 
          territoriale où de nombreux monuments anciens sont réhabilités. 
          Il est décidé, par un arrêté du 9 septembre 
          1959, que le bâtiment, propriété de l’Administration 
          de Domaine, peut être occupé pendant trente ans par la 
          ville de Menton pour y faire une salle d’exposition.
 Une des conditions est la remise en état du fortin en accord 
          avec les services des Monuments Historiques et le paiement d’un 
          loyer. Le bastion sera finalement concédé à la 
          ville en 1960.
  Coup de mer sur le bastion en 1977, lors de la finalisation des 
          travaux de l'esplanade.
 La RN7 (à gauche) reçoit les embruns. Ça va faire 
          rouiller les bagnoles :-)
 Les travaux pour l’aménagement du musée 
          commencent dès 1959. Il s’agit d’abord de faire restaurer 
          l’extérieur (les quatre échauguettes et le couronnement) 
          puis l’intérieur par des sociétés spécialisées 
          au vu de sa valeur patrimoniale. La restauration prend en compte les détails composant les lieux 
          tels que le four qui devient un dispositif d’exposition, l’objectif 
          étant de conserver l’aspect de fortin au bâtiment.
 Sur les plans, Cocteau envisage les salles d’exposition. Il entreprend 
          sur place des décorations notamment les fameuses calades (mosaïques 
          de galets).
 Le bois est privilégié pour rappeler le plancher d’un 
          bateau car le lieu a les pieds dans l’eau.
 Jusqu’au bout, le poète porte le projet malgré 
          ses problèmes de santé. Il disparaît en 1963. Dès 1964, son fils adoptif, Edouard 
          Dermit poursuit les travaux selon ses vœux.
 Le musée est inauguré le 30 avril 1966 en présence 
          de Francis Palmero, de Son Altesse la Bégum, d’Yvonne Labrousse, 
          Francine Weisweiller, Edouard Dermit …
 Après six ans de travaux, Menton possède le premier Musée 
          Jean Cocteau au monde. Source et extraits: https://www.menton.fr/Le-Bastion-retrouve-sa-gloire-d-antan.html  Après le Quai Monléon et le bastion, direction plein 
          nord par le Quai Bonaparte. (tracé bleu)
 Le tracé rouge correspond à la traversée historique 
          de Menton bien avant la construction des quais.
 
 En route - Au rond-point, laissons le Bastion derrière nous et empruntons 
          le Quai Bonaparte.  Coincé entre le rivage et la vieille ville, ce boulevard du littoral 
          longe le vieux port et la plage des sablettes.
 Aujourd'hui le vieux port est l'un des deux ports de plaisance de Menton 
          dans la baie de Garavan.
 Mais remontons le temps. Jusqu'au XIXe siècle, la traversée de la ville s'effectue 
          en partie en suivant l'antique voie romaine, seule voie menant vers 
          l’Italie, la Via Aurélia, devenue Via Julia Augusta au 
          premier siècle de notre ère.Dans la vieille ville, c'est la Rue Longue, rue principale, étroite 
          et sinueuse, bordée d’échoppes, de tavernes et de 
          relais muletiers. (Tracé rouge sur la carte ci-dessus)
 La voie romaine demeure l’axe de circulation de la ville ancienne 
          pendant toute la période médiévale, elle est fermée 
          par deux portes : la porte Saint-Antoine, côté France et 
          la porte Saint-Julien, côté Italie. Au début du XVIII ème siècle, avec l’accroissement 
          de la population, Menton se tourne vers une économie moderne 
          fondée sur l’agrumiculture, l’oléiculture, 
          le commerce et le cabotage.La rue Longue ne permet plus d’assurer le transit entre la France 
          et l’Italie : il faut désormais s’adapter à 
          l’évolution des transports et notamment aux activités 
          commerciales liées à la mer.
 A cette époque, pas de quai, le pied des maisons en bordure de 
          mer donnait directement sur la grève ou reposait sur les rochers.
 Tout le trafic pour l’Italie passait donc par l"étroite 
          rue Longue.
 Après un décret de Bonaparte en 1808, pour des raisons 
          stratégiques et économiques, on décide de construire 
          un quai entre la mer et le rocher, afin de délester la rue Longue.Il est construit sous l’Empire par Napoléon Bonaparte.
 Il sera terminé sous le Second Empire.
 Cet aménagement va radicalement modifier la perception de la 
          ville, les murs arrières des immeubles de la Rue Longue devenant 
          les façades donnant sur le quai.En 1811.le quai Bonaparte a une largeur de 7 mètres et rejoint 
          la rue Saint-Michel.
 En 1858, un rez-de-chaussée à arcades est édifié 
          devant le soubassement de rochers supportant les façades du quai 
          Bonaparte. Des boutiques y sont implantées.
  Peut-être la plus ancienne photographie de Menton vers 1870.
 Le quai Bonaparte est construit ainsi que le soubassement à arcades.
 L'arrière des immeubles, qui avant la construction du quai donnait 
          directement sur la grève ou sur des rochers, se retrouve maintenant 
          bordé par la Route Impériale.
 En 1902, le quai est élargi à 2 x 1 voie.Pour cela, la voie ajoutée est supportée par une série 
          de 16 arches côté mer.
 Depuis 1963, sept nouvelles arches complètent l’ensemble.
   Après 1902, des arches permettent l'élargissement 
          du quai.
 Et bien, maintenant que nous connaissons un peu mieux 
          l'histoire du quai Bonaparte, allons voir à quoi il ressemble 
          aujourd'hui.  Le Quai Bonaparte aujourd'hui.
 En route - Le quai, dans sa première partie arboré 
          de palmiers, est bordé côté mer d'un large trottoir 
          avec vue plongeante sur la plage des Sablettes en contrebas et la magnifique 
          baie de Garavan.D'ici, si vous avez une bonne vue, ou des jumelles, on aperçoit 
          la frontière, but ultime de notre périple de 1000 Km.
 
 Côté vieille ville, des restaurants, des 
          cafés, des glaciers et quelques boutiques occupent les fameuses 
          arcades de 1858, le plus souvent masquées par les auvents des 
          terrasses.  Les années 60. Quai Bonaparte et ses commerces entièrement 
          dédiés aux plaisirs de la plage.
 Même lieu aujourd'hui, avec des commerces principalement basés 
          sur la restauration. Image réactive.
  Les fameuses arcades, véritable soubassement de la vieille 
          ville, qui ont permis l'élaboration du quai.
 Ici, avant 1858, les rochers sur lesquels se juchaient les immeubles, 
          étaient balayés par les flots.
  Ici au n°11, ambiance estivale, sans chichis sous les arcades. Collection 
          Nathalie Rateau - Lagarde.
  Là, au n° 41, le Garage Bonaparte, occupait 2 ou 3 arcades.
  La plage des Sablettes, son parking, ses palmiers.
 
  En 1902, 16 voûtes de soutènement permettent d'élargir 
          le quai qui devient à double voie de circulation.
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