ETAPE 20 : de St Laurent du Var (950 km) à Menton (1000 km)

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← Menton - Frontière Franco / Italienne.



Pas d'alternative à l'époque, un seul passage de frontière, le poste de douane Saint Louis à gauche.

Direction la frontière -

Avant 1860, le fleuve Var constituait la frontière de France.
Après le rattachement du Comté sarde de Nice, les limites du département du Var furent déplacées vers l’Ouest.
En effet, il fallu agrandir le territoire du département des Alpes-Maritimes (ancien Comté de Nice), alors trop petit pour former une nouvelle entité administrative.
Pour cela, comme le fit naguère la Révolution avec le découpage de la Provence, le gouvernement eut l’idée de lui ajouter la partie orientale du département du Var.

C’est ainsi que Grasse (ex-préfecture du Var), Cannes, Antibes et Cagnes-sur-Mer furent rattachés à l’ancien comté pour constituer l’intégralité des Alpes-Maritimes.
La conséquence de cette manœuvre administrative fut que le département varois perdit aussi le fleuve Var qui marquait la frontière entre les deux départements.

La frontière avec l’Italie fut également déplacée vers un lieu difficile à franchir, là où la montagne plonge dans la mer sous le village de Grimaldi.

Si en 1860 cette frontière était située entre deux pays amis, les difficultés, au fil des décennies ne tardèrent pas à surgir.

Nice devint une ville à défendre : ligne Seré de Rivière (ensemble de fortifications frontalières construites à partir de 1874), puis ligne Maginot Menton-Apt.
Les présidents du Conseil du Royaume d'Italie, Francisco Crispi puis Bénito Mussolini exprimèrent à leur tour des revendications sur les terres savoyardes et Nice, créant de véritables crises politiques.

Dès 1920, un commissaire spécial fut nommé dans les Alpes maritimes pour la frontière.
En 1940, se déroula la bataille du Pont-Saint-Louis où 9 soldats français, combattirent 300 soldats italiens durant une dizaine de jours.

Sources :
Traverser la frontière franco-italienne aux XIXe et XXe siècles - Yvan Gastaut.
Département du Var, métamorphose d’un territoire (1790-1990) par Étienne Julliard

En route -

A hauteur de la tour de la Capitainerie, bifurquons sur la gauche pour emprunter l'avenue Aristide Briand.


Le tracé historique de la RN7 vers le poste frontière du Pont Saint Louis.


La Route Nationale 7 prend fin 700 mètres plus loin au poste frontière haut du Pont St Louis.
Nous sommes en 1962, le poste frontière bas n'existe pas, ce qui oblige tous les automobilistes à patienter de longues heures avant leur passage en douane.

La Fontaine Hanbury.

A la jonction de la route du bord de mer et de la montée Aristide Briand, trône un petit monument que beaucoup reconnaîtront : la Fontaine Hanbury.


Au début du XXe siècle, La RN7 à gauche et la promenade St Louis en bord de mer. Image réactive.
120 ans plus tard, l'avenue Aristide Briand à gauche, la promenade de la Reine Astrid en bord de mer.
Au centre : la Fontaine Hanbury.

A une époque où les aristocrates et les nobles anglais aimaient séjourner sous le climat clément de la Côte d'Azur, le riche homme d’affaire et botaniste Thomas Hanbury fit l’acquisition d’une immense propriété à la frontière italienne.
Il restaura l’ancien palais du domaine et entreprit, avec l’aide de son frère, d’y créer un jardin botanique unique en son genre.
Les Giardini Botanici Hanbury, situés à La Mortala, dans la province d’Imperia à la frontière France-Italie entre Menton et Vintimille.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jardin_botanique_Hanbury.

En 1883, la famille Hanbury fit don à la ville de Menton, d'une fontaine monumentale en marbre, disposée en bordure de la Route Nationale 7 au pied de la côte,
afin que les voyageurs puissent s'y reposer quelques minutes et s'y désaltérer d'une eau pure et bien fraîche descendue de la montagne.


Vue de l'Avenue de la Porte de France début 1900. Les gamins de Garavan ont fait de la Fontaine leur quartier général.
On peut à l'époque jouer en bordure de route sans risquer l'accident.
Même lieu aujourd'hui. Image réactive.

En 1964, le réalisateur de cinéma Gérard Oury pose ses caméras au quartier Garavan et au poste frontière St Louis, pour y tourner quelques scènes mythiques du film Le Corniaud, avec Bourvil et Louis De Funès.
La fontaine Hanbury est ainsi immortalisée lors de longues séquences.


Magnifique cliché, de la fontaine Hanbury, et d'une Route Nationale 7 déserte.
La fontaine porte les inscriptions suivantes : Bienfaisance Internationale - Fontaine de la Frontière.

En décembre 2019, des ouvriers manœuvrant une nacelle dans le but d'installer les illuminations de Noël, décapitent le pinacle néoclassique du monument au cours d'une mauvaise manipulation de l'engin élévateur.
Après plusieurs réclamations auprès de la municipalité, et surtout l'intervention de l’Aspona (l’association pour la sauvegarde de la nature et des sites de Roquebrune-Cap-Martin, Menton et environs),
le pinacle enfin restauré, retrouve - deux ans plus tard - sa place au sommet de la vénérable fontaine.


Quelques changements au pied de la montée Garavan. Image réactive.


Emplacement d'une ancienne borne indiquant les derniers 600 mètres de la RN7.

A mi-hauteur, voila que nous rencontrons un passage à niveau.
Gageons qu'à l'époque où il n'y avait qu'un seul poste douanier, la fermeture des barrières devaient créer un bel embouteillage de part et d'autre de la voie ferrée.

Le 2 février 1861, alors que le Comté de Nice est depuis quelques mois annexé à la France, une convention est signée avec la Principauté de Monaco pour autoriser le passage de la voie ferrée sur son territoire.
Il s'agit de prolonger la ligne Paris-Lyon-Méditerranée jusqu’à Menton. Pour traverser la Principauté, la compagnie PLM doit lui racheter des terrains. Les négociations sont rudes et retardent les travaux.

Ce n’est qu’en 1864, alors que la ligne est mise en service entre Marseille et Nice, que les premiers coups de pioche sont donnés.


A partir de 1871 la ligne Menton - Italie est mise en service. Même lieu. Image réactive.
Pour la petite histoire, la voie ferrée suit à quelques mètres près le tracé de l'antique voie romaine.

Le 18 novembre 1869, la section de 19 km reliant Monaco à Menton est réceptionnée.
La compagnie PLM va pouvoir commencer l’exploitation du tronçon.
Le premier train entre finalement sur le territoire mentonnais le 6 décembre 1869.
La section internationale entre Menton et l’Italie est mise en service deux ans après, retardée par la guerre de 1870.
À cette époque, la ligne est encore à voie unique.

Le 10 mars 1886, deux convois doivent se croiser en gare de Cabbé-Roquebrune. L’un vient de Menton. L’autre de Monte-Carlo.
« Une erreur d’interprétation du chef de gare laisse partir le train de Menton, alors que l’autre arrive depuis Monte-Carlo. »
Ils se percutent à la frontière entre Cabbé-Roquebrune et la Principauté, quartier de Saint-Roman.
Cinq personnes décèdent dans l’accident, une trentaine est blessée. « Deux autres personnes vont décéder 48 heures après. »

À la suite de l’accident, la décision est prise de doubler la voie sur l’intégralité du parcours entre Nice et Vintimille.

Extraits article du 30/10/2019 Nice Matin.

En route -

On poursuit la montée Aristide Briand, tout en constatant l’exiguïté de la route. Difficile d'imaginer ici le passage journalier de milliers de véhicules.


Mais aujourd'hui, même si l'arrêt à la frontière n'est plus d'actualité, la route du bas semble tout de même privilégiée par les automobilistes.
Du coup, le tracé historique, oublié, dépassé, se prend un petit coup de vieux, à l'image des commerces qui le jalonnaient.

Une maison avec une marquise supportée par deux piliers, la bâtisse à tout l'air d'une ancienne station service.


On a tout de même conservé le auvent, seul souvenir d'une ancienne Station Service.

Il s'agit d'un ancien Relais BP, le "Relais des deux Frontières", la toute première station service rencontrée sur la RN7 en arrivant d'Italie.


Hier et aujourd'hui, image réactive.

Jouxtant l'ancien Relais BP, aujourd'hui en partie cachée par une végétation luxuriante, voici une autre institution de la frontière : Le Mirazur...et quelle institution !
Tout simplement le "Meilleur Restaurant du Monde"... de quoi finir en beauté notre périple aux mille bornes.


Derrière une végétation tropicale, se cache Le Mirazur.

Cette ancienne maison d'architecte des années 50, transformée en bar-tabac-brasserie durant les Trente Glorieuses, est aujourd'hui un restaurant hautement gastronomique.


Premier, ou selon, dernier établissement rencontré à la frontière, le Mirazur participait à l'animation du secteur autour du poste de douane française.


Le Mirazur , en toute simplicité, ambiance colorée des années 70.

En 2001, Jacques Chibois, le chef étoilé de la Bastide Saint-Antoine, à Grasse, reprend le Mirazur pour y ouvrir une "annexe" à son restaurant de Grasse.
Mais, en 2004, l'aventure tourne court.

Après deux ans de fermeture, le lieu renaît en 2006 grâce à son nouveau chef.
Le restaurant Mirazur est lancé par le chef italo-argentin Mauro Colagreco, formé notamment par Alain Passard et Alain Ducasse.
Assez vite remarqué, il obtient progressivement des étoiles au guide Michelin, dont une troisième étoile en janvier 2019.
En 2016, il est en sixième place au classement mondial du Fifty Best, et en 2019, il décroche la première place de meilleur restaurant du monde.

Aujourd'hui, on s'y presse des deux côtés de la frontière. Les riverains sont heureux d'y retrouver les jardins, le calme et la vue.

https://www.mirazur.fr


Le Mirazur, le poste de douane français, et les boutiques de souvenirs.

Elles étaient bien sympathiques ces boutiques à la frontière.
Elles permettaient d'y écouler les dernières devises en achats de dernières minutes.
Obligatoires et peu onéreuses cartes postales pour envoyer à tous les amis; Cadeaux de remerciement pour les voisins : "ils nous ont surveillé la maison tout de même";
Poterie grotesque et laide d'un supposé artisan local, pour la tantine restée en convalescence : " la pauvre, quand on lui racontera tout ce qu'elle à raté cette année"...;
Gadget inutiles pour le collègue de bureau : "quand même! Gaston m'a ramené une boule à neige de la Sagrada Familia l'année dernière, je ne peux pas revenir les mains vides"...;
sans oublier le must du must, le sacro-saint bibelot traditionnel au goût plus que douteux, qui pourtant trônera sur le dessus de la télévision ou dans la vitrine du salon :
"qu'est-ce que tu en penses ? elle est pas mal cette lampe en coquillage ou ce cendrier de porcelaine aux motifs bariolés ? "

Mille objets hétéroclites et kitsh, qui permettaient de prolonger le formidable souvenir des vacances, en attendant l'année prochaine.


Les boutiques de bibelots, articles de souvenirs et autres commerces de frontière, ne sont plus aujourd'hui que de lointains vestiges à jamais oubliés.
Même lieu - Image réactive.


On trouvera bien quelque chose à ramener à la famille...


A une époque où le Mirazur n'était encore qu'une simple brasserie, l'auberge de France, à défaut de menu gastronomique,
proposait une vue panoramique.


A la jonction du Boulevard Garavan (à droite) et de la RN7, la statue "Accueil de France", visible en arrivant d'Italie.
Enlevée depuis une vingtaine d'année au moins, elle réside aujourd'hui dans les jardins du Palais Carnolès.


Bienvenue en France.


Belle vue sur l'esplanade des douanes. Au premier plan la statue accueil de France, en face le Mirazur, et la file de voiture attendant son passage en douane.
En bas à gauche
, un agent semble régler la circulation au débouché du boulevard Garavan.

Le poste de douane française occupe le centre de l'esplanade.
Le bâtiment bien tristounet aujourd'hui, semble comme abandonné. Il faut dire que depuis l'ouverture des frontières suite aux accords de Schengen en 1984,
il n'est plus nécessaire de marquer l'arrêt pour montrer son identité et déclarer les marchandises transportées dans le coffre de sa voiture.
Ce qui pose problème actuellement, c'est que le lieu est devenu le point de passage entre l’Italie et la France pour de nombreux migrants désireux de s’installer en Europe.


Le poste de douane française, et une vue sur le pont St Louis.
La Frontière est exactement matérialisée par la pointe basse du triangle blanc adossé à la paroi rocheuse.
Les jours d'affluence, les contrôles douaniers en direction de l'Italie s'effectuaient par la droite du bâtiment, les retours par la gauche.

"C’est un souvenir encore vivace pour qui a quitté la France l’été, en voiture : les interminables processions de véhicules à l’approche des frontières.
Menton-Vintimille : 5 kilomètres et autant d’heures d’attente, pour peu que les douaniers se penchent sur la Jaguar de Léopold Saroyan... alias Louis de Funès dans le film "le Corniaud" !
Aujourd’hui, la voie est libre…
L’Europe a tiré le rideau des postes-frontières, a ouvert les routes et remercié les douaniers. Accords de Schengen, traité d'Amsterdam... libre circulation des biens et des personnes…
Aujourd’hui, Menton-Vintimille se fait en un petit quart d’heure…. et sans passeport.

L’Europe n’a plus aucune barrière donc, sauf pour ceux qui viennent d’ailleurs.
Les frontières n’existent soi-disant plus, mais la police des frontières, si."

Extraits reportage France Culture : Sur la route... d'un ancien poste-frontière, entre Menton et Vintimille, 2014.


1964 - Séquence du film Le Corniaud, la Jaguar de Monsieur Saroyan, alias Louis de Funès, au poste frontière de Menton.


Le poste de douane, contrôle lors de l'arrivée en France en 1962 / Le poste de douane aujourd'hui. Image réactive.


Le poste de douane, contrôle sortie de France en 1962.

Le vallon du Rio San Luigi, petit fleuve torrentiel, marque la frontière physique entre les deux pays.
Le Pont San Luigi - St Louis - qui franchit le torrent se situe en Italie.
La frontière est indiquée par un large triangle blanc, visible du large, dont la tête vers le bas matérialise la ligne de séparation entre la France et l'Italie.
La limite se situe juste avant le pont.
A l'origine la route formait un étroit défilé à flan de falaise d'un côté et le vide de l'autre.
Le secteur du Pont St Louis n'a eu de cesse de s'agrandir, de s'élargir, de se transformer au fil des siècles, afin de s'adapter au mieux à l'évolution grandissante du trafic routier.


Panorama de la frontière au Pont St Louis. Après le pont à droite, le poste de douane italien.
A gauche avant le triangle, l'ancien poste français de police des frontières.


Le Poste de douane français, une simple cabane, vue ici en direction de Menton. Même lieu aujourd'hui. Image réactive.
Contrôle des attelages et des marchandises en provenance d'Italie.
Nous sommes au début du siècle dernier, la route est étroite et sinueuse, l'automobile ne s'est pas encore démocratisée.


La Borne Frontière, juste avant le pont, datée de 1861,
année où Menton se rattache à la France.


Vue en direction de Menton.
On retrouve la "cabane" du poste de douane français dans le virage à droite, en plein contrôle des marchandises et des attelages quittant la France.
A gauche le pavillon de l'octroi de Menton.
Devant le pont St Louis, la borne Frontière, Franco-Italienne


Le poste de Douane français, reconstruit et agrandi. On note déjà la présence de petits commerces frontaliers.


Beau panorama sur le poste de douane français, l'octroi à gauche. Remarquez la largeur du pont St Louis.
Un douanier est adossé à la borne frontalière, sous la pointe du triangle blanc.


Vue vers le pont Saint Louis. Voyageurs à la recherche d'un dernier souvenir avant de quitter le pays.
A gauche le Commissariat Spécial créé en 1920, ancêtre de notre actuelle police des frontières.


Vue vers le pont Saint Louis. L'octroi (à droite) à fait place aux premiers commerces de souvenirs frontaliers.


Douanes françaises et commissariat spécial. Aujourd'hui, seul subsiste le local du commissariat spécial. Image réactive.
Les commerces à droite ont disparu, rasés lors de l'élargissement de la chaussée.

Quelques mètres avant la frontière, une plaque apposée sur le rocher nous indique que nous nous situons Esplanade Jojo Arnaldi.


Une plaque commémorative, tout d'abord apposée à l'entrée du Pont St Louis en 1946, puis modifiée et apposée à flanc de falaise en 2008,
retrace brièvement les actions du résistant Jojo Arnaldi.
Image réactive.

Pour en savoir plus : https://maitron.fr/spip.php?article214747

Ce secteur de frontière, on s'en doute très convoité, fut soumis à rude épreuve lors de la seconde guerre mondiale.
Une petite fortification dans le flanc de la falaise, à peine visible aujourd'hui, témoigne des rudes combats qui se déroulèrent ici lors de la bataille de Menton en 1940.


Juste après le poste de douane, nous voici esplanade Jojo Arnaldi. Image réactive.
Sur la gauche le panneau Menton, pour les véhicules provenant d'Italie. Déplacé, renversé, il est finalement réinstallé à son emplacement d'origine.
Sur la droite en partie cachées par le palmier, on remarque deux lucarnes surplombées du pavillon français ainsi qu'un petit portillon.

La casemate du Pont Saint Louis, ou barrage rapide du Pont St Louis.

Il s'agit d'un petit blockhaus construit au début des années 1930, faisant partie de la ligne Maginot alpine, servant à bloquer la route littorale en cas de guerre.
Cet avant-poste est surtout connu pour avoir été utilisé pendant la bataille de Menton (combat du Pont-Saint-Louis) en 1940.

En plus de la casemate, la défense du secteur se composait d'une barrière antichar et d'un dispositif de mines permanent situé à 20 mètres en arrière, face au poste de douane français actuel.

L'ouvrage est construit par une entreprise civile.
Le gros œuvre est terminé en août 1932 après de multiples péripéties, en particulier des problèmes d'éboulement de la paroi rocheuse ainsi que des dimensions concernant la trémie pour le canon de 37 mm.
En 1934, l'ouvrage reçoit son armement définitif.
La casemate est enfin terminée, malgré les doutes formulés par le général Besson inspectant l'ouvrage en avril 1938 : "ce blockhaus ne tiendra pas 5 minutes... ".

L'entrée présente la particularité de faire face à la frontière. Le barrage rapide n'étant pas raccordé au réseau électrique civil, ni équipé de groupe électrogène, est dépourvu de toute installation électrique.
L'éclairage était assuré par des lampes à pétrole et la ventilation par un système de ventilateur à pédalier. Un filtre permettait de se prémunir contre les attaques par gaz.

Le blockhaus passe en état de guerre le 10 juin 1940, date de la déclaration de guerre de l'Italie à la France.
La barrière de route sera fermée ce jour à 18h30 et le dispositif de mines au carrefour Garavan actionné à 19h15


La barrière antichar et la casemate.

20 juin 1940 :
Vers 8 heures du matin, un colonel du Génie italien et quelques hommes sont aperçus dans la baraque des gendarmes près du pont. L'alerte est donnée.
A 8 h 20, un coup de mortier retentit et 200 hommes en colonne débouchent face à la casemate, appuyés par le feu de deux mitrailleuses. Un coup de téléphone au Cap- Martin pour faire tirer le 75 du bloc de barrage.
Appuyé par la défense du Cap- Martin qui pilonne le secteur, le sergent Bourgoin utilise le FM et tire 15 chargeurs. Les Italiens refluent, abandonnant morts et blessés.
A 9 h 00, un petit drapeau blanc se montre : ils reviennent chercher les leurs. L'ouvrage laisse faire les brancardiers. Cap-Martin tire par intermittence autour de l'ouvrage pendant la journée.

23 juin 1940 :
A 10h50, une attaque se précise par derrière, venant du boulevard de Garavan. Les Italiens arrivent par les WC.
Par le périscope fait d'une glace placée au bout d’un bâton, le sous-lieutenant observe l'approche. L'ennemi lance des grenades puis monte à l'escalade par les WC, par le mur de soutènement et par la douane.
Il est à 3 mètres de l'ouvrage. Nos FM tirent sans arrêt et nos grenades jaillissent. En 20 minutes tout est réglé : le combat prend fin.
Désormais, les Italiens sont circonspects.

25 Juin 1940 :
Jour de l'armistice.
A 6h00, les Italiens essaient de lever la barrière du pont. Une rafale les dispersera.
A 7h30, cinq cyclistes viennent par la route, côté France. Une nouvelle rafale les couche au sol.
A 8h15, un officier et un homme, sans casque, apparaissent au bas Aquarone. L'officier s'avance vers le pont. On n'entend plus aucun bombardement. Il y a donc quelque chose d'insolite.
A 8h45, un immense drapeau blanc apparaît. 7 à 8 officiers et 250 hommes armés s'avancent.
Le sous-lieutenant Gros décide de sortir seul et interpelle le chef, un colonel de Génie. Celui-ci annonce la signature de l'armistice.
Le sous-lieutenant Gros, perplexe, l'invite à se retirer et menace d'ouvrir le feu. Les Italiens finissent par céder.
A ce moment-là, deux officiers français de liaison arrivent. L'ouvrage du pont Saint-Louis est resté inviolé.


La casemate quelques temps après l'assaut. Inscriptions italiennes.

Et deux jours durant, la garnison montera la garde, interdisant tout transit aux Italiens déjà installés dans Menton.
Avant de se retirer, l'équipage emportera ses armes et fermera la porte de l'ouvrage au nez des adversaires en emportant la clé.

Le blockhaus, désormais propriété de la direction centrale de la Police aux frontières, n'est plus visitable.
Un mouvement de terrain a rendu l'ouverture et la fermeture de la porte difficiles et les visites organisées par l'association AMICORF de Menton sont désormais interdites.
Depuis fin 2015, la porte a été réparée et la façade nettoyée.

https://wikimaginot.eu/V70_construction_detail.php?id=13150

https://fortifications-et-patrimoine.over-blog.com/2023/11/l-avant-poste-du-pont-saint-louis.html

https://www.cheminsdememoire.gouv.fr/index.php/fr/casemate-du-pont-saint-louis

https://www.histogames.com/HTML/chronologie/epoque_contemporaine/deuxieme_guerre_mondiale/batailles/pont-saint-louis.php

Si vous êtes observateur, le long du mur de l'ancien cabanon de la police des frontières sur la gauche, on peut toujours apercevoir le logement de la barrière antichar.


Le logement de la barrière antichar.


Le logement de la barrière antichar. Remarquez les pilastres sculptés à droite du logement.

Les pilastres ornés en faisceau de licteur, devaient servir de soubassement à un monument sanctuaire élevé à la gloire de L'Italie fasciste.
Le monument ne verra jamais le jour.


Cérémonie italienne à la frontière, en l'honneur des militaires décimés au Pont Saint Louis.
Ici devait s'élever un monument sanctuaire à la gloire du gouvernement fasciste.

Pour terminer -

Alors que les tout derniers mètres de notre voyage se profilent, alors que nous approchons de notre destination finale, il est temps pour nous de jeter un dernier coup d’œil dans le rétroviseur.


La frontière se situe juste avant de franchir le Pont Saint Louis.

Ce long voyage, dans lequel nous nous sommes lancés avec une certaine frénésie, et avec l'enthousiasme d'un explorateur avide de suivre les traces des vacanciers des Trente Glorieuses, touche maintenant à sa fin.
Les routes sinueuses, les paysages grandioses, les laides périphéries urbaines et les petites pauses improvisées dans des lieux pittoresques composent désormais les chapitres d'une histoire comme autant de souvenirs indélébiles.

Les heures passées sur la route, parfois bercées par la musique de notre autoradio, tantôt animées par nos conversations passionnées, tantôt par nos découvertes grisantes ou nos silences complices,
nous ont fait découvrir des lieux inattendus, des histoires étonnantes, des adresses insolites, des spécialités locales, et rencontrer des gens plutôt sympathiques.


Une fois franchi le Ponte San Luigi, nous voici en Italie... Remarquez le panneau Menton au fond à gauche.
En attendant la Dolce Vita, il va falloir prendre son mal en patience avant de passer les contrôles douaniers italiens. 1962.

La fin d'un long voyage est souvent teintée d'une douce mélancolie, d'une nostalgie qui s'installe progressivement au fur et à mesure que l'on se rapproche de la destination finale.
La fin d'une histoire tissée de complicité et de découvertes.
Les routes empruntées, les patelins traversés, les expériences partagées deviennent des instants précieux, des trésors fragiles qu'on ne sait trop comment préserver, si ce n'est en essayant d'en conserver le souvenir à jamais.

Ce dernier chapitre se clôt ici, au pied du triangle blanc qui marque la frontière franco-italienne.
Merci de m'avoir accompagné durant ces 1000 bornes.

Je vous dépose ici ! Ça vous convient ?
N'oubliez pas votre bagage ! Et peut-être à un de ces jours ! Qui sait ?


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