Pas d'alternative à l'époque, un seul passage de
frontière, le poste de douane Saint Louis à gauche.
Direction la frontière -
Avant 1860, le fleuve Var constituait la frontière
de France.
Après le rattachement du Comté sarde de Nice, les limites
du département du Var furent déplacées vers l’Ouest.
En effet, il fallu agrandir le territoire du département des
Alpes-Maritimes (ancien Comté de Nice), alors trop petit pour
former une nouvelle entité administrative.
Pour cela, comme le fit naguère la Révolution avec le
découpage de la Provence, le gouvernement eut l’idée
de lui ajouter la partie orientale du département du Var.
C’est ainsi que Grasse (ex-préfecture du
Var), Cannes, Antibes et Cagnes-sur-Mer furent rattachés à
l’ancien comté pour constituer l’intégralité
des Alpes-Maritimes.
La conséquence de cette manœuvre administrative fut que
le département varois perdit aussi le fleuve Var qui marquait
la frontière entre les deux départements.
La frontière avec l’Italie fut également
déplacée vers un lieu difficile à franchir, là
où la montagne plonge dans la mer sous le village de Grimaldi.
Si en 1860 cette frontière était située
entre deux pays amis, les difficultés, au fil des décennies
ne tardèrent pas à surgir.
Nice devint une ville à défendre : ligne
Seré de Rivière (ensemble de fortifications frontalières
construites à partir de 1874), puis ligne Maginot Menton-Apt.
Les présidents du Conseil du Royaume d'Italie, Francisco Crispi
puis Bénito Mussolini exprimèrent à leur tour
des revendications sur les terres savoyardes et Nice, créant
de véritables crises politiques.
Dès 1920, un commissaire spécial fut nommé
dans les Alpes maritimes pour la frontière.
En 1940, se déroula la bataille du Pont-Saint-Louis où
9 soldats français, combattirent 300 soldats italiens durant
une dizaine de jours.
Sources :
Traverser la frontière franco-italienne aux XIXe et XXe siècles
- Yvan Gastaut.
Département du Var, métamorphose d’un territoire
(1790-1990) par Étienne Julliard
En route -
A hauteur de la tour de la Capitainerie, bifurquons
sur la gauche pour emprunter l'avenue Aristide Briand.
Le tracé historique de la RN7 vers le poste frontière
du Pont Saint Louis.
La Route Nationale 7 prend fin 700 mètres plus loin au
poste frontière haut du Pont St Louis.
Nous sommes en 1962, le poste frontière bas n'existe pas, ce
qui oblige tous les automobilistes à patienter de longues heures
avant leur passage en douane.
La Fontaine Hanbury.
A la jonction de la route du bord de mer et de la montée
Aristide Briand, trône un petit monument que beaucoup reconnaîtront
: la Fontaine Hanbury.
Au début du XXe siècle, La RN7 à gauche et
la promenade St Louis en bord de mer. Image réactive.
120 ans plus tard, l'avenue Aristide Briand à gauche, la promenade
de la Reine Astrid en bord de mer.
Au centre : la Fontaine Hanbury.
A une époque où les aristocrates et les
nobles anglais aimaient séjourner sous le climat clément
de la Côte d'Azur, le riche homme d’affaire et botaniste
Thomas Hanbury fit l’acquisition d’une immense propriété
à la frontière italienne.
Il restaura l’ancien palais du domaine et entreprit, avec l’aide
de son frère, d’y créer un jardin botanique unique
en son genre.
Les Giardini Botanici Hanbury, situés à La Mortala,
dans la province d’Imperia à la frontière France-Italie
entre Menton et Vintimille.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jardin_botanique_Hanbury.
En 1883, la famille Hanbury fit don à la ville
de Menton, d'une fontaine monumentale en marbre, disposée en
bordure de la Route Nationale 7 au pied de la côte,
afin que les voyageurs puissent s'y reposer quelques minutes et s'y
désaltérer d'une eau pure et bien fraîche descendue
de la montagne.
Vue de l'Avenue de la Porte de France début 1900. Les gamins
de Garavan ont fait de la Fontaine leur quartier général.
On peut à l'époque jouer en bordure de route sans risquer
l'accident.
Même lieu aujourd'hui. Image réactive.
En 1964, le réalisateur de cinéma Gérard
Oury pose ses caméras au quartier Garavan et au poste frontière
St Louis, pour y tourner quelques scènes mythiques du film Le
Corniaud, avec Bourvil et Louis De Funès.
La fontaine Hanbury est ainsi immortalisée lors de longues séquences.
Magnifique cliché, de la fontaine Hanbury, et d'une Route
Nationale 7 déserte.
La fontaine porte les inscriptions suivantes : Bienfaisance Internationale
- Fontaine de la Frontière.
En décembre 2019, des ouvriers manœuvrant
une nacelle dans le but d'installer les illuminations de Noël,
décapitent le pinacle néoclassique du monument au cours
d'une mauvaise manipulation de l'engin élévateur.
Après plusieurs réclamations auprès de la municipalité,
et surtout l'intervention de l’Aspona (l’association pour
la sauvegarde de la nature et des sites de Roquebrune-Cap-Martin, Menton
et environs),
le pinacle enfin restauré, retrouve - deux ans plus tard - sa
place au sommet de la vénérable fontaine.
Quelques changements au pied de la montée Garavan. Image
réactive.
Emplacement d'une ancienne borne indiquant les derniers 600 mètres
de la RN7.
A mi-hauteur, voila que nous rencontrons un passage à
niveau.
Gageons qu'à l'époque où il n'y avait qu'un seul
poste douanier, la fermeture des barrières devaient créer
un bel embouteillage de part et d'autre de la voie ferrée.
Le 2 février 1861, alors que le Comté de
Nice est depuis quelques mois annexé à la France, une
convention est signée avec la Principauté de Monaco pour
autoriser le passage de la voie ferrée sur son territoire.
Il s'agit de prolonger la ligne Paris-Lyon-Méditerranée
jusqu’à Menton. Pour traverser la Principauté, la
compagnie PLM doit lui racheter des terrains. Les négociations
sont rudes et retardent les travaux.
Ce n’est qu’en 1864, alors que la ligne est
mise en service entre Marseille et Nice, que les premiers coups de pioche
sont donnés.
A partir de 1871 la ligne Menton - Italie est mise en service. Même
lieu. Image réactive.
Pour la petite histoire, la voie ferrée suit à quelques
mètres près le tracé de l'antique voie romaine.
Le 18 novembre 1869, la section de 19 km reliant Monaco
à Menton est réceptionnée.
La compagnie PLM va pouvoir commencer l’exploitation du tronçon.
Le premier train entre finalement sur le territoire mentonnais le 6
décembre 1869.
La section internationale entre Menton et l’Italie est mise en
service deux ans après, retardée par la guerre de 1870.
À cette époque, la ligne est encore à voie unique.
Le 10 mars 1886, deux convois doivent se croiser en gare
de Cabbé-Roquebrune. L’un vient de Menton. L’autre
de Monte-Carlo.
« Une erreur d’interprétation du chef de gare laisse
partir le train de Menton, alors que l’autre arrive depuis Monte-Carlo.
»
Ils se percutent à la frontière entre Cabbé-Roquebrune
et la Principauté, quartier de Saint-Roman.
Cinq personnes décèdent dans l’accident, une trentaine
est blessée. « Deux autres personnes vont décéder
48 heures après. »
À la suite de l’accident, la décision est prise
de doubler la voie sur l’intégralité du parcours
entre Nice et Vintimille.
Extraits article du 30/10/2019 Nice Matin.
En route -
On poursuit la montée Aristide Briand, tout en constatant l’exiguïté
de la route. Difficile d'imaginer ici le passage journalier de milliers
de véhicules.
Mais aujourd'hui, même si l'arrêt à la frontière
n'est plus d'actualité, la route du bas semble tout de même
privilégiée par les automobilistes.
Du coup, le tracé historique, oublié, dépassé,
se prend un petit coup de vieux, à l'image des commerces qui
le jalonnaient.
Une maison avec une marquise supportée par deux
piliers, la bâtisse à tout l'air d'une ancienne station
service.
On a tout de même conservé le auvent, seul souvenir d'une
ancienne Station Service.
Il s'agit d'un ancien Relais BP, le "Relais des deux
Frontières", la toute première station service rencontrée
sur la RN7 en arrivant d'Italie.
Hier et aujourd'hui, image réactive.
Jouxtant l'ancien Relais BP, aujourd'hui en partie cachée
par une végétation luxuriante, voici une autre institution
de la frontière : Le Mirazur...et quelle institution !
Tout simplement le "Meilleur Restaurant du Monde"... de quoi
finir en beauté notre périple aux mille bornes.
Derrière une végétation tropicale, se cache
Le Mirazur.
Cette ancienne maison d'architecte des années 50,
transformée en bar-tabac-brasserie durant les Trente Glorieuses,
est aujourd'hui un restaurant hautement gastronomique.
Premier, ou selon, dernier établissement rencontré
à la frontière, le Mirazur participait à l'animation
du secteur autour du poste de douane française.
Le Mirazur , en toute simplicité, ambiance colorée
des années 70.
En 2001, Jacques Chibois, le chef étoilé
de la Bastide Saint-Antoine, à Grasse, reprend le Mirazur pour
y ouvrir une "annexe" à son restaurant de Grasse.
Mais, en 2004, l'aventure tourne court.
Après deux ans de fermeture, le lieu renaît
en 2006 grâce à son nouveau chef.
Le restaurant Mirazur est lancé par le chef italo-argentin Mauro
Colagreco, formé notamment par Alain Passard et Alain Ducasse.
Assez vite remarqué, il obtient progressivement des étoiles
au guide Michelin, dont une troisième étoile en janvier
2019.
En 2016, il est en sixième place au classement mondial du Fifty
Best, et en 2019, il décroche la première place de meilleur
restaurant du monde.
Aujourd'hui, on s'y presse des deux côtés
de la frontière. Les riverains sont heureux d'y retrouver les
jardins, le calme et la vue.
https://www.mirazur.fr
Le Mirazur, le poste de douane français, et les boutiques
de souvenirs.
Elles étaient bien sympathiques ces boutiques à
la frontière.
Elles permettaient d'y écouler les dernières devises en
achats de dernières minutes.
Obligatoires et peu onéreuses cartes postales pour envoyer à
tous les amis; Cadeaux de remerciement pour les voisins : "ils
nous ont surveillé la maison tout de même";
Poterie grotesque et laide d'un supposé artisan local, pour la
tantine restée en convalescence : " la pauvre, quand on
lui racontera tout ce qu'elle à raté cette année"...;
Gadget inutiles pour le collègue de bureau : "quand même!
Gaston m'a ramené une boule à neige de la Sagrada Familia
l'année dernière, je ne peux pas revenir les mains vides"...;
sans oublier le must du must, le sacro-saint bibelot traditionnel au
goût plus que douteux, qui pourtant trônera sur le dessus
de la télévision ou dans la vitrine du salon :
"qu'est-ce que tu en penses ? elle est pas mal cette lampe en coquillage
ou ce cendrier de porcelaine aux motifs bariolés ? "
Mille objets hétéroclites et kitsh, qui
permettaient de prolonger le formidable souvenir des vacances, en attendant
l'année prochaine.
Les boutiques de bibelots, articles de souvenirs et autres commerces
de frontière, ne sont plus aujourd'hui que de lointains vestiges
à jamais oubliés.
Même lieu - Image réactive.
On trouvera bien quelque chose à ramener à la famille...
A une époque où le Mirazur n'était encore qu'une
simple brasserie, l'auberge de France, à défaut de menu
gastronomique,
proposait une vue panoramique.
A la jonction du Boulevard Garavan (à droite) et de la RN7, la
statue "Accueil de France", visible en arrivant d'Italie.
Enlevée depuis une vingtaine d'année au moins, elle réside
aujourd'hui dans les jardins du Palais Carnolès.
Bienvenue en France.
Belle vue sur l'esplanade des douanes. Au premier plan la statue accueil
de France, en face le Mirazur, et la file de voiture attendant son passage
en douane.
En bas à gauche, un agent semble régler la circulation
au débouché du boulevard Garavan.
Le poste de douane française occupe le centre de
l'esplanade.
Le bâtiment bien tristounet aujourd'hui, semble comme abandonné.
Il faut dire que depuis l'ouverture des frontières suite aux
accords de Schengen en 1984,
il n'est plus nécessaire de marquer l'arrêt pour montrer
son identité et déclarer les marchandises transportées
dans le coffre de sa voiture.
Ce qui pose problème actuellement, c'est que le lieu est devenu
le point de passage entre l’Italie et la France pour de nombreux
migrants désireux de s’installer en Europe.
Le poste de douane française, et une vue sur le pont St Louis.
La Frontière est exactement matérialisée par la
pointe basse du triangle blanc adossé à la paroi rocheuse.
Les jours d'affluence, les contrôles douaniers en direction de
l'Italie s'effectuaient par la droite du bâtiment, les retours
par la gauche.
"C’est un souvenir encore vivace pour qui
a quitté la France l’été, en voiture :
les interminables processions de véhicules à l’approche
des frontières.
Menton-Vintimille : 5 kilomètres et autant d’heures d’attente,
pour peu que les douaniers se penchent sur la Jaguar de Léopold
Saroyan... alias Louis de Funès dans le film "le Corniaud"
!
Aujourd’hui, la voie est libre…
L’Europe a tiré le rideau des postes-frontières,
a ouvert les routes et remercié les douaniers. Accords de Schengen,
traité d'Amsterdam... libre circulation des biens et des personnes…
Aujourd’hui, Menton-Vintimille se fait en un petit quart d’heure….
et sans passeport.
L’Europe n’a plus aucune barrière
donc, sauf pour ceux qui viennent d’ailleurs.
Les frontières n’existent soi-disant plus, mais la police
des frontières, si."
Extraits reportage France Culture : Sur
la route... d'un ancien poste-frontière, entre Menton et Vintimille,
2014.
1964 - Séquence du film Le Corniaud, la Jaguar de Monsieur
Saroyan, alias Louis de Funès, au poste frontière de
Menton.
Le poste de douane, contrôle lors de l'arrivée en France
en 1962 / Le poste de douane aujourd'hui. Image réactive.
Le poste de douane, contrôle sortie de France en 1962.
Le vallon du Rio San Luigi, petit fleuve torrentiel, marque
la frontière physique entre les deux pays.
Le Pont San Luigi - St Louis - qui franchit le torrent se situe en Italie.
La frontière est indiquée par un large triangle blanc,
visible du large, dont la tête vers le bas matérialise
la ligne de séparation entre la France et l'Italie.
La limite se situe juste avant le pont.
A l'origine la route formait un étroit défilé à
flan de falaise d'un côté et le vide de l'autre.
Le secteur du Pont St Louis n'a eu de cesse de s'agrandir, de s'élargir,
de se transformer au fil des siècles, afin de s'adapter au mieux
à l'évolution grandissante du trafic routier.
Panorama de la frontière au Pont St Louis. Après
le pont à droite, le poste de douane italien.
A gauche avant le triangle, l'ancien poste français de police
des frontières.
Le Poste de douane français, une simple cabane, vue ici
en direction de Menton. Même lieu aujourd'hui. Image réactive.
Contrôle des attelages et des marchandises en provenance d'Italie.
Nous sommes au début du siècle dernier, la route est
étroite et sinueuse, l'automobile ne s'est pas encore démocratisée.
La Borne Frontière, juste avant le pont, datée de 1861,
année où Menton se rattache à la France.
Vue en direction de Menton.
On retrouve la "cabane" du poste de douane français
dans le virage à droite, en plein contrôle des marchandises
et des attelages quittant la France.
A gauche le pavillon de l'octroi de Menton.
Devant le pont St Louis, la borne Frontière, Franco-Italienne
Le poste de Douane français, reconstruit et agrandi. On note
déjà la présence de petits commerces frontaliers.
Beau panorama sur le poste de douane français, l'octroi à
gauche. Remarquez la largeur du pont St Louis.
Un douanier est adossé à la borne frontalière,
sous la pointe du triangle blanc.
Vue vers le pont Saint Louis. Voyageurs à la recherche d'un
dernier souvenir avant de quitter le pays.
A gauche le Commissariat Spécial créé en 1920,
ancêtre de notre actuelle police des frontières.
Vue vers le pont Saint Louis. L'octroi (à droite) à
fait place aux premiers commerces de souvenirs frontaliers.
Douanes françaises et commissariat spécial. Aujourd'hui,
seul subsiste le local du commissariat spécial. Image réactive.
Les commerces à droite ont disparu, rasés lors de l'élargissement
de la chaussée.
Quelques mètres avant la frontière, une
plaque apposée sur le rocher nous indique que nous nous situons
Esplanade Jojo Arnaldi.
Une plaque commémorative, tout d'abord apposée à
l'entrée du Pont St Louis en 1946, puis modifiée et apposée
à flanc de falaise en 2008,
retrace brièvement les actions du résistant Jojo Arnaldi.
Image réactive.
Pour en savoir plus : https://maitron.fr/spip.php?article214747
Ce secteur de frontière, on s'en doute très
convoité, fut soumis à rude épreuve lors de la
seconde guerre mondiale.
Une petite fortification dans le flanc de la falaise, à peine
visible aujourd'hui, témoigne des rudes combats qui se déroulèrent
ici lors de la bataille de Menton en 1940.
Juste après le poste de douane, nous voici esplanade Jojo Arnaldi.
Image réactive.
Sur la gauche le panneau Menton, pour les véhicules provenant
d'Italie. Déplacé, renversé, il est finalement
réinstallé à son emplacement d'origine.
Sur la droite en partie cachées par le palmier, on remarque
deux lucarnes surplombées du pavillon français ainsi
qu'un petit portillon.
La casemate du Pont Saint Louis, ou barrage rapide
du Pont St Louis.
Il s'agit d'un petit blockhaus construit au début
des années 1930, faisant partie de la ligne Maginot alpine, servant
à bloquer la route littorale en cas de guerre.
Cet avant-poste est surtout connu pour avoir été utilisé
pendant la bataille de Menton (combat du Pont-Saint-Louis) en 1940.
En plus de la casemate, la défense du secteur se
composait d'une barrière antichar et d'un dispositif de mines
permanent situé à 20 mètres en arrière,
face au poste de douane français actuel.
L'ouvrage est construit par une entreprise civile.
Le gros œuvre est terminé en août 1932 après
de multiples péripéties, en particulier des problèmes
d'éboulement de la paroi rocheuse ainsi que des dimensions concernant
la trémie pour le canon de 37 mm.
En 1934, l'ouvrage reçoit son armement définitif.
La casemate est enfin terminée, malgré les doutes formulés
par le général Besson inspectant l'ouvrage en avril 1938
: "ce blockhaus ne tiendra pas 5 minutes... ".
L'entrée présente la particularité de faire face
à la frontière. Le barrage rapide n'étant pas raccordé
au réseau électrique civil, ni équipé de
groupe électrogène, est dépourvu de toute installation
électrique.
L'éclairage était assuré par des lampes à
pétrole et la ventilation par un système de ventilateur
à pédalier. Un filtre permettait de se prémunir
contre les attaques par gaz.
Le blockhaus passe en état de guerre le 10 juin 1940, date de
la déclaration de guerre de l'Italie à la France.
La barrière de route sera fermée ce jour à 18h30
et le dispositif de mines au carrefour Garavan actionné à
19h15
La barrière antichar et la casemate.
20 juin 1940 :
Vers 8 heures du matin, un colonel du Génie italien et quelques
hommes sont aperçus dans la baraque des gendarmes près
du pont. L'alerte est donnée.
A 8 h 20, un coup de mortier retentit et 200 hommes en colonne débouchent
face à la casemate, appuyés par le feu de deux mitrailleuses.
Un coup de téléphone au Cap- Martin pour faire tirer le
75 du bloc de barrage.
Appuyé par la défense du Cap- Martin qui pilonne le secteur,
le sergent Bourgoin utilise le FM et tire 15 chargeurs. Les Italiens
refluent, abandonnant morts et blessés.
A 9 h 00, un petit drapeau blanc se montre : ils reviennent chercher
les leurs. L'ouvrage laisse faire les brancardiers. Cap-Martin tire
par intermittence autour de l'ouvrage pendant la journée.
23 juin 1940 :
A 10h50, une attaque se précise par derrière, venant du
boulevard de Garavan. Les Italiens arrivent par les WC.
Par le périscope fait d'une glace placée au bout d’un
bâton, le sous-lieutenant observe l'approche. L'ennemi lance des
grenades puis monte à l'escalade par les WC, par le mur de soutènement
et par la douane.
Il est à 3 mètres de l'ouvrage. Nos FM tirent sans arrêt
et nos grenades jaillissent. En 20 minutes tout est réglé
: le combat prend fin.
Désormais, les Italiens sont circonspects.
25 Juin 1940 :
Jour de l'armistice.
A 6h00, les Italiens essaient de lever la barrière du pont. Une
rafale les dispersera.
A 7h30, cinq cyclistes viennent par la route, côté France.
Une nouvelle rafale les couche au sol.
A 8h15, un officier et un homme, sans casque, apparaissent au bas Aquarone.
L'officier s'avance vers le pont. On n'entend plus aucun bombardement.
Il y a donc quelque chose d'insolite.
A 8h45, un immense drapeau blanc apparaît. 7 à 8 officiers
et 250 hommes armés s'avancent.
Le sous-lieutenant Gros décide de sortir seul et interpelle le
chef, un colonel de Génie. Celui-ci annonce la signature de l'armistice.
Le sous-lieutenant Gros, perplexe, l'invite à se retirer et menace
d'ouvrir le feu. Les Italiens finissent par céder.
A ce moment-là, deux officiers français de liaison arrivent.
L'ouvrage du pont Saint-Louis est resté inviolé.
La casemate quelques temps après l'assaut. Inscriptions italiennes.
Et deux jours durant, la garnison montera la garde, interdisant tout
transit aux Italiens déjà installés dans Menton.
Avant de se retirer, l'équipage emportera ses armes et fermera
la porte de l'ouvrage au nez des adversaires en emportant la clé.
Le blockhaus, désormais propriété de la direction
centrale de la Police aux frontières, n'est plus visitable.
Un mouvement de terrain a rendu l'ouverture et la fermeture de la porte
difficiles et les visites organisées par l'association AMICORF
de Menton sont désormais interdites.
Depuis fin 2015, la porte a été réparée
et la façade nettoyée.
https://wikimaginot.eu/V70_construction_detail.php?id=13150
https://fortifications-et-patrimoine.over-blog.com/2023/11/l-avant-poste-du-pont-saint-louis.html
https://www.cheminsdememoire.gouv.fr/index.php/fr/casemate-du-pont-saint-louis
https://www.histogames.com/HTML/chronologie/epoque_contemporaine/deuxieme_guerre_mondiale/batailles/pont-saint-louis.php
Si vous êtes observateur, le long du mur de l'ancien
cabanon de la police des frontières sur la gauche, on peut toujours
apercevoir le logement de la barrière antichar.
Le logement de la barrière antichar.
Le logement de la barrière antichar. Remarquez les pilastres
sculptés à droite du logement.
Les pilastres ornés en faisceau de licteur, devaient
servir de soubassement à un monument sanctuaire élevé
à la gloire de L'Italie fasciste.
Le monument ne verra jamais le jour.
Cérémonie italienne à la frontière,
en l'honneur des militaires décimés au Pont Saint Louis.
Ici devait s'élever un monument sanctuaire à la gloire
du gouvernement fasciste.
Pour terminer -
Alors que les tout derniers mètres de notre voyage
se profilent, alors que nous approchons de notre destination finale,
il est temps pour nous de jeter un dernier coup d’œil dans
le rétroviseur.
La frontière se situe juste avant de franchir le Pont Saint
Louis.
Ce long voyage, dans lequel nous nous sommes lancés
avec une certaine frénésie, et avec l'enthousiasme d'un
explorateur avide de suivre les traces des vacanciers des Trente Glorieuses,
touche maintenant à sa fin.
Les routes sinueuses, les paysages grandioses, les laides périphéries
urbaines et les petites pauses improvisées dans des lieux pittoresques
composent désormais les chapitres d'une histoire comme autant
de souvenirs indélébiles.
Les heures passées sur la route, parfois bercées
par la musique de notre autoradio, tantôt animées par nos
conversations passionnées, tantôt par nos découvertes
grisantes ou nos silences complices,
nous ont fait découvrir des lieux inattendus, des histoires étonnantes,
des adresses insolites, des spécialités locales, et rencontrer
des gens plutôt sympathiques.
Une fois franchi le Ponte San Luigi, nous voici en Italie... Remarquez
le panneau Menton au fond à gauche.
En attendant la Dolce Vita, il va falloir prendre son mal en patience
avant de passer les contrôles douaniers italiens. 1962.
La fin d'un long voyage est souvent teintée d'une douce mélancolie,
d'une nostalgie qui s'installe progressivement au fur et à mesure
que l'on se rapproche de la destination finale.
La fin d'une histoire tissée de complicité et de découvertes.
Les routes empruntées, les patelins traversés, les expériences
partagées deviennent des instants précieux, des trésors
fragiles qu'on ne sait trop comment préserver, si ce n'est en
essayant d'en conserver le souvenir à jamais.
Ce dernier chapitre se clôt ici, au pied du triangle blanc qui
marque la frontière franco-italienne.
Merci de m'avoir accompagné durant ces 1000 bornes.
Je vous dépose ici ! Ça vous convient ?
N'oubliez pas votre bagage ! Et peut-être à un de ces jours
! Qui sait ?
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