Du Col d' Èze à La Turbie, par la Grande Corniche.
En route -
Quittons le parking du Col d'Eze.
De nombreux sentiers pédestres font du Col un spot de randonnées
bien connu des marcheurs et des excursionnistes.
L'occasion d'effectuer de belles balades sur les hauteurs.
.
Une des rares communes françaises à porter un nom
palindrome.
Après le Col d' Èze, voici Èze Le
Col.
La commune d'Èze s'étend sur un territoire
escarpé, allant du bord de mer avec son hameau Èze-sur-Mer,
jusqu'au piton escarpé où de vieilles maisons pittoresques
et médiévales forment Èze-Village à 429
mètres d'altitude.
La Grande Corniche, quant à elle, traverse le hameau d' Èze
Le Col, bien isolé de la masse touristique agglutinée
dans les ruelles bondées du nid d'aigle de la Riviéra.
La Route Nationale 7 au hameau du Col d'Èze. A gauche le
restaurant Massa. Image réactive.
Soubassement d'une construction hexagonale, dont on aperçoit
le haut sur la photo noir et blanc ci-dessus.
Un moulin, un grenier à grain, un château d'eau ?
Après le hameau, le route entame sa descente en
pente douce tout d'abord.
Sur notre droite, on a une vue plongeante sur le bord de mer et sur
le village perché d'Èze.
Panorama sur la Grande Bleue et sur le village perché d'Èze.
L'auberge de la Croix du Pape.
Une petite auberge ombragée en bordure de route
nous rappelle un fait historique.
Dans le décor féerique du col d'Èze,
sur la Grande Corniche, qui, depuis le Premier Empire, relie Nice
à Menton, un restaurant renommé pour sa carte arbore
fièrement son enseigne : "Auberge de la Croix du Pape".
A lui seul, le nom de cet établissement, qui jouit d'un magnifique
panorama s'étendant de l'Estérel au derniers contreforts
de l'Apenin ligure, interpelle tous ceux qui passent en ces lieux.
A l'angle Ouest de cet ancien moulin, transformé en auberge
au début du XIXe siècle, peu après l'ouverture
de la Route Impériale, s'élève une petite stèle
surmontée d'une jolie croix en pierre.
L'inscription, à peine lisible, est écrite en latin
épigraphique, ce qui ne facilite pas sa lecture.
Elle nous apprend que le 11 février 1814, le pape Pie VII,
en route pour Gênes en regagnant Rome, fit halte en ces lieux
et donna sa bénédiction.
La stèle fut élevée peu après, sous le
règne de Victor Emmanuel Ier.
L'auberge de la Croix du Pape. Image réactive.
Rappelons brièvement que Pie VII (Luigi Barnabà
Chiaramonti, 1742 -1800-1823), co-signataire du Concordat de 1802
avec la France post-révolutionnaire, eut, avec Napoléon,
des relations difficiles qui s'achevèrent par l'enlèvement
du Souverain Pontife dans ses appartements du Quirinal à Rome,
le 5 juillet 1808. Gardé prisonnier en Italie, il fut transféré,
sur ordre de Napoléon, à Fontainebleau en juin 1812.
Contraint de renoncer officiellement à sa souveraineté
temporelle sur les États de l'Église en 1813, il se
rétracte aussitôt et reste prisonnier de l'Empereur (qu'il
qualifie de "Comediante Tragediante !" selon une réplique
passée à la postérité) jusqu'en janvier
1814.
Le 19 janvier, Napoléon se voit contraint de lui restituer
ses états et, le 23 du même mois il quitte Fontainebleau
définitivement.
Après une courte escale à Nice, il passe donc au col
d'Èze le 11 février et entre triomphalement à
Rome, abandonné par Murat, le 24 mai.
Les Cent Jours le conduisent à nouveau à s'exiler mais
la chute définitive de Napoléon le ramène au
Vatican le 22 juin 1815, où il meurt le 20 août 1823.
Roland Ciccoli 2016.
L'Auberge de la Croix du Pape où se sont arrêtées
quelques belles automobiles, pour un repas gastronomique.
Nous sommes ici un peu avant la seconde guerre mondiale.
Cliché pris vers les années 1920. Au premier plan,
la Route Nationale 7 et l'auberge de la Croix du Pape.
Au second plan, en contrebas, le viaduc de la Moyenne Corniche (future
RN7) et le village médiéval de Èze sur son piton
rocheux..
Lavoir et abreuvoir.
Des excursionnistes en goguette sur la RN7, à l'assaut
de la Grande Corniche. Même lieu aujourd'hui. Image réactive.
Vue plongeante sur le village perché d'Èze et sur le
Cap Ferrat.
Encore une étrange construction octogonale... chaque village
semble en posséder une.
Du Col d'Èze à La Turbie par la Grande Corniche.
A mesure que l'on approche du village de La Turbie, la
route prend réellement l'aspect d'une corniche abrupte, vertigineuse,
taillée à flanc de montagne.
Un balcon sur la Méditerranée
Après le carrefour avec la route menant au village
d' Èze, nous voici arrivé à La Turbie.
De la RN7 belle vue d'ensemble sur La Turbie et le trophée
d'Auguste visible à l’extrême droite.
La Turbie Km 0970
La Turbie est une commune des Alpes Maritimes surtout
connue pour son Trophée d'Auguste, ou Trophée des Alpes.
Tout commence entre les années 25 et 14 d'avant
notre ère. Auguste soumet enfin les derniers peuples alpins
hostiles à Rome.
Ceux-ci contrôlaient en effet le sud des Alpes et la côte,
contrariant ainsi les échanges entre la péninsule italique
et la péninsule ibérique.
Le commerce, clef de voûte de la puissance de Rome, était
ainsi compromis et devait s’appuyer sur la voie Domitienne,
qui passait plus au nord.
Une fois ces peuples soumis, en l'an 12 avant notre ère, Auguste
put ouvrir un nouvel axe, côtier cette fois : la Via Julia Augusta.
C’est au sommet de cette voie que le Sénat et le peuple
romain dédièrent au vainqueur le "Trophée
des Alpes" en l'an 6 avant notre ère.
Le monument est à la fois une affirmation du pouvoir de Rome
et une célébration de la paix, la "Pax Romana",
essentielle à la stabilité d’un empire qui durera
près de 5 siècles.
Extraits https://www.trophee-auguste.fr
Le trophée avant sa restauration.
Réalisé dans un calcaire local, le monument se présentait
à l’origine sous la forme d’une base carrée
de 38 mètres de côté et 16 mètres de haut.
Celle-ci portait un étage cylindrique entouré de 24 colonnes
encadrant des bustes sculptés, peut-être des lieutenants
d’Auguste.
Au-dessus, le toit conique était constitué de gradins
en pierre, surmontés par une statue à l’effigie
d’Auguste. L’ensemble atteignait une hauteur de 50 mètres.
Pour en savoir plus : https://www.trophee-auguste.fr
Entrée du village en 1925. A droite, on aperçoit l'église
et le trophée de d'Auguste. Image réactive même
lieu.
Aujourd'hui, c'est plus difficile à discerner.
Et toujours ces étranges tourelles octogonales....
La route poursuit sa descente.
Au premier rond-point rencontré, à notre gauche, une borne
colonne surmontée d'une croix, marque l'embranchement avec la
D2204 qui part en direction de Laghet et La Trinité.
Il s'agit de la colonne Charles Félix édifiée en
1827 au carrefour Sainte Catherine à l'occasion de la construction
de la route D 2204 dite route de Laghet.
La Croix Carlo Felice. Image réactive.
Le socle porte une inscription rappelant le passage en
1826 du roi de Sardaigne Carlo Felice qui voulu placer cette route de
Laghet dans la continuité de la via Julia.
Cette colonne, reprend l'emplacement de l'ancienne borne milliaire 605
d’Hadrien sur la Via Julia.
La colonne a été déplacée
de quelques mètres quand le carrefour a été élargi.
http://turbie.free.fr/index.htm?patrimoine/patrimoine.htm~body
https://www.archeo-alpi-maritimi.com/turbienice.php
Restons sur la route de Nice et poursuivons en direction
de Menton.
La route reprend un peu de hauteur, et nous amène jusqu'à
un sympathique cœur de ville, où tout un tas de petits commerces,
de terrasses de cafés, de restaurants et d'hôtels attendent
le touriste de passage.
Assurément La Turbie est une bourgade d'étape sur la Grande
Corniche et la rue principale, pas trop défigurée par
le modernisme ambiant de la Riviéra, arbore des petits airs d'Italie.
Il règne ici une certaine Dolce Vita qui n'est pas pour déplaire.
Le centre ville et la Route Nationale 7 à gauche.
Panorama des ruelles de La Turbie, de sa place, et du trophée
d'Auguste. En arrière plan le port de Monaco. Image réactive.
Cliché noir et blanc vers les années 50.
En bordure de route nationale, au centre de la place,
trône la Fontaine dite "Fontaine Carlo Felicerege"
La RN7 et la Fontaine. Image réactive.
Achevée en 1824 sous la restauration Sarde (1814-1860),
la fontaine est dédiée au Roi Charles Félix roi
de Sardaigne.
L’inscription sur son fronton résume l’histoire de
l’édifice :
« Cette fontaine et cet aqueduc, que les Romains
avaient construits pour édifier le Trophée d’Auguste,
ont été réparés et embellis par la municipalité
de La Turbie pour la commodité des habitants et des voyageurs,
et pour assurer à l’avenir l’arrosage et la fertilité
des terres. Sous les auspices du Comte Crotti de Costilliole, éminent
Préfet de Nice l’An 1824. ».
La Fontaine d'un côté, le lavoir derrière et
déjà de la publicité pour l'automobile, route nationale
oblige. Image réactive.
D’importants travaux ont été nécessaires
pour amener l’eau depuis la source du Faïssé, située
sur les pentes du Mont-Agel.
Très fonctionnelle, la fontaine ou comme on la nomme souvent
la "bugada" changea la vie des Turbiasques pour lesquels l’approvisionnement
en eau était une préoccupation majeure.
Les bassins et les déversoirs permettaient d’assurer également
l’abreuvage des animaux de trait et le lavage du linge.
Magnifique cliché du temps jadis. Fontaine, Lavoir et Abreuvoir
!
On quitte La Turbie par la Route de Menton, qui amorce
sa descente face au Mont Agel.
La Route de Menton, face au Mont Agel. Même lieu aujourd'hui.
Image réactive.
Même lieu que ci-dessus, vers 1970.
Les 9 km de descente qui nous séparent de Roquebrune
Cap Martin, nous offrent encore quelques beaux panoramas, malgré
une urbanisation beaucoup trop présente tout au long du parcours.
Ce qui gâche un peu la balade.
La Grande Corniche, Route de Menton, ici à l'aplomb de Monté
Carlo et vue sur le Cap Martin.
De La Turbie au Vistaéro par la Grande Corniche.
The Maybourne Riviera, un chancre, made in Qatar sur la Côte d'Azur.
A propos de gâcher la balade ...
Justement à 6 km de La Turbie, au carrefour avec
la D51, vous ne pourrez manquer l'horrible verrue de verre et de béton
qui surplombe un à-pic de plus de 330 mètres au dessus
du niveau de la mer.
Non ! En fait vous ne verrez rien du panorama à moins d'être
un client de l'Hôtel Maybourne Riviéra, propriété
du fonds d’investissement privé de Hamad ben Khalifa at-Thani,
ancien émir du Qatar.
Cela explique le fait qu'une telle construction puisse avoir été
autorisée sur un site pourtant protégé Natura 2000.
En 1970, on construit la courte D51 (à droite) qui servira
à relier Monté Carlo à l'autoroute A8.
Le Vistaéro se retrouve à la croisée des routes.
A cette époque, la Route de la Grande Corniche est encore classée
RN7.
A l’origine, on trouve un petit chalet en bois érigé
en 1870 à l'emplacement de l'ancienne frontière romaine,
emplacement insolite destiné à accueillir la clientèle
d'un petit salon de thé.
Sa terrasse en bois, défiait alors le vide, étant rattachée
à la paroi par un simple pieu, mais offrait un panorama exceptionnel
sur la Principauté de Monaco et Roquebrune-Cap Martin.
Un salon de thé en équilibre. Acrophobes s'abstenir.
La première mouture 'en dur' du Vistaéro. Image réactive.
Dans les années 1920, un premier petit hôtel
de 5 chambres, le Vistaéro, remplace le frêle salon de
thé.
Détruit durant la 2° Guerre Mondiale il est reconstruit en
plus grand dans les années 1950 avec 25 chambres et un restaurant.
Le Vistaéro en 1973.
Un industriel allemand, Max Gründig, le rachète
en 1978 et le transforme en hôtel de luxe de 68 chambres le Vista
Palace Hôtel.
Propriété du fonds d’investissement italien Tank
depuis 2005, il ne cesse d’être rénové et
ses volumes à l’architecture résolument contemporaine,
abritent outre les installations traditionnelles d’un grand hôtel,
des villas appartements, un centre de conférences, un institut
de beauté et de remise en forme.
Source : L’Histoire Des Grands Hôtels
De La Principauté - Alain Callais.
En équilibre à 330 mètres d'altitude. Le Vista
Palace.
En 2014, l’hôtel est mis en vente dans le
cadre d’un redressement judiciaire sous l’autorité
du Tribunal de commerce de Nice.
Après des années de travaux titanesques et de polémiques
à n'en plus finir, l'Hôtel rouvre ses portes en catimini,
sans tambours ni trompettes en 2021, en Soft Open comme disent les initiés,
pour ne pas froisser les contrevenants au projet.
https://www.monacomatin.mc/vie-locale/apres-des-annees-de-travaux-et-de-polemiques-a-roquebrune-cap-martin-on-sait-quand-le-vista-palace-qui-surplombe-monaco-va-rouvrir-693727
https://www.blast-info.fr/articles/2023/info-blast-le-qatar-poursuivi-devant-le-tribunal-de-nice-jYaJvoNTQDe2AaHVWbsWEg
En route -
La descente se poursuit, de plus en plus urbaine à
mesure que l'on se rapproche de Roquebrune Cap Martin.
Les beaux panoramas se font rares et la Corniche ne présente
plus vraiment d'intérêt.
On pourra dès lors regretter les (trop) nombreuses constructions,
murets, haies et dos de maisons qui nous bouchent la vue côté
mer, rendant les 4 kilomètres restants, longs et bien ennuyeux.
Au détour d'un virage, le vieux village perché
de Roquebrune apparaît.
Le village de Roquebrune, vu de la Corniche. Même emplacement
aujourd'hui. Image réactive.
La Grande Corniche prend fin lorsqu'elle arrive au carrefour
- aujourd'hui un rond-point - avec la Moyenne Corniche / D6007, à
l'entrée de Roquebrune Cap Martin.
A partir d'ici, la Grande et la Moyenne Corniche fusionnent toutes deux
en direction de Menton.
Le carrefour, jonction de la Grande et de la Moyenne Corniche /
D6007 sur notre droite.
A vous de choisir la suite du voyage :
Retour à Nice
pour parcourir la Moyenne Corniche classée RN7 à partir
de 1978.
Poursuivre la Route
Nationale 7 en direction de Menton |